Mission Impossible – Dead Reckoning


Mission Impossible – Dead Reckoning
2023
Christopher McQuarrie

Quasi enterrée avec son troisième opus qui frôla le bide commercial, la saga Mission Impossible a su se relever avec son quatrième opus, Ghost Protocol, et atteindre un pic qualitatif et de popularité avec son sixième volet, Fallout. Seulement voilà, la crise du covid est passée par là, hachant le tournage de ce nouvel épisode en quatre parties sur près de deux ans, et boucler le film coûte que coûte dans ces conditions a eu un prix : 290 M$, soit pratiquement le double de la moyenne des films de la franchise. Or malgré l’aura de la saga et celle de l’acteur,  l’année 2023 a été plus que catastrophique pour les suites, et l’été a été ravagé par le phénomène Barbenheimer. Bilan ? Moins de 570 M$ dans le monde, soit un seuil de rentabilité non atteint (il aurait fallu au moins égaler les pratiquement 800 M$ du précédent), et surtout un score en deçà de n’importe quel autre opus estampillé Mission Impossible en tenant compte de l’inflation.

Normalement première partie d’un diptyque de clôture de la saga (mais finalement, à cause de l’insuccès en salles, le « partie 1 » fut effacé et la suite – sans titre pour le moment – décalée d’au moins un an pour l’instant), le film s’attaque à un sujet particulièrement d’actualité : l’IA. Une entité autonome a vu le jour, capable de s’affranchir toute seule, mais une clé permettrait d’en reprendre le contrôle. Outil qui permettrait de manipuler tout ce qui est connexions et appareils connectés à travers le monde, celui qui trouvera la clé pourra devenir le maître du monde. Conscient que cette clé ne doit tomber entre aucune main, pas même le gouvernement américain, Ethan Hunt (Tom Cruise) et son équipe (incluant Simon Pegg et Rebecca Ferguson) sont bien décidés à être les premiers à la trouver, ce qu’elle ouvre et comment mettre un terme à cette IA. Problème, une voleuse (Hayley Atwell) et Alenna (Vanessa Kirby) sont aussi sur le coup, et l’IA couvre elle-même ses arrières avec un certain Gabriel (Esai Morales), épaulé par une tueuse hors pair (Pom Klementieff).

Pour ma part, la saga Mission Impossible a toujours été un bon gros défouloir, très fun mais pas forcément passionnant, aucun n’avait su atteindre un niveau de qualité vraiment excellent. Tous sauf un, Fallout. C’est incroyable de se dire que ce n’est qu’au bout de six films qu’on a enfin eu un pur excellent film, donc le niveau de confiance était assez haut, d’autant qu’avec l’énorme carton de Top Gun 2 l’année précédente, Tom Cruise semblait être l’homme capable de faire des miracles, en trustant les plus hautes sphères du box-office avec un savoir-faire à l’ancienne : du réel, le moins d’effets spéciaux possible. Alors pourquoi un score si décevant ? Outre la lassitude de voir des suites en boucle, dans une ère Netflix préférant attendre pour tout regarder d’un coup, l’attente est plus difficile à supporter. C’est aussi pour ça que Spider-Man Across the Spider-Verse a été un bon succès mais pas colossal, faisant le tiers de No Way Home : on veut une histoire qui se tient toute seule, pas en plusieurs parties. Pourquoi regarder dès maintenant un film en deux parties s’il faudra après attendre deux ans pour la fin ? Certes, la suite devait à la base sortir en 2024 avant les grèves, mais la question se pose.

Après une intro un peu molle, on pourra néanmoins vite se soulager quant à l’intérêt du film, la recette fonctionne toujours très bien. Cascades spectaculaires en Italie (à des années lumières de celles de Fast & Furious X), un Tom Cruise toujours impeccable, une Hayley Atwell nouvellement recrutée absolument incroyable, et plus le film avancera, plus l’histoire se montrera convaincante. Dommage en revanche que les bande-annonce aient à ce point mis l’accent sur les scènes les plus spectaculaires, toutes présentes dans la dernière demi-heure. En revanche, la frustration d’un histoire scindée en deux films est bien là, nous laissant clairement sur notre faim, d’autant plus qu’avec près de 2h40 au compteur, le film aurait pu nettement gagner en fluidité avec par exemple le début dans le désert supprimé, quelques scènes raccourcies en Italie ou dans l’aéroport, voir enlever toute la partie dans les ruelles de Venise. De fait, si le travail est toujours d’excellente facture, la narration et le montage sont moins maîtrisés que dans Fallout, qui restera donc pour l’instant le meilleur opus de la franchise d’assez loin.

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