Fidelio, l’odyssée d’Alice

Fidelio, l’odyssée d’Alice
2014
Lucie Borleteau

Les Césars ont l’œil a défaut d’avoir d’avoir du nez. Il y a trois ans, à la grande surprise générale, ce film, n’ayant même pas atteint les dix mille entrées malgré une presse très enthousiaste, s’est retrouvé glorifié de deux nominations à la plus importante cérémonie française. Si avec Cannes la légitimité des festivals n’est pas quelque chose sur lequel on est très regardant de par chez nous, l’académie n’a tout de même pas poussé le vice jusqu’à lui offrir un prix. Et puis quoi encore…

Le vrai titre du film aurait dû être « Nymphette sur la croisette » de toute évidence. Technichienne en chaleur sur un bateau, Alice (Ariane Labed) était censée être très amoureuse de son petit ami, mais l’air du large ça creuse, et son appétit à elle est très spécial. En poste sur le Fidélio pour trois mois, elle va se retrouver avec son ex fiancé comme chef, ravivant une ancienne flamme pas tout à fait éteinte. Et puis vous savez ce qu’on dit du feu, ça se propage.

Première séquence première scène de cul : bravo la France. Pourtant loin de faire rêver entre un grain perfectible, une absence de formes et des yeux vides, l’héroïne sera réduit tout le long du film à un simple objet de désir, réduisant elle-même tout le monde au rang d’objet sexuel. Son odyssée n’a rien d’une quelconque quête d’épanouissement personnel, au contraire presque, et rien ne vient bousculer les codes du cinéma ou de la société. L’enquête sur l’ancien membre suicidé aurait pu être intéressant, mais en réalité l’investigation consistera uniquement en la lecture du journal intime du défunt. Pas d’autre intrigue à l’horizon et une lenteur pesante. Navrant.

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Le Manoir

Le Manoir
2017
Tony Datis

Réussir sur Youtube est une chose, mais passer au cinéma est plus que périlleux. Sympathique pour une poignée de minutes, mister N’importe qui avait clairement fait n’importe quoi pour son passage en long-métrage, enchaînant laborieusement les gags dans un recyclage grotesque. Même le collectif du Golden Moustache, comptant parmi les plus ambitieux de la plateforme, s’était en parti cassé les dents avec Les Dissociés. Faire un Scary Movie – franchise qui a réussi l’exploit de ne pas produire un seul épisode regardable – à la française avec des vedettes d’internet laissait donc perplexe, et pour cause.

Une bande de copains (incluant Natoo, Kemar, Mister V et quelque uns qui passent régulièrement dans le Golden Moustache) décident de louer un manoir pour y passer le nouvel an ensemble, un endroit lugubre perdu au milieu de nulle part et où l’itinérance des données n’est pas possible. Bref, le cadre idéal pour que des malheurs arrivent, et c’est bien évidemment exactement ce qu’il va se passer.

Les gens croient que parodier c’est être méta, alors que non. Faire du second degré de second degré, comme avec Scary Scream Movie, ce n’est pas une parodie de parodie, c’est simplement en revenir à la base avec de l’humour débile et sans s’assumer, se protégeant sous couvert de pseudo réflexion critique alors que pas du tout. Ici, on en revient ainsi à du slasher ultra basique qui se cache sous des airs de comédie potache, mais dans potache il y a tache, et celle-ci est terrible. Du putassier pas inspiré, de l’éculé de première et une prévisibilité monstrueuse jusque dans son twist, copiant largement le récent The Boy, qui lui-même n’avait rien inventé. Les seules choses intéressantes sont le casting, parce que c’est toujours sympa de voir des gens qu’on apprécie dans un autre contexte, encore que certains ne sont pas au niveau, et le design du monstre, original et bien flippant. En dehors de ça, l’humour tombe à plat, à part peut-être le sanglier. Scénaristiquement vide, le film ne vaut donc pas mieux que son modèle. Une énorme déception créative.

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Une Nouvelle tradition pour Noël


Une Nouvelle tradition pour Noël
2016
Terry Ingram

Si heureusement notre Nulle bien aimé va y remédier cette année, les films de Noël se font de plus en rare au cinéma et pour combler ce vide des productions d’un nouveau genre ont prit le relais : les téléfilms canadiens. S’il vous arrive de tomber par hasard sur un film célébrant la naissance de Jésus par le biais de la mascotte de Coca-Cola, il y a de très fortes chances que le sirop d’érable ne soit pas loin. Si la fuite est généralement l’option recommandée, il arrive aussi par moment (par accident ?) que mièvrerie, prévisibilité et classicisme ne soient pas synonyme proxénétisme.

Attention, le premier à ne pas deviner comment ça va se terminer a gagné le prix du plus gros noob de l’année. Nouveau dans la ville, Terry, veuf depuis deux ans, va tenter de s’impliquer un peu plus dans la vie scolaire de sa fille, mais en s’attaquant à moderniser le spectacle de Noël il va s’attirer les foudres de Carol, mère divorcée spécialiste du sujet. Entre un sapin maladroitement détruit et un litige sur la bibliothèque du village que Carol veut défendre mais que Terry doit raser pour son travail, devoir se voir pour organiser ledit spectacle va s’annoncer houleux.

Clairement, il ne faut en aucun cas regarder ce genre de film pour son scénario tant les situations sont millénaires et les ficelles mésopotamiennes. Il faut plus le voir comme une itération Noël d’un feel-good movie qu’on a déjà vu un paquet de fois, mais changer de décors c’est sympa des fois. C’est un peu comme une vieille musique qu’on se repasse en boucle : certes, on la connaît par cœur, mais elle n’en reste pas moins agréable à l’occasion. Tout est une question d’emballage, et pour chez nous c’est un très joli doublage qui nous est proposé, même les moins observateurs reconnaîtront la voix de certains des plus grands acteurs et actrices. Si vous êtes en quête d’un peu de douceur dans ce monde de brutes, en voici une occasion très correcte.

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Valérian et la Cité des mille planètes

Valérian et la Cité des mille planètes
2017
Luc Besson

Depuis la sortie d’Avatar en 2009, Luc Besson n’avait qu’une obsession : mettre sur pied un trilogie de SF à l’ambition inédite, explosant le record du plus gros budget jamais alloué à une production française. Avec un budget frôlant la barre des 200 M€ (230 M$ de base, 177 M$ après réduction d’impôts), le film explose en effet tous les compteurs, et les intérêts étaient colossaux pour Europacorp, espérant battre leur record détenu par Lucy qui avec un coût cinq fois moindre avait terminé sa course avec 463 M$ dans le monde. Se basant sur une BD culte de Mézières et Christin apparue en 1967 et dont est directement inspiré Star Wars, l’objectif était presque modeste, mais malgré un casting international, une campagne marketing écrasante, l’un des meilleurs scores de l’année en France et des critiques loin d’être mauvaises, le film n’a même pas atteint les 250 M$ dans le monde. Si John Carter nous a bien apprit une chose, c’est que SF, gros budget et qualité ne suffisent pas à faire un succès. Alors quand en plus un classique devient un simple divertissement…

Bien que les aventures de Valérian (Dane DeHaan) et Laureline (Cara Delevingne) ne se limitent pas à la réalité qui a vu naître le premier, venant elle du moyen-âge et ayant une technologie capable de voyager à travers le temps, leur mission se passera ici au XXVIII° siècle alors que Valérian a reçu une vision d’alerte d’un peuple inconnu et qui n’a apparemment jamais existé : les Pearls. Pourtant, au retour d’une mission, alors que les différents gouvernement de la galaxie s’étaient rassemblé sur Alpha, la cité des mille planètes, des extraterrestres d’origine inconnue identiques aux Pearls de la vision de Valérian vont kidnapper le commandant en chef des humains (Clive Owen).

Il y a plusieurs façons d’être riche scénaristiquement, et clairement le choix a été fait d’alléger au mieux la trame principale pour laisser le temps au spectateur de se familiariser avec un univers colossal. Entre les dizaines d’espèces extraterrestres possédant chacune une culture et un mode de vie spécifique, les centaines de planètes habitées et les huit siècles d’histoire à rattraper, les possibilités sont infinies. Voulant sans doute jouer la carte de la sécurité pour son premier film, Luc Besson a ainsi choisi une simple histoire de complot avec un jeu du chat et de la souris entre les deux principaux protagonistes. Beaucoup seront déçus de voir l’univers aussi peu exploité, esquissant l’extinction d’une civilisation sous un emballage de milice inter-galactique basique, d’autant qu’encore une fois humaine, mais c’est en réalité un choix judicieux puisque cela permet de s’approprier la mythologie en douceur, se laissant porter par l’ambiance. Le film est visuellement dingue, enchaînant les plans magnifiques et les design superbes là où Star Wars affiche des planètes minimalistes et un bestiaire quasi intégralement raté. On échappe pas totalement à l’aspect jeux-vidéo mais c’est globalement très réussi. Les personnages n’ont en revanche rien de mémorable entre un héros trop arrogant, un méchant vide et des guests putassiers (Alain Chabat, Ethan Hawke et Rihanna ne servent absolument à rien), mais Loreline sauve la mise entre ses yeux étourdissants et sa voix suave. Un premier contact solide donc, très loin de son potentiel mais c’était aussi ça le but, prévoyant un développement d’envergure. Le projet de suites n’est pas encore au point mort, alors espérons que les scores au Japon soient bons, mais surtout les ventes de DVD, Blu-ray et démat pour que l’aventure continue.

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Le Royaume interdit

Le Royaume interdit
2008
Rob Minkoff

Parce que les films d’arts-martiaux ça va bien cinq minutes mais rares sont ceux ayant la profondeur d’un Ip Man, j’avais snobé ce film en son temps, loin d’avoir prit la mesure de son potentiel. En mars dernier sortait The Warriors Gate, un film apparemment très inspiré du concept de celui-ci, et comme sa sortie en salle fut marginale et que le DVD n’est toujours pas disponible, je me suis finalement rabattu sur l’original. Finalement non, selon ce que l’on en fait, l’idée n’était pas si bonne.

Américain de 17 ans du XXI° siècle, Jason (Michael Angarano) était passionné de films d’arts-martiaux et connaissait tout de la culture asiatique, passant ses journées à Chinatown dans une boutique spécialisée. Un jour, le gérant du magasin va lui confier une tâche primordiale : ramener un bâton à son propriétaire. De qui s’agit-il ? Nulle autre que le Roi Singe (Jet Li) en personne, personnage mythique du folklore chinois. Jason sera alors téléporté dans la Chine médiévale, à l’époque sous le joug de Jade, le seigneur de la guerre et ennemi juré du Roi Singe. Pour l’aider à rapporter le bâton magique, libérer son propriétaire de son sortilège et sauver le peuple chinois, le moine T’sa-Ho (Jackie Chan) lui prêtera main forte.

Le film vendait clairement du rêve en barre : deux légendes du cinéma d’arts-martiaux réunis pour une plongée dans la fable la plus célèbre de Chine. Mieux encore, le choix narratif pour nous faire vivre cette histoire est le plus immersif possible puisqu’il positionne un héros banal et contemporain qui se retrouve lui-même propulsé dans la grande histoire. Cela donne un côté Karaté Kid au film, et ce n’est pas une mince référence. Seulement trois problèmes majeurs viennent gâcher la fête : trop de combat tue le combat, la téléportation dans l’ancien temps n’a aucun sens et l’histoire qu’on y découvre est décevante. Au lieu de simplement s’imprégner de la culture et de l’ambiance, on nous fait revivre un conte farfelu ponctué de divinités, magie et prophéties sortant de nulle part. C’est ultra stéréotypé, maladroit et confus. On frise par moment le théâtre de guignols. Certains paysages sont magnifiques et le confortable budget permet d’éviter de sombrer totalement dans de la série B caricaturale, mais on en est tout de même pas loin.

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Dragon inside me

Dragon inside me
2017
Indar Dzhendubaev

Tout est dit dans le titre : un dragon à l’intérieur de moi. Le principe du film est basique au possible, s’agissant d’un Twilight-like où le beau et séduisant vampire, qui pourrait bien se jeter sur votre cou, non pas pour l’y déposer un baiser mais pour vous ponctionner « seulement » quelques 7-8 litres de sang, se transforme ici en un dangereux dragon, encore une fois séduisant et tout et tout, et là encore très dangereux puisque pouvant vous broyer, vous éviscérer et même vous brûler vif.

Princesse d’un royaume nordique, Miroslava était promise à Igor, descendant du célèbre tueur de dragon qui avait mit fin à leur existence il y a une centaine d’années. Depuis la mort du soit-disant dernier dragon, plus personne n’avait entonné leur chant, et c’était en fait la véritable raison de leur disparition. Fier de sa lignée, Igor aura l’impudence de faire sonner le chant, rappelant Arman à sa condition de dragon, vivant jusqu’alors reclus dans leur repère secret. Capturant Miroslava lors du cérémonial de son mariage, il était censé la tuer à son retour, mais l’amour possède bien des étranges pouvoirs.

Avant de parler des problèmes inhérents à ce genre de production pour midinettes, il est important de souligner les efforts réalisés car une production russe à 28 M$ de budget affichant des effets-spéciaux solides et même des décors assez jolis, c’est plus que rare. Même en terme de réalisation le film impressionne à plusieurs occasions avec vers la fin une transition absolument dingue entre deux personnes exactement à la même échelle et à la même place dans le cadre suivant la même trajectoire dans deux décors complètement différents mais possédant tout deux des dispositions strictement identiques sur les côtés, comme si on retrouvait un alignement de montagne parfait à plusieurs milliers de kilomètres d’écart, mais là il s’agit du ciel et des falaises et d’un lac et ses berges. Une prouesse de précision sidérante. On a même le droit à une narration parallèle en ombre chinoises, et dieu sait que c’est beau. On aurait envie de s’arrêter là et de dire bravo pour la recherche visuel et artistique, mais un film c’est avant tout une histoire, et bigre qu’elle est mièvre… Une romance téléphonée, une fin devinable avant même que l’histoire ne démarre, des situations clichées au possible et des dialogues navrants malgré des acteurs presque bons. On a beau retourner la question dans tous les sens en saluant l’ambiance viking et la direction artistique sublime, c’est purement du Twilight dans tout ce qu’il a de meilleur et de pire à offrir. Y mettre un dragon ne suffit par voler plus haut.

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Parlons Ciné – Pronostiques 2017-2018

Comme il y a presque quatre ans (voir ici), je retente ma chance en avançant des pronostiques sur les chiffres au box-office des prochains films à venir. Basés sur le calendrier américain, mes pronostiques s’attaquent aux quatre prochains mois, allant de The Shape of the Water débarquant ce 01 décembre jusqu’à Ready Player One qui sort le 30 mars 2018. Pour ceux que ça intéresse, voici mes prédictions en vidéo :

https://www.youtube.com/watch?v=f6QEYxRcCEU&t=25s

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Good Time

Good Time
2017
Ben Safdie, Joshua Safdie

Il semblerait que la plus grande peur d’un acteur soit d’être cantonné au même type de rôle, craignant presque de voir sa carrière basculer à cause d’un trop gros succès qui réduirait ses options. Depuis son rôle de beau-gosse vampire dans Twilight, Robert Pattinson fait son maximum pour détruire son image de gentil garçon, multipliant les rôles de tarés psychopathes, ce qui ironiquement risque de lui coller à la peau. Comme pratiquement tous ses derniers films, celui-ci était lui aussi présenté à Cannes, et même s’il est ressorti avec un simple prix pour sa BO, il n’a laissé personne indifférent. Et clairement il ne pourrait en être autrement.

Quand notre capacité de concentration ne permet pas de se focaliser sur quelque travail que ce soit, il ne reste pas trente-six solutions pour s’en sortir, et c’est dans cette optique que Connie (Robert Pattinson) s’était réorienté comme petit braqueur avec son frère autiste Nick. Seulement alors qu’ils avaient réussi à se faire la malle avec un joli butin, un dispositif de sécurité dans le sac va faire tourner court leur réjouissance, les précipitant dans une course-poursuite avec les forces de l’ordre dont Nick ne s’en sortira pas. Inapte à la vie carcérale classique, il sera passé à tabac par des codétenus et conduit dans un hôpital. Une occasion en or pour Connie de le faire s’évader, mais la nuit ne sera pas de tout repos et rien ne se déroulera comme prévu.

Un truand qui part libérer son frère attardé, ça paraît léger comme scénario, mais en réalité le film est d’une immense richesse et se veut comme une plongée sous adrénaline dans le monde de la nuit. Connie étant lui-même en cavale, aller seul pour secourir son frère est complètement dingue, nous mettant sous tension permanente. Chaque passage est un choc perpétuel, nous scotchant au fauteuil lors de la sortie de l’hôpital qui pue l’angoisse à chaque instant, les emmerdes pleuvent sans arrêt et l’accumulation ne s’arrêtera qu’à la toute fin, ne lâchant rien avant le tombé de rideau. Chaque idée prise est pleinement justifiée et pourrait très bien aboutir, mais les embrouilles arrivent toujours de manière surprenante, tout en trouvant une pirouette de dernière seconde pour que la folie continue. À ce niveau de précision, c’est simplement du pur génie. Pour le style brutal et l’humour noir, le film fait un sans-faute et ose absolument tout, taclant le détournement de mineur ou le racisme dans une banalité ahurissante. Alors c’est sûr, tout le monde n’est pas prêt à voir ça et ce genre de trip sous acide ne passionnera pas tout le monde, mais mon dieu que c’est original et prenant !

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Justice League

Justice League
2017
Zack Snyder & Joss Whedon

Dire que ce film était attendu serait un doux euphémisme tant les héros DC sont légendaires, et un film réunissant les plus emblématiques d’entre eux est quoi qu’il en soit un événement majeur dans l’histoire du cinéma. En dehors de l’erreur Suicide Squad, l’univers DC initié avec Man of Steel était jusqu’alors un sans-faute : les aventures de l’homme d’acier étaient exceptionnelles ; l’affrontement au sommet de Batman V Superman était très bon, voir excellent dans sa version remontée de 3h qui corrige pratiquement tous les problèmes de la sortie ciné ; et enfin Wonder Woman, superbe surprise qui apportait un réel vent de fraîcheur dans le paysage, tout en conservant le même style sombre et pesant que dans les précédents longs-métrages. Seulement en sortant des films plus adultes et violents que Disney et ses Marvel, la Warner a constaté que les recettes peinaient à égaliser celles de la concurrence. Les décisions en interne d’alléger le ton faisaient trembler les fans, puis quand le réalisateur des Avengers a remplacé Zack Snyder au pied levé suite à un drame familial, le studio lui a autorisé des reshoots d’envergure, allant jusqu’à modifier certains aspects du scénario, sans compter la post-prod intégralement gérée par Joss Whedon. La crainte de le voir accoucher d’un projet aseptisé était immense, mais la menace venait de l’intérieur.

Malgré la scène étrange avec la terre qui semble bouger, à la fin de la bataille contre Doomsday, Superman (Henry Cavill) est bien mort, plongeant le monde entier dans la peur : même un dieu peut tomber. La recrudescence des délits ne fut pas le seul effet indésirable de cette perte, des êtres démoniaques sont eux aussi apparus, attirés par la peur des gens. Sbire de Darkseid, la terrible menace qu’a découvert Lex Luthor (Jesse Eisenberg) grâce à la technologie kryptonienne, Steppenwolf va profiter de la mort du plus grand protecteur de la Terre pour l’envahir et rassembler « L’Unité », une ancienne force scellée dans trois cubes d’énergie dispersés parmi nos peuples. Pour le stopper et ramener la paix, Bruce Wayne / Batman (Ben Affleck) va réunir une équipe de méta-humains : Diana Prince / Wonder Woman (Gal Gadot), Barry Allen / Flash (Ezra Miller), Arthur Curry / Aquaman (Jason Momoa) et Victor Stone / Cyborg (Ray Fisher).

Ce qui a fait d’Avengers un si grand succès, c’est qu’au bout de cinq films à apprendre à connaître individuellement chacun des héros, on les voyait enfin pour la première fois ensemble. Alors certes, c’était débile de savoir que chacun existait sur le même plan et qu’un seul bougeait quand le monde entier courait un immense danger, causant beaucoup d’incohérences, mais ça donnait plus d’impact au rassemblement. Ici, dès le second film de l’univers le rassemblement était déjà énorme, désamorçant l’effet « wahou » et ne nous créant pas initialement d’attache à certain personnages. Le résultat est immédiat : avec la première scène on se rend d’autant plus compte d’à quel point Superman est génial, de même que Batman façonnant la Justice League avec Wonder Woman ont tout deux un charisme de dingue, mais de leurs côtés Flash est vite fait marrant, Cyborg n’est qu’un ordinateur dispensable et Aquaman est carrément osef. On nous tease en arrière-plan la venue d’autres justiciers comme Green Lantern, nous faisant comprendre que quantité n’est pas gage de qualité en qu’en réalité le Justice League qu’on attendait tous a déjà eu lieu et s’appelait Batman V Superman, notamment dans sa seconde version. Le film n’est pas complètement en lui-même une déception puisque la création du groupe est très intéressante, les effets-spéciaux sont au niveau, le ton et le style graphique sont respectés (pas de sacrilège donc) et les protagonistes sont bien là avec Lois Lane (Amy Adams), Martha Kent (Diane Lane), Alfred (Jeremy Irons) et l’inspecteur Gordon (J.K. Simmons). Le vrai point négatif du film, c’est surtout son histoire, épisode transitif pour échauffer la League : point de Darkseid, seulement un sous-fifre stéréotypé qui veut classiquement détruire le monde. Entre la création du groupe – devant au passage introduire des personnages qui n’ont pas eu droit à leur propre film – qui prend au bas mot 1h15 et une histoire lambda oubliable, le film semble n’être qu’une simple mise en bouche sans envergure, alors même que le film aurait dû être un point culminant.

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L’Expérience interdite – Flatliners

L’Expérience interdite – Flatliners
2017
Niels Arden Oplev

S’il y a bien une expérience qui devrait être interdite, c’est bien celle du remake honteux. Parce que oui, autant pour moi, contre toutes attentes il s’agit effectivement d’un remake, alors que la logique voudrait que ce soit une suite au premier L’Expérience interdite de 1991 puisque Kiefer Sutherland, investigateur de l’expérience et protagoniste principal, revient. Pire, il ne sert à rien, fait de la simple figuration et aucune mention ne sera faite au film original. Et visiblement, ils se sont dit que quitte à nous lubrifier l’anus, autant nous la mettre le plus profond possible.

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Remplacement casting :
>> insert (Ellen Page, Diego Luna, Nina Dobrev, James Norton, Kiersey Clemons) ;
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De toute ma vie de spectateur, rarement me suis-je senti autant prit pour un pigeon. Faire un remake est une chose, copier point par point le film original sans même essayer de le cacher une seule seconde, c’est quand même plutôt putassier. Durant le premier quart d’heure, constatant une réelle recherche scientifique pour expliquer les NDE (Near Deth Experience, ou en français EMI, Expérience de Mort Imminente) par le biais de scan neuronales pour voir quelles zones du cerveau s’activent de façon post-mortem, chose inédite, on veut y croire. Mais aussitôt abordé aussitôt sabordé, le thème sera d’emblée oublié pour revenir à de la copie sans âme, nous resservant les esprits-vengeurs avec à la clé les mêmes intrigues, les mêmes rebondissements et la même conclusion, le tout avec une cohérence plus mauvaise que jamais. Par exemple la sœur dont les réactions sont stupides, mais surtout le fait que tous les « revenants » arborent la même tête de noyé. Le côté « horreur » est aussi plus appuyé que dans l’original, délaissant le psychédélique du purgatoire pour de l’enfer plus primaire. Et évidemment, c’est fait de la façon la plus basique possible, à grand coup de musique stressante suivie d’un jump scare minable. Dans l’absolu, si le film était sorti en dehors de tout contexte, il s’agirait simplement d’un film d’horreur lambda assez mauvais où se sont perdus trop de talents, expliquant pourquoi cette série B a eu les honneurs d’une sortie en salles, mais le film étant le remake d’un film déjà très oubliable qu’il mime avec une paresse ignoble, cela rend le résultat carrément intolérable.

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