The Boys – Saison 3


The Boys – Saison 3
2022
Eric Kripke

Après une première saison exceptionnelle, le soufflet était quelque peu retombé dès la seconde, laissant craindre une série se limitant aux intensions sans que le fond n’ait suffisamment de profondeur pour perdurer. Heureusement, cette troisième salve va bien vite balayer la plupart des défauts précédents pour retrouver le chemin de la grandeur.

Cette saison va prendre place un an après les révélations sur Stormfront (Aya Cash) alors que l’équipe a plus ou moins raccroché ou a su se réorienter. Starlight (Erin Moriarty) a réintégré les Sept pour essayer de garder un œil de l’intérieur, le Butcher (Karl Urban) s’occupe de Ryan (Cameron Crovetti), MM la crème (Laz Alonso) tente de recréer le contact avec sa femme et sa fille, tandis que le French (Tomer Capon) et Kimiko (Karen Fukuhara) gèrent les opération de terrain pour la branche anti superhéros de la CIA, commanditée par Hughie (Jack Quaid) et Victoria Neuman (Claudia Doumit). Seulement le cas Homelander (Antony Starr) inquiète de plus en plus, et une nouvelle piste pourrait permettre de neutraliser la menace. En pleine Guerre Froide, le chef de Sept de l’époque, Soldier Boy (Jensen Ackles) aurait été neutralisé par une arme inconnue, lui qui était réputé aussi invincible que Homelander aujourd’hui.

Cette saison est un sacré coup de boost, que ce soit en termes d’écriture des personnages, d’interactions entre eux, ou du mythe entourant cet univers dans son ensemble. On aurait pu croire les superhéros datant des premiers tests Gen V, mais il semblerait que les premiers remontent dès la Seconde Guerre Mondiale, avec certains encore vivants, voir qui n’ont pas prit une ride. Non seulement le prélude est intéressant, mais il créé de nouvelles connexions et révélations autour des personnages, comme par exemple Edgar (Giancarlo Esposito) qui était déjà là à comploter dans l’ombre, tirant déjà les ficelles. La dynamique de groupe est aussi bien meilleure : le Butcher est toujours un connard arrogant égoïste, mais cette fois il a plus de cartes en main pour se le permettre et tend plus volontiers la main, que ce soit pour aider ou recevoir de l’aide. Hughie est moins passif / tête à claque, même si on s’amusera de sa non chance légendaire. Quand ça veut pas… La romance Serge (Frenchie) / Kimiko patine toujours, mais on en voit le bout, Annie sert un peu plus à quelque chose, et globalement toutes les intrigues des personnages sont meilleures, sauf les éternels seconds couteaux aux arcs de rédemption redondants, voir ennuyeux : The Deep (Chace Crawford) et A-Train (Jessie T. Usher). Clairement on a l’impression que les scénaristes ne savent pas quoi faire avec eux, hormis les traiter comme des bouffons. Maeve (Dominique McElligott) sera indéniablement celle qui va prendre le plus cher, mais au moins elle pourra couler des jours heureux bien mérités. Quant au fameux Soldier Boy, c’est clairement une « belle » révélation dans le genre homme de l’époque ultra conservateur, sorte de mélange de Homelander et Butcher mais qui se prend et croit agir comme un Captain America qui aurait rejeté massivement le monde actuel. Des personnages mieux traités, de nouveaux venus au niveau cette fois, des intrigues bien plus palpitantes, et enfin des enjeux d’envergure. Mieux encore, la suite s’annonce palpitante avec pléthore de nouveaux enjeux se dessinant en toile de fond. On remonte presque au niveau de la claque de la première saison, en espérant que le spin-off Gen V arrive aussi bien puisque la première saison vient s’intercaler entre les saisons 3 et 4 de cette série principale.

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La Femme à la fenêtre


La Femme à la fenêtre
2021
Joe Wright

D’abord prévu en salle puis sacrifié sur Netflix pendant la crise du Covid, le film m’avait fait de l’oeil à son annonce entre son prestigieux casting et son statut d’héritier de films comme Fenêtre sur cour ou Paranoïak. Si le premier des deux n’évoque pour moi qu’ennui et incompétence technique, avec un scénario foncièrement raté, la seconde version transformait brillamment l’essai et reste 17 ans plus tard un must du genre. Mais voilà, face à des cinémas rouvrant avec pléthore de films repoussés depuis des années, et surtout des critiques assassines, j’étais finalement passé à côté, à raison.

Souffrant d’agoraphobie aiguë suite à un traumatisme, Anna (Amy Adams) reste cloîtrée chez elle depuis, n’ayant comme seuls contacts son chat, son psy et l’homme (Wyatt Russell) qui loue le sous-sol de sa maison. Pour s’occuper, elle regarde souvent par la fenêtre, d’autant que de nouveaux voisins viennent tout juste de s’installer en face : les Russell. Et justement, un soir elle va croire assister au meurtre de la femme, Jane (Julianne Moore), avec qui elle avait récemment sympathiser après que cette dernière soit venu se présenter au voisinage, par son mari (Gary Oldman). Mais quand la police va débarquer (Brian Tyree Henry), rien à signaler en face, Jane Russell (Jennifer Jason Leigh) va très bien. Mais qui était donc la femme se faisant passer pour elle et que s’est-il passé ?

Au moins, contrairement à Fenêtre sur cour, le prétexte à avoir un quasi huis clos à espionner ses voisins tient la route, l’agoraphobie étant plus légitime que la fainéantise, même si on sera très loin de la pertinence et de l’intelligence d’un Paranoïak qui fourmillait d’idées autour de la résidence surveillée. Malheureusement, c’est à peu près le seul point vraiment bon qu’on pourra souligner, car le reste est tellement prévisible que c’en sera usant. Entre rebondissements qui n’en sont pas comme le mari (Anthony Mackie) ou ce que la femme a cru voir à la fenêtre, avec un pseudo suspens sur son état mental avec les médicaments et l’alcool, on suit tout cela d’un œil distrait, pour ne pas dire blasé. Le rythme est mou, le fusil de tchekhov est grossier, et le seul retournement un tant soit peu inattendu est gâché par une scène en trop grand décalage sur un des personnages que le manège ne prend plus. Malgré tout le prestige du casting et le concept au grand potentiel que peut avoir ce genre d’histoire, on sent une écriture d’un niveau d’un étudiant en première année fait par dessus la jambe, écumant tous les pires poncifs avec une maladresse terrible.

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Kill Bok-soon


Kill Bok-soon
2023
Sung-hyun Byun

Voici un John Wick au féminin en Corée, ni plus ni moins. Ainsi, on suivra une femme tueur à gage, travaillant pour MK, le plus grand groupe dans une alliance d’agences suivant des codes préétablis. Gil Bok-soon est un légende dans le milieu, de classe A, le plus haut grade, et elle tente de concilier tant bien que mal son « métier » avec l’éducation de sa fille de 15 ans.

Entre les confréries, les histoires de codes, cette mystification autour des tueurs à gage, on pourrait presque parler de total plagiat, surtout de John Wick 2 où le lore est vraiment exposé jusqu’à l’overdose. Comme en plus la saga qui a servi de modèle faisait déjà la part belle à des chorégraphies et des combats asiatiques et qu’on passera la quasi intégralité du film dans des appartements modernes ou de grands immeubles neutres, le fait que l’action se déroule en Corée du Sud n’apporte pas grand chose. On a légèrement la relation mère / fille pour renouveler l’intérêt, mais le film n’en fait pas grand chose. Aussi, on se lasse de l’outil de mise en scène de « la réflexion », permettant de faire croire à une défaite alors que ce n’était que dans sa tête, ce qui enlève de fait tout impact aux scènes qu’on voit tant on reste longtemps dans l’incertitude que ce qu’on a vu va réellement être prit en compte. Un gros manque d’inspiration tout juste divertissant, que j’aurais tôt fait d’oublier.

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The Boys – Saison 2


The Boys – Saison 2
2020
Eric Kripke

Après une première saison quasi parfaite qui dynamitait les codes des super-héros de façon ultra brillante, tout en offrant une critique politique du capitalisme et des corporations tentaculaires, la pression était énorme pour la suite de la série. Et sans s’effondrer totalement, la seconde saison restera comme un petit coup de mou sans grand impact.

On suivra encore pléthore d’histoire en parallèle cette saison : le Butcher (Karl Urban), faisant bande à part, cherchant plus que jamais sa femme disparue depuis huit ans au détriment de tout le reste ; Hughie (Jack Quaid), Annie (Erin Moriarty), La Crème « Mother Milk » (Laz Alonso), le French (Tomer Capon), Kimiko (Karen Fukuhara) et la  CIA (Claudia Doumit) vont essayer de trouver un moyen de faire tomber Vought, la société derrière la création et l’exploitation commerciale des super-héros ; Edgar (Giancarlo Esposito), son dirigeant, va tenter de mener à bien sa barque malgré toutes les dérives de son écurie ; Queen Maeve (Dominique McElligott) va devoir assumer malgré elle une romance lesbienne, dévoilée par un Homelander (Antony Starr) en dérive après la perte de sa mère de substitution, tentant de recréer un lien avec le nouveau membre des Sept, Stormfront (Aya Cash) ; l’ancien membre The Deep (Chace Crawford) va tenter de faire un come-back et de réhabiliter son image au travers d’un mouvement religieux intégriste, que sera aussi tenter de rejoindre le très en disgrace A-Train (Jessie T. Usher).

Si le fond ou la forme reste semblable, avec une formule toujours efficace et un grand plaisir à retrouver un tableau de personnages passionnants, cette saison est à bien des niveaux une sacrée déception. C’est bien simple, rien ne bouge vraiment. Les nouveaux personnages sont moins intéressants voir ne serviront pas au delà de cette seule saison, comme la plupart des intrigues, qui auront soit toutes étaient bouclées, soit n’auront pas bougé d’un chouïa. On pense notamment au climax de la dernière saison, qui n’aura servi à rien, voir aura été gâché. L’arc de rédemption de The Deep n’aura été que de surface, pour des intrigues laborieuses pas bien captivantes, à l’image du maître du feu, ironiquement incarné par celui qui jouait Iceberg dans les X-Men, Shawn Ashmore. On sera aussi grandement frustré par l’absence d’évolution notable dans le couple potentiel French / Kimiko, mais plus encore par le tandem Hughie / Butcher qui perd tout innocence au profit d’un triste pugilat. En parlant du Butcher, il devient un peu une auto-parodie, insistant trop sur le côté bad guy sans cœur au point de vraiment ne devenir plus qu’un sale con. Espérons que la suite saura redresser la barre, sans quoi l’éclair de génie n’aura été que de courte durée.

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La Nuit du 12


La Nuit du 12
2022
Dominik Moll

Quelque peu surmené à l’époque, je ne m’étais pas intéressé aux Césars l’an dernier, dont voici le très large vainqueur ayant raflé les prix les plus prestigieux : meilleur film, réalisation, adaptation, et deux prix pour ses acteurs principaux. Avec des retours presse dithyrambiques, même si le petit message de texte avant que le film ne commence m’a rappelé pourquoi j’étais passé à côté, promesse d’une grande frustration et lourd sentiment d’injustice.

« Chaque année, la police judiciaire ouvre plus de 800 enquêtes pour homicides. Près de 20% d’entre elles restent irrésolues. Ce film raconte l’une de ces enquêtes »

Ainsi, le film se concentre sur un crime survenu lors de la nuit du 12 octobre 2016, alors qu’une jeune fille de 21 ans rentrait chez elle, mais sera immolée par un inconnu sur le chemin et sera retrouvée calcinée le lendemain. La police judiciaire de Grenoble sera alors chargée de l’enquête.

Pour ma part le film est très inégal, et j’ai eu du mal à m’enthousiasmer outre mesure pour de nombreuses raisons. Certes, il était annoncé que l’enquête resterait irrésolue, mais on peut néanmoins avoir un principal suspect à la culpabilité évidente mais impossible à prouver, nous donnant ainsi la réponse tout en gardant ce principe de frustration. Ce ne sera pas le cas. De plus, le film est très inégal : Bouli Lanners est excellent en vieux briscard au bout du rouleau, et j’ai explosé de rire quand on a prononcé tous les deux en même temps mot pour mot « mais quel petit con » à la sorti d’un interrogatoire. Tout le début sur l’enquête est passionnant, multipliant les pistes, les interrogatoires, découvrant que derrière ses airs de princesse, la victime était en fait une sacrée chienne en chaleur, aux dizaines d’amants en simultané de tous âges et horizons, non sans me rappeler une certaine ex. Puis vient la seconde moitié… Le loup de mer s’est barré, l’enquête patine et je ne comprend absolument pas le prix d’interprétation pour Bastien Bouillon, totalement insipide, transparent, sans une once de charisme. Bref, on s’ennui ferme dans une seconde moitié prenant le parti prit de creuser le désespoir et la lassitude de la police, et de développer cette frustration de ne jamais savoir. C’est certes un parti prit, je suppose que le résultat est celui escompté, et le début m’a vraiment emballé, mais difficile de m’extasier.

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I Came By


I Came By
2022
Babak Anvari

Production Netflix, le film avait l’ambition de se poser comme un nouveau Hannibal, sans le côté cannibale, mettant donc en avant un homme de la haute bourgeoisie, élégant, riche, raffiné et érudit, censé représenter le meilleur de la société, mais pour mieux donner court aux plus bas instincts.

Petit con de première, croyant que faire des tags chez les plus riches va changer quoi que ce soit au monde, hormis faire chier ceux qui ont le plus les moyens de détruire ta vie, Toby (George MacKay) est aussi abruti qu’il est fier d’apposer son tag « I Came By » chez les nantis. Il va décider de s’attaquer à Hector Blake (Hugh Bonneville) pour sa prochaine victime, un juge profitant de la fortune de sa famille pour faire le bien autour de lui, travailler bénévolement et soutenir des causes.

Le film commence très bien, mettant en avant un psychopathe dont on ignore la nature des méfaits, avec en face un détestable minable croyant tout savoir et tout faire mieux que tout le monde. Une arrogance aussi déplacée que risible tant rien dans ses actions ou ses dires ne fait montre du moindre signe d’intelligence. Et on se régale de le voir bien vite tomber face à un homme bien plus fourbe et humble, et donc autrement plus méritant. A moins que le film soit aussi stupide que son jeune vulgaire voyou et ne rate complètement ses intensions, on se retrouve donc à souhaiter la réussite du juge à double facette, ce que l’on obtient avec un plaisir à la hauteur de la stupidité vraiment invraisemblable du gamin. C’est quand les choses vont retomber sur ses proches que le bilan va se gâter : si lui méritait clairement un sort terrible, la seconde moitié va être un brin plus amer, voir un peu ratée. Plus de radicalité aurait pu offrir un intérêt accru, mais en l’état la fin est vraiment trop abrupte, trop facile. Pas mal de bonnes idées, de la tension, un tueur charismatique, mais un développement laborieux qui ne va pas bien loin. La saga Lecter reste bien plus prenante dans le genre.

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Harcelés


Harcelés
2008
Neil LaBute

C’est assurément quelque chose d’assez secondaire à laquelle on y pense pas, mais les voisins peuvent être un facteur important dans le cadre d’un déménagement. Ils peuvent être de bons amis bien pratiques pour arroser les plantes quand on part en vacances, ou au contraire être de pénibles trouble-fête aux habitudes de vie pas très communautaire.

On suivra ainsi Chris (Patrick Wilson) et Lisa (Kerry Washington), un couple venant fraîchement d’accéder à leur premier maison, une belle propriété dans un quartier chic sur les montages de Los Angeles. Seulement voilà, leur voisin Abel (Samuel L. Jackson), policier noir et raciste au dernier degré, va très mal vivre de voir l’une des « siennes » avec une saloperie d’homme blanc. Va peu à peu monter une escalade de la violence entre les deux partis, l’un voulant les faire partir, les autres ne souhaitant pas se laisser faire.

Le principe du film était très bon sur le papier, et le début était prometteur, pendant environ demi-heure. La guerre de voisins avait surtout un potentiel comique, registre auquel le film va se refuser, sombrant dans du drame humain rarement pertinent et vite redondant. Tous plus pourris les uns que les autres entre le policier raciste dans un abus constant, des méthodes vraiment pas orthodoxes et se posant pourtant en moralisateur. De son côté, le « vilain blanc » mérite tout de même un peu ce qui lui arrive tant il fait régulièrement preuve d’incivilité, de mépris, et puis surtout quel con ! Entre goujaterie, inélégance et égoïsme exacerbé, il n’y en a pas un pour rattraper l’autre. Le film va partir trop loin, tout en oubliant le principe de ce faire des petites crasses entre voisins, pour un final grotesque. Et très vite, la formule va devenir redondante, pour ne pas dire ennuyeuse. Un film qui n’aura pas si dépasser son postulat de départ, ni même le traiter correctement.

PS : j’avais complètement oublié ce film, déjà critiqué dix ans plus tôt : https://antoinelepage.fr/index.php/2014/08/10/harceles/

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Meurtre mode d’emploi


Meurtre mode d’emploi
2024
Poppy Cogan & Dolly Wells

Série populaire qui en quelques jours a déjà marqué un temps fort de l’été pour Netflix, il s’agit de l’adaptation du premier roman de Holly Jackson, qui a d’ailleurs poursuivi son histoire avec deux autres romans et une nouvelle, de quoi laisser la porte pleinement ouverte à d’autres saisons par la suite en cas de succès, ce qui est assurément déjà le cas. En espérant que le série ne devienne pas rapidement une auto-parodie à la qualité s’effondrant rapidement comme ce fut le cas avec Elite ou 13 Reasons why.

Tout commença par une terrible nuit à l’été 2019, alors que la jeune Andie Bell fut tuée, bien que le corp ne fut jamais retrouvé. Son petit ami Sal avait avoué le meurtre, avant de se donner la mort quelques jours plus tard. Cinq ans plus tard, le village rend hommage à l’adolescente disparue, et pour son projet de fin de lycée, Pip (Emma Myers) va décider d’enquêter sur cette histoire jamais pleinement élucidée tant les zones d’ombre sont légion, le corps de la fille n’a jamais été retrouvé, et connaissant Sal, elle n’a jamais pu croire à sa culpabilité.

Avoir des adolescents / jeunes adultes enquêter sur un meurtre, ça rappelle forcément des séries comme Elite ou 13 Reasons why, mais la comparaison se ferait surtout avec une série comme Mare of Easttown tant la vie au lycée est très secondaire et surtout tant la structure est similaire. La série est très courte, six épisodes de 40 minutes, et en vérité on tient un bien meilleur Enola Holmes que les films en question puisque l’héroïne Pip est une très digne héritière du légendaire Sherlock. On a là une enquête poussée, qui ne néglige aucune piste, qui part dans tous les sens, avec des suspects crédibles de partout, avec là encore ce sentiment constant que la réponse n’est jamais pleinement satisfaisante. Dès qu’on tient ce qui semble être une vérité absolue, elle n’est en fait qu’une pièce du puzzle qui se dessine peu à peu, sans pour autant pouvoir se résolver avant la toute fin. On notera que Emma Myers s’en sort à merveille, faisant oublier sans mal son rôle d’acolyte énervante dans l’insipide série Mercredi, et son duo avec Ravi, le frère de Sal, est très réussi. Le côté campagne britannique coloré donne aussi un ton plus léger à l’ensemble, renforçant la simplicité estivale qui s’en dégage. Il ne faut donc pas trop chercher un scénario ultra intellectuel, même s’il est assez poussé et crédible, mais on tient là une petite série très sympathique avec une jeune fille pétillante et intrépide qui va quelque peu secouer un village endormi sur ses mensonges et ses non dits.

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Le Cercle des neiges


Le Cercle des neiges
2024
Juan Antonio Bayona

Netflix pensait frapper fort avec ce film tiré d’une histoire vraie, porté par un réalisateur reconnu, aussi peu mérité que soit ce statut. Seulement voilà, le film fut non seulement totalement snobé par les différentes cérémonies lors de la dernière saison, mais en plus le film a fait des scores assez faible sur la plateforme de streaming, malgré des retours très bons. Il faut dire que le genre de la survie est assez classique, et que le seul argument présent ici, outre son réalisateur, c’est le côté histoire vraie sur lequel on reviendra.

Le drame se déroula donc en octobre 1972, alors que 40 passagers et 5 membres d’équipage d’un vol reliant l’Argentine au Chili vont s’écraser dans les hauteurs de la Cordillère des Andes. Pour les survivants du crash, en attendant de possibles secours, il faudra donc, en plus de trouver le moyen de répondre à leurs besoins vitaux, lutter contre un froid des plus intenses.

Si bien sûr on doit réussir à faire le travail mental de se placer en 1972, ce qui est quasi impossible pour des gens qui ont été biberonnés aux histoires de survie, souvent en conditions bien plus difficiles, pour ne pas dire que leur situation est probablement l’une des plus facile jamais vue (nourriture, abri, eau en quantité illimitée). On pardonnera donc non sans râle toutes les erreurs de débutants et le puritanisme complètement déplacé. D’ailleurs, avec plus d’une trentaine de survivants à l’impact, et même globalement tout du long, il sera assez compliqué de s’y repérer puisque la quasi intégralité des passagers étaient des membres d’une même équipe de rugby, donc la quasi totalité du casting est composée d’homme sveltes, bruns, aux coupes de cheveux et style similaire, et ayant presque tous le même âge. Alors oui, les images sont spectaculaires et il est intéressant de voir des gens de l’époque essayer de s’en sortir sans toutes les connaissances qu’ont n’importe quel cinéphile actuel, mais impossible de se sortir de l’esprit qu’un crash similaire aujourd’hui, outre le fait que les secours arriveraient dans l’heure, aurait assurément un taux de survie drastiquement meilleur. De là à dire qu’ils étaient cons… Un film qui sera malheureusement vite oublié tant le genre a connu des œuvres bien plus marquantes et inspirées.

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The Boys – Saison 1


The Boys – Saison 1
2019
Eric Kripke

Si Amazon ne pèse globalement pas bien lourd face à Netflix et que nombre d’abonnements le sont avant tout pour la livraison gratuite, rapide et l’accès aux offres spéciales, ou encore de par sa présence dans les offres de nombreux fournisseurs d’accès comme Free, s’il y a bien une création originale que tout le monde connaît, au moins de nom, c’est bien celle-ci. Si la poule aux œufs d’or n’est pas prête de s’arrêter avec déjà un premier spin-off, Gen V, et un second au Mexique prévu pour 2025, la série initiale s’approche en revanche de sa fin puisque la cinquième, qui pourrait sortir fin 2025 ou 2026, sera la dernière. Et comme à mon habitude, j’aime attendre qu’une fin soit établie avant de me lancer dans l’aventure, de peur que soit le projet ne connaisse jamais de fin faute de succès, ou qu’au contraire le tout s’éternise au point qu’on soit obligé de tout se revoir à un moment donné faute de pouvoir se rappeler du début au moment de la fin.

Des années avant que le terme de « super-héros fatigue » ne soit une réalité, la série avait déjà senti non seulement le besoin de renouveler la formule, mais également de la détourner, et pas qu’à moitié. La série se déroule dans un univers où les supers pouvoirs ne sont pas uniquement une réalité, mais aussi célébrer par tous, notamment aux Etats-Unis où une élite rayonne à travers le monde : les Sept. D’un côté, on suivra Annie (Erin Moriarty), fraîchement honorée d’intégrer cette élite en tant que Starlight, loin de se douter que non seulement elle ne sauverait personne à n’être qu’apparat et marchandising, mais qu’en plus ses collègues sont tous des tarés cyniques et pervers, pour ne pas dire bien plus grave / dangereux. De l’autre, on suivra Hughie (Jack Quaid), qui va justement faire les frais de ces soi-disant modèles de vertu quand l’un des Sept, A-Train (Jessie T. Usher) va justement par « inadvertance » exploser sa petite amie. Il va alors entrer en contact avec le Butcher (Karl Urban), un homme qui a décidé de vouer sa vie à exposer la supercherie des superhéros, de les traquer, les démasquer, et si possible les tuer.

Cette première saison est une claque assez colossale : à contre-pied total de la déification habituelle des superhéros, on les montre ici comme des salops ayant perdu toute notion des réalités, une version exacerbée des ultras riches ne se sentant plus pisser, profitant abondamment et abusivement de leurs positions, avec à chaque fois tellement de nuances que c’en est fascinant. On a d’un côté des connards comme A-Train, le sportif tellement effrayé de ne plus être le plus rapide du monde qu’il ne reculera devant aucun méfait pour rester au sommet, tel un Icare fonçant à pleine allure vers le soleil ; l’homme poisson (Chace Crawford) qui imagine un peu trop le monde a ses pieds et qui va continuellement se manger des retours de bâton très jouissifs (le running des sauvetages est excellent) ; et bien sûr le fameux Homelander (Antony Starr), chef des Sept, censé incarner une sorte de Superman à la vertu absolue, mais qui est en fait de loin le plus gros psychopathe. Côté femmes héroïques, outre Annie qui va tomber de haut en confrontant son rêve de célébrité sauveuse de l’humanité à la réalité purement mercantile, on aura aussi une sorte de Wonder Woman, Queen Maeve (Dominique McElligott), dans le game depuis trop longtemps pour avoir encore la force de lutter contre le système. Un tableau de personnages hauts en couleurs, truculents et clairement intéressants à suivre, auquel s’ajouteront La Crème « Mother Milk » (Laz Alonso) et le French (Tomer Capon) dont la rivalité est amusante, et la rescapée Kimiko (Karen Fukuhara), aussi effrayante que touchante. Cette première saison sera aussi l’occasion de croiser quelques personnages atypiques, comme la machiavélique Madelyn (Elisabeth Shue), n’hésitant pas à jouer à un jeu malsain mère / amante avec Homelander, Giancarlo Esposito en dirigeant de l’ombre, ou encore Haley Joel Osment génial en autodérision totale dans un rôle d’enfant star devenu le pire des loosers.

Globalement l’histoire est très prenante entre tous les personnages très bien traités, les complots politiques / commerciaux, et surtout ce parti-pris de faire des superhéros les pires ordures possibles, avec bien sûr quelques nuances voir arcs de rédemption possibles, car c’est dans la nuance que la pertinence est la plus probante. La quasi intégralité du casting étant des acteurs peu connus (hormis le Butcher), leur découverte n’en est que plus rafraîchissante, et ils s’en sortent de manière spectaculaire. Mention spéciale au terrifiant Homelander dont l’hypocrisie est formidable, capable de jouer une émotion totalement opposée à son ressenti l’air de rien, et dont les soubresauts dans le regard accentuent son instabilité mentale. La narration est aussi d’une immense richesse, car en plus de la trame principale d’exposer l’immense imposture des Sept, tous les personnages ont leurs propres histoires et enjeux capitaux et captivants, et de nouvelles intrigues de fond se dévoilent au fur et à mesure, rendant l’univers vraiment très riche. Côté violence physique et psychologique ça reste gentillet, rien de rédhibitoire à moins d’être vraiment d’une grande sensibilité. Niveau effets spéciaux, la série se donne clairement les moyens, comptant plus d’une scène épique et ambitieuse, et il n’y a définitivement aucun point sur lequel la série va être en défaut, si ce n’est quelques rebondissements prévisibles. De toute évidence, le public a eu raison de faire preuve d’un tel engouement.

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