Daredevil

Daredevil
2003
Mark Steven Johnson

Alors que la doctrine des deux camps est désormais bien établie avec le succès qu’on leur connaît, à savoir un style réaliste-épique pour DC et plus décontracté et humoristique pour Marvel, la recette était bien plus bancale au début. Mode réellement initiée avec Batman et Superman en 1989 et 1978, les premières adaptations étaient très colorées, cartoonesques et tapageuses, avec comme paroxysme Hulk, Spider-Man et autres 4 Fantastiques. C’était plus ou moins navrant selon les cuvées, et si on s’en sort pas trop mal ici, ce problème de fond s’y fait tout de même sentir.

On ne le dira jamais assez : se rincer les yeux avec des déchets nucléaires, c’est une mauvaise idée. Pourtant, c’est exactement ce qu’à fait Matt Murdock (Ben Affleck) à ses 12 ans, perturbé par la vision de son père passé du côté obscur de la force. Depuis, il est aveugle, mais la perte de sa vue a décuplé ses autres sens, notamment son ouïe, lui permettant d’entendre à des centaines de mètres à la ronde et ainsi cartographier les alentours à l’aide d’une espèce de sonar. Des facultés l’ayant conduit à devenir Daredevil, un justicier de la nuit. Le jour, en plus de tenter d’alpaguer la séduisante Elektra (Jennifer Garner), il tente de rendre le monde meilleur avec son ami Foggy (Jon Favreau) avec qui il tient un cabinet d’avocats.

Si la supériorité ahurissante de la nouvelle série Netflix rend le film carrément obsolète et encore plus mauvais de par la comparaison, le succès mitigé de l’époque se comprend tout de même aisément. Première scène premier problème : un flashforward qui se déroule vers la toute fin. Alors déjà le procédé est poussiéreux, mais en plus son utilisation n’apporte rien et le choix de l’emplacement est nuisible. Ce passage, qui est l’un des plus mauvais du film, est bourré d’incohérences, à commencer par le héros en lui-même, supposément à l’agonie alors que deux secondes plus tard il se bat vigoureusement, sans gène, et effectue même des bonds de plusieurs mètres de hauteur. Une narration qui commence mal donc, mais qui ne se déroulera pas tellement mieux. On y découvre des méchants caricaturaux surjoués (par Michael Clarke Duncan et Colin Farrell), des personnages secondaires sacrifiés avant de devenir intéressants, et d’autres qui ne servent tout simplement à rien, là uniquement pour respecter le comics d’origine. De même, si certaines séquences ont de la gueule, l’aspect esthétique est globalement très kitsch. Pas foncièrement mauvais et même assez intéressant sur son principe, le film demeure un pur produit de divertissement pas bien inspiré qui fait parti de la longue liste des débuts en demi-teinte du genre super-héroïque.

Ce contenu a été publié dans Cinéma, Critiques. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *