Elvis


Elvis
2022
Baz Luhrmann

The King, probablement la plus grande vedette de l’histoire des Etats-Unis, l’équivalent américain de notre Johnny national. Une icône, un monument de la musique qui conserve malgré une carrière assez courte le record du plus grand nombre d’albums jamais vendus, même si effectivement, même mort un artiste continue de faire vendre. Une légende qui au final n’est pas si connue en France, surtout des jeunes générations, et même un plus ancien comme moi ne connaissait pour ainsi dire rien à la vie de l’homme, et de ce fait le film m’intéressait d’autant plus.

Probablement la chose qui a fait de lui la bête de scène, le chanteur, le musicien et l’homme derrière l’artiste, ce qui l’a le plus forgé a été l’extrême pauvreté de son enfance. Entre un père en prison pour impayés et une mère faisant ce qu’elle pouvait, il a grandi dans les quartiers noirs de Memphis. Dans une époque où la ségrégation faisait rage, seul blanc au milieu de d’afro-américains, il ne pouvait pourtant pas plus être à sa place, embrassant pleinement la culture soul, le gospel et les danses endiablées. Dans une Amérique puritaine des années 50, son déhanché érotique provoqua l’hystérie des jeunes demoiselles, mais attira surtout l’œil d’un homme : le colonel Tom Parker (Tom Hanks). Il verra en lui le bon filon, bien décidé à lui faire réaliser ses rêves, faire de lui le grand Elvis (Austin Butler), enfin dans la limite de son seul intérêt personnel.

Si de nos jours le notion d’idole, de méga star rendant leurs fans extatiques peut laisser perplexe, on ne peut qu’être passionner par un engouement si massif, une telle folie ambiante. Les mœurs évoluent, les goûts musicaux aussi, donc difficile de trouver les prestations sur scène choquantes ou de partager la ferveur outre mesure, mais que ce soit dans le style, les décors ou l’incroyable performance des acteurs, dont on ne s’étonnera pas de la nomination à l’Oscar suprême pour le fameux Elvis, on ressent pleinement l’ardeur de la passion. Il semblerait que les plus grands artistes soient les plus tourmentés, et le King n’en fait pas exception, bien qu’en réalité tout semble être sa faute, ou c’est du moins ce qui en ressort du film. De par son père absent, le colonel est devenu comme un père de substitution dont il n’a jamais su s’émanciper. Son mariage n’a pas tenu parce qu’il n’a pas su dire non aux filles qui se jetaient à ses pieds. Son argent s’est volatilisé car il n’a jamais su dire non aux parasites. On pourrait dire aussi qu’il n’a pas assez milité pour la cause noire, lui qui était noir de cœur. Au même titre que je m’étonne qu’il n’y ait pas de théorie sur le passé nazi du colonel, il aurait été logique qu’un amour mixte nous soit conté dans sa jeunesse, car on ne tombe pas seulement à moitié amoureux d’une culture. N’étant pas un connaisseur du tout, je ne saurais dire le degré de respect et d’exactitude historique et malgré les près de 160 minutes au compteur du film, le rythme est parfaitement géré tant l’histoire est dense, passionnante, et on se régale du spectacle.

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