Civil War


Civil War
2024
Alex Garland

En voilà un film que j’attendais ! Très fan du travail d’Alex Garland, j’avais réussi l’exploit de me protéger de toute forme de spoil, hormis bien sûr le fait qu’il serait question d’un futur d’anticipation où les Etats-Unis sombreraient dans la guerre civile. Avec un pays de plus en plus fracturé, si de surcroît les démocrates « gagnent » encore les prochaines élections, ce n’est plus une question de savoir si une guerre civile est imminente, mais de à quel point ça arrivera vite. Eh bien des mauvaises surprises, j’en ai eu un paquet, mais à ce point là, c’est affolant.

On ne saura ni pourquoi ni comment, mais visiblement les Etats-Unis ont sombré dans une guerre civile, et malgré que l’armée du pays soit la plus forte du monde, le gouvernement perd indubitablement la bataille, et ce n’est plus qu’une question de jours avant que le président soit tué. On suivra alors un groupe de journalistes (incluant Kirsten Dunst et Cailee Spaeny) qui vont se mettre en tête de traverser le pays pour avoir peut-être la toute dernière interview du président, ou à défaut une superbe photo de son cadavre.

Si de base le métier de journaliste est globalement un tas d’ordures fouille merde, le film met en avant une spécialisation si ignoble qu’on a du mal à y croire : photographe de guerre. Le principe est simple : être aux premières lignes d’un conflit, prendre des photos d’échanges de feux, de maisons détruites, de cadavres jonchant le sol, et pourquoi pas si on a de la chance, capturer le moment exact où une personne est abattue. Le degré ultime du voyeurisme le plus malsain imaginable, et quand en plus la personne se prend d’une fascination morbide ignoble, on tient là un sacré combo. Pire encore, il y a la façon de faire, car à vouloir se placer aux premiers rangs, en plein cœur de l’action, ils obligent ceux ayant un reste d’âme de faire un minimum attention à eux, et de leur insouciante va découler des dommages collatéraux, des gens morts par leurs fautes, sans que cela ne les affecte le moins du monde. C’est bien simple, l’équipe que l’on suit est tellement une bande de raclures irrespectueuse et sans une once d’humanité qu’on n’aspire qu’à une chose : échanger les rôles et qu’on puisse à notre tour se délecter d’un spectacle de mort, les leurs. Il est rare qu’une histoire me provoque un tel sentiment de rejet si massif, mais que ce soit les protagonistes, leurs histoires, leurs buts, les enjeux du film, tout me donne envie de vomir, attisant une violence latente, une haine de l’autre. Mon dieu que le passage avec Jesse Plemons est d’une stupidité révoltante ! Alors certes, visuellement le film est parfaitement maîtrisé, le budget étant conséquent on ne sent aucune limite, et techniquement il n’y a pas grand chose à redire, mais le fond est atrocement vide, avec des thématiques nauséabondes, pour ne pas dire criminelles. Un rejet viscérale de bout en bout pour ma part, et je ne vois pas comment on pourrait apprécier ce film à moins d’être complètement abruti ou profondément malsain.

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Godzilla Minus One


Godzilla Minus One
2024
Takashi Yamazaki

Alors que le monstre de Godzilla fut inventé en 1954 par le Japon, l’international aura surtout retenu les productions américaines, qui montraient un certain potentiel de divertissement, mais rien d’autre et sans jamais pleinement transformer l’essai. Mais les choses ont nettement changé avec ce nouveau long-métrage, revenant aux origines mêmes de sa création, avec un succès assez colossal tant en dehors des films d’animation, rares sont les films nippons à avoir su s’exporter : plus de 115 M$ dans le monde, dont un gigantesque succès surprise aux Etats-Unis avec 56 M$. Il faut dire que le film met une gigantesque claque à tout ce qui a été vu jusqu’alors, sur absolument tous les points.

Que veut dire « Minus One » ? Eh bien au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, le Japon était économiquement à l’appellation « -1 », c’est-à-dire qu’il ne pouvait pourvoir aux besoins de sa population, ni en eau, ni en électricité, ni en nourriture. Koichi est pour sa part un double rescapé, ayant tout d’abord fui sa mission de Kamikaze pendant la guerre, puis ayant fui face à l’attaque d’un dinosaure géant sur l’île d’Odo. De retour dans son village où tous ses proches sont morts, il va tenter de se reconstruire une vie avec une jeune femme et un bébé qu’elle a sauvé, mais le pays va s’apprêter à devoir faire face à une nouvelle menace : le dinosaure a bien grandi, et Godzilla va les replonger dans l’horreur.

Doté d’un budget de seulement 15 M$, même en prenant en compte que les salaires sont trois fois moindre au Japon qu’aux Etats-Unis, cela ne ferait tout de même que 45 M$ de budget, soit à titre d’exemple 125 M$ de moins que le dernier Godzilla américain. Et le moins que l’on puisse dire, sans même évoquer le scénario, c’est que visuellement il n’y a pas match : le niveau de destruction est bien plus dantesque, et surtout on croit à ce que l’on voit. Les décors sont palpables, réalistes, et même la créature est infiniment mieux modélisée, plus bestiale, avec une texture plus crédible. Il faut dire que la mise en scène aide beaucoup au grandiose, retranscrivant enfin le gigantisme d’un tel monstre. Les sonorités horrifiques peuvent également compter sur quelques compositions assez magistrales comme celle de la bataille finale. Mais parlons surtout de ce qui fait qu’on en a quelque chose à faire, que cette histoire nous touche : l’aspect humain. La détresse, la fierté, la combativité du peuple japonais force le respect, les acteurs sont excellents et on s’attache fort à cette famille recomposée dans la douleur d’un lendemain de guerre. Certains retournements se sentent venir, mais principalement parce qu’ils sont logiques, inévitables pour aboutir au parcours de rédemption du héros. J’ai eu peur plus d’une fois d’un élément potentiellement décevant, mais au final le film a systématique répondu à mes attentes sur le développement des personnages et leurs arcs narratifs. Le traitement des traumatismes de guerre, du syndrome du rescapé, la gestion de la culpabilité, tout est brillant. On a donc une utilisation très pertinente du monstre, comme à la toute base de son histoire, là pour faire écho aux horreurs de la Seconde Guerre Mondiale, avec une mise en scène et des effets spéciaux dantesques, le tout au service d’une histoire émouvante où l’humain est au centre de tout.

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Pas de vagues


Pas de vagues
2024
Teddy Lussi-Modeste

Statut de fonctionnaire, donc sécurité de l’emploi et meilleur régime de retraite, salaire correct et surtout les quatre mois de vacances par an qui font rêver (si on ne compte pas la préparation des cours). Et pourtant, le métier de professeur est l’un de ceux ayant le plus fort taux de démissions et de suicides, traduisant des conditions de travail exécrables. Il est loin le temps où le professeur était respecté de tous, noble profession suscitant gratitude et admiration…

Jeune professeur encore plein de rêves et d’espoir, contrairement à la plupart de ses collègues qui essayent juste de survivre, Julien (François Civil) aspire à être plus qu’un surveillant laxiste jonglant entre les attaques physiques et verbales au détour d’une copie dont la correction passerait mal. C’est alors qu’il fit l’erreur de sa vie : vouloir sympathiser avec ses élèves, emmenant au kebab les plus méritants et travailleurs. De fait, deux filles de la classe non invitées vont pousser une de leur camarade à accuser leur professeur d’avoir des envies pas très légales à son encontre. Une escalade va alors commencer entre une réputation de pédophile montante, une spirale de voir le mal partout, des menaces de mort et une hiérarchie inexistante n’ayant qu’un seul mot d’ordre : pas de vague.

Ce n’est pas pour rien si en animation ou chez les professeurs / instituteurs, la propension de femmes est largement supérieur à la moyenne : qui dit contact avec des enfants, dit paranoïa de la pédophilie, et donc stigmatisation de la gent masculine. Il est difficile de faire correctement son métier avec la peur que chaque geste, chaque parole soit prise de travers, et à l’inverse, pour les femmes d’autres difficultés pèsent sur ce métier, à savoir s’imposer physiquement face à des élèves de plus en plus dissipés, agressifs voir violents. Il est donc primordial de mettre en lumière ce quadruple abandon : les élèves qui n’en ont plus rien à faire, leurs parents qui eux-mêmes n’ont aucun respect, la direction / académie qui brillera toujours par son absence, et encore la justice, que ce soit celle de police ou celle publique des réseaux sociaux, qui se rangera inévitablement du côté de ceux qui gueulent le plus fort ou se révélera juste complètement inefficace. La mise en abîme de ce système défaillant sur absolument tous les points est effrayant, avec une récompense inversement proportionnelle au mérite ou à l’implication. A l’image de la collègue pourrie jusqu’à la moelle et qui cachetonne comme une fonctionnaire, le monde dans son ensemble est à vomir et les gens semblent d’accord avec le fait de laisser couler, presque de se délecter du spectacle d’un pays en ruine, dansant autour du feu. Seul point dommage, outre la morosité assez dure à encaisser, c’est le choix – enfin pas vraiment comme le réalisateur raconte sa propre histoire – d’avoir fait du personnage principal un homosexuel. Les thématiques sont intéressantes et bien traitées, mais le souci c’est que cela écarte d’emblée toute forme d’ambiguïté, ce qui aurait pu apporter un peu de sel à la situation. Reste aussi un dernier point assez frustrant : l’affaire n’est pas vraiment réglée à la fin. C’est comme les traumatismes de la vie, ça ne disparaît jamais complètement, il faut apprendre à vivre avec.

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Cocorico


Cocorico
2024
Julien Hervé

On aurait pu croire à une mauvaise blague, et il fallait le voir pour le croire. Très souvent tous les deux cantonnés à des rôles de vieux réac dans des films de bons bobos conservateurs, les têtes d’affiche sont pour la première fois réunis ensemble, avec un film au nom bien français et au sujet dont on peine à croire qu’il fasse l’objet d’un film aujourd’hui : le test ADN pour découvrir « ses origines », une énorme arnaque au fondement scientifique inexistant, effet de mode aussitôt sorti aussitôt oublié, qu’on pensait enterré depuis des années, voir une décennie complète presque.

On trouve toujours plus gros poisson. Fier concessionnaire que 99% des gens jalouseraient entre son train de vie aisé, son énorme maison et sa voiture flambant neuve, Gérard (Didier Bourdon) et son épouse (Sylvie Testud) font bien pale figure face aux parents de la fiancée de leurs fils : Frédéric Bouvier-Sauvage (Christian Clavier) et sa femme (Marianne Denicourt) sont ducs du plus grand domaine d’Aquitaine, châtelains n’ayant rien à envier aux rois d’antan. Pour animer la rencontre, leur fille va avoir l’idée de proposer à tous un test ADN fait en cachette, loin de se douter que cela aller remettre en cause tous leurs fondements.

Face à un casting presque parodique tant les compères incarnent inlassablement les mêmes vieux bougons bourgeois, un concept qui sent fort la naphtaline tant l’arnaque des tests ADN est retombé comme un soufflet, mais aussi l’étonnant succès commercial, établi sur la durée avec un maintient excellent, je nourrissais l’espoir d’un petit miracle à la Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? qui arrivait à faire rire et se montrait très efficace dans l’ensemble. Malheureusement, rien de comparable ici, et malgré un début assez prometteur avec un snobisme et un jeu de petites piques assassines assez jouissives, le film met trop de temps à démarrer, tournant bien trop longtemps autour du pot, pour un résultat proche de la catastrophe. Rien n’est crédible, ni les engueulades exacerbées, ni les réactions démesurées. Sérieusement, qui en a quelque chose à faire de ses origines en 2024 ? Surtout s’il s’agit d’arrières grands-parents qu’ils n’ont jamais côtoyé. Certes, l’exagération peut être un ressort comique, mais là ça en devient juste lourd et incohérent. Autant un snobisme outrageant comme au début, j’y crois fort, autant la lourdeur de blagues tournant vite en rond, et surtout le brutal changement de personnalité juste pour des chiffres dénués de sens sur un papier stupide, ça me sort complètement. En vrai il n’y avait probablement pas grand chose d’intéressant à en faire, et on ne retiendra que deux vieux privilégiés en surpoids, accompagnés de femmes sveltes et ayant toutes deux une quinzaine d’années de moins (au point d’avoir autant d’écart avec leurs maris que leurs enfants), se gueulant dessus dans un château d’une splendeur incroyable.

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Argylle


Argylle
2024
Matthew Vaughn

Voir des catastrophes industrielles pareilles, même si le phénomène a tendance a être de plus en plus récurrent, ça reste assez spectaculaire. Malgré un réalisateur de renom qui avait d’ailleurs fait ses preuves dans le genre de l’espionnage avec sa saga Kingsman, malgré un casting absolument débile et un budget non moins délirant de 200 M$, un choc dont j’ai mis des mois à m’en remettre, cherchant inlassablement des sources alternatives déclarant un budget plus réaliste dans les 60-80 M$, ce cas d’école est hors compétition. Car justement, il n’en a eu aucune : pas un film à plus de 10 M$, ni la semaine précédente, ni la semaine de sa sortie, ni la semaine suivante. Un désert absolu, et même malgré ça le film fut un four abyssal : pas même 100 M$ dans le monde, un risible 96 M$ final. C’est bien simple, en enlevant les frais de distribution, le film n’a même pas épongé sa campagne promotionnelle située dans les 50-100 M$, soit entre 200 et 250 M$ de pertes, lui assurant directement une belle place sur le podium des pires échecs de l’histoire, rien que ça. Un résultat qu’il faut en revanche modérer : le film fut disponible en simultané en paiement premium AppleTV à 30$ et aurait été le plus gros succès de tous les temps pour la plateforme, donc il est possible que l’opération y fut plus rentable que la sortie cinéma. Reste que l’échec m’avait surpris au plus haut point, trouvant le projet amusant et ayant pleine confiance en l’équipe la produisant. Comme quoi, ne jamais se fier à ses premières impressions.

Quelle est la réalité et la fiction ? Autrice d’une saga littéraire d’espionnage à succès, Argylle, Elly Conway (Bryce Dallas Howard) va plonger malgré elle au cœur des histoires qu’elle raconte : un certain Aidan (Sam Rockwell) va débarquer dans sa vie, lui expliquant qu’elle est en danger car, à l’image de ses romans, une agence secrète qui voit d’un mauvais œil que toutes ses inspirations fictionnelles s’avèrent vraies, craint pour son avenir puisque le prochain roman à paraître va justement les exposer au grand jour. Elle qui fantasmait de grandes aventures périlleuses, elle va se retrouver en plein dedans.

Quand la réalité rattrape la fiction, c’est un concept très vieux au cinéma, rien de neuf à l’horizon, mais ça permet de créer une proximité avec le protagoniste, renforçant le côté exceptionnel d’une telle histoire. Pas incroyable, mais gageur, d’autant plus en prenant en compte le caractère démentiel du casting : Bryan Cranston, Henry Cavill, Dua Lipa, John Cena, Sofia Boutella, Ariana DeBoose, Richard E. Grant, Catherine O’Hara ou encore Samuel L. Jackson. Malheureusement, une bonne partie ne dépasseront pas la scène d’introduction, ou si peu, créant une certaine frustration tant la comparaison des deux réalités est vite oubliée. Le côté action / aventure sera aussi à relativiser, la faute à un style épileptique, maladroit, rendant chaque scène d’action illisible ou immonde, et globalement – ce qui est affolant pour une production à 200 M$ – on a tout le plus grand mal du monde à croire à ce que l’on voit, criant au fond vert dégueulasse toutes les deux secondes. Mais surtout, surtout, il va falloir parler de ce qui fâche : le scénario. C’est un bordel sans nom, à base des pires poncifs que je croyais illégaux avec le temps. On échappera à rien, que ce soit l’agent double, triple, quintuple, le en fait c’est vrai, en fait c’est faux, même le coup de l’amnésie, tout y passe. Les personnages, les enjeux, qui est qui, tout est constamment bousculé, modifié, redistribué, puis en fait non, et ça pendant l’intégralité du film. Imbitable, mal branlé. Un projet bien trop éparse, un calvaire à suivre, pour du divertissement même pas réussi. Juste usant.

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Quatre mariages et un enterrement


Quatre mariages et un enterrement
1994
Mike Newell

Autre grand classique du genre, le film a-t-il su garder le même attrait avec le temps ? Il faut dire qu’en trente ans les mœurs ont changé, et même si les 244 M$ de l’époque donnent le tournis avant même l’inflation qui a pratiquement doublé, c’est dire, on restait dans une époque assez proche de l’ère hippie et ses relations débridées, pas vraiment compatible avec la notion de « romantisme ».

Quand un salop rencontre une énorme salope. Célibataire endurci qui multiplie les conquêtes sans jamais s’engager, Charles (Hugh Grant) va pourtant tomber fou amoureux d’une invitée au mariage de l’un de ses meilleurs amis. Une américaine incendiaire à la réputation sulfureuse : Carrie (Andie MacDowell). Mais quand il la reverra au mariage d’un autre ami, elle viendra accompagné de son fiancé. Mais comme on dit, c’est pas parce que y’a un gardien qu’on peut pas mettre de but…

J’avais été quelque peu choqué du libertinage éhonté en prologue de Notting Hill, mais c’est clairement d’un autre niveau ici. On parle de tromperie, d’abord à moitié innocente, puis totalement coupable quand Charles décide de poursuivre ses avances malgré la présence du fiancé, qui ne gêne pas plus celle qui s’est engagée. On assistera même à une escalade de la dégueulasserie à qui fera le plus de mal aux gens autour juste pour continuer une liaison qui ne repose sur rien d’autre que de la pure attirance physique. Vraiment le degré zéro du romantisme. Seule la meilleure amie incarnée par Kristin Scott Thomas apportera une petite nuance poétique, mais ça ne sera pas traité. Reste alors un défilement éreintant de quatre mariages et un enterrement où les protagonistes n’existent pas en dehors de ces événements extrêmes. Quelques passages comiques font mouche, on se délectera notamment de l’énergie chaotique de la grande folle barbue, digne de Dionysos, mais le reste est surtout lourd, limite indigeste. L’aspect romantique est complètement raté, et ne reste alors qu’une comédie un peu amer et pas souvent efficace.

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Coup de foudre à Notting Hill


Coup de foudre à Notting Hill
1999
Roger Michell

Classique de la comédie romantique, le film était le point culminant du genre, avant qu’il se ringardise peu à peu, ou plutôt que les gens se rendent compte que l’histoire est à chaque fois peu ou prou la même, et quand y rajouter trop de mélodrame rend l’exercice systématiquement raté car contre-productif, se renouveler tient du miracle, qui heureusement arrive encore de temps à autre. Quand on voit qu’aujourd’hui on célèbre des réussites inespérées comme Tout sauf toi qui a tout juste atteint la barre des 200 M$, meilleur score du genre depuis plus de cinq ans, savoir qu’à l’époque le film a totalisé 364 M$, soit plus d’un demi-milliard avec l’inflation, on voit à quel point les choses ont changé.

La vie est pleine de surprises. Gérant d’une librairie spécialisée sur les guides de voyage, William Thacker (Hugh Grant) va voir un beau jour débarquer dans son magasin ni plus ni moins que la plus grande star de la planète, l’actrice américaine Anna Scott (Julia Roberts). Une charmante rencontre, qui se réitérera une seconde fois le même jour, renversant un jus d’orange sur la pauvre, les deux étant perdus dans leurs pensées. Va alors naître une tumultueuse romance qui mettra la patience de William à l’épreuve.

Du fantasme à la réalité. Tout le monde fantasme inlassablement sur des stars inatteignables, et le film va avoir l’idée de nous plonger dans ce rêve, tout en le démystifiant. Immense star ou non, cela reste des personnes normales, avec d’ailleurs souvent plus de défauts que la plupart des autres, souffrant du syndrome « le monde à leurs pieds », perdant toute notion de normalité et s’imaginant qu’ils peuvent jouer avec tout et tout le monde. Car oui, cette histoire ne démarrera pas sous les meilleurs hospices, la fameuse Anna étant ce qu’on pourrait qualifier communément d’énorme salope, puisqu’entamant une idylle avec l’élégant britannique, alors même qu’un fiancé (Alec Baldwin) l’attendait. Va ensuite se poursuivre un jeu de toxicité, entre le mortel ne pouvant oublier sa déesse, et cette dernière hésitant à assumer une liaison avec un homme banal. Pas vraiment une « belle romance », loin s’en faut, mais le film est tout de même très réussi. Déjà le duo d’affiche est parfait, Hugh Grant représentant le flegme britannique dans toute sa splendeur, entre noblesse et immobilisme candide, et Julia Roberts est magnifique, avec quelques moments touchants qui font tomber son masque de star snobe et insupportable, nous permettant de comprendre l’attachement du prétendant. Ils sont également entourés de seconds rôles attendrissants (incluant Hugh Bonneville et Rhys Ifans), ayant tous leur folie et leurs fêlures. Et globalement, si on se lasse des trop nombreuses embuches, l’écriture est plutôt bonne, drôle avec quelques répliques marquantes. Difficile de ne pas comparer avec le film miroir, Le Come-back, autrement plus mignon dans sa romance, plus efficace dans son humour, et avec cet aspect musique créant aussi des enjeux narratifs, plus discrets ici en dehors de la romance. Un classique qu’on appréciera surtout pour sa fin et la nostalgie l’entourant.

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The Kissing Booth 3


The Kissing Booth 3
2021
Vince Marcello

Enfin fini avec cette saga dont seul le tout premier était sympathique car il se contentait d’être juste du pur divertissement totalement superficiel, il n’essayait pas vainement de créer des rebondissement artificiels basés sur du drame éculé et poussifs. Après un second opus qui singeait l’insipide triangle amoureux de Twilight 2, voilà cette fois un quasi plagiat de l’interlude d’été à la American Pie 2, mais sans s’approcher un instant de son efficacité comique ou de la pertinence de ses propos.

Parce que dans la vie on est jamais assez riche, les parents de Noah (Jacob Elordi) et Lee (Joel Courtney) vont décider de vendre leur maison secondaire sur la côte, un crève cœur également pour Elle (Joey King) qui avait prit l’habitude de taper l’incruste. Un dernier été pour profiter, d’autant qu’elle doit faire le choix entre l’amitié et l’amour quant à ses études, Harvard avec Noah ou Brooklyn avec Lee.

Malaise le film… On dirait que les scénaristes, en pleine dépression, se sont amusés à tout détruire, que ce soit les amours, les amitiés, même les liens familiaux, en faisant agir tout le monde comme des débiles, faisant systématiquement les pires choix qui blesseront le plus les autres, avec un talent inouïe pour l’autodestruction. Les pires timings, les pires réactions, les plus lourdes conséquences. L’été magique, censé être le plus mémorable, va virer au carnage, où personne n’en ressortira grandi, avec toujours cette lutte à contre-courant pour ne surtout grandir. Pire, aucune leçon des erreurs passées ne sera retenue, le tandem Lee / Elle, qui avait failli saborder au point de non retour leurs relations à cause du manque d’investissement envers leur moitié, refera inlassablement les mêmes erreurs. On soupire fort… Ca n’est pas le prologue six ans plus tard qui sauvera les meubles : on ne guéri jamais de nos blessures, on apprend juste à vivre avec. En plus, le film ne fait vraiment aucun effort, seule Elle changera un peu son apparence, mais pas les autres, pas une mèche de bougée en six ans. Ridicule. Petit mot également sur Jacob Elordi, qui ne s’est jamais caché d’avoir fait les films pour l’argent et rien d’autre. Eh bien difficile de plus cachetonner que lui dans ce film : sa présence est fantomatique, pas le moindre effort ni once d’émotion. Si le but était de créer de la tension dramatique ou renforcer l’attachement émotionnel en partageant la détresse des protagonistes, c’est un immense ratage, on a juste l’impression de voir des petits cons faire n’importe quoi à un degré peu crédible. La base même de toute chose, le socle de la vie elle-même est l’amour, tout en découle, tout repose dessus. Bien sûr après vient les besoins matériel, l’amitié, puis éventuellement l’épanouissement professionnel pour les plus chanceux, mais à partir du moment où l’on a conscience de ne pas pouvoir profiter pleinement de la vie si l’on a personne avec qui la partager, ne pas en faire une absolue priorité est une connerie sans nom. De très gros soucis d’écriture, une tournure dramatique qui ne prend pas, pour au final une saga au raz-des-pâquerettes qui n’aura eu de cesse que de s’enfoncer dans les méandres de la créativité.

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The Kissing Booth 2


The Kissing Booth 2
2020
Vince Marcello

Le syndrome du second film dans une saga romantique… Imaginez tout ce qui ne va pas dans Twilight 2 et vous aurez une idée de ce qui nous attend pour cette suite. Au programme donc, l’amour du premier film qui prend le large, de la dépression, des faux dramas et l’éternel triangle amoureux, piège absolu dans lequel le film va se vautrer.

Une nouvelle année commence pour Elle (Joey King), vivant péniblement l’amour à distance qu’elle partage avec Noah (Jacob Elordi), parti étudier à Harvard alors qu’elle doit pour sa part terminer son lycée. Leur amour va t-il tenir avec toutes les tentations de vraies femmes alors que sa gamine est à l’autre bout du pays ? Pendant ce temps, son meilleur ami Lee (Joel Courtney) va complètement délaisser sa copine, traînant non stop avec Elle, se refusant de faire le saut dans la vie d’adulte.

Le film de la maturité ? Au contraire, je dirais plutôt le film du constat d’échec où le duo de meilleurs amis sont entourés de gens entrain de passer le cap de la vie d’adulte alors qu’eux restent sur des gamineries de jeux d’enfants, de s’amuser, de faire la tête dans leur coin sans oser parler des sujets importants. Pire, l’un des principaux moteur de l’histoire est la jalousie, que ce soit amoureuse ou amicale, avec l’arrivée du beau Marco, personnage sympathique qui aurait pu être intéressant s’il n’était pas aussi maltraité que Jacob dans le pertinent à comparer Twilight 2. A aucun moment on ne sent qu’il est un prétendant sérieux, tout juste sert-il d’élément perturbateur à deux sous. Le film est toujours extrêmement léger, loin des vrais problèmes de la vie tant on ne voit qu’une bande de privilégiés ingrats. L’idée de traiter l’insoluble question de la romance à distance aurait pu avoir un semblant d’intérêt si ça n’était pas traité en mode petite princesse conne, me rappelant les pires moments de Gilmore Girls où Rory était une vraie peste. Reste un petit plaisir de suivre les personnages, mais espérons qu’une vraie intrigue soit pondue pour le dernier opus, sans quoi l’ennui serait rédhibitoire.

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Final Fantasy VII Rebirth


Final Fantasy VII Rebirth
2024
PS5

Nous y voilà, quatre ans plus tard comme prévu, mais avec d’autres bonnes nouvelles. Quand on sait le peu du jeu d’origine adapté dans Final Fantasy VII Remake, et le fait que son développement chaotique s’étala sur près de dix ans, on pouvait craindre que le projet n’aille potentiellement jamais au bout, ou alors peut-être au bout de cinq jeux et à un horizon absurde. Mais finalement les choses se sont accélérées avec un développement soigné vu que ce « Rebirth » adapte presque à lui seul la moitié du jeu de base alors que la projet n’a prit « que » six ans (commencé en 2018) et que cette fois est la bonne, il n’y aura que trois parties au total, et que cette dernière a commencé son développement deux ans avant la sortie du second opus et vise une sortie plus rapide, dès 2027. Et le moins que l’on puisse dire est que les fans seront comblés, et même les réfractaires de la première partie tant Rebirth est généreux, abouti et corrige un paquet de soucis.

Graphismes : 18/20

Difficile de pleinement juger tant la génération actuelle ne fait que commencer, et le jeu tourne encore sous Unreal Engine 4 alors que son successeur est déjà disponible depuis quelques années. Pourtant, la progression est assez folle depuis Final Fantasy VII Remake vu l’envergure des environnements ouverts au niveau de détail incroyable, bien que cela se paye par un peu de cliping par moment (phénomène d’apparition tardive de certaines textures, comme des brins d’herbes où l’on arrive à voir au loin la texture apparaître). Les modèles des personnages sont toujours aussi aboutis, même si j’ai eu tendance à trouver le regard de Tifa un peu vide par moments, et on ressent un peu moins la négligence de modélisation des PNJ. Par contre, on sent que le monde ouvert reste un frein à la créativité tant certains environnements plus restreints sont stupéfiants de beauté, à l’image de la ville des Gi.

Jouabilité : 18/20

Le travail accompli est assez fou. Avec des environnements bien plus ouverts, les combats peuvent enfin prendre l’envergure qu’ils méritent, et le résultat est jouissif. Chaque personnage a ses avantages et défauts, et le fait de pouvoir switcher entre les trois de l’équipe instantanément est incroyable. En revanche, l’IA est catastrophique et il faut tout faire tout seul, mais ça permet de se sentir utile et d’être le vrai moteur de l’équipe. Un peu de progression avec l’arrivée de la troisième limite (mais pas encore la dernière), une interface plus propre. Seules ombres : toujours pas de création de nouvelle matéria quand l’une d’elle arrive au dernier rang, ce qui est si frustrant tant ça a toujours été une constante dans la saga. Eh puis l’absence de recover avec la touche rond, solution parfaite des Dissidia et Kingdom Hearts 2 pour ne pas se faire enchaîner à l’infini, ça reste tellement frustrant. En bref, cette suite fait tout en mieux, mais surtout elle réussi là où les derniers Zelda ont échoué : faire du level design intelligent en monde ouvert. L’exploration n’est jamais pesante mais jamais assistée. Il suffit de se promener à la recherche de points d’intérêts pour que tous les autres ou ceux cachés en découlent facilement, et si un point semble difficile d’accès, c’est toujours parce que son accession est permise par le biais d’une mission principale ou annexe, créant de fait un intérêt accru de cercle vertueux où chaque action amène naturellement vers une autre. On est pratiquement jamais perdu, sauf quand on veut aller trop vite, ce qui là encore pousse à une exploration réfléchie et fluide. Même les meilleurs Assassin’s Creed n’ont jamais atteint un tel niveau. En plus, que ce soit avec des véhicules ou des chocobos aux pouvoirs variants à chaque nouvelle zone, la méthode d’exploration est constamment renouvelée. Reste aussi les mini-jeux, dont certains sont réussis comme le Ford Condor ou le Queen’s Blood, et hormis le lancé de boîtes avec Cat Sith dans le manoir et les vols de chocobo à Cosmo Canyon, pas vraiment d’expériences traumatisantes.

Durée de vie : 15/20

Fut un temps où j’aurais mis potentiellement la note maximale, mais le temps me manque. En mode facile et sans traîner outre mesure, il m’aura fallut plus de 75 heures pour en venir à bout. Pire, j’ai fini lvl53, donc si j’avais voulu me rapprocher du trophée platine qui oblige à tout refaire en mode difficile, incluant des mini-jeux pas toujours bien heureux, il faudrait compter 200 heures. C’est abusif, et les développeurs ont été trop généreux sur la quantité de missions annexes et mini-jeux, et je suis un perfectionniste adepte du 100% à défaut du trophée platine dont les conditions d’obtention sont systématiquement débile. Je n’ose imaginer le dégoût d’un jeu qu’on aurait platiné… Si on enlève les missions secondaires et l’exploration, ce qui rendrait le jeu quasi impossible tant j’ai galéré même en facile sur certains passages (coucou Odin), on peut imaginer finir le jeu en une quarantaine d’heures, ce qui est énorme, d’autant que contrairement à Final Fantasy VII Remake, on ne ressent que peu de remplissage : c’est juste que le tronçon du jeu de base faisait une trentaine d’heures, auquel il faut rajouter les réalités alternatives rajoutées. Les gros joueurs seront ravi et heureusement que le hasard des choses m’a permis d’avoir tant de temps à y consacrer, mais dans les faits un jeu qu’on finirait en 15-20 heures m’irait bien mieux.

Bande son : 19/20

En plus de retrouver le prestigieux doublage français qui fait plaisir autant qu’il fait rager tant on aurait préféré l’avoir sur Kingdom Hearts III, on retrouve surtout toutes les compositions de légende du jeu d’origine, sublimées par des réorchestrations magnifiques. Quitter Midgar nous permet d’avoir une variété bien plus large, ponctuant chaque région par des musiques thématiques, certaines nouvelles comme la région de Gongaga dont le mélange jungle et musique écossaise n’est pas sans rappeler les dernières saisons de Outlander. En revanche, attention au plagiat, un nouveau thème a été ajouté dans le temple des anciens, dont la ressemblance avec l’un de ceux de Mass Effect est plus que troublante.

Scénario : 19/20

Enfin le jeu démarre ! Je trouvais aberrant de faire tout un jeu à Midgar tant le jeu ne décolle qu’après, et effectivement, le jeu décolle d’emblée avec le fameux faux souvenir de Nibelheim. Chaque passage qui suivra explorera le passé d’un personnage, fera évoluer la tram globale ou développera l’un des traumatismes lattant. Et plus encore, crevons l’abcès du « Remake » qui joue sur les mots : le premier jeu n’était pas un remake au sens refaire le même jeu, mais plutôt les protagonistes qui refont leur propre histoire. Entre suivre la temporalité sacrée et constater les divergences, le joueur traquera chaque indice de changement, de niveau de conscience supplémentaire, avec d’autres histoires parallèles de réalités alternatives. Il est presque acté que la dernière partie s’appellera « Réunion », qui devrait avoir un double sens entre celle organisée par Sephiroth et celle de la convergence des univers. Le travail de revisite est génial, et on a hâte de voir où tout cela nous mènera, tout en le sachant en partie.

Note Globale : 18/20

Après la vitrine technologique au fort potentiel qu’était Final Fantasy VII Remake, on espérait pouvoir enfin mettre les deux pieds dans l’histoire originelle, d’autant qu’avant sa sortie le nombre de parties était en suspend, avec la peur d’en avoir une pleine poignée. Outre le fait de nous rassurer en adaptant une part énorme du jeu d’origine en une fois, cette suite permettra aussi d’apprécier plus encore les propositions faites, notamment le choix du monde ouvert, dont le niveau de maîtrise est, à mon modeste niveau de joueur occasionnel, tout simplement le meilleur qu’il m’ait été donné de voir. Un jeu à la générosité démesurée, pour un voyage des plus chronophages, mais qui vaut le temps passé. Je restais septique quant à la nécessité de raconter une fois de plus cette histoire, mais finalement tous mes doutes ont été balayés : ce jeu est grandiose, et l’axe de réadaptation des plus prometteurs. Vivement 2027 pour la suite et fin de l’aventure, en espérant une apothéose à la hauteur des attentes.

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