Restless
2011
Gus Van Sant
Pourtant réalisé par une pointure du milieu et représenté dans quasiment tous les festivals connus, ce qui explique peu-être pourquoi les distributeurs américains se sont entêté malgré des moyennes par salle désastreuses, le film est passé assez largement inaperçu, bidant lors de son exploitation et repartant bredouille des cérémonies auxquelles il était convié. Avec un thème fort et une actrice talentueuse, c’est d’autant plus étonnant, mais à l’image de Ma vie pour la tienne, abordant une histoire semblable, le film rate son coche.
Avec un Enoch (Henry Hopper) mystérieux capable de parler au fantôme d’un aviateur japonais, on pouvait s’y tromper, mais il s’agit ici d’une histoire d’amour « classique » entre deux âmes brisées. D’un côté donc Enoch, orphelin qui s’incruste de façon malsaine aux enterrements des autres, et de l’autre Annabel (Mia Wasikowska), cancéreuse dont les jours sont comptés. Leur histoire ne sera quoiqu’il arrive qu’éphémère, mais ils représentent l’un pour l’autre la meilleure chose qu’il leur soit arrivé.
Depuis Shakespeare et son Roméo et Juliette, beaucoup ont tenté d’apporter à la romance cette touche de tragédie si larmoyante qu’on obtient à la mort de l’une des personnes du couple. Le cancer, dégénérescence aléatoire et chaotique, rajoute de l’anxiété et de la fatalité à l’ensemble, et avec Nos étoiles contraires, on a bien vu que la combinaison peut s’avérer redoutable. On pouvait s’attendre à une réussite équivalente ici avec le caractère indé et la touche fantastique avec le fantôme japonais, mais ça n’est pas le cas. Pas d’autres apparitions spectrales au programme, comme laissant de côté cette belle idée, une romance ultra banale, une amorce trop longue, une conclusion bâclée et n’osant pas les effusions : le scénario déçoit grandement. L’émotion n’est pas là, les acteurs pas si bons, et la réalisation fait un peu de peine tant c’est amateur. Ça reste une belle histoire pas inintéressante, mais le film est très loin de réaliser son potentiel, ne va pas au bout des choses, et souffre de la comparaison avec la superbe romance susmentionnée.