The Suicide Squad


The Suicide Squad
2021
James Gunn

Pendant longtemps le débat MCU vs DCEU / Marvel Vs DC n’avait pas lieu d’être. Les films de Marvel étaient toujours solides, une formule qui marche, avec régulièrement des crossovers ultimes, amenant petit à petit à la récompense suprême de l’affrontement avec Thanos. Mais cela s’est construit sur la durée, avec un plan de développement de chaque protagoniste. De son côté, DC a voulu rattraper le temps, lançant dès son second film de leur nouvel univers partagé un affrontement au sommet : Batman Vs Superman. Un des tous meilleurs films de super-héros avec le recul, et surtout une version director’s cut changeant complètement la donne, rendant toute sa profondeur à un récit qui semblait précipité et incohérent dans sa version charcutée au cinéma. Un souci qui a clairement entaché nombre de productions estampillées DC. Prometteur sur le papier, Suicide Squad avait un bon potentiel et restait efficace sur ses scènes d’actions, mais là encore la version cinéma a été un massacre, et la director’s cut se fait toujours attendre. Le plus grand cas d’école reste néanmoins Justice League, un étron insipide dans sa version cinéma, puis qui eu droit à des scènes supplémentaires, une nouvelle post-production et une version ne reprenant pour ainsi dire pas une seule scène précédente, amenant une nouvelle fois un divertissement passable voir mauvais, à une director’s cut n’ayant plus rien à voir, et pouvant se targuer d’apporter un niveau d’écriture, de mise en scène et d’impact proches d’un The Dark Knight, c’est dire.

Marvel avait donc sorti sa carte ultime, la consécration de près de 20 films, pendant que DC avait enchaîné les erreurs et déceptions, foirant dans les grandes largeurs ses films les plus événementiels, mais le vent semblait tourner. La fameuse Snyder Cut était effectivement ce qu’on avait tous espéré, et l’idée de voir cet univers si prometteur renaître de ses cendres était gageur, alors que Marvel devait tout réinventer. Au final Marvel semble lasser, enchaînant bien trop les déceptions, et le DCEU est tout simplement mort. Shazam! et Birds of Prey ont eu des retours poussifs pour des scores anémiques, tandis que Wonder Woman 84, The Suicide Squad, Black Adams et Shazam! 2 ont tous été des échecs colossaux, affichant chacun plus de 100 M$ de déficit. Une catastrophe industrielle qui passera par la case reboot dès le mois de juin avec The Flash, censé justifier un tout nouvel univers étendu qui a plus ou mois commencé, mais qui renaîtra officiellement en 2025 avec un tout nouveau Superman Legacy. Pourquoi parler de tout ça ? Tout simplement parce que l’homme derrière le renouveau des adaptations de DC Comics sera James Gunn, lui qui a pourtant réalisé les bientôt trois opus des Gardiens de la Galaxie, clairement dans le bas du panier des Marvel, et surtout qui a rebooté Suicide Squad seulement cinq ans après pour un résultat financièrement catastrophique (150 M$ de pertes sur la sortie cinéma). Alors oui, c’était une époque post-covid difficile, mais malgré des qualités quasi inexistantes, sur la même période Fast & Furious 9 faisait six fois mieux, certes sans la sortie simultanée, mais Godzilla Vs Kong atteignait presque le triple dans des conditions identiques cinq mois plus tôt.

Le concept initial des comics était une ligue de méchant. Ca n’était pas respecté dans le premier film, ça le sera pas davantage dans cette suite / reboot. On rempile donc pour la même chose : des criminels / antisystème, avec pas ou peu de pouvoirs, qu’on va envoyer au casse-pipe face à un ennemi bien trop puissant que pourtant quelqu’un comme Superman aurait pu gérer en un instant… Rick Flag (Joel Kinnaman), capitaine Boomerang (Jai Courtney) et Harley Quinn (Margot Robbie) rempilent, tandis que Deadshot est remplacé par un certain Bloodsport (Idris Elba), un copié collé ayant lui aussi des soucis avec sa fille (Storm Reid), et de même que Peacemaker (John Cena), tous deux des tireurs d’élite sans pouvoirs. Et ce toujours sous les ordres de Amanda Waller (Viola Davis). Leur mission ? Empêcher que le Costa Rica relâche sur le monde une étoile de mer extraterrestre des plus dangereuses.

On pourrait résumer l’humour de James Gunn par puéril ou vulgaire. Des gags potaches, le plus souvent sous la ceinture, et de l’action gore, à base de gerbes de sang et violence outrancière. Et en même temps, c’est un peu ce qu’on attendrait d’un film sur des repris de justice sortant de prison pour une mission suicide. Donc ça me fait mal de le reconnaître, mais dans ce cas précis, le bonhomme est à sa place. Reste qu’encore une fois, il refait les mêmes erreurs que le premier film : mettre en avant des héros au grand cœur, quand on s’attend à des monstres sans pitié. L’histoire met du temps à se mettre en place, la première équipe refait le gag de la X-Force de Deadpool 2, donc rien de nouveau sous le soleil. Le film assure un minimum de divertissement, la plupart des blagues fonctionnent pas trop mal, mais ça reste de faux-méchants sans supers-pouvoirs affrontant un adversaire surpuissant, mais sans envergure dans un monde où quelqu’un comme Superman existe. On a donc un bilan mitigé pratiquement identique au Suicide Squad d’origine dont celui-ci a l’insolence de se considéré comme le « The », le vrai. Voilà qui n’est pas de nature à rassurer quant au DCU, le nouvel univers à venir…

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