À l’aveugle
2012
Xavier Palud
Difficile de ne pas se rappeler de ce film, tant sa campagne de promotion fut intense. Des affiches de partout, des interview sur tous les plateaux possibles, et surtout une bande-annonce tapageuse qui annonçait ni plus ni moins qu’une confrontation haletante entre deux légendes du cinéma. Un thriller angoissant un peu trop présomptueux de sa qualité et qui faisait dire au possible spectateur que « de toutes façons ça va être un coup à la Michel Strogoff où en fait le gars n’est pas aveugle ». Et effectivement, les retours furent mitigé et les entrées faibles : 230 441.
Comme tous les films policiers français, l’histoire s’axe autour d’une affaire sordide à Paris. Malgré une garde à son domicile, une jeune femme sera sauvagement assassinée, son corps ayant été retrouvé découpé en quinze morceaux. Un travail de professionnel tant aucun indices n’a été laissé, ni même une trace d’effraction. Chargé de cette enquête, le commandant Lassalle (Jacques Gamblin) va très vite suspecter Marvik (Lambert Wilson). Ce dernier est certes aveugle, mais avec l’explosion d’un milliardaire, toujours sans la moindre preuves d’un quelconque coupable, une intuition va naître. Infirmes pour les autres, il va voir en lui un terrible meurtrier.
Non, le film n’est pas un simple polar insupportable de plus dans le paysage cinématographique français. On pouvait effectivement craindre beaucoup tant en terme de jeu que d’ambiance et même de scénario, mais finalement deux des trois points vont s’avérer plutôt bons. En effet, le duel au sommet annoncé est presque là : les dialogues sont percutants, l’atmosphère pesante et cynique mais sans la gratuité habituelle, et les acteurs sont charismatiques. Habituellement tête-à-claque, le style sombre adopté par Jacques Gamblin est salvateur, et il trouve là l’un de ses meilleurs rôles en terme d’interprétation. Son partenaire, plus sur ton mystérieux et inquiétant, promettait encore plus, mais il sera rattrapé par le gros point faible du film : son scénario. Loin d’être d’un niveau d’un Sherlock Holmes ou même d’un Hercule Poirot, on nous assomme avec un complot politique sur la guerre en Irak. Alors qu’on s’enthousiasmait sur cette histoire d’aveugle fourbe et ingénieux, on sombre dans une facilité dérangeante qui nous laisse sur une fin bâclée. Du potentiel assurément, mais l’écriture du film s’est arrêtée aux personnages.