Meurtres sans ordonnance


Meurtres sans ordonnance
2022
Tobias Lindholm

En voilà un sujet important ! Un infirmer qui abuse de sa position pour donner libre court à ses pulsions meurtrières ! Comment, pourquoi, dans quelles propensions ? Car oui, cette production Netflix est tirée d’une histoire vraie, de quoi attiser d’autant plus la curiosité.

On suivra l’hôpital de trop dans la carrière de meurtrier de l’ombre de Charlie EnCullen (Eddie Redmayne), qui trouvera un établissement parfait pour lui : une direction cherchant à tous prix à éviter les vagues, quitte à le couvrir, et une collègue (Jessica Chastain) aussi sexy que fragile, et donc manipulable. Mais quand la police va vouloir commencer une enquête, les choses vont enfin se bouger.

Comment dire… C’est chiant et raté. Chiant parce que le rythme est atroce, qu’il ne se passe pas grand chose, pour ainsi dire rien, aucun meurtre en direct, que du vicelard en hors champ, pour un suspens inexistant. Car si ce n’étaient que des accidents, alors quel aurait été l’intérêt d’en faire un argument marketing si tout n’est que vent ? Raté parce qu’on sait d’emblée de quoi il s’agit, et on attend péniblement pendant deux heures que les protagonistes tirent des conclusions évidentes dès les cinq premières minutes. Seule la performance de pétage de câble vaut le détour, mais une scène ne saurait sauver un film à elle seule. Un ennui aussi massif que le sujet aurait pu être macabrement passionnant.

 

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Astérix & Obélix : le Combat des Chefs


Astérix & Obélix : le Combat des Chefs
2025
Alain Chabat

Si un point fait à peu près consensus au niveau des adaptations live du petit gaulois moustachu, c’est que la seule « bonne » est celle d’Alain Chabat, Mission Cléopâtre, alors même que la fidélité au matériau de base est plus que limitée. L’idée de le voir revenir dans cet univers était pour beaucoup gageur, bien que personnellement, reprendre le style 3D des films d’animation d’Alexandre Astier (qui fait un petit rôle vocal) ne m’emballait pas des masses.

Comme dans les trois quart des Astérix, l’histoire est peu ou prou la même : César veut annexer le dernier village d’irréductibles gaulois, qui se reposent un peu trop sur leur potion magique sans laquelle ils auraient été balayés depuis longtemps. Cette fois l’empereur a un nouveau plan en ramenant la tradition du combat des chefs où un chef gaulois colonisé va représenter Rome pour renverser le dernier village. Seul hic, la potion magique qui rend impossible la confrontation. Il va donc falloir mettre un termes aux agissements du druide !

Etonnamment vu Mission Cléopâtre, on tient là de très loin l’adaptation la plus fidèle à la bande dessinée : jeux de mots foireux, brisage de quatrième mur et anachronismes phénoménaux, le tout dans le but de dresser le plus possibles de parallèles avec notre époque contemporaine. Et il faut dire que ça marche globalement très bien : une grande générosité de propositions, et dans le lot la plupart font mouche. J’ai notamment retenu le « – 50 avant quoi ? », l’histoire du climat et quelques anachronismes des speakers sympathiques, et même un personnage aussi insupportable sur le papier comme Metadata passe finalement assez bien. Il faut dire que le casting vocal de fou furieux aide pas mal : Gilles Lellouche est tellement bon en Obélix que j’aurais presque envie de tenter la purge de 2023, on retrouvera aussi Anaïs Demoustier, Laurent Lafitte, Thierry Lhermitte (lui aussi vraiment incroyable en Panoramix, idée à creuser), Jean-Pascal Zadi, Fred Testot, Géraldine Nakache, Jérome Commandeur, Grégory Gadebois, David Marsais et Grégoire Ludig. Pour quelqu’un qui n’aime pas tellement la BD de base, c’est presque miraculeux d’avoir autant apprécié cette « série », qui tient surtout du film d’animation classique, car avec un générique de 10 minutes à chacun des cinq épisodes, au cumulé la série fait tout juste 1h40. Après, rien de révolutionnaire ni dans la technique – certes joli pour de la série TV – ni dans son histoire, mais pour ce qu’on attendrait d’un Astérix, difficile d’imaginer tellement plus.

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Les Lignes courbes de Dieu


Les Lignes courbes de Dieu
2022
Oriol Paulo

Trois films, trois très grandes réussites : jusqu’alors la carrière de réalisateur d’Oriol Paulo était un sans faute, pour ma part que des quatre étoiles, et j’avais donc hâte de découvrir son quatrième film. Pourquoi seulement maintenant alors ? Plus de 2h30 au compteur, c’est une durée qui se cale bien moins facilement dans une soirée, et qui surtout incite à la méfiance.

Que s’est-il réellement passé dans l’hôpital psychiatrique ? Contacté par le père d’un pensionnaire incrédule face à l’annonce du suicide de son fils, une détective privée va mettre en scène sa demande d’internement pour infiltrer l’asile et enquêter de l’intérieur.

Quand on pense enquête et asile, isolé de surcroit, on pense immédiatement à Shutter Island, et pour ma part plus encore Stonehearst Asylum, encore plus abouti je trouve. Malheureusement, les comparaisons font mal : le cadre est moins fou ou travaillé qu’une île, le casting est bien moins prestigieux et efficace, et l’histoire – certes retors et réussie sur bien des points – restera un gros cran en dessous des deux susnommés. Déjà la pirouette scénaristique reposant sur un montage factice devient vite évidente de par les incohérences engendrées, et aucune des révélations n’en est vraiment une tant l’histoire, malgré tous ses embranchements, multitudes de personnages et pistes, est en réalité limpide de bout en bout. Le réalisateur nous avait habitué à de vrais twists d’envergure, des fins nous laissant bouche bée, ce qui clairement ne sera pas le cas ici. Et c’était évident avec une telle durée, mais le film est trop long, notamment avec l’histoire de mère des jumeaux, qui n’ira juste nulle part. Pas vraiment satisfaisant…

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Palm Springs


Palm Springs
2021
Max Barbakow

Ah le temps, ce tsunami inarrêtable balayant tout sur son passage, semant mort, chaos et désolation en attendant sa propre fin. Être conscient de sa finalité, l’humain a depuis toujours fantasmé sur la capacité de la volonté à faire plier cette dimension intangible, et pourquoi pas se prendre à rêver des possibilité alors infinies s’offrant à nous.

Suivant jusqu’alors une petite vie minable, Nyles (Andy Samberg) va tomber dans une boucle temporelle, revivant inlassablement un mariage lambda où son infidèle de copine l’avait convié. Un enfer ? Pas du tout, c’est l’excuse qu’il avait attendu toute sa vie pour enfin ne faire que profiter et s’amuser sans se préoccuper d’un lendemain qui n’arrivera jamais. Seulement voilà, après avoir accidentellement poussé un convive (J.K. Simmons) dans ladite boucle, créant déjà pas mal d’ennuis, son petit ilot paradisiaque va se retrouver carrément chambouler par la sœur de la mariée (Cristin Milioti), qui ne va pas du tout avoir la même approche de cette boucle temporelle.

Si on omet le fait qu’être isolé en Australie me frustrerais pas mal à la longue (impossibilité d’avoir accès rapidement à un immense catalogue culturel, alors qu’à domicile pas mal de jeux pourraient être bouclés en 24h et que ce soit en films, séries, livres à découvrir, il y en aurait pour des siècles), qui ne serait pas absolument ravi de se retrouver dans cette situation ? Tous les problèmes du monde disparaissent : santé, vieillesse, pauvreté, manque de temps, spectre de la mort, peur des conséquences, peur de la vacuité, plus rien ne nous entraverait. On a rarement vu un problème cristalliser autant de solutions. Et pourtant… Si le film s’en amuse à la Un jour sans fin, la puissance comique ou même émotionnelle sera bien moindre. Manque d’envergure, une folie à peine effleurée pour une comédie romantique tout juste sympathique, visant juste quelques fois, mais peinant globalement à trouver des idées vraiment originales. Une thématique bien trop gageure, faisant qu’un honnête divertissement ne peut qu’être une immense déception.

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Fall


Fall
2022
Scott Mann

Certes tout petit budget à 3M$, ce high-concept de survie vertigineuse n’a pas non plus surperformé outre mesure avec 21 M$ dans le monde, ce qui même avec peu de marketing, n’a probablement pas suffit à générer des bénéfices. Mais depuis le film est arrivé sur Netflix, y faisant un immense carton, au point de carrément commander non pas une, mais deux suites.

Qu’est-ce qui est plus con qu’un sportif ? Un sportif de l’extrême. Ne jurant que par les sensations fortes, Shiloh (Virginia Gardner) Becky (Grace Fulton) et son mari vont  partir gravir une montagne, mais le dernier n’en reviendra pas. Un an plus tard, voyant que Becky n’arrive toujours pas à faire son deuil et alerté de sa santé déclinante par son père (Jeffrey Dean Morgan), Shiloh va la pousser pour une nouvelle aventure de l’extrême : une tour de 600 mètres de haut.

De jeunes écervelées, un lieu isolé, une tour délabrée prévue pour une démolition prochaine, que pourrait-il mal se passer ? En vrai il y aurait eu toutes les raisons du monde pour que je déteste le film au même titre qu’un The Ledge, mais en fait non. Alors oui, les prémices sont les mêmes : des jeunes cons, du vertige et une survie qui s’annonce mal engagée, mais l’exécution est radicalement différente. Déjà on ne passera pas 45 minutes pitoyables sur un fond vert immonde, tout a été fait en dur, ça se sent, et non seulement l’ascension est sous tension extrême, mais en plus le film aura moult idée intéressantes pour dynamiser son récit et créer de la surprise autour d’événements à venir. On retient son souffle tout du long, preuve que le concept marche, que le rythme est bon et la mise en scène efficace. Alors oui, on n’échappera pas à quelques aberrations, comme le fait de ne pas avoir tenté d’accrocher le téléphone au drone. On est loin de l’imagination / intelligence d’un Nowhere, mais ça reste plutôt au dessus de la mêlée. A voir si les suites pourront proposer des choses encore plus folles, en priant pour éviter les carnages à la The Descent 2, contre référence absolue en la matière.

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Les Filles du Docteur March


Les Filles du Docteur March
2020
Greta Gerwig

Monument de la littérature, et tout particulièrement de la littérature féministe à une époque où les autrices étaient pour ainsi dire inexistantes, le livre de Louisa May Alcott a connu une pléthore d’adaptations, dont la plus connu était à ce jour celle des années 90 où MJ finie avec Batman. Ceux qui savent savent. Pourquoi en refaire une énième version ? Avec plus de 210 M$ dans le monde, l’argent est une sacrément bonne raison en tous cas.

Se déroulant aux Etats-Unis peu ou prou vers l’époque victorienne, on y suivra les fameuses quatre filles – Jo (Saoirse Ronan), Meg (Emma Watson), Amy (Florence Pugh) et Beth (Eliza Scanlen) – du docteur March (Bob Odenkirk) et sa femme (Laura Dern). Une vie entre oisiveté, mondanités (incluant Meryl Streep et Chris Cooper) et amours (Timothée Chalamet, Louis Garrel et James Norton).

Le problème avec toutes ces dramaturgies d’époque, c’est que Downton Abbey est passée par là et a tout ringardisé ce qui se faisait jusqu’alors en poussant tous les curseurs au maximum. Comment ne pas trouver en comparaison assez molle cette histoire de sœurs qui se chamaillent et se cherchent dans un monde où leur seul avenir est de faire un bon mariage ? Alors oui, le casting est incroyable, le travail de décors et costumes (seul point récompensé aux Oscars malgré une dizaine de nominations) est très bon, et visiblement vu l’énorme succès du film le travail d’adaptation est à saluer et les fans ont répondu présent. Mais ne pourrait-on pas passer à autre chose ? Le film est somme toute sympathique et réussi, mais ne pourrait-on pas laisser ses œuvres au passé, gardant l’attrait des précédentes adaptations, et peut-être se tourner vers le présent / futur ? Rien qu’en France sur l’année 2024, 67 000 livres ont été publiés ! Il faudrait déjà un siècle pour tous les adapter, ou alors ne prendre que les 1 meilleurs % à adapter d’une année sur l’autre. A méditer.

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Ravage


Ravage
2025
Gareth Evans

Connu surtout pour son diptyque indonésiens The Raid, où j’avais si peu accroché que j’avais abandonné en cours de route, le réalisateur était donc reconnu comme un maître de l’action. Et sa tombe bien, car après une tentative à priori ratée dans le cinéma horrifique, le revoilà dans son genre de prédilection, prêt à casser des bouches. Alors oui, mais il faut aussi penser à écrire un scénario.

Flic ripou magouillant dans les combines de son pote Vincent (Timothy Olyphant), Walker (Tom Hardy) va devoir sortir son ripou de maire (Forest Whitaker) de la merde : son fils est soupçonné d’avoir participé à une fusillade où est mort le fils d’une importante mafieuse, qui réclame vengeance.

Le scénario est aussi usant qu’anecdotique : en gros tout le monde est pourri et cherche à couvrir ses arrières ou à tuer quelqu’un, point barre. L’écriture est minimaliste, et c’est un problème quand l’équilibre en devient mauvais. On démarre direct par une grosse scène d’action, mais le souci c’est qu’on s’en fout : on ne sait ni qui sont les gens impliqués, ni quels sont les enjeux, donc l’implication émotionnelle est inexistante. Et plus le film avance plus on comprend l’absence de développement des personnages. A quoi bon si c’est pour finir massacré deux minutes après ? Car oui, si on ne peut pas enlever une qualité au film, c’est sa générosité dans l’action et la violence. Ca bombarde quasi non stop tout du long, avec un vrai sens de la mise en scène et de l’inventivité concernant l’utilisation des objets et de l’environnement. Du pur divertissement complètement vide en somme, donc ça se regarde sans déplaisir, mais avec tout de même l’impression d’avoir perdu son temps.

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Crash Landing on You


Crash Landing on You
2019
Lee Jeong-hyo, Park Ji-eun

Si certains ont attendu l’effet de moutonnerie autour de la première saison de Squid Game pour s’intéresser à la culture sud-coréenne, ses œuvres culturelles sont il est vrai cantonnées au cinéma dans l’esprit des occidentaux, alors qu’un genre à part entière occupe chez eux une part primordiale : les K-Drama. Il va s’agir ici d’un bien spécifique, car propulsé comme le plus populaire du genre à sa sortie, faisant écho aux soaps des années 90-2000 avec l’amour au centre de tout, comme notamment Le Destin de Lisa. Mais la comparaison s’arrête là, ni les moyens ni les méthodes de consommation n’étant les mêmes de nos jours, proposant quel que chose de bien moins feuilletonnant avec 16 épisodes, bien qu’on pourrait parler de 16 films puisque la durée classique d’un épisode est d’environ 1h20, avec rarement moins et souvent plus, le dernier frôlant les deux heures.

Qui a-t-il de plus amour impossible qu’entre deux personnes des deux Corées ? Yoon Se-ri (Ye-jin Son), une riche entrepreneuse à la tête d’un empire du cosmétique et qui s’apprête également à reprendre la multinationale familiale, va avoir un accident de parapente, et prise dans une tempête, elle va atterrir dans l’endroit le plus dangereux au monde pour elle : la Corée du Nord. Et pourtant, ce sera la meilleure chose de sa vie, puisqu’elle y rencontrera Ri Jeong-hyeok (Hyun Bin), un capitaine de l’armée nord-coréenne, mais qui va décider de la protéger et de l’aider à retourner en toute sécurité chez elle.

Outre le fait de nous proposer une grande aventure en zone inconnue (et quelque peu fantasmée tant la Corée du Nord est un embargo tel qu’on ne sait que très peu de choses sur le pays, ses habitants et leur mode de vie), la série est vraiment d’une écriture remarquable. Déjà on notera une réelle bienveillance envers leurs camarades nordiques, louant leur style de vie certes rudimentaire, voir limité, mais se construisant autour d’une simplicité, d’une force de communauté et aux valeurs saines. Des dérives surviennent, indéniablement, mais c’est avant tout la cupidité qui est source de problèmes. Mais bien sûr, ce qui fait assurément la force de la série, c’est avant tout les personnages, tous géniaux à leurs façons, surtout au Nord. Les femmes du villages sont aussi drôles que touchantes, sournoises, vicieuses, effrayantes, mais au fond solidaires et fragiles. Impossible de tous les énumérer, mais le quatuor d’escouade (le BG, le jeune, la tronche improbable fan de K-drama et leur chef impayable) est une force comique de chaque instant, débordant de gentillesse, de malice, et capables de redonner instantanément le sourire. A l’inverse, la « balance » est une victime du système, montrant l’aliénation au travail, le sacrifice de soi, et son évolution est bouleversante, d’autant que son interprète arrive à lui donner une intensité folle. Et comment ne pas citer le vrai couple de la série, Dan et Gu ? Une quasi princesse snob, dévoilant toute la fragilité de son cœur face à un voyou décrié, escroc de bas étage qui en réalité est le plus noble et droit de tous ? C’est d’ailleurs là le principal défaut de la série, car au fond c’est assurément le couple principal le moins intéressant parmi tous ces personnages hauts en couleur. Lui fait un peu trop l’armoire à glace sans émotion, et elle joue aux pourries gâtées et en fait des caisses, papillonnant maladivement des yeux. Il faudra attendre la toute fin pour que les acteurs aillent un peu plus loin que ça, avec à la clé pas mal de frustrations. Néanmoins, il est beau de se dire que la réalité a dépassé la fiction et que trois ans après, les deux acteurs principaux se sont mariés. Une belle aventure qu’on aurait aimé voir se prolonger tant l’on aura prit plaisir à suivre leurs péripéties, et je garderais longtemps en mémoire ces intenses moments de vie.

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Steel Rain


Steel Rain
2017
Yang Woo-seok

Une langue commune, deux pays qui avant n’en faisaient qu’un, les deux Corées sont aujourd’hui deux opposés que tout rebute : le Nord défend ses valeurs communistes de partage, de droiture et d’unité, conspuant la décadence et l’ultra capitalisme du Sud ayant cédé aux sirènes de la mondialisation, y perdant son identité au profit d’une liberté consumériste. Pourraient-elles encore s’entraider ?

Film d’anticipation, le long-métrage va cristalliser une inquiétude encore palpable aujourd’hui : une guerre entre les deux Corées. D’un côté, on suivra Eom (Jung Woo-Sung), un soldat nord-coréen ayant assisté incrédule à un coup d’état dans son pays, fuyant vers le Sud avec son leader suprême. De l’autre, on suivra Kwak (Kwak Do-Won), le conseiller du président sud-coréen sortant qui dans les derniers jours de son mandat va devoir gérer une déclaration de guerre de son voisin nordique.

Outre la puissance de la thématique, le film est une grande réussite sur pratiquement tous les tableaux. Jeu d’équilibrisme passé avec une immense maîtrise, le film arrive à défendre chacun des deux camps, à valoriser chacune des deux cultures sans tomber dans la critique facile de la dictature qui semble en fait être plus culturelle / éducative que liberticide. Ensuite, cette opposition permet à un certes classique mais efficace budy movie de voir le jour, créant un duo aussi comique que attachant autour de cette réunification à échelle humaine. Le complot est évident, mais l’ensemble tient la route, porté par de solides séquences d’action et des enjeux planétaires. On sent même une production d’envergure, à la mesure de ce qu’une telle histoire mérite. Pour autant, le film n’est pas exempt de longueurs, et l’histoire est globalement sur une autoroute pas bien fine. J’aurais aimé m’enthousiasmer d’avantage, mais on restera sur un simple bon divertissement.

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Revelations


Revelations
2025
Sang-Ho Yeon

Lui qui avait signé à l’époque le plus gros succès de l’histoire de la Corée du Sud, le réalisateur du Dernier train pour Busan a depuis succombé aux sirènes de Netflix à qui il doit quatre de ses cinq derniers films, ainsi qu’une série. Seule exception ? La suite catastrophique de son grand succès, et visiblement, hormis légèrement sa série, il semblerait que sa carrière n’ait rien de très brillante.

Ils sont partout ! Dans les villes, dans nos campagnes, et même en Corée ! Même eux ont droit aux fameux témoins de Jehova. Lorsqu’un pasteur va apprendre la disparition de son fils, il va immédiatement penser au criminel poursuivant une petite fille la veille, allant jusqu’à le confronter et le jeter d’une falaise. Seulement voilà, son fils était en fait chez un ami, et le corps de celui qu’il pense avoir tué a à son tour disparu.

Entre traumatismes, délinquance, récidivisme, enquête et religion, le film brasse de nombreux sujets, mais n’en traite aucun convenablement. Si l’acteur du « monstre » est parfaitement choisi avec sa tronche de gros pervers, son passé ne sera pas expliqué outre mesure, et on ne montre jamais frontalement sa monstruosité : aucune torture montrée, et il semble même n’avoir au final aucun sang sur les mains. Côté enquête, sa ronronne nonchalamment, suivant son cours de façon prévisible, et le traitement sur la religion ne s’en sort pas tellement mieux, étant même limite incohérente. Entre confirmation puis rejet, le point de vue est inconsistant. Le potentiel était là, et en démarrant le film je partais confiant avec de telles bases, mais le bilan est très décevant. On pourrait même dire plus globalement que le film est complètement édulcoré, carrément tiède, restant continuellement à la surface des choses, sans jamais n’assumer aucune radicalité.

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