Marguerite

Marguerite
2015
Xavier Giannoli

Aller hop, on continue le petit tour des Césars avec l’un des grands présents de la cérémonie, récompensé notamment de par le prestigieux prix de la meilleure actrice, et ça commence à me les briser menu. Après Mustang (si j’en ai le courage), c’est décidé, j’en aurais fini avec cette sélection déprimante et indigne.

Vaguement inspiré de l’histoire de Florence Foster Jenkins, une cantatrice américaine des années 40, le film en sort le personnage de Marguerite Dumont (Catherine Frot), baronne excentrique dont l’entourage, par amour, lui a fait croire que son talent de cantatrice ne connaissait pas de comparaison à sa hauteur, alors même que la réalité était l’exact opposé. Railleries dans son dos, mais mythe entretenu en surface.

Mieux vaut regarder un peu d’où sort le film avant de tirer une conclusion trop hâtive : non, Marguerite n’a jamais existé, sans quoi on aurait du mal à comprendre comment quelqu’un aurait pu avoir entendu parler d’elle, et encore moins avoir l’idée d’en faire un film. Oui, elle chante faux, son entourage la berne, mais on est très loin de tirer la corde jusqu’au bout. Il aurait été amusant de voir le cas le plus extrême concevable : une presse corrompue qui l’acclame au point que même le public finisse par ne plus avoir conscience de son incompétence,  un peu comme avec l’art moderne et les inconcevables foutages de gueules de toiles chromées ou unicolores qui se vendent une fortune. Le film fait donc petit joueur, n’osant pas réellement s’assumer, alors même que l’inspiration première était bien plus piquante. Une ébauche bien fade, heureusement rattrapée par d’excellents acteurs, comme Christa Théret, de plus en plus charmante, de même qu’une direction artistique soignée (l’image est magnifique), n’échappant en revanche pas à certaines fautes cauchemardesques, notamment la femme à barbe qui provoque des remontées gastriques. Gros potentiel donc, et il y avait visiblement nombre de gens talentueux dans le projet, mais le film a tout de même un sacré goût d’inachevé.

Publié dans Cinéma, Critiques | Laisser un commentaire

Fatima

Fatima
2015
Philippe Faucon

Encore sous le choc du somnifère ambulant qu’était la cérémonie des Césars 2015, beaucoup ont acclamé celle de cette année, pas terrible mais fonctionnelle, et au fond rien a changé. Deux années coup sur coup, voguant sur le bien pensant, la crise migratoire et la peur du terrorisme islamique, deux films musulmans ont gagné le prix du meilleur film. Moins honteux que le putride Timbuktu, Fatima prouve une fois de plus la supercherie des Césars.

Nous riches français ingrats que nous sommes, baignant royalement dans nos 40% de chômage pour les moins de 25 ans, nous n’avons pas conscience de la misère des pays du sud du bassin méditerranéen. Pour avoir une vraie chance de s’en sortir, nombre de leur habitants n’hésitent pas à venir immigrer chez nous, mais déchantent très vite. Le marché de l’emploi leur est tout autant fermé, et le stéréotype de la mère femme de ménage et le père ouvrier de chantier est une réalité. En pleine précarité, Fatima, faisant des ménages et ne parlant pratiquement pas un mot de français, tente d’élever ses deux filles dans ce monde désabusé.

Après le douloureux lauréat de l’an dernier, je m’attendais tellement à un étron aussi puant que la surprise fut relativement bonne en y découvrant un film correct. Là où La loi du marché délivrait une vision exclusivement pessimiste et dépressive du système, avec en plus l’une des réalisation les plus dégueulasse de l’histoire avec des acteurs minables, on s’en sort nettement mieux ici. Bien sûr, la première génération à être arrivée n’est pas spécialement jouasse, mais c’est au travers des deux filles que l’espoir va naître, du moins pour l’aînée qui souhaite vraiment s’en sortir et faire des études de médecine, d’ailleurs récompensée par le prix de l’espoir féminin, et c’est assez mérité. L’histoire est basique mais les personnages sont intéressants, voir attachants, à l’exception de la plus jeune des filles, peste tête-à-claque dont l’interprète est tout simplement atroce. Si la réalisation n’a rien de très intéressant, certaines idées le sont plus, comme la gestion de la langue arabe, utilisée de manière à ce que le côté culturel soit transmit sans que cela ne gène trop la compréhension du spectateur, sauf lors de deux passages vers la fin, un peu trop longs et ne reposant pas sur un échange à moitié français. La courte durée du film (1h19) le rend plus accessible aussi, mais de là à parler de « meilleur film français de l’année », la blague passe encore assez mal. Sur ce, la critique Spotlight débarque bientôt, en espérant que les américains soient moins cons que les français…

Critique disponible dans une version vidéo alternative :
https://www.youtube.com/watch?v=VDwZdyC_EUw

Publié dans Cinéma, Critiques | Laisser un commentaire

Février 2016

Publié dans Statistiques du site | Laisser un commentaire

The Revenant

The Revenant
2016
Alejandro González Iñárritu

En deux ans, l’homme est passé d’auteur indépendant à plus grand réalisateur de sa génération. L’an dernier Alejandro González Iñárritu a gagné l’Oscar du meilleur réalisateur grâce à Birdman, proposant un film artistiquement très ambitieux puisque reposant intégralement sur le principe du plan-séquence, soit un film entier sans la moindre coupure, changement d’axe ou ellipse narrative. Cela n’a pas suffit à déchaîner les foules, mais cette fois les choses sont sensiblement différentes. Avant même tout probable prix, avec peut-être à la clef une seconde victoire d’affilée pour le prix du meilleur réalisateur et meilleur film, le film a déjà rapporté près de 400 M$, une bénédiction tant le tournage dantesque de neuf mois fut coûteux : 135 M$. Vu le thème et le style loin d’être tout public, c’est un miracle qui fera date.

Adaptation du roman de Michael Punke, le film prend place en pleine période coloniale, alors que le continent américain était encore en grande partie la propriété des Apaches, Comores et autres indiens. Fournisseur de peaux de castors très prisées, Andrew Henry (Domhnall Gleeson) tentait de fuir les barbares indiens avec ses quelques survivants lorsque son meilleur trappeur, Hugh Glass (Leonardo DiCaprio), fut très sévèrement blessé par un ours. Incapable de marcher et ralentissant bien trop le groupe, il fut laissé en retrait avec son fils et deux hommes, John (Tom Hardy) et Bridger (Will Poulter), pour peut-être récupérer, mais sans véritable espoir de guérison. Ne souhaitant pas moisir sur place en attendant que les indiens viennent les cueillir, John va laisser Hugh pour mort et se débarrasser du fils, peu coopératif. À l’agonie, Hugh va revenir d’entre les morts pour venger son fils.

C’était une évidence avant même sa sortie, le film n’allait pas proposer un grand scénario et proposerait plus une expérience cinématographique intense. Effectivement, un père voulant venger son enfant, c’est peu, très peu, beaucoup de passages sont contemplatifs, donc « longs », et nombre de spectateurs seront déboussolés voir déçus. Non, le film n’est pas une course effrénée en quête de justice, c’est même plutôt un combat de l’esprit requérant de la patiente, et Leonardo DiCaprio n’éblouira pas non plus de par son jeu d’acteur, cherchant plus le réalisme au travers d’un travail qui, lui, est remarquable. Point de dialogues bouleversants, il y a en peu et ils s’en tiennent au strict minimum, et on n’aura pas non plus de regard au loin ou autre expression qui en dit long, l’implication est surtout physique. L’acteur, et les autres aussi d’ailleurs, joue en conditions réelles, n’hésitant à se baigner des des eaux gelées, à manger du poisson ou du foie cru, à rester des heures dans la neige par des températures négatives, et passant même des nuits dans des carcasses d’animaux. Être un acteur, ça n’est pas que psychologique, ça peut aussi être physique, et c’est en ça que l’acteur impressionne et mérite notre respect. Mais plus que des acteurs qui n’avaient plus rien à prouver et qui se sont malgré tout surpassé, c’est surtout au niveau de l’ambiance que le film est marquant, voir incontournable.

Ça a toujours existé, mais le numérique la révolutionné, le plan-séquence est devenu la marque de fabrique du réalisateur. De par l’envergure des décors, certains choix artistiques (notamment l’instant magique, c’est-à-dire une action constamment située soit au levé soit au couché du soleil) et la temporalité de l’histoire, conserver ce format tout du long aurait été impossible, mais Alejandro González Iñárritu a réussi à trouver un équilibre qui fonctionne admirablement. Avec une caméra d’une liberté surréaliste, capable de s’engouffrer dans d’étroits passages ou de passer sous l’eau pour suivre l’action, l’immersion est tout simplement ahurissante, nous plongeant au cœur du récit mieux que n’importe quel film 3D dont la technologie, dans l’état actuel si amoindri, semble vouée à disparaître. La fameuse scène de l’ours, pas irréprochable mais tout de même impressionnante, en est un très bel exemple tant la violence de l’action est palpable. Une violence qu’on retrouve un peu partout dans le film, ne souffrant aucune concession pour la cause du réalisme, maître mot du film qui autorise en revanche une immense poésie esthétique, sublimant toute la puissance des décors. Une force de la nature au cœur de l’histoire, principalement axée autour de la survie d’un héros constamment mit à l’épreuve et dont le retour à la vie force l’admiration tant sa motivation est sans faille.

L’histoire a beau être profondément creuse, abordant des thèmes classiques sous un jour pas très neuf avec à la clef un message bidon, elle bénéficie néanmoins d’un traitement immensément riche. L’image est à couper le souffle, les décors intimidants, la musique puissante, l’ambiance stressante, les plans-séquences spectaculaires et les acteurs investis comme rarement on a pu le voir. 2h36, c’est très long, certains plans s’éternisent plus que de raison, la violence extrême en rebutera plus d’un et l’histoire aurait mérité plus de travail, et mieux vaut ne pas partir en espérant voir l’un des plus grands chef d’œuvre du septième art, mais le film nous prend vraiment aux tripes et le travail accompli est stupéfiant.

Critique aussi disponible sous format vidéo :
https://www.youtube.com/watch?v=d1ahrTi4RX4

Publié dans Cinéma, Critiques, Vidéo | Laisser un commentaire

The Finest Hours

The Finest Hours
2016
Craig Gillespie

Avec les effets spéciaux, le tournage en haute mer est la chose la plus cher qui soit au cinéma, mais ça ne déchaîne pas forcément les foules. À quelques mois d’intervalle, ce sont coup sur coup deux échecs retentissants qui sont survenus, le premier ayant été Au cœur de l’océan, adaptation de l’histoire ayant inspiré Moby Dick. Ici aussi le choix s’est porté sur un récit historique, et les premiers résultats en salle sont tout aussi poussifs. Difficile à dire si la qualité était en cause dans le premier cas, ne l’ayant pas vu, mais il faut croire que le style n’intéresse tout simplement pas assez de monde tant c’est réussi.

Lors de l’hiver 1952, une terrible tempête déferla sur le Michigan et les eaux des Grands Lacs se déchaînèrent, brisant deux pétroliers qui s’y trouvaient. Malheureusement, l’un des deux ne fut pas localisé dans un premier temps, et avec les sauveteurs mobilisés sur le premier, il ne restait alors que les gardes-côtes pour leur porter secours, sans réel moyen technique capable de sortir des bancs de sable. Armé de son courage et accompagné par de courageux camarades, le garde-côte Bernie Webber (Chris Pine) tenta sa chance lors de cette terrible nuit d’orage.

Avec Disney à la barre du projet, on pouvait craindre une histoire édulcorée, trop pleine de bons sentiments et évitant de trop montrer certaines tragédies, mais il n’en est rien, ou presque. Effectivement, une romance classique vient un peu alourdir le fond du propos avec du consensuel, mais c’est surtout le combat de l’homme face à la nature, face à lui même et ses faiblesses. Il y a de tout : des hommes (Eric Bana), des suiveurs (Ben Foster) et des héros (Casey Affleck), et chacun appréhende les événements à sa manière. Certains personnages sont intéressants, et que la tempête ne soit pas le seul élément scénaristique est une bonne chose, mais ce sont vraiment les phases en mer qui rendent le film si intéressant. Le rendu est tout simplement énorme, nous écrasant sous le poids des vagues. Réaliste, brutal et grandiose, le film nous immerge de façon spectaculaire par ses images saisissantes, ses jeux de lumières angoissants, son atmosphère cauchemardesque et cette musique puissante. On en attendait pas grand chose tant la communication autour du film fut pauvre, pour ne pas dire inexistante, et pourtant on tient là une mission de sauvetage en mer palpitante, visuellement bluffante.

Critique aussi disponible sous format vidéo :
https://www.youtube.com/watch?v=Cbi3E-McvFs

Publié dans Cinéma, Critiques, Vidéo | Laisser un commentaire

Joséphine s’arrondit

Joséphine s’arrondit
2016
Marilou Berry

Alors qu’on s’attendait tous à voir débarquer une suite à Vilaine, qui malgré une lourdeur ahurissante avait eu un beau succès, Marilou Berry a contre toutes attentes fait une suite au très moyen Joséphine, qui de surcroît n’avait pas été très rentable, et celui-ci est aussi parti pour perdre quelques millions d’euros sur l’exploitation en salle, et ça n’est pas très étonnant.

Après avoir pété un câble, joué les squatteuses et les amoureuses psychopathes, Joséphine (Marilou Berry) semblait enfin avoir trouvé une stabilité dans sa vie, ayant trouvé le bonheur conjugal avec l’homme de sa vie, mais c’était sans compter sur le plus terribles des événements possibles et imaginables : l’arrivée d’un bébé.

Faire croire à un départ et s’incruster chez quelqu’un d’autre pour espionner comme une malade, c’était une idée pas si mauvaise quand on compare à l’originalité négative d’une grossesse. Le peu d’originalité du premier s’envole, et toutes les sous-intrigues sont navrantes de banalité. Le rapport inversé de la femme objet qui se transforme en amoureuse typique n’a que peu d’intérêt, et Medi Sadoun n’a pas le charisme suffisant pour s’imposer comme tombeur. Tous les plus gros clichés des femmes enceintes déferlent, c’est vite soûlant, et l’héroïne est tellement laide et enlaidie que s’en devient presque vomitif (pour le coup, la fille se rapproche de plus en plus de sa mère, Josiane Balasko, campant vraiment sa mère d’ailleurs). Mais ne crachons pas véhément sur le film, il y a du bon aussi. Dans cet océan confondant de banalité, de stéréotypes et de lourdeurs, quelques perles s’y trouvent et on rit malgré tout plutôt bien. Un rire d’exaspération, puisqu’à force de faire dans la surenchère, on craque et on se marre. Pas honteux, pas brillant, juste une comédie franchouillarde bien grasse.

Publié dans Cinéma, Critiques | Laisser un commentaire

Strictly Criminal

Strictly Criminal
2015
Scott Cooper

Dans les années 70 à 80, la ville de Boston tremblait sous le joug de James Bulger (Johnny Depp), terrible baron de la drogue connu pour son intransigeance. Touche à tout, il avait versé dans toutes les formes de drogues, visant tous les publics, même très jeunes, n’hésitant pas non plus à donner dans l’extorsion, règlement de compte et autres magouilles. Impitoyable, il faisait assassiner toute personne suspectée de trahison ou qui lui avait manqué de respect, et il était l’auteur d’un cimetière tout sauf modeste. Frère d’un puissant politicien (Benedict Cumberbatch) et ami d’un agent de la CIA très coopératif (Joel Edgerton), il est passé entre les mailles du filet pendant de longues années au cours desquelles il a imposé sa tyrannie. Le film retrace l’histoire vraie de ce terrible mafieux.

Dans un univers aussi violent et dangereux que celui du crime en bande organisée, se hisser au sommet des gangs les plus craints et puissants est un exploit dont le cheminement intrigue. Comment un homme seul peut-il faire trembler une ville entière ? Comment peut-on être si inquiétant que la police elle-même s’écrase et s’incline devant nous ? Alors bien sûr, si les gangsters vous débectent et que le crime ne peut être à vos yeux vénéré, difficile d’adhérer, d’autant que le genre a connu nombre de représentants plus percutants, mais tout de même, ça n’est pas tous les jours qu’on assiste à un casting pareil. Dakota Johnson, Kevin Bacon et Peter Sarsgaard complètent une distribution de rêve, et chacun apporte une personnalité forte à son personnage. Pas de concession, la violence est aussi bien physique, verbale et morale, l’histoire est intéressante de par certaines nuances originales comme l’allié travaillant à la CIA, et même l’ambiance visuelle vaut le coup d’œil, retransmettant très bien la brutalité de l’environnement. Pour peu qu’on adhère, c’est plutôt pas mal.

Publié dans Cinéma, Critiques | Laisser un commentaire

Belles familles

Belles familles
2015
Jean-Paul Rappeneau

La retraite c’est pour les faibles. À 83 ans, Jean-Paul Rappeneau sortait un nouveau film après 12 ans d’absence, alors même qu’il était parti au sommet de sa gloire, ayant glané une nomination du César du meilleur film pour sa dernière oeuvre. Pour son grand (et dernier ?) retour, il s’est entouré de certains des plus grands talents trans-générationnels pour une comédie grinçante sur la famille.

Le chat parti, les souris dansent. Parti faire sa vie en Chine, Jérôme Varenne (Mathieu Amalric) ne pouvait pas prévoir que tout allait à ce point partir en vrille pendant son absence. De retour en Europe pour affaires, faisant un crochet chez sa famille (Nicole Garcia, sa mère, et Guillaume de Tonquédec, son frère), qui lui reproche de ne pas avoir assisté à l’enterrement de son père, il va apprendre que la succession est assez chaotique. La maison dans laquelle il a grandit n’a pas encore été vendue à son ami Grégoire (Gilles Lellouche) contrairement à ce qui était prévu, la faute au maire (André Dussollier) qui fait barrage pour s’approprier la maison et y construire des logements sociaux. Souhaitant faire bouger les choses, Jérôme va se rendre sur place, rouvrant de vieilles blessures passées et se confrontant à Louise (Marine Vacth), la fille de l’amante (Karin Viard) de son père, laissée pour compte après la mort de ce dernier et qui le reproche à Jérôme.

Voilà typiquement le genre de film français qui se perd dans un panel de personnage trop étoffé et qui multiplie les sous-intrigue en se compliquant bien trop la tâche, pour au final ne faire que dans la banalité et les bons gros clichés des familles. D’un certain point de vu, c’est exactement le problème du film, ressortant des situations biens trop connues et classiques, avec des rebondissements prévisibles et des personnages stéréotypés, et en plus la direction d’acteurs laisse à désirer tant les performances ne font pas honneur aux interprètes. Pourtant, le film est plutôt pas mal, car même si tout est prévisible et pas très neuf, la gestion des personnages et des intrigues marche très bien, c’est drôle, très bien écrit et on a l’impression d’assister à une de ces vieilles pièces de théâtre un peu « too much » mais pleine de charme. Il ne faut pas s’attendre à une comédie de génie, mais c’est un divertissement retro intéressant.

Publié dans Cinéma, Critiques | Laisser un commentaire

Une Famille à louer

Une Famille à louer
2015
Jean-Pierre Améris

L’amour s’achète t-il ? Oh oui, sans problèmes. Pour Paul-André (Benoît Poelvoorde), la vie n’a jamais été tendre, ayant été rejeté par ses parents puis s’étant jeté corps et âme dans son métier où il a fait fortune jusqu’à l’implosion. Un beau jour il en a eu marre, a tout revendu et s’est enfermé dans une tour d’ivoire où il méditait sur sa solitude. Puis au détour d’un journal télévisé, voyant la pauvre Violette (Virginie Efira), jugée pour vol alimentaire et agression de vigile, défendre sa cause de mère célibataire et faire l’éloge de la famille, il va décider de vérifier si une famille pourrait briser la morosité de son quotidien et qui sait, le heureux. Il va alors la trouver et lui proposer un accord improbable et fou : en échange d’un an de salaire et du remboursement de ses dettes, il veut emménager avec elle et faire parti de sa famille.

On a déjà vu des films où un riche un peu siphonné se payait un ami ou une femme, mais cette fois c’est le niveau d’au dessus, l’homme en question s’offrant carrément une famille. Une idée pas forcément très neuve, mais c’est sympathique et le film fait exactement ce qui été prévu, mais d’un autre côté c’est ce qu’on attendait de lui. On sentait que la cohabitation allait poser quelques problèmes, que les enfants allaient être casse-pieds, mais qu’au final à force de simuler quelque chose cela deviendrait réel. En revanche, tomber dans un écuelle de clichés et passer par de nombreux moments gênant n’était pas obligatoire. De même, garder le cap souhaité n’implique pas forcément de faire l’impasse sur l’innovation, car un si haut degré de prévisibilité devient nuisible à force. Les personnages sont agréables, l’histoire simple et amusante, mais le traitement est si faiblard qu’on a l’impression de passer à côté du véritable potentiel du sujet. Divertissant, mais il y avait tellement mieux à faire.

Publié dans Cinéma, Critiques | Laisser un commentaire

Zootopie

Zootopie
2016
Byron Howard, Rich Moore, Jared Bush

Les films d’animation ont toujours été plébiscités par les enfants, mais ces dernières années le phénomène s’est amplifié. Il y en a de plus en plus, et ils rapportent davantage chaque fois. Disney en est un bel exemple, intensifiant sa cadence à raison de trois films par an, dont deux en collaboration avec Pixar. Projet solo, le film est acclamé et devrait continuer à asseoir la suprématie de la firme.

L’utopie du zoo. Et si le monde n’était composé que de gentils animaux qui cohabitent ensemble ? Et si la barrière entre prédateur et proie tombait ? Eh bien c’est exactement ce qu’il s’est passé dans cette réalité alternative où l’homme n’a jamais existé et où les animaux ont évolué ensemble en harmonie et dans l’entre-aide. Néanmoins, certains préjugés ont la vie dure, et dans l’imaginaire collectif les espèces ont des rôles bien spécifiques. Petite et mignonne, Judy Hopps n’avait rien pour devenir policière de par son appartenance aux léporidés, mais grâce à son travail et ses efforts elle va intégrer la brigade de Zootopie. Qu’importe les brimades, elle leur montrera de quoi elle est capable.

Après Les Nouveaux Héros et surtout Les Mondes de Ralph, Disney déçoit encore par manque d’inventivité. Passons rapidement sur le visuel, fonctionnel et impersonnel comme la plupart des films 3D de ces dernières années, car il n’y a pas grand chose de positif ou négatif à dire dessus tant la direction artistique et le design des animaux sont classiques, et concentrons-nous plutôt sur l’histoire. Les prédateurs et les proies symbolisent les ethnies ou les origines religieuses, et tout nous ramène au problème de l’acceptation de la différence, avec du « aimons-nous les uns les autres » bien dégoulinant. Si les personnages sont assez réussis malgré les stéréotypes, on ne peut pas en dire autant de l’enquête, basique à souhait, et ça patauge suffisamment régulièrement pour que l’ennui pointe occasionnellement le bout de son nez. Un fond plutôt creux, et l’humour, soutenu et efficace, ne le sauve pas toujours, à l’image des références lourdingues au Parrain, vues et revues un million de fois. Le coup des paresseux, critique amusante de l’administratif, est déjà plus inspiré, avec une chouette surprise d’ailleurs. On oscille entre bonnes et mauvaises surprises, et même si le résultat reste solide, Disney fait preuve de paresse à son tour, une tare de plus en plus présente.

Publié dans Cinéma, Critiques | Laisser un commentaire