Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan
2023
Martin Bourboulon
Première partie d’un diptyque qui serait finalement une trilogie (semble t-il que l’histoire est toujours en suspend à l’issue du second opus) mais qui n’est pas sûre de voir le jour. Doté d’un budget de 72 M€, les deux films ont respectivement fini avec 3,5 millions d’entrées pour le premier et sur le point de finir avec 2,6 millions d’entrées pour le second, avec tout juste dans deux millions cumulés en dehors de la France, soit un total de huit millions de spectateurs dans le monde en deux films. C’est un score assez honorable, mais pas forcément suffisant pour convaincre les investisseurs à financer un nouveau volet. Sachant donc que le projet n’aura pas nécessairement de conclusion, j’y allais donc à reculons, d’autant que l’histoire est déjà bien trop connue.
Déjà adaptée une trentaine de fois, que ce soit au cinéma ou à la télé, l’œuvre d’Alexandre Dumas nous revient une fois de plus pour nous conter les manigances de Milady (Eva Green) et surtout du Cardinal Richelieu, se rêvant de renverser Louis XIII (Louis Garrel) et prendre le pouvoir, mais qui sera déjoué par les trois mousquetaires, Aramis (Romain Duris), Porthos (Pio Marmaï) et Athos (Vincent Cassel), rejoints par une nouvelle recrue, D’Artagnan (François Civil).
Beaucoup n’ont pas su apprécier à sa juste valeur la proposition épique et baroque de la version de 2011 de Les Trois Mousquetaires, mais je n’ai eu que ça en tête tout du long, et la comparaison fait mal. Malgré tout le talent de François Civil, il est bien trop vieux pour le rôle, donc le côté jeune premier passe moins bien, et désolé de le dire, mais le scénario est moins bien construit. La triple provocation en duel est ici bien moins naturelle, presque calée maladroitement pour coller au livre sans vraiment savoir qu’en faire. Toute la narration dans son ensemble est moins fluide, moins pertinente, et surtout inachevée de par son statut de première partie, ce qui avec Accros the Spider-Verse et Dead Reckoning a le don pour me lasser ces derniers temps. Faites des films complets qui tiennent la route en solo bordel ! Eh puis bon, les dirigeables avaient une sacrée gueule, tandis que là, ni scène épique ni sentiment d’aventure : du conflit politique ennuyeux, et quelques combats à l’épée illisibles entre une caméra trop bourlinguée, une image terne, et un gros souci sur les personnages et décors. Tout est aberrant de saleté. Les vêtements sont des torchons, les cheveux gras, et tout le monde – hors bourgeoisie – est continuellement crasseux, le visage plein de terre. C’est quoi le délire ? Okay, les gens d’antan n’avaient pas la même hygiène, mais à ce point là, ça semble abusif. C’est bien de faire preuve d’ambition en France, mais cette énième revisite du mythe manque de personnalité, transpose au lieu d’adapter, et malgré une volonté de bien faire, l’ennui est présent.