Bon Cop, Bad Cop


Bon Cop, Bad Cop
2006
Erik Canuel

Voici la version canadienne de L’Arme Fatale, une saga que je n’apprécie il est vrai pas particulièrement, la faute à un coup de vieux assez terrible avec des scénarios reposant sur des clichés usés et usants. Néanmoins, outre le charisme ahurissant du non rabat-joie de service, il faut reconnaître que le principe du duo de policiers que tout oppose sur fond de comédie d’action, ça avait du potentiel. Et au moment de sa sortie, le film fut un immense carton en établissement tout simplement un record au box-office, bien que le score affiché par le film (2 millions d’entrées pour 40 millions d’habitant) semble un ratio totalement ridicule au regard des scores des salles françaises.

Un cadavre, une frontière, deux policiers. La fameux « tatoo killer » va encore laisser un mort derrière lui, mais déposé cette fois sur la pancarte de la frontière canado-américaine, obligeant les deux côtés à collaborer sur la même enquête. On retrouvera alors d’un côté David Bouchard (Patrick Huard), sanguin canadien, et Martin Ward (Colm Feore), au flegme britannique.

Même recette, mêmes soucis. Le duo marche fort, le tandem a une vraie complicité dans la divergence, et que ce soit au niveau rythme ou comédie, le film est vraiment fort sympathique. Pas toujours évident de rester crédible avec un accent canadien à couper au couteau, mais en vrai ça rajoute un certain charme dépaysant. Oui mais voilà, le gros problème du scénario frappe plus que jamais. Quand tout tourne autour d’un tueur en série mais que l’enquête est claquée et que le méchant est nul au possible, ça a de quoi calmer les ardeurs. Amusant, mais pas plus, la faute à une histoire de fond ratée. Une suite a vu le jour plus d’une décennie plus tard, de quoi peut-être rattraper le coup.

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Red One


Red One
2024
Jake Kasdan

Sur le papier, le projet semblait peu réjouissant : des stars bankables mais dont les carrières se font de plus en plus parodiques, pour ne pas dire honteuses, un réalisateur coupable du médiocre reboot de Jumanji, et une volonté de proposer un film de Noël à ajouter au catalogue anémique d’Amazon, géant alignant les billets sans chercher à faire du cinéma. Si le bide en salle est largement à relativiser (la barre des 100 M$ sera dépassée aux Etats-Unis, et plus de 200 M$ dans le monde alors que moult pays comme la France sont privés de sortie ciné), on peut difficilement parler de succès face à un budget débile de 200 à 250 M$ selon les sources, surtout critique tant pas grand monde n’en est ressorti satisfait.

Alerte, le Père Noël (J.K. Simmons) est kidnappé ! Loin de se douter que le mythe était réel, un hacker (Chris Evans) va vendre une position qu’il aura su traquer, sans savoir qu’il avait vendu le fameux homme en rouge à nulle autre que la sorcière Gryla (Kiernan Shipka), souhaitant punir toutes les vilaines personnes. Le chef des elfs (Dwayne Johnson) va alors débarquer pour retrouver son patron et sauver Noël.

En vrai, j’y ai un peu cru, au début. Le mélange fantastique / réel marche assez bien, et Chris Evans en mauvais père qui doit retrouver le chemin de la paternité, c’est bien dans l’esprit Noël et le début marche plutôt bien, tant au niveau histoire que rythme comique. Seulement voilà, bien vite le fantastique va déborder dans tous les sens, dans un chaos aussi stupide qu’épuisant. Aucune direction artistique, tout se mélange dans une bouillie numérique infame, et on fini par s’ennuyer ferme. Alors certes, le passage avec le frère Krampus est amusante et fait montre de quelques réussites flamboyantes de la part des costumiers, mais le tableau global n’a juste aucun sens. Du Noël avec des sorcières, créatures démoniaques et même l’enfer, c’est trop. On raccroche tant bien que mal les wagons, et ça reste du blockbuster ultra calibré dont l’humour fait régulièrement mouche, donc pas de quoi crier au navet intersidéral, mais on reste quand même au ras des pâquerettes avec une histoire qui ne sait jamais où elle va et qui aurait mérité d’être largement élaguée.

 

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Juré n°2


Juré n°2
2024
Clint Eastwood

Si on passe le fait que le studio ait fait un bras d’honneur à l’une des plus grandes légendes du cinéma en refusant une sortie cinéma pour l’ultime film du nonagénaire Clint Eastwood, du moins pour les Etats-Unis, le bilan reste plus qu’honorable. Plus de 1,5 millions d’entrées en France et des retours très enthousiastes, mais est-ce vraiment mérité ou est-ce surtout une connivence pour un vieil homme qui n’avait plus rien à prouver ? L’indulgence à son égard m’épate en tous cas…

Imaginez, vous êtes convoqué en tant que juré dans un procès, et vous vous rendez compte que c’est en réalité vous le coupable ? C’est exactement ce qu’il va arriver à Justin Kemp (Nicholas Hoult), juré numéro 2 dans un procès pour meurtre, où une jeune femme a été tuée l’exact soir à l’exact endroit de la route où il a cru avoir renversé un cerf.

Encore un high concept qui prend l’eau. Si sur le papier l’idée de voir un procès où un décideur est en réalité le coupable, c’était gageur, mais dès les prémices le film se noie dans ses propres problèmes. Déjà la culpabilité est loin d’être établie, et auquel cas ce serait un accident, d’autant que l’homme en question va bientôt être papa (avec Zoey Deutch), et du début à la fin rien ne viendrait étayer le contraire ou de le dépeindre comme un manipulateur, ce qui aurait été bien plus piquant. On espère d’ailleurs tout du long des retournements, une résolution spectaculaire ou surprenante, mais du début à la fin le récit sera d’une platitude absolue, sans le moindre soubresaut dans une intrigue sans une once de mystère. Pour un film de procès, c’est un comble ! Alors certes, côté réalisation rien à redire, et le casting est solide (avec en prime J.K. Simmons, Kiefer Sutherland et Toni Collette), mais quand on va voir un thriller, c’est avant tout pour le scénario qu’on y va, un point central qui sera constamment décevant. Aucun faux semblant, twist ou élément perturbateur : la platitude la plus absolue. Aberrant de banalité, un concept inutilisé pour un ennui profond. Une bien amère déception.

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Challengers


Challengers
2024
Luca Guadagnino

Contrairement à ce qu’on pourrait penser tant le genre du film sportif est quasi exclusivement combiné avec celui du biopic, ça ne sera pas le cas ici, le triangle sulfureux sera purement fictionnel (et heureusement). Le réalisateur de l’interminable et ennuyeux Call me by your name va donc choisir le cadre particulier du tennis pour mettre une nouvelle fois en scène l’obsession pour le corps et l’attrait de la chair.

Adversaires sur le terrain comme dans la vie. Elevés dans le même internat, Art (Mike Faist) et Patrick (Josh O’Connor) vont tous deux tombés amoureux de la même fille lors d’un tournois junior de tennis : Tashi Duncan (Zendaya). Pour elle, la vie est comme le tennis, une compétition, et elle n’aura de cesse que de les opposer, que ce soit sur la terre battue ou dans son cul cœur.

On ne va pas se mentir, la campagne marketing ne s’est basée qu’intégralement autour du charme et du talent de Zendaya, et ça a visiblement porté ses fruits avec près de 100 M$ au box-office mondial, ce qui est énorme pour ce genre de film. A titre de comparaison, les pourtant bien meilleurs Wimbledon et Borg / McEnroe ont respectivement fait seulement 41 M$ et 9 M$ dans le monde. Car il faut bien le dire, passé la première demi-heure, le concept se casse un peu la gueule. Déjà parlons de cette idée stupide de montage qui fait continuellement des vas et vient : c’est usant, et ça n’apporte pas grand chose, hormis le fait de cacher des infidélités ou de créer un suspens sur comment on en est arrivé là, puisque d’emblée on sait avec qui elle se marie et fonde une famille, de même que le second a raté sa carrière sportive, sans d’ailleurs que cet aspect ne soit réellement traiter puisqu’il semble au contraire toujours très fort, à minima capable de mettre en déroute l’un des meilleurs joueurs du pays. Alors certes, contrairement au film phare de son réalisateur, le rythme est bon grâce à ce subterfuge, et globalement la gestion du suspense est excellente avec une musique très viscérale, mais avec le recul c’est surtout un cache-misère tant le scénario est vide. Côté mise en scène c’est un peu la foire à la saucisse, expérimentant de trop avec des plans tape à l’œil qui nous sortent un peu des matchs. Beaucoup de travail sur la forme, mais le fond a été bien trop mis de côté, nous laissant sur notre faim face à une vacuité ambiante.

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Le Comte de Monte-Cristo


Le Comte de Monte-Cristo
2024
Matthieu Delaporte, Alexandre De La Patellière

Après la déception des Trois Mousquetaires l’année dernière, la prudence aurait été de mise concernant les attentes sur cette nouvelle tentative de donner au cinéma français les moyens d’adapter avec ambition leurs classiques. A peine moins surexploitée que la précédente œuvre d’Alexandre Dumas, on peut notamment citer la mini série de 6h avec Depardieu comme précédente adaptation ayant le plus fait date, il faut néanmoins reconnaître que dans l’imaginaire collectif l’histoire n’est pas aussi formellement ancrée, laissant plus de place à une relecture avec les moyens actuels. Et côté moyens, on passe un nouveau cap avec plus de 43 M€, plus visibles que jamais.

Ceci n’est pas une histoire de haine, mais de justice. Tout juste promu Capitaine et à qui l’avenir ouvrait les bras, Edmond Dantès (Pierre Niney) croyait le plus beau jour de sa vie arriver quand il poussa les portes de l’église pour se marier avec Mercedes (Anaïs Demoustier) qu’il a toujours ardemment aimé. Seulement entre jalousie et fourberie, plusieurs hommes vont fomenter contre lui, l’accusant de trahison envers le roi, le condamnant à finir ses jours en prison. Bien des années plus tard, quand l’occasion de s’évader va se présenter, Edmond laissera sa place au Comte de Monte-Cristo, bien décidé à se venger de ceux qui l’ont trahi.

Oserais-je le dire ? Ce fut Edmond Dantesque ! On a pas vu des plans en mer aussi épiques depuis la trilogie Pirates des Caraïbes. On a pas vu une telle grandeur dans l’aventure depuis la trilogie du Seigneur des anneaux. Non seulement la production a su remettre à flot des vestiges semblants flambants neufs, ou alors les progrès en effets spéciaux ont passé un nouveau cap dont Hollywood devrait en prendre de la graine, mais en plus le duo de réalisateurs a su s’emparer de cette fresque romanesque pour y insuffler une mise en scène époustouflante, aussi grandiose dans ses décors que dans sa façon de les filmer. Décors, costumes, même les maquillages sont saisissants de justesse, arrivant à un niveau de passe-passe à faire frémir Sherlock Holmes. Mais au delà de ça, c’est au niveau de l’écriture, de l’adaptation que le film épate le plus. L’histoire est d’une richesse folle, mais sa densité n’est jamais indigeste, au contraire, nous bluffant de fluidité et d’efficacité. A aucun moment on ne sent de cassure dans le rythme, d’exposition trop imposante, de trop plein de personnages, et on ne sent pas non plus à l’inverse que certains protagonistes sont trop peu développés. Certes, le film affiche pratiquement trois heures au compteur, ce qui permet de mieux équilibrer l’ensemble, et parfois on se dit que le format sériel s’y prêterait pour souffler un peu et s’attarder sur certains passages, mais une telle maîtrise d’écriture force le respect. Et côté histoire d’ailleurs, ce thriller d’homme prenant sa revanche est fascinant, pouvant s’appuyer sur une construction en puzzle assez jouissive où tout se met en place petit à petit, tel un chasseur jouant avec ses proies.

Enfin, il faut bien sûr glisser un mot sur le casting, absolument parfait. Assurément, disposer de dialogues aussi fins et savoureux donne un terreau génial, mais même au delà de ça, chacun brille dans un registre différent, allant de l’acteur confirmé (Laurent Lafitte, Bastien Bouillon, Patrick Mille) dont le virage dramatique scier à merveilles, ou encore de jeunes prometteurs (Anamaria Vartolomei, Vassili Schneider, Julien de Saint-Jean) qui arrivent à exister au milieu de noms si prestigieux, ce qui n’est pas rien. On notera aussi la musique remarquable, digne des plus grosses productions américaines en termes d’épique, un adjectif qui revient en boucle en pensant à ce film. Entre thriller d’espionnage aux petits oignons, aux dialogues ciselés mémorables, grande fresque d’aventure exaltante, le film arrive sans fausse note à transmettre toute la grandeur de ce grand classique de la littérature, qui vient de trouver là un cinéma à sa démesure.

 

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The Fall Guy


The Fall Guy
2024
David Leitch

Cascadeur professionnel durant deux décennies ayant été notamment la doublure du héros de celui qu’il dirigea dans sa première réalisation John Wick, le désormais réalisateur David Leitch s’est ensuite quelque peu perdu dans des blockbusters plus impersonnels, pour ne pas dire insipides, avant de signer un retour en force avec le succès surprise de Bullet Train. Le voici cette fois à la tête d’un blockbuster plus conséquent, mais malgré de très bons retours, le succès fut moindre, pour ne pas dire un cuisant échec.

Film dans le film, sur le cinéma. Tiré de la série télévisuel L’homme qui tombe à pic des années 80, on y suivra Colt (Ryan Gosling), la doublure cascade de la grande star Tom Ryder (Aaron Taylor-Johnson). Seulement voilà, alors que le tournage de son nouveau film bat son plein, sous la caméra de son ex Jody (Emily Blunt), Colt va devoir partir à la recherche de Ryder, porté disparu depuis quelques jours.

Je dois avouer que le début m’a fait très peur : des clin d’œil méta d’une lourdeur infame, un scénario à première vue débile au possible (qui irait confier une enquête si primordiale à un cascadeur ???), une romance contrariée uniquement par des non-dits et quiproquos, et même un rythme assez mauvais. C’est bien simple, passé les 40 premières minutes, j’ai dû me finir le reste tout seul, ma femme ayant lâché l’affaire. Heureusement, la suite va réussir à justifier ce postulat foireux, et se montrera bien plus généreuse au niveau action, avec même quelques dialogues plutôt sympas comme lors du passage en bateau, certes un peu gâché par ces sempiternels « gun fight » où aucune balle n’atteint jamais la moindre cible. Le tandem avec Winston Duke marche bien, au contraire de JC, le chien, peu marquant. Reste tout de même cette impression tout du long : le film en fait trop, essaye trop de se la jouer « fun », rendant sa potentielle fraîcheur totalement artificielle. Globalement le film se veut généreux et reste efficace, tant dans l’action que dans l’humour, mais son échec se comprend aisément entre une certaine hypocrisie ou maladresse, et rien de bien marquant.

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Trap


Trap
2024
M. Night Shyamalan

Génie ou immense fraude ? Alors qu’il avait enchaîné les excellents films au début de sa carrière entre Sixième Sens et Le Village, M. Night Shyamalan fut un peu trop vite porté aux nus, accumulant une quantité folle de purge innommables pendant carrément deux décennies. Beaucoup se sont excités sur Split et Glass, mais le premier était au mieux sympathique, et le second un gâchis monumental aussi frustrant que passablement débile et incohérent. Et que personne ne vienne me parler The Visit, assurément son pire étron dans une filmographie qui compte tout de même l’infâme Knock at the Cabine. Et encore une fois, la fraude va se révéler patente.

Pour se faire avoir, il faut tout de même appâter le chaland, et le bougre sait y faire avec des concepts forts et intrigants. On suivra cette fois Cooper (Josh Hartnett), alias le Boucher, un tueur en série qui va se rendre simplement à un concert avec sa fille. Une journée d’apparence ordinaire, mais la police a semble-t-il trouvé une preuve de l’intérêt du tueur pour l’artiste, avec de fortes suspicions sur sa présence au concert. Seront-ils le débusquer ? Saura t-il les berner ?

Classique jeu du chat et de la souris, avec un choix audacieux que de placer le récit du point de vue du tueur. Avec un Josh Hartnett signant un retour en force saisissant, un jeu de contre-enquête au sein d’un cadre atypique, le film partait sur de bons rails, d’autant que le bougre est aussi intelligent que dangereux. Un bilan solide, bien qu’ayant vite ses limites : même en prenant en compte les premières parties et les deux entractes, l’homme est tout de même trop enclin à s’éclipser et laisser sa fille seule. Pas exactement l’attitude de quelqu’un qui doit justement ne faire aucune vague. Puis vient le tournant sur comment sortir du concert… C’est un niveau de bêtise ahurissant, totalement incohérent avec son parcours si ingénieux, quoique certes jouant déjà bien trop avec le feu. On attend alors que tout parte en couille, car de cette décision, rien de bon ne peut en découler, avec en prime une starlette insipide, ou alors terriblement mal interprétée. Le film devient alors long, décevant et prévisible. Comme bien trop souvent, l’idée de départ était gageure, mais l’exécution laisse à désirer.

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Un p’tit truc en plus


Un p’tit truc en plus
2024
Artus

Nous y voilà : le phénomène de l’année. Près de 11 millions d’entrées sur le seul territoire français, un raz-de-marée qui a duré tout l’été avec un maintient aussi exceptionnel que les retours spectateurs furent dithyrambiques. En même temps, qui oserait dire du mal d’une comédie populaire sur fond d’acceptation du handicap ? Eh bien la presse a refusé pour une fois le consensuel, avec des retours bien plus mitigés, et à raison.

L’histoire est quelque peu banale au possible : apprendre de la différence. Paulo (Artus) et son père (Clovis Cornillac) vont se retrouver malgré eux dans une colonie pour handicapés (dirigée par Alice Belaïdi) après avoir voulu fuir la police suite à un braquage. Un concours de circonstances hasardeux qui leur permettra de se retrouver confrontés à des handicapés mentaux, qui, plod twist, sont aussi des être humains.

Les bons sentiments, ça va bien deux minutes, mais ça ne suffit pas en tant que soi, et c’est presque trop facile. Si déjà on pourrait pester sur la présence dans la bande-annonce d’absolument tous les meilleurs moments, le scénario est au mieux fainéant, et l’humour pas toujours si efficace. Tout est cousu de fils blancs, l’écriture des personnages est soit lacunaire soit caricaturale, et la gestion de l’humour est clairement problématique. Par exemple le « elle a l’habitude » est instauré dès les premières minutes, puis sera oublié pendant plus d’une heure avant de ressortir quatre fois en dix minutes. Un équilibrage à revoir… On ne s’ennui pas, ça reste une comédie efficace et le thème de la différence n’est pas traité aussi lourdement qu’à l’accoutumé, mais de là à avoir un tel succès ? Un phénomène de moutonnerie autour de la bienpensance donc, surcôté au possible pour un divertissement tout juste passable.

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Sans un bruit 2


Sans un bruit 2
2021
John Krasinski

Si mon jugement s’est légèrement amélioré depuis mon premier visionnage clairement décevant, il n’en reste pas moins que le premier Sans un bruit était un concept original, bien qu’un peu fauché, aux créatures copiées collées de Stranger Things, et surtout aux personnages foncièrement débiles qui ruinaient l’expérience. Pourquoi ne pas dormir tranquillement sous la cascade ou y construire leur abri ? Pourquoi pas un bunker tant les Etats-Unis en sont bardés ? Mais bon, il faut savoir laisser une seconde chance, d’autant que cette suite avait quelques arguments de poids comme le fait que le budget ait été multiplié par cinq, et que son succès en salle dans un contexte de réouverture timide des cinémas était une sacrément belle surprise.

Après une scène d’introduction montrant comment la famille du premier film (John Krasinski et Emily Blunt) ont vécu le premier assaut, on reprend les choses là où elles s’étaient arrêtées. Plutôt que de rester tranquillement dans leur maison, ils vont décider de partir retourner en ville. Et bizarrement, la situation ne s’est pas améliorée toute seule.

Le postulat de cette suite opportuniste est à la fois désastreux et intéressant, bien que sujet à des problèmes majeurs. Déjà pourquoi partir tant ils ne semblaient manquer de rien ? Pourquoi se mettre en danger si ce n’est se créer soi-même ses propres problèmes ? L’élément perturbateur est donc de son propre chef, ce qui est passablement stupide. Passé cette amertume, la petite fille, cauchemar de bêtise du premier opus, propose enfin une vraie bonne idée : étendre son système d’ultrason qui rend les créatures vulnérables. Ce qui aurait dû être la fin logique du premier film se trouve donc péniblement étiré comme l’unique enjeu, les autres étant purement artificiels, reposant là encore sur les erreurs / conneries des personnages. Au moins, c’est visuellement abouti, l’ambiance est là et Cillian Murphy montre que le monde restant n’est pas totalement pourri malgré les apparences, bien que là encore, le traitement soit plus que faiblard (une seule scène pour montrer ceux qui ont mal tourné). Avec en prime une fin abrupte qui arrête l’histoire là où son troisième acte aurait dû commencer, la frustration est immense. Du bon potentiel, mais l’écriture fait vraiment trop série B pour ados attardés.

 

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The Hunt


The Hunt
2020
Craig Zobel

Voici le film qui a eu très exactement le pire timing possible : il est sorti le fameux weekend noir où l’annonce de la pandémie Covid a été faite, entraînant la pire fréquentation de l’histoire pour les salles américaines, et dès son cinquième jour dans des salles au mieux clairsemées, la fermeture générale fut prononcée. Et au final, le film a plus sa place sur Netflix où ce genre de concept peut faire un petit buzz, avant d’être aussitôt oublié.

Chasser les animaux, ça a vite ses limites : des créatures innocentes, sans défense, c’est aussi moralement discutable que son challenge est inexistant. Alors que des humains, créatures aussi débiles que malfaisantes, voilà qui serait bien plus noble, avec potentiellement une certaine résistance grisante ! Suite à des rumeurs sur ce genre de pratique, Athena (Hilary Swank) va décider de tenter l’expérience pour de vrai, en ramassant quelques déchets humains (incluant Betty Gilpin et Justin Hartley) sélectionnés pour l’occasion.

L’idée n’est pas originale pour un sou, mais pourquoi pas, d’autant que le film démarre de façon assez fourbe en présentant coup sur coup des personnages qu’on croit être les principaux protagonistes, pour mieux nous surprendre. A mi chemin entre un Battle Royal à deux équipes et un The Game où la conspiration est le maître mot, le potentiel était assez énorme, et le début marche assez bien d’ailleurs. Puis les limitations (budget ?) se font sentir : trop peu de décors, des enjeux inexistants et une ampleur limitée. La fin est même un peu fainéante, trouvant des échos à Kill Bill et Hostel, sans en avoir la force d’originalité. Aussi bon que fut le départ, le développement est trop décevant, condamnant le film à un petit plaisir qui sera malheureusement très passager.

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