La Planète des singes : l’affrontement
2014
Matt Reeves
Malgré une belle tentative de faire revivre la saga en 2001, pas grand monde ne croyait en un second reboot, malgré son approche novatrice puisque retraçant les événements de La Conquête (quatrième épisode) sans l’intervention du futur, mais prenant quelques libertés (exit le virus ayant tué les chiens et chats, l’évolution n’est ici pas naturelle mais est le fruit de travaux sur la régénérescence cellulaire du cerveau). Mais grâce à une qualité scénariste indéniable et un visuel impressionnant éclipsant les tentatives de maquillage passées, La Planète des singes : les origines fut un énorme succès (482 M$ dans le monde) et voilà la saga repartant de plus belle. Suite logique, l’action retracera la guerre qui a suivit, mais on s’éloignera forcément de La Bataille de la planète des singes, là encore à cause des interférences du futur.
C’était une question laissée en suspend, mais la réponse dépasse les pires craintes. Éveilleur de conscience prodigieux pour les sujets simiesques, la souche modifiée appelée ALZ113 est incompatible avec le système immunitaire humain, et le bilan fut désastreux. Le film se déroule dix ans après la révolte des singes, et seul 0,2% de la population mondiale a survécu au virus (soit une dizaine de millions d’immunisés miraculeusement). Les derniers survivants de San Francisco se sont regroupé sous la houlette d’un certain Dreyfus (Gary Oldman), mais sans électricité leur sort serait scellé, et l’essence qui alimente le générateur va manquer. Chargé de mener une opération de remise en route d’une centrale hydraulique, Malcom (Jason Clarke) va faire une rencontre surprenante : les singes enfuis de la ville il y a une décennie se sont regroupé et font preuve d’une intelligence presque supérieure à l’homme. Chef de ce nouvel ordre primate, César (Andy Serkis) va décider de venir en aide aux humains pour assurer la paix, mais certains dissidents pensent que l’homme est une menace qu’il faut exterminer.
On continu donc notre aventure à la « découverte » de ce qui a amené les singes à dominer le monde, et ainsi renommer la planète à leur nom. Un affrontement logique et imparable, un peu trop d’ailleurs. Difficile de feindre la surprise étant donné que la trame est connue, mais cela n’empêche pas de l’apprécier, malgré quelques incohérences, à moins que… En effet, ce qui est censé avoir considérablement réduit l’espèce humaine est la contre-offensive nucléaire en réponse à l’attaque des singes, et qui a conduit à rendre les derniers humains des villes transformés. Des réponses qui viendront surement pour le prochain opus déjà programmé pour juillet 2016. Le film se partage entre une première partie sur la découverte de ce monde post-apocalyptique et une seconde sur la bataille inévitable entre les espèces. Deux parties qui ont chacune leurs cartes à jouer, la première plus psychologique et intéressante, la deuxième brutale et divertissante. Ainsi, tout le monde y trouve son compte pour un spectacle grandiose, le budget passant en effet de 93 à 170 M$, soit l’une des plus grosses augmentations de l’histoire pour une suite. Les singes occupent désormais une place majeure dans le film, reléguant au second plan les préoccupations humaines dont les dignitaires ne déméritent pas, mais qui ne s’imposent pas autant que leurs homologues anciennement apparentés à des animaux, origine pas encore reniée entre une vie précaire et une civilisation balbutiante. La qualité est toujours là, le potentiel toujours aussi grand, mais on serait tenté d’attendre le prochain film avec appréhension, s’annonçant comme très similaire à celui-ci, reprenant surement les mêmes situations mais en plus grand. Et dans tout ça qu’est devenue la mission pour Mars ? Un rendez-vous qui sera attendu au tournant si la franchise compte aller aussi loin.