La Mule


La Mule
2019
Clint Eastwood

La neuvième décennie et toujours pas trop vieux pour ces conneries ? Alors que papy Eastwood, comme on fini par le surnommer tant il semble vouloir poursuivre jusqu’à la mort, enchaîne doucement les bides retentissant avec une industrie qui commence à ne plus réussir à équilibrer les échecs du réalisateur, voici l’un de ses derniers vrais succès, retrouvant son acteur « fétiche » Bradley Cooper qui lui avait valu une pluie de nominations et surtout le plus grand succès de sa carrière : American Sniper.

Quand on traverse les âges, on voit la société évoluer et nous rejeter de plus en plus. Pour Earl Stone (Clint Eastwood), ce fut d’abord l’arrivée d’internet qui tua peu à peu son exploitation de fleurs, puis la crise économique qui fini par détruire son bel havre de paix. Un beau jour il fera la rencontre qui va changer sa vie : un dealer captivé par l’histoire de ce vieil homme qui a notamment sillonné le pays de bout en bout sans jamais s’être prit le moindre PV de sa vie. Entre lui cherchant une mule pour transporter sa drogue et Earl voyant son monde s’effondrer faute d’argent et à cause d’un système plus corrompu que le monde de la drogue, l’alliance sera évidente. Et qui pourrait soupçonner un vieillard qui n’a jamais fait un pet de travers en près de 90 ans ?

Le concept du film est d’une simplicité absolue : encore et toujours ce monde de merde qui n’aide jamais ceux qui jouent le jeu, alors à quoi bon. On suit donc d’un côté Earl, tentant de mettre à profit la dernière ligne droit de sa vie pour aider ses proches, car si l’argent ne fait pas tout, tout se fait avec de l’argent. Et de l’autre côté on suit le monde de la drogue (dirigé par Andy Garcia), cherchant simplement à répondre à la demande et surtout à leurs besoins primitifs de richesse et pouvoir, et la police (avec Laurence Fishburne, Bradley Cooper et Michael Pena) qui fait simplement son travail, pas pour l’argent mais toujours pour asseoir eux aussi leur pouvoir.

Des films sur la drogue, on en a eu des centaines, et malheureusement difficile d’y trouver un axe original. Le film y arrive néanmoins partiellement en racontant principalement cette histoire par le biais d’un vieil homme n’ayant plus rien à perdre, permettant de glisser quelques remarques que d’aucuns jugeraient choquantes de par leur manque de tact. A croire qu’il faut attendre 90 ans pour « dire les choses », bien qu’en réalité ce soit surtout de l’aigreur face à un monde qui ne change pas comme on aimerait. Reste que même avec un tel casting, l’argumentaire est léger : ce même personnage du vieil aigri, on l’a déjà eu en mieux dans Gran Torino, et côté film sur la drogue, Barry Seal était bien plus prenant. Avec en prime une fin trop banale et quelques soucis de rythme, le film peine donc à s’imposer dans un paysage cinématographique surchargé de productions bien plus abouties sur le sujet : Air America, Breaking Bad ou War Dogs, Blood Diamond et Lord of War dans des thématiques très proches. Le film est assez efficace dans l’ensemble, mais difficile d’y trouver tellement d’intérêt quand tous les thèmes abordés l’ont déjà été et en mieux.

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