Le Coq du Régiment

Le Coq du Régiment
1933
Maurice Cammage

Expression passée dans le langage courant et désignant un sacré coureur de jupons, le fameux « Coq du Régiment » nous vient donc de cette comédie d’entre guerres où apparaissait déjà un jeune Fernandel, encore loin d’avoir appréhendé toute la mesure de son potentiel, se contentant d’un rôle de faire-valoir ni très valorisant ni très inspiré.

Séducteur insatiable, le lieutenant Lucien Lavirette avait surpris son monde en se mariant, pensant qu’il avait changé, mais il n’en était rien. Même en lendemain de son mariage il n’aura ni respect ni remords, reprenant de plus belle la chasse à la donzelle. Seulement cette fois sa dernière proie va le mettre dans de beaux draps. Suite à un concours de circonstances, il va se retrouver à se faire passer pour son « ami » Medard (Fernandel), simple troufion, embourbé dans une accumulation de mensonges l’amenant à déserter contre son gré tout en étant au service de celui qui le cherche sans qu’il ne le sache, le tout avec sa femme et deux maîtresses à ses trousses.

Voilà un vaudeville assez classique, plein de quiproquos et situations farfelues et rocambolesques. Pas grand monde ne se posera de bonnes questions et si un seul protagoniste avait ne serait-ce qu’un QI de 60, tout tomberait à l’eau tant les fils sont énormes. Pour peu qu’on ne se pose absolument aucune question, on pourra éventuellement sourire deux trois fois malgré le jeu assez atroce de la plupart des acteurs et actrices (surtout la sœur, mon dieu quelle cagole !), mais dès qu’on rentre dans l’analyse tout s’écroule et devient même néfaste. Déjà, à partir du moment où le stratagème responsable du quiproquo a échoué, pourquoi avoir persisté au lieu d’expliquer simplement ? Sans le côté mufle bien sûr, il faut savoir couvrir ses arrières. En parlant de se couvrir, quelle est dont cette morale ? Oh oui, on peut tromper sans conséquences ? Au mieux c’est maladroit, au pire c’est malsain, même pour l’époque. Et pour rester dans l’irrespect le plus flagrant, Lavirette et Medard sont amis ? Vraiment ? Pour des « frères de lait », on a rarement vu de tels rapports maître / esclave. L’aspect comique est donc léger, et tout le reste oscille entre maladresse et faute de goût. Même pour les fans du cheval marseillais, l’intérêt n’y est pas.

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Le Grand Bazar

Le Grand Bazar
1973
Claude Zidi

Bande extrêmement variable qui a connu son lot de va-et-viens, touche à tout en faisant aussi bien de la chanson, du théâtre, du cinéma ou de la télévision, la bande des Charlots a marqué sa génération, mais quand est-il des autres ? Qui se souvient encore d’eux aujourd’hui ? Qui n’a ne serait-ce qu’entendu parler d’eux dans les deux dernières décennies ? Dans ce contexte de découverte totale, ignorant tout de leur univers et de leur style, l’occasion était parfaite pour avoir un avis le plus neutre possible. À l’instar des Nulles ou des Inconnus, méritent-ils de traverser les ages ? Verdict.

Campant une bande de bras cassés vivants dans une barre HLM chez leurs parents et travaillant à l’usine, Jean, Patrick, Fil et Gérard (Les Charlots) vont faire la connerie de trop au boulot, mettant plus le bazar qu’autre chose. Tenant un bar-épicerie en ville, leur ami Emile (Michel Galabru) va tenter de leur venir en aide, mais c’est finalement lui qui va avoir besoin d’aide : un immense supermarché (dirigé par Michel Serrault) va s’implanter juste en face de son commerce, menaçant son humble magasin de fermeture.

Le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils ne font pas dans la finesse. On est sur du gag de bande-dessinée où des voitures se séparent en deux pour suivre deux pistes, où un gars est tellement chargé que ce qu’il porte fait près de dix mètres de haut, un autre qui transporte plusieurs tonnes de bouteilles sur une pauvre mobylette qui n’en demandait pas tant, et la liste est longue. C’est grand-guignolesques, parfois dans le bon sens du terme, des fois l’abus est trop gros ou maladroit pour faire rire. Dans l’ensemble c’est de la comédie potache qui ne se prend pas au sérieux, cherchant à divertir en dénonçant au passage la mort des petits commerces causées par le développement de grosses franchises. Pour peu qu’on soit bon public il y a de quoi passer un bon moment, mais beaucoup trouveront que ça cabotine et que l’humour est aberrant.

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Black Panther

Black Panther
2018
Ryan Coogler

Présenté il y a deux ans dans Civil War, le personnage de Black Panther arrive avec son film solo, visiblement sacrément attendu. Alors que je le voyais présenter les premiers signes inquiétants de fatigue du MCU sur la base de sa bande-annonce, il a explosé tous les records à sa sortie et continue de les pulvériser. Après avoir signé le quatrième meilleur démarrage des tous les temps aux Etats-Unis en dépassant les 200 M$ en seulement trois jours, son maintient est encore plus remarquable, se hissant à la seconde marche du podium des meilleures secondes semaines. En dix jours la barre des 700 M$ dans le monde était déjà atteinte, et le milliard ne se fera pas prier très longtemps avec probablement entre 1,2 et 1,4 milliards à l’arrivée. Un engouement ahurissant, à tel point qu’à domicile le film est déjà assuré de battre le record du MCU, à savoir les 623 M$ du premier Avengers. Seulement quand je jette un coup d’œil à la filmographie du réalisateur, ses deux premiers films ne sont pas matière à rassurer : Fruitvale Station est l’un des pires films que j’ai jamais vu tandis que Creed m’a largement frustré à me raconter une histoire ennuyeuse portée par un personnage détestable. La communauté noire est-elle si forte que ça ou le film a-t-il étonnement de réelle qualités ?

Suite aux événements de Civil War, T’Challa / Black Panther (Chadwick Boseman) a perdu son père. Se faisant, le pays du Wakanda se retrouvait sans dirigeant et T’Challa a naturellement hérité du pouvoir et du trône de son père, bien que cela nécessite de passer par un rituel au cours duquel les cinq tribus du Wakanda peuvent opposer au successeur légitime un concurrent, suite à quoi le pouvoir du Black Panther est retiré de son propriétaire et rendu au vainqueur. Pour sa première grande mesure en tant que roi, T’Challa va ambitionner de mettre un terme aux agissements de Ulysse Klaue (Andy Serkis), un trafiquant qui a volé du Vibranium au Wakanda il y a des années. Seulement pendant ce temps, son cousin caché Killmonger (Michael B. Jordan) va comploter contre lui pour lui reprendre le pouvoir.

Le peuple noir est-il à ce point égocentrique, arrogant et dédaigneux ? Le personnage de Killmonger, et bien d’autres qui partagent ses positions, représente un mal qui semble aussi profond que la Shoah pour les juifs. Même les moins intégristes appellent l’agent du gouvernement campé par Martin Freeman le « colon », sous-entendu que tous les blancs sont des colonialistes. Le film est donc représentatif de cette haine anti-blanc, ce racisme viscéral qui oppose deux peuples à cause du souvenir de l’esclavagisme que pourtant plus personne n’a connu de nos jours. On pourrait débattre de la place des ethnies au niveau sociétale, au même titre que les femmes qui occupent des postes globalement moins prestigieux, mais quel est l’intérêt ? Est-il encore si primordial de nous rabâcher sans cesse ces fautes du passé ? Oui, la discrimination existe toujours, mais face à une haine si manifeste de l’autre côté on voit mal comment s’en prémunir, et le film est stérile au débat. Il ne fait que cracher sur un état de fait avec ardeur et méprit sans chercher à évoluer soi-même. Donc pour répondre sur l’aspect communautaire du film, oui, il est indéniable et nuis gravement à l’œuvre tant elle la marque et l’abîme. Et malheureusement tout le scénario est soit basé sur ce racisme anti-blanc, soit sur une banale guerre fratricide pour le trône. Certains personnages comme Klaue sont traités avec mépris et n’ont pas le développement qu’ils mériteraient, et la plupart des autres sont des clichés ambulants entre la gazelle aguicheuse (Lupita Nyong’o), la guerrière furieuse (Danai Gurira) à l’esprit très étriqué – c’est mon roi, je le suis, point barre -, le génie précoce qui bricole les nouvelles technologies (Letitia Wright) le traître sur patte (Daniel Kaluuya, dont la blague de sa nomination aux Oscars m’exaspère) qui retourne sa veste dans un manque de respect ahurissant, ou encore Forest Whitaker qui vient cachetonner. Nan franchement je vois pas comment le décrire autrement. Une écriture minimaliste, grotesque et presque nocive pour son aspect communautaire sectaire, et pourtant le film a tout de même bien des qualités.

Déjà pour ce qui est des personnages, le héros confirme son charisme naturel pressenti avec Civil War, sa sœur est une bonne surprise et j’aurais tellement aimé la voir développer une romance surprenante avec Martin Freeman, qui pour sa part est peut-être le meilleur personnage du film. Seul blanc réellement présent, il sera la seule vraie touche d’humour et offrira une connexion amicale avec le reste du monde et c’est de lui que viendra l’ouverture aux autres. Une faible lumière dans un scénario assez mauvais, mais sur le plan artistique le film rassemblera déjà beaucoup plus. Maîtrisant à la fois le dynamisme des scènes d’action en créant de la proximité, de la fluidité et un fort impact, le réalisateur nous offre aussi des panoramas magnifiques avec une profondeur de champ en Imax assez dingue. Si comme d’habitude avec les Marvel le schéma narratif classique impose un déluge d’effets spéciaux pour le combat final (pitié arrêtez avec cette formule, on en a marre !), globalement le film est moins abusif que la plupart des autres films de super-héros et on sent une réelle volonté d’utiliser le moins possible les fonds verts. Esthétiquement, sans être non plus une claque, le film est donc très réussi et sauve les meubles à défaut d’avoir un vrai fond. Ce 18ème Marvel reste divertissant et assure le spectacle autant que les autres, mais difficile de lui pardonner une forme aussi classique, son scénario anecdotique mais surtout ses messages idéologiques visant à diviser notre société.

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La Forme de l’eau

La Forme de l’eau
2018
Guillermo del Toro

Alors que dimanche prochain se tiendra la prochaine cérémonie des Oscars, l’un de ses plus sérieux candidats, détenant le record de nominations (13 catégories), vient enfin de débarquer en France, l’occasion de vérifier si tout le tapage fait autour du film est justifié. Grand réalisateur qui s’est fait connaître pour les bestiaires sans précédent de ses films, allant à contre-courant des CGI modernes pour proposer des créatures de « cher et d’os » (trucages en maquillage, pas numérique) plus vraies que nature, Guillermo del Toro n’avait jusqu’à présent que peu était reconnu pour son travail. Un tord largement réparé ses dernières semaines entre un Golden Globes et un BAFTA du meilleur réalisateur pour ce film, et l’Oscar lui tend les bras. Jusqu’à présent n’ayant que le magnifique mais atroce Labyrinthe de Pan à son actif comme film original en dehors du décevant Crimson Peak, le reste étant des blockbusters plus ou moins réussis où il n’a pu qu’y insuffler son imaginaire et subissant des scénarios peu glorieux, il s’agissait donc d’une épreuve capitale pour son réalisateur. Est-ce enfin son premier grand chef-d’œuvre ? Malheureusement non.

Orpheline muette qui travaille comme simple femme de ménage dans l’agence spatiale américaine en pleine Guerre Froide au début des années 60, Elisa Esposito (Sally Hawkins) va faire une rencontre qui va changer sa vie. Une créature humanoïde marine va être ramenée dans l’agence où elle travaille pour y être étudiée en vue d’envoyer le premier homme dans l’espace de par la résistance que la bête semble avoir développé. Alors que le directeur en charge des opérations (Michael Shannon) ne le vois que comme un monstre qu’il faut mater, Elisa va se rendre compte de son intelligence et va essayer de communiquer avec lui. Entre deux coups de serpillière, elle va en cachette rendre visite à cette énigmatique chose, développant une certaine amitié avec lui.

Quand on est un réalisateur si atypique qui nous enchante habituellement avec des univers oniriques à l’inspiration incroyable, passer à un film classique qui se vendait pourtant comme une référence en matière de monstre, c’est plutôt décevant. Mes attentes étaient peut-être bien trop grandes pour ce film, mais il n’en reste pas moins que le film a des défauts, et pas qu’un peu. Son histoire est à la fois trop classique et maladroite, racontant une histoire d’amour à la Belle et la Bête souffrant des mêmes facilités d’écritures où comme par hasard tout le monde va mal réagir face à la peur de l’inconnu, créant ainsi des rebondissements attendus et prévisibles. De même, la romance sera extrêmement maladroite dans la mesure où l’évolution est brutale, passant directement de la rencontre à l’amour fou. Du coup de foudre téléphoné certes moins invraisemblable que dans le film de Disney puisque Elisa n’aura jamais peur de la créature, mais face à une telle situation on devrait avoir un minimum d’appréhension de l’autre au préalable. L’autre grand problème de cette romance est aussi purement physique : si Sally Hawkins nous révèle une plastique étonnamment avantageuse, le design du monstre n’est pas exactement le pendant masculin du fantasme ambulant que sont les Asaris, race extraterrestre de Mass Effect. Le film semble d’ailleurs pas mal s’inspirer du jeu puisque si la chose a des airs de la Créature du Lac Noir, elle ressemble surtout à la race des Drell découverte dans le second opus des aventures du commandant Shepard. Le design reste donc de haute facture, mais pas très novateur.

En dehors de cette romance, les thèmes abordés ne sont pas plus intéressants ou originaux, se contentant d’être « utiles ». On retrouve ainsi un gentil russe (Michael Stuhlbarg) pour montrer certaines dérives de Guerre Froide, un adorable voisin (Richard Jenkins) rejeté par la société à cause de son homosexualité, ou encore la copine afro-américaine (Octavia Spencer) pour représenter la minorité ethnique brimée. Du pur consensuel pas forcément dérangeant puisque les acteurs sont excellents et leurs rôles bien écrits, mais on a l’impression que ces stéréotypes sont plus là par « devoir civique » que par volonté artistique. De même, si les efforts pour tout faire le plus possible en dur sont louables, que ce soit les décors ou le monstre, la réalisation n’est pas non plus incroyable. Pas de travelling virevoltant ni de jeu de lumière sublime, juste quelques idées de mise-en-scène et d’ambiance de colorimétrie. La musique est sans doute le point le plus convaincant du film, mélangeant une agréable douceur et une amère mélancolie. Le film n’est en soi pas raté puisque nombre de talents y resplendissent et l’histoire reste sympathique, mais trouver un bon film là où on attendait une œuvre majeure constitue une sacrée déception.

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Le Congrès des belles-mères

Le Congrès des belles-mères
1954
Emile Couzinet

Cliché rendu populaire par le cinéma et la télévision, le coup de la belle-mère détestable avec son gendre a par la suite était rendu mythique par les confrontations amusantes entre Jean-Pierre (Darrin) et Andora dans la célèbre série Ma Sorcière bien-aimée. L’idée d’un film entier basé là dessus pouvait sembler néanmoins rébarbatif, et le voir figurer sur Nanarland n’aidait pas non plus à l’optimisme. Et même là, rien ne pouvait nous y préparer…

Simple servante chez monsieur le baron, Justine a su tirer profit de son physique avantageux (ah bon ???) pour séduire son maître qui a fini par l’épouser, lui léguant ainsi toute sa richesse à sa mort. Acariâtre, égocentrique et misandre, elle se réuni régulièrement avec des amies qui partagent toute la même aversion pour leurs gendres et le genre masculin en général. Pour renverser la position du mâle dominant, elles vont proposer une liste concurrentielle au maire déjà candidat à sa réélection et redoubler d’efforts pour pourrir la vie des hommes.

Habituellement, les armes prennent le relais de la diplomatie quand celle-ci a échoué. Ici, on part sur de la gratuité absolue où des hommes tout ce qu’il y a de plus honnêtes et gentils sont les victimes de l’ambition castratrice d’une mégère, aboutissant à une escalade de représailles d’un côté comme de l’autre où tout est bon pour asseoir sa suprématie. Telle une gangrène qui se répand, cette confrontation n’en fera grandir personne. Aucune évolution psychologique au programme, des positions extrémistes, un jeu d’acteur en pleine roue libre, une démesure dans les gags et la mise-en-scène grand-guignolesque, le tout ponctué par des chansons plus bouche-trou qu’autre chose dont la répétitivité n’a d’égal que son entêtement. Effectivement, tous les ingrédients du nanar sont réunis, ou presque : il manque l’humour, tombant invariablement à plat. À vouloir déterrer de vieux films on peut éventuellement tomber sur une pépite, mais aussi et surtout sur du périmé à oublier.

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Don Camillo en Russie

Don Camillo en Russie
1965
Luigi Comencini

Et voilà, malgré des tentatives de poursuivre l’aventure avec d’autres, voici le dernier volet des aventures d’un certain curé d’un petit village d’Italie où sévissaient d’horribles communistes aux idées dangereuses. Cinq films, cinq fois la même histoire avec à chaque fois les mêmes personnages, les mêmes querelles, le même village. Vraiment ? Eh bien pour la localité, si les épisodes 2 et 4 ont tenté de nous faire croire le temps d’une poignée de minutes que l’action se déroulerait ailleurs, pour ce dernier tour de piste la promesse de varier un peu était écrite dans le titre. Pour au final ressortir encore et toujours le même film avec à chaque fois moins d’inspiration…

Cette fois Peppone (Gino Cervi) et Don Camillo (Fernandel) l’ont bien compris : le bonheur est chez eux et pas ailleurs. Fini les ambitions carriéristes pour flatter l’ego, les voilà tous les deux revenus simples maires et curé de leur bon vieux village. Leur histoire aurait pu s’arrêter là, mais ce serait bien mal connaître leurs opinions politiques qui virent systématiquement au règlement de compte. Pour trancher définitivement la question du bien fondé du système communiste, rien de telle qu’une plongée dans la mère patrie, porte-étendard des valeurs de Peppone. Déguisé en anonyme, Don Camillo va donc l’accompagner en Russie.

Si la saga fait clairement l’éloge du communisme et que nos deux compères s’entendent comme larrons en foire quand la politique est écartée, il est dommage de constater que l’évolution psychologique des personnages est inexistante. Peppone restera du début à la fin un gros bourru ayant du mal à admettre son attachement religieux, tandis que Don Camillo continuera inlassablement de mettre des bâtons dans les roues de son soi-disant « ami » par opposition politique, alors que foncièrement leurs valeurs sont identiques, tout juste peut-il lui reprocher un manque d’assiduité à la messe. Ce dernier film, en dehors de sa dernière scène qui tient plus du gag que de la réelle évolution, ne fera rien avancer, se contentant de confronter encore une fois nos protagonistes à leurs contradictions. Le changement de décor apporte un léger plus avec l’illusion de nouveaux enjeux, mais rares sont les moments intéressants et le rythme est bien trop passif. Le film joue sur les clichés russes entre l’espionnage omniprésent, l’alcool qui tabasse, les femmes superbes et l’apparente liberté quasi dictatoriale, et le résultat oscille entre un léger sourire et une gène totale. C’est bien simple, les seuls bons moments sont ceux au début, avant le grand voyage, notamment le coup de la bouffe, mais ça reste une bien faible éclaircie au milieu d’une grisaille ennuyeuse. Malgré des personnages attachants campés des acteurs d’une rare justesse dégageant une sympathie totale, le concept tourne en rond depuis le début, plongeant le spectateur dans une lassitude grandissante à chaque volet.

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Don Camillo Monseigneur

Don Camillo Monseigneur
1961
Carmine Gallone

Est-ce enfin le bout du tunnel mon Dieu ? Pas encore mon enfant, encore deux films à supporter avant d’en voir la fin, à moins que le vice ne soit poussé jusqu’à s’infliger la suite non officielle où, pour cause de maladie, le casting original fut changé. Mais il n’en est pas question aujourd’hui ni même demain, car si certaines sagas connaissent parfois un sursaut sur le tard, ça n’est malheureusement pas le cas ici.

Simple citoyen et curé, maire et évêque ou sénateur et monseigneur, le combat reste le même entre Peppone (Gino Cervi) et Don Camillo (Fernandel), chacun défendant corps et âme ses valeurs aux détriment de celles de l’autre, l’église et le communisme se heurtant souvent sur des désaccords fondamentaux. Cette fois, ce qui mettra le feu aux poudres c’est la construction d’une maison communale en lieu et place d’une vieille chapelle. Les tensions vont se raviver de plus belle, et tous les coups seront bons pour gagner.

Que dire à force ? C’est quand même formidable, alors qu’à la fin du dernier film Peppone et Don Camillo s’accordaient à dire que la vie était plus belle dans leur village, on les découvre vivant à Rome, occupant des postes encore plus prestigieux que ceux qu’ils fuyaient. Mais bon, moins de cinq minutes plus tard les revoilà dans leur village à nous pondre les mêmes situations en boucle avec des variations plus infimes que jamais (un mariage relance les prétextes aux bras de fer). Une fournée encore une fois fainéante à outrance, et la lassitude frappe décidément très fort…

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La Grande bagarre de Don Camillo

La Grande bagarre de Don Camillo
1955
Carmine Gallone

Troisième volet de la pentalogie initiée par Le Petit monde de Don Camillo, le film oppose encore et toujours notre bon vieux curé Don Camillo (Fernandel) au maire communiste de son village, Peppone (Gino Cervi), ami de cœur mais ennemi politique. Si déjà l’idée de voir un rouge à la tête de son beau village lui hérissait le poil, cette fois les choses vont aller trop loin : Peppone va se présenter au poste de député. L’ambition de trop pour quelqu’un qui d’après Con Camillo ne méritait déjà pas sa place, et il va alors tout faire pour saboter sa campagne et l’empêcher de se faire élire.

Si Le Retour de Don Camillo avait la malhonnêteté de nous faire croire à ne serait-ce qu’un changement de décors, alors que pas du tout, celui-ci annonce clairement la couleur et s’y tient : on reste éternellement dans les mêmes eaux avec le même conflit apparemment sans fin. La confrontation ne change pas d’un iota, les deux compères restant invariablement sur leurs positions, seuls les situations et les gags diffèrent légèrement. De quoi relancer un chouïa l’intérêt ? Pas tellement, mais à force notre attachement aux personnages est tel qu’on reste là comme devant une série télé qui n’a pas su s’arrêter et qui nous refourgue la même formule jusqu’à plus soif. Une suite encore une fois arriviste, gardant les mêmes qualités et défauts que ses prédécesseurs. Le pire, c’est qu’on en devient un vieux retraité devant son poste à attendre le nouvel épisode de son feuilleton, coupable de récidive au même titre que leurs créateurs.

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Vieux Vidéo #1 Seiken Densetsu 3

RPG mythique de la Super Nintendo pour certains, suite de caractères semblant former des mots sans aucun sens pour d’autre, Seiken Densetsu 3 indiffère plus qu’il ne fascine, et pour cause : sorti il y a 23 ans exclusivement au japon, le jeu s’est doté d’un traduction française amatrice bien des années plus tard alors que plus grand monde ne s’intéressait encore aux jeux 2D. Pourtant, à une époque où la prouesse n’était pas technique mais artistique, certains jeux devraient être érigés au rang de monument du jeu dans l’imaginaire collectif, mais faute d’en avoir entendu parlé ou d’en avoir compris l’ampleur, certains jeux exceptionnels ont sombré dans l’oubli.

Ce mois-ci dans la toute nouvelle émission « Vieux Vidéo », nous nous attaquons donc à Seiken Densetsu 3, œuvre méconnue et qui ne mérite clairement pas de l’être.

https://www.youtube.com/watch?v=T18APN33QaE&t=25s

Si le concept vous plait, n’hésitez pas à manifester votre intérêt en lâchant un pouce bleu, un commentaire bien sympa, partagez la vidéo et abonnez-vous si ça n’est pas encore fait.

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Le Temps d’un week-end

Le Temps d’un week-end
1993
Martin Brest

Il est vrai qu’il y a au moins chaque années cinq ou six nominés à l’Oscar du meilleur film, donc ne serait-ce que sur les six dernières décennies on tape déjà dans les 300 films, ce qui fait une pléthore de probables excellents films desquels nous sommes passé à côté. Bon certes, celui-ci a en prime gagné le prix d’interprétation masculine aux Oscars pour le parrain deuxième génération, mais avec une durée dépassant les 150 minutes et un réalisateur qui n’a plus rien fait depuis deux décennies, l’oubli devient plus évident.

Etudiant dans une prestigieuse prépa, Charlie (Chris O’Donnell) n’est pourtant pas issu de la même haute caste que ses camarades (incluant un jeune, fringuant et charismatique Philip Seymour Hoffman), obligé de cumuler les petits boulots pour se payer son école malgré sa bourse au mérite. Aspirant à passer Noël en famille, il va chercher un autre travail pour se payer un billet d’avion : s’occuper d’un vétéran aveugle (Al Pacino) le temps d’un week-end. De prime abord acariâtre, il va aussi s’avérer ingérable, l’embarquant avec lui dans une escapade bousculant ses considérations sociales et morales.

Le milieu universitaire américain – ou lycée d’ailleurs – m’a toujours fasciné, surtout dans les milieux les plus prestigieux à l’image du Club des empereurs ou du Cercle des poètes disparus. Par pression sociale et scolaire, on pousse de jeunes personnes à s’épuiser à la tâche jusqu’à en devenir fou, perdant peu à peu toutes leurs notions d’humanités, et le choix du film de bousculer allègrement un bûcheur de l’extrême, plus coincé qu’un dignitaire de la couronne britannique, est le genre de claque qui fait du bien. À défaut d’être spécialement originale, cette histoire a le mérite d’aborder des thèmes importants de manière brutale, déstabilisant aussi le spectateur en le confrontant à des personnages difficiles à appréhender ou apprécier. On a d’un côté un pétochard de la pire espèce qui hésite à respirer de peur de déranger, et de l’autre un homme brisé qui se contrefout de tout et tout le monde et qui ne se prive pas de le dire à haute voix, créant bien des malaises. Deux protagonistes en totale opposition, mais qui ont presque tout autant à apprendre l’un de l’autre, et c’est ce mélange qui rend le film si intéressant. Bien sûr, les prestations sont un peu exacerbées, rendant le prix aux Oscars surprenant voir malvenu, de même que le montage aurait mérité quelques coupes tant l’évolution est parfois stagnante, mais pour la puissance des messages, la qualité des dialogues, le film mérite qu’on s’y attarde.

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