Ant-Man et la Guêpe : Quantumania


Ant-Man et la Guêpe : Quantumania
2023
Peyton Reed

On ne va pas se mentir, mise à part les premières séries Disney + (Wandavision, Loki, et dans une moindre mesure Hawkeye), la seule production vraiment excellente du MCU depuis l’apothéose Endgame, c’est pour ma part Les Eternels, mais qui en raison d’un style radicalement différent, a largement déplu. Il y avait le fan service de No Way Home, qui reste globalement l’un des meilleurs divertissements estampillé MCU des quatre dernières années, et cela ouvre des portes intéressantes pour la suite, mais l’engouement s’effondre inlassablement. Certes, si la Chine était toujours cet eldorado à blockbusters américains comme avant l’ère covid, Thor Love and Thunder aurait par exemple battu son prédécesseur assez largement, et beaucoup d’insuccès auraient été largement remboursés, notamment le cas ici présent. Mais on ne va pas se mentir, entre un calendrier de plus en plus chargé pour des scénarios toujours plus oubliables et des problèmes d’effets spéciaux de plus en plus criants, la lassitude gagne du terrain à un point inquiétant. Pourtant, lors d’un événement en été 2022, la hype avait reconquis les fans lassés en présentant enfin le plan global avec la menace ultime des prochaines phases : Kang le Conquérant (Jonathan Majors), aperçu justement dans Loki avec la version « Celui qui demeure ». Plus encore, la bande-annonce de ce premier film de la phase V avait donné des frissons à tous avec le fameux « did I kill you before ? », posant là un antagoniste au charisme absolu. Enfin des enjeux colossaux ? C’était le doux rêve qu’on nous promettait, amer mensonge.

Comme nous l’avait dit Janet (Michelle Pfeiffer) dans Ant-Man 2, il n’y a rien dans le monde quantique, le vide absolu. Vraiment ? Curieux, Hank Pym (Michael Douglas) et Cassie (Kathryn Newton) vont tout de même tenter d’en percer les secrets en sondant cet espace, ce qui attirera l’attention de celui qui règne sur ce monde : Kang, qui utilisera leur propre technologie pour les aspirer (incluant aussi Scott Lang (Paul Rudd) et Hope (Evangeline Lilly) qui se trouvaient là au bon moment) vers ce monde quantique.

Le film commence plutôt bien, en questionnant sur la légitimité d’un héros aussi faible que Ant-Man (d’où personnellement mon pronostique sur sa potentielle mort face à un ennemi aussi puissant que Kang), sur comment reconstruit-il sa vie après son absence de quatre ans et l’après Thanos. Et en lui-même le voyage vers l’intérieur a déjà fait l’objet de belles fresques d’aventure, et sur bien des aspects de design, on s’en sort nettement mieux que la catastrophe Strange World, qui fait donc pas mal relativiser. Mais les bons points s’arrêtent à peu près là. Si le film est dans l’absolu un divertissement correct, bien rythmé avec quelques séquences sympas (l’humour du Scott toujours glacier fonctionne par exemple), tellement de choix sont une hérésie à peine croyable. Déjà source de contradictions terribles entre Janet qui y passé un laps de temps normal et Scott pour qui les quatre ans ont été un claquement de doigts, le royaume quantique ne semblait pas poser de problème pour l’exploration à la fin de Ant-Man 2, mais soudainement Janet se rappelle que l’un des êtres les plus dangereux de tout le multivers s’y trouve. Aberrant… De même, si Jonathan Majors est excellent (ou l’a t-il été ? Voir les affaires de violence conjugales qui pourraient lui coûter sa carrière), la menace ne se fait pas trop sentir, même face à un héros aussi inintéressant et faible que Ant-Man. Et on ne parlera jamais assez de l’affront Modok, un carnage scénaristique (l’antagoniste étant censé être une menace d’envergure digne de Kang lui-même, réduit à un gag grotesque) et artistique (un des pires effets spéciaux de l’histoire du cinéma). Et petite mention sur ce phénomène devenu la norme, totalement insupportable et incohérent, où dès qu’un héros parle son costume ouvre la partie de son visage, comme si l’acting sous costume était impossible, alors même que dès Spider-Man il y a 21 ans, les acteurs – sans doute meilleurs – y arrivaient très bien. Exit les costumes qui font rêver, tout n’est plus que CGI, et on y croit plus. Alors oui, Les Gardiens de la Galaxie 3 pourrait être sympa – encore que -, mais difficile de croire que Blade ou The Marvels passionnent les foules, et si l’affaire Majors retarde voir fait partir la saison 2 de Loki en reshoot, il faudra peut-être attendre Deadpool 3 et ses promesses intenables pour faire repartir la machine, mais le MCU enchaîne tellement les déceptions qu’on aura bien du mal regagner toute la ferveur éteinte. Bref, on espérait une phase V démarrant sur les chapeaux de roue avec un Kang massacrant tout sur son passage, avec de lourdes pertes, mais au final on se retrouve avec un divertissement sans aucune répercutions, continuant de teaser ce qui ressemble de plus en plus à du vide.

Ce contenu a été publié dans Cinéma, Critiques. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *