Tout lâcher ?


Tout lâcher ?
2024
Josephine Bornebusch

C’est fou comment un même concept qu’on aurait tôt fait de qualifier « d’énième drame familial à la con » s’il avait été fait en France, genre sur-représenté de par chez nous, mais qui est visiblement vu comme exceptionnel dès qu’on quitte nos frontières. Voici donc comment un film qui aurait typiquement pu être du drame français chiant, de part son origine suédoise, est propulsé top 2 sur Netflix, défiant toute logique.

Trop c’est trop, et doublement. Le film va mettre en abîme une famille dysfonctionnelle où le mari et la femme vont craquer simultanément : lui n’en pouvant plus de sa vie de merde, et elle n’en pouvant plus de son bon à rien de mari qui la délaisse elle et les enfants depuis déjà bien trop longtemps. Il en voit iel plus jeune et souhaite divorcer, elle de son côté va l’obliger à s’impliquer au moins une dernière fois dans la vie de la famille en accompagnant leur fille à son concours de danse.

Lassitude du couple, l’un veut partir, l’autre veut tenter un dernier weekend : voilà qui rappelle fortement Nous les Leroy sorti plus tôt cette année, mais dans une version opposée. Cette fois le périple est dans une dynamique plus profonde, avec cette idée partagée de faire des efforts et lâcher prise, mais pour autant le résultat n’en est pas meilleur, au contraire. Exit l’humour efficace et la tendresse des personnages, on tombe dans du pathos plus frontal, moins fin, avec de surcroît des protagonistes au mieux mal écrits. Le mari est un connard absolu, infidèle et démissionnaire, donc son chemin de rédemption semble malhonnête ou vain. Pour ce qui est de la femme, le retournement se voit venir de loin, et on appuie pas assez sur son côté castratrice et ses mauvais penchants, donc les quelques informations sur ce sujet semblent dérisoires face au comportement premier de son mari, vraiment trop haïssable sur la première moitié. Quand l’émotion est censée arriver, on se retrouve donc un peu blasé, ou du moins ce fut mon cas, l’empathie ne pouvant plus prendre après un tel départ. Peut-être que certains ont été emportés, eux-mêmes prit dans une spirale d’un quotidien assassin, et y voyant là le reflet de leurs frustrations et désillusions, mais ce fut pour ma part un chemin de croix assez laborieux et ennuyeux.

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Barbaque


Barbaque
2021
Fabrice Eboué

Après avoir démarré sur les chapeaux de roue, la carrière de réalisateur de Fabrice Eboué n’a fait que décliner, passant de 1,8 millions d’entées pour le très sympathique Case Départ (mon appréciation s’est un peu modérée depuis), à 1,2 millions pour le tout juste correct Crocodile du Botswanga, puis moitié moins pour Coexister que j’avais carrément oublié, et enfin un cuisant échec ici avec à peine plus de deux cent mille entrées. Et pourtant, c’est peut-être là son film le plus efficace et irrévérencieux.

Vieux couple amer, Vincent (Fabrice Eboué) et Sophie (Marina Foïs) tenaient jusqu’alors une petite boucherie de quartier, peinant à survivre. Pire encore, leur boutique s’est récemment faite saccager par des militants végans dénonçant la consommation de viande. Trop c’est trop, un beau jour Vincent va recroiser un des voyous végan et lui rouler dessus en voiture, cachant son cadavre en le découpant dans son magasin. Sans le savoir, confondant l’homme avec du porc, Sophie va en vendre aux clients, y trouvant là une viande extraordinaire. Et si c’était ça la solution à tous leurs problèmes ?

Si pour ce qui est du scénario on est sur du Sweeney Todd peu inspiré, l’originalité et la force du film se trouvent du côté de son humour. C’est bien simple, le film ne se refuse rien. On est tout de même dans une ère étouffante du politiquement si correct où le genre d’une personne, défini biologiquement par des chromosomes, devient sujet à débat, que plus rien n’est acté ou sacré, et là le film arrive avec ses sabots de douze tonnes et défonce tout sur son passage. Blagues homophobes, sexistes, sur la binarité, sur les végans, tout y passe avec une malice jouissive. Le débat sur la meilleure viande humaine, cherchant le profil de la victime parfaite, bien persillée (grasse), détendue (gentille) et pourquoi pas castrée (trans ou non binaire) et jeune comme un bouvillon (petit du bœuf), est – n’ayons pas peur des mots – d’anthologie. Alors oui, l’histoire est lente, le Vincent peine à embrasser la cause et recule en permanence (saleté de conscience…), et la fin manque de panache, mais dans l’ensemble le film est un pur moment de franche rigolade, donnant un grand coup de pied dans toutes les conneries de conventions modernes ou de lubie écolo qui se fait au détriment d’honnêtes travailleurs. Pas un grand film, mais une belle tranche de rire, de porc d’Iran bien sûr.

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The Guilty


The Guilty
2021
Antoine Fuqua

Le téléphone et sa voix comme seules armes pour tenter de sauver des vies. C’est le concept au fort potentiel que proposait ce film, promesse d’un huis clos angoissant où l’action n’est que suggérée, où le spectateur, à l’image du protagoniste, sera seulement témoin de l’histoire, bien qu’ayant tout de même les armes pour changer la donne, pouvant jongler entre les différentes aides à disposition (police, pompier, etc… ).

Ainsi, le film nous propose de passer une nuit avec Joe Baylor (Jake Gyllenhaal), travaillant dans l’équipe de nuit au service de secours américain, ceux qui répondent aux fameux appels au 911. Il assistera à l’appel d’une femme en détresse, kidnappée par son mari, aux enfants en bas âge à l’abandon seuls chez eux. Il va alors tenter de tout mettre en œuvre pour les retrouver et les sauver.

Même sans avoir vu le film danois de 2018, l’histoire rappelle déjà fortement The Call qui presque dix ans plus tôt traitait déjà du même sujet, sans se limiter à une unité de temps ou de lieux d’ailleurs. La comparaison est d’autant plus frustrante que l’histoire est continuellement interrompue de moments de flottement, de distractions inutiles comme l’immense incendie qui ne sert à rien au final. On attend inlassablement que l’intrigue décolle, que quelque chose de vraiment intéressant se passe, en vain. Non, l’histoire du kidnapping sera la seule traitée, aussi ennuyeuse et laborieuse que prévisible, jusque dans son twist minable. Reste alors la prestation clownesque de Jake Gyllenhaal, jouant les émos impayable, au final rappelant la tournure détestable du peu glorieux Flight. Bref, c’est long, c’est chiant, et la fin est lamentable. On souffle fort…

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Nous, les Leroy


Nous, les Leroy
2024
Florent Bernard

De YouTube au grand écran, où comment après plus d’une décennie de dédain, le grand art du cinéma a ouvert ses portes à un « petit rigolo d’internet » comme le diraient certains. Outre l’espoir de voir souffler un vent de fraîcheur, l’attrait d’un casting d’exception et l’envie de rabattre le clapet des médisants, les raisons étaient nombreuses pour s’attendre à une belle surprise, et effectivement, le public a répondu présent avec un score très honorable au dessus du demi-million d’entrées.

Comment réagir quand la lassitude de la vie a raison d’un couple qui durait depuis vingt ans ? Conscient que gérer la scolarité des enfants et leurs boulots respectifs a quelque peu saccagé leur vie de couple, Christophe (José Garcia) pensait juste que la famille vivait une petite période difficile, mais rien de dramatique. Quand sa femme (Charlotte Gainsbourg) va lui faire part de son envie de divorce, son monde va s’effondrer et il va décider de partir à la reconquête de son amour, le temps d’un weekend sur les traces des endroits les plus marquants de leur vie.

Le principe du film était beau : se battre contre le fatalisme, la morosité, avec ce qui s’annonçait comme un bouleversant road trip plein de tendresse et de poésie. Hélas, ce postulat sera bien vite balayé au profit de mots qui font mal, de disputes, et surtout de comment en réalité le couple n’est pas le centre de tout et qu’au milieu les enfants ont été beaucoup oubliés. Quand le film se veut drôle, c’est très efficace, avec pléthore de caméos malins de stars d’internet qui nous régalent de passages truculents. Quand le film se veut plus solennel, plus dans l’émotion, la force des acteurs éclate, notamment José Garcia qui n’a de cesse que de prouver l’immensité de son talent. Les personnages sont bien écrits, touchants, et bien que les enfants soient un peu moins intéressants, ils apportent une belle réflexion sur comment de génération en génération on ne sait décidément plus exprimer ses sentiments, comment tout est de plus en plus refoulé. Et pourtant, on en sent les limites. Déjà le concept de base n’est pas tenu, et on le regrette tant ça aurait pu nous emmener tellement plus loin dans l’émotion, dans la beauté de l’amour, qui reste ici un souvenir doux-amer d’un passé révolu. Une forme de nihilisme terrible nous frappe, un pur gâchis de morosité quand le bout du tunnel, jamais franchi, s’annonçait lumineux et réconfortant, chose précieuse de nos jours. Un sacré savoir-faire, mais qui n’a pas osé affirmer son espérance.

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Deadpool & Wolverine


Deadpool & Wolverine
2024
Shawn Levy

Assurément l’un des films les plus attendus de l’année, et plus encore, d’ailleurs actuellement second plus gros succès, tant aux Etats-Unis que dans le monde, avec un peu plus de 1,3 milliards. Véritable machine inarrêtable, le MCU enchaînait succès sur succès pendant plus d’une décennie et une vingtaine de long-métrage, au point de marquer l’histoire en dépassant pour la première fois les 2,7 milliards avec Endgame. Pourtant, le retour post-covid fut des plus difficiles : dix films en quatre ans, tous accueillis froidement et faisant soit sensiblement moins bien qu’escompté, soit étaient carrément des bides historiques à l’image de The Marvels, premier échec d’ampleur pour la saga la plus lucrative de tous les temps. Tous, à l’exception très notable de Spider-Man No Way Home, frôlant les deux milliards sans même de sortie chinoise. Ramener la figure emblématique du Wolverine dans la saga Deadpool était donc la solution ? Sur le papier du moins…

Se passant apparemment dans le même univers que Logan (ce qui veut dire que cette suite se situerait près de cinquante ans après Deadpool 2 omg ?), la mort de Several Wolverine (Hugh Jackman) a provoqué un cataclysme dans la branche multiverselle de sa réalité : étant le super-héros le plus important de son univers, sa mort implique que l’univers entier est voué à disparaître. Pour sauver ses proches, Wade Wilson (Ryan Reynolds) akka Deadpool va tenter de trouver un autre Wolverine d’une autre réalité pour le remplacer.

On s’en doutait, mais le scénario est vraiment une escroquerie : placer la saga Deadpool dans le même univers que Logan, se déroulant près d’un demi-siècle après la série de préquels initiée par X-Men le commencement, pourtant présent dans Deadpool 2, c’est un niveau de connerie aberrant. Un demi siècle d’écart bordel ! Mais soit, d’autant que l’intérêt n’était pas là. Notamment avec la dernière bande-annonce, axée sur la rédemption et l’émotion, on pouvait espérer un parcours héroïque vers la grandeur, un dernier baroud d’honneur qui aurait su abuser du fan-service (caméos et retours de personnages iconiques) pour en faire une sublime fresque nostalgique, en fin du moins que j’espérais personnellement aussi touchante qu’épique. Que la déception sera grande !

Alors oui, mes attentes étaient grandes, mais pas si immenses, ayant trouvé très sympathiques les Deadpool et ayant une certaine attache aux X-Men, mais rien qui avoisine de près ou de loin les sommets du genre. Si le passage chez Disney a visiblement était très inspirant, avec moult gags, le projet ne décollera jamais de la simple pique potache un peu gratuite. L’humour est plus lourd que jamais, autocentré à l’excès, perdant définitivement ce semblant d’originalité de brisage de quatrième mur soi-disant subversif. C’était déjà loin d’être le meilleur point des précédents opus, c’est cette fois un sacré boulet infame. Côté scénario, passé l’incohérence initiale d’une telle aberrance que les enjeux s’en retrouvent inexistant, d’autant que hormis Deadpool, tous les personnages de son univers sont réduit à de la figuration, c’est vraiment le vide absolu. Les caméos sont tous inutiles, mal amenés et surtout jamais exploités. Le concept des seconds couteaux jetés à la poubelle avait pourtant du potentiel, là encore, un baroud d’honneur pour redorer leur blason, mais ils sont juste là pour la blague, sans rien développer. Un pur gâchis tellement rageant. Pareillement pour la méchante sœur jumelle (Emma Corrin) de Charles Xavier : c’est aberrant de la présenter aussi tard, et son niveau de développement est inexistant, et les absences des membres emblématiques de la TVA est non moins frustrant tant tout tourne autour d’eux. Un naufrage scénaristique, mais quid de la technique, du divertissement ?

Si visuellement le naturel des décors est un bon point, enfin une main moins lourde côté FX, on ne peut que se montrer sidéré par leur manque d’ampleur, l’absence total de grandiose ou d’ambition. Et pire que tout, le divertissement ne suit pas plus non plus. Pour la soi-disant foire aux guests, rien de comparable à No Way Home, même inférieur à l’amer déception des caméos de Doctor Strange in the multiverse of madness, c’est dire ! Aucun enjeu, aucune poésie, pas une once de frisson d’aventure, un duo poussé aux forceps à la dynamique passable, et côté action c’est aussi rébarbatif que poussif. Pas de climax, pas de giga scène épique, rien de notable hormis la scène débile des variants qui fait largement soupirer. C’est même affolant comment absolument aucun point ne se montre convaincant. On sourit deux trois fois, quelques blagues font mouche et on a plaisir à retrouver certains rôles secondaires voir tertiaires des œuvres passées de la Fox, mais le concept est tout juste effleuré pour une déception plus grande encore que le fameux Ant-Man 3, c’est dire ! Un curseur trop poussé sur un humour presque exclusivement basé sur la blague du changement de studio, y compris pour le scénario pour un hommage foncièrement raté et inconsistant, et de surcroît un divertissement médiocre, aux scènes sans enjeux, sans la moindre brise de souffle épique, et qui va même jusqu’à nous refuser l’habituel climax. Décidément, Marvel va très mal…

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Le Royaume


Le Royaume
2007
Peter Berg

Il aura fallut attendre que le président Trump vienne mettre un terme au carnage des guerres opposant les Etats-Unis et les pays arabes pour que le phénomène cesse, mais pendant près de quinze ans, ces conflits ont été au cœur de l’actualité, et se sont retrouvés par extension dans la paysage cinématographique. Les dessous politiques étant détestables et le genre des films de guerre me laissant souvent froid, je partais donc sur de gros à priori, à juste titre.

Le film va prendre place en Arabie Saoudite, alors qu’un attentat à fait une centaine de victimes à Riyad, une base occidentale d’employés pétroliers. Parmi les morts, un agent du FBI qui enquêtait justement sur une cellule terroriste. Pour venger les siens, le chef du FBI (Richard Jenkins) va y envoyer une équipe (Jamie Foxx, Jennifer Garner, Jason Bateman et Chris Cooper) sur place pour mener l’enquête.

Pourtant grand spécialiste des films d’action généreux, Peter Berg va se montrer ici d’une rare avarice. Outre l’attentat d’introduction, il faudra attendre les dernières vingt minutes pour qu’enfin quelque chose se passe, avec au milieu 1h20 d’ennui absolu. Une enquête soporifique, basée uniquement sur le racisme américain et l’incompétence des locaux, montrés comme paralysés par des coutumes moyenâgeuses et une sous culture appauvrie. L’arrogance américaine dans toute sa splendeur, d’ailleurs assez intelligemment critiquée dans la toute dernière scène, seul passage vraiment marquant de par l’hypocrisie ironique dépeinte. Et le pire, c’est qu’avec le recul du pourquoi du comment, on se rend compte que non seulement tout est vain, mais en plus les personnages et leurs actions n’ont aucune incidence sur le récit. L’enquête est un immense camouflé, du pur tourisme hasardeux avec un énorme boulet au pied, et si une piste aurait pu faire évoluer l’histoire, c’est au final uniquement une action ennemi qui créera l’affrontement. Un vide ahurissant donc entre l’investigation poussive, les personnages inutiles et l’absence totale d’action en dehors de l’introduction et d’une séquence en toute fin. C’est terrible de se faire chier à ce point.

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Gladiator


Gladiator
2000
Ridley Scott

Alors qu’une suite improbable (d’autant que n’adaptant pas le roman graphique faisant office de prolongement) s’apprête à sortir dans quelques semaines, il fallait se replonger dans ce qui est considéré comme l’un des plus grands films jamais réalisés, auréolé de pas moins de cinq Oscars, dont le prix suprême du meilleur film. Une modernisation des péplums d’antan qui avaient fait l’âge d’or d’Hollywood dans les années 50 avec des monuments comme Les Dix Commandements ou Ben-Hur. Et à son tour, le film permis lui aussi de redonner ses lettres de noblesse au genre, donnant lieu à de dignes successeurs comme le magnifique 300.

Se déroulant à la fin du second siècle, le film retrace la chute d’un homme : Maximum Decimus Meridius (Russell Crowe), chef des armées de Rome, et qui se verra hériter du titre d’empereur par Marc-Aurèle, le voyant comme plus légitime que son fils Commodus (Joaquin Phoenix). Or quand ce dernier va apprendre la traitrise de son propre père, il va choisir de le tuer et de se proclamer empereur, arrêtant même Maximum sous prétexte d’avoir voulu comploter contre lui. Laissé pour mort, brisé par la vision de sa famille assassinée, il sera même capturé et vendu comme esclave. Pourtant, il va choisir de se battre pour sa vie, de devenir Gladiateur et peut-être obtenir vengeance.

Même près d’un quart de siècle plus tard, le film reste et restera à jamais une immense claque. Hormis quelques effets de ralentis un peu vieillots, tout est juste incroyable. Hans Zimmer a clairement accouché d’une bande son qui a fait date dans l’histoire, avec moult compositions légendaires à l’aura éternelle. La maestria de Ridley Scott à la réalisation est indéniable, la photo est saisissantes, les décors palpables, grandioses, tout est crédible, humain et démesuré à la fois. Le récit d’un homme brisé, mettant ses dernières forces dans une quête de vengeance certes, mais aussi pour le bien commun, force le respect tant sa détermination est inspirante. Le casting est prodigieux : Russel Crowe a un charisme fou, et Joaquin Phoenix est effrayant de folie, et tous les acteurs secondaires arrivent à donner vie à cette époque lointaine. Plus encore, point rarement souligné d’ailleurs, les dialogues sont mémorables pour une quantité phénoménales d’entre eux. Les répliques cultes sont légions, tout en sonnant pertinentes et fluides. Un alignement de toutes les planètes pour une fresque historique captivante, à l’ambition démesurée mais maîtrisée. Reste après la sensibilité de chacun, mais il s’agit effectivement d’une immense leçon de cinéma.

 

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Retour à Cold Mountain


Retour à Cold Mountain
2004
Anthony Minghella

Le moins que l’on puisse dire, c’est que parmi les guerres qu’a connu l’humanité, la très autocentrée guerre américaine de Sécession fait partie des plus représentées, avec pléthore d’œuvres allant de Autant en emporte le vent à Lincoln en passant par des visions plus fantaisistes comme celle où le président américain devient Chasseur de vampires. Une nouvelle fois, ce moment critique de l’histoire va être la source de romances contrariées.

Ils ne se connaissaient qu’à peine, ne s’étaient échangé qu’un baiser avant que ne retentisse l’ordre de mobilisation, mais Ada (Nicole Kidman) et Inman (Jude Law) en avait alors la certitude : leur amour serait éternel. Lui au front à lutter pour sa vie et défendre le Sud des Yankee, elle isolée à tenter de conserver ce qui reste de civilisation, l’idée d’un jour se revoir et s’aimer sera leur moteur de vie.

Les bases du récit sont au mieux naïves tant la romance est étouffée avant même d’avoir pu exister. S’en suivra un récit d’aventure qu’on sent très proche du roman qu’il adapte tant sa structure est littéraire, invisiblement mais indéniablement chapitrée, avec pléthore de rencontres inconsistantes et éphémères, l’occasion d’une quantité absolument débile de caméos tant le casting n’a aucun sens. On retrouve Renée Zellweger, Natalie Portman, Philip Seymour Hoffman, Brendan Gleeson, Giovanni Ribisi, Donald Sutherland, Ray Winstone, Jena Malone, Lucas Black, Charlie Hunnam ou encore Cillian Murphy. On se demande bien pourquoi avoir prit de tels acteurs et actrices de renom tant la plupart n’auront droit qu’à une courte apparition ne dépassant pas la minute, voir la poignée de secondes. La plupart des péripéties restent néanmoins plutôt intéressantes, montrant chacune une forme de misère ou d’aliénation, prouvant à chaque fois que l’humanité est vraiment la pire des espèces. Pour autant, difficile de se satisfaire pleinement de ce parcours initiatique tant les comparaisons font mal : côté aventure et survie, on est loin d’un The Revenant, et côté histoire des Etats-Unis, Gangs of New-York est largement au dessus. Si le film reste prenant, avec tout de même une belle richesse de thématiques et de personnages, sa prévisibilité jusque dans ses déceptions rend l’expérience frustrante, voir un peu veine.

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Malignant


Malignant
2021
James Wan

Le masque est-il tombé ? Alors que nombreux étaient ceux s’extasiant devant les médiocres Conjuring ou l’ennuyeux Aquaman de James Wan, semble t-il perdu après les réussites de Insidious et Saw, le consensus fut assez large pour décrire sa dernière incursion horrifique comme assez raté, bien que non sans quelques bonnes idées.

D’où vient le mal ? Femme désespérée de perdre coup sur coup ses bébés en pleine grossesse, Madison (Annabelle Wallis) va être néanmoins libérée d’un mari violent (Jake Abel) par une force surnaturelle, qui va continuer de s’abattre sur des personnes visiblement liées à un passé refoulé, créant des visions terribles de chaque meurtre.

Rarement le terme « mitigé » n’aura trouvé une place si pertinente. La première scène du film est lunaire, quasi nanardesque, et nombreux seront les passages fracassant la barrière du ridicule à la mise en scène foncièrement ratée, avec souvent des effets spéciaux très en deçà. De même, le scénario est sur bien des aspects catastrophique, à la crédibilité inexistante. Et pourtant… Déjà, aussi peu raccord qu’elle soit avec le thème horrifique, la musique est une grande réussite, aux relents épiques incroyables. Ensuite, pas mal d’idées visuelles font mouche, avec un sens aiguë de la gestion du frisson, à défaut de la peur. Et puis le concept en lui-même a un gros potentiel, très original, mais dramatiquement raté dans l’exécution. En résulte un rejet massif d’emblée, quelques regains d’intérêt de ci de là, pour terminer sur une note assez brouillonne. Un projet qui avait quelques inspirations, mais qui ne tient pas debout.

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Miller’s Girl


Miller’s Girl
2024
Jade Bartlett

Après une sortie plus que limitée en salles d’une seule journée en janvier dernier aux Etats-Unis, il aura fallut attendre neuf mois pour que Amazon France le propose à son tour. Malgré son statut de film indépendant, affichant un budget de seulement 4M$, dont plus de la moitié a dû servir pour le cachet des acteurs principaux, la hype était là. Il faut dire que l’histoire avait de quoi titiller ceux qui ont flashé sur l’actrice de la minable série Mercredi.

Ecrivain raté s’étant reconverti comme professeur dans un lycée public, ayant une femme devenue alcoolique pour le supporter, Jonathan Miller (Martin Freeman) mène une existence que beaucoup qualifierait de médiocre, pour ne pas dire rasoir. Quand la nouvelle élève de sa classe, Cairo (Jenna Ortega), va se révéler non seulement brillante mais surtout titiller la corde sensible en se dévoilant comme fan de l’écrivain qu’il était, résister à la tentation sera une rude épreuve.

Faisant parti des péchés capitaux, l’orgueil touche tout particulièrement les écrivains, et nombre d’œuvres très réussies ont su aborder le thème avec succès. Je pense notamment à Californication, que ce soit pour la différence d’âge ou la présence de Gideon Aldon, fille de la Schtroumpfette, mais aussi à Les Mots pour lui dire pour le côté relation écrivain / professeur / élève, même si la différence d’âge était moindre. Et effectivement, c’est un sujet porteur puisque le début arrive très bien à mettre en avant l’ennui et le besoin de reconnaissance d’un côté, et la quête d’amour par delà les conventions, notamment par esprit candide, de l’autre. Le désir de goûter à la vie d’adulte, l’envie de caresser à nouveau sa jeunesse et ses rêves d’antan. Des thématiques qui font également écho à American Beauty, adulé par beaucoup, sorte de Lolita des temps modernes. Et bien que le film puisse compter sur un duo d’affiche solide, entre charisme de l’homme d’expérience et la sensualité provocante d’une jeune fille pétillante, le reste ne parvient pas à dépasser le postulat de départ. Le jeu de séduction peine à se concrétiser sans qu’on y croit vraiment, l’irrévérence est ennuyeuse, pour un fond comme une forme très plate. Le changement de registre est mal amené, sorte de caprice cassant la dynamique initiale et enlevant surtout tout le piquant de l’histoire. Il faut le dire : on attend bien trop longtemps que quelque chose se passe, pour au final en ressortir sacrément frustré d’immobilisme. Un gros manque d’inspiration, laborieux et ennuyeux.

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