Godzilla vs Kong
2021
Adam Wingard
Dans l’univers du fan service ou univers cinématographique, les « Vs » ne sont pour ainsi dire jamais une bonne idée, ou tout du moins jamais la meilleure puisque que ce soit dans Civil War, Batman V Superman ou ici, il s’agit de faire s’affronter les gentils entre eux, donc même si les deux autres films nommés sont bons, voir excellent pour le second dans sa version longue, ça reste une idée à la con où les enjeux réels sont ailleurs. Lancé en 2014 avec Godzilla, énorme potentiel mais décevant, le monsterverse s’est poursuivit en 2017 avec Kong Skull Island, pour le coup pas loin d’être mauvais et narrativement inutile puisque se déroulant plus de 40 ans avant, donc mise à part rappeler qu’un gros singe géant existe, c’est la seule chose que cette « introduction » ait fait. En 2019 enfin, un second opus Godzilla 2 a vu le jour, là aussi énorme visuellement, mais bien trop creux scénaristiquement. A peine trois films pour préparer le crossover ultime, aucun très qualitatif et avec même un semi-gadin au box-office pour le dernier en date. Budget en baisse, réalisateur inconnu au bataillon et divers reports pour cause de pandémie, puis sortie dans le mouroir de la reprise en mars 2021 avec même une absence de sortie en France. Un destin scellé pour la saga naissante ? L’absence de scène post-générique laisse supposer que la Warner ne croyait même plus au projet, balançant le film en simultané sur HBOMax, et pourtant aux Etats-Unis ce fut le premier à dépasser la barre des 100 M$ (de justesse) et grâce à un succès tonitruant en Chine (188 M$), le film fut au final un joli succès (468 M$, soit avec le streaming une rentabilité supérieure à n’importe quel des trois précédents films). L’effet « premier grand spectacle » à la réouverture probablement.
L’histoire, si on peut appeler cette blague un scénario, nous conte que d’un coup d’un seul, Godzilla a senti – alors qu’il est présent depuis au moins un demi-siècle – la présence de Kong, qui serait aussi un titan alpha, et il faut donc que le lézard massacre le singe pour que sa domination ne soit pas remise en question. Du coup, des scientifiques (Alexander Skarsgard et Rebecca Hall) vont se dire « tient, et si on le mettait dans la terre creuse ? » parce que oui elle existe et y’a même une inversion gravitationnelle.
Je crois que mise à part Fast & Furious 9, je n’ai pas mémoire d’un scénario – hors nanar – aussi claqué. Bon, le besoin d’être l’alpha, admettons, mais tout ce qui entoure la terre creuse est à hurler de désespoir, chaque semblant de justification est juste lamentable, on croise vaguement Kyle Chandler et Millie Bobby Brown du précédent film pour rappeler que c’est une saga censée se suivre et être cohérente, mais rien n’est cohérent, surtout ce qui touche à l’informatique ou à la science, et on a rarement vu des personnages aussi inutiles. C’est bien simple : toutes les histoires humaines sont inutiles voir nuisibles, excepté la petite, et en plus Kong empiète quasi totalement sur un Godzilla qui a semble t-il perdu presque tous ses neurones. Reste alors le visuel, sympa et avec de bonnes bastons, mais à des années lumières d’un Pacific Rim, qui en plus avait un bon scénario. Au moins le film est bien rythmé et on pouvait difficilement s’attendre à autre chose, donc le divertissement minimum est assuré, mais qu’il est loin le gigantisme haletant d’un parachutage sur un Godzilla vertigineux…