Les Gardiens de la Galaxie 3


Les Gardiens de la Galaxie 3
2023
James Gunn

Bien que beaucoup y trouvaient un vent de fraicheur au MCU, et alors que je suis un très grand fan des films de SF dans l’espace, pour moi la saga des Gardiens de la Galaxie au sein du grand univers Marvel se situait jusqu’alors plutôt dans le bas du panier. Le premier est classé 24°, et le second opus 18° sur 32 films. Pas forcément toujours mon type d’humour, un héritage monstres de foire de la cantina de Star Wars pas souvent inspiré, et surtout un manque de réalisme face à des personnages quasi lambda sans réels pouvoirs, toujours victorieux face à des menaces qui devraient tellement les dépasser. Du divertissement sympathique avec quelques belles idées de décors ou mise en scène, mais pas de quoi révolutionner le genre.

Après quelques péripéties ayant décalé de trois ans la sortie du film suite à un studio bien prompt à licencier ses employés avant de platement s’excuser derrière puis réembaucher le réalisateur, l’attente était longue et importante, car outre le fait que le film se vendait comme la fin la saga, il s’agissait aussi pour Disney d’arrêter l’hécatombe. La phase IV du grand MCU s’est cassé les dents, enchaînant les contre-performances au box-office, même les succès comme Black Panther 2 et Thor 4 faisant largement moins que leurs prédécesseurs, et la qualité des films n’y est pas pour rien. Le seul immense succès ayant été Spider-Man No Way Home, mais sous l’écurie Sony de fait, pas Disney, se mangeant coup sur coup des retours de plus en plus désastreux sur leurs piètres séries Disney+, censées faire vivre encore plus leurs univers, mais se transformant en vilain caillou dans la chaussure. Pire que tout, le premier film de la phase V, censé promouvoir le nouveau Thanos, grand vilain du multivers, la thématique des phases IV à VI, Ant-Man 3 a été un naufrage critique, artistique et commercial, faisant office du plus gros échec pour le MCU en 15 ans d’existence. Une pression d’autant plus grande, puisqu’en plus de finir convenablement l’arc des Gardiens, il est surtout question de redorer le blason d’un univers en perdition.

Le film se focalisera sur Rocket Racoon (Bradley Cooper), grièvement blessé suite à une attaque d’Adam Warlock (Will Poulter), que tenteront de sauver les Gardiens, soit Peter (Chris Pratt), Groot (Vin Diesel), Drax (Dave Bautista), Nebula (Karen Gillan) et Mantis (Pom Klementieff). Leur quête les mènera sur les traces du Maître de l’évolution, l’homme à la base des modifications génétiques sur Rocket, bloquant de fait les soins possibles. L’équipe se verra obligée de demander de l’aide aux Ravageurs, qui ont récemment accueilli une certaine Gamora (Zoe Saldana).

Après pléthore de productions aux FX catastrophiques, retrouver un blockbuster reposant à ce point sur les FX tout en conservant toujours un très haut niveau de qualité visuel, c’est déjà un événement en soi de nos jours. Globalement on pourra dire à peu près la même chose que des deux précédents opus pour cet aspect : quelques décors vraiment beaux (notamment tout le secteur de Karja), un grandiose général, un effort semblant avoir été fait sur la construction en dur, quelques créatures bien modélisées, mais aussi encore et toujours cet héritage maudit de la cantina, donnant lieu à des maquillages indignes et des idées atroces. Place maintenant à l’histoire. La bande est devenue attachante à force, la dynamique fonctionne bien, et le passé de Rocket est vraiment exceptionnel. Des passages forts, attendrissants, tout en montrant toute l’ampleur de la monstruosité de l’antagoniste. Dans l’ensemble tout cela marche bien, mais trois points empêchent le film de vraiment décoller : le fameux Maître de l’évolution est caricatural au possible et s’avère peu mémorable ; Adam Warlock est une vaste blague ne servant absolument à rien, si ce n’est faire un bras d’honneur aux fans tant son personnage est saccagé ; et enfin la cohérence. En tant qu’être humain doté d’un cerveau fonctionnel, voir des explosions dans l’espace et des personnes se tenant tranquillement à côté de trous béants dans un vaisseau qui devrait imploser à la première faille, ce n’est juste plus possible. On passera aussi sur le bourrage au forceps de Kraglin, là uniquement parce qu’il est le frère du réalisateur tant son charisme est inexistant et son rôle ennuyeux.

Le film esquive de peu le statut d’excellent film, car les deux premiers tiers sont un quasi sans faute en dehors d’un Adam Warlock sacrifié : décors incroyables, images saisissantes par moments, et passé de Rocket captivant. L’humour est moins omniprésent et agressif, les enjeux sont présents et le côté émotionnel fonctionne fort. Puis on tombe dans les travers des batailles spatiales, scientifiquement à se fracasser la tête contre les murs, avec un dernier acte bien moins réussi. La fin manque elle aussi d’impact, comme si tous les héros étaient condamnés à revenir inlassablement jusqu’à lassitude, ou que mort s’en suive, mais l’happy end semble être exclu pour qui que ce soit dans cet univers. Une fin plus tranchée et radicale aurait assurément décuplé l’intérêt du film, qui reste certes clairement au dessus des deux précédents, mais qui ne connaîtra pas les hautes sphères des rares films du MCU à pouvoir être qualifié de vraiment excellents.

 

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