The Creator


The Creator
2023
Gareth Edwards

Malgré toute l’arrogance du bonhomme et les faiblesses d’écriture handicapantes de son Godzilla et Rogue One, force est de reconnaître que Gareth Edwards a un sacré talent de réalisateur, sachant à la fois mettre en scène le gigantisme, l’envergure des décors, mais surtout créer du grandiose à l’écran à une époque où l’œil trop habitué des spectateurs ne supporte plus les blockbusters lambdas aux visuels immondes dégoulinants d’effets spéciaux génériques.

Alors qu’aujourd’hui explosent les IA, le film va justement s’intéresser à un futur où une partie de l’humanité – les Etats-Unis – sont partis en guerre contre les IA suite à un terrible incident où une IA a décidé de larguer une bombe atomique en plein Los Angeles, causant un million de morts et sans doute bien plus les années suivantes avec les retombées radioactives. Joshua (John David Washington) était d’ailleurs en mission d’infiltration au Népal – l’Asie en général se montrant favorable aux IA et souhaitant continuer à les développer, offrant aux machines dotées d’IA un refuge – pour localiser et éliminer Nirmata, titre donné à la personne à l’origine de l’éveil des IA que ces dernières vénèrent. Seulement durant sa mission, il va tomber amoureux de Maya (Gemma Chan), élevée par une IA (Ken Watanabe) et censée être proche de Nirmata. La mission va tourner court quand l’armée américaine va envoyer ses forces sur place, déferlant la puissance de leur station orbitale Nomad pour éliminer tout le monde. Vraiment ? Cinq ans plus tard, l’armée (Allison Janney) va reprendre contact avec Joshua, lui faisant miroiter la survie de son épouse pour l’enrôler dans une nouvelle mission visant à récupérer une arme développée par les IA qui risquerait de renverser le cours des choses.

Que j’avais envie d’adorer ce film… Alors oui, visuellement le film est grandiose, ce qui est si rare de nos jours que cela doit être souligné et acclamé, surtout avec un budget « modeste » de 78 M$ quand tant de blockbusters à 200 M$ ou plus sont incapables d’offrir le dixième de l’envergure des visuels présents. La mise en scène est vraiment superbe, le mélange technologique / architecture traditionnelle en bois asiatique est une trouvaille formidable avec une vraie pate originale. Le Nomad et la technologie lumineuse bleue de l’armée américaine a une identité forte, et si on ne le vois pas de suite, plus on se rapproche de la fin et plus le film devient généreux avec une surenchère dantesque dans ses environnements. Notons également que le thème abordé de l’IA, la possible menace qu’elle pourrait représenter et sur le débat conscience / existence, voilà des sujets ambitieux, donc sur le papier le film avait un potentiel monstre.

Oui mais voilà, potentiel ne veut pas dire qualité réelle, et le scénario est au mieux problématique. Le débat sur ce qu’est la vie est carrément stérile avec d’un côté une Amérique voulant les détruire, et de l’autre une Asie ayant pleinement embrassé la cause de l’IA, rien au milieu. Ou si, le protagoniste, tombant dans ce que j’appellerais le piège Mass Effect 3, qui dans le cas présent n’est pas un calcul volontaire mais un artifice de facilité. Le coup de l’enfant IA n’a pas vraiment de sens, toute IA consciente est évolutive, et calquer cette évolution sur la morphologie évolutive biologique humaine est un non sens absolu : évidemment qu’une machine se met à jour plus vite que ce ne grandi un corps humain. Une transposition trop facile, avec une corde évidente, maladroite, pas traitée, amenant à des décisions précipitées non rationnelles. Mais en fait, le plus gros problème avec le scénario est l’écriture des IA en elles-mêmes, l’un des plus gros carnages de cohérence jamais vu. Elles ont été codée – point jamais modifié et cela est répété plusieurs fois – pour ne pas être capables de faire du mal aux humains. PARDON ??? Et tous les affrontements, l’utilisation d’armes, d’échanges de feu, c’était pour faire mumuse ?! On ne peut pas passer 1h30 à s’entre-tuer pour dire que ah mince problème, on ne peut techniquement pas tuer un homme à cause de notre encodage. Mensonge évident tout du long, venir en réalité réaffirmer les lois de la robotique comme ça détruit tout semblant de cohérence dans des propensions aberrantes. Un bijou visuel, plein de bonnes idées ne demandant qu’à briller, mais le résultat est très loin de pleinement convaincre tant le scénario est écrit à la truelle.

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