Wedding Nightmare


Wedding Nightmare
2019
Tyler Gillett, Matt Bettinelli-Olpin

Joli succès surprise à sa sortie, le film fait parti de ces films d’horreur à petit budget (6M$) qui a su générer de forts profits avec des gains pratiquement multipliés par dix, avec un concept fort qui fera le succès de Squid Game : transposer un jeu d’enfant en jeu macabre. Et pour une fois, non seulement le concept a du sens, mais son exécution sera des plus réussies.

Le mariage, le plus beau jour d’une vie ? Pas pour tout le monde. Se croyant chanceuse d’intégrer une riche famille aristocrate (incluant Andie MacDowell et Adam Brody), Grace (Samara Weaving) va découvrir que la richesse de sa belle famille s’est bâtie sur des croyances occultes terrifiantes à base de rituels, dont l’un d’eux est que chaque pièce rapportée doit passer une épreuve le soir du mariage. Et pour elle, pas de chance, un sacrifice sera demandé : le jeu du cache-cache. Elle doit se cacher jusqu’au lever du soleil pour survivre, tandis que sa belle-famille va tout faire pour la trouver et la tuer, sous peine de subir une soi-disant malédiction.

De riches fous, enragés et armés, une pauvre femme, la fleur au couteau et ne se doutant de rien. Outre l’excellence du choix des décors (immense manoir regorgeant de pièces et passages secrets, avec des dangers dans chaque recoin), le fait de se retrouver prit au dépourvu comme l’héroïne nous place dans une situation d’empathie décuplant le stresse de cette chasse à l’homme où personne ne peut s’en sortir gagnant. A une seule exception près, on se réjouira de constater que non seulement la mariée est une sacrée battante, mais en plus ses réactions font montre d’un beau sang-froid et d’une forte intelligence. Du slasher à la fois classique, inversé et intelligent, un rare combo qui fait plaisir. L’imagerie est sublime, la mise en scène efficace, l’humour parfaitement dosé et tombant à pic, la musique rajoute beaucoup de cachet à l’ambiance, et la fin est même réussie. Pas de révolution du genre, mais c’est très bien fait, évitant les écueils habituels.

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Une Femme en jeu


Une Femme en jeu
2024
Anna Kendrick

Cinq ans après Extremely Wicked, Shockingly Evil and Vile, Netflix remet le couvert dans le genre biopic d’un tueur en série, qui là encore, sera un homme amateur de jeunes femmes (mais pas pas queue). Cette fois, l’histoire ne centrera pas son récit autour d’un procès dévoilant le monstre se cachant sournoisement derrière le gendre idéal, mais autour d’une émission d’apparence anodine.

Le film nous plonge au cœur des années 70 dans leur version américaine de Tournez ménage. Actrice n’arrivant pas à percer faute d’accepter de se prostituer auprès des producteurs, Cheryl (Anna Kendrick) va se retrouver à tenter sa chance dans une émission de rencontres, où elle devra discuter avec trois inconnus devant de leur côté essayer de la séduire. Seulement voilà, l’un des trois se trouve être un dangereux tueur en série.

Si le concept ne paye pas de mine de prime à bord, il faut surtout le voir comme un culot assez phénoménal : un type fou furieux qui viole et tue de jeunes femmes chaque semaine, vient se pavaner à la télé l’air de rien entre deux meurtres. Un mélange de fascination, amusement et terreur ponctue donc le long-métrage, avec il est vrai un talent certain. Outre la force comique de l’émission en elle-même, dont la parodie des Inconnus semble presque une copie conforme en réalité, voir le mode opératoire si facile, avec en parallèle le côté hippie d’une société moralement à l’agonie, cela rend d’autant plus fort le témoignage temporel d’une époque d’habitude portée aux nues comme la fin de l’âge d’or avant que tout ne parte en vrille. Dans un sens oui, mais ça serait passer sous le tapis un sacré paquet de saloperies et dérives, et le film les met en lumière avec un certain brio, sans compter la fascination morbide de voir jusqu’où peuvent aller certains esprits dérangés. Petit mot sur le tueur d’ailleurs, dont la ressemblance physique confondante avec MisterJDay est des plus cocasses.

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Red Notice


Red Notice
2021
Rawson Marshall Thurber

Production phare de Netflix, il reste – et de très loin – leur film le plus vu de tous les temps avec près de 240 millions de visionnages. Il faut dire que les comédies d’actions sont un genre populaire, et que le trio d’affiche est des plus racoleurs. Pour autant, les critiques mitigées à sa sortie et son côté mainstream poussé au maximum m’avait totalement rebuté sur le coup.

Un agent, deux voleurs, un butin colossal. Un riche émirat est près à débourser un tiers de milliard pour le cadeau du mariage de sa fille pour réunir les trois œufs de Cléopâtre. De fait, les voleurs de tous horizons vont se ruer sur l’occasion, notamment Booth (Ryan Reynolds) et Bishop (Gal Gadot), deux braqueurs de renom. L’agent du FBI Hartley (Dwayne Johnson) va tenter de s’interposer entre eux et des trésors d’archéologie qui se doivent de rester dans des musées pour tous, et non accaparés par de stupides milliardaires déconnectés.

Sorte de pastiche de film d’espionnage, Red Notice échoue un peu là où s’est vautré récemment Argylle : les films à la James Bond sont soit ancrés dans une époque révolue, soit des produits de consommations peu brillants intellectuellement, voir déjà imprégnés d’auto-dérision. On retrouve donc peu ou prou les mêmes ficelles scénaristiques pompeuses voir ennuyeuses, avec en revanche une part belle faite à l’aventure. Et bien que certains décors fassent toc, puant la production fainéante usant de fonds verts, globalement le dépaysement est là avec la plupart des endroits visités semblant crédibles. Et il faut aussi reconnaître un humour efficace, dans une dynamique certes peu inspirée très Deadpool, mais ça reste bien plus amusant que son troisième opus aux blagues redondantes et autocentrées, un filon bien vite épuisé. Je comprend l’engouement, mais ça reste effectivement trop lisse comme craint initialement.

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The Fundamentals of caring


The Fundamentals Of Caring
2016
Rob Burnett

Alors que Noël approche, Netflix ressort de ses cartons leurs productions maison qui véhiculent le genre de concepts qui vont bien dans le thème, histoire de préparer le public en commençant à mettre en avant ce genre de contenu. Sinon, comment et pourquoi tomber dessus en suggestion huit ans après sa disponibilité ?

Qui est le plus handicapé entre celui physique et celui sentimental ? Bien que l’un n’empêche pas l’autre. Ecrivain raté en instance de divorce après avoir été responsable de la mort de leur fils, Ben (Paul Rudd) s’est reconverti en aide-soignant, s’occupant désormais de Trevor, un garçon handicapé, semblant n’attendre que la mort. Alors qu’il ne lui reste qu’une poignée d’années à vivre, il n’a qu’une alimentation risible, aucun passe-temps et ne fait que se vautrer à regarder passif la télévision. Ben va donc entreprendre de le sortir de sa bulle et lui faire vivre un road trip.

Mettre en image une personne handicapée, c’est une parabole un peu facile des barrières qu’on se met soi-même, et plus globalement du rejet / de la peur de la différence. Donc bien évidemment, le traitement sera hautement bienveillant, presque consensuel même. Pas de surprises, un ton très léger et sympathiques, même si la petite touche d’originalité concernant l’autodérision humoristique est assez efficace. Le casting donne cependant un attrait certain, avec en prime la charmante Selena Gomez, bien que son rôle de jeune rebelle soit d’une platitude confondante. Difficile de trouver grand chose à reprocher au film, il fait peu ou prou ce qu’on attendrait de ce genre d’histoire, et ce de façon plutôt efficace. Sympathique, mais qui reste en surface.

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Tout lâcher ?


Tout lâcher ?
2024
Josephine Bornebusch

C’est fou comment un même concept qu’on aurait tôt fait de qualifier « d’énième drame familial à la con » s’il avait été fait en France, genre sur-représenté de par chez nous, mais qui est visiblement vu comme exceptionnel dès qu’on quitte nos frontières. Voici donc comment un film qui aurait typiquement pu être du drame français chiant, de part son origine suédoise, est propulsé top 2 sur Netflix, défiant toute logique.

Trop c’est trop, et doublement. Le film va mettre en abîme une famille dysfonctionnelle où le mari et la femme vont craquer simultanément : lui n’en pouvant plus de sa vie de merde, et elle n’en pouvant plus de son bon à rien de mari qui la délaisse elle et les enfants depuis déjà bien trop longtemps. Il en voit iel plus jeune et souhaite divorcer, elle de son côté va l’obliger à s’impliquer au moins une dernière fois dans la vie de la famille en accompagnant leur fille à son concours de danse.

Lassitude du couple, l’un veut partir, l’autre veut tenter un dernier weekend : voilà qui rappelle fortement Nous les Leroy sorti plus tôt cette année, mais dans une version opposée. Cette fois le périple est dans une dynamique plus profonde, avec cette idée partagée de faire des efforts et lâcher prise, mais pour autant le résultat n’en est pas meilleur, au contraire. Exit l’humour efficace et la tendresse des personnages, on tombe dans du pathos plus frontal, moins fin, avec de surcroît des protagonistes au mieux mal écrits. Le mari est un connard absolu, infidèle et démissionnaire, donc son chemin de rédemption semble malhonnête ou vain. Pour ce qui est de la femme, le retournement se voit venir de loin, et on appuie pas assez sur son côté castratrice et ses mauvais penchants, donc les quelques informations sur ce sujet semblent dérisoires face au comportement premier de son mari, vraiment trop haïssable sur la première moitié. Quand l’émotion est censée arriver, on se retrouve donc un peu blasé, ou du moins ce fut mon cas, l’empathie ne pouvant plus prendre après un tel départ. Peut-être que certains ont été emportés, eux-mêmes prit dans une spirale d’un quotidien assassin, et y voyant là le reflet de leurs frustrations et désillusions, mais ce fut pour ma part un chemin de croix assez laborieux et ennuyeux.

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Barbaque


Barbaque
2021
Fabrice Eboué

Après avoir démarré sur les chapeaux de roue, la carrière de réalisateur de Fabrice Eboué n’a fait que décliner, passant de 1,8 millions d’entées pour le très sympathique Case Départ (mon appréciation s’est un peu modérée depuis), à 1,2 millions pour le tout juste correct Crocodile du Botswanga, puis moitié moins pour Coexister que j’avais carrément oublié, et enfin un cuisant échec ici avec à peine plus de deux cent mille entrées. Et pourtant, c’est peut-être là son film le plus efficace et irrévérencieux.

Vieux couple amer, Vincent (Fabrice Eboué) et Sophie (Marina Foïs) tenaient jusqu’alors une petite boucherie de quartier, peinant à survivre. Pire encore, leur boutique s’est récemment faite saccager par des militants végans dénonçant la consommation de viande. Trop c’est trop, un beau jour Vincent va recroiser un des voyous végan et lui rouler dessus en voiture, cachant son cadavre en le découpant dans son magasin. Sans le savoir, confondant l’homme avec du porc, Sophie va en vendre aux clients, y trouvant là une viande extraordinaire. Et si c’était ça la solution à tous leurs problèmes ?

Si pour ce qui est du scénario on est sur du Sweeney Todd peu inspiré, l’originalité et la force du film se trouvent du côté de son humour. C’est bien simple, le film ne se refuse rien. On est tout de même dans une ère étouffante du politiquement si correct où le genre d’une personne, défini biologiquement par des chromosomes, devient sujet à débat, que plus rien n’est acté ou sacré, et là le film arrive avec ses sabots de douze tonnes et défonce tout sur son passage. Blagues homophobes, sexistes, sur la binarité, sur les végans, tout y passe avec une malice jouissive. Le débat sur la meilleure viande humaine, cherchant le profil de la victime parfaite, bien persillée (grasse), détendue (gentille) et pourquoi pas castrée (trans ou non binaire) et jeune comme un bouvillon (petit du bœuf), est – n’ayons pas peur des mots – d’anthologie. Alors oui, l’histoire est lente, le Vincent peine à embrasser la cause et recule en permanence (saleté de conscience…), et la fin manque de panache, mais dans l’ensemble le film est un pur moment de franche rigolade, donnant un grand coup de pied dans toutes les conneries de conventions modernes ou de lubie écolo qui se fait au détriment d’honnêtes travailleurs. Pas un grand film, mais une belle tranche de rire, de porc d’Iran bien sûr.

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The Guilty


The Guilty
2021
Antoine Fuqua

Le téléphone et sa voix comme seules armes pour tenter de sauver des vies. C’est le concept au fort potentiel que proposait ce film, promesse d’un huis clos angoissant où l’action n’est que suggérée, où le spectateur, à l’image du protagoniste, sera seulement témoin de l’histoire, bien qu’ayant tout de même les armes pour changer la donne, pouvant jongler entre les différentes aides à disposition (police, pompier, etc… ).

Ainsi, le film nous propose de passer une nuit avec Joe Baylor (Jake Gyllenhaal), travaillant dans l’équipe de nuit au service de secours américain, ceux qui répondent aux fameux appels au 911. Il assistera à l’appel d’une femme en détresse, kidnappée par son mari, aux enfants en bas âge à l’abandon seuls chez eux. Il va alors tenter de tout mettre en œuvre pour les retrouver et les sauver.

Même sans avoir vu le film danois de 2018, l’histoire rappelle déjà fortement The Call qui presque dix ans plus tôt traitait déjà du même sujet, sans se limiter à une unité de temps ou de lieux d’ailleurs. La comparaison est d’autant plus frustrante que l’histoire est continuellement interrompue de moments de flottement, de distractions inutiles comme l’immense incendie qui ne sert à rien au final. On attend inlassablement que l’intrigue décolle, que quelque chose de vraiment intéressant se passe, en vain. Non, l’histoire du kidnapping sera la seule traitée, aussi ennuyeuse et laborieuse que prévisible, jusque dans son twist minable. Reste alors la prestation clownesque de Jake Gyllenhaal, jouant les émos impayable, au final rappelant la tournure détestable du peu glorieux Flight. Bref, c’est long, c’est chiant, et la fin est lamentable. On souffle fort…

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Nous, les Leroy


Nous, les Leroy
2024
Florent Bernard

De YouTube au grand écran, où comment après plus d’une décennie de dédain, le grand art du cinéma a ouvert ses portes à un « petit rigolo d’internet » comme le diraient certains. Outre l’espoir de voir souffler un vent de fraîcheur, l’attrait d’un casting d’exception et l’envie de rabattre le clapet des médisants, les raisons étaient nombreuses pour s’attendre à une belle surprise, et effectivement, le public a répondu présent avec un score très honorable au dessus du demi-million d’entrées.

Comment réagir quand la lassitude de la vie a raison d’un couple qui durait depuis vingt ans ? Conscient que gérer la scolarité des enfants et leurs boulots respectifs a quelque peu saccagé leur vie de couple, Christophe (José Garcia) pensait juste que la famille vivait une petite période difficile, mais rien de dramatique. Quand sa femme (Charlotte Gainsbourg) va lui faire part de son envie de divorce, son monde va s’effondrer et il va décider de partir à la reconquête de son amour, le temps d’un weekend sur les traces des endroits les plus marquants de leur vie.

Le principe du film était beau : se battre contre le fatalisme, la morosité, avec ce qui s’annonçait comme un bouleversant road trip plein de tendresse et de poésie. Hélas, ce postulat sera bien vite balayé au profit de mots qui font mal, de disputes, et surtout de comment en réalité le couple n’est pas le centre de tout et qu’au milieu les enfants ont été beaucoup oubliés. Quand le film se veut drôle, c’est très efficace, avec pléthore de caméos malins de stars d’internet (Jérôme Niel) qui nous régalent de passages truculents. Quand le film se veut plus solennel, plus dans l’émotion, la force des acteurs éclate, notamment José Garcia qui n’a de cesse que de prouver l’immensité de son talent. Les personnages sont bien écrits, touchants, et bien que les enfants soient un peu moins intéressants, ils apportent une belle réflexion sur comment de génération en génération on ne sait décidément plus exprimer ses sentiments, comment tout est de plus en plus refoulé. Et pourtant, on en sent les limites. Déjà le concept de base n’est pas tenu, et on le regrette tant ça aurait pu nous emmener tellement plus loin dans l’émotion, dans la beauté de l’amour, qui reste ici un souvenir doux-amer d’un passé révolu. Une forme de nihilisme terrible nous frappe, un pur gâchis de morosité quand le bout du tunnel, jamais franchi, s’annonçait lumineux et réconfortant, chose précieuse de nos jours. Un sacré savoir-faire, mais qui n’a pas osé affirmer son espérance.

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Deadpool & Wolverine


Deadpool & Wolverine
2024
Shawn Levy

Assurément l’un des films les plus attendus de l’année, et plus encore, d’ailleurs actuellement second plus gros succès, tant aux Etats-Unis que dans le monde, avec un peu plus de 1,3 milliards. Véritable machine inarrêtable, le MCU enchaînait succès sur succès pendant plus d’une décennie et une vingtaine de long-métrage, au point de marquer l’histoire en dépassant pour la première fois les 2,7 milliards avec Endgame. Pourtant, le retour post-covid fut des plus difficiles : dix films en quatre ans, tous accueillis froidement et faisant soit sensiblement moins bien qu’escompté, soit étaient carrément des bides historiques à l’image de The Marvels, premier échec d’ampleur pour la saga la plus lucrative de tous les temps. Tous, à l’exception très notable de Spider-Man No Way Home, frôlant les deux milliards sans même de sortie chinoise. Ramener la figure emblématique du Wolverine dans la saga Deadpool était donc la solution ? Sur le papier du moins…

Se passant apparemment dans le même univers que Logan (ce qui veut dire que cette suite se situerait près de cinquante ans après Deadpool 2 omg ?), la mort de Several Wolverine (Hugh Jackman) a provoqué un cataclysme dans la branche multiverselle de sa réalité : étant le super-héros le plus important de son univers, sa mort implique que l’univers entier est voué à disparaître. Pour sauver ses proches, Wade Wilson (Ryan Reynolds) akka Deadpool va tenter de trouver un autre Wolverine d’une autre réalité pour le remplacer.

On s’en doutait, mais le scénario est vraiment une escroquerie : placer la saga Deadpool dans le même univers que Logan, se déroulant près d’un demi-siècle après la série de préquels initiée par X-Men le commencement, pourtant présent dans Deadpool 2, c’est un niveau de connerie aberrant. Un demi siècle d’écart bordel ! Mais soit, d’autant que l’intérêt n’était pas là. Notamment avec la dernière bande-annonce, axée sur la rédemption et l’émotion, on pouvait espérer un parcours héroïque vers la grandeur, un dernier baroud d’honneur qui aurait su abuser du fan-service (caméos et retours de personnages iconiques) pour en faire une sublime fresque nostalgique, en fin du moins que j’espérais personnellement aussi touchante qu’épique. Que la déception sera grande !

Alors oui, mes attentes étaient grandes, mais pas si immenses, ayant trouvé très sympathiques les Deadpool et ayant une certaine attache aux X-Men, mais rien qui avoisine de près ou de loin les sommets du genre. Si le passage chez Disney a visiblement était très inspirant, avec moult gags, le projet ne décollera jamais de la simple pique potache un peu gratuite. L’humour est plus lourd que jamais, autocentré à l’excès, perdant définitivement ce semblant d’originalité de brisage de quatrième mur soi-disant subversif. C’était déjà loin d’être le meilleur point des précédents opus, c’est cette fois un sacré boulet infame. Côté scénario, passé l’incohérence initiale d’une telle aberrance que les enjeux s’en retrouvent inexistant, d’autant que hormis Deadpool, tous les personnages de son univers sont réduit à de la figuration, c’est vraiment le vide absolu. Les caméos sont tous inutiles, mal amenés et surtout jamais exploités. Le concept des seconds couteaux jetés à la poubelle avait pourtant du potentiel, là encore, un baroud d’honneur pour redorer leur blason, mais ils sont juste là pour la blague, sans rien développer. Un pur gâchis tellement rageant. Pareillement pour la méchante sœur jumelle (Emma Corrin) de Charles Xavier : c’est aberrant de la présenter aussi tard, et son niveau de développement est inexistant, et les absences des membres emblématiques de la TVA est non moins frustrant tant tout tourne autour d’eux. Un naufrage scénaristique, mais quid de la technique, du divertissement ?

Si visuellement le naturel des décors est un bon point, enfin une main moins lourde côté FX, on ne peut que se montrer sidéré par leur manque d’ampleur, l’absence total de grandiose ou d’ambition. Et pire que tout, le divertissement ne suit pas plus non plus. Pour la soi-disant foire aux guests, rien de comparable à No Way Home, même inférieur à l’amer déception des caméos de Doctor Strange in the multiverse of madness, c’est dire ! Aucun enjeu, aucune poésie, pas une once de frisson d’aventure, un duo poussé aux forceps à la dynamique passable, et côté action c’est aussi rébarbatif que poussif. Pas de climax, pas de giga scène épique, rien de notable hormis la scène débile des variants qui fait largement soupirer. C’est même affolant comment absolument aucun point ne se montre convaincant. On sourit deux trois fois, quelques blagues font mouche et on a plaisir à retrouver certains rôles secondaires voir tertiaires des œuvres passées de la Fox, mais le concept est tout juste effleuré pour une déception plus grande encore que le fameux Ant-Man 3, c’est dire ! Un curseur trop poussé sur un humour presque exclusivement basé sur la blague du changement de studio, y compris pour le scénario pour un hommage foncièrement raté et inconsistant, et de surcroît un divertissement médiocre, aux scènes sans enjeux, sans la moindre brise de souffle épique, et qui va même jusqu’à nous refuser l’habituel climax. Décidément, Marvel va très mal…

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Le Royaume


Le Royaume
2007
Peter Berg

Il aura fallut attendre que le président Trump vienne mettre un terme au carnage des guerres opposant les Etats-Unis et les pays arabes pour que le phénomène cesse, mais pendant près de quinze ans, ces conflits ont été au cœur de l’actualité, et se sont retrouvés par extension dans la paysage cinématographique. Les dessous politiques étant détestables et le genre des films de guerre me laissant souvent froid, je partais donc sur de gros à priori, à juste titre.

Le film va prendre place en Arabie Saoudite, alors qu’un attentat à fait une centaine de victimes à Riyad, une base occidentale d’employés pétroliers. Parmi les morts, un agent du FBI qui enquêtait justement sur une cellule terroriste. Pour venger les siens, le chef du FBI (Richard Jenkins) va y envoyer une équipe (Jamie Foxx, Jennifer Garner, Jason Bateman et Chris Cooper) sur place pour mener l’enquête.

Pourtant grand spécialiste des films d’action généreux, Peter Berg va se montrer ici d’une rare avarice. Outre l’attentat d’introduction, il faudra attendre les dernières vingt minutes pour qu’enfin quelque chose se passe, avec au milieu 1h20 d’ennui absolu. Une enquête soporifique, basée uniquement sur le racisme américain et l’incompétence des locaux, montrés comme paralysés par des coutumes moyenâgeuses et une sous culture appauvrie. L’arrogance américaine dans toute sa splendeur, d’ailleurs assez intelligemment critiquée dans la toute dernière scène, seul passage vraiment marquant de par l’hypocrisie ironique dépeinte. Et le pire, c’est qu’avec le recul du pourquoi du comment, on se rend compte que non seulement tout est vain, mais en plus les personnages et leurs actions n’ont aucune incidence sur le récit. L’enquête est un immense camouflé, du pur tourisme hasardeux avec un énorme boulet au pied, et si une piste aurait pu faire évoluer l’histoire, c’est au final uniquement une action ennemi qui créera l’affrontement. Un vide ahurissant donc entre l’investigation poussive, les personnages inutiles et l’absence totale d’action en dehors de l’introduction et d’une séquence en toute fin. C’est terrible de se faire chier à ce point.

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