The Big Short : le Casse du siècle

The Big Short : le Casse du siècle
2015
Adam McKay

En mai 2007, alors que toutes les bourses mondiales étaient à leur plus haut niveau historique, que les banques dégoulinaient d’argent et que les traders se goinfraient de bonus à plus de six zéros, le monde entier est tombé des nus en se rendant compte que les prêts immobiliers accordés à l’infini aux américains n’étaient plus remboursés à cause d’un taux variable dont l’indexation a rendu la créance insurmontable pour bon nombre de ménages. Cette crise du « subprime » a dévasté l’économie mondiale, et nombre de personnes y ont perdu énormément, dont beaucoup ne s’en remettront jamais. Les spécialistes du milieu disaient pourtant à l’époque que c’était le marché le plus sûr, soutenus par les banques, le gouvernement et les agences de notation. Un système corrompu jusqu’à la moelle, mais une poignée de personnes y a vu clair.

Histoire vraie détaillée dans le livre de Michael Lewis dont le film est l’adaptation, on suivra les parcours de Michael Burry (Christian Bale), gérant d’un fond de placement qui fut le premier à découvrir l’escroquerie sur laquelle reposait les prêts immobiliers ; Mark Baum (Steve Carell), un banquier désireux de voir ses corrompus de concurrents payer pour leurs crimes ; Jared Vennett (Ryan Gosling), un courtier avide ayant eu vent des théories de Burry et souhaitant récupérer le pactole ; et enfin Ben Rickert (Brad Pitt), un ancien businessman qui va ressortir de son trou pour aider deux jeunes souhaitant eux aussi surfer sur la découverte de Burry.

Mettre aux commandes d’un film sur la pire catastrophe économique de l’histoire un réalisateur de comédies pouvait sonner comme une mauvaise blague, mais c’est en réalité une très bonne idée que d’en faire un budy-movie décontracté. Point de faux suspense, n’importe qui ne vivant pas dans une grotte a subit de plein fouet la crise, alors autant présenter ce film de façon cool, en montrant des visionnaires qui s’en sont mit plein les fouilles en pariant contre un système pourri. Partant de ce principe, le film nous propose un divertissement aux allures de braquage, reposant sur des outsiders charismatiques, très bien interprétés, qui jugent très sévèrement le système, dressant un portrait très cru et alarmiste sur le model actuel du capitalisme. Du cynisme qui fait merveille, et en plus, sans trop nous moraliser, le film nous instruit assez bien. Sans entrer trop en détails, il nous explique clairement et joyeusement les raisons de l’effondrement des subprime, prêts basés sur des CDO empoisonnés qui ont rongé un système totalement incontrôlé. Un peu à l’image du récent Margin Call, le film nous plonge avec brio dans le monde de Wall Street. On émettra quelques réserves sur la réalisation, le montage et certaines sous-intrigues, mais c’est du bon boulot.

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5 ans de légende

Le 21 décembre 2010, le site était mis en ligne pour la toute première fois, inauguré avec mes premières critiques de jeux-vidéo de Gamekult, suivi le jour de Noël par Braqueur amateur, entre autres, puis le lendemain toute la saga Super Noël d’un bloc. Depuis, sur quelques 1950 articles, le site a accueilli 1726 critiques de films, toutes rédigées de ma main, et la date anniversaire des cinq ans était l’occasion de rendre hommage aux meilleurs d’entre eux.

Pas d’épisode comique d’Extrême Nécessité cette semaine, mais donc une vidéo spéciale anniversaire : https://www.youtube.com/watch?v=StlfoD_RLw8

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Star Wars – Le Réveil de la Force

Star Wars – Le Réveil de la Force
2015
J.J. Abrams

Le 30 octobre 2012, Disney frappait encore un grand, puisqu’après avoir mit la main sur les Marvel, la firme s’est aussi emparée de Lucasfilm, la société détentrice des droits de Star Wars et Indiana Jones. La somme dégagée à l’époque, plus de quatre milliards, semblait disproportionnée puisque le total mondial des deux sagas cumulées n’atteignait que 7,5 milliards, d’autant plus faible compte tenu des budgets réels et publicitaires des films, mais il ne faut pas oublier qu’il existe plus d’une façon de dégager des profits, notamment au travers des produits dérivés. Face aux enjeux économiques colossaux, on se doutait que Disney n’allait pas traîner, et si la cinquième aventure de l’archéologue se fait attendre (on parle de 2019), l’univers de Star Wars repart de plus belle avec une toute nouvelle trilogie et trois spin-off pour un total provisoire d’un film par an jusqu’en 2020. Des motivations financières évidentes, mais à l’annonce de la présence du grand J.J. Abrams à la barre, l’homme qui a dépoussiéré et magnifié les Star Trek, l’espoir a gagné le cœur des fans, jusqu’à la diffusion d’une première bande-annonce qui a fait basculer le monde dans une hystérie ambiante, se traduisant par le plus gros démarrage de l’histoire au box-office (529 M$ en cinq jours, avec une grosse majorité des territoires ne l’ayant reçu qu’au troisième jour), et les jours sont comptés avant que le record absolu d’Avatar ne tombe et soit pulvérisé. Reste maintenant à déterminer les facteurs d’explosion du phénomène, qu’ils soient qualitatifs ou nostalgiques.

Ayant réussi à bâtir toute la campagne marketing sans rien révéler de l’intrigue, parler de l’histoire est donc un énorme spoiler, donc pour ceux qui ne l’ont pas encore vu, notamment ceux qui comme moi voulaient tenter l’expérience en DBox et se sont aperçu qu’un délai de dix jours allait avec, passez votre chemin.

Se déroulant une trentaine d’années après la victoire des Rebelles sur l’Empire, l’histoire démarre pourtant dans un contexte très similaire puisque « Le Nouvel Ordre » tente à son tour d’imposer sa tyrannie aux galaxies. Dirigé dans l’ombre par un certain Snoke, cet ordre est mené par Kylo Ren (Adam Driver), seigneur Sith qui n’est autre que le fils d’Han Solo (Harrison Ford) et Leia (Carrie Fisher), autrefois apprenti Jedi de Luke Skywalker (Mark Hamill), qui à l’image de son grand-père Vador s’est laissé envahir par le côté obscur. Seule la Force pourrait venir en aide à la résistance, mais meurtri par son échec, le dernier Jedi, Luke, se terre dans les confins de l’espace depuis des décennies. Caché dans le droïde d’un pilote de la résistance, Poe (Oscar Isaac), un plan pourrait les conduire à lui, à moins que Le Nouvel Ordre ne s’en empare avant qu’ils ne puissent reconstituer les pièces manquantes. Finn (John Boyega), un stormtrooper déserteur, et Rey (Daisy Ridley), une pilleuse d’épaves, vont malgré eux se retrouver impliqués dans ce conflit.

Il y a trois écoles de Star Wars : ceux qui ont découvert la première trilogie à l’époque et qui ont subit de plein fouet la claque d’innovation que les films représentaient à l’époque, et qui du coup les déifient, et ceux qui les ont découvert plus tard, n’y voyant qu’un space opéra un peu bancal et complètement kitsch, largement plus convaincant dans la prélogie, qui fut en revanche décriée par les premiers, et il y a aussi ceux qui n’ont jamais tenté l’aventure. Pour ramener les trois dans les salles, un compromit a été trouvé entre le modernisme de la prélogie et l’ambiance des originaux, tout en mettant l’action sur un visuel spectaculaire. Le grandiose de J.J. Abrams porte ses fruits, mais il est dommage de constater que son style si impactant soit lissé par le poids de la franchise, l’obligeant à garder des transitions et codes cinématographiques désuets, qui feront à n’en point douter énormément plaisir aux fans hardcore, mais le résultat est là : le second Star Trek était visuellement plus réussi. On perd ici la surenchère d’effets de lumière, et le dynamisme de la caméra se perd au profit de nombreux panoramas, parfois spectaculaires, à l’image de l’épave dans le désert, mais souvent plus encombrants qu’esthétiques. Côté visuel, si globalement la réalisation est excellente et certains plans sont magnifiques, on regrettera le manque d’originalité des décors, les créatures numériques pas très inspirées et mal modélisées, et surtout les créatures en chair et en os, toutes plus ratées les unes que les autres, alors même que la récente trilogie regorgeait de trouvailles au niveau du bestiaire.

Parlons maintenant du casting et de l’histoire. Difficile d’être passé à côté tant tout le monde semble d’accord pour le dire : l’histoire ressemble énormément à celle de l’épisode IV, mais en quelque sorte inversée. À l’image de Han et Luke, Finn et Rey sont embarqués dans une aventure qui les dépasse, à la différence qu’ici ce n’est pas un choix, ils le subissent et font tout pour s’en éloigner. De même, l’histoire est peu ou prou la même : un empire, Le Nouvel Ordre, combattu par une résistance dont font parti les héros, impose son idéologie au monde, avec à sa tête un Sith anciennement Jedi qui a basculé du côté Obscur, mais qui n’est en réalité qu’un pion. Pareillement, l’objectif et le climax du film consistent en la destruction d’une étoile noire, encore plus grosse et plus dangereuse ici. Donc oui, et c’est là probablement le point le plus décevant du film, le scénario sent un peu le réchauffé et n’innove que très peu. Même la mascotte est encore un droïde, bien que plus sophistiqué et sympathique. En revanche, en dehors de la pâle copie de Dark Vador, peut-être expressément minimisé pour mieux le faire progresser par la suite, de même que son vassal nazi interprété par Domhnall Gleeson et les diverses créatures vivantes non-humaine, incluant le saoulant Chewbacca, les personnages jouissent d’une très belle écriture. On a grand bonheur de retrouver notre chasseur de prime d’enfance, mais plus encore, les trois nouveaux personnages clés, Rey, Finn et Poe, offrent la légitimité et la bouffée d’air frais dont avait tant besoin cette nouvelle saga. Si le pilote de la résistance attend encore son heure de gloire, la pilleuse au mystérieux passé est une révélation majeure, et son coéquipier ex-stormtrooper n’a pas grand chose à lui envier, car de base l’idée qu’un de ses soldats formaté se réveille et change de camp est formidable. Un casting jeune et osé qui impressionne.

Il y a 38 ans, le monde découvrait stupéfié cet univers désormais iconique, ô combien imparfait, notamment d’un point de vu artistique, et les nouvelles générations ont de plus en plus de mal à y trouver un quelconque intérêt, à juste titre. Même la remise au goût du jour avec la prélogie commence à dater pour La Menace fantôme, qui ne bénéficiait pas encore du passage au numérique, et elle fut loin de fédérer autant que son ancêtre. Difficile de dire pourquoi cet épisode VII était à ce point attendu, plus que n’importe quel autre film de l’histoire, mais malgré quelques imperfections, bagages du passé à l’image du bestiaire raté, on tient enfin là une épopée spatiale à la hauteur de l’événement. Le film aurait mérité un scénario plus original, une mise en scène moins classique, des prises de risques artistiques, mais voilà, les fans seront satisfaits et les autres y découvriront une très belle mise en bouche de l’univers.

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L’Aventure de Mme Muir

L’Aventure de Mme Muir
1948
Joseph L. Mankiewicz

Grand classique du cinéma, nominations aux Oscars, grand succès commercial et critique, et patati patata… M’enfin bon, ça date de près de sept décennies, le cinéma et les goûts ont énormément évolués, et le temps n’est pas tendre avec ceux qui prennent de l’âge. Même si le film a été restauré pour éviter de perdre la vue devant un amas de grains imprégnées sur la pellicule, le son est semble t-il plus difficile à améliorer, et en dehors de ça le bilan n’est pas très flatteur.

Devenue veuve et ne sachant que faire de sa vie, la jeune mère (de Natalie Wood, qui trouve là l’un de ses tout premier rôle au cinéma) Lucy Muir va emménager à la campagne, dans la demeure en bord de mer d’un pauvre homme qui se serait suicidé. Le loyer était imbattable, mais elle va vite comprendre pourquoi aucun des précédents locataires n’y est resté plus d’une semaine : les étranges apparitions, courants d’air et rires démoniaques sont l’œuvre du précédent propriétaire, qui hante désormais les lieux. Seulement contrairement aux autres, Lucy compte bien tenir et s’installer durablement, n’ayant que faire des veines tentatives d’intimidation d’un mort.

Vieux ou pas, un bon scénario reste un bon scénario, et celui ci avait pas mal de clés pour en être un excellent. Un esprit piégé sur Terre, une femme piégée avec cet esprit, donnant lieu à une cohabitation difficile mais qui deviendra de plus en plus évidente et appréciée à mesure que le temps passe. Il y a alors deux possibilités d’approche : soit le comique émouvant avec LA bonne idée, comme Et si c’était vrai…, ou alors le drame ultime qui ferait chialer un mercenaire du KGB, tel le bouleversant et inoubliable Quelque part dans le temps. Finalement, on assiste ici à un entre deux bancal, ressortant le comique de l’époque un peu lourd, avec une misogynie phénoménale, une avalanche de clichés et le fameux coup du puissant rire d’outre tombe doublé d’un sinistre auto-portrait, le tout mêlé avec une tonalité froide et singulièrement dépressive dans la dernière ligne droite. De plus, si les acteurs sont plutôt bons, la réalisation est catastrophique, nous obligeant à attendre le dernier acte pour trouver timidement deux scènes témoignant de l’aspect fantomatique du vieux marin, sans quoi son personnage est traité comme n’importe quel autre, jouant occasionnellement sur le hors champ. Une ébauche d’idée, mal négociée dans sa seconde moitié et dénuée d’intention de réalisation.

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Le Nouveau

Le Nouveau
2015
Rudi Rosenberg

Film français pour ados avec des ados, ça a de quoi faire peur par pure réflexe d’anticipation, et pourtant les bons exemples existent : il y a eu le brillant OVNI Simon Werner a disparu…, mais aussi la belle surprise de l’an dernier, À toute épreuve. Cette fois encore le buzz semblait bon, et l’humoriste Max Boublil s’était même prêté au jeu, seule tête connue du casting. Mais non, ce coup-ci c’est bien de la grosse comédie puérile.

Être nouveau n’est pas facile, et certaines personnes se font un devoir de s’en assurer. Fraîchement débarqué dans un collège parisien pour sa 4ème, le jeune et timide Benoît va s’en prendre plein la gueule. Assis à côté du gros bof de la classe, il va être royalement ignoré par toutes et tous, subissant même le bizutage de ses camarades. Inadapté à son environnement, il n’aura de choix que de s’adapter ou abdiquer.

Putain qu’elle est belle notre jeunesse : y’a soit des victimes tête-à-claque, soit des petits cons tête-à-claque, avec à côté les filles, vicieuses et superficielles, faisant de temps à autre appel à une pseudo solidarité féminine. Personne n’en ressort grandi, et le message du film en est même déprimant : « ferme ta gueule et avance ». Il y a de ci de là quelques idées un brin originales, quelques passages drôles, et le casting est très bien choisit par rapport aux personnages, et on a même honte de se laisser berner par la fille handicapée dont l’actrice a en réalité 27 ans, soit le double de son personnage. Néanmoins le film n’arrive pas à dépasser sa cible, les ados. Débile, caricatural, facile, il ne convainc jamais vraiment, manquant d’enjeux, de profondeur, d’originalité et de folie. Amusant par moments, mais tout juste.

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Le Goût des merveilles

Le Goût des merveilles
2015
Eric Besnard

De nos jours, pour qu’un film soit vu, il faut qu’il fasse parler de lui, et pour ce faire la plupart se dévoilent trop, nous donnant l’impression de déjà tout savoir ce qu’il y a à savoir avant de l’avoir vu. Pas de risques ici tant la sortie est discrète, le film ayant raté le top 10 dès sa première semaine d’exploitation : encore un film français invisible dont le titre nous dit vaguement quelque chose parce qu’on en a potentiellement aperçu une affiche. Mais les choses pourraient changer, doivent changer.

Se remettre de la perte d’un proche n’a rien de facile, mais c’est d’autant plus dure quand on subit une pression financière énorme. Veuve depuis un certain temps, Louise (Virginie Efira) n’en fini plus de repousser l’échéance en doublant sa dose de travail et en cédant quelques terrains, mais le dépôt de bilan de son petit commerce agricole semble fatidique. Les choses vont pourtant encore plus se compliquer quand par inadvertance elle va renverser Pierre (Benjamin Lavernhe), un autiste souffrant d’asperger.

C’est un running gag classique : il suffirait de jouer les trisomiques / autistes pour gagner un prix d’interprétation, et justement, c’est exactement ce qu’il s’est passé aux Oscars l’an dernier. Cas d’autiste désormais célèbre, le syndrome d’asperger fait son grand retour après l’un des films les plus bouleversant de l’histoire, My Name is Khan, chef d’œuvre d’une puissance évidemment inégalée, mais qui prouve une fois de plus son impact cinématographique. Au travers du personnage formidablement interprété par un jeune acteur prometteur dont le nom se doit de figurer en première place des nominés pour les Césars annuels, le troublé et troublant Pierre transcende le quotidien d’une famille endeuillée qui va se laisser surprendre par cet inconnu. L’amour, le deuil, les problèmes financiers et les divers aléas de la vie trouvent ici une tonalité originale, touchante, qui n’atténue que partiellement les difficultés rencontrées, mais leur confère une certaine insouciante, la tranquillité d’esprit des honnêtes gens. Un film pure et enchanteur qui fait du bien, jouissant de surcroît d’un cadre sublime.

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Crazy Amy

Crazy Amy
2015
Judd Apatow

Que je hais cette homme… Qu’il soit scénariste, réalisateur ou producteur, sa patte est partout et gangrène le milieu de la comédie américaine, surtout que son succès est fort et ne semble pas vaciller. Pire même, il prend de l’importance et tous essayent de le copier dans la douleur, nous inondant dans un océan de médiocrité. La complexité et l’originalité sont en chute libre, de même que le bon goût et les valeurs. En partager les rennes avec une humoriste n’y change rien, ça reste consternant.

« La monogamie, c’est pas réaliste » : voilà les mots qui ont bercé l’enfance de Amy (Amy Schumer) dont le père n’a jamais réussi à résister à l’attrait de nouveaux verts pâturages. Cela n’a pas empêché sa sœur (Brie Larson) de se marier et mener une vie normale, mais pour Amy ces quelques mots symbolisent sa philosophie. Jamais d’attache, un mec différent tous les soirs ou presque, un bodybuildeur pour sortir en publique, un job de rédactrice acerbe pour un magasine grossier : un quotidien valorisant et parfait selon elle, jusqu’à ce qu’elle rencontre Aaron (Bill Hader), un séduisant médecin bien naïf qui après leur coup d’un soir va s’imaginer une idylle tout ce qu’il y a de plus légitime.

Sur le papier il y avait un semblant d’idée : une grosse conne insupportable et tellement superficielle, qui va faire la connaissance d’un type bien, si bon en fait qu’il pourrait même déteindre sur elle. On sentait tout de même que le film allait salement jouer sur les clichés, mais il fait très fort. Par exemple, pour vraiment rendre l’héroïne détestable, elle sera présentée comme raciste, tandis que le gentil docteur, en plus d’avoir des amis noirs et basketteurs et s’impliquer à fond, fait de l’humanitaire tel un putain de boy-scout. C’est dire le niveau d’inspiration du film… On ne fait jamais avec le dos de la cuillère, l’estime de soi et la honte sont de lointaines pensées, et l’humour est graveleux au possible. Incapable de se renouveler dans quoi que ce soit, le réalisateur nous refait encore le coup de l’interminable discours humiliant, et son tact est irrémédiablement aussi invisible que la finesse de son humour. Bon après on passera sur la légitimité discutable du charme de l’héroïne, plus boudine que divine, mais il n’y a vraiment pas grand chose à sauver, et surtout on a pas très envie de sauver quoi que ce soit quand on se paye un final à rallonge totalement indécent. De la bonne grosse bouse américaine qui ne divertira que les crétins et on se demande pourquoi diantre Ezra Miller, Tilda Swinton, Daniel Radcliffe et Marisa Tomei y ont participé.

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Love & Mercy

Love & Mercy
2015
Bill Pohlad

Véritable phénomène des années 60-70 qui a réussi à implanter la culture pop aux Etats-Unis, les Beach Boys ont marqué l’histoire de l’industrie musicale, faisant entrer dans la légende une pléthore de titres encore aujourd’hui incontournables. Tête pensante du groupe qui a été à l’origine de la plupart de leurs chansons, Brian Wilson n’a pas eu une vie des plus faciles, et s’il est désormais pleinement rétabli et enchaîne les concerts comme à la belle époque, il a connu plusieurs périodes de troubles sur lesquels le film revient.

Le film, présenté sous forme de biopic, se concentre donc sur deux périodes clés de la vie de Brian Wilson (Paul Dano / John Cusack) : la fin des années 60, début 70, avec la création de l’album Pet Sound, qui voulait révolutionner le genre mais causera surtout la dissolution du groupe, puis les années 90, alors que Brian a touché le fond, diagnostiqué schizophrène et soigné par le docteur Eugène Landy (Paul Giamatti), ce qui n’empêchera pas une certaine Melinda (Elizabeth Banks) de tomber amoureuse de lui et tout tenter pour le ramener à la raison.

À l’époque tout semblait possible, plus facile, plus beau, plus magique. Présentation pas forcément originale mais plutôt efficace, le film met en exergue la légèreté de la folie des années hippies face au réalisme dépressif d’une époque presque contemporaine, mais pas encore complètement désabusée, où le rêve existe encore et où des déesses d’une beauté ahurissante telle que l’époustouflante Elizabeth Banks peuvent encore nous surprendre. Plus qu’une biographie sur le personnage fou et maladif du plus créatif des Beach Boys, le film est surtout l’histoire du combat de toute une vie, à la recherche de l’amour, au plus près de sa passion. Une histoire moins intéressante que son contexte, malgré l’excellence de l’interprétation du personnage principal dans sa jeunesse, largement moins convaincante dans la seconde époque, mais même le contexte de l’époque aurait mérité un plus grand approfondissement tant on ne s’éloigne que trop rarement de Brian. Un petit film très loin d’avoir la classe ou la puissance d’un Good Morning England, mais on replonge volontiers dans ces années bonheur.

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Merry Xmas

L’année est bientôt finie mais elle n’en a pas encore fini avec nous. À quelques jours de Noël, la chaîne Extrême Nécessité vient célébrer cette merveilleuse fête dans un clip musical placé sous le signe de la légèreté et de la bonne humeur. Si cette douce période vous inspire, un gentil pouce vert ou un généreux partage sera chaudement accueilli !

https://www.youtube.com/watch?v=NmUeRczpJbc

Lundi 21 décembre marquera les cinq ans du site, riche de près de 2000 articles dont 1721 critiques de films, alors un grand merci à tous les visiteurs, qu’ils soient réguliers ou le fruit d’une recherche hasardeuse, et je leur donne rendez-vous samedi prochain à 18h pour une vidéo spéciale.

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We Are Your Friends

We Are Your Friends
2015
Max Joseph

Avec Victor Frankenstein qui vient à nouveau d’établir un record de désertion dans les salles américaines, on a de plus en plus de mal à être étonné quand les moyennes par copie atteignent un score historiquement bas, mais tout de même. Annoncé comme la dernière fête de l’été, le point culminant, la comédie qui fait du bien et nous fait oublier une rentrée se rapprochant à grands pas, le film s’est pris une claque phénoménale : malgré un grand nombre de salles (2333), le film a rapporté moins de 4M$ à domicile. Il faut croire que si les gens aiment la musique, il n’en est pas de même pour les DJ.

Dans la ville de Los Angeles, tout le monde aspire à la gloire, se prend pour un putain d’acteur, un génie de scénariste ou d’écrivain. Pour Cole Carter (Zac Efron), son rêve est de devenir un immense DJ qui fera danser des millions de personnes. Rabatteur pour une boîte de nuit (fait de la pub pour qu’il y ait le maximum de monde), il va faire la connaissance de James (Wes Bentley), un DJ de renom qui a perdu la fois, mais qui va la trouver en Cole, le prenant sous son aile.

Une ville du vice, le monde de la nuit, de la musique : des thèmes particulièrement compatibles et porteurs. Une bande de jeunes, de l’alcool, du fessier de qualité (Emily Ratajkowski), de la bonne grosse musique synthétique et c’est parti, la fête peut commencer ! Du young-adult movie facile et classique, mais avec une légère touche indée qui fait plaisir, s’exprimant au travers de scènes singulières telle celle de l’after sous acide. Néanmoins, on pourrait presque sortir de l’histoire lors de la démo au bord de la piscine, tentant d’insuffler un caractère mystique bancal au rôle de DJ, « capable de contrôler les gens ». Déjà très clichée de base, l’histoire ne nous épargne pas le coup de la romance avec la copine du pote et la morale de Wall Street, idée malgré tout plutôt bien traitée. Un film sympathique et pas prise de tête, certes pas bien recherché, mais qu’on aurait tord de juger trop vite. Se gardant sa carte maîtresse sous le coude, le film nous réserve un final explosif, surpuissant, presque émouvant, qui en plus d’être une claque musicale et cinématographique énorme, donne enfin ces lettres de noblesse au métier de DJ, révolutionnant son approche et nous offrant un intense moment d’anthologie. Globalement tout juste bon, le film mérite le coup d’œil, ne serait-ce que pour son final ahurissant.

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