Saltburn
2023
Emerald Fennell
Alors que la saison des cérémonies touche à sa fin, le grand challenger britannique s’est heurté à un sacré mur : absolument aucun prix nulle part, et carrément aucune nomination aux Oscars. Le fameux thriller sulfureux a fait pschitt après son vague buzz, finissant même directement sur Prime Video pour ce qui est de la France, et même en tant que membre, je ne me suis clairement pas précipité pour le voir.
Dans ce remake non assumé de M. Ripley, on suivra là encore l’admiration / romance / amitié plus qu’ambiguë entre deux hommes, le prolétaire Oliver Quick (Barry Keoghan) et le noble Félix Catton (Jacob Elordi), dont la famille possède une fortune colossale, ainsi qu’un immense domaine : Saltburn. Durant leurs études à Oxford, les deux jeunes hommes vont se lier d’amitié, et Félix va inviter Oliver à passer l’été dans sa prestigieuse demeure.
Sans vouloir trop spoiler, le film est vraiment plus qu’inspiré par Le Talentueux M. Ripley, c’en est carrément une revisite avec les grandes lignes strictement identiques. On troque l’exubérance américaine et le luxe des hôtels européens par la sophistication britannique et le prestige des demeures et modes de vie d’antan à la Downton Abbey. Les points communs avec M. Ripley sont si ahurissants qu’il y a de quoi se demander pourquoi personne n’a crié au plagiat, mais heureusement le film est moins raté que son aîné. Le casting est là aussi très prestigieux, avec également Rosamund Pike, Richard E. Grant, Carey Mulligan, et même la tanche de Gran Turismo, Archie Madekwe, ne fait pas trop tâche. Le rythme est un peu mieux maîtrisé, et contrairement au « modèle », la fin n’est pas un naufrage ici, bien que la dense illustre parfaitement le principal problème de conception du film : son ton vulgaire. Certaines scènes auront beaucoup fait parler, notamment la baignoire et le « vampire » (qui n’a jamais passé outre ?), mais ce voyeurisme n’apporte pas grand chose, voir est complètement débile comme le coup de la terre encore fraîche. Sérieusement ?! Le côté thriller arrive très tard, et tout ce qui précède est du sous Call me by your name. De même, le style « arty » du 1:33 avec un grain d’époque est stupide, l’histoire étant censée se dérouler en 2006, par en 1920, et le format d’image ne rend pas justice aux décors. Un projet mal branlé en somme, dont l’intérêt de l’histoire est d’une part long à venir, et est sacrément prévisible d’autre part.