Retour à Zombieland


Retour à Zombieland
2019
Ruben Fleischer

Alors même qu’une suite avait été annoncé peu après la sortie du premier film, il aura fallut attendre 10 ans pour retourner à Zombieland. La raison ? Eh bien après avoir planché sur le scénario de la suite, il a été convenu que la saga allait se poursuivre en série. Et comme les protagonistes ont vu leurs carrières exploser, bien que l’ascension avait déjà commencé pour tous, les réunir pour un budget restreint sur une plus longue période bloqua. Finalement le casting fut rebooté, mais le pilote fut abandonné. Régulièrement des rumeurs ont circulé, mais nous y voilà finalement enfin : une vraie suite avec tout le casting d’origine. Un petit miracle de patiente, source de bien trop d’attentes.

Qu’est-il advenu de notre quatuor durant dix longues années dans ce monde infesté de zombies ? Eh bien ils ont vagabondé de squatte en squatte, trouvant enfin un pied à terre à la maison blanche. Thallahassee (Woody Harrelson) s’est trouvé un nouveau bolide de guerre qu’il bichonne, Columbus (Jesse Eisenberg) et Wichita (Emma Stone) se supportaient toujours jusqu’alors, mais face à l’ennui chronique et la solitude Little Rock (Abigail Breslin), désormais adulte, les sœurs vont à nouveau prendre la tangente. Retour à la case départ…

Dès le générique avec l’apparition du logo Columbia, le ton est donné et le franc sourire se dessine sur le visage d’un spectateur comblé de reprendre du rab d’un plat qu’il avait tant apprécié. L’intro nous régale avec une pléthore de bonnes idées comme le zombie Homer, et le dégommage en règle est jouissif, bien qu’incroyablement imprudent et toujours à un cheveux de la morsure fatale. Sans déconner, comment ne pas prévoir une combinaison à la Batman ? Quand tous les magasins et peut-être des bases militaires sont en open-bar, cela me semblerait la moindre des choses. Et pour peu qu’on commence à entrer dans le sujet de la cohérence, on en sort pas. Le film fait genre d’avoir pensé à certaines incohérences du premier film en disant « c’est dingue que les barrages et autres éoliennes et panneaux solaires nous fournissent encore de l’électricité ! ». Sérieusement les gars ? Non clairement, sans personne pour entretenir et gérer le réseau, tout s’effondrerait en moins d’une semaine. Blackout total. Et je ne parle même pas de la légende urbaine de l’essence miraculeusement efficace dix ans après. L’essence et le diesel commencent à perdre certaines de leurs propriétés en quelques mois à peine, donc dix ans plus tard l’intégralité de ce qui a été raffiné est inutilisable. Et puis d’où sortent les zombies ? Vu les plaies et l’état de délabrement, n’importe quel corps serait trop délabré pour se déplacer en quelques semaines à peine, et ce n’est pas une question de volonté. Donc dans un contexte de quasi extinction où la nourriture est presque inexistante, il est strictement impossible qu’il y ait autant de survivants, sans compter le vieillissement accéléré dû aux conditions de vie. Enfin bref, revenons-en au film.

Pas mal de bonnes idées sont donc abordées d’emblée, comme par exemple la relation Columbus / Wichita. Quand on a pas vraiment le choix de la personne avec qui on est, peut-on tout de même voir son couple comme légitime ? Bon après la réflexion sociétale n’est pas très poussée, et dans la vraie vie nulle doute que la faim aurait poussé Little Rock à tenter de se taper le copain de sa sœur ou son père de substitution, qui lui même face à l’arrivée de formes si généreuses aurait fini par avoir des envies, probablement même avant l’âge légal, d’autant plus dans un contexte apocalyptique. Il n’y a qu’à voir comment les chiens se jetaient tous sur une fillette même pas pubère dans Waterworld. Reste que cela permet d’introduire le personnage de la blondasse cruchasse (Zoey Deutch), aussi attachante que séduisante, mais globalement la tentative d’introduction de nouveaux personnages est un ratage. Le coup des clones avec Luke Wilson ne sert à rien, si ce n’est faire un clin d’œil sympa à Idiocracy, et le personnage de Rosario Dawson est trop peu exploité pour marquer. Et c’est malheureusement un constat qu’on peut étendre à l’entièreté du film : de bonnes idées et autres clins d’œil sympathiques, à l’image de la séquence de fin, mais pas très abouties et surtout n’apportant pas grand chose au final. L’histoire n’a pas vraiment de nouveaux enjeux, si ce n’est protéger ce qu’on avait déjà, et au final on assiste à un chapitre complètement dispensable dans l’histoire de ce quatuor. Revenir pour une suite, d’accord, mais encore faut-il y trouver un but en dehors de prolonger le plaisir. Si on retrouve effectivement tout ce qui faisait le charme et le sel du premier Zombieland, cette suite échoue à se forger sa propre identité et peine à justifier son existence, plus opportuniste que créative.

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