Un métier sérieux


Un métier sérieux
2023
Thomas Lilti

Après trois films sur le milieu médical, le réalisateur Thomas Lilti change de registre et s’attaque cette fois au corps enseignant, et plus particulièrement la vie des professeurs d’un collège (incluant Vincent Lacoste, William Lebghil, Adèle Exarchopoulos, François Cluzet ou encore Louise Bourgoin). La banlieue parisienne, les élèves difficiles, comment se faire respecter, obtenir la reconnaissance de chacun, et accessoirement faire des cours de qualité.

C’est visiblement de pire en pire avec les nouvelles générations toujours plus insolentes, désabusées et à la concentration en chute libre. Être professeur n’est désormais plus de simplement transmettre un savoir, c’est avant tout surveiller, discipliner, survivre presque tant la pression est omniprésente, que ce soit les élèves, leurs parents ou l’administration, voir carrément les collègues tant la culpabilité peut être destructrice quand on éprouve de grandes difficultés là où d’autres se baladent tranquillement. Bref, rien de nouveau sous le soleil, ça fait des décennies qu’on tire la sonnette d’alarme et que des parents démissionnaires continuent de fournir des élèves ayant plus leur place en école militaire que dans un établissement classique tant les bases de l’éducation sont inexistantes. Malgré son casting prestigieux, le film ne fait donc que brasser du vent, mettre en image une situation que l’on ne connaît que trop bien. Pas d’idée nouvelle à apporter au débat, et pas non plus de passages chocs pour en montrer les extrêmes. Une œuvre pas mauvaise, loin de là, mais qui ne propose juste pas assez pour nous marquer ou simplement se démarquer.

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Anatomie d’une chute


Anatomie d’une chute
2023
Justine Triet

Je n’ai pas vraiment mémoire d’un film ayant reçu la Palme d’Or à Cannes méritant de réelles louanges à la mesure de l’aura du prix, et j’avais passablement détesté la seconde moitié de Parasite qui partait bien trop en vrille. L’idée de voir le nouveau lauréat ne m’enthousiasmait pas outre mesure donc, même s’il faut dire que les critiques étaient sacrément dithyrambiques, se traduisant par un joli succès en salle avec 1,3 millions d’entrées en France et un tout de même existant 4 M$ en Amérique du Nord.

Comme l’indique le titre, il s’agira d’une anatomie / étude d’une chute, à savoir celle ayant causé la mort de Samuel (Samuel Theis). Pendant que sa femme (Sandra Hüller) se disait entrain de se reposer dans sa chambre au second et que lui était censé travailler au troisième étage à rénover le grenier de leur chalet, il va faire une chute mortelle et sera retrouvé par Daniel (Milo Machado-Graner), son fils aveugle parti faire une promenade avec son chien spécialisé. Une chute qui paraîtra assez suspecte aux enquêteurs, au point d’ouvrir une enquête pour meurtre, accusant sa femme.

Un point m’attirait pas mal dans ce film : son côté film de procès, genre à part entière reposant sur des rebondissements, beaucoup de pression sur l’acting et les dialogues. Et autant dire que le film s’en sort plus que très bien tant son écriture est formidable. L’aspect procès est pleinement maîtrisé, faisant régulièrement de nouvelles révélations orientant dans un sens puis dans l’autre notre opinion, laissant planer jusqu’à pratiquement la fin le doute quant à la culpabilité de la femme, accident ou carrément suicide. Il faudra attendre l’ultime retournement pour en avoir l’absolue certitude, et c’est assez brillant dans la gestion du suspense. Le casting porte solidement tout ce jeu de joutes verbales, accusation et défense, notamment l’avocat de la défense (Swann Arlaud) et surtout le jeune Daniel, la véritable révélation du film dont un certain passage sur une ancienne discussion en voiture aura su me tirer les larmes, ce que seule une poignée de film sur plusieurs milliers auront réussi. Chef d’œuvre absolu donc ? Sachons raison garder, car le film a tout de même quelques défauts. Le plus évident avec une durée de plus de 2h30, c’est un souci de rythme. C’est un peu long par moments, et la fin rate le coche du timing parfait, s’étirant sur de futiles banalités. Reste aussi la réalisation, malheureusement très plate et peu inspirée. Un grand film au scénario aussi incroyable que son casting, mais dont la technique ne permet pas de prétendre aux plus hautes cimes.

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Le Goût de la vie


Le Goût de la vie
2007
Scott Hicks

Qu’est-ce que l’amour si ce n’est le moteur de toute vie ? Pour beaucoup, au delà de la gloire, la richesse ou la reconnaissance, c’est d’être aimer qui compte le plus. Il est donc normal que ce genre soit un incontournable au cinéma, et un indispensable pour toute personne romantique cherchant à trouver un écho au tourbillon d’émotions qui le traverse.

Il faut parfois surmonter des drames pour en apprécier les bons moments. Elle croyait avoir la vie qu’elle rêvait malgré la solitude, mais Kate (Catherine Zeta-Jones) va devoir apprendre à ne plus vivre que pour elle, ayant la charge de sa nièce (Abigail Breslin) suite à la mort de sa sœur. Elle se mettra même à craindre pour sa carrière de chef quand un assistant (Aaron Eckhart) un peu trop talentueux sera engagé pour l’épauler.

Passons directement à l’essentiel : Mark Isham est un génie. Quand on s’imagine une musique marquante, on pense naturellement aux thèmes orchestraux et épiques de certaines grosses production, eh bien ici le compositeur nous gratifiera d’une des meilleures musique jamais entendue. « Building a family » est un bijou de poésie, nous emportant dès la première note dans un océan de tranquillité, de beauté, de douceur. Un hymne à la vie retentissant, décuplant l’impact de séquences attendrissantes sur des âmes fébriles se reconstruisant ensembles. Certes, passé le drame initiateur, on est sur de la comédie romantique ronflante assez classique, mais entre le trio d’affiche formidable et ce supplément d’âme musical, on vole sur un petit nuage tout du long. Ainsi dont la vie a ce goût là.

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Le Meilleur reste à venir


Le Meilleur reste à venir
2019
Matthieu Delaporte, Alexandre De La Patellière

Enorme claque de 2012, Le Prénom avait su être transcendé du théâtre au cinéma par ses mêmes auteurs et metteurs en scène, et on avait hâte de savoir si c’était une étincelle de génie éphémère ou durable. Dénotant d’une imagination incroyable, mais souffrant de quelques soucis de raccordements, Un illustre inconnu avait eu tendance à prouver leur talent d’écriture, mais on avait surtout hâte de les retrouver dans un style plus comique, quand bien même la bande-annonce laissait présager d’un quiproquo un peu trop cousu de fils blancs.

Cet imbroglio de départ était un avis de médecin, que César (Patrick Bruel) va trouver chez son ami Arthur (Fabrice Luchini), disant que ce dernier souffre d’un cancer et n’a plus que quelques mois à vivre. Partant de là, il va se dire que quitte à y passer, autant en profiter une dernière fois, voulant offrir à son complice de beaux souvenirs avant que la maladie ne le rattrape. Un beau geste, mais en réalité, cet avis médical ne concernait pas son ami, mais lui-même.

L’être humain n’est par nature par éternel, et la mort vient régulièrement rabattre les cartes et nous remettre face aux vraies urgences, aux vrais enjeux. Que faire du temps qui nous est imparti ? Ode à l’aventure, à l’amitié, à l’amour (avec Pascale Arbillot et Zineb Triki), le film partira de ce doute sur qui est malade pour nous faire comprendre des priorités de la vie. De la comédie douce-amère portée par un formidable duo des plus charismatiques et très en forme. L’écriture est une fois encore excellente, notamment avec sa toute fin très touchante avec cette réplique qui trouve tout son sens dans sa seconde occurrence. Point d’immense claque, mais un beau film réussi.

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The Marvels


The Marvels
2023
Nia DaCosta

Il n’y a pas que DC qui souffre, tout le genre super-héroïque est à l’agonie. Seul Les Gardiens de la Galaxie 3 a su garder la tête haute en 2023 face à une avalanche de ratés, de plus en plus inquiétants à force. Si le MCU a souffert du Covid, certains énormes succès comme Spider-Man No Way Home et Doctor Strange in the multiverse of madness ont prouvé que les fans pouvaient répondre présents. Mais depuis, si les score des principales licences ont su sauver les meubles malgré une baisse de qualité violente, l’effondrement d’ambition s’est converti en ras-le-bol généralisé, jusqu’à un point encore jamais vu en 32 films : non seulement une absence de rentabilité, mais carrément un giga bide sans précédent. Pourtant la suite de Captain Marvel, un film sympathique ayant eu un succès monstre, plus de 1,1 milliards de dollars dans le monde, ce second opus, doté d’un budget brut de 274 M$ (certes avec 55 M$ de déduction fiscale), soit près de 400 M$ avec le marketing, s’est crashé à 200 M$ avec un maintient d’une faiblesse ahurissante, faisant le quart de ses entrées totales le premier jour. Avec les frais de distribution, on serait sur une perte sèche entre 200 et 250 M$, soit tout simplement le plus gros gadin de tous les temps. En même temps, depuis le début du MCU on peste de l’incohérence des aventures solos où les autres super-héros restent sans bouger face à des menaces ahurissantes, les spectateurs s’insurgent de plus en plus du wokisme et autre féminisme arriviste, donc du girl power pareil, c’était tendre le bâton pour se faire battre.

Conspuée depuis Endgame où son arrogance folle avait énervé les foules, Carole Denvers (Brie Larson) est de retour pour faire face à ses fantômes. En détruisant l’intelligence artificielle des Kris, elle aura privé son peuple de tout ce qui le permettait de prospérer, et une de ces représentes va se lancer en guerre contre elle pour lui prendre tout ce qu’elle leur a prit. Elle fera équipe dans sa mission avec Kamala Khan (Iman Vellani) et Monica Rambeau (Teyonah Parris).

L’idée de base, de reprendre le constat que Disney et Marvel ont flingué le personnage de Captain Marvel et qu’on parte du principe que c’est une pétasse prétentieuse insupportable qui a carrément ravagé un peuple entier et toute vie sur une planète, c’était un bon postulat. Le problème, c’est que non seulement ce n’est pas utilisé pour redorer son image, elle en ressort au contraire encore plus antipathique (la mettre en couple avec Valkyrie (Tessa Thompson) ne fait qu’accentuer ce féminisme débile bourré aux forceps), mais voir Kamala l’aduler tout du long est incohérent au possible. Même après que cette dernière ait lâché un « reste bien tranquille, laisse les gens mourir, on en a déjà sauvé assez » (dans l’idée), elle continuera à jouer les groupies jusqu’au bout. Passons sur le fait que les spectateurs ne faisant « que » suivre les 33 films du MCU seront perdus sans avoir vu l’excellente série WandaVision, la médiocre série Miss Marvel et la paraît-il catastrophique série Secret Invasion (mais là j’abandonne, le niveau des dernières séries MCU est trop affligeant). Passé les références de toutes les précédentes œuvres, un humour toujours plus lourd (sérieusement, Nick Fury (Samuel L. Jackson) qui sort des « ciseaux » quand Captain Marvel explique quelque chose avec sa main ouverte en forme de feuille…), le film est soit raté soit passablement vide. La méchante est insipide au possible, aux motivations contre-productives et réduite à la plus basique des fonctions d’antagoniste. La séquences de comédie-musicale est un des moments les plus honteux donné de voir, et le pire est sans doute le visuel, moche à pleurer. 274 M$ pour des incrustations minables, des décors CGI hideux et des effets tapageurs pas réalistes pour un sous. C’est scandaleux… Il reste l’attachement à l’univers, quelques pistes d’espoir, mais on voit mal comment cet ancien eldorado pourra se relever.

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La Probabilité statistique de l’amour au premier regard


La Probabilité statistique de l’amour au premier regard
2023
Vanessa Caswill

Derrière ce titre à rallonge alambiqué se cache l’une des belles surprises de l’année : une comédie romantique vaguement fraîche et assez réussie, ce qui est foutrement rare tant le genre est usé jusqu’à la moëlle et cantonné ces dernières années à des productions télés pour Noël, c’est dire le niveau. C’est bien simple, depuis quatre ans on vient tout juste d’avoir le second représentant du genre à obtenir un franc succès en salle, Tout sauf toi, l’autre ayant été Ticket To Paradise.

Quelle est la chance d’avoir un coup de foudre ? Ce sera le cas pour Hadley (Haley Lu Richardson) et Oliver (Ben Hardy), qui vont tomber amoureux au premier regard dans le hall d’un aéroport en attendant leur vol. En retard, elle va rater son vol et se retrouver avec lui, mais le hasard de la chance ne s’arrêtera pas là, alignant toutes les planètes pour faire en sorte que leur amour se concrétise.

Le principe du film est assez amusant et légèrement original, jouant sur les clichés de la chance bien pratique, souvent utilisée dans de mauvais scénarios pour justifier tout et n’importe quoi. Là, c’est le moteur même de l’histoire : ils n’étaient pas censés se rencontrer, encore moins se revoir, mais systématiquement la chance va faire en sorte leurs chemins se croisent. Comme le film est très court, on a pas vraiment le temps de trouver ça redondant ou abusif, c’est drôle à l’image de l’hôtesse narratrice qui se retrouve absolument partout, un peu comme Dieu dans Bruce tout puissant, amenant un petit côté Cupidon veillant sur eux. On connaît d’emblée la fin dans ce genre de film, mais en même temps les quelques uns à avoir tenté de nous refuser la happy end étaient foncièrement ratés, preuve que c’est contre-nature. Le duo d’acteur est charmant, mignons à croquer. Ca ne réinvente pas la roue, c’est sûr, mais on passe un très bon moment.

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Sur les chemins noirs


Sur les chemins noirs
2023
Denis Imbert

L’homme face à la nature, les tourments de l’esprit face à l’épreuve du corps. Célèbre écrivain ayant tendance à brûler la chandelle par les deux bouts, Pierre Girard (Jean Dujardin) va miraculeusement survivre à une stupide chute d’un balcon sous l’emprise de l’alcool, mais le corps salement amoché. Malgré l’avis des médecins et la difficulté que représente déjà le simple fait de marcher, il va se mettre au défi de traverser toute la diagonale du vide à pieds, soit plus de 1300 km. Pour se reconstruire physiquement et moralement, il va se lancer sur les chemins noirs.

Ode à l’aventure et à la poésie, le film est un formidable voyage à travers la France, montrant des paysages peu mis en avant et pourtant incroyables, mais plus incroyable encore, c’est le fait de parcourir toutes ces terres à pieds. Une marche parfois en dehors des sentiers, d’où le titre, les chemins noirs désignant les trajets non balisés en pleine nature. Que ce soit l’acting, son charisme ou son timbre de voix, Jean Dujardin porte admirablement ce récit, accompagné notamment par la rayonnante Joséphine Japy et le trop rare Jonathan Zaccaï, symbolisant chacun deux types d’amour : la romance et l’amitié. La musique, souvent discrète, se permet parfois quelques envolées assez superbes, renforçant cette alchimie entre l’évasion spirituelle et celle de l’escapade, fuite citadine. Certains diront que l’aventure manque de rebondissements, mais je dirais surtout qu’elle manque d’interactions, car c’est dans les trop peu nombreux moments de partage, de discutions avec ces gens courageux attachés à leurs terres natales, que le film est le plus juste et le plus touchant. Du bel ouvrage pour les âmes sensibles.

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Lost Girls


Lost Girls
2020
Liz Garbus

Toutes les histoires sont-elles bonnes à raconter ? Non. Attention, déferlante de spoilers à l’horizon, car c’est nécessaire pour que d’autres ne se fassent pas avoir.

Tiré d’une histoire vraie, le film retrace le combat de Mari Gilbert (Amy Ryan), dont l’ainée de ses trois filles (incluant Thomasin McKenzie) va être reportée comme disparue par son copain, n’ayant plus de nouvelles depuis la veille et un appel à l’aide de cette dernière. Pour la police (Gabriel Byrne), ce n’est qu’une prostituée de plus manquant à l’appel, mais peu après, quatre cadavres d’autres prostituées seront retrouvés à proximité du lieu de sa disparition.

De prime à bord, on a là une enquête possiblement intéressante : il va falloir découvrir ce qu’il s’est passé, les circonstances, et si oui ou non toutes les victimes sont liées. Eh bien rhabillez-vous, vous n’aurez aucune de ces réponses ! Eh oui, comme dans la vraie vie, cette affaire n’a jamais été résolue, le meurtrier jamais identifié – car oui, après plus d’un an de recherches, le cadavre sera retrouvé exactement là où la mère demandait de chercher depuis le premier jour – et on aura jamais le fin mot de l’histoire. Et peu probable qu’on l’aura un jour, le policier en charge a prit sa retraite, le principal suspect innocenté, et la mère a été tuée par la dernière de ses filles lors d’une de ses crises de schizophrénie. Ah oui, ça balance tout parce que merde, ça va bien deux minutes. Un film d’enquête sans le dernier acte de révélation, sans conclusion, c’est tout bonnement scandaleux. On ne peut pas vraiment en vouloir au film qui se démène tant bien que mal pour créer du suspense et de l’attente autour de tout ça, mais visiblement c’était une sacrée connerie que de vouloir raconter cette histoire ô combien frustrante et donc passablement inutile en l’état. La police a semble t-il été lamentable, peut-être même de mèche avec cette élite de mon cul de bourgade bobo, mais c’est juste brasser du vent que de déterrer ça pour rien. Un film futile, tout simplement.

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Blue Beetle


Blue Beetle
2023
Angel Manuel Soto

Warner sont des abrutis et des suicidaires. Alors que le cinéma se relevait doucement du Covid avec nombre de fours et de films sacrifiés à la réouverture, et alors que le studio avait non pas un ou deux, mais bien quatre films de super-héros de l’écurie DC à sortir en 2023, il fut annoncé peu avant la sortie de Shazam 2 que tout cela n’avait plus aucun intérêt, que de toutes façons cet univers étendu allait mourir et serait rebooté en 2025. Résultat ? Mise à part la suite de Aquaman qui va miraculeusement rentrer dans ses frais, Shazam 2 fut le pire score pour un film de super-héros depuis deux décennies, The Flash a été un naufrage, et Blue Beetle a lui essuyé un revers historique en faisant encore pire, avec pour chacun des trois entre 100 et 150 M$ de perte. Certes, les films ont été charcutés et sont sorti dans un état lamentable, mais au delà de la fatigue du genre surexploité depuis 20 ans, annoncer la mort d’un univers dont quatre représentants devaient encore sortir, c’est tout de même d’un niveau de connerie phénoménal.

Mais pourquoi ? Alors que DC déborde de licences iconiques ultra populaires, il a été choisi d’adapter le cafard bleu, aka Blue Beetle. Pouvoir d’origine extraterrestre, il se retrouvera en possession Jaime Reyes suite au vol du scarabée abritant son énergie par Jenny, la nièce de Victoria Kord (Susan Sarandon), à la tête de Kord Industrie, une méga entreprise d’armement.

Sur le papier le film pouvait être cool, un super-héros méconnu peut-être plus original que les classiques qu’on connait déjà. Mais loin loin s’en faut, le film n’aura absolument aucune idée originale, que ce soit sur le fond ou sur la forme. Le scénario est du pur copié-collé du premier Iron Man, côté design on est sur un mélange de ce dernier et Spider-Man Homecoming, sur qui le film plagie honteusement le côté animal avec des pates mécaniques, mais surtout l’intelligence artificielle et l’humour qui va avec comme le mode « mise à mort instantané ». Même côté ambiance on essaye de se la jouer Transformers. Ahurissant comment pas une once d’idée neuve ne pointera le bout de son nez. Juste lamentable, honteux. La lassitude des grosses bastons full CGI atteint aussi son paroxysme, et même le style hispanique est juste racoleur et tellement stéréotypé que s’en est immédiatement intenable. Si le film était sorti il y a 15 ans, peut-être que le genre super-héroïque pas encore totalement éculé l’aurait sauvé, mais là c’est un tel pot pourri de recyclage que c’en est difficilement supportable.

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Oppenheimer


Oppenheimer
2023
Christopher Nolan

Nous y voilà : l’un des plus gros événement cinématographique de l’année, le biopic de trois heures sur l’inventeur de l’arme nucléaire qui a frôlé le milliard au box-office. Un prodige dû principalement à son réalisateur, Christopher Nolan, qui a assurément su se forger la réputation d’être le plus grand cinéaste actuel, voir le plus grand de tous les temps. L’homme qui a sauvé le cinéma du Covid avec Tenet, son film qui m’a pourtant le moins convaincu personnellement, car derrière son imagerie exceptionnelle, un casting incroyable et un concept fort censé retourner le cerveau se cachait une histoire banale à souhait, voir un peu bancale. Mais le revoilà en bien belle forme, à défaut de spécialement marquer l’histoire.

Le film retrace le parcours de Robert Oppenheimer (Cillian Murphy), le scientifique qui se sera vu confier le projet Manhattan, cette course contre les allemands pendant la Seconde Guerre Mondiale pour être les premiers à concevoir une bombe nucléaire. Outre le projet et comment il est devenu un scientifique de renom à qui l’on confie le sort de l’humanité, l’histoire se focalisera aussi sur le tribunal militaire visant à le destituer de ses privilèges administratifs et salir sa réputation.

Passons rapidement sur les évidences propres au cinéma de Nolan : oui, le film est époustouflant, très bien rythmé malgré les trois heures au compteur, la gestion du suspense est maîtrisée et joue avec le fait que l’histoire est connue de tous, s’attardant donc plus sur les à côtés, le comment du pourquoi. Tâchons aussi de citer les noms les plus illustres figurant à ce casting débilement légendaire : Robert Downey Jr., Matt Damon, Emily Blunt, Florence Pugh, Josh Harnett, Casey Affleck, Rami Malek, Jason Clarke, Kenneth Branagh, Alden Ehrenreich, Gustaf Skarsgard, Dane DeHaan, Gary Oldman, Devon Bostick, Olivia Thirlby ou encore Alex Wolff. Tout le monde n’arrivera pas à vivre avec tant de personnages et d’illustres acteurs, mais la plupart auront leur moment d’importance, et dans l’ensemble les performances sont excellentes, notamment Robert Downey Jr. dont le rôle est le second plus important du film et qui prouve que son jeu ne se limite pas à jouer les playboys comiques. Le scénario est bien ficelé, prenant, permettant de raconter l’envers du décor de la grande histoire.

Passons maintenant aux quelques réticences qui en font un excellent film, mais pas un chef d’œuvre absolu. Si la musique est impressionnante, elle fera parti des moins marquantes de Ludwig Göransson, et son utilisation, de même que le son en général, est assez balourd, voulant trop rythmer le film de manière épique sans que cela ne soit forcément justifié. Le scénario, bien que très bon, souffre de cette même maladresse, cherchant à ériger un mythe ayant le poids du monde sur ses épaules, et non à raconter l’histoire d’un homme. A l’image de la toute dernière scène : c’est classe, mais un peu grandiloquant. On pourrait faire la même réflexion sur la réalisation avec le choix des passages en noir et blanc pour les scènes dans l’époque la plus proche de nous. Déjà dans l’imaginaire collectif c’est une connerie, on devrait plutôt avoir du noir et blanc pour les passages les plus anciens, pas les plus récents. Mais en réalité c’est pour déjà limiter le plus possible l’usage du noir et blanc, car plus on se rapproche du croisement des timeline plus le présent rattrape la couleur, et c’est surtout prendre le spectateur pour un con, incapable de comprendre autrement que l’action se déroule sur plusieurs époques. De plus, l’aspect politique est un peu moins intéressant malgré quelques twists bien sentis, et clairement le film aurait été encore meilleur sans avec une durée plus proche voir en dessous des deux heures. Un immense film très réussi, mais qui aurait gagné à plus de sobriété en fin de compte.

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