Comment se faire larguer en 10 leçons


Comment se faire larguer en 10 leçons
2003
Donald Petrie

L’humour peut-il toujours bien se traduire ? Certaines comédies sont cultes d’un côté de l’Atlantique, et pas du notre, nous faisant me demander si cela peut-être dû au doublage. Ce film en est un bon exemple : bide intersidéral en France avec moins d’un quart de million d’entrées, contre plus de 100 M$ sur le seul sol américain, en plus d’avoir été ravagé par les critiques de par chez nous. Et pourtant, certes vu en VO, c’est pour ma part une belle surprise qui se place dans le haut du panier des comédies romantiques.

On aura d’un côté Benjamin (Matthew McConaughey), playboy tombeur, chef d’une équipe dans une agence de pub, prêt à tout pour obtenir un contrat avec une marque de diamants. De l’autre, Andie (Kate Hudson), une pigiste de magazine de mode qui se rêve vraie journaliste. Et justement, les deux vont chacun faire un pari avec leur direction pour arriver à leurs fins : lui doit arrêter d’enchaîner les conquêtes et se montrer dans dix jours avec une histoire sérieuse, tandis que elle va devoir faire exprès de faire toutes les pires erreurs avec son prochains prétendant pour un article sur comment se faire larguer en dix jours. Or quand chacun va jeter son dévolu sur l’autre dans le cadre de leur pari, la situation va s’avérer intenable entre lui prêt à tout pour la garder, et elle prête à tout pour le repousser.

J’ai vraiment bien apprécié le concept du film, un mélange de hasard et défi contre lequel le destin va lutter. Sans pour autant tomber dans le graveleux ou quoi, au contraire, le film a presque un flegme britannique dans son style, les situations vont s’enchaîner à rythme effréné avec un sens du comique terriblement efficace. C’est drôle, percutant, et vraiment original. On souffre pour le pauvre homme qui doit supporter des crises d’hystérie phénoménales, autant qu’on s’en amuse tant l’homme en avait en réalité besoin, besoin de s’ouvrir, de faire l’effort de vouloir laisser quelqu’un entrer dans sa vie. D’autant que plus on s’investi dans une histoire, plus elle a de chances de marcher, et c’est donc naturellement que se construit cette romance au démarrage pourtant artificiel. Le film est donc très drôle, mais également touchant, avec des personnages attachants malgré des motivations premières purement carriéristes. Une belle surprise en somme, plus que réussie.

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Le Projet Blair Witch


Le Projet Blair Witch
1999
Daniel Myrick, Eduardo Sanchez

Voici donc le film à l’origine de la mode éphémère qu’a été le found footage, à savoir ces fameux films, témoignages d’événements spectaculaires ou surnaturels, filmés par des gens lambda comme quelqu’un filmerait une catastrophe avec son téléphone. Une technique qui a permis de réaliser moult productions plus ou moins ambitieuses dont l’attrait principal était d’avoir l’air authentique, comme si on y était. Sans compter que la piètre qualité des images ou le cadre resserré permettait d’aboutir à des coûts de production moindres, comme Cloverfield, qui avait tout du blockbuster ultime, mais qui n’a coûté que 20M$ à produire. On pensera aussi à des films comme Chronicle, dont le vent de fraîcheur était alors à son paroxysme, avant de retomber dans les limbes, le public se lassant et objectivement, ce n’était que poudre aux yeux pour excuser une quasi absence de réalisation ou travail de la photographie. Si on pourrait arguer qu’en vérité, c’est plutôt Cannibal Holocost qui serait le pionnier du genre, avec près d’un quart de milliard au box-office pour un budget de 60K$, c’est bien ce film qui l’aura propulsé sur le devant de la scène.

L’histoire est on peut plus anecdotique : trois jeunes vont partir dans les bois pour faire un film sur la légende locale de Blair Witch, une forêt hantée par une sorcière maléfique d’après les rumeurs. Mais ils ne reviendront jamais de leur expédition.

J’espérais y trouver un film d’horreur viscéral, retranscrivant cette peur du noir, des bruits de la nuit. D’ailleurs, l’idée de vieilles caméras pleines de grains où l’on capte difficilement la lumière pouvait permettre d’en jouer, de faire monter la tension progressivement avec une montée crescendo à la Paranormal Activity. Et d’ailleurs les acteurs se donnent plutôt bien : ça crie, ça hurle, ça craque. Mais bon dieu que le film est d’un vide abyssal ! Déjà le reportage avant d’entrer dans la forêt est interminable, et le film s’arrête avant d’avoir démarré ! On ne verra absolument rien de tout le film ! Pas le moindre élément de surnaturel, rien de concret à l’écran. Pas une fois une quelconque menace ne se fera palpable, pas une fois la caméra ne captera le moindre bout de quoi que ce soit, et tout n’est la résultante que d’un débile profond qui ne sait pas lire une carte et qui décide de la jeter. Pas un seul frémissement, vraiment rien à se mettre sous la dent. Une tristesse sans  nom, d’autant que le film est très court, à peine dans les 70 minutes. Peut-être que les gens ont cru à l’authenticité des images – et encore, ça montrerait juste trois débiles délirant après s’être perdu en forêt – mais il n’y a tellement rien à tirer du film qu’on pourrait parler d’arnaque pure et dure. Clairement le degré zéro de l’horreur, le niveau -1 du cinéma.

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The Union


The Union
2024
Julian Farino

Pourquoi tant de haine ? Squattant la première place des films sur Netflix depuis plus de deux semaines, le film est pourtant largement conspué, alors même que la promesse initiale était assez limitée et reste largement remplie : du Mark Wahlberg dans le texte, saupoudré d’espionnage à l’ancienne.

Bon américain moyen d’un petit bled, se démerdant comme il le peut et trimant tant bien que mal pour gagner sa vie, Mike (Mark Wahlberg) va recroiser un beau soir son amour de jeunesse : Roxanne (Halle Berry). Lui qui espérait raviver la flamme, les intentions de cette dernière sont tout autre : la liste de tous les agents gouvernementaux américains a  été volé, et le risque d’une divulgation mettrait en péril tout le système de défense du pays. Pas le choix donc, pour espérer la récupérer, il va falloir faire appel à quelqu’un totalement absent des listes, n’ayant jamais approché de près ou de loin une quelconque forme de police ou armée.

Si on peut se montrer perplexe quant à ramener un quinquagénaire dénué d’expérience, l’idée était simplement un prétexte pour jouer la carte des retrouvailles et garder le style du bon samaritain maladroit et comique habituel de l’acteur principal. On aura donc un sous James Bond pas bien inspiré, mais non moins divertissant. L’humour est assez efficace, le rythme est bon, les scènes d’action réussies et le contrat du genre est rempli : on voyage pas mal, avec des décors originaux et très beaux en Autriche (si ça a vraiment été tourné là bas). On bénéficiera également d’un casting prestigieux, puisqu’en plus du duo d’affiche, on retrouvera J. K. Simmons, Mike Colter, Jackie Earle Haley ou encore Adewale Akinnuoye-Agbaje (inoubliable Mr Eko). Alors oui, le scénario est ultra minimaliste et prévisible, mais difficile de jouer les étonnés, et côté divertissement le spectacle est assuré. Pour ma part, je n’en attendais pas plus.

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The Game


The Game
1997
David Fincher

Qu’offrir à quelqu’un qui a tout ? C’est le dilemme que se posait Conrad (Sean Penn) pour l’anniversaire de son frère Nicholas (Michael Douglas), PDG de l’une des plus importantes entreprises du Dow Jones et par extension l’une des plus grandes fortunes du pays. Ayant fraichement fait l’expérience du « Jeu », sorte de jeu de rôle énigmatique fait sur-mesure par une entreprise inconnue appelée CRS, et ayant été transcendé par son expérience dont il ne peut parler, Conrad va offrir à son frère l’occasion de participer à ce fameux jeu. Que se cache réellement derrière tout ça ? Quel en est le but ? Que se passe-t-il dans ce jeu ? Pour Nicholas, la réponse risque de ne pas être aussi réjouissante que pour son frère…

Le concept du film est brillant, que dis-je, colossal ! Un jeu grandeur nature où tout est possible, où l’on se perd immédiatement entre ce qui fait parti du jeu et ce qui n’est le fruit que du hasard, du concours de circonstances. On baigne alors dans un mystère des plus total entre la forme que va prendre le jeu, ceux qui sont derrière, et l’ampleur des moyens possibles. Va alors très vite se poser la question du crédible, de si on peut pousser le concept aussi loin, et que ce soit pour le personnage ou le spectateur, la paranoïa va rapidement s’installer. Et plus on avance dans le film, et plus ce concept se meurt : le jeu est impossible tant tout n’est que désagréments, désagréable, voir événements purement traumatisants et d’un tel niveau de danger que cela exclu toute possibilité de vrai jeu, qui pourrait apporter quoi que ce soit de positif au joueur. La certitude de la malveillance va alors s’installer, et on regardera impuissant cet acharnement détestable. Et pourtant… L’idée était excellente, le début de son exécution vraiment prenante tant que le mystère planait encore, puis plus on va se rapprocher de la fin, plus le développement va s’avérer décevant, nihiliste, pour au final se noyer dans une incohérence patente sortant de nulle part. Une bonne idée totalement gâchée.

 

 

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The Boys – Saison 4


The Boys – Saison 4
2024
Eric Kripke

Alors que le spin-off Gen V peinait à faire patienter correctement entre deux saisons de la série principale, nous voici de retour avec la pénultième saison qui s’achèvera en 2026. Après un final explosif qui mettait un gros coup de frein à l’équipe des Boys, avec la série annexe un nouvel enjeu de taille prenait place, qui sera au centre de l’histoire pour la quête de justice / régulation des super-héros : un virus capable de les cibler et de les tuer.

Les Etats-Unis sont plus fracturés que jamais, avec d’un côté ceux qui soutiennent Vought et Homelander, ainsi qu’une politique traditionnelle républicaine, et de l’autre les Starlighters, fans de Starlight (Erin Moriarty) qui militent pour plus de contrôle sur les agissements des super-héros, alors même que des élections présidentielles concentrent tous les enjeux. Pour l’équipe des Boys – Butcher (Karl Urban), MM la crème (Laz Alonso), Serge (Tomer Capon), Kimiko (Karen Fukuhara) et Hughie (Jack Quaid) – il s’agira donc de trouver le virus pour mettre fin aux agissements de Victoria Neuman (Claudia Doumit) et Homelander (Antony Starr). De son côté, la figure de proue des Seven va engager deux nouveaux membres : Firecracker (Valorie Curry), une streameuse spécialisée en théories du complots sur Starlight, ainsi que Sage (Susan Heyward), la personne la plus intelligente du monde. Ensemble ils vont tenter d’opérer un coup d’état pour prendre le pouvoir.

Cette avant-dernière saison accélère les enjeux, d’un côté comme de l’autre. Le Butcher est de plus en plus fou, d’autant plus avec Kessler (Jeffrey Dean Morgan), et quand bien même cela signifierait la mort du fils de sa femme, Ryan (Cameron Crovetti), ainsi que sa propre mort, il envisage de potentiellement lâcher sur le monde un virus ultra contagieux et mortel pour tout porteur du gène V. De l’autre, Homelander est plus ingérable que jamais, transformant The Deep (Chace Crawford) et A-Train (Jessie T. Usher) en tueurs à gages, et se rapprochant chaque jour un peu plus de la maison blanche. Le retournement invraisemblable de la fin de Gen V ne sera pas plus expliqué, mais Sam (Asa Germann) et Cate (Maddie Phillips) se rapprocheront des sièges de membre des Seven, mettant leurs pouvoirs au service de Homelander. On appréciera ce rattachement entre les deux séries, aussi limité soit-il. De même, après nous faire peur quant à un violent retour en arrière, la relation Serge / Kimiko semble enfin démarrer. En termes d’intrigues et d’enjeux, cette saison est un très bon cru, faisant même miroiter une sacrée folie pour le final, mélange d’énorme attente et peur violente de voir nos personnages préférés finir dans un bain de sang où personne n’en sortira vainqueur. Reste une déception : le Butcher, qui se refuse définitivement à toute rédemption possible. Espérons que la série saura dévier du comics tant sa fin est injuste pour nombre de protagonistes. Réponse dans deux ans.

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Gen V – Saison 1


Gen V – Saison 1
2023
Michele Fazekas & Tara Butters

Fort du succès tonitruant de son excellente série The Boys, Amazon a donc lancé plusieurs projets de spin-off dont voici le premier à être paru. Se déroulant après les événements de la troisième saison de la série principale, la série va s’intéresser à la jeunesse super héroïque, ceux qui possèdent le fameux « Gen V » dans leurs veines, injecté à la naissance.

La série va donc nous plonger dans une université de Vought, réservée à ceux ayant des super-pouvoirs. Les stars du campus sont Golden boy (Patrick Schwarzenegger), sa petite amie Cate (Maddie Phillips), Jordan Li et Andre (Chance Perdomo). Marie Moreau (Jaz Sinclair) est une nouvelle recrue, encore pleine d’espoir et de rêves, loin de se douter des terribles secrets et horreurs qui s’y déroulent.

Le début de la série m’a terrorisé, balayant d’emblée tout espoir de grandeur. Des personnages creux comme dans une télé-réalité, des jeunes dépravés consommant des drogues dures en boîte, rappelant le basculement de la série Elite de petit bijou de thriller ultra intelligent à défilé de mode nauséabond des pires vices de l’humanité. Petite guéguerre d’égo et de notoriété dans un monde du fake, à des années lumière de nous proposer un cadre au Camp X de X-Men. Les super-pouvoirs sont peu originaux, avec des effets spéciaux pas toujours au top comme les transformations d’Emma (Lizzie Broadway), personnage émotionnellement attachant et réussi avec son histoire avec Sam (Asa Germann), mais sinon elle n’aura aucun impact dans l’histoire et ne fera absolument rien lors du « climax », comme bien d’autres. On pense notamment à Jordan Li, transformiste cumulant les cotas de « progressisme », aux pouvoirs flous et dont l’implication est inexistante malgré sa grande présence à l’écran. Même Andre, incarné par le regretté Chance Perdomo, sera plus dans la réflexion que l’action, alors même que la menace est réelle avec un enjeu dépassant de beaucoup ce simple spin-off et pouvant être une « solution » au problème principal des super-héros parfois ingérables. Le côté spin-off est probablement le point le plus réussi, créant moult connexions avec pléthore de seconds couteaux et même quelques personnages principaux de la série mère présents, bien que la plupart se limitent à des caméos inutiles, mais c’est toujours bon de sentir un rattachement qui légitime cette histoire annexe. Si la seconde partie décolle un peu, ayant rejeté en bloc cette jeunesse perdue et ayant été assez déçu par un final tronqué, le mauvais moment était au final correct dans son ensemble, mais clairement cette ambiance plus jeune m’a profondément rebuté, alors même que j’adore encore certains teen-movie, mais en réalité surtout ceux des années 90 début 2000. Trop vieux pour ces conneries…

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Kingdom : Ashin of the North


Kingdom : Ashin of the North
2021
Seong Hun Kim

Des fois on tente des choses, sans savoir. Derrière ce film se cache en réalité le préquel à une série appelée Kingdom sur une invasion zombie à l’époque féodale dans la Chine (ou Corée) de l’époque. Une série visiblement abandonnée, car sans nouvelle saison depuis maintenant quatre ans. Eh bien autant dire que je ne la regarderais jamais.

Un beau jour, 15 cadavres de guerriers vont être retrouvés dans les bois, apparemment l’œuvre d’un clan rival (trois provinces sont en sorte de guerre froide). Pour éviter que la situation ne parte immédiatement en représailles, les meurtres seront attribués à un tigre sauvage, possédé par le démon. Petite fille d’un village neutre, Ashin va se retrouver au milieu de ce complot et en paiera les frais.

Estampillé « film d’horreur », le film ne l’est clairement pas, tout juste met-il en avant quelques passages un peu gore. Il s’agirait plutôt d’une œuvre vaguement politique, qu’on rattacherait aux films de samouraï de l’époque, sans en avoir le fond. Le scénario est vraiment anecdotique, et rien n’est traité correctement. Déjà, quand le film démarre avec cinq minutes de texte déroulant pour expliquer les tenants et aboutissants, c’est un terrible aveu d’échec quant à la capacité du film à nous le faire comprendre de façon naturelle et fluide. Et pourtant, avec juste deux armées rivales et un village au milieu, il n’y avait vraiment pas grand chose à comprendre. La traque de l’animal contaminé sera bien vite balayé, au profit d’un récit de vengeance d’une maigreur accablante, enchaînant sur un des pires poncifs insupportable : les zombies. Au secours… Les personnages sont creux ou non traités, la mise en scène minimaliste avec des effets spéciaux médiocres, tout ne semble servir qu’à teaser une série qui ne semble n’avoir absolument rien à défendre. Une séance douloureuse et bien insipide.

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Slumdog Millionaire


Slumdog Millionaire
2009
Danny Boyle

Vu à l’époque, il y a déjà plus de 15 ans, j’avais gardé en mémoire un film sympathique sur une belle leçon de vie comme quoi il faut toujours garder espoir, mais pas du tout. J’étais alors persuadé qu’il s’agissait d’une histoire vraie, mais non, une émission de télé en Inde n’a jamais permis à un pécore des bidonvilles de sortir de sa misère. En réalité, l’histoire est tirée d’un livre autrement plus cru, bien plus proche d’un Capharnaüm tant la violence y est plus forte, et surtout le héros n’aura jamais aucune raison d’avancer, si ce n’est ce farouche réflexe de survie. Une vision passée sous les paillettes d’Hollywood pour un film bien plus aseptisé loin de mériter la pluie de récompenses ahurissantes, ayant glané aux Oscars de meilleur réalisateur, meilleur film et meilleur scénario entre autres.

Jamal Malik (Dev Patel) est sur le point de rafler le prix ultime à l’émission de télé « Qui veut gagner des millions ? », chose improbable tant les questions sont censées éliminer quasi d’emblé le petit peuple, ne dépassant jamais les premières questions. Alors que l’émission diffusée en direct s’arrêtait juste avant la toute dernière question, laissant le suspens entier pour le lendemain, la police (Irrfan Khan) va l’interpeler pour l’interroger face à une triche jugée évidente. Pourtant, Jamal va clamer son innocence, invoquant une chance phénoménale que chaque question était liée à un événement si marquant de sa vie que la réponse était gravée en lui, comme dictée par le destin.

Passons rapidement sur l’aseptisation du roman : pour que le film soit plus digeste pour le grand public, beaucoup de passages plus dramatiques et violents ont été éclipsés, avec donc moins de questions dans l’émission pour éviter que le film ne soit trop long, avec quelques réécritures causant des incohérences. On pense notamment à son adoption dans le livre, de par un pasteur australien, expliquant pourquoi un gamin des bidonville à priori totalement inculte, parle couramment anglais. C’est un point incompréhensible dans le film, d’autant qu’il n’y a pas été adopté pour le coup. Mais le plus gros changement est de lui donner un fil conducteur, un love interest pour le motiver à avancer dans la vie malgré toutes les adversités : Latika (Freida Pinto). Les hasards et coups du destin sont un peu gros, mais c’est effectivement un bon enjeu pertinent. Reste deux gros soucis au scénario : l’amitié avec son mousquetaire n’a aucun sens tant c’est un pourri qui n’a de cesse que de trahir tout le monde, et puis les questions de l’émission sont affolantes de facilité. Mise à part celle sur le record de baseball, aucune des questions posées n’aurait atteint le second pallier (48K) des questions de la version française, et 100% des gens à partir de 9 ans aurait la réponse à « l’ultime » question. Si le présentateur est si agacé de voir du pécore à son émission, c’est à se demander si tous les « érudits » repartent systématiquement avec le jackpot. Ridicule… Reste après une plongée désagréable dans la misère indienne, ne suscitant jamais l’intérêt du moindre touriste, mais au contraire provoque un sentiment de besoin urgent de tout raser ou bruler. La construction du récit et la folle détermination amoureuse sont des moteurs réussis, mais clairement le film est à un niveau de surcotage ahurissant. Dire que le film a gagné aux Oscars face à des monuments comme The Dark Knight, Benjamin Button et Wall·e

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Monsieur & Madame Adelman


Monsieur & Madame Adelman
2016
Doria Tillier, Nicolas Bedos

Renvoyant l’image d’un fils à papa propulsé dans le milieu alors que dépourvu du moindre talent, avec de surcroît une rare arrogance absolument détestable, Nicolas Bedos m’a depuis par deux fois agréablement surpris. Déjà en tant qu’acteur dans le plutôt bon Amour & Turbulences, où son jeu était vraiment pas mal, puis en tant que réalisateur et scénariste de la petite pépite La Belle époque, où quand des génies s’emparent du concept nostalgique de Westworld pour en faire de pure bienveillance thérapeutique. J’étais donc curieux de découvrir son premier film, réalisé et écrit avec sa compagne de l’époque, qui malgré un accueil chaleureux n’avait pas connu le succès en salle.

De leur rencontre jusqu’à ce que la mort les sépare, le film va retracer plus de cinq décennies dans la vie de Victor de Richemont (Nicolas Bedos) et Sarah Adelman (Doria Tillier), dont l’une est tombée folle amoureuse d’un romancier aspirant un peu perdu, avant de finalement se retrouver et connaître une folle aventure ensemble. Les hauts et les bas d’un couple à travers les âges, de 1970 à 2016.

Le film déborde d’imagination à un point impressionnant, à tel point qu’on dirait un biopic d’un célèbre écrivain ayant vécu les années folles tant on croit fort aux personnages et que ça sent le vécu. Et il est amusant de constater comment cette période précise de l’histoire est un écho parfait à l’évolution d’un couple : les années 70-80, l’insouciante et heureuse jeunesse ; les années 90, passage plus sérieux, planplan ; les années 2000, de désillusions à crises terribles ; puis les années 2010, la résignation, l’amertume. Et les personnages sont tellement bien écrits, que ce soit ce père (Pierre Arditi) indépassable qui a tant réussi matériellement, en s’oubliant émotionnellement, ce grand frère (Julien Boisselier) qui lui a réussi et fait la fierté de ses parents au détriment d’un cadet se rêvant artiste, ou encore le psy (Denis Podalydès) qui ne fait qu’encaisser des jérémiades sans apporter la moindre aide concrète. Mais surtout, on se régale de cette plume acerbe, cet humour noir, cynique et sinistre où le mari va jusqu’à prendre le nom et la religion juive de sa femme par pur arrivisme car le judaïsme faisait vendre. Le film est cinglant, diablement efficace et acerbe. Reste que malheureusement, la vie elle-même peut se montrer décevante par moments, avec une fin pas très réjouissante, et le twist final est raté, enlevant du crédit à certains choix et passages. Un montage coupant avant la rechute, terminant sur une petite note poétique et romantique, voilà qui aurait été parfait. On est pas passé loin d’un très grand film, mais on gardera ces portraits fascinants, cette pertinente analyse de notre société, ces dialogues truculents et cet humour délicieusement piquant.

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Quatre frères


Quatre frères
2005
John Singleton

Mais qui oserait faire du mal à une vieille dame qui œuvre pour son quartier ? Lors d’un holdup d’une superette, Evelyn Mercer va être froidement abattue. Un choc pour tous tant elle avait voué sa vie aux autres, notamment ses quatre fils adoptés (incluant Mark Wahlberg, Tyrese Gibson et Garrett Hedlund) qui vont décider en partir en vendetta pour traquer et tuer ceux responsables de la mort de leur maman.

Scénario un peu basique, pour ne pas dire prétexte à rassembler des acteurs qui n’ont pas grand chose de « frères », dans le but de raconter la violence des quartiers populaires, entre policiers corrompus (ou non, l’un d’eux étant incarné par Terrence Howard) et mafia locale (Chiwetel Ejiofor). Le début est un peu laborieux, avec le souci habituel des films blindés de superstars : dès que l’un n’est pas une vedette, il dénote. Donc quand trois frères sont des mégas stars et que l’autre est un quasi inconnu, ça créé un déséquilibre terrible, d’autant que le traitement est clairement proportionnel à la notoriété de chacun, Mark Wahlberg étant indéniablement le rôle principal, Tyrese Gibson est le sidekick rigolo habituel avec sa mucha caliente Sofia Vergara, et tous les autres font de la figuration. Une fois que le tout se met en place, on a tout de même du divertissement très efficace, alliant bonnes grosses d’action déjantées et brutales, et un humour de la street classique mais efficace. Peu marquant, mais on passe un bon moment.

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