Divergente 3 : au-delà du mur

Divergente 3 : au-delà du mur
2016
Robert Schwentke

Incontestablement l’une des plus belles surprises de ces dernières années, Divergente nous plongeait dans une dystopie fascinante, portée par des acteurs méconnus mais excellents, avec à la clef des images saisissantes et un visuel bluffant. On ne pouvait en revanche pas dire la même chose de Divergente 2, transition inutile qui ne faisait que retarder la traversée du mur avec une intrigue ennuyeuse, d’autant plus que le rythme était mauvais et le changement de réalisateur nocif. Malheureusement, ce dernier revient, mais l’histoire peut enfin reprendre.

Finalement, même si les factions créaient des fractures entre les gens, cela maintenait la paix. Depuis la mise à mort du système, les habitants de Chicago ne vont pas mieux, bien au contraire : Evelyn (Naomi Watts) a prit le pouvoir et répète les mêmes erreurs dictatoriales que son prédécesseur, et de peur de ce qui se trouve derrière, malgré le message reçu de la part de ceux qui s’y trouve, elle a condamné l’accès au mur. Pas du genre à suivre les règles, Tris (Shailene Woodley) – aidée par Tori (Maggie Q) et accompagnée de Quatre (Theo James), Peter (Miles Teller), Caleb (Ansel Elgort) et Christina (Zoë Kravitz) – va tout de même franchir la muraille et partir à la rencontre du créateur de la cité, David (Jeff Daniels).

Déjà première bonne nouvelle : l’héroïne est redevenue une femme ! Fini la coupe de cheveux ignoble  non sans rappeler certaines maladies, elle retrouve son côté « sexy ». Et puis bon, ça faisait depuis la fin du premier film qu’on l’attendait cette sortie par delà la ville. Verdict ? Mouef… On y découvre un monde toxique visuellement intéressant, les deux villes futuristes croisées sont classes et le style des vaisseaux est sympa, de même que la technologie des trois drones et celle de localisation sont bien trouvées. Même la découverte du « pourquoi du commencement » est solide, l’action s’intensifie et l’univers s’enrichit, de quoi nous réconcilier après un second volet décevant, mais pas non plus de quoi se réjouir autant que dans le premier. Déjà visuellement la différence de niveau fait mal au cœur, avec en plus une ignominie (la bulle volante, ridicule et incohérente), mais c’est surtout pour l’histoire que le constat pose problème. L’origine est très bonne, mais c’est le bilan actuel qui n’a aucun sens : David s’y prend comme un pied et ne semble même pas savoir ce qu’il cherche, tandis que Tris et les autres n’ont d’autre but que de briser les systèmes en place, qu’importe si le suivant sera pire. Les factions étaient un système viable, à condition bien sûr que le libre arbitre n’y soit pas illusoire, la déchéance de faction prise en charge et la divergence tolérée, alors quand on voit cette rébellion, on ne peut que penser au gâchis qu’elle représente. Une idée de base exceptionnelle, mais qui semble avoir du mal à s’orienter.

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Regression

Regression
2015
Alejandro Amenábar

Aux Etats-Unis, nombre de sectes plus ou moins malsaines sévissent, et quelque que soit leur religion ils ont un talent certain pour la rendre extrême. On y trouve de tout : des schizophrènes buveurs de sang se prenant pour des vampires, des adorateurs de l’eau, allant jusqu’à mourir par explosion de leurs globules blancs en buvant trois litres par jour, des sudistes, des scientologues, … mais ici le problème est d’origine satanique.

Dans les années 80-90, le phénomène satanique a prit une ampleur dantesque avec le best-seller du guide spirituel, faisant éclore partout dans le pays des sectes locales plus ou moins dangereuses. En 1990, l’inspecteur Bruce Kenner (Ethan Hawke) va être confronté à ce problème : soumit à l’hypnose du professeur Raines (David Thewlis), un père va reconnaître faire partie de l’une d’entre elles, y faisant même participer ses enfants (Emma Watson et Devon Bostick). Pire, le collègue de Bruce semble mêlé à cette histoire. Les révélations cauchemardesques vont alors se multiplier…

Après nous avoir glacé le sang avec l’excellent Les Autres, le réalisateur retourne au cinéma horrifique, mais avec un thème bien plus classique : le mal au sens religieux. On oppose donc les croyances, on montre l’homme sous son jour le plus sombre, avec en prime la peur de l’inconnu, du démon biblique. On suit ainsi une enquête en proie au fantastique, nous faisant nous demander quelles sont les forces en jeu et à quel point le phénomène a prit de l’ampleur. Certains ressorts d’épouvante marchent assez bien, le caractère non quantifiable de la menace aidant beaucoup, et même si l’histoire est confondante de banalité, à la limite de l’écœurement, la présence d’Ethan Hawke fait passer la pilule, même si on regrette la présence si restreinte de notre Hermione adorée. Ça traîne par moment, le principe de régression est presque anodin et globalement le film est plutôt mauvais, mais un autre point vient le sauver : le talent d’écriture du réalisateur, qui nous garde comme à son habitude de jolies surprises. Pas suffisant pour s’extasier, mais assez pour se justifier.

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Extrême Death 3

Plus de 6300 vues, voilà ce que représente Extrême Death. Vous le demandiez à cor et à cri, et vos prières sont désormais exhaussées : les Darwin Award reviennent en force avec un nouvel épisode plus drôle que jamais, vous montrant les morts les plus stupides de l’histoire. Tout est véridique, en espérant que la reconstitution plaise au plus grand nombre d’entre vous. À partager sans modérations :

https://www.youtube.com/watch?v=rvX72KDWa6g

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La ville sous le joug

La ville sous le joug
1953
Edward Ludwig

Western et Guerre de Sécession : deux thèmes chers au cœur des américains. Inconnu au bataillon et non recensé sur la plupart des sites spécialisés, Paramount vient de ressortir du placard (grâce à sa propre chaîne satellite) ce vieux film typique de son époque, visiblement important pour son studio puisqu’il bénéficiait déjà du technicolor, une technologie onéreuse réservée aux production ambitieuses.

Une ville dévastée, un enfant prodigue. Après la guerre qui opposait le Nord et le Sud, nombre de sudistes y ont beaucoup perdu, ayant pour la plupart fait fortune sur le dos de leurs esclaves noirs qu’il fallait désormais payer. Sous le joug du commandant Hill, qui n’hésite pas à exproprier ceux qui refusent ou ne peuvent payer leurs nouveaux impôts, une ville accueillait avec une immense joie le retour de leur plus grande fierté : le fils de l’ancienne famille qui dirigeait autrefois ces terres, décimée durant la guerre. Mais finalement, tous vont tomber des nues en constatant que la guerre l’a transformé en lâche aux bottes de l’ennemi, pactisant avec Hill en collectant les impôts pour lui.

Voilà le modèle absolu de non surprise. En l’espace de dix minutes de film, on a déjà tous les éléments en main puisque le héros, censé être un lâche, démarre le film en alertant les autorités du problème Hill. Son rapprochement est donc purement stratégique, et il aurait été bien plus intéressant de nous laisser dans l’ignorance, à l’image des habitants de la ville. Pareillement, dès qu’on voit l’espèce de Scarlett O’Hara débarquer, on sent qu’elle va immédiatement tomber dans les bras du revenant, et ça ne ratera pas. Décors, ambiance, personnages, tout est extrêmement classique, avec cette même déprime sudiste qui n’a jamais réussi à avaler sa défaite. Le résultat n’est donc pas spécialement captivant, mais on fait aller.

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Non coupable

Non coupable
1947
Henri Decoin

Il fut un temps où le chômage était affaire de fainéantise, où l’homme, seul à ramener l’argent à la maison, était porté aux nus pour son abnégation et son acharnement au travail. La vie était simple, le stress inexistant, on se couchait de bonne heure après une modeste soupe partagée en famille au coin du feu, rejoignant une épouse heureuse qui ne se posait pas la question de savoir si faire les tâches ménagères et le repas était dégradant, elle le faisait par principe, le regard débordant d’amour. Puis il y a eu ce connard qui a rappliqué, le « progrès ».

Bon vivant qu’on qualifierait aujourd’hui de poivrot, le docteur Ancelin (Michel Simon) était quelque peu abattu par la mort de l’un de ses patients, noyant sa peine dans l’alcool, et il n’aurait pas dû reprendre la voiture ce soir là comme en attesta un motard, qu’il percuta de plein fouet. Pas complètement ivre, il va avoir un éclair de lucidité : constatant la mort du conducteur du deux roues, il va effacer ses traces, simuler un accident et enlever l’ampoule du phare, donnant une raison à la sortie de route. Le lendemain, entendant parler la police, il va être stupéfié : son plan a fonctionné à merveille, l’affaire ayant été classée comme prévue. Un meurtre parfait qui va lui monter à la tête.

Quand on est entouré de cons, il est plus facile de paraître intelligent. Étant prit pour un alcoolique notoire, un type sympa mais pas très fût-fût, il va être convié par les forces de l’ordre et les enquêteurs à réfléchir sur les affaires de meurtres parfaits qui vont survenir, le coup du motard ayant donné des idées à Ancelin, bien décidé à voir jusqu’où il pourrait aller. Un principe simple de tueur en série parfait, génie du crime imprenable, porté par un Michel Simon formidable, arrivant à donner tout le charisme nécessaire à ce tueur narcissique et arrogant dont le melon n’aura de cesse de grandir. C’est drôle, léger, bien écrit, certains dialogues sont excellents (le coup de l’alcool qui a trop d’eau), mais il est dommage de voir, malgré toute l’ironie de la fin, que le soufflet retombe, et la conclusion est un peu décevante. Bonne comédie d’antan qui rend nostalgique.

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Lightning Returns : Final Fantasy XIII

Lightning Returns : Final Fantasy XIII
2015 (2014 sur consoles)
PC

Aussi décevant qu’était Final Fantasy XIII, il n’en restait pas moins un épisode numéroté de l’une des meilleures franchises vidéo-ludique de l’histoire, donc un assez bon RPG malgré tout. En revanche, le fait de partir avec un système de combat ennuyeux et un univers glauque et déprimant n’incitait pas à l’optimisme quant à la suite des événements, mais XIII-2 a fait taire nos mauvaises langues en réussissant l’exploit de rendre plus intéressant un système de combat identique grâce à une stratégie poussée, sans compter l’univers, qui en plus de nous torturer l’esprit avec ses voyages temporels et ses réalités alternatives, nous offrait de nouveaux éléments scénaristiques excellents, donnant plus d’ampleur aux personnages tout en en important de nouveaux au background exceptionnel. C’est désormais le moment de dire adieu à la saga, et malgré un budget revu à la baisse et un temps de développement beaucoup plus court, le final est à la hauteur.

Graphismes : 14/20

Depuis que le premier jeu est sorti il y a cinq ans, le moteur est resté le même, mais les moyens mis en œuvre ont eux beaucoup baissé, impliquant un soin bien inférieur. Néanmoins, la version PC a bénéficié de quelques retouches, allant avec son passage en 1080p, et son optimisation est bien meilleure que ses prédécesseurs, permettant un affichage ultra sur de modestes configurations qui peinaient à trouver le 60 fps avec les autres, surtout le XIII-2. Techniquement le jeu accuse un certain retard, mais il le compense par la diversité de son bestiaire, des décors (même si au final la carte est assez petite et qu’il y avait un plus large panel dans les autres), et surtout une direction artistique magnifique qui ébloui lors des cinématiques, notamment lors des scènes finales, tout simplement ahurissantes. À leur vue on retrouve nos palpitations d’antan, et pour ça un grand merci.

Jouabilité : 14/20

Plus rien n’est comme avant, le système a enfin évolué, mais au fond rien n’a changé. Au lieu de jongler entre trois classes, on jongle entre trois formes (ou tenues, mais ça sonne bizarre), et à la place de préparer des combinaisons, on assigne une touche à une attaque, changement qui nous rend néanmoins plus dynamique et directement impliqué. Toutes ces tenues s’équipent donc d’armes et de protections, malheureusement pas évolutives en dehors du mode New Game +, rendant certaines missions / boss infaisables sans refaire une seconde fois le jeu. Certes, cela justifie l’option de rejouabilité, mais passer à côté de certains éléments du jeu à cause de ça est dommageable, pour ne pas dire stupide. Les aptitudes / techniques (offensives, défensives, magiques ou d’altération) sont elles, en revanche, synthétistes et évolutives, comptant pour beaucoup dans la stratégie de combat. Niveau évolution, on nous promettait une grande liberté de mouvement proche d’un Assassin’s Creed, avec des interactions avec l’environnement, mais en réalité, en dehors du fait de courir et de sauter, on montera de temps à autre à une échelle, et on cassera deux trois caisses à l’occasion. C’est peu, même s’il est vrai que la liberté est très grande niveau exploration, toute la carte étant disponible en grande partie dès le début. Une exploration qui compte pour beaucoup dans le temps de jeu, cherchant en permanence les missions à réaliser et comment les mener à bien, d’autant que le temps est compté et que toutes les missions ne sont pas accessibles 24h/24. En effet, le jeu étant effectif sur 13 ou 14 jours (ou moins, jusqu’à 7, en cas d’échec), le temps qui s’écoule a une importance primordiale au sein de l’histoire et du jeu, et mieux vaut avoir la solution à côté de soi pour savoir à quel moment effectuer quelle mission. Heureusement, le temps n’est pas si inquiétant que ça dans la mesure où il ne s’écoule pas dans les phases non-actives (menu, dialogues, cinématiques) et que l’on dispose de pouvoirs spéciaux appelés PE, dont l’un d’eux, la chrono-dilatation, permet de stopper le temps. Or rien n’est plus facile que de conserver ses PE au max quand on combat régulièrement des ennemis. Personnellement, convaincu que le temps me manquerait cruellement, j’ai abusé de la chrono-dilatation au point de boucler l’intégralité des missions principales en trois jours, ne faisant ensuite qu’attendre le déblocage des missions tardives en faisant une chasse aux Oméga infaisable hors New Game +… Un système d’une très grande richesse, plus efficace que jamais malgré des oublis / changements dommageables, mais souffrant toujours d’une certaine mollesse et d’une complexité parfois poussive.

Durée de vie : 17/20

Voilà un jeu qui plaira à tout le monde au niveau de sa durée de vie. Si vous voulez foncer et plier le jeu le plus vite possible pour enchaîner les phases d’histoire sans temps mort tout en ayant la fin heureuse, la difficulté du jeu vous le permettra en 20-25 heures, voir moins avec la soluce à côté. En revanche, si vous êtes un joueur acharné en quête de contenu, les missions annexes vous tiendront approximativement 50h, voir 80h si vous enchaînez avec un New Game + derrière pour terminer la quête des Oméga, le monstre suprême et le donjon bonus du 14° jour, autrement impossible sans l’équipement renforcé de la seconde partie. Néanmoins, si exterminer du monstre et collecter les butins pour le tableau de prières est amusant, la plupart des missions secondaires sont redondantes et ennuyeuses.

Bande son : 15/20

Les thèmes électro-pump sont de retour pour leur troisième déclinaison, apportant son lot de remixe et de thèmes certes très beaux, mais plus ou moins interchangeables et oubliables. Les bruitages sont globalement très bons, à ceci près qu’une certaine dissonance se fait entendre à Yusnaan, ne faisant pas de différence quand on marche dans le sable ou sur les dalles qui le jonche. Quant au doublage, il reste heureusement inchangé pour le confort de nos habitudes. Un travail à la hauteur du studio, mais contrairement à certain de ses opus phares, on ne réécoutera pas en boucle ses thèmes.

Scénario : 14/20

On ne pouvait pas espérer de miracle avec le départ poussif de la saga, empêtré dans de sinistres histoires de religion, mais la boucle est bouclée. Dans le premier, l’homme s’est affranchi des dieux. Dans le second, l’homme a tenté de les remplacer tout en luttant contre eux. Ici, alors que le monde agonise après tous les dérèglements du temps, l’homme cherche le moyen de créer un nouveau monde sans maître. Alors que la déesse Etro n’est plus, le Dieu Bhunivelze a fait de Hope son messager et de Lightning sa libératrice, chargée de soulager et d’accompagner les âmes des humains dans le nouveau monde qu’il souhaite créer, mais il semblerait qu’il ne soit pas si bienveillant.

Note Globale : 14/20

Ce sont des thèmes chers à la culture japonaise : le rapport à la divinité, la peur du temps qui passe et l’impuissance humaine sont au cœur de cette ambitieuse trilogie vidéo-ludique qui trouve ici sa conclusion. Délaissant sa magie habituelle pour la religion, la saga Final Fantasy n’a pas fait l’unanimité avec Final Fantasy XIII, qui en plus de son histoire triste et pesante s’avérait ennuyeux dans son déroulement, proposant un système de combat aussi riche, complexe et stratégique que passif et mou. Les personnages n’étaient pas non plus très passionnants, certains à la limite du soûlant, mais la suite des choses a changé la donne. Nombre d’imperfections ont été corrigées avec XIII-2, qui proposait en plus une histoire bien plus aboutie et agréable à suivre, sans la monotonie et la redondance des premières heures de son prédécesseur. Toujours dans cette optique de se réinventer au sein de ce même univers, Lightning Returns nous propose donc un monde totalement ouvert dans un contexte très intéressant : on retrouve notre héroïne du premier jeu 500 ans après la fin du temps, dans une réalité figée où nombre de personnes ont succombé à la folie, avec pour mission de sauver le maximum de personnes avant la fin du monde, programmée pour dans 13 jours, et ce grâce à ses pouvoirs divins octroyés par le dieu Bhunivelze. Une formidable aventure solitaire pour l’une des plus grandes héroïnes de l’histoire toute forme de culture confondue, mais les limites originelles entravent un chef d’œuvre lattant. Malgré toutes les améliorations apportées, l’univers ne nous emballe pas outre mesure, le système de combat reste peu concluant, et en dehors des cinématiques le visuel n’a rien d’exceptionnel, mais après tant d’heures passées aux côtés de Lightning, alias Claire Ferron, lui dire adieu est douloureux, surtout après la claque de la dernière cinématique. Sans parler de religion, le mystique a toujours était prépondérant dans la franchise, mais le dosage trop brutal et fataliste a eu du mal à convaincre, laissant un arrière-goût de gâchis face à un travail si dantesque. Pas aussi emblématique que ses illustres ancêtres, FFXIII est une grande saga dont Square-Enix peut être fière, et cette conclusion lui fait honneur.

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The Lobster

The Lobster
2015
Yorgos Lanthimos

Comment est vu le couple dans notre société actuelle ? Pour nous le montrer de la façon la plus perturbante possible, on peut faire confiance à nos collègues britanniques, nous proposant ici un film très particulier. Et si le célibat était une maladie dangereuse, une situation contre-nature à combattre à tous prix ?

Après 11 ans et un mois de vie commune, David (Colin Farrell) a perdu sa femme et est désormais atteint du syndrome de la solitude. Il n’a donc plus le droit de vivre en société, et plutôt que de devenir un marginal, il va tenter sa chance dans un centre spécialisé. Il a 40 jours pour trouver l’amour, sans quoi il sera transformé en animal, n’étant plus compatible avec le mode de vie humain. Pour lui, si ça ne fonctionne pas, il souhaite devenir un homard.

Nous voilà donc plongé dans un monde à peine exagéré où les individus se classent en deux catégories : ceux qui sont en couple, la norme, et les célibataires, indésirables qu’il faut chasser. D’ailleurs, la métaphore devient ici littérale, car de la même manière qu’ils luttent intérieurement pour sortir du célibat, les pensionnaires que l’on suit (incluant John C. Reilly et Ben Whishaw) chassent aussi les célibataires qui vivent en dehors des règles (incluant Rachel Weisz et Léa Seydoux), se terrant en meute dans les forêts. Une chasse qui peut leur rapporter de précieux jours supplémentaires pour leur quête d’amour, d’autant plus que pour valider une compagne ou un compagnon il faut passer au travers de deux semaines de cohabitation suivi de deux autres semaines de croisière, ce qui laisse en réalité 12 jours pour choisir un ou une partenaire. Un stress immense qui pousse à se chercher des points communs avec toute cible potentielle, quitte à provoquer artificiellement le rapprochement. À ce niveau là, le film va très loin, poussant l’idée à son paroxysme et ça marche très bien. On sent toute la folie de cet univers, tout en sentant la critique de notre société, à peine exagérée. Les personnages sont magnifiques, leurs interprètes aussi fous qu’eux, et on est à la fois horrifié et amusé par cette vision psychédélique du couple. Un genre d’humour qui ne plaira probablement pas à tous, mais pour peu qu’on y soit sensible, c’est une franche réussite.

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Spotlight

Spotlight
2016
Tom McCarthy

C’est de notoriété publique, les prêtres, et plus généralement tous les membres du clergé, sont des pédophiles en puissance, avec une grosse propension d’homosexuels. Mais en fait d’où vient cette réputation dégueulasse et est-elle vraiment fondée ? Petit film dont on avait vite fait entendu parler, le film qui revient sur les origines du scandale a commencé à faire du bruit dans certaines cérémonies avant de créer la surprise en raflant le prix du meilleur scénario, et surtout le prix suprême du meilleur film de l’année lors des derniers Oscars. Un bon film certes, mais la récompense sonne un peu politique tant sa nomination était déjà discutable.

En 1993, un scandale avait secoué l’Amérique : l’histoire d’un prêtre qui avait abusé de plusieurs petits garçons. Une sordide histoire qu’on prenait pendant longtemps pour un cas isolé, mais il n’en est rien. Huit ans plus tard, un nouveau cas s’était présenté, d’apparence encore isolé, mais le nouveau responsable du Boston Globe (Liev Schreiber) va être intrigué par certaines ressemblances entre les deux affaires : même avocat, même procureur, même cardinal, et même impunité du pasteur des années durant. Sentant que l’histoire pourrait être bien plus grave que ce qu’il semble, il va mettre l’équipe de Spotlight (Michael Keaton, Mark Ruffalo et Rachel McAdams) sur le coup, unité de choc chargée de traquer des affaires aussi longtemps que nécessaire, même si cela doit se compter en années.

Le sujet est bon et le casting exceptionnel (avec en prime Stanley Tucci), mais il ne faut pas oublier que c’est du cinéma d’auteur (au tout du moins pas du mainstream) dont la sortie fut dans un premier temps confidentielle, glanant quelques salles supplémentaires au fil des semaines jusqu’à devenir un petit succès suffisant pour déclencher une sortie mondiale. Personne ne pouvait alors prévoir la stupéfiante carrière qu’allait connaître le film, de ses innombrables nominations et récompenses, et encore moins de ses actuels 72 M$ dans le monde. Encore une fois, le film est bon, mais méritait-il vraiment d’aller aussi loin ? Les acteurs sont excellents, Mark Ruffalo est méconnaissable, le milieu du journalisme palpitant et formidablement retranscrit, mais l’histoire n’a finalement pas une si grande portée : on nous apprend qu’approximativement 6% des membres de l’église sont pédophiles (plutôt 4% en fait), un chiffre loin d’affoler quand on sait que 8% des gens seraient homosexuels et qu’une part importante d’entre eux sont pédophiles, ce qui est raccord avec le fait que les prêtres sont des hommes et que les victimes soient quasi exclusivement des garçons. Si j’étais catholique, cela n’aurait aucunement changé ma vision des choses, et encore moins ma fois. Donc oui, mais je m’en fous. Un grand film pas si important, mais indéniablement très bien écrit et, en dehors de sa réalisation banale, artistiquement très bon.

Critique disponible en version alternative et vidéo :
https://www.youtube.com/watch?v=9YiyJABJ3ug

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Le Professionnalisme, ou la mort du plaisir

On réfléchit sans cesse au monde qui nous entoure, et si la plupart du temps nos pensées n’ont aucun intérêt, il arrive parfois qu’on touche du doigt quelque chose d’important, de primordial même. Ainsi dont j’ai voulu faire part de mes impressions sur la question du travail dans notre société moderne, simple question ouverte ne cherchant qu’à soulever le débat. À découvrir sur ma chaîne Youtube d’Extrême Nécessité :

https://www.youtube.com/watch?v=zTwB9WJg0KE

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Lolo

Lolo
2015
Julie Delpy

Petite comédie franchouillarde qui a fait le plein d’entrées (près d’un million) pendant les vacances de la Toussaint, elle ne pouvait techniquement que cartonner entre son casting, sa réalisatrice reconnue et sa date de sortie optimale. D’ailleurs, on pouvait s’attendre à mieux, mais visiblement les critiques n’ont pas été enthousiaste et le maintient fut mauvais. N’en attendant du coup absolument rien, la surprise fut plutôt bonne.

Il n’est jamais trop tard pour trouver l’amour, mais en attendant, tirer un coup c’est pas mal aussi, et pour ça prendre un bouseux de la campagne c’est efficace. Avec déjà 45 ans au compteur, Violette (Julie Delpy) commençait à désespérer, alors quand sa dévergondée d’amie (Karin Viard) lui conseilla de coucher avec le premier plouc venu, elle obtempéra, portant son choix sur Jean-René (Dany Boon), loser absolu. Pourtant, contre toutes attentes, elle va s’en enticher, le ramenant avec elle à Paris après ses joyeuses vacances. Une folie qui ne sera pas du goût de Lolo (Vincent Lacoste), son fils, qui fera tout pour les séparer.

Faire du premier venu son défouloir sexuel, c’est un grand classique, et qu’un enfant, grand ou petit, vienne s’interposer dans la nouvelle union de l’un de ses parents, c’est aussi extrêmement banal. Pas de quoi partir très confiant donc, et pourtant le film est plutôt amusant et efficace. Ça ne vole pas bien haut, les gags sont attendus et éculés, mais c’est distrayant et le film va bien au bout de son idée, nous réservant de belles surprises à la fin, nous prouvant que l’écriture n’était pas si convenue et que certains détails anodins avaient finalement une très grande importance. Les acteurs ne sont pas au mieux et la réalisatrice conserve certaines de ses tares comme son arrogance et sa nonchalance, aboutissant à une sur-utilisation de l’anglais et quelques dialogues crus très limites, mais pour un thème qui ne payait pas de mine le scénario n’est pas si mauvais et niveau divertissement c’est intéressant.

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