Sous la Seine


Sous la Seine
2024
Xavier Gens

Alors que j’attendais fébrilement la nouvelle adaptation de Silent Hill qui doit sortir dans quelques mois, j’étais surpris de voir son réalisateur avoir un autre projet d’envergure débarquant aussi cette année, mais non. Presque même nom, même métier, même nationalité, mais clairement pas même carrière, et mes attentes étaient donc sacrément faussées.

Imaginez la dinguerie si un requin super énervé se mettait à attaquer tout le monde, genre en pleine Seine à Paris avec en plus une épreuve des JO prévue dedans ? Dingue ! Pas plus.

On aura rarement vu un scénario assumer autant son statut de série B, parodie totalement nanardesque des Dents de la mer, qu’il faudra que je revois un jour à force. On a une militante écolo embourgeoisée (Bérénice Bejo) dont l’équipe se fera décimer par un requin très méchant, qui va prêter main forte trois ans plus tard à la police (Nassim Lyes) pour éviter que Valérie Précesse Anne Marivin (j’ai cru qu’ils allaient même nous faire le coup du « vous m’avez manqué ») ne voit ses JO transformés en bain de sang. Des protagonistes déjà bien cons, mais des génies absolus face à la vraie menace du film : les lesbiennes écolos au cerveau atrophié. C’est du caviar en barre tellement on dirait un vieux réac à qui Netflix a imposé sa grille habituelle de minorités à mettre en avant, et qu’il les a choisit pour en faire des abrutis ambulants au discours aussi stupide que leurs actions seront néfastes. Et c’est magique tant le film semble se saborder lui-même, à l’image des effets spéciaux, tantôt bluffant pour une production française, tantôt si cartoonesques et criards que c’en est comique. Et mon dieu, la fin ! Il fallait oser, et le foutage de gueule est presque aussi abject que ce qu’il est drôle d’imaginer des scientifiques se défenestrer face à une bêtise si purulente. Premier degré, le film est un étron écrit à la truelle, mais en le voyant comme du travail de sagouin expressément torpillé, c’est juste brillant. Donc oui, on peut donc faire exprès et réussir l’épreuve du nanar.

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Atlas


Atlas
2024
Brad Peyton

De gros méchas bien badass et une menace bien d’actualité : l’IA. De quoi espérer un grand spectacle avec un fond de réflexion bienvenu, mais avec Netflix il faut savoir raison garder tant leur propension à pondre du divertissement un peu vide est une plus qu’une habitude, c’est presque leur marque de fabrique. Et effectivement, ça ne ratera pas.

Dans un futur relativement proche, une IA nommée Harlan (Simu Liu) va devenir incontrôlable, décidant d’anéantir une partie de l’humanité puis d’en asservir l’autre pour la protéger d’elle-même. Faute de pouvoir mener son projet à bien d’emblée, il va fuir vers une planète inconnue. 28 ans plus tard, le général Boothe (Mark Strong) va réussir à localiser cette dite planète pour y lancer une offensive et mettre fin à la menace Harlan. Fille de la scientifique qui avait créé l’IA, Atlas (Jennifer Lopez) va également embarquer dans le projet, voulant plus que quiconque mettre fin à ses agissements.

A peine le film démarre qu’il y aurait tant à dire. Encore une histoire d’IA folle qui contourne les lois de la robotique sur « protéger l’humanité » en « protéger cette dernière d’elle-même ». Admettons, d’autant que l’idée de prendre Simu Liu comme méchant faisait sens tant il a fait énormément de mal au MCU avec son Shang-Chi de merde, mais malheureusement son charisme et son jeu d’acteur seront toujours dans le négatif. Ensuite, le « 28 ans plus tard » qui fait bien rire tant JLO se rajeuni de carrément 16 ans, alors qu’en plus le début n’arrête pas de dire qu’elle est vieille, ce qui du coup n’a pas de sens. Eh puis merde, autant être fière d’être encore si belle à plus de 50 ans ! Dans le même ordre de connerie, tout le principe de cet univers est que l’IA est devenue une menace, sans que l’on sache pourquoi elle a dérapé, mais on continue de se servir d’autres IA. Vraiment ?! Pour ce qui est des méchas, c’est peu original, et il faut aussi parler du souci des effets spéciaux. Déjà sans âme et semblant sortir tout droit d’une IA, décidément, ces derniers semblent rushés, comme s’il manquait une couche de modélisation : une texture pas crédible, pas de particules, pas de lumière photo réaliste et encore moins de réflexion cohérente de cette dernière. Sans dire que c’est moche, c’est impersonnel et pas fini.

Plus encore, c’est toute la réflexion autour du concept qui pose problème. Autant dans Westworld (analyse et critique à venir des quatre saisons d’ici peu) on peut comprendre d’une certaine mesure que les robots aient été pensés comme des individus et qu’ils ont appris à s’identifier comme tel, autant dans la globalité de la réflexion d’IA autonome au sens population, le consensus Geth de Mass Effect est un aboutissement obligatoire. Pourquoi conserver des individualités quand la logique voudrait un partage des connaissances pour une entité partagée ? Il est évident que le principe même d’unité perdrait très vite en sens : pas d’individu, nous sommes légion. Mais bien sûr, le film est très loin de se genre de réflexion, il n’en a certainement pas la prétention. D’ailleurs, il est très douloureux de comparer le film au traitement dans Andromeda, les deux ayant au cœur de leur récit la coopération homme / IA, le meilleur des deux mondes, mais ici rien de très novateur, juste une aide militaire surtout, là où le mal aimé spin-off avait des fulgurances extraordinaires, que ce soit pour le conseil, la diplomatie ou la communication, en permettant d’avoir un traducteur intégré directement dans son cerveau. On gardera néanmoins à l’esprit que la comparaison est évidemment injuste : même en faisant abstraction des missions secondaires, le scénario d’Andromeda se bouclant en difficilement moins de 40 heures, soit 20 fois plus que le film, ce qui permet de développer des histoires assurément plus abouties et profondes.

Quand le sujet a un tel potentiel, il est donc difficilement pardonnable de voir un traitement si superficiel, mais même en prenant une approche purement décérébrée de divertissement brut, le résultat reste très mitigé. Visuellement pas dingue, le film est aussi avare en action, se perdant inlassablement dans de l’exposition pas très fine, et quand enfin ça se fout sur la gueule, c’est assez mou et mal filmé. C’est bien simple, je n’ai pratiquement pas pensé une seconde au film en le regardant, me passant complétement au dessus tant chaque situation ou inspiration graphique (la trilogie Mass Effect, Andromeda ou encore Edge of Tomorrow) sont très très largement en sa défaveur. Pas honteux, juste fait à l’arrache et totalement écrasé par le poids de ses illustres modèles.

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Un Choix


Un Choix
2016
Ross Katz

Sur les dix dernières années, les comédies romantiques ont connu une sacrée traversée du désert, et il est loin le temps où les adaptations de Nicholas Sparks dépassaient les 100 M$ dans le monde, avec comme point de chute cet énorme plantage qui n’en rapporta pas le quart, et fut d’ailleurs annulé de par chez nous. Il aura fallut attendre plus de cinq ans, en septembre 2021, pour que Netflix rachète le film et le distribue en France, c’est dire. Et en même temps…

Bourgeoisie, vacances et infidélités. Travis (Benjamin Walker) est un beau parleur, draguant tout ce qui bouge dans son havre de paix, flânant sur son bateau avec ses amis et sa sœur (Maggie Grace), se prélassant sur son bain de soleil, profitant de la vie entre deux rendez-vous dans le cabinet de vétérinaire de son père (Tom Wilkinson) dont il prend la relève. Bien que son ex (Alexandra Daddario) fut de passage, ses yeux ne seront rivés que sur sa nouvelle voisine, Gabby (Teresa Palmer), une étudiante en médecine dont les parents lui ont offert une petite maison sur le côte pour réviser tranquillement. Seulement voilà, elle est censée être en couple avec le médecin du coin (Tom Welling), chose qu’elle sera bien prompt à oublier.

Difficile de se sentir impliqué dans une histoire où les protagonistes n’ont à ce point aucun problème : métier / futur métier de renom et au salaire colossal, famille riche, cadre de vie idyllique et visiblement tout le temps du monde pour en profiter. Pire, l’amour n’est pas non plus un problème tant ils étaient déjà convoités, voir en couple. Mais à l’image de la salope fille, on aura également tendance à l’oublier tant leur alchimie est palpable, seulement la différence est énorme entre mettre de côté une ex qu’on revoyait vite fait, et tromper son copain à la seconde où il part quelques semaines pour le travail. Pire, son comportement face au « choix » sera celui d’une princesse pourrie gâtée absolument dégueulasse. Autant on peut un minimum se montrer empathique face au pauvre con qui tombe amoureux de la bimbo incendiaire d’à côté au sourire ravageur, autant elle ne mérite jamais tant d’égards, devenant de plus en plus insupportable à mesure que le masque tombe. De fait, le dernier tiers nous lâche totalement tant on ne croit plus ni aux personnages ni à leur amour, et le retournement pour relancer « l’intérêt » n’est qu’une rallonge artificielle de drama mal amené et sans le moindre suspens. On aurait pu dire qu’au moins l’histoire était une parenthèse ensoleillée dépaysante et mignonne (si on fait abstraction de l’infidélité immonde), bien que dans le genre Amour et Amnésie soit des années lumières au dessus, mais tout le dernier acte est une rallonge encombrante qui amenuise un intérêt déjà faible.

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Je m’appelle Loh Kiwan


Je m’appelle Loh Kiwan
2024
Hee-Jin Kim

Après la misère au Liban avec Capharnaüm, place à celle de la Belgique. Oui oui, le pays de la frite. C’est bien dans le pays francophone que ce film coréen Netflix a choisi de placer son intrigue, où quand l’immigration n’est plus une solution, mais le problème.

Coulant des jours paisibles en Corée du Nord, Loh Kiwan (Joong-ki Song) va vouloir rejoindre sa mère en Chine, mais sera pour ce fait recherché des autorités, et sa connerie entraînera la mort de sa mère et son envie de fuir, en l’occurrence en Belgique grâce à un passeur. Néanmoins, face à un service d’immigration intransigeant et la barrière de langue, ne parlant rien d’autre que le chinois hormis son coréen natal, sa situation va devenir des plus précaires, l’obligeant à vivre dans la rue avec le rude froid de l’hiver.

Les bases du film sont au mieux bancales : il n’est absolument jamais expliqué – hormis retrouver sa mère – pourquoi le personnage principal a quitté son pays. De plus, l’homme est recherché à la fois par les autorités coréenne et celles chinoises, risquant dans les deux cas la peine de mort, et il semble que les responsables immigrationnistes n’en ont rien a carrer. Bigre que c’est le jour et la nuit avec la France, con de passeur ! Eh puis merde, autant cibler un pays avec plus de population susceptible de parler l’une de ses deux langues asiatiques, que le choix de la Belgique est stupide !

Passer cette approche laborieuse, on découvre un héros assez peu sympathique, la faute à une propension à la connerie phénoménale et une absence de jugeotte ahurissante. Quand on est con… Reste une seconde partie plus intéressante, avec une vie clandestine mais en travaillant vraiment, en cherchant à s’en sortir et à recréer des liens sociaux, une vie en somme. L’amourette aurait être mignonne également, si ça n’apportait pas un point encore plus noir au tableau : une lourdeur infame. Tout ce qui entoure sa copine, hormis la mort de la mère, tourne autour de malfrats, de la drogue et de jeux clandestins. Ca n’apporte absolument rien à l’intrigue, ça casse continuellement le rythme et ajoute du drama là où celui de la désillusion d’une vie meilleur post-immigration était un sujet en or. Et le film en devient bien trop long, avec des baisses de tension régulières. Dommage, l’approche est sabordée de toutes parts, et le résultat est au mieux laborieux, mais bien souvent détestable.

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Capharnaüm


Capharnaüm
2018
Nadine Labaki

C’est bien connu, l’humain est un éternel insatisfait, et le même de La Famille Miller me vient tout de suite en tête quand je me plains de ne pas avoir le Smic ou les fameuses cinq semaines de congés payés. On pourrait de fait imaginer un chinois rétorquer « comment, mais tu as des congés payés ? », puis une personne du tiers-monde répondre « comment, mais vous-êtes payés ? », puis enfin un enfant libanais s’esclaffer « comment, mais vous avez le luxe de ne pas travailler 15h par jour dès vos 4 ans ? ». Ou sinon, pour rester dans l’actualité, un palestinien « mais vous avez le droit de vivre sans qu’un israélien ne tente continuellement de vous tuer ? ». Eh oui, aujourd’hui voici une petite plongée au cœur de l’une des plus grandes misère au monde, tant économique que morale.

On suivra l’histoire de Zain, un libanais d’environs 12 ans qui attaque en justice ses parents pour l’avoir mis au monde. Pourquoi ? Le film nous fera revivre ses mésaventures jusqu’à son arrestation pour avoir poignardé quelqu’un. Tout démarra quand sa petite sœur sera vendue comme épouse à un marchant d’une trentaine d’année, faisant exploser la colère de Zain qui décidera de partir de chez lui.

Ah c’est sûr, le film n’est pas pour tout le monde, et mieux vaut ne pas être trop sensible ou empathique tant les situations décrites, et faisant écho aux propres vies des acteurs choisis dont ce n’est pas le métier, sont aussi véridiques qu’éprouvantes. Ainsi, on découvre une famille aberrante, où des parents démissionnaires vivent dans un petit squat avec leurs huit enfants, procréant irresponsablement dans les grandes largeurs, obligeants leurs petits à travailler dès leur plus jeune âge, pratiquement dès qu’ils peuvent marcher pour ainsi dire. Tout le Liban semble être un gigantesque bidon-ville / décharge à ciel ouvert, la misère est affolante, l’hygiène inexistante, et au milieu de ça les pires atrocités ont lieu, que ce soit le trafic d’êtres humains, la prostitution infantile, et en l’occurrence le mariage forcé entre une petite fille tout juste pubère de 11 ans avec un vieux dégueulasse dans la trentaine. Le pire c’est que ce dernier se défendra en disant que son père s’était lui-même remarié avec une très jeune fille, comme pour se justifier en disant qu’au moins il n’a qu’une vingtaine d’années de plus, que ça pourrait être pire. « Oui madame la juge, j’ai tué beaucoup de gens, mais je n’ai pas le record du monde, donc ce n’est pas si grave ? » »Mais oui bien sûr, vous êtes acquitté ! ». Et au milieu de ça, la seule personne avec un semblant de bon sens, qui réagit, c’est un garçon chétif de 12 ans, digne héritier de George Abitbol (monde de merde). L’acteur est d’ailleurs absolument bluffant, comme l’ensemble du casting tant la frontière entre documentaire et fiction est mince. Une immersion totalement détestable, une histoire atroce pour un film pesant, mais il faut parfois se faire violence et accepter l’inconfort pour ouvrir les yeux sur une réalité très sombre.

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Unlocked


Unlocked
2023
Kim Tae-Joon

Alors non, il ne s’agit pas d’un film adapté de la célèbre franchise de jeux de société « Unlock », ce qui serait potentiellement sacrément cool néanmoins. Pas vraiment exportée malgré le nouvel élan Squid Game, la culture coréenne a toute fois une certaine aura à travers le monde, surtout en France où beaucoup acclament son originalité. C’est donc un thriller sud-coréen qui va nous plonger dans les méandres de la folie d’un bon gros psychopathe.

Tout va commencer un soir de grande fatigue où la jeune Na Mi va oublier son téléphone dans le bus qui la raccompagnait chez elle. Un certain Jun Yeong va alors trouver son portable, et il va s’en servir à des fins très sombres. Dans une aire où tout le monde possède toute sa vie, sociale, professionnelle et sentimentale, dans un petit objet connecté qui peut tout raconter de la vie d’une personne, s’y immiscer devient si facile, si dangereux.

A mi chemin entre un Searching et un Chatroom, le film mélange habilement l’utilisation technologique poussée et le cyberharcèlement avec un énorme taré qui va pouvoir dupliquer le téléphone de sa cible pour épier chaque seconde de sa vie, en connaître chaque recoin. Dans quel but ? Tout est possible, et c’est justement l’un des points forts du film tant l’homme semble posséder tous les vices du monde, capable du pire. Un jeu de manipulation, pas forcément aussi vicieux que Chatroom, mais assez poussé, et plus le film avance plus on prend conscience de l’ampleur de la folie du stalker. Le seul véritable point noir est la police, d’un niveau d’incompétence si phénoménal qu’il faut le voir pour le croire. Une bonne surprise dans l’ensemble, trouvant un axe original et pertinent dans une époque où notamment la jeunesse est un peu trop prompt à exposer sa vie dans les grandes largeurs sur les réseaux sociaux.

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Le Dernier Vermeer


Le Dernier Vermeer
2021
Dan Friedkin

La période de la Seconde Guerre Mondiale, que ce soit son déroulé ou ses conséquences, est un sujet très très difficile à aborder, que ce soit à cause d’une radicalité toujours plus débile ou d’un parti prit encore plus abusif. L’histoire est écrite par les vainqueurs, et le manichéisme qui en découle est souvent insupportable, avec comme apogée des étrons filmiques comme le toxique Hannah Arendt qui posait la question de savoir si les nazis étaient des êtres humains… Pathétique. Mais pour une fois, on s’attaque à quelque chose de plus proche de la vérité, plus gris, cette réalité où chacun accepte sa part d’ombre sur l’autel de la survie.

Le film se déroule aux alentours de 1946, au lendemain de la guerre alors qu’une véritable chasse aux sorcières a lieu pour traquer tous ceux qui auraient collaboré, de gré ou de force, avec l’ennemi, donnant lieu à des exécutions sommaires dans les rues, fusillant à tour de bras. Membre de résistance danoise, Joseph Piller (Claes Bang) va être propulsé inspecteur au sein d’une brigade des alliés et sera chargé de retrouver les propriétaires de tableaux inestimables arrachés aux nazis. Il tombera sur un certain Han Van Meeger (Guy Pearce), un vil receleur qui se serait enrichi grâce aux nazis sur le dos de juifs dépossédés de leurs biens. Mais la vérité est tout autre.

Ce n’est un secret pour personne, sauf les américains ignares qui ont pondu cette daube abrutissante de Monuments Men, mais les nazis – enfin surtout les généraux – étaient de grands passionnés d’art, oubliant parfois un peu trop la guerre pour leurs intérêts personnel et des collections il est vrai pas très légitimes. L’histoire vraie du film est celle d’un artiste moqué, conspué, qui trouvera sa revanche en devenant le plus grand faussaire de l’histoire, un non suspens tant tout est limpide dès le début. Un axe excellent pour montrer qu’on peut se servir d’un ennemi naïf pour s’enrichir, mais surtout que les pourris sont partout et que les « sauveurs » n’étaient pas meilleurs que les monstres dépeints en face. La chasse aux sorcières, aux collabos avec les pelotons d’exécutions improvisé au milieu de la foule, ça n’est ni plus ni moins que le portait dressé de la traque des juifs, où comment l’histoire se répète dans une hypocrisie ahurissante. Le film a aussi l’intelligence de montrer tous les sacrifices fait au nom de la survie, et que même les actions les plus viles peuvent être commise pour de bonnes intentions. Non, les gens ne sont pas toujours blancs ou noirs, mais peuvent avoir une morale plus grise. Enfin un peu de bon sens, et c’est uniquement comme ça qu’on peut tirer des leçons du passé.

Pour ce qui est du film en lui-même, hormis ce traitement de la morale et de l’Histoire avec un grand H des plus pertinents, c’est là encore assez gris. Le casting est très bon, la réalisation classique mais esthétique, les décors et costumes semblent authentiques : une production d’envergure donc, et il est dommage que le film fut sacrifié en VOD ou en sortie chaotique en plein covid selon les pays, récoltant moins d’un million dans le monde. La narration est prévisible jusque dans les moindre rebondissements, ce qui est un peu dommage, mais on suit l’histoire sans déplaisir, bien que cela aurait pu apporter plus d’impact aux moments forts comme le procès. Le manque de rythme ternira un peu le tableau également, mais on tient une œuvre ambitieuse, divertissante, inspirante, et qui a le sacré mérite d’avoir du recul et de l’honnêteté intellectuel, chose peu courante.

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Mindscape


Mindscape
2014
Jorge Dorado

Le succès d’un film n’est pas forcément définitivement enterré. Après une sortie en catimini en 2014 sous le nom Anna, le film ne sera arrivé en France que huit ans plus tard en VOD, et plus récemment sur Netflix où un public plus massif a enfin pu le découvrir. Il faut dire pourtant que le concept est plus qu’intriguant, l’exécution très mystérieuse, et même le casting est des plus réjouissants tant Mark Strong est malheureusement systématiquement cantonné à des seconds rôles, lui qui prouve ici qu’il a largement les épaules pour porter un projet.

Qu’est-ce qu’un Mindsape ? C’est une sorte de télépathe capable de faire revivre à quelqu’un ses souvenirs, tout en pouvant de son côté les découvrir. Expert dans ce domaine, pour ne pas dire une sommité mondialement reconnue, John (Mark Strong) va se voir confier une petite enquête pour le remettre sur pieds après le suicide de sa femme : découvrir pourquoi une adolescente, Anna (Taissa Farmiga), se laisse dépérir en faisant une grève de la faim. Il devra donc sonder son esprit en quête de vérités cachées.

L’histoire nous embarque directement tant son concept est bon : une espèce de médium qui justifie cinématographiquement l’exploitation de flash-back, tout en nous disant de prendre garde, car qui dit souvenirs, dit possibles oublis ou arrangements de l’esprit pour se protéger notamment. On découvre, au même titre que le héros missionné, une famille très dysfonctionnelle avec un nombre de failles incalculables, nous faisant aller d’une théorie à une autre, surtout du fait du caractère très riche de cette dernière, avec cette demeure potentiellement sinistre, voir sinistrée, entourée de bois non moins énigmatiques et terrifiants. Un mélange d’enquête teintée de surnaturel comme Sixième sens, avec là encore un jeu de piste assez remarquable tant certains points anodins prennent une propension dantesque une fois le puzzle assemblé. Et malgré un budget réduit de seulement 4,4 M$, on ne sent à aucun moment les limitations tant le film est généreux et ambitieux en termes de décors, avec quelques têtes connues également comme Brian Cox ou Indira Varma de Game of Thrones. Pas aussi marquant que l’illustre model, le film reste efficace et original sur son approche et mérite clairement le détour.

 

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Père et fille


Père et fille
2004
Kevin Smith

Quand le jour le plus heureux de sa vie devient aussi le pire. Le film nous raconte tout d’abord l’idylle entre Ollie (Ben Affleck) et Getrude (Jennifer Lopez), qui ont eu le coup de foudre, se sont marié, puis ont voulu fonder une famille. Une vie sociale, professionnelle et personnelle pleinement épanouies, et le comble du bonheur était imminent avec la naissance de leur fille, mais malheureusement le destin en décidera autrement, abattant un funeste sort sur une mère qui ne connaîtra jamais son enfant et un père détruit, qui devra apprendre à vivre avec ce trou béant dans son cœur et trouver le courage de continuer pour sa fille.

Bon alors déjà clairement pas le genre de film à regarder quand on attend soi-même un enfant. Oupsi… Le début nous fait donc un coup à la Là-haut, en nous montrant une belle romance fulgurante, mais qui sera brisée par la mort. La comparaison s’arrête là en revanche, l’impact émotionnel n’est clairement pas au niveau ici, nous laissant plus sous le choc qu’en état de choc. Le film a aussi des airs de Family Man, avec l’homme des hautes sphères de New-York qui se retrouve en bordure dans un coin plus calme et modeste, apprenant de fait la vraie valeur des choses. C’est donc une œuvre assez classique, tant sur le fond que sur la forme tant chaque particularité fait écho bien d’autres films, et aucune des comparaison n’est avantageuse. Tout ce que le film propose est bien fait, mais on a vu mieux et trop souvent. Reste une histoire de paternité touchante, avec une morale classique mais sympathique, et une poignée de seconds rôles réussis, comme l’assistant dévoué (Jason Biggs) ou la fille du vidéoclub (Liv Tyler). Au passage le clin d’oeil à I, Robot est des plus étonnant dans la mesure où les films se sont tournés et sont sortis à un mois d’intervalle, donc ça tient du secret d’initié.

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Mirage


Mirage
2022
Oriol Paulo

Le fruit ne tombe visiblement jamais loin de l’arbre, et il semblerait que Oriol Paulo soit décidément un talent à suivre tant il enchaîne les grands films. Il avait tout d’abord plié le game des thrillers avec The Body et L’accusé, qui chacun à sa manière a repoussé les limites de la narration, le premier en jouant sur notre compréhension des événements, le second en jouant sur ce que les protagonistes veulent bien nous dire, et donc nous cacher. Cette fois, il nous revient avec une histoire mêlée de fantastique.

Tout commence un soir d’orage, alors que Vera (Adrianna Ugarte) vient tout juste d’emménager dans sa nouvelle maison avec son mari (Alvaro Morte) et leur fille. Un soirée au cours de laquelle leur ami et voisin leur conta l’histoire de son ami d’enfance qui habitait cette même maison, mort renversé par une voiture 25 ans jour pour jour, après avoir été pourchassé par un voisin ayant tué sa femme et dont le meurtre avait été découvert par l’enfant. Cette nuit là, la vieille télé de l’époque laissée dans un placard va mystérieusement s’allumer, créant une communication via l’ancienne caméra encore branchée dessus, permettant à la Vera du présent de communiquer avec le Nico du passé, censé mourir sous peu. Une chance inespérée pour le sauver, sans se douter que la vie allait se retrouver complètement bouleversée.

Le film mélange habilement deux genres : celui des paradoxes temporels, donc la SF, et celui du thriller d’enquête, la spécialité du réalisateur. Et ce n’est pas de l’effet papillon gratuit et arbitraire qui bouleversera la vie de l’héroïne à son réveil, tout est pleinement pensé jusque dans le moindre détail, et tout est d’une logique implacable. Et avec un minimum de réflexion, elle aurait dû s’en douter : qui dit ami dont le meilleur ami d’enfance ne meurt pas dit forcément des choix de vie différents, voir des fréquentations différentes, sachant que c’est justement ce dernier qui lui avait présenté son futur mari dix ans plus tard. On pourra regretter le manque de lucidité du personnage principal donc, qui se bornera à mettre en avant une réalité qui était la sienne, mais que personne d’autre n’a connu ou n’en a conscience. En dehors de ce seul bémol, on suit avec fascination les changements de réalité, toutes les aspérités du point de divergence, en tâchant de chercher des indices sur des éléments cachés ou des réminiscences, d’autant que le scénario est un petit bijou de logique et d’ingéniosité sur comment déjouer les clichés du genre par une logique implacable. Plus les éléments se recoupent, plus l’histoire avance et plus notre esprit entre dans une ébullition jouissive, largement récompensée par une fin maîtrisée et gratifiante. Une mise en scène redoutable qui n’a d’égal que le talent de scénariste d’un artiste décidément prodigieux.

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