The Boys – Saison 2


The Boys – Saison 2
2020
Eric Kripke

Après une première saison quasi parfaite qui dynamitait les codes des super-héros de façon ultra brillante, tout en offrant une critique politique du capitalisme et des corporations tentaculaires, la pression était énorme pour la suite de la série. Et sans s’effondrer totalement, la seconde saison restera comme un petit coup de mou sans grand impact.

On suivra encore pléthore d’histoire en parallèle cette saison : le Butcher (Karl Urban), faisant bande à part, cherchant plus que jamais sa femme disparue depuis huit ans au détriment de tout le reste ; Hughie (Jack Quaid), Annie (Erin Moriarty), La Crème « Mother Milk » (Laz Alonso), le French (Tomer Capon), Kimiko (Karen Fukuhara) et la  CIA (Claudia Doumit) vont essayer de trouver un moyen de faire tomber Vought, la société derrière la création et l’exploitation commerciale des super-héros ; Edgar (Giancarlo Esposito), son dirigeant, va tenter de mener à bien sa barque malgré toutes les dérives de son écurie ; Queen Maeve (Dominique McElligott) va devoir assumer malgré elle une romance lesbienne, dévoilée par un Homelander (Antony Starr) en dérive après la perte de sa mère de substitution, tentant de recréer un lien avec le nouveau membre des Sept, Stormfront (Aya Cash) ; l’ancien membre The Deep (Chace Crawford) va tenter de faire un come-back et de réhabiliter son image au travers d’un mouvement religieux intégriste, que sera aussi tenter de rejoindre le très en disgrace A-Train (Jessie T. Usher).

Si le fond ou la forme reste semblable, avec une formule toujours efficace et un grand plaisir à retrouver un tableau de personnages passionnants, cette saison est à bien des niveaux une sacrée déception. C’est bien simple, rien ne bouge vraiment. Les nouveaux personnages sont moins intéressants voir ne serviront pas au delà de cette seule saison, comme la plupart des intrigues, qui auront soit toutes étaient bouclées, soit n’auront pas bougé d’un chouïa. On pense notamment au climax de la dernière saison, qui n’aura servi à rien, voir aura été gâché. L’arc de rédemption de The Deep n’aura été que de surface, pour des intrigues laborieuses pas bien captivantes, à l’image du maître du feu, ironiquement incarné par celui qui jouait Iceberg dans les X-Men, Shawn Ashmore. On sera aussi grandement frustré par l’absence d’évolution notable dans le couple potentiel French / Kimiko, mais plus encore par le tandem Hughie / Butcher qui perd tout innocence au profit d’un triste pugilat. En parlant du Butcher, il devient un peu une auto-parodie, insistant trop sur le côté bad guy sans cœur au point de vraiment ne devenir plus qu’un sale con. Espérons que la suite saura redresser la barre, sans quoi l’éclair de génie n’aura été que de courte durée.

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La Nuit du 12


La Nuit du 12
2022
Dominik Moll

Quelque peu surmené à l’époque, je ne m’étais pas intéressé aux Césars l’an dernier, dont voici le très large vainqueur ayant raflé les prix les plus prestigieux : meilleur film, réalisation, adaptation, et deux prix pour ses acteurs principaux. Avec des retours presse dithyrambiques, même si le petit message de texte avant que le film ne commence m’a rappelé pourquoi j’étais passé à côté, promesse d’une grande frustration et lourd sentiment d’injustice.

« Chaque année, la police judiciaire ouvre plus de 800 enquêtes pour homicides. Près de 20% d’entre elles restent irrésolues. Ce film raconte l’une de ces enquêtes »

Ainsi, le film se concentre sur un crime survenu lors de la nuit du 12 octobre 2016, alors qu’une jeune fille de 21 ans rentrait chez elle, mais sera immolée par un inconnu sur le chemin et sera retrouvée calcinée le lendemain. La police judiciaire de Grenoble sera alors chargée de l’enquête.

Pour ma part le film est très inégal, et j’ai eu du mal à m’enthousiasmer outre mesure pour de nombreuses raisons. Certes, il était annoncé que l’enquête resterait irrésolue, mais on peut néanmoins avoir un principal suspect à la culpabilité évidente mais impossible à prouver, nous donnant ainsi la réponse tout en gardant ce principe de frustration. Ce ne sera pas le cas. De plus, le film est très inégal : Bouli Lanners est excellent en vieux briscard au bout du rouleau, et j’ai explosé de rire quand on a prononcé tous les deux en même temps mot pour mot « mais quel petit con » à la sorti d’un interrogatoire. Tout le début sur l’enquête est passionnant, multipliant les pistes, les interrogatoires, découvrant que derrière ses airs de princesse, la victime était en fait une sacrée chienne en chaleur, aux dizaines d’amants en simultané de tous âges et horizons, non sans me rappeler une certaine ex. Puis vient la seconde moitié… Le loup de mer s’est barré, l’enquête patine et je ne comprend absolument pas le prix d’interprétation pour Bastien Bouillon, totalement insipide, transparent, sans une once de charisme. Bref, on s’ennui ferme dans une seconde moitié prenant le parti prit de creuser le désespoir et la lassitude de la police, et de développer cette frustration de ne jamais savoir. C’est certes un parti prit, je suppose que le résultat est celui escompté, et le début m’a vraiment emballé, mais difficile de m’extasier.

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I Came By


I Came By
2022
Babak Anvari

Production Netflix, le film avait l’ambition de se poser comme un nouveau Hannibal, sans le côté cannibale, mettant donc en avant un homme de la haute bourgeoisie, élégant, riche, raffiné et érudit, censé représenter le meilleur de la société, mais pour mieux donner court aux plus bas instincts.

Petit con de première, croyant que faire des tags chez les plus riches va changer quoi que ce soit au monde, hormis faire chier ceux qui ont le plus les moyens de détruire ta vie, Toby (George MacKay) est aussi abruti qu’il est fier d’apposer son tag « I Came By » chez les nantis. Il va décider de s’attaquer à Hector Blake (Hugh Bonneville) pour sa prochaine victime, un juge profitant de la fortune de sa famille pour faire le bien autour de lui, travailler bénévolement et soutenir des causes.

Le film commence très bien, mettant en avant un psychopathe dont on ignore la nature des méfaits, avec en face un détestable minable croyant tout savoir et tout faire mieux que tout le monde. Une arrogance aussi déplacée que risible tant rien dans ses actions ou ses dires ne fait montre du moindre signe d’intelligence. Et on se régale de le voir bien vite tomber face à un homme bien plus fourbe et humble, et donc autrement plus méritant. A moins que le film soit aussi stupide que son jeune vulgaire voyou et ne rate complètement ses intensions, on se retrouve donc à souhaiter la réussite du juge à double facette, ce que l’on obtient avec un plaisir à la hauteur de la stupidité vraiment invraisemblable du gamin. C’est quand les choses vont retomber sur ses proches que le bilan va se gâter : si lui méritait clairement un sort terrible, la seconde moitié va être un brin plus amer, voir un peu ratée. Plus de radicalité aurait pu offrir un intérêt accru, mais en l’état la fin est vraiment trop abrupte, trop facile. Pas mal de bonnes idées, de la tension, un tueur charismatique, mais un développement laborieux qui ne va pas bien loin. La saga Lecter reste bien plus prenante dans le genre.

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Harcelés


Harcelés
2008
Neil LaBute

C’est assurément quelque chose d’assez secondaire à laquelle on y pense pas, mais les voisins peuvent être un facteur important dans le cadre d’un déménagement. Ils peuvent être de bons amis bien pratiques pour arroser les plantes quand on part en vacances, ou au contraire être de pénibles trouble-fête aux habitudes de vie pas très communautaire.

On suivra ainsi Chris (Patrick Wilson) et Lisa (Kerry Washington), un couple venant fraîchement d’accéder à leur premier maison, une belle propriété dans un quartier chic sur les montages de Los Angeles. Seulement voilà, leur voisin Abel (Samuel L. Jackson), policier noir et raciste au dernier degré, va très mal vivre de voir l’une des « siennes » avec une saloperie d’homme blanc. Va peu à peu monter une escalade de la violence entre les deux partis, l’un voulant les faire partir, les autres ne souhaitant pas se laisser faire.

Le principe du film était très bon sur le papier, et le début était prometteur, pendant environ demi-heure. La guerre de voisins avait surtout un potentiel comique, registre auquel le film va se refuser, sombrant dans du drame humain rarement pertinent et vite redondant. Tous plus pourris les uns que les autres entre le policier raciste dans un abus constant, des méthodes vraiment pas orthodoxes et se posant pourtant en moralisateur. De son côté, le « vilain blanc » mérite tout de même un peu ce qui lui arrive tant il fait régulièrement preuve d’incivilité, de mépris, et puis surtout quel con ! Entre goujaterie, inélégance et égoïsme exacerbé, il n’y en a pas un pour rattraper l’autre. Le film va partir trop loin, tout en oubliant le principe de ce faire des petites crasses entre voisins, pour un final grotesque. Et très vite, la formule va devenir redondante, pour ne pas dire ennuyeuse. Un film qui n’aura pas si dépasser son postulat de départ, ni même le traiter correctement.

PS : j’avais complètement oublié ce film, déjà critiqué dix ans plus tôt : https://antoinelepage.fr/index.php/2014/08/10/harceles/

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Meurtre mode d’emploi


Meurtre mode d’emploi
2024
Poppy Cogan & Dolly Wells

Série populaire qui en quelques jours a déjà marqué un temps fort de l’été pour Netflix, il s’agit de l’adaptation du premier roman de Holly Jackson, qui a d’ailleurs poursuivi son histoire avec deux autres romans et une nouvelle, de quoi laisser la porte pleinement ouverte à d’autres saisons par la suite en cas de succès, ce qui est assurément déjà le cas. En espérant que le série ne devienne pas rapidement une auto-parodie à la qualité s’effondrant rapidement comme ce fut le cas avec Elite ou 13 Reasons why.

Tout commença par une terrible nuit à l’été 2019, alors que la jeune Andie Bell fut tuée, bien que le corp ne fut jamais retrouvé. Son petit ami Sal avait avoué le meurtre, avant de se donner la mort quelques jours plus tard. Cinq ans plus tard, le village rend hommage à l’adolescente disparue, et pour son projet de fin de lycée, Pip (Emma Myers) va décider d’enquêter sur cette histoire jamais pleinement élucidée tant les zones d’ombre sont légion, le corps de la fille n’a jamais été retrouvé, et connaissant Sal, elle n’a jamais pu croire à sa culpabilité.

Avoir des adolescents / jeunes adultes enquêter sur un meurtre, ça rappelle forcément des séries comme Elite ou 13 Reasons why, mais la comparaison se ferait surtout avec une série comme Mare of Easttown tant la vie au lycée est très secondaire et surtout tant la structure est similaire. La série est très courte, six épisodes de 40 minutes, et en vérité on tient un bien meilleur Enola Holmes que les films en question puisque l’héroïne Pip est une très digne héritière du légendaire Sherlock. On a là une enquête poussée, qui ne néglige aucune piste, qui part dans tous les sens, avec des suspects crédibles de partout, avec là encore ce sentiment constant que la réponse n’est jamais pleinement satisfaisante. Dès qu’on tient ce qui semble être une vérité absolue, elle n’est en fait qu’une pièce du puzzle qui se dessine peu à peu, sans pour autant pouvoir se résolver avant la toute fin. On notera que Emma Myers s’en sort à merveille, faisant oublier sans mal son rôle d’acolyte énervante dans l’insipide série Mercredi, et son duo avec Ravi, le frère de Sal, est très réussi. Le côté campagne britannique coloré donne aussi un ton plus léger à l’ensemble, renforçant la simplicité estivale qui s’en dégage. Il ne faut donc pas trop chercher un scénario ultra intellectuel, même s’il est assez poussé et crédible, mais on tient là une petite série très sympathique avec une jeune fille pétillante et intrépide qui va quelque peu secouer un village endormi sur ses mensonges et ses non dits.

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Le Cercle des neiges


Le Cercle des neiges
2024
Juan Antonio Bayona

Netflix pensait frapper fort avec ce film tiré d’une histoire vraie, porté par un réalisateur reconnu, aussi peu mérité que soit ce statut. Seulement voilà, le film fut non seulement totalement snobé par les différentes cérémonies lors de la dernière saison, mais en plus le film a fait des scores assez faible sur la plateforme de streaming, malgré des retours très bons. Il faut dire que le genre de la survie est assez classique, et que le seul argument présent ici, outre son réalisateur, c’est le côté histoire vraie sur lequel on reviendra.

Le drame se déroula donc en octobre 1972, alors que 40 passagers et 5 membres d’équipage d’un vol reliant l’Argentine au Chili vont s’écraser dans les hauteurs de la Cordillère des Andes. Pour les survivants du crash, en attendant de possibles secours, il faudra donc, en plus de trouver le moyen de répondre à leurs besoins vitaux, lutter contre un froid des plus intenses.

Si bien sûr on doit réussir à faire le travail mental de se placer en 1972, ce qui est quasi impossible pour des gens qui ont été biberonnés aux histoires de survie, souvent en conditions bien plus difficiles, pour ne pas dire que leur situation est probablement l’une des plus facile jamais vue (nourriture, abri, eau en quantité illimitée). On pardonnera donc non sans râle toutes les erreurs de débutants et le puritanisme complètement déplacé. D’ailleurs, avec plus d’une trentaine de survivants à l’impact, et même globalement tout du long, il sera assez compliqué de s’y repérer puisque la quasi intégralité des passagers étaient des membres d’une même équipe de rugby, donc la quasi totalité du casting est composée d’homme sveltes, bruns, aux coupes de cheveux et style similaire, et ayant presque tous le même âge. Alors oui, les images sont spectaculaires et il est intéressant de voir des gens de l’époque essayer de s’en sortir sans toutes les connaissances qu’ont n’importe quel cinéphile actuel, mais impossible de se sortir de l’esprit qu’un crash similaire aujourd’hui, outre le fait que les secours arriveraient dans l’heure, aurait assurément un taux de survie drastiquement meilleur. De là à dire qu’ils étaient cons… Un film qui sera malheureusement vite oublié tant le genre a connu des œuvres bien plus marquantes et inspirées.

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The Boys – Saison 1


The Boys – Saison 1
2019
Eric Kripke

Si Amazon ne pèse globalement pas bien lourd face à Netflix et que nombre d’abonnements le sont avant tout pour la livraison gratuite, rapide et l’accès aux offres spéciales, ou encore de par sa présence dans les offres de nombreux fournisseurs d’accès comme Free, s’il y a bien une création originale que tout le monde connaît, au moins de nom, c’est bien celle-ci. Si la poule aux œufs d’or n’est pas prête de s’arrêter avec déjà un premier spin-off, Gen V, et un second au Mexique prévu pour 2025, la série initiale s’approche en revanche de sa fin puisque la cinquième, qui pourrait sortir fin 2025 ou 2026, sera la dernière. Et comme à mon habitude, j’aime attendre qu’une fin soit établie avant de me lancer dans l’aventure, de peur que soit le projet ne connaisse jamais de fin faute de succès, ou qu’au contraire le tout s’éternise au point qu’on soit obligé de tout se revoir à un moment donné faute de pouvoir se rappeler du début au moment de la fin.

Des années avant que le terme de « super-héros fatigue » ne soit une réalité, la série avait déjà senti non seulement le besoin de renouveler la formule, mais également de la détourner, et pas qu’à moitié. La série se déroule dans un univers où les supers pouvoirs ne sont pas uniquement une réalité, mais aussi célébrer par tous, notamment aux Etats-Unis où une élite rayonne à travers le monde : les Sept. D’un côté, on suivra Annie (Erin Moriarty), fraîchement honorée d’intégrer cette élite en tant que Starlight, loin de se douter que non seulement elle ne sauverait personne à n’être qu’apparat et marchandising, mais qu’en plus ses collègues sont tous des tarés cyniques et pervers, pour ne pas dire bien plus grave / dangereux. De l’autre, on suivra Hughie (Jack Quaid), qui va justement faire les frais de ces soi-disant modèles de vertu quand l’un des Sept, A-Train (Jessie T. Usher) va justement par « inadvertance » exploser sa petite amie. Il va alors entrer en contact avec le Butcher (Karl Urban), un homme qui a décidé de vouer sa vie à exposer la supercherie des superhéros, de les traquer, les démasquer, et si possible les tuer.

Cette première saison est une claque assez colossale : à contre-pied total de la déification habituelle des superhéros, on les montre ici comme des salops ayant perdu toute notion des réalités, une version exacerbée des ultras riches ne se sentant plus pisser, profitant abondamment et abusivement de leurs positions, avec à chaque fois tellement de nuances que c’en est fascinant. On a d’un côté des connards comme A-Train, le sportif tellement effrayé de ne plus être le plus rapide du monde qu’il ne reculera devant aucun méfait pour rester au sommet, tel un Icare fonçant à pleine allure vers le soleil ; l’homme poisson (Chace Crawford) qui imagine un peu trop le monde a ses pieds et qui va continuellement se manger des retours de bâton très jouissifs (le running des sauvetages est excellent) ; et bien sûr le fameux Homelander (Antony Starr), chef des Sept, censé incarner une sorte de Superman à la vertu absolue, mais qui est en fait de loin le plus gros psychopathe. Côté femmes héroïques, outre Annie qui va tomber de haut en confrontant son rêve de célébrité sauveuse de l’humanité à la réalité purement mercantile, on aura aussi une sorte de Wonder Woman, Queen Maeve (Dominique McElligott), dans le game depuis trop longtemps pour avoir encore la force de lutter contre le système. Un tableau de personnages hauts en couleurs, truculents et clairement intéressants à suivre, auquel s’ajouteront La Crème « Mother Milk » (Laz Alonso) et le French (Tomer Capon) dont la rivalité est amusante, et la rescapée Kimiko (Karen Fukuhara), aussi effrayante que touchante. Cette première saison sera aussi l’occasion de croiser quelques personnages atypiques, comme la machiavélique Madelyn (Elisabeth Shue), n’hésitant pas à jouer à un jeu malsain mère / amante avec Homelander, Giancarlo Esposito en dirigeant de l’ombre, ou encore Haley Joel Osment génial en autodérision totale dans un rôle d’enfant star devenu le pire des loosers.

Globalement l’histoire est très prenante entre tous les personnages très bien traités, les complots politiques / commerciaux, et surtout ce parti-pris de faire des superhéros les pires ordures possibles, avec bien sûr quelques nuances voir arcs de rédemption possibles, car c’est dans la nuance que la pertinence est la plus probante. La quasi intégralité du casting étant des acteurs peu connus (hormis le Butcher), leur découverte n’en est que plus rafraîchissante, et ils s’en sortent de manière spectaculaire. Mention spéciale au terrifiant Homelander dont l’hypocrisie est formidable, capable de jouer une émotion totalement opposée à son ressenti l’air de rien, et dont les soubresauts dans le regard accentuent son instabilité mentale. La narration est aussi d’une immense richesse, car en plus de la trame principale d’exposer l’immense imposture des Sept, tous les personnages ont leurs propres histoires et enjeux capitaux et captivants, et de nouvelles intrigues de fond se dévoilent au fur et à mesure, rendant l’univers vraiment très riche. Côté violence physique et psychologique ça reste gentillet, rien de rédhibitoire à moins d’être vraiment d’une grande sensibilité. Niveau effets spéciaux, la série se donne clairement les moyens, comptant plus d’une scène épique et ambitieuse, et il n’y a définitivement aucun point sur lequel la série va être en défaut, si ce n’est quelques rebondissements prévisibles. De toute évidence, le public a eu raison de faire preuve d’un tel engouement.

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Hanna


Hanna
2011
Joe Wright

Aimant beaucoup l’actrice principale, je voulais voir le film à l’époque lors de sa sortie, mais j’étais passé à côté, la faute à un été abusément chargé avec notamment ni plus ni moins que le tout dernier Harry Potter sorti la semaine suivante, Transformers 3 et Les Tuche la semaine d’avant, et pour sa semaine de sortie le film ne s’est classé que 13° et derrière cinq autres nouveautés dont l’énorme carton Case départ, c’est dire à quel point il était compliqué d’exister au milieu de tout ça. Treize ans plus tard, j’ai enfin pu le rattraper par le hasard du catalogue Netflix, loin de me douter d’à quel point l’attente n’était pas justifiée.

L’histoire est basique au possible : un ancien agent secret, Erik (Eric Bana) se cache depuis près de 17 ans dans une forêt aux confins de l’Arctique avec sa fille, Hanna (Saoirse Ronan). Il l’a entraîné toute sa vie à savoir se battre, se défendre et improviser en chaque situation pour si un jour il arrive quoi que ce soit ou qu’ils décident de tenter de retourner à la civilisation, sachant que depuis tout ce temps, une certaine Marissa (Cate Blanchett) n’attend qu’une chose : les retrouver et les tuer. Se sentant prête, Hanna va choisir de risquer le tout pour le tout et activer le plan de retour dans le monde civilisé.

L’histoire est assez inexplicablement poussive, à ce demander comment un scénario aussi creux et débile a pu être validé. Alors que les deux fugitifs n’ont jamais essayé de divulguer quelque information secret défense en près de deux décennies, et choisissant pour aucune raison de dévoiler eux-mêmes leur emplacement et leur retour, une division entière des opérations secrètes (américaines ?) va être dépêchée pour les traquer. On va alors suivre deux intrigues, celle complètement inexistante d’un père fantomatique – car oui, ils vont décider de se séparer – et celle à contre ton total de la fille. En mode teen movie, on la suivra découvrir les joies de la vie dans une insouciante débile, avec des poursuiveurs non moins stupides, attendant toujours que l’effet de surprise soit impossible et de laisser toujours la fille attaquer la première. Usant, d’autant que rien ne viendra donner de fond à l’histoire : non seulement aucun enjeu ne viendra dynamiser le récit, mais en plus on avance en laissant derrière des personnages dont le sort ne sera jamais traité. Une frustration qui tient plus de l’écriture ratée qu’autre chose. On a donc un concept très limité d’une fille entraînée, et rien n’en sera fait. Juste ennuyeux au final.

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Rebel Moon : Partie 2 – La malédiction du pardon


Rebel Moon : Partie 2 – La malédiction du pardon
2024
Zack Snyder

Si déjà la première partie fut assez cryptique, la seconde fit plus consensus en étant pour tous un rejet massif. Comme quoi, il faut toujours attendre les versions director’s cut quand il s’agit de Zack Snyder, même si cette fois il est vrai, les critiques ont plutôt raison. Passé l’effervescence créative du premier film, cette suite sera bien plus prévisible et assez largement moins ambitieuse, pour ne pas dire carrément décevante.

Comme menacé dès les prémices, et après avoir cru y avoir échappé en croyant avoir tué le général Atticus Noble (Ed Skrein), le Monde Mère va finalement bien débarquer sur Veldt pour réquisitionner toutes les récoltes, et surtout s’attaquer aux rebelles (Sofia BoutellaMichiel Huisman, Doona Bae et Djimon Hounsou). Ils auront donc cinq jours pour se préparer à l’attaque.

Revenons tout d’abord sur cette connerie monumentale qui semble être bien plus un argument ici, alors que simple prétexte pour traquer les rebelles dans la première partie : la récolte. Vu la taille du vaisseau, même s’il semble – point ô combien frustrant car à l’aura mystique aussi incroyable que le design vertigineux et qui ne sera absolument pas abordé – que la « hatefull bitch » de race biotique / synthétique qui sert de moteur puisse potentiellement réduire drastiquement les coûts énergétiques des déplacements dans l’espace, il n’en reste pas moins que le coût d’un tel transport doit assurément être des millions de fois supérieur à quelques tonnes de blés. Un point de départ absolument ridicule donc. Et pire encore, hormis quelques flashbacks des personnages dont il faudra parler, dont le seul intéressant sera celui sur le roi (Cary Elwes) à la naïveté désarmante, l’intégralité des trois heures de film ne tourneront qu’autour de cette querelle de nourriture entre le Monde Mère et les petites paysans. Des bases bien faibles, et il faudra même attendre plus d’une heure entière pour qu’enfin le film démarre. Pour comparer, j’ai d’ailleurs zappé un peu dans la première version de cette seconde partie, sous-titré L’Entailleuse, eh bien plus de la moitié des scènes rajoutées le sont au début, passant donc de 35 à 70 minutes pour simplement voir ce village exister et moissonner les premiers jours, dont une scène de sexe de près de dix minutes qui n’apporte vraiment rien. Or non seulement leurs flashbacks n’apporte rien qu’on ne savait déjà, mais c’est vraiment laborieux et maladroit. Les deux scènes de malaise dans la salle commune sont au delà du ridicule, notamment la petite paysanne qui les côtoie depuis deux jours et qui se met à leur faire de grandes déclarations de remerciement. Totalement inapproprié et puéril. On dirait la petite cousine qui vient faire un poème à un repas de famille où on se mord les joues pour ne pas rire du ridicule.

Un plantage ahurissant donc ? Sur le premier tiers, sans l’ombre d’un doute, mais heureusement, malgré le côté Rambo V de l’affrontement qui a de quoi faire frissonner, cet aveu d’échec d’avoir fait revenir le même antagoniste,  le forçage autour du robot (Anthony Hopkins) qui finalement ne sert quasiment à rien dans aucune des deux parties, et que le lore ne sera plus du tout développé, le spectacle est assuré. Une fois passé la phase d’entraînement, on aura droit à plus d’une heure intense de guerre débordant de générosité. Et heureusement, car sinon on aurait eu l’impression que 90% du budget était passé dans la première partie, même si au final on sent que ça a dû être 70-30. Mais là encore, ça reste assez frustrant : les rebelles arrivent quand tout est déjà fini, et l’entité suprême demandant à Kora de libérer ses sœurs pourrait être un coup dans le vent si la saga ne se prolonge pas. Or il s’agit du point névralgique de la technologie permettant le voyage à travers les galaxies, donc le laisser en suspend est criminel. On garde certes le côté prometteur de l’univers, quelques personnages sympathiques, mais cette suite, après une introduction interminable, se limite donc à du spectacle un peu balourd. Bien maigre consolation pour une saga qui même en director’s cut reste assez poussive…

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Rebel Moon – Partie 1 : Calice de sang


Rebel Moon – Partie 1 : Calice de sang
2024
Zack Snyder

S’il a bien un réalisateur des plus clivants, c’est incontestablement Zack Snyder. Si pour ma part sa filmographie est très variable, j’avais trouvé que ses œuvres super héroïque chez DC comptent parmi les meilleurs du genre, mais avec un gros « mais ». Si Justice League est un peu à part comme 80 % du film a été retourné après son départ pour cause de deuil, le réalisateur et scénariste a un sacré problème avec le montage de ses films : quand le studio lui demande de faire plus court, il garde toute la partie action, et ne fait que des coupes dans le scénario, qui en ressort inconsistant. Et si l’histoire est bancale, qu’on ne s’intéresse pas aux personnages, alors même l’action perd en saveur. Alors quand il a été annoncé que le bonhomme allait sortir son univers SF en deux versions, une plus « tout public » et plus courte, puis une director’s cut, et hors de question de voir deux fois le même film si le résultat n’est pas à la hauteur, j’ai donc logiquement attendu cette deuxième version. Une attente très courte d’ailleurs, les deux parties étant disponibles en director’s cut à peine huit et trois mois après les sorties initiales.

Introduction à l’univers, ce premier chapitre va donc poser les bases : un ordre mondial baptisé « Monde Mère » (dirigé par un roi incarné par Cary Elwes) impose sa tyrannie à travers les galaxies, et nulle ne peut résister à leur supériorité technologique et militaire. On suivra Kora (Sofia Boutella), ancienne soldate ayant fui l’ordre et ayant trouvé refuge sur une petite planète agricole. Seulement voilà, deux ans plus tard, le général Atticus Noble (Ed Skrein), ravageant monde après monde à la recherche de ceux à la tête de la rébellion, va venir inspecter la colonie, bien décider à absolument tout leur prendre. Un compte à rebours sera alors lancé pour sauver le village, partant à la recherche de possibles compagnons d’arme (incluant Michiel Huisman, Charlie Hunnam, Doona Bae, Ray Fisher et Djimon Hounsou).

Voilà un film qui souffle très fort autant le chaud que le froid. Les bases sont éculées au possible, avec un ordre très méchant à la Star Wars, et le côté « monter une équipe » est là encore classique au possible. Donc sur le fond, le film est une quasi purge. Quasi car la plupart des personnages sont assez bien traités, avec un passé intéressant, même si avec beaucoup de redondance : toujours la famille et planète massacrée par le Monde Mère. Et ça fonctionne car on a envie de voir la suite, d’explorer plus en détail et de découvrir les parts d’ombre, avec un peu d’appréhension tout de même. On se doute que Kora n’a pas fait les horreurs qu’on dit, et on sent que le peuple synthétique avec Anthony Hopkins a déjà entamé son retour, avec pourquoi pas un retournement en mode que la fermière est la petite fille. En vrai, aussi convenue que soit la trame principale, l’univers est assez intéressant en soi, avec un côté mystique très réussi qui ne demande qu’à transformer l’essai.

Place maintenant à la plastique, et bigre que le film est généreux et déborde d’idées créatives. Certes, quand on fait des dizaines de propositions forte, il est logique que beaucoup s’avère marquantes, mais en matière de design le film est incroyable. On pense à l’androïde, qui à mesure qu’il retrouve la fois, retourne à la nature, l’entité synthétique capable de courber l’espace/temps absolument terrifiante, et côté aliens il y a à boire et à manger. Le barman, le repompage des uruk-hai, le moche au bar ou encore la planète avec les poulpes bipèdes sont ratés, mais au contraire, toutes les autres espèces sont une grande réussite. Côté effets spéciaux, en prenant en compte que les deux parties n’ont un budget cumulé « que » de 166 M$ pour plus de six heures de film, ça force le respect. Quelques plans de vaisseaux font un peu trop lisse et l’espèce de chat/aigle géant n’est pas crédible une seconde, mais au contraire l’araignée de Jena Malone est impressionnante et globalement les FX sont très soignés. Niveau réalisation également le bilan est à nuancer puisque Zack Snyder sait indubitablement iconiser ses plans, faire des panoramiques sublimes et nombre de scènes sont d’une beauté à couper le souffle, mais certains plans sont bizarrement cadrés (un flou de bordures comme si c’était filmé à la go pro) et surtout l’un de ses gimmicks devient un fardeau : les ralentis. Ca peut faire classe, mais la plupart du temps ils sont utilisés avec un timing étrange, de telle sortie qu’ils interviennent parfois ni pour immortaliser une action, ni pour mettre en valeur un panorama spectaculaire. Cela permet de potentiellement reprendre son souffle ou ajouter de la lisibilité à l’action, mais dans les faits ça rallonge juste les séquences pour pas grand chose, voir ça alourdi le rythme. Un premier chapitre qui regorge d’inventivité, d’inspiration, dévoilant un univers plaisant et des personnages sympathiques, sans pour autant pleinement convaincre, faute à un scénario convenu. Du potentiel, à condition de ne pas céder à la facilité.

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