I Can Speak


I Can Speak
2017
Hyun-seok Kim

Les vieux, quel fléau ! Alors qu’un promoteur immobilier tente de mettre en scène l’insalubrité des lieux pour dégager ses locataires et tout reconstruire, une vieille femme qui n’a que faire chier les autres à faire de sa journée va commencer à relever des irrégularités, mettant un gros stop au projet. Nouveau comme fonctionnaire dans un bureau des plaintes, un jeune homme va tenter d’amadouer la vieille femme en lui apprenant l’anglais, elle qui rêve de l’apprendre.

Partant sur des bases comiques de duo archi classique que tout oppose entre la vieille de la basse ville un peu bourrue et le jeune très sophistique et protocolaire, le film ne marche que peu souvent, avec des running gag lourds, et ce fil rouge pas bien passionnant qu’est le fait d’apprendre l’anglais. A quoi bon ? Et c’est là que le film commence vraiment, car passé la première heure d’installation laborieuse, le vrai sujet se dévoile peu à peu, avant de pleinement exploser : les « femmes de confort ».

Sujet peu médiatisé d’autant que jamais reconnu officiellement par le Japon, il s’agissait d’une pratique terrible ayant eu court pendant la guerre des deux Corées. Des femmes, voir de très jeunes filles à peine pubères, étaient enlevées, arrachées à leur foyer pour tout simplement servir d’esclaves sexuelles aux soldats japonais, pratiquant de surcroît la torture pour assouvir leurs plus bas instincts. Une histoire terrible qui sera abordée assez tardivement, mais qui relancera fort l’intérêt du film, amenant beaucoup d’émotions et de véritables enjeux à cet apprentissage de l’anglais. Tous les sujets finissent même par se nourrir les uns les autres, créant une cohérence d’ensemble au final assez bonne. On pardonne même aisément la première moitié un peu ennuyeuse face à la justesse de la seconde, mais on ne peut s’empêcher de trouver le rythme raté, et que le film n’aura pas su pleinement traiter son sujet en en faisant le pivot central, et pas simplement un changement de cap trop tardif. C’est presque rageant de devoir se contenter d’un bon film face à un drame humain si capital.

 

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L’Amour ouf


L’Amour ouf
2024
Gilles Lellouche

Nous y voilà. Gros temps fort du cinéma français en 2024, le film était un projet casse-gueule sur tellement de points, et son parcours tant lors de sa production qu’à sa sortie est assez hors normes. Annoncé comme une comédie musicale, présenté à Cannes dans une version de 3h40 (bien que selon certaines sources cette version n’a jamais été montrée et celle présentée au festival faisait 2h46), le film provoqua des réactions assez mitigées, et au final tout ce qui est musical est parti aux oubliettes, une excellente nouvelle pour tout ceux encore traumatisés par Joker 2. Mais 2h40 tout de même… Et si la presse fut un peu plus mitigée, les spectateurs ont massivement acclamé le film, le portant jusqu’aux 5 millions d’entrées, ce qui mine de rien était nécessaire vu le budget annoncé de quasi 36 millions d’euros (où sont-ils ???). Bref, un projet ouf, pour un résultat qui ne l’est pas tant.

Le film va nous replonger dans les années 80 pour une romance entre deux adolescents que tout oppose : Clotaire (Malik Frikah / François Civil) et Jaqueline (Mallory Wanecque / Adèle Exarchopoulos), lui étant un zoneur déscolarisé d’une famille d’ouvrier précaire, et elle une élève studieuse de bonne famille.

Si le film est assurément bien fait, avec pléthore de plans très esthétisés, un rythme assez maîtrisé qui permet de ne pas trop voir passer les 2h40 (même si par exemple le petit passage de danse aurait pu être totalement coupé, de même que la scène d’introduction), et que bon nombre de rôles secondaires sont très bons, avec un casting vraiment incroyable (Alain Chabat, Karim Leklou, Elodie Bouchez, Benoît Poelvoorde, Raphaël Quenard, Vincent Lacoste, Jean-Pascal Zadi), le film a deux gros problèmes. Déjà son écriture est problématique sur pas mal de points, certains très gênants comme le boss mafieux qui n’aura carrément pas de conclusion à son arc narratif, ou encore la connerie affolante du protagoniste dont toutes les conneries sont d’une lourdeur atroce, mais surtout cela abouti au second problème, peut-être le plus important des deux : ce n’est pas une romance. Deux gamins qui découvrent la vie, mais derrière tout passe au second plan, le film étant surtout une histoire de vengeance et de violence. Et puis bon, un ptit con cassos qui fait connerie sur connerie, à pourrir le vie de tout le monde, on a plus envie de le voir clamser que de pécho la nouvelle qui va bêtement tomber amoureuse du mauvais garçon qui est juste le connard de base que tout le monde déteste. Difficile donc de s’enthousiasmer devant une romance superficielle où l’un des deux est juste totalement antipathique, même campé par un acteur charismatique une fois adulte. Une ambition pas si visible à l’écran, dont je ne retiendrais personnellement que deux trois tirades, comme « bien c’est pas suffisant », ou encore le renversement de situation dans les stocks du supermarché, prévisible mais bien senti. Sympathique, mais trop long, quelques soucis d’écriture, et surtout une romance qui ne m’a pas emporté, loin s’en faut.

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A l’Ouest, rien de nouveau


A l’Ouest, rien de nouveau
2022
Edward Berger

La désillusion 1917 étant au moment de la sortie du film encore trop marquée, n’ayant eu que poudre aux yeux face à un désert narratif, je n’étais alors pas prêt à me relancer une énième fois dans un film portant sur la Première Guerre Mondiale, surtout pas avec une durée avoisinant les 2h30 qui de base m’y fait repenser à deux fois avant d’appuyer sur la touche lecture. Mais avec une femme ayant tout juste fini le livre, semble-t-il palpitant à plus d’un titre, nous y voilà.

Une fois n’est pas coutume, on suivra la guerre du point de vue allemand, et plus particulièrement de celui de Paul, un jeune germain de 17 ans pensant que son pays est le plus grand, qu’ils vont forcément gagner et qu’il aimerait trôner fièrement parmi ceux ayant porté leur nation jusqu’à la victoire. En coulisse le bilan est déjà scellé avec des cargos entiers d’américains venant épauler un front français déjà très avantagé, pour une boucherie annoncée, sauf pour les soldats se rendant à l’Ouest où officiellement il n’y a rien de nouveau.

Si apparemment le film est une adaptation catastrophique, enlevant tous les passages comiques, de franche camaraderie, et édulcorant salement la violence, c’est avant tout un film passable au possible. Il faudra attendre 1h30 pour avoir de vraies séquences de guerre marquantes ; à l’exception d’un général campé par Daniel Brühl, le casting est intégralement composé d’inconnus aux facies banals, rendant leur identification laborieuse et l’attachement moindre ; le rythme est catastrophique, surtout dans la première moitié, et au final l’histoire est anecdotique ; et même la musique, aux relents mystiques, n’est que peu utilisée et dénote un peu trop. On peut le dire, en dehors de quelques rares plans très esthétisés ou deux scènes de guerre un peu ambitieuses, l’ensemble du film est mortellement chiant, avec des paupières sacrément lourdes. Ou alors tout simplement pas ma came…

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bref.2


bref.2
2025
Kyan Khojandi, Bruno Muschio

Pastiche culte sortie en 2011 sur Canal+, bref était un format court, d’une poignée de minutes, racontant de façon ultra dynamique des situations du quotidien, avec une telle touche de folie et un humour si efficace que la série fut l’une des rares à non seulement être instantanément culte, mais qui a aussi su traverser les âges comme rarement. C’est simple, je me suis refait l’intégral au moins quatre fois, dont une fois pas plus tard que l’année dernière. C’était donc peu dire que l’excitation était féroce face à l’idée d’une seconde saison arrivant 14 ans plus tard, d’autant que la campagne marketing fut l’une des plus brillantes jamais vue. Pas une once de rumeur sur ce retour miracle avant l’annonce en fanfare à peine quelques semaines avant la sortie, avec dans les bande-annonce à l’efficacité folle la promesse de retrouver la même saveur que d’antan, sans se douter que l’objectif réel était tout autre. En effet, exit les formats courts, on passe cette fois à six épisodes de 30-40 minutes, où l’humour sera au service de l’émotion.

Je (Kyan Khojandi) a 40 ans, toutes ses dents, toujours pas tous ses cheveux, et sa situation est peu ou prou la même : incapable d’avoir une vie stable, que ce soit financièrement / professionnellement faute de s’intéresser aux emplois qu’il a ou a eu, ou au niveau sentimental. Après une énième rupture douloureuse, il va tenter de se relever, sans comprendre qu’en réalité, c’est lui le problème.

Juste brillant, une claque monumentale. Si la première saison était surtout drôle, et rarement autre chose, cette suite arrive à être tellement plus. Si beaucoup de choses restent un peu trop parisiano-centré, on pensera notamment aux loyers débiles ou la profusion de travail loin de la réalité globale du pays où pas grand monde n’a le luxe de se poser la question d’aimer ou non son travail, la pertinence des thématiques et des situations aura une résonnance d’une justesse surprenante. Et c’est là toute la force de cette nouvelle saison. Au delà de la pléthore de guests (Laura Felpin, Baptiste Lecaplain, Bérengère Krief, Alice David, Doria Tillier, Jean-Paul Rouve, Alexandre Astier et bien d’autres de la sphère d’internet), tous plus bons les uns que les autres, la vraie force de cette suite est du côté émotion, dans les leçons de vie apportées. Personnellement, le cercle de l’immobilisme où l’on ne se remet jamais en question est probablement l’une des plus grandes vérités de la société moderne enfin identifiée avec des mots. Chaque thématique abordée l’est avec une honnêteté touchante, avec ce supplément d’âme la rendant universelle. Nous sommes Je, victime et roue à part entière du rouage du système profondément malacomgnax 3000 qu’est notre société. Infiniment drôle, à la fois hommage et révolution de la série culte d’origine, on retrouve un virage sublimé de ce qu’a été le cinquième Volume de Kaamelott, où l’on a ce virage dramatique incroyable, mais en conservant une force comique qui devient des moments de grâce plus intenses que jamais. Juste merci et bravo.

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L’Esquisse de nos vies


L’Esquisse de nos vies
2024
Takahiro Miki

Et voilà, alors que mon top 2024 est déjà sorti, certaines des plus belles pépites de l’année étaient encore à découvrir. A l’occasion de la saint Valentin, parcourant Netflix à la recherche d’une production inédite dont les retours laisseraient espérer mieux qu’un téléfilm opportuniste aussitôt oublié, j’ai ainsi laissé sa chance à cette relecture japonaise de Nos étoiles contraires.

La vie rapproche, mais la mort aussi. Venant tout juste d’apprendre qu’une tumeur au cœur le condamnait à une espérance d’un an, Akihito va alors repenser à cette jeune fille croisée à l’hôpital, n’ayant elle plus que quelques mois à vivre, mais étant étonnement sereine face à cette échéance. Lui qui voudrait crier sa rage face à tant d’injustice à tout juste 17 ans, il va chercher à passer le plus de temps possible avec elle pour comprendre et s’inspirer de sa quiétude.

Outre la question de faire face à la mort, tout le film est là pour rabattre les cartes de l’amour et nous faire poser la question de la raison, de l’utilité. Quelle est l’intérêt d’aimer quelqu’un qui va bientôt mourir ? Pourquoi s’exposer face aux aléas de l’amour quand il ne nous reste plus beaucoup de temps ? Entre immortalité de l’art, espoir de se retrouver dans l’ailleurs, pure folie amoureuse et simplement l’envie de profiter de l’instant présent au delà de tous les problèmes possibles, même dans un cas aussi extrême, le film explore toutes les forces, toute la beauté de la vie jusque dans ses derniers instants, et même au delà pour ceux qui restent, car il y a ceux qui meurent, et ceux qui doivent continuer à vivre sans eux. Si l’écart d’acting est légèrement problématique entre une Haruna extraordinaire et un Akihito bien plus novice, ce seul bémol est bien peu de choses face à l’intensité émotionnelle et poétique qui se dégage de cette histoire, et la symbolique des fleurs est d’une grande puissance. Préparez vos mouchoirs, mais il faut parfois accepter de s’exposer pour contempler une œuvre aussi belle et bouleversante.

 

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Croc-Blanc


Croc-Blanc
1991
Randal Kleiser

Malgré son décès à tout juste 40 ans, Jack London a clairement été un grand écrivain dont les œuvres continuent de rayonner plus de cent ans plus tard, dont notamment L’Appel de la forêt qui a connu une dizaine d’adaptations, ou encore une fameuse histoire de loup et de conquête de l’Ouest, dont voici pour beaucoup l’itération la plus célèbre, qui pour ma part a bercé mon enfance. Est-ce toujours plus de trois décennies plus tard un grand film d’aventure ?

Le film nous fera voyager jusqu’en Alaska, à la fin du XIXème siècle alors que les colons américains explorent de nouvelles terres non répertoriées. Entre l’appel de l’aventure et la promesse d’un père décédé en pleine quête du filon d’or ultime, le jeune Jack COnroy (Ethan Hawke) va quitter la tranquillité de son Boston natal pour ce grand froid sauvage et inhospitalier. Sa route croisera celle d’un certain Croc-Blanc, un loup domestiqué.

Voilà un récit qui cumule moult obsessions de l’homme : le frisson de l’aventure, la soif de richesse, et vouloir faire plier la nature à sa volonté dans une envie de tout contrôler, même un animal aussi violent et dangereux que le loup. Bref, du complexe de Dieu dans toute sa splendeur, saupoudré de rêve américain et de grand paysages. Si le film a un peu vieilli et ne saura pas pleinement rendre justice aux paysages dantesques, son récit lui traversera les âges avec son héros candide auquel on s’identifie sans mal, entre détermination, amitié et communion avec la nature et l’animal.

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The Witch – Part 2 : The Other One


The Witch – Part 2 : The Other One
2022
Hoon-Jung Park

Que ce soit les producteurs avec les quelques deux millions d’entrées ou le public de par le divertissement proposé, visiblement une vraie fan base s’est créée autour du projet, et quatre ans plus tard, ce qui était déjà annoncé à la fin de Subversion, la première partie, est enfin arrivée. Ja-yoon va t-elle ravager le monde ? Pas vraiment, car cette suite raconte en fait une tout autre histoire.

Si Ja-yoon était déjà une franche réussite scientifique malgré sa rébellion, ça n’est rien comparé à sa sœur jumelle, dont les expériences dessus ont conduit à des pouvoirs plus grands encore. Seulement voilà, suite à une attaque sur la base, le spécimen s’est échappé. Sera t-elle une menace ?

La proposition est assez risquée et frustrante : alors même qu’on annonçait une nouvelle aventure avec l’héroïne du premier film, cette dernière sera purement et simplement absente de la suite, réduite à un simple caméo en toute fin. D’un autre côté, cela donne une certaine aura au premier film, rendant sa protagoniste mystique, sur toutes les lèvres, redoutée à chaque instant, mais toujours dans l’ombre. Et il faut dire que sa sœur est touchante, dans le genre enfant élevée en laboratoire et qui découvre le monde. Là encore, ce sont des concepts peu innovants, mais néanmoins efficace dans l’exécution. On garde malheureusement un peu les mêmes tares d’écriture, avec des personnages présentés comme importants ou menaçants, avec des intrigues développées autour d’eux, pour au final leur réserver un sort funeste balayant tout ce qui a été introduit, souvent à contre-sens de ce qui était dit. Mais il faut aussi savoir apprécier ce qui est proposé, et il faut bien reconnaître que cette suite va largement plus loin en termes de violence et d’action, avec une qualité d’effets spéciaux assez bluffante. On  notera une bien plus grande générosité dans l’envergure et la quantité de scènes d’action, rendant le spectacle nettement supérieur. Reste maintenant à espérer que la partie 3 se fera bien, qui s’annonce particulièrement épique et ambitieuse, car cela fait tout de même trois ans, et que l’univers s’est un peu perdu en chemin avec The Tyrant, une série Disney+ apparemment très tertiaire dans l’intrigue, et à la qualité bien moindre.

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The Witch – Part 1 : The Subversion


The Witch – Part 1 : The Subversion
2018
Hoon-Jung Park

Sorti en 2020 de par chez nous sous le nom « Manyeo », The Witch est une saga sud-coréenne qui a semble t-il eu un certain succès, puisqu’une seconde partie a vu le jour en 2022 et qu’une troisième partie est prévue pour sortir en 2025. D’après les chiffres trouvés, il semblerait que le premier ait fait 24 M$ contre 22 M$ pour sa suite, ce qui reste des chiffres très modestes.

On y suivra Ja-yoon, une jeune étudiante de 19 ans menant une vie tranquille, tentant tant bien que mal d’aider ses parents à la ferme, être une élève exemplaire, et s’amuser avec sa meilleure amie. Le jour où elle va participer à un concours de chant va bouleverser sa vie, mais pas en bien : certain vont croire voir en elle une menace du passé, et vont alors se lancer à sa poursuite.

Le film démarre, après une scène de carnage, de façon assez sympathique, dans un style teen movie agréable, où l’insouciance est peu à peu mise à mal par des événements inquiétants. Sans rien révolutionner au genre, le début est un genre de X-Men du pauvre, mais avec cette touche coréenne rafraichissante. Simple, mais efficace, avec une scène de prise de conscience particulièrement classe. La suite sera moins réjouissante, allant un peu trop loin dans le côté Stranger Things, sans en avoir la saveur, d’autant qu’on attend un côté surnaturel fantastique de par le titre « The Witch », qui ne sera pas là. Pire, moult personnages sont teasés comme étant importants ou menaçants, pour s’avérer au final soit inutiles soit grotesques. Le plaisir régressif de certaines scènes aide à faire passer la pilule, mais l’originalité peine à s’imposer, voir exister, au point de faire poindre un peu d’ennui. Espérons que les suites sauront aller plus loin, mais vu les faibles scores, pas sûr que le budget puisse évoluer en ce sens.

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Forgotten


Forgotten
2018
Hang-Jun Jang

Plein de surprises, le cinéma sud-coréen s’est imposé comme un nouvel eldorado prometteur, notamment pour Netflix qui en tire régulièrement des succès populaires mondiaux. Cette fois, on retourne dans du thriller torturé à la The Call, bien que malheureusement la comparaison s’arrêtera là.

Que s’est-il passé cet été 1997 ? Alors qu’ils venaient tout juste d’emménager avec sa famille, Yoo-seok va assister impuissant à l’enlèvement de son frère. Après 19 jours d’une attente terrible, ce dernier va réapparaître l’air de rien, amnésique de cette même période. Yoo va alors commencer à mener l’enquête, loin de se douter des terribles secrets enfouis.

Le concept est excellent, son application un peu chaotique, pour un résultat qui laisse perplexe. Le mystère monte doucement, installant un climat de paranoïa très réussi, et le twist derrière était gageur, voir carrément brillant malgré le trop plein d’informations un peu indigeste qui rend l’énorme retournement assez confus. S’en suit une trame bien trop prévisible, comme si elle avait grillé toutes ses cartouches trop vite. Puis cette fin… Tout ça pour rien, pour que la vérité soit balayée et que personne n’en apprenne quoi que ce soit. On en ressort déçu, le plaisir initial étant effacé derrière une trop grande vacuité.

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Godless


Godless
2017
Scott Frank

Alors que HBO avait son Western d’anthologie avec un an plus tôt la claque ahurissante de la première saison de Westworld, Netflix a voulu emboîter le pas et offrir à ses abonnés non pas une série, mais une mini-série, un one-shot de sept épisodes pour se replonger dans ce bon vieil univers impitoyable du far west. Et ce fut visiblement mission accomplie tant les retours furent dithyrambiques, d’autant que le casting laissait rêveur.

La Belle, une ville lieu de tous les malheurs. Alors que deux ans plus tôt la seule chose de valeur de la ville, leur mine, s’est écroulée, entraînant avec elle la mort de 83 hommes, soit la quasi totalité des hommes des environs, un nouveau cataclysme les menace : Frank Griffin (Jeff Daniels). Impitoyable hors la loi avec à sa botte une trentaine d’hommes, il sème le chaos sur son chemin, qui pourrait l’y mener puisque son rejeton de fils adoptif qui l’a trahi, Roy Goode (Jack O’Connel) a justement trouvé refuge dans le ranch de Alice Fletcher (Michelle Dockery), non loin de La Belle. Une ville d’autant plus fébrile car son shérif (Scoot McNairy) perd la vue et est parti sur les traces de Griffin, laissant la ville aux frêles mains de son adjoint (Thomas Brodie-Sangster) à peine pubère.

Alors oui, mais non. Décors magnifiques, casting incroyable, quelques bonnes idées, mais globalement un immense gâchis. On nous installe un contexte et des enjeux archi classiques, mais de façon plutôt classe avec un shérif en quête d’un sens à sa vie, ou à défaut une mort utile, un adjoint plein d’étoiles dans les yeux, espérant un monde plus ouvert, ou encore le criminel repenti qui tourne le dos aux siens, quitte à devoir les affronter pour sortir définitivement de leur joug. Même la veuve avec un pied dans le monde des indiens est excellente, donc les prémices sont vraiment prometteuses, avec aussi ce village dévasté qui n’est plus habité que par des veuves, des vieux ou des enfants. Le Frank Griffin est d’une classe magistrale, avec en prime son côté quasi divin, connaissant, d’après ses dires, le moment exact de sa mort.

Place maintenant à tout ce qui ne va pas : tout le développement, et particulièrement la fin. Déjà le rythme est affolant, plusieurs épisodes passant sans que rien n’ait bougé dans l’intrigue, et ça sera globalement le ressenti général : l’histoire aurait dû être un film de deux heures, pas une mini série de presque huit. Beaucoup trop de remplissage, de quêtes annexes qui ne servent à rien, ou encore de séquences de flashback trop démonstrative quand l’évocation des souvenirs ou des incidents était déjà suffisant en soi. Et quand vient la fin, le bilan est désastreux quand on se rend compte que la plupart des personnages n’ont servi à rien, que tout ce qu’on a développé autour d’eux n’aboutira à rien, et que moult personnages vont simplement mourir en réduisant à l’état de poussière leur parcours. Que d’amertume face à « je sais que je ne mourrais pas comme ça », pour qu’au final en fait tout ne soit que superstition infondée. Du set up non pay off, et pratiquement chaque histoire pourra être résumé ainsi. C’est ce qu’on appelle brasser du vent, et malgré un savoir-faire certain et de splendides paysages, j’ai vraiment eu l’impression de perdre mon temps, d’autant que quel que soit le domaine, la comparaison avec Westworld est juste catastrophique.

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