Mad Max

Mad Max
1980
George Miller

À quelques heures de la sortie du quatrième volet de la franchise Mad Max, s’annonçant comme une purge magnifique dans un univers complètement barré, il était grand temps de découvrir la première trilogie, qui a apparemment inspiré bon nombre de films post-apocalyptiques, et qui a notamment permis au monde entier de découvrir Mel Gibson, y trouvant là son premier grand rôle. Le succès fut une réelle surprise à l’époque, étant une modeste production australienne – et toute première œuvre pour son réalisateur – budgétée à moins d’un million de dollars, et le film a d’ailleurs mit deux ans pour débarquer en France, ne l’empêchant malgré tout pas de dépasser les 2,5 millions d’entrées.

Paraît-il situé dans un futur post-apocalyptique – enfin rien n’est dit à ce sujet – le film oppose les forces de l’ordre aux aigles de la route. Motards bisexuels déjantés et détraqués, leur seule passion dans la vie est de tracer la route et foutre la pagaille sur leur chemin, violant et tuant homme / femme sans distinction, pillant et saccageant ce qu’ils peuvent. Meilleur policier du secteur, Max Rockatansky (Mel Gibson) semble être le seul capable de les arrêter, mais quand il voit les risques encourus, l’envie de raccrocher se fait sentir. Autour de lui tout le monde devient fou, et il n’aimerait pas être le prochain.

Après avoir vu ce premier film, difficile de faire le rapprochement avec le nouveau Fury Road. Très ambiance années 80, on a là une espèce de Waterworld avant l’heure, mettant en avant un héros solitaire mais pas vraiment, luttant contre des dégénérés au look punk improbable, et dont les mœurs sont très discutables. Si ce n’est qu’ici on ne comprend pas d’où vient le choc de culture, et on pourrait presque penser que c’est normal en Australie. Ou alors le film dénonce tout simplement les bis et les homosexuels, montrés comme carrément aliénés. Pas spécialement créatif, même pour l’époque, le film est un banal mélange de budy et de revenge-movie, pas non plus très violent, mais il est vrai particulièrement cru dans ses images, et il aura tout de même inspiré une des pires séances de torture de Saw. Pas non plus d’acteurs spécialement charismatiques, son héros étant encore balbutient, pas de séquence mémorable, mais une ambiance prenante pour un film distrayant et sympathique. Clairement pas de quoi lancer une franchise, mais après tout Max n’était pas encore réellement devenu « Mad », alors pourquoi pas.

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Redirected

Redirected
2015
Emilis Velyvis

Rire n’a jamais été aussi difficile entre la vulgarité américain croissante, rendant la plupart de leurs comédies insoutenables, et le manque d’inspiration en France qui noie les quelques miraculés dans un océan de médiocrité. Reste alors les possibles bonnes surprises étrangères, mais même en Angleterre le dogme américain se propage, et le souvenir de My Best Men est encore douloureux. Sans atteindre ce niveau abyssal, le film n’est clairement pas porteur de renouveau.

Haut gradé au sein de la garde royale, Michael menait jusqu’alors une vie simple et rangée, et s’apprêtait même à demander sa conjointe en mariage. Seulement voilà, au moment de se rendre au restaurant, il va être embarqué malgré lui dans un casse par trois abrutis prétendument amis, et tout va évidemment déraper. S’étant attiré les foudres d’un dangereux mafieux londonien, ils vont alors fuir en Malaisie, mais suite à un problème technique ils vont faire escale en Lituanie. Les choses vont alors encore plus partir en vrille.

Le début du film est relativement drôle dans la mesure où les trois braqueurs sont tellement cons et que celui qui les pourchasse est tellement psychopathe qu’on sent que le monde entier va prendre cher. Et d’ailleurs, le pauvre Michael, dommage collatéral, est intéressant dans la mesure où il est assez intelligent et qu’en plus il sait se battre et ne se laisse pas faire. Mais arrivé en Lituanie, les espoirs se dissipent quand on se rend compte de la véritable nature du film : un énième pseudo remake de Very Bad Trip. Les quatre faux-potes se réveillent donc dans le coaltar après leur première nuit sur place, et ils vont enchaîner galère sur galère. Quelques passages sont amusants, bien que certains soient d’honteux plagiats, mais le film part rapidement dans du grand n’importe quoi avec plein de gun-fight stupides, et le mauvais goût se fera de plus en plus présent, montrant les lituaniens comme des gros beaufs, demeurés et obèses. La fin nous achèvera à force de sombrer dans le grotesque, et les quelques bonnes idées sur l’ambiance décalée ne sauvent pas tout. Ça partait bien, mais c’est parti trop loin.

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Digimon

Digimon saisons 1 & 2
1999 – 2001
Akiyoshi Hongō (créateur), Hiroyuki Kakudou & Yukio Kaizawa (anime)

Considéré à tort comme un plagiat de Pokémon à cause du principe des monstres de compagnie qui évoluent et deviennent plus fort, alors que même ce principe est ici radicalement différent, l’univers Digimon prend place un peu avant son concurrent en 1996 avec un petit gadget qu’on appelle Tamagochi. Mini-jeu électronique portatif, il proposait de s’occuper d’un digi-œuf, forme primale du digimon, et de le voir grandir jusqu’au stade champion puis ultime (la forme méga n’existant pas encore). Divers jeux ont vu le jour dans la foulée, mais la véritable explosion de popularité de la franchise arriva trois ans plus tard, au lancement de la série, qui battu régulièrement Pokémon en terme d’audience. Et c’est justement de la première saison dont il sera question, ainsi que de son univers étendu, c’est-à-dire la seconde saison et les courts et longs-métrages qui y sont liés. Tout ce qui a vu le jour après ne sera pas traité, non seulement parce chaque anime est une réadaptation du principe de base avec de nouveaux personnages et des principes plus foireux les uns que les autres, mais aussi parce que mes craintes les concernant sont fortement appuyées par des retours mitigés.

Composée de 54 épisodes de 20 minutes, la première saison prend place dans une colonie de vacances, alors qu’une bande d’une dizaine d’années se retrouve aspirée dans un vortex. Tai, Joe, Izzi, Matt et son frère T.K., Sora et Mimi découvrent alors l’existence du Digimonde, univers virtuel parallèle dans lequel ils ont été projeté dans le but de le sauver du joug des méchants digimons qui le contrôlent. Ils ont été choisit pour être les digisauveurs et mettre un terme au règne des tyrans à l’aide de leurs propres digimons, respectivement Agumon, Gomamon, Tentomon, Gabumon, Patamon, Biyomon et Palmon (à leur stade disciple).

Dans le premier arc de 13 épisodes, chacun des sept digisauveurs va se retrouver tour à tour dans une situation critique où leur digimon devra se digivolver au niveau supérieur (stade champion) pour le sauver, respectant l’ordre d’implication et de motivation des protagonistes comme ordre chronologique, laissant ainsi T.K. bon dernier, tellement mauvais que la digivolution de son Patamon en Angemon l’épuisera au point de le ramener au statut d’œuf. Car oui, contrairement à Pokémon, les évolutions sont ici un peu comme dans Dragon Ball, des gains de force momentanés suite à une poussée d’adrénaline, épuisant le digimon. D’ailleurs, il faudra attendra le troisième arc pour que Patamon se redigivolve, et il n’atteindra son stade ultime qu’à deux épisodes de la fin, prouvant que malgré la supériorité ahurissante de son digimon, sa véritable force lui vient de son maître, véritable frein au développement en l’occurrence. Ce premier arc des plus débile et répétitif, montrant des gamins pleurnichards et incapables découvrant les pouvoirs de leur digivice, leur appareil leur permettant de passer leur force à leur digimon, se termine par l’anéantissement du premier vilain, qui contaminait les gentils digimons avec ses vilaines roues noires, Devimon. Un premier contact peu convaincant tant la lourdeur des digimons champions n’impressionne en rien, donnant lieu à des combats bidons, d’autant plus plombés par le manque de profondeur des personnages. De plus, mais cela est peut-être dû à la qualité discutable du doublage français, on notera les prémices de l’inconstance du genre des digimons, à priori asexués, mais qui varie selon leurs évolutions de homme à femme, très désagréable en ce qui concerne Biyomon et Palmon, relatifs bons personnages de base, mais dont leur évolution laisse perplexe à cause de ce genre de changements. Un même premier bilan mitigé peut être dressé concernant l’animation, dont le design est agréable et inspiré, mais dont la pauvresse technique déçoit. Le taux d’images par secondes est très insuffisant, le recyclage de plans est omniprésent et flagrant, et on se lasse très vite de la réutilisation intempestive des digivolutions.

Le second arc laisse espérer une réelle évolution, mais il n’en sera rien. Le singe Etemon est un méchant lamentable, la quête des scanners et de leurs symboles fait à nouveau appel à une mécanique rébarbative où chacun trouve à tour de rôle son symbole, et on imagine déjà la même technique laborieuse pour la révélation de leurs pouvoirs et la montée au rang ultime de leurs digimons. Mais non, l’évolution est laborieuse, et seul Tai arrivera à faire surdigivolver son Agumon, se transformant en un dinosaure encore plus gros et balourd, dont la puissance laisse perplexe. Pourtant, la curiosité nous pique à nouveau au vif quand Tai se retrouve téléporté sur Terre, replaçant l’histoire dans un cadre totalement nouveau.

Et effectivement, le troisième arc marque un tournant majeur dans la saison, proposant moult idées toutes plus intéressantes l’une que l’autre. Ainsi, dès le premier épisode, on découvre l’existence d’un huitième digisauveur, Kari, la petite sœur de Tai, même si cette dernière ne rejoindra l’équipe que bien plus tard. De loin le personnage le plus intéressant de l’histoire, elle nous fera d’abord craindre le pire avec sa maladie, puis nous épatera par sa nature joviale inébranlable. À peu près la seule à réagir intelligemment face aux diverses situations, elle poussera aussi les autres à donner le meilleur d’eux mêmes. Après un début un peu mou nous faisant appréhender le retour de la mécanique du chacun son tour pour le level ultime, avec un nouveau vilain très caricatural, Miotismon le vampire, l’arc va prendre une tournure passionnante : le déplacement du conflit dans le monde des humains. La tension va alors monter d’un cran, les enjeux vont enfin avoir un impact concret, et on aura deux histoires excellentes se déroulant en parallèle : la touchante rencontre entre le supposé méchant Gatomon et sa maîtresse Kari ; et les affrontements enfin sérieux avec Miotismon. Avec tout le monde sauf T.K. capable de faire digivolver son compagnon au rang ultime, on a droit à des combats d’assez belle envergure, et le processus de transformation a vraiment de la gueule, sans compter la bonne inspiration du design de certains, notamment Zudomon, forme ultime de Gomamon. Le digivice qui entre en transe, le symbole qui rayonne, l’image qui envoie du lourd : Digimon entre en mode bad-ass. Puis vient le combat final, summum de la classe suprême. Preuve de la supériorité de Kari, son premier contact avec son digivice propulsera Gatomon, digimon naturellement au rang champion, à son stade ultime. Le combat sera dantesque, nous laissant avec une dernière surenchère qu’on osait à peine espérer : le stade sur-ultime, la méga-digivolution. Une double exception qui touchera les Agumon et Gabumon de Tai et Matt, donnant enfin des guerriers supérieurs aux deux aspirants chefs, jusque là pas spécialement – voir carrément pas – plus fort que les autres.

Un tour de force impressionnant donc, justifiant l’évolution un peu lente des protagonistes pour mieux exploser leur barrière de progression, et le retour dans le vrai monde fut réellement brillant. Il fallait donc ensuite conclure tout ça avec un retour dans le digimonde, histoire d’éradiquer à titre « définitif » les mauvais digimons. Et pour le coup, le défi est sans précédent. Alors que deux méga-digimons venaient tout juste de faire leur apparition au sein de l’équipe, ce n’est pas moins de quatre maîtres de l’ombre, tous de rang méga, qui vont s’opposer à eux. Encore une fois, on retrouve quelques belles proposition artistiques, et les méchants ont une certaine classe, bien que l’humour très gamin vienne un peu gâcher la fête, mais le problème du quatrième arc est son absence d’évolution. L’idée de cette nouvelle histoire était louable : il était question de faire progresser les digimons sans forcément les faire se digivolver. Un peu comme pour dire qu’un Carapuce niveau 100 est plus fort qu’un Tortank niveau 36. Et effectivement, avec le stade œuf, bébé, entraînement, disciple, champion, ultime et méga pour deux des digisauveurs, il fallait mettre un terme à la surenchère, sans quoi on aurait fini par s’y perdre, mais le problème c’est que l’évolution des précédents stades n’est pas perceptible. Et comme tout ce qu’on a de nouveau à se mettre sous la dent c’est le réveil tardif d’Angemon, ça donne l’impression de stagner. Piedmon déçoit, le boss de fin encore plus, et le dernier épisode est carrément ignoble et d’une bêtise profonde. On nous fait le coup des adieux déchirant, achevant l’aventure par la séparation des digisauveurs et de leurs digimons. Mais bon sang, ils sont déjà venu sur Terre ! Ils sont nés avec pour but et motivation de les protéger, leurs amis digimons sont morts, alors pourquoi ne les accompagnent-ils pas ? En plus ils nous disent clairement qu’un jour ou l’autre ils seront réunis. Alors à quoi sert cette destructrice séparation ? Une vil technique pour nous faire nous jeter sur la suite assurément, et le pire c’est que c’est efficace.

Saison 1 :  

Digimon Adventure & Bokura no Uō Gēmu
1999 & 2000
Mamoru Hosoda

Pour entourer la première saison de Digimon, celui qui allait devenir par la suite l’un des plus grands maîtres de l’animation japonaise, Mamoru Hosoda, a sorti deux courts-métrages de respectivement 20 et 40 minutes. Le premier raconte le fameux combat entre Greymon et une espèce de perroquet géant auquel ont assisté les huit digisauveurs quatre ans avant les événements de la première saison, tandis que le second vient rassurer les fans déçus par la fin de la série, nous disant au travers d’une nouvelle menace que l’aventure continue pour nos héros.

Ce qui frappe le plus dans ses deux courts-métrages est la différence fondamentale avec la série. Là où cette dernière s’adresser clairement à des enfants avec des notions basiques de bien et de mal avec des combats tout mignons et des monstres qui le sont encore plus, les films sont clairement plus adultes et violents. Impressionnant dès son stade disciple sous sa forme Aguimon, ce qui devait être originellement le digimon de Kari ressemble d’emblée à un mini T-Rex des plus dangereux et effrayant, qui en plus d’une taille bien plus imposante et d’un poids multiplié, possède la puissance de feu d’un tank survitaminé. Le premier film s’apparente plus à une espèce de Godzilla magnifié, en tous points supérieur aux films vus jusqu’à présent. Profitant non seulement de dessins sublimes et d’un design largement mieux mit en valeur, la qualité de l’animation est d’autant plus remarquable de par la différence de niveau. On se retrouve face à des monstres au sens premier du terme, et l’ampleur n’en est que plus grande.

Pour ce qui est du second film, le niveau est encore plus haut, trouvant là les prémices de Summer Wars tant en terme de design que de scénario. Une intelligence artificielle tente là aussi (ou déjà plutôt) de prendre le contrôle de missiles nucléaires après avoir piraté l’internet, à la différence qu’il s’agit ici d’un digimon, évoluant à mesure qu’il accumule des données. Là encore l’animation accompli des miracles, donnant une identité nouvelle aux digivolutions, remastérisées et bien plus stylées. Profitant d’un petit bond d’un an après la fin de la première saison, une modification largement plus probante que celle qui suivra dans la seconde saison est opérée sur les protagonistes, permettant au cinéaste de ce réapproprier totalement l’univers des digimons et de proposer une amélioration de son idée originale du court-métrage initial. Les combats sont les plus impressionnants de l’univers étendu, et c’est un véritable sans-fautes à côté de ça, arrivant à humaniser bien plus les personnages, notamment au travers d’un humour très efficace et mature, chose à laquelle on était pas habitué. Même au niveau bande-son la qualité est au rendez-vous, remixant le rébarbatif et niais générique (dans sa version américaine) pour en faire un rap surprenant et classe, tout comme « here we go », chanson originale entraînante. Bon et puis forcément, avoir les voix japonaises, ça rend le tout plus crédible (j’aurais aimé trouver les saisons en VOST, mais bon… ). Deux excellentes surprises, qui montrent ce qu’aurait pu être la franchise dans des mains expertes. De quoi rendre amer, mais on peut se consoler avec l’extraordinaire Summer Wars, aboutissement de cette exquise esquisse.

Digimon Adventure 02 (saison 2)

Seule et unique suite – pour l’instant – dans la chronologie Digimon, les autres saisons étant toutes indépendantes les unes des autres, cette seconde digi-aventure prend place trois ans après la première, mais l’équipe va quelque peu changer. Sur les huit digisauveurs d’origine, seuls dont deux seront réellement au cœur de l’histoire : Kari et TK, les deux plus jeunes (même si Izzi n’a qu’un an de plus, mais sera du coup le plus présent des anciens). Les autres ne serviront alors que de mentors, aide occasionnelle ou simple faire-valoir, ombre d’un héritage passé quelque peu sali. En effet, pour éviter de faire trop d’ombre aux nouveaux, tout le monde repart pour ainsi dire de zéro, la série s’embourbant tour à tour dans des histoires de digivices ancienne génération incapables d’ouvrir des portails dans le digimonde et n’ayant plus le pouvoir des symboles, limitant ainsi leurs compagnons au stade champion, justifiant maladroitement le passage de flambeau avec une histoire de sacrifice des pouvoirs à la limite brisée pour la toute fin une fois que les nouveaux enfin au niveau. Une explication qui sera très tardive, avec à la clef une incohérence de taille avec la digivolution de Gatomon en amont, mais ça ne sera qu’une parmi tant d’autres tant cette seconde saison semble avoir été écrite au fur et à mesure avec un soucis du détail souvent gênant.

Parlons donc des nouveaux digisauveurs, camarades de Kari et TK : Davis (possédant le digimon Veemon), une copie non dissimulée de Tai, même s’il finira par sortir de son ombre, Yolei (accompagné de son partenaire Hawkmon), la fofolle du groupe, sorte de fusion de Mimi et Sora, et Cody (épaulé par Armadillomon), le plus jeune du groupe, reprenant l’ancienne place de chieur de TK. Mise à part Cody, les deux autres sont assez intéressants. Pour les deux réhabilités, Kari est toujours aussi réussie, et TK est toujours un abruti fini, bien qu’occasionnellement supportable. Ensemble ils forment donc un club des cinq, parcourant dans un premier temps le digimonde pour le protéger contre le méchant Empereur des digimons, construisant des tours noires pour bloquer les pouvoirs de la digivolution et servant d’antenne relais pour ses spirales infernales de contrôle (non sans rappeler les roues noires de la première saison). La digivolution étant impossible (créant une incohérence énorme pour Gatomon, qui rappelons le est son stade champion), les digisauveurs vont alors devoir utiliser le pouvoir des digi-œufs pour hyper-digivolver leurs amis de l’autre monde, les passant au niveau cuirassé (stade bidon d’un niveau similaire voir inférieur au stade champion).

Premier grand méchant de la saison, l’Empereur des digimons est en réalité un digisauveur,  Ken Ichijouji (maître de Wormmon, sympathique chenille possédant le même doubleur VF que Cartman dans South Park, d’autant plus drôle que c’est lui aussi un grand comique). Après moult épisodes – beaucoup trop -, il est finalement ramené à la raison, et le contrôle maléfique qui pesait sur lui sera levé, et il rejoindra l’équipe sur le tard, alliance mainte fois repoussée à cause notamment de Cody, constamment à juger et regarder les autres de haut. Méchant caricatural et ennuyeux, il sera bien plus probant en héros solitaire torturé, et son amitié avec Davis apportera beaucoup à l’histoire, mais mine de rien il aura été le meilleur méchant de la saison. Après sa chute, problématique dans la mesure où elle fait intervenir une hyper-digivolution super classe de Veemon mais qui ne sera utilisée qu’une seule autre fois, et ce en dehors de la série dans les courts/moyens métrages, on passera à la menace Arukénimon et Mummymon, deux pseudos digimons ultimes qui ne s’avéreront au final que les pions d’un humain, lui même pion de Myotismon, de retour d’entre les morts. Et c’est avec la seconde moitié que la série va tour à tour nous enthousiasmer et nous décevoir.

Les tours noires étant désactivées, le retour de la digivolution classique devient possible, mais les choses vont s’arrêter là. Les trois nouveaux vont ainsi découvrir le niveau champion de leurs disciples, mais il n’y aura point de niveau ultime, et encore moins méga. On attendait que justice soit rendue et que les anciens qui n’avaient pas atteint le stade méga y accèdent, mais non, et les nouveaux n’atteindront même pas le stade ultime. Une frustration énorme mais qui trouvera une réponse : la digivolution de l’ADN. Comme pour Dragon Ball, la fusion refait surface après Omnimon, fusion des Metalgarurumon et Wargreymon de Matt et Tai. Égérie de cette innovation, Paildramon, fusion des Exveemon et Stingmon de Davis et Ken, sera ainsi resservi à toutes les sauces, réponse foireuse à toute les questions tant son niveau ultime n’impressionne pas. Pas d’avantage que les fusions des digimons de Yolei / Kari et Cody / TK, même si encore une fois, le design de chaque monstre est globalement une grande réussite. Il faudra attendre la méga-digivolution de Paildramon en Imperialdramon pour arriver à un niveau vraiment impressionnant, mais créant à nouveau un déséquilibre de force puisque les deux autres fusions n’auront pas le droit à leur digivolution. Et y sacrifier les digivolutions individuelles est encore une fois une source de déception, sans compter que du coup la puissance de l’équipe stagne pendant de longues périodes pour au final se retrouver avec des digisauveurs moins forts que la précédente génération.

Mais bon, globalement l’histoire n’est pas plus mauvaise que la première, et les protagonistes, exceptés Cody et TK qui passent souvent difficilement, sont assez réussis. Leurs partenaires digimons sont stylisés, et Veemon est considéré comme le plus classe de la franchise. Néanmoins, au travers des épisodes 40, 41 et 42, une ignominie fait son apparition : la banalisation des digisauveurs et l’utilisation aléatoire de tous les digimons vus jusqu’à présent. Avec le digisauveur américain, ami de Mimi, on avait déjà eu un sacré choc, nous montrant que nos héros n’étaient pas les seuls à œuvrer, mais au travers des trois épisodes de « tour du monde », on découvre que le phénomène est d’une banalité confondante, et qu’à peu près chaque gamin sur Terre est un digisauveur. Point d’élu du digimonde, point de destinée extraordinaire. Alors que dans la première saison la quête d’un huitième digisauveur créait des frissons à l’idée qu’on puisse être cet élu, même s’il fallait vraiment être débile pour ne pas se douter qu’il s’agissait de Kari, on détruit ici ce rêve en nous expliquant que le monde n’a pas besoin d’un digisauveur de plus puisqu’il y en a déjà trop, et puis en plus en dehors du Japon personne ne bosse. Un rêve encore plus brisé avec la toute fin de la saison, disant clairement qu’après les événements chaque enfant sur terre avait son digimon, un peu comme pour les pokémons, et il n’y a rien de moins fantasmagorique qu’un rêve facilement accessible. Le petit tour de table du devenir des héros sonne comme un canular même, anéantissant ce qu’il restait de magie à cet univers. Pire encore, alors que Tai s’étais retiré au profit de Matt, ce dernier ne fini même pas avec Sora.

Digimon Adventure Zero Two est donc une semi-déception, ne répondant à aucune de nos attentes sur les anciens, dosant toujours aussi mal la force individuelle de chacun, oubliant en chemin une hyper-digivolution (Magnamon), n’arrivant toujours pas au sans-faute sur les personnages, et le dérapage de démocratisation final est une insulte impardonnable. Pourtant, le travail sur les personnages est de meilleur qualité, la trame possède une meilleure continuité, l’animation a fait l’objet d’un soin bien plus important, on retrouve certaines des musiques du film avec grand plaisir, et certaines proposition sur le système de digivolution sont appréciables. Un bilan mitigé donc, qui aura mal su gérer la transition, pour au final abandonner totalement l’idée, aucuns des digisauveurs n’étant revenu après ça en dehors de deux autres films. Mais une surprise nous attend bientôt ! (voir plus bas)

Saison 2 :

Chōzetsu Shinka!! Ōgon no Digimental
2000
Shigeyasu Yamauchi

Pour finir sur l’univers étendu des deux premières saisons, voici les deux films liés à la seconde, de respectivement 60 et 30 minutes, dont le premier des deux était artificiellement incrusté dans Digimon, le film, long-métrage américain regroupant les trois premiers films. Les deux premiers étant le fruit du travail d’une même personne et étant dans la même continuité artistique, le choix semblait judicieux, mais quant à les lier au troisième, plus rien ne va.

Se déroulant on ne sait quand – probablement après la saison 2 vu que Kari et TK ont poussé leurs digimons pour la première fois au niveau méga (pour au final se faire balayer en deux secondes, youpi… ), mais difficile d’en être sûr puisque Ken n’est même pas évoqué – le troisième film s’intéresse à Wallace, un américain qui, sans n’avoir jamais posé les pieds dans le digimonde, a reçu il y a longtemps un digi-œuf spécial, contenant des jumeaux. Mais un jour il y a trois ans, l’un d’eux, Chocomon, a subitement disparu. Il semble aujourd’hui de retour, mais il aurait sombré dans la folie. Kari et TK, témoins d’un combat entre les jumeaux digimons, vont appeler Davis, Yolei et cody à la rescousse.

Alors que les précédents films étaient très portés sur l’humour, la jovialité et l’amitié, on passe ici dans le psychédélique. On retrouve cette ambiance très japonaise du malaise d’ordre spirituel avec des créatures ignobles qui sont animées par leurs mauvais sentiments. C’est donc un changement de cap total, et pas si réussi. Le nouveau personnage de Wallace est plutôt bon, et son partenaire Gumimon est carrément excellent, et niveau digivolution on a l’immense satisfaction de retrouver Magnamon (Veemon avec le digi-œuf doré de la gentillesse), et plus encore, on découvre pour la toute première fois les formes méga de Patamon et Gatomon, bien que ces derniers soient battus la séquence suivant leur apparition. Mais voilà, en une demi-heure le road movie n’a pas vraiment le temps de s’installer, les anciens digisauveur sont une fois de plus laissés de côté, et le changement de style tenté n’est pas tellement en adéquation avec la franchise. C’est d’un meilleur niveau que la série, mais compte tenu de ces prédécesseurs en matière de film, c’est aussi une petite déception.

Diablomon no Gyakushuu
2001
Takahiro Imamura

Voici enfin le dernier film dans lequel apparaissent les personnages des premières et secondes aventures télévisuelles, la dernière occasion pour voir nos rêves se réaliser, voir les méga évolution manquantes, peut-être le retour sur le devant de la scène des pionniers du digimonde, d’autant que ce quatrième film signe le retour du méchant digimon Diaboromon (ou Diablomon selon la localisation) qui s’était répandu tel un virus et avait nécessité la fusion des deux méga-digimons Wargreymon et Metalgarurumon : Omnimon (ou Omegamon). Eh oui, ce dernier n’était pas réellement mort, une de ces copies ayant survécu. Trois ans plus tard (après la fin de la saison 2), il refait surface, accompagné de millions de copies de lui au stade entraînement (celui entre bébé et disciple). Après avoir envahi la toile, elles vont se répandre dans le monde réel et fusionner, créant une nouvelle entité d’un niveau de menace jamais égalé.

Amer désillusion… L’inégalité atteint son paroxysme : des anciens digisauveurs, seuls Tai et Matt vont intervenir, faisant appel à Omnimon, fusion des deux seuls digimons de niveau méga de leur génération – l’intervention de Kari et TK est si minime qu’elle ne compte pas vraiment -, et sur les nouveaux, encore une fois seuls les deux plus forts vont livrer bataille, Ken et Davis, faisant là aussi appel à la seule méga-digivolution de leur équipe, Impérialdramon. Et comble du déséquilibre, Omnimon va transmettre ses pouvoirs pour que Impérialdramon passe au niveau supérieur et se change en paladin, rendant les autres encore plus inutiles en comparaison. Et d’ailleurs, en seulement 30 minutes de film, la participation des héros tient plus du caméo. Mais compte tenu des forces en place, le combat est moins titanesque qu’il aurait dû, et à force de lorgner du côté des courts-métrages de Mamoru Hosoda et de Evangelion, le film n’arrive pas à imposer un style propre et peine ainsi à convaincre. Faire revenir Diaboromon n’était pas une très grande idée, et le déroulement du combat déçoit tant il scinde les équipes entre les forts et les dispensables, relégués comme de simples soutiens moraux. Un dernier film qui n’apporte rien à l’univers, et qui fait office d’épisode assez banal, bien que mieux soigné.

Digimon Adventure Tri
2015
Keitaro Motonaga

Depuis le quatrième film sorti au Japon fin 2001, les aventures de Tai et les autres avaient prit fin, réinventant l’univers à chaque nouvelle série, bien que les origines étaient restées très populaires dans les aventures vidéo-ludiques. Mais durant l’été 2014, à l’occasion d’un événement commémorant les 15 ans d’existence de la toute première série, le rêve de toute une génération s’était exhaussé : le retour de ses héros d’enfance. Après tant d’années, ils sont enfin de retour dans une nouvelle série événement, reprenant tous les doubleurs de l’époque (personnellement croisés lors des films), prêts à se lancer dans une toute nouvelle aventure composée de six films qui seront diffusés à partir du 21 novembre 2015.

Cette troisième aventure sera axée sur les huit digisauveurs de la première saison, désormais au lycée pour une action située six ans plus tard (Tai ayant donc 17 ans). On ne sait pas encore si Davis et les autres de la seconde saison seront de retour, mais étant donné que la série portera le numéro 3, il est probable qu’elle honorera aussi son autre prédécesseur et que bien des surprises nous attendent, même si clairement l’accent semble mit sur les huit premiers, excellente nouvelle assurément. Mais le doute reste permis étant donné que Tai retrouve ici ses lunettes d’aviateur, normalement offertes à Davis, désormais portées comme un collier. Côté animation on peut aussi s’attendre à un niveau de qualité inédit d’après les premières images / extraits, prouvant que la direction artistique sera enfin dignement représentée. Etant donné les enjeux, on peut déjà tabler sur une qualité significativement supérieure à ses aînés, mais l’attente sera telle que la moindre source de déception se payera au centuple, d’autant que selon la longueur des six films le temps manquera peut-être pour nous combler sur tous les points.

Mais en réalité si l’attente est si grande, ça n’est ni par rapport à la série ni par rapport aux personnages. Au fond ils étaient très caricaturaux, et les retravailler aujourd’hui ne nourrit que notre nostalgie. Et que ce soit Digimon Adventure ou Zero Two, aucune des deux séries n’avait tellement brillé, notamment à cause de l’infantilisation et du manque d’envergure des combats. Ce qui rend l’annonce d’une suite si réjouissante, c’est l’espoir de voir le potentiel de l’univers enfin correctement exploité, avec le soin et la maturité qu’il mérite. Au travers des deux premiers films puis l’œuvre originale qui en a découlé, on a prit conscience qu’une direction artistique inspirée ainsi qu’une montée en violence des affrontements bouleversait la donne, et reproduire ce niveau de qualité sur une série entière serait tout simplement prodigieux. Il faudra malheureusement encore attendre six mois pour avoir la réponse, et rien ne dit qu’après tant d’année à s’égarer dans des concepts foireux la franchise pourra redevenir une fière entreprise, mais la quête de rédemption mérite néanmoins d’être saluée pour la forme, et elle a toute mon attention.

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Playing It Cool

Playing It Cool
2014
Justin Reardon

Quand tout le gratin d’Hollywood rapplique pour une comédie-romantique sur les comédies-romantiques d’Hollywood et tous les clichés qui y sont liés, ça donne un film complètement cliché qu’on a l’impression d’avoir déjà vu des centaines de fois, avec les mêmes acteurs, les mêmes scènes et la même histoire. Du coup, le film se justifiant difficilement, il ne sortira même pas au cinéma.

L’amour ça n’existe pas, il n’y a que les hommes qui sont romantiques, etc… Pour Captain America (Chris Evans) – évidemment pas mais de toute façon on s’en fout – l’amour, le vrai, est une chimère qui ne s’est jamais encore présentée, passant d’une femme à une autre sans grand plaisir. Mais un jour il va croiser miss allumeuse (Michelle Monaghan), lui montrant clairement de l’intérêt alors qu’elle était déjà en couple avec mister bobo super méga riche et parfait (Ioan Gruffudd). Alors forcément, il va tomber amoureux pour la première fois de ça vie, mais comme elle prise, c’est le drame. Ils vont jouer la carte « soyons amis », qui va évidemment déraper, et c’est le drame pour la fille qui découvre qu’elle est une salope, mais tout va bien se finir parce qu’ils sont fait l’un pour l’autre. Aller crever bande de scénaristes minables…

C’est totalement impossible d’écrire cette critique sans faire preuve d’un mauvaise fois légendaire. Il faut dire que c’est même plus tendre la joue pour se manger une énorme mandale, c’est carrément nous supplier de les attacher à une enclume colossale et de les jeter au fond de la fosse des Mariannes. Un tel degré de fainéantise est tout simplement insupportable tant le film reprend à son compte et sans le moindre effort tous les codes du genre avec un manque d’inspiration sans bornes. Du travail de sagouin d’autant plus dur à avaler que le principe est que le héros est un anti-conformiste, scénariste à Hollywood et qui en a marre de toutes ces histoires similaires. Eh bien c’est pourtant exactement ce à quoi on assiste ! Y rajouter Ashley Tisdale, Luke Wilson ou Anthony Mackie n’y change rien : c’est convenu à souhait, et on a continuellement l’impression d’être prit pour un con tant c’est du pur recyclage. L’idée du rêveur s’imaginant à la place du héros est mal exploitée, comme tout le reste d’ailleurs, notamment le film dans le film, s’annonçant comme une grosse bouse encore plus indigeste. Qui sait, si ce film était sorti il y a vingt ans peut être qu’il aurait moins eu ce côté éculé et futile, les acteurs n’étant pas ridicules et l’humour ne possédant pas de gags trop gras. Mais à l’heure actuelle, sortir une comédie romantique comme ça c’est juste plus possible. Merde, renouvelez-vous !

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Connasse, Princesse des cœurs

Connasse, Princesse des cœurs
2015
Eloïse Lang, Noémie Saglio

Récemment revenu à la mode avec François l’embrouille, le principe de caméras cachées a vu une déclinaison débarquer sur Canal+ il y a deux ans, et voilà que le personnage arrive désormais sur grand écran dans une comédie intégralement tournée en caméras cachées. Un sacré défi quand on a un vrai scénario derrière, de quoi laisser méfiant, mais le demi-million d’entrées en première semaine et les bons retours ont fini par me tenter, et tant mieux.

L’excellence sinon rien. Pour Camilia (Camille Cottin), le luxe est une nécessité, et elle n’en revient pas qu’il faille travailler pour ça. Se mêler au petit peuple l’horripile, et elle aspire aux plus hautes sphères imaginables. Pour y parvenir, pas le choix, elle doit faire un mariage d’envergure, un mariage qui ferait d’elle une people influente et qui lui octroierait une richesse indécente. Après mure réflexion, elle portera son dévolu sur le prince Harry, héritier de la monarchie britannique. Direction la Grande-Bretagne !

Ne connaissant pas du tout le personnage de la « connasse », je m’attendais au pire, mais au fond le personnage est presque touchant. Elle n’est à proprement parlé par une connasse, mais fait effectivement preuve d’un égoïsme monstre et d’une franchise souvent déplacée, mais c’est à mettre en exergue avec son incroyable naïveté qui la rend humaine. Et tout le principe du film marche pareil, jouant sur les oppositions avec finesse. Ainsi, on découvre cette folle d’une immense prétention prête à balayer le monde pour son petit bonheur personnel, se déclarant la plus belle au monde alors que ça n’est clairement pas le cas, mais très vite elle nous impressionne par son culot ahurissant, sa motivation est sans bornes, et elle en devient au final carrément charmante, d’autant que son bronzage fait d’autant plus ressortir le bleu azure de ses yeux si envoûtants. De même, en plus de jouir d’une vraie mise en scène malgré les contraintes techniques, le scénario fourmille d’idées ingénieuses, notamment le cadre anglais, choix très judicieux pour confronter le naturel déstabilisant de la connasse avec le savoir-vivre British. Ça va très loin, le film ne se refuse aucune excentricité, et l’actrice assume formidablement chacune des situations, souvent hilarantes. En résulte une comédie étonnante et très drôle, non sans rappeler le cultissime Borat (tiens, il manque la critique, faudra que je me le refasse), bien que ce dernier ne faisait qu’imiter des caméras cachées, sans quoi la vie des acteurs aurait indubitablement été menacée, même si ici aussi des risques ont été prit.

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Black Sea

Black Sea
2015
Kevin Macdonald

Pas encore remit de Phantom, autre film dont l’action se déroule dans un sous-marin, d’une nullité désespérante, voici un film similaire en nombre de points : même cadre, même amateurisme et même tentative de dissimulation du caractère très indépendant du film en balançant une grosse star en vedette. Et comme le destin du film fut le même dans les salles, la crainte était légitime.

Et si les russes avaient envoyé des dizaines de millions en lingots d’or aux nazis durant la seconde guerre mondiale ? (Quoi ?!) Le film part donc de cette improbable idée, admettant l’existence d’un sous-marin russe s’étant écrasé au fond de la mer Baltique avec une montagne d’or il y a de ça 75 ans. Un secret rudement bien gardé qui attendait depuis tout ce temps quelqu’un de la trempe de Robinson (Jude Law) pour envoyer un autre sous-marin aller chercher la précieuse cargaison. Une mission hautement dangereuse à laquelle viendra s’ajouter des tensions au sein de l’équipe, ne supportant pas son caractère plurinationale.

L’histoire de base est d’une connerie infinie. Il semblerait que le coût d’extraction de l’or soit de l’ordre de deux-cent mille dollars, soit à la portée d’énormément de gens. Difficile à croire que l’information est mit presque un siècle pour parvenir à des oreilles réceptives, de même qu’il est impensable que personne n’ait cherché à récupérer la marchandise à l’époque. Qu’on ne vienne pas nous dire que les sonars de l’époque ne pouvaient cartographier le fond marin. Et puis au fait, d’où on passe de la mer Baltique à la Turquie ? Y’en a qui sont forts en géographie… Mais bon, pour peu qu’on dise amen à toutes ces incohérences et ces faiblesses scénaristiques premières, le film n’est pas mauvais. L’immersion est pas mal du tout, donnant vie au sous-marin, et la navigation a de la gueule. Les tensions au cœur de l’équipage contribuent aussi à rendre intéressante l’expédition, et il y a suffisamment de rebondissements et de temps forts pour que le tout reste dynamique. Il y a en revanche trop de membres pour que le sort de chacun nous importe, mais quelques personnalités sortent du lot. Dommage qu’aucun scénariste ne se soit penché sur le film, mais l’équipe technique a en revanche fait du plutôt bon boulot, et le film se regarde bien.

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Dumb & Dumber De

Dumb & Dumber De
2014
Bobby Farrelly, Peter Farrelly

Tous aux abris, ils reviennent ! Comédie « culte » mais foncièrement débile, Dumb and Dumber avait connu un beau succès il y a de ça 20 ans, une belle date anniversaire pour faire revenir l’improbable duo de décérébrés. Difficile de s’attendre à une révolution avec cette suite, surtout qu’entre temps un faux préquel a vainement tenté d’en faire une franchise, mais dès la campagne publicitaire le film a eu une idée formidable en parodiant la tag-line de Lucy, qui au lieu de faire miroiter 100% d’utilisation des capacités cérébrales, nous mettait en garde contre ces deux dégénérés à tout juste 1%.

En 20 ans rien a changé, surtout pas Llyod (Jim Carrey) et Harry (Jeff Daniels), du moins au niveau mental. Eh oui, le corps vieilli, et cela pourrait être fatal à Harry, dont les reins ont lâché et le mettent dans l’attente d’une greffe. Ses parents biologiques étant morts, l’espoir d’un donneur dans la famille semblait scellé, mais à l’ouverture de son courrier de ces dernières années, il va apprendre qu’il est l’heureux papa d’une grande fille de 22 ans, représentant potentiellement son salut. Une longue recherche va alors débuter, en commençant par la mère (Kathleen Turner), pas revu depuis la conception.

La barrière culturelle nous frappe d’emblée : on commence par du scatophile de très bas niveau, pas complètement hors de propos étant donné l’âge mental des protagonistes, mais difficile d’en rire. Et nombreux seront les passages à dépasser la frontière de l’acceptable, sombrant régulièrement dans une vulgarité révoltante, notamment lors du pet vaginal poussiéreux. La marge d’abrutissement est inexistante. C’est d’autant plus dommage que le potentiel y est grand, les deux compères étant tellement stupides que c’en devient drôle. On dénote nombre de conneries si ahurissantes qu’on en ri de très bon cœur, et le film fourmille d’idées sur ce qui pourrait découler de la naïveté et de la bêtise du duo. Le film enchaîne ainsi de très bons gags, entremêlés de running-gag sympas, mais malheureusement la honte prédomine tant c’est souvent de mauvais goût et invariablement orienté vers les déjections du corps humain. Plus encore, le fan-service nuit aussi au film, multipliant les références creuses, à l’image de la waf-mobile de l’affiche, présente en tout et pour tout dix secondes dans le film, n’amenant strictement rien ni à l’histoire et n’étant même pas drôle. Vouloir se réunir après tant d’années, pourquoi pas, mais le film originel ne le méritait pas tellement et cette suite n’apporte pas grand chose.

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Deux jours, une nuit

Deux jours, une nuit
2014
Jean-Pierre Dardenne, Luc Dardenne

Ah, un film des frères Dardenne ! Cinéastes belges, ils sont considérés comme des génies par la presse, leur attribuant des notes toujours très proches du maximum, alors que le public n’a jamais répondu présent, montrant largement plus de réserves et ne leur ayant pas offert un seul succès commercial. Et comment pourrait-il en être autrement quand ils rappellent la misère dans laquelle on vit avec un principe de base à ce point contre-productif ?

Va savoir pourquoi, Sandra (Marion Cotillard) a un jour sombré dans la dépression, et elle a passé un an d’arrêt maladie, mais se dit aujourd’hui prête à reprendre le travail. L’entreprise de panneaux photo-voltaïque dans laquelle elle travaillait devant continuer de tourner, son travail a été réparti entre les 16 autres employés de l’usine, touchant pour le boulot supplémentaire une prime de 1000 €, une somme conséquente pour un milieu aussi pauvre. D’ailleurs, presque personne n’est prêt à s’en séparer, car le retour de Sandra mettrait fin à cette prime, et seuls deux personnes ont voté pour elle. Pourtant, elle va obtenir le droit à un second vote, le temps pour elle d’essayer de rallier une majorité à sa cause.

Quelle bande de cons… D’un côté ça se racle la gorge sur Bienvenu Parmi Nous, de l’autre ça acclame ce film, même si finalement il est ressorti bredouille de Cannes, des Césars et des Oscars. Fondamentalement pourtant, l’originalité de cette histoire de misère humaine est d’une banalité confondante, presque pire que l’autre film, avec là aussi un bilan atténué par le talent de l’actrice qui n’a elle aussi plus rien à prouver, mais qui est loin d’impressionner. Néanmoins, la grosse différence c’est qu’ici l’intérêt est bien moindre tant le principe est mauvais. On nous présente une grosse dépressive aux capacités de travail sans nul doute amoindris, et elle vient faire chier ses anciens collègues de boulot pour mendier alors qu’eux-même sont dans une grande précarité. L’entreprise n’a nullement besoin d’elle, et si jamais elle revenait bon nombre de ses collègues la détesterait pour les mettre financièrement en danger. Donc si sa démarche abouti, le préjudice serait immense pour l’entreprise et ses employés, avec une ambiance de travail bien dégueulasse. Donc quel intérêt de raconter une histoire aux enjeux répréhensibles ? Pire encore, le rythme déjà pas bon de base se paye en plus l’incroyable redondance de la démarche, qui consiste à rendre visite à 16 personnes individuellement. Certes, chaque personne est différente et la conversation change, de même que les enjeux de l’interlocuteur (quoique ?), mais la lassitude s’installe irrévocablement, surtout à cause de l’héroïne ô combien insupportable de par son auto-apitoiement et son absence de prise en main. Le film n’est pas mal fait, il est juste inutile et ennuyeux, et je n’ai personnellement pas vu l’intérêt de rager sur les miséricordieux.

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Bienvenue Parmi Nous

Bienvenue Parmi Nous
2012
Jean Becker

On ne peut pas passer une vie entière couronnée de succès, et voici le seul et unique bide dans la carrière de l’extrêmement populaire réalisateur Jean Becker (même si son dernier film en date n’est pas non plus un succès). Pourtant typiquement le genre de film applaudi des deux mains par la presse et dont le chemin vers les Césars semblait tout tracé, il fut massacré comme rarement et de façon unanime, de quoi faire monter l’inquiétude. Et après coup, l’incompréhension est d’autant plus grande.

L’argent ne fait pas le bonheur, et Taillandier (Patrick Chesnais) sait bien de quoi il parle. Peintre de renom dont les toiles s’arrachent à prix d’or, il coule des jours tranquilles dans sa grande et belle maison avec une femme qui l’aime (Miou-Miou), des enfants et des petits-enfants qui viennent régulièrement lui rendre visite. Et pourtant, peindre ne l’intéresse plus, son quotidien le fatigue, la vieillesse le pèse. Il en a simplement marre de tout, et un beau jour il va partir, ne sachant que chercher. Dans son errance, il va faire la connaissance de Marylou (Jeanne Lambert), jeune fille paumée qui a été expulsée de chez sa mère.

Pourquoi cette régurgitation de la presse spécialisée ? Sans doute que leur critère de mécontentement fut le caractère discutable de l’intérêt du film dans le paysage audiovisuel français, mais à ce niveau il faudrait joyeusement brûler tout ces éternels films policiers sombres et violents comme il en sort presque un par mois, sans compter la série Braquo qui n’a de cesse que de faire ses choux gras avec le filon le plus usé de l’histoire, malgré tous les talents impliqués. Le vieux ronchon, la jeune écervelée, l’un va s’attendrir, l’autre s’assagir : deux personnages vu des centaines de fois, et les rassembler n’a rien de novateur il est vrai. Oui, l’histoire est cousue de fils blancs, et le film n’y apporte rien d’original, sauf peut-être au niveau des dialogues, mais comme tant d’autres. L’aspect narration n’est pas la seule marge d’innovation que possède un film. En l’occurrence, ce qui fait sa force, c’est le duo d’acteurs, l’un qui n’a plus à prouver mais qui impressionne toujours, l’autre la fille de Jean-Yves Lafesse, jeune débutante issue du théâtre et qui fait des débuts prometteurs derrière une caméra. Son physique est assurément son point le plus positif, mais on sent aussi les prémices d’un quelconque talent, même si depuis son actualité semble bien morne. Un film ultra classique sur la recherche de soi, la quête d’un but et autre recherche du bonheur, mais l’intention passe bien et les acteurs sont très convaincants.

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La Dame en Noir 2 : L’Ange de la Mort

La Dame en Noir 2 : L’Ange de la Mort
2015
Tom Harper

Attendu comme le tournant de la carrière de l’ex Harry Potter, La Dame en noir fut une réelle surprise, prouvant non seulement la montée en puissance de son interprète, qui devrait vraisemblablement multiplier les nominations voir les récompenses aux Oscars ces prochaines années, mais établissant aussi un record au box office pour son studio, depuis battu. Vu l’histoire aucune suite n’était possible, et ça n’en est d’ailleurs pas vraiment une, mais il y a des tentations auxquelles l’avidité ne peut résister.

L’histoire se déroule 40 ans après les précédents événements, en pleine première guerre mondiale. Les villes anglaises sont régulièrement bombardées, et ça n’est pas une vie pour les enfants, constamment à se terrer dans les abris. Un orphelinat va alors prendre la décision de les rapatrier à la campagne, dans un manoir inhabité. Ou du moins le croient-ils. Les pensionnaires vont vite comprendre qu’ils ne sont pas seuls : ils ont élu domicile chez la Dame en Noir…

Visiblement pour les producteurs le premier film se limitait à une mystérieuse femme vêtue d’un voile sombre, poussant les enfants à se suicider pour que le monde entier sente ce que ça fait d’avoir perdu son petit. Et gare à celui qui a oublié, car sinon on pourrait croire qu’il ne s’agit que d’un esprit frappeur détestant simplement les enfants, car rien ne nous est rappelé. Grosso modo on copie grossièrement le scénario et on en oubli tout le reste, à savoir l’ambiance terrifiante et le casting excellent, n’ayant ici que le méconnu Jeremy Irvine, mais noyé dans la masse, et les qualités horrifiques du premier sont bien loin. Les personnages sont des stéréotypes en puissance, leur comportement est au mieux stupide, mais plutôt suicidaire, et la réalisation classique à outrance fatigue de par sa prévisibilité et son manque total d’innovation. Les techniques d’angoisse sont archaïques, balayant les possibles subterfuges si évidents. Pas spécialement honteux, le film n’a juste pas tellement d’intérêt, son histoire étant fainéante, ses personnages insipides, et la peur ne se faisant presque jamais ressentir.

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