Seul sur Mars

Seul sur Mars
2015
Ridley Scott

Il y a deux ans, on a eu Gravity, l’an dernier Interstellar, et cette année le bijoux de science-fiction s’appelle Seul sur Mars. Tout comme ses prédécesseurs, sa campagne s’est beaucoup axée autour de la collaboration de l’équipe du film avec la NASA et d’éminents scientifiques, promettant un grand réalisme, donnant de la légitimité et un caractère éducatif au spectacle. Faire du Seul au Monde en mode martien semblait facile, le choix de Ridley Scott derrière la caméra presque trop évident, mais le film mérite bel et bien sa réputation, et son immense succès n’est pas prêt de faiblir. Il se pourrait bien que de nombreuses nominations aux Oscars soient à prévoir, et pourquoi pas quelques récompenses même.

Cela fait des décennies qu’on en parle, mais avec un trajet d’une durée de près de six mois, soit une année entière aller-retour, sans compter le temps sur place, envoyer un homme sur Mars n’est pas encore à l’ordre du jour. Se déroulant vraisemblablement un demi-siècle voir un siècle entier plus tard, le film va s’intéresser à Mark Watney (Matt Damon), astronaute de la quatrième mission martienne, qui suite à une tempête de sable mal calculée va se retrouver dans une solitude totale. Respectant les procédures d’urgence, ses coéquipiers vont le laisser sur place, le pensant mort suite à une collision ayant créé une brèche dans sa combinaison. Sans moyen de communication, Mark va être livré à lui même sur une planète hostile, ne pouvant compter que sur une petite base oxygénée abritant quelques vivres, mais seulement de quoi tenir quelques mois, alors que dans le meilleur des cas les secours n’arriveraient que dans deux ans. Sa survie semble impossible, mais il va tout de même tout tenter.

Bon bah voilà : balancez le générique de fin, c’est mort. Comment survivre sur une planète à l’atmosphère irrespirable, aux sources d’eaux trop rares pour espérer tomber dessus, et accessoirement extrêmement froide (la température variant de -133 à -3°C) ? Mais ensuite on découvre la petite base laissée sur place et ses caractéristiques, de quoi redonner un peu d’espoir. Équipée de panneaux solaires, elle est autonome en énergie, est capable de recycler son oxygène et son eau, et abrite suffisamment de nourriture pour voir venir et élaborer un plan. On est immédiatement bluffé par la force de vivre du héros, sa capacité à rebondir, à sublimer la science et s’en servir de manière remarquable. Bien sûr, le matériel laissé sur place dans la précipitation rend toute la survie du début possible, mais savoir qu’à l’heure actuelle il serait réaliste et réalisable d’établir un camp fonctionnel sur place est incroyable. L’ingéniosité dont il fait preuve nous sidère, et c’est une véritable leçon de vie qu’il nous donne. Mais plus qu’une simple bataille pour survivre, le film est aussi un enjeu planétaire entre l’équipage dévasté par la mort supposée de leur compagnon, et les responsables de la NASA, désemparés face à l’ampleur du problème, ne sachant si lui venir en aide est possible, et auquel cas comment s’y prendre. À la clef du très très beau monde : Jessica Chastain, Kate Mara, Mackenzie Davis, Kristen Wiig, Jeff Daniels, Chiwetel EjioforMichael Peña ou encore Sean Bean. Du début à la fin, on est happé par l’aventure solitaire de cet extraordinaire rescapé, craignant constamment pour sa vie, attendant avec appréhension et excitation le verdict. Va t-il mourir la tête haute, en ayant tout tenté, ou ses efforts vont-ils le mener jusqu’au doux confort de notre planète ? Un suspens ménagé avec un soin immense, jouant constamment avec nos nerfs à grand renfort de rebondissements, espoirs et désillusions.

Une telle épopée méritait aussi un visuel à la hauteur de son envergure, et on peut dire que le film frappe là encore très fort. Les paysages de Mars sont saisissants, les panoramas superbes, et les phases spatiales grandioses. Les cadrages, l’image, la lumière, la profondeur de champ en 3D : pas un point ne déçoit. L’immersion est totale, puissante, écrasante. Le travail est magistral, inspiré, et c’est assurément un très grand film. Pour autant, il n’est pas parfait. La bande-son n’est pas spécialement marquante, et mise à part son effort de réalisme des plus louables, le scénario ne brille pas spécialement. Certes d’un registre très différent puisque plus porté sur la fiction que la science, ayant donc carte blanche niveau créativité, il n’empêche que Prometheus, du même réalisateur, était visuellement largement plus imposant, et possédait surtout une vision philosophique puissante qui donnait à réfléchir, et dont la construction était une claque monumentale. L’impact est un peu moindre ici, mais vu le sujet on frôle la perfection, et le film mérite une place d’honneur au panthéon des plus grandes œuvres de science-fiction de l’histoire.

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