Superman
2025
James Gunn
En voilà un film dont l’existence même est pour beaucoup, moi y compris, une trahison au bon goût tant la trilogie Man of Steel / Batman V Superman (dans sa director’s cut) / Justice League (là d’autant plus en director’s cut) compte parmi les meilleurs trilogies de tous les temps, se battant avec les Dark Knight pour la première place des trilogies parmi les aventures super héroïques. Mais il est vrai qu’en dehors de ces trois films, seul le premier Wonder Woman tenait la route, le reste du DCEU étant au mieux passable. Et la loi du box-office étant ce qu’elle est, l’univers a donc était jeté à la poubelle, et c’est cet électron chancelant de James Gunn qui s’est vu confier la tâche impossible de reprendre tout l’univers comics DC et repartir à zéro, alors même que le public réclamait à corp et à cri la vraie suite du DCEU. Et le souci, c’est que ses Gardiens de la Galaxie sont sympathiques mais loin de compter parmi les meilleurs films de Marvel, mais il est surtout responsable de The Suicide Squad, un film particulièrement poussif et qui est même encore plus insipide que le très décrié Suicide Squad plus j’y pense. Voilà donc un état d’esprit particulièrement toxique quand une personne qu’on apprécie plutôt pas vient saccager notre bac à jouets préféré, venant les poches remplies de sel en espérant le voir chuter.
Petite parenthèse box-office d’ailleurs, puisque le film est à la fois un succès et un énorme échec : 354 M$ à domicile, c’est vraiment pas mal, à peine en dessous de Man of Steel après inflation, mais par contre le reste du monde n’en a pas eu grand chose à foutre avec un ridicule 262 M$, un écart jamais vu dans le genre tant habituellement les Etats-Unis représentent dans les 30-40% des recettes, et là c’est presque 60%. Inquiétant pour le pilier censé introduire un tout nouvel univers cinématographique…
Un super pouvoir autorise t-il un citoyen d’outrepasser les lois ? Fou de rage d’avoir vu Superman (David Corenswet) intervenir dans une guerre au Moyen-Orient qu’il fomentait, Lex Luthor (Nicholas Hoult) va alors partir en croisade pour briser son image, et possiblement le tuer tant pour lui un alien avec de tels pouvoirs ne peut que représenter une menace colossale.
On souffle fort… Dès l’introduction, mes espoirs de voir mes à priori balayés se sont envolés avec la dignité et le grandiose de cet icone flirtant avec le divin. Le film va démarrer par deux catastrophes artistiques et narratives : tout expliquer les tenants et aboutissants par des panneaux de texte, une honte insupportable, puis détruire l’image de l’ange venu des cieux, ce modèle de puissance et de détermination, qui sera présenté comme une merde en ruine, battu par un ennemi et traîné par un chien. Lamentable… Ensuite, si quelques passages sont sympathiques comme l’interview de Lois Lane (Rachel Brosnahan) ou les parallèles avec le massacre à Gaza, voir un soupçon amusant avec le Justice Gang (Nathan Fillion, Isabela Merced et Edi Gathegi), l’histoire est globalement poussive, d’un niveau de cours de récré avec un Superman presque encore moins charismatique que dans Superman Returns qui se chamaille avec un Lex Luthor en cabotinage complet. Le casting est globalement raté, à des années lumière des précédentes itérations. Quelques scènes d’action correctes, des effets spéciaux pas totalement ratés, mais rarement un film ne m’aura autant indifféré. Pas nul, mais juste pas assez bon pour titiller mon intérêt. Eh puis globalement il y a trop de personnages introduits, trop d’histoires annexes inutiles, et le problème principal est que le film ne tient pas deux secondes la comparaison avec ses prédécesseurs. Espérons que les prochaines productions seront plus abouties et moins foutraques, sans quoi l’irritation de voir un DCEU prometteur remplacé par « ça » va devenir une aigreur incommensurable.