Gran Turismo
2023
Neill Blomkamp
Voilà un doux rêve : passer du fantasme à la réalité. En vrai ce n’est pas une idée, c’est le quotidien de toute personne se formant à devenir pilote dans l’aviation par exemple, mais quand l’outil de simulation est aussi un jeux-vidéo, toute la classe politico-médiatique, les ignares, débiles et autres moutons atrophiés du cerveau sont incapables de prendre ça au sérieux. Faire piloter un geek ? Faudrait déjà qu’il sorte de son fauteuil de gamer lol ! Ah les ravages de la consanguinité… Eh bien voilà une histoire vraie où un directeur marketing de chez Nissan (Orlando Bloom) va approcher la direction de Sony et l’équipe derrière les jeux Gran Turismo pour recruter les meilleurs joueurs du jeux-vidéo, puis les former pour devenir pilote de F1 dans la vraie vie. On suivra donc le parcours de Jean Mardenborough, adolescent britannique qui troquera son volant branché à sa Playstation contre un volant de voiture de course en dur, formé par Jack Slater (David Harbour), un ancien professionnel de la course automobile.
Dans l’absolu on pourrait se dire que ce genre de film n’est pas fait pour moi, préférant l’approche décomplexée et arcade tant des jeux Need for Speed, Split Second Velocity voir Mario Kart, mais aussi des films, prenant plus de plaisir devant les premiers Fast & Furious ou le film Need for Speed que devant les pourtant objectivement meilleurs Le Mans 66 ou Rush. J’ai essayé plusieurs fois les jeux Gran Turismo, mais outre le fait que passer sa vie à freiner dans les virages toutes les deux secondes tue toute sensation de vitesse, les circuits automobiles sont objectivement moches, et l’idée de faire les mêmes tours en boucle est passablement ennuyeux. Je partais donc avec quelques à priori, et détestant le jeu dont le film fait l’éloge, mais les films de courses sont généralement grisants, et surtout l’idée d’un self-made-man devant sa carrière à son talent aux jeux-vidéo, claquant le bec à ses détracteurs et aux esprits étriqués, c’était particulièrement gageur.
Soyons direct, on passe un excellent moment devant le film, nous procurant la satisfaction escompté du petit gars sorti de nulle part accomplissant un rêve que tous lui ont dit inaccessible. Les sensations de vitesse sont grisantes, la réalisation est au top (même si on se demande ce que Neil Blomkamp fait là), les clins d’œil au jeu et aux codes vidéoludiques sont appréciables, et mise à part un léger passage plus mou aux deux-tiers, passage quasi obligé du test de motivation mais il est vrai tiré d’un fait réel marquant, le rythme est très soutenu. Pour autant, le film n’est pas aussi bon qu’on aurait pu l’espérer, et ceux pour deux raisons assez gênantes. Premièrement, le choix de l’acteur principal, qu’on pourrait argumenter expressément lisse et fade pour que le spectateur oubli le protagoniste et s’imagine soi-même à la place. Argument que je mets moi-même en avant pour FFXII par exemple, puisque littéralement on parle d’un jeu où de fait l’histoire avance au rythme de nos actions, mais que je rejette totalement pour Luke Skywalker dans la trilogie originale, étant juste un jeune premier insipide d’un vide abyssal à l’acting catastrophique. Reste que là aussi, l’acteur est mauvais, sans charisme, et ça plombe pas mal quand même. Et deuxièmement, la réalité est un peu décevante. Alors oui, le gamer devient certes professionnel, mais on est loin d’une carrière exceptionnelle marquant à jamais l’histoire automobile, son impact aura été pratiquement inexistant et ses faits d’armes sont peu glorieux. L’idée était cool, le résultat très divertissant et c’est toujours un immense plaisir que de retrouver David Harbour qui dégage une telle bonhommie avec tant de charisme, mais entre son acteur principal bancal et le peu d’envergure du récit, le film ne marquera pas plus l’histoire.