Entre amis

Entre amis
2015
Olivier Baroux

Homme à la carrière inversement proportionnelle à son talent, n’ayant jamais fait un seul bon film en tant que metteur en scène, Olivier Baroux n’a jamais su convaincre son public malgré quelques jolis succès, et il le paye depuis quelques films, enchaînant des fours plus ou moins retentissants. Pas encore totalement grillé, il a réussi l’exploit de rassembler certains des plus grands noms du cinéma français pour une comédie comme il les aime, avec en prime un tournage en haute mer, une gourmandise budgétaire. Et comme d’habitude, on sourit deux trois fois, mais on s’en serait largement passé.

Amis depuis toujours, Richard (Daniel Auteuil), Gilles (Gérard Jugnot) et Philippe (François Berléand) se retrouvent chaque été pour passer quelques jours ensemble, et cette fois les trois sexagénaires vont se donner rendez-vous pour une croisière en voilier, accompagnés par leurs trois concubines (Zabou Breitman, Mélanie Doutey, Isabelle Gélinas). Des petites vacances paradisiaques pour oublier les tracas de la vie, en théorie, mais la sortie va virer au règlement de compte.

À force on connait le bonhomme, donc difficile de feindre l’étonnement et de s’attendre à autre chose qu’une comédie facile et plutôt bancale. Partant de là, la déception n’est donc pas possible, et on aurait même tendance à être content du résultat, moins pire que ses plus mauvais. Bien sûr, voir de si grandes légendes réunies autour d’un scénario aussi bidon et mal écrit, ça fend le cœur, mais ça permet au moins de rentrer directement dans l’histoire grâce à la sympathie acquise des personnages. Quelques dialogues font mouche à l’occasion, et la première moitié est conviviale, permettant en plus d’admirer de très beaux environnements aquatiques. On sera même agréablement surprit par la bande-son, contenant, aussi fou que cela puisse être, un extrait de « Drunken Sailor », classique de la piraterie. Malheureusement, ça part un peu en vrille dans la seconde moitié, et le film le gère très mal. Le plus bel exemple est la scène de ballottement intérieur, si peu naturelle qu’on sort instantanément du film. Une comédie franchouillarde qui a ses bons moments, mais c’est vraiment du divertissement de gros beauf.

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Splice

Splice
2010
Vincenzo Natali

Non mais sérieux ? Y a t-il un neurone qui se balade chez les spectateurs ? L’ayant adoré au moment de sa sortie, j’ai eu envie de me le refaire, ne serait-ce que pour enrichir le site jusqu’alors privé de cet ajout d’envergure. J’avais un vague souvenir de déception au box-office, mais la réalité est bien pire que ça : ce fut un échec cuisant, et les critiques sont carrément dégueulasses. Jugement de jeunesse trop prompt ? Bien au contraire, on tient là l’une des œuvres les plus abouties et importantes du genre.

Dans la société actuelle où le progrès consiste à rendre une industrie plus rentable, un couple de chercheurs, Clive (Adrien Brody) et Elsa (Sarah Polley), fut engagé pour synthétiser une hormone qui révolutionnerait l’agriculture en supprimant toute forme de maladies possibles pour les animaux et végétaux. Pour se faire, ils vont élever en cuve des hybrides génétiquement modifiés produisant d’eux même l’hormone. Tout ce qui touche aux manipulations sur l’ADN humain étant particulièrement glissant et surveillé de près, leur projet de développer une telle hormone pour l’humanité fut rejetée de par la nécessité de créer un hybride aux caractéristiques humaines. Pensant détenir les clefs de la prochaine découverte scientifique majeure, ils vont néanmoins donner vie à une telle créature, baptisée Dren.

De toute l’histoire des bestiaires du cinéma, Dren se situe clairement parmi les plus belles réussites artistiques qui soient. D’un point de vu design, quel que soit son âge, le résultat est saisissant de réalisme, et le mélange entre fascination et effroi est juste parfait. Dans divers domaines culturels, des humanoïdes, d’origines extraterrestres ou fruits de laboratoires, ont souvent suscité le fantasme de l’observateur, et l’attirance que l’on peut ressentir pour elle est proportionnelle au dégoût et à la crainte qu’elle véhicule. On voit cet être grandir, évoluer, se rapprocher du model, découvrir notre panel d’émotions, et on aurait tendance à se laisser attendrir puis séduire, mais impossible d’écarter de son esprit son apparenté à la précédente expérience, l’un des plus grands traumatisme du cinéma. Si bien sûr quelques scènes sur la fin vous marqueront à jamais, impossible de faire l’impasse sur la séquence de présentation des deux spécimens, sournoisement préparée dans la tête du spectateur par de nombreuses références, mais entre la théorie et la pratique le fossé est abyssal. Et c’est là la force ahurissante du film, au delà de ses bons acteurs : l’ambiance est stressante au possible, et on retient constamment notre souffle. Tout peut basculer d’un moment à l’autre, et tout semble indiquer en permanence que ça va dégénérer. Le complexe de Dieu avec la création de la vie ne date pas d’hier, mais l’approche est puissante et le film intense.

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True Story

True Story
2015
Rupert Goold

Débarquant enfin chez nous la semaine prochaine après une timide sortie américaine en avril dernier, le film raconte comment la vie de Mika Finkel (Jonah Hill) a basculé. Journaliste au New York Times, il sera renvoyé suite à la rédaction d’un article à sensation, choquant et vendeur, mais mensonger, le grillant au près de tout le milieu. Fini l’homme de terrain de renom, rejoignant sa femme (Felicity Jones) loin de l’excitation de la ville. Mais voilà, après une longue période de cavale, Christian Longo (James Franco), accusé du meurtre de sa femme et de ses trois enfants, va être appréhendé. Voyageant sous l’identité de Mika dont il apprécie tout particulièrement le travail, il va autoriser lui et lui seul à écrire autour de son histoire. Une histoire vraie survenue il y a une dizaine d’années.

Ah, enfin un film qui a tout comprit ! Dans un thriller de ce type, l’enquête est aussi importante que le procès, peu ou prou, et trouver l’équilibre est primordial. Quelle frustration que d’avoir été privé du procès dans Le Labyrinthe du silence ! Ici, on a une amorce, un début d’enquête qui semble donner toutes les cartes pour comprendre le dénouement, puis elle continue en parallèle du procès avec des surprises d’envergure, des faits intrigants, et un témoignage qui restera à jamais dans les mémoires de ceux qui le verront. Si le journaliste n’a que peu d’importance et que son interprète n’est un bon choix que pour un certain point de sa personnalité, le personnage énigmatique et mystique de Longo est quant à lui magistralement interprété par James Franco, tout simplement ahurissant de talent. Le suspense reste entier jusqu’à la toute fin, et malgré un certain manque d’originalité on en perd pas une miette. Pas le thriller de l’année, quoique, le film vaut carrément le détour pour sa gestion du suspens et la classe de son présumé méchant.

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Le Labyrinthe du silence

Le Labyrinthe du silence
2015
Giulio Ricciarelli

Pas encore remit de la catastrophe Hannah Arendt, à supposer qu’on puisse se remettre d’un pareil étron à ce point psychologiquement néfaste, une autre production allemande à vocation de ne jamais laisser les plaies du passé se refermer a vu le jour. Un « devoir de mémoire » de plus, largement salué par les critiques, mais la précédente purge haineuse l’était elle aussi. Cette fois, si les scénaristes se sont une fois de plus torché avec l’histoire, prit comme une pure fiction le film est presque bon.

N’ayant strictement aucune influence dans l’histoire et n’ayant traduit que des sous-fifres inutiles contrairement à ce qui est dit, le film va s’intéresser à une affaire de 1963 où trois procureurs, ici fusionnés en un seul personnage fictif, Johann Radmann (Alexander Fehling), vont s’attaquer aux anciens nazis ayant servit à Auschwitz, la plupart étant libre et vivant normalement. Pour la première fois de l’histoire, des allemands vont juger des allemands. Bah oui, avant la loi ça existait pas et Nuremberg c’est de la merde.

J’essaye de rester objectif au maximum, mais ce film fait vraiment tout pour me pousser à bout. Ce procès n’a pas eu le moindre impact, l’arrestation de Eichmann n’a rien à voir avec cette histoire, et le dernier commandant d’Auschwitz fut bien évidemment pendu à Nuremberg et n’a pas du tout était incriminé lors des événements du film. Et puis oser dire que presque personne ne connaissait les incidents d’Auschwitz avant cette histoire est une connerie monumentale tant ce fut le point central du procès de Nuremberg. Bref, tout ce qui touche à l’histoire dans le film est un tissu d’âneries, et le scénario créé ne brille pas tellement plus, nous proposant une enquête ultra classique aux rebondissements vus mille fois, et la romance, certes mignonne, est elle aussi un modèle du genre. Heureusement, la reconstitution est très belle, les costumes et l’ambiance étant bien retranscrits, et la réalisation est très esthétisée. De même, les acteurs sont charismatiques et n’en font que rarement trop lors des moments vaguement émotionnels. Il y avait de ci de là quelques pistes intéressantes, et le film est bien fait pour peu qu’on ferme les yeux sur certains aspects du scénario, mais ça reste très conventionnel et historiquement pitoyable.

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Good Kill

Good Kill
2015
Andrew Niccol

L’un des meilleurs scénaristes au monde et non moins exceptionnel réalisateur, Andrew Niccol a une filmographie ahurissante, surtout en matière de science-fiction, mais l’homme avait aussi excellé en matière de film de guerre avec Lord of War, genre qu’il retrouve ici. À quelques mois d’intervalle avec le très intéressant Camp X-Ray, avec le même échec commercial malheureux et immérité, le film vient lui aussi dénoncer les dérives du système américain, et tout particulièrement l’armée.

Pilote de chasse pour l’armée des Etats-Unis, le commandant Tom Egan (Ethan Hawke) a vécu comme une trahison l’évolution technologique qui l’a définitivement cloué au sol. Fini le temps où les avions sillonnaient les lignes ennemies, les opérations aériennes se passent désormais bien loin des zones de conflit, les drones ayant remplacé les onéreux avions de guerre, et leur pilotage se faisant bien au chaud chez eux, à Vegas, à des milliers de kilomètres de tout danger. Une frustration jusque là gérable, mais quand la CIA va prendre en charge les opérations, multipliant les frappes préventives contre les populations locales et les dommages collatéraux chez les civils, Tom va se sentir coupable de complicité de génocide injustifié.

À force d’être abreuvé de films pro-américains, ultra patriotiques et qui dressent des portraits monstrueux des musulmans, on en oublierait presque la vérité, et ça fait plaisir de voir un film qui met les points sur les i. Oui, les Etats-Unis sont les principaux formateurs d’Al-Qaïda à force de massacrer des populations innocentes et torturer leurs opposants, leurs méthodes sont pires que celles d’en face, et il y a de vrais tarés au sein de leurs soldats. Ils le disent même très clairement : certains ont été recrutés pour leur addiction aux jeux de guerre, parce qu’au fond manipuler un drone pour massacrer les gens, ça revient au même. On voit donc la horde de moutons qui applaudi aveuglément, mais certains se posent des questions, rejettent certaines pratiques, et finissent par se dégoûter eux mêmes. Si la relation entre les personnages est assez classique, de même que leurs évolutions psychologiques, le scénario du film est très bon et nous apporte surtout une vision inédite sur ce milieu. Les acteurs, incluant January Jones, Zoë Kravit et Bruce Greenwood, font très bien leur boulot, et avec le talent du réalisateur l’histoire nous prend vraiment aux tripes, avec une gestion du rythme très bonne. La face du monde ne s’en retrouve pas changer et c’est peut-être le film le moins ambitieux du réalisateur, mais c’est un film utile et très prenant.

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Le Tout Nouveau Testament

Le Tout Nouveau Testament
2015
Jaco van Dormael

Il y a une semaine j’ignorais tout de ce film, puis je suis tombé par hasard sur la bande-annonce. Intrigué, happé par une possible immense originalité, un détail m’a fait espérer un miracle : son réalisateur. Discret, l’homme n’avait sorti qu’un seul autre film en 18 ans, un certain Mr. Nobody, l’une des plus belles œuvres de science-fiction de ses dernières années. Vendu comme une comédie délurée, le film est en réalité l’exact opposé.

Qui est réellement Dieu (Benoît Poelvoorde) ? Et si c’était en réalité un gros connard qui aurait créé l’home pour se défouler et lui faire endurer mille supplices ? Dans le film, c’est une réalité, et sa pauvre fille, Ea, qui fait elle aussi les frais de ses humeurs (de même que sa mère Yolande Moreau), va un jour en avoir marre et tenter, comme jadis l’a fait son frère, de faire son testament pour apporter sa pureté et sa bonté à l’humanité. Pour sa toute première entrée dans notre monde à la recherche d’apôtres (incluant Catherine Deneuve et François Damiens), elle va révéler à tous leur date de mort, enfants comme adultes, les confrontant à leur plus grande peur, dont l’échéance sera pour beaucoup d’une précocité effroyable.

Il y avait un fort potentiel comique à cette histoire, brièvement montré aux travers des extraits de la bande-annonce qui représentent quasiment l’ensemble des séquences comiques du film, mais ça n’est donc pas l’approche choisie. Après une présentation un peu lourde et bancale de cette revisite du mythe religieux, on découvre ainsi le connard suprême, qui réduit sa femme au silence, crache sur feu son fils, frappe sa fille et invente le plus de règles possible pour empirer la vie des humains, et c’est bien une approche morbide et dramatique à laquelle on a droit. D’ailleurs, on regrettera le choix d’inclure des banalités indignes d’une telle originalité, à l’image des lois de Murphy (la tartine qui tombe toujours du côté du beur, la file d’à côté qui avance plus vite), chacune étant vécue comme une trahison. Enfin bon, face au coup du gorille et de la robe rouge, c’est excusable. Ne pas voir le potentiel comique exploité est très dommageable, mais la puissance dramatique compense t-elle cette absence ? L’approche philosophique de la mort marche en effet très bien, et la vie d’une majorité des apôtres nous touchent beaucoup, surtout grâce à l’ambiance unique du film, renforcée par une très belle réalisation et des effets spéciaux solides pour un si faible budget, mais certains passages laissent froids, notamment la fin, et le côté divin est très mal négocié. Le résultat n’est donc pas à la hauteur, mais un tel degré d’originalité est rare et mérite qu’on s’y intéresse.

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Tous peuvent me tuer

Tous peuvent me tuer
1957
Henri Decoin

Les chaînes de télévision font parfois n’importe quoi, à l’image des scénaristes de ce film. Presque tous ceux qui l’ont vu à l’époque sont morts, et perpétrer son souvenir n’a aucun sens puisqu’aucun des principaux acteurs du film n’a eu de brillante carrière derrière (en revanche, parmi les secondaires on retrouve Pierre Mondy, Jean-Claude Brialy et Jean-Pierre Marielle), que son succès n’avait rien de flamboyant, et qu’au contraire les critiques étaient plutôt mauvaises.

Dans le milieu des malfrats, préparer son coup est une chose primordiale, et un groupe de cinq hommes pensait avoir eu l’idée de génie. Ayant eu l’information comme quoi près de cinq-cents millions d’anciens francs sous forme de bijoux ne demandaient qu’à être cueillis, ils vont se construire un alibi en béton en se rendant coupable lors de cette même soirée, juste après le braquage, de vol avec effraction et ivresse publique en torpillant un bar. Une petite connerie de rien du tout, mais chaque membre va quand même écoper d’un an d’emprisonnement ferme, et ça n’était que le début de leur malheur. En effet, les membres du groupe vont les uns après les autres trouver la mort dans la prison, semant le doute entre eux et terrorisant les survivants.

Vouloir se fournir un alibi est le meilleur moyen d’attirer l’attention, donc rien que le principe est mauvais. Si rien ne peut les désigner comme coupables, alors autant éviter de se faire remarquer, et s’ils sont cramés, leur subterfuge n’aura pas le moindre effet. On a beau retourner la question dans tous les sens, le bilan sera le même : c’est débile. Et quand sur cinq membres d’un groupe, seuls deux sont correctement présentés, difficile de faire mine de s’inquiéter quand les premiers inutiles débarrassent le plancher, et on devine alors aisément ce qu’il se passera, jusqu’à un certain point. En effet, difficile de prévoir la toute dernière ligne droite tant celle-ci est improbable, stupide, anéantissant l’intégralité des enjeux du film. Un torpillage en règle, venant sanctionner l’égarement du spectateur.

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En équilibre

En équilibre
2015
Denis Dercourt

Avec des critiques plutôt bonnes, la question de la légitimité de la faible popularité du film en salles se posait, mais finalement non, c’est bon. Pas de soucis c’est mérité, on s’en bat les steaks, et encore plus après avoir vu le film, énième drame français inutile qui dresse le portrait d’un homme brisé. Grand dresseur de chevaux et cascadeur aguerri, Marc (Albert Dupontel) a vu sa vie basculer lors d’un tournage à haut risque, ayant subit une blessure le rendant paraplégique. Les assurances, risquant gros sur cette histoire, vont lui envoyer Florence (Cécile de France), censée lui faire accepter des indemnisations les plus basses possibles. Un métier de pourris, et face à des gens aussi haineux que Marc cela semble naturel, et pourtant…

En France on adore les films moralisateurs pleins de messages, et celui-ci en regorge. On a un homme aigri et renfermé ? On va lui donner une bonne raison de l’être en le clouant au sol, le privant ainsi de sa passion équestre. On a une femme qui a oublié ses rêves et qui s’acharne dans un boulot inhumain ? On va lui faire tomber le masque et s’ouvrir aux autres comme jamais. C’est facile, prévisible, et on en retire aucune intensité dramatique, noyant l’émotion sous une gigantesque amertume. On aurait envie de rêver avec la sublime Cécile de France dont la chevelure resplendissante évoque la fougue et la passion, mais face à un invariable Albert Dupontel, condamné aux mêmes rôles de connards figés, on ne décolle jamais vraiment. C’est mou, impersonnel, trop peu vivant, et le récit et ses messages sont d’une grande banalité. L’intérêt se manifeste à l’occasion, mais on replonge immanquablement dans un ennui passif.

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Aloha

Aloha
2015
Cameron Crowe

Parti de rien, juste avec des préjugés sur la nature du casting avec une actrice jugée « trop blanche » pour être à 1/4 hawaïenne, ce qui est totalement ridicule, le film a ensuite très mal géré sa campagne publicitaire, multipliant les polémiques et peinant à créer un véritable engouement autour du film, qui n’avait pourtant jamais eu vocation à devenir un hit. Au final, après un démarrage en semi-teinte, le film s’est effondré aux Etats-Unis, ayant créé du buzz autour de rien, et il fut annulé presque partout dans le monde suite à cet échec. Avec une approche « film indépendant », il est probable que l’accueil réservé au film aurait été plus chaleureux, et c’aurait été tant mieux tant il ne méritait pas un tel sort.

Se morfondre et regarder avec nostalgie le passé est facile, mais se plonger vers l’avenir avec espoir demande bien plus de courage. Ex pilote de renom, Brian (Bradley Cooper) a subit d’importantes blessures lors d’une mission, ce qui l’a rendu cynique et aigri. De retour à Hawaï où il avait passé sa jeunesse, devant négocier pour Carson Welch (Bill Murray) un accord entre l’armée américaine (Alec Baldwin) et les locaux pour un projet de base de lancement spatiale, épaulé par le capitaine Allison (Emma Stone), il va revoir Tracy (Rachel McAdams), son plus grand amour. Elle est désormais mariée et a deux enfants, mais il n’est jamais passé à autre chose et reste figé dans le passé.

Non mais sérieux, vous vous attendiez à quoi les gens ? Le film a en fait le même problème qu’Une grande année : un casting incroyable et un réalisateur reconnu, pour au final un petit film relaxe qui ne cherche pas à prouver grand chose et offre dans une moindre mesure une piste de réflexion sur la quête de bonheur. L’histoire est très sommaire et n’est même pas très cohérente. On ne comprend pas trop les tenants et les aboutissants des négociations, et certains aspects du dénouement de la partie sur l’espace laissent perplexes, donc le peu de scénario du film est assez inconsistant. Les relations entre les personnes sont elles aussi peu inspirées entre la romance de longue date pas complètement enterrée et le coup de la jeune recrue facilement impressionnée. Pourtant, ça marche, et dans cette balade placée sous le signes des îles on se laisse entraîner, pas captivé mais pas mal intéressé. Les acteurs sont plutôt bons, et on assiste à quelques scènes d’une rare force, notamment la discussion sans paroles, à la fois touchante et drôle, et surtout l’échange de regards père / fille, absolument bouleversant. Ça ne va pas chercher loin, mais c’est à la fois relaxant, dépaysant, amusant et touchant, et rien que pour ça le film mérite toute notre considération.

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Août 2015

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