Contre-enquête


Contre-enquête
2007
Franck Mancuso

Avant le sacre de The Artist, c’était un peu l’argument unique et central de la défense contre les fous pas encore convaincus du talent de Jean Dujardin. Il faut dire qu’entre Un Gars une Fille, les OSS117 et autres Brice de Nice, sa carrière s’était basée sur les comédies, et une fois qu’on est catalogué dans un genre, il est difficile de s’en sortir. Exit les plages et autres loufoqueries, place à l’amertume et au désespoir : pour un contre-emploi, une contre-enquête.

Il suffit parfois d’un instant d’inattention, d’une confiance trop aveugle en un monde pourtant si dangereux. Alors que sa femme était au travail et qu’il était seul chez lui avec sa fille de neuf ans, Richard Malinowski (Jean Dujardin) va recevoir un coup de fil du travail. Il aurait pu dire non et partir pour la balade en vélo comme prévu, mais poussé par une mentalité parisienne carriériste, il va laisser seule sa fille ce jour-là. Inconsciente, elle va rejoindre un ami en forêt comme cela lui arrivait, mais elle ne rentrera jamais. Son corps sera retrouvé dans un étang de ladite forêt, visiblement violée et rouée de coups. De par la gravité de l’affaire et le fait que Malinowski est en plus inspecteur de police, une enquête exemplaire sera menée avec des effectifs impressionnants, aboutissant rapidement à l’arrestation d’un certain Daniel Eckmann (Laurent Lucas). Tout l’accuse et il sera condamné à l’unanimité, mais il va pourtant continuer de plaider son innocence. Incapable de tourner la page, Malinowski va alors mener une contre-enquête.

Un rôle à contre-emploi admirablement tenu, une histoire très sombre et un scénario plutôt bien pensé : tout était réuni pour tenir là un grand film. On veut y croire, on veut aimer ce film, et il a de grandes qualités d’écriture et surtout d’interprétation, mais impossible de fermer les yeux sur tout ces défauts. Déjà en terme de mise en scène, on sent que les moyens ou la technique n’y sont pas. Ancien policier de profession, le réalisateur y faisait là ses premiers pas, et ça se sent : on se croirait devant un téléfilm, tant en terme de mise en scène que de rythme. Malgré le fait que le film soit très court, à peine dans les 80 minutes, l’histoire avance péniblement, mais le problème vient d’autant plus de la gestion du suspens. On sent tout venir à des kilomètres, les révélations n’en sont pas, amenuisant les quelques enjeux mis en place. C’est dommage car le principe du combat d’un père meurtri est excellent et le casting est impeccable, faisant que le film marche tout de même, mais on est passé à côté d’un très grand film.

 

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