The X Files, le film

The X Files, le film
1998
Rob Bowman

Après nombre de saisons à nous balader à grands coups de complots gouvernementaux, faux-semblants et autres mascarades pour discréditer la thèse extraterrestre, la cinquième saison de la série événement X-Files mettait enfin les points sur les i. Oui : une invasion extraterrestre se prépare bien, se prépare même depuis la nuit des temps, et l’homme à la cigarette et ses associés ont négocié les conditions de l’imminente colonisation, servant l’humanité sur un plateau aux envahisseurs. Néanmoins, la recrudescence d’une autre race alien, les sans-visages, sorte de rebelles terroristes, permet d’envisager une autre alliance, tout aussi incertaine, mais qui permettrait de mettre au point un antivirus contre l’agent pathogène de ceux du premier contact, et ainsi donner une vraie chance à la résistance.

Le film était donc censé apporter quelques réponses supplémentaires à cet arc de la série, le tournant majeur pourrait-on dire même. Toujours pas réaffectés aux « affaires non-classées », il faudra pour ce faire attendre le début de la saison 6, les agents Mulder (David Duchovny) et Scully (Gillian Anderson) vont être rattrapés par la vérité. Témoins d’un terrible attentat, ils vont être accusés d’être responsables de la mort de cinq personnes, non-évacuées de l’immeuble qui a sauté. Mais sont-elles réellement mortes lors de l’incident ? Un contact de Mulder affirme le contraire, le mettant sur la piste d’une souche préhistorique du pathogène extraterrestre.

L’une des séries les plus appréciées et suivit de l’histoire, The X-Files était alors au sommet de sa gloire, ressortant de sa cinquième saison avec une moyenne record de 19,8 millions de spectateurs, et ce sans l’exposition historique de l’épisode post-Superbowl de la saison précédente. L’intégralité de l’équipe technique et artistique était de retour pour cette aventure cinématographique, avec au passage un budget solide de 66 M$, permettant au show de jouer dans la cours des grands. Passer du petit au grand écran est néanmoins un sacré pari, mais avec près de 190 M$ récoltés dans le monde, ce fut une belle victoire. Mais le film fut-il à la hauteur des attentes ? Non, loin s’en faut. Si le passage en 16/9, l’amélioration de la qualité des caméras et l’effort de présentation sont flagrants, on a plus l’impression de se retrouver face à double épisode de la série, et pas forcément très bon. On retrouve le même soucis d’économie de moyens, avec un unique plan ambitieux sur la fin, et l’histoire n’est qu’un bête prolongement pas très intéressant de l’arc de la série. Uniquement centré sur le virus et oubliant totalement certains aspects de l’histoire comme les sans-visage, le film n’est qu’une enquête de plus sur cette même affaire de colonisation, et au final on n’en saura pas plus et rien n’aura tellement bougé. On retrouve bien sûr tout ce qui fait le succès de la série, et le film l’exploite bien avec sa mise en scène sublimée, mais on s’attendait forcément à plus au cinéma, alors qu’au final on assiste à un gros épisode, pas spécialement inspiré d’ailleurs.

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Near Death Experience

Near Death Experience
2014
Gustave Kervern, Benoît Delépine

Suivre un gourou aveuglément n’est pas forcément une bonne idée, et en voici la preuve. Habituellement critique avisé et pertinent, Durendal a chaudement recommandé cette expérience cinématographique unique, et étant actuellement entrain de lire un excellent livre du célèbre écrivain Michel Houellebecq, qui trouve là son premier vrai rôle, sa côte de popularité me concernant avait décuplé mon envie de m’y plonger, mais un détail m’avait échappé : le duo de réalisateurs. Connus pour leurs personnages dépravés et immondes dans l’émission Groland, ils n’en sont pas à leur coup d’essai en matière de cinéma, mais sur leurs trois précédents films, deux sont venus à bout de ma patience en moins d’un quart d’heure, l’autre étant Le Grand soir, l’un des plus mauvais films jamais régurgité.

Pour le film de moins de 90 minutes le plus long de l’histoire, on suivra passivement un certain Paul (Michel Houellebecq), père de famille ivrogne qui n’en peut plus. Son quotidien lui fait fermement chier, et tout le répugne, surtout lui-même. Un bel après-midi d’été, il va prendre son vélo et mettre le cap vers la Sainte Victoire, bien décidé à mettre fin à ses jours. L’occasion aussi de faire le point sur sa vie, voulant profiter du calme ambiant pour se poser quelques jours.

Une phrase dite par le quasi unique personnage du film résume à merveille notre ressentiment à son égard : « Mon petit Paul, tu parles beaucoup et tu ne te suicides pas assez ». Après nous avoir bien montré à quel genre de déchet on avait affaire, on passe l’intégralité du film à voir ce vieil homme repoussant tirant une tronche de six pieds de long et nous dire de temps à autre, après d’interminables séquences de randonnée pédestre vides, à quel point la vie c’est de la merde. Le pire, c’est que ce qu’il nous raconte n’est presque jamais intéressant, trop rarement incisif, et ne sert qu’à démontrer son pathétisme extrême. De plus, l’articulation et la prononciation sont catastrophiques, rendant certaines répliques inaudibles. La mollesse du film est d’un niveau inédit, de même que la réalisation, véritable provocation. Chaque plan semble avoir été étiré jusqu’à l’exaspération pour endormir le spectateur, ou tout du moins lui infliger l’ennui le plus grand. Le montage est dégueulasse, insultant pour l’écrivain filmé entrain de baver, sous son jour le plus minable. Un film torchon, là pour salir, et s’il le fait bien, ça n’en reste pas moins d’un ennui interminable et insoutenable. L’un des films les moins intéressant de l’histoire, au titre d’ailleurs foncièrement mensonger.

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La Religieuse

La Religieuse
2013
Guillaume Nicloux

Si la France est un pays laïque, il n’en reste pas moins d’héritage culturel catholique, et il fut une époque où l’engagement religieux était monnaie courante, une solution souvent utile face à la misère. Et si aujourd’hui ce genre de sujet n’intéresse presque plus personne, le livre de Denis Diderot dont le film est adapté est encore très respecté parmi les érudits, bien qu’éloignant définitivement son réalisateur du succès.

Jeune fille de bonne famille, la belle et jeune Suzanne (Pauline Etienne) a vite attisé la convoitise, mais ne se sentant pas prête pour le mariage, elle va avoir la sotte idée de prétendre préférer l’amour de Dieu, la conduisant droit au couvant. Elle pensait pouvoir en sortir après quelques temps, mais ses parents, ruinés par les mariages de ses deux sœurs aînées, y voyaient là une occasion magnifique de se libérer de leur dernière charge. Contrainte et forcée, elle sera tour à tour confrontée aux brimades d’une mère religieuse tyrannique (Louise Bourgoin) puis aux avances satanistes d’une autre (Isabelle Huppert).

Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour échapper à la mendicité ou faire plaisir à ses géniteurs… On suit donc le récit d’une jeune ingénue sacrifiée pour de mauvaises raisons, rejoignant des rangs bien indignes de la sphère religieuse qu’ils sont censés représenter. Après les polars montrant que les pires truands sont au sein des forces de l’ordre, voici le film religieux qui montre que plus grands pécheurs sont des prêcheurs. Ainsi, on subit le calvaire initiatique d’une héroïne jouissant de malchance, dont la vie prouve inlassablement l’inexistence ou le mépris de Dieu. Néanmoins, ce calvaire a tendance à devenir le notre, les deux premiers tiers étant d’une mollesse insoutenable, et la rage de l’injustice devenant de la lassitude à force de résignation. Malgré de belles performances et une certaine curiosité, l’histoire ne nous emporte jamais vraiment, et l’ennui ne se dissipe qu’occasionnellement. Difficile de savoir où le film voulait en venir, à part démontrer que le mal est omniprésent.

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Kon-Tiki

Kon-Tiki
2013
Joachim Rønning, Espen Sandberg

En 1947, un scientifique norvégien a tenté une aventure folle dans le but de prouver sa théorie sur la colonisation des Philippines : effectuer quelques 8000 km séparant le Chili des îles océaniques dans les mêmes conditions qu’à l’époque, à savoir sur une simple barque faite de bois et de cordes, dotée d’une rame et d’une voile comme gouvernail. Une expédition à haut risque, dont le documentaire a gagné en 1952 l’Oscar, et qui a fait ici l’objet d’une adaptation cinématographique ambitieuse. Un film pourtant norvégien et qui avait tout du projet extrêmement risqué, mais qui a réussi à bien s’exporter, et grâce à un énorme succès à domicile, il est finalement rentré dans ses frais. Le film a joui d’une belle renommée, lui offrant son ticket d’entrée dans les plus prestigieuses cérémonies, même si pour d’obscures raisons l’ennuyeux Amour lui a ravit l’Oscar du meilleur film étranger, et suite à ça les réalisateurs ont eu l’incroyable opportunité de réaliser le cinquième Pirates des Caraïbes prévu pour l’été 2017, projet qui tombe sous le sens après cette épopée aquatique.

Après une petite amorce pour expliquer le personnage de Thor (héros du récit) et ce qui a conduit à cette expédition périlleuse, le gros du film se concentre donc sur la poignée d’homme à bord de la modeste barque pour une durée initialement estimée à une centaine de jours (101 au final, donc remarquable de précision). On suit donc leur voyage avec tous les problèmes survenus, allant du manque de nourriture aux menaces sous-marines en passant par les dangers climatiques. Des conditions extrêmes qui influent inévitablement sur le moral entre la grande proximité qui peut créer des tensions et le doute perpétuel quant à la réussite de l’opération. Comme pour L’Odyssée de Pi ou le récent Invincible, cette survie en haute mer est donc pleine de rebondissements et de temps forts, reprenant les classiques du genre comme l’attaque de requins, le passage de baleines ou la visite nocturne d’étranges poissons luminescents. Le film n’innove pas tellement et le casting n’a pas non plus l’occasion de prouver sa valeur, d’autant que l’équipage devient très vite une bande de vieux barbus préhistoriques indissociables, mais le résultat est tout de même puissant. Malgré un budget presque risible face aux mastodontes du genre, le film possède quelques scènes impressionnantes d’un réalisme incroyable, notamment toutes les scènes sous-marines, et visuellement c’est irréprochable. Le rythme est lui aussi très bon, le film ne possédant presque aucun temps mort et la durée étant raisonnable. Une belle épopée tirée d’une grande histoire, démontrant que la grandeur d’un homme vaut pour son courage, et le film est en plus une belle réussite artistique.

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Turf

Turf
2013
Fabien Onteniente

Alors que tout le monde s’accorde à dire que la filmographie de Fabien Onteniente est composée exclusivement de navets indignes, il n’empêche qu’entre Disco et les deux premiers Camping, le piètre réalisateur venait d’enchaîner pas moins de trois gros succès commerciaux. Car oui, même si c’est mauvais, ses films sont distrayants et on y retrouve des acteurs populaires. Alors pourquoi cette fois-ci le bide fut légendaire, le classant parmi les plus gros échecs financiers de l’histoire du cinéma ? Il semble qu’à force de trop tirer sur la corde, le public se soit lassé.

Qu’est-ce qu’un Turf ? Eh bien tout simplement un amateur de course hippique, souvent vautré au PMU du coin à claquer son salaire à parier sur le dos des chevaux. Spécialistes du genre, quatre potes (dont Edouard Baer et Alain Chabat) vont avoir l’idée folle de passer de l’autre côté de la barrière en devenant propriétaires d’un cheval de course. Directeur d’un prestigieux élevage, Paul (Gérard Depardieu) va réussir l’exploit de leur refourguer l’animal malade de l’enclot, Torpille, un cas désespéré. Un onéreux investissement, surtout avec le surcoût du coach et du jockey (Sergi López et Vahina Giocante), qui risque fort de tourner au canular et au gouffre financier fatal. Sauf si…

Un cheval c’est beau, fort, majestueux et noble, et les concours sont un ressort dramatique intense, propice aux émotions et au suspens. Le film avait donc un certain potentiel, surtout que le casting est solide, et il y a de-ci de-là quelques propositions comiques intéressantes. Mais voilà, le film est brouillon, horriblement creux, et la direction d’acteurs est catastrophique, pénalisant encore plus des personnages stéréotypés à outrances par des prestations médiocres. Le personnage de Edouard par exemple est typiquement un gros égoïste incapable de voir au delà de l’instant présent, parasite vivant au crochet des autres et qui se pavane de façon détestable. Mais les autres ne valent pas tellement mieux entre l’ostéopathe censé être infidèle alors que pas du tout, le comptable nerveux agressif, et le gros bouboule à sa maman qui déconnera à plein tube lors d’une séquence monégasque ahurissante de connerie. La logique est totalement absente, de même que l’originalité, et toute la seconde moitié est une vertigineuse chute libre dans le mauvais goût. Inévitablement on sombre dans l’ennui, même si on voulait y croire. Décidément, vivement Camping 3, j’ai trop hâte !

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Un prof pas comme les autres

Un prof pas comme les autres
2013
Bora Dagtekin

Fraîchement débarquée chez nous en novembre dernier, cette comédie allemande avait fait sensation à domicile une année auparavant, culminant à pas moins de sept millions d’entrée, faisant du film l’un des plus gros succès de tous les temps. Avec soixante mille entrées en France l’engouement ne fut en revanche pas communicatif, mais le cinéma allemand ne s’exporte de toute façon que très difficilement.

Tout juste sorti de prison après s’être fait coffré lors d’un braquage, Zeki espérait mettre la main sur son magot, mais sa cruche de complice l’a enterré dans la cour d’une école, et un bâtiment a vu le jour au dessus de sa cachette. Pour remettre la main dessus, il doit creuser sur près de six mètres, chantier difficilement faisable clandestinement. Du coup, il va postuler pour le poste de concierge et ainsi glaner une place stratégique dans l’école, mais repartira finalement avec un job de professeur remplaçant. Lui qui méprise les élèves et se contrefout de leur apprentissage, la situation est hautement improbable. Pourtant, sa pédagogie va porter ses fruits.

Un prof qui n’a pas réellement les diplômes nécessaires pour exercer, une incompétence flagrante, des manières de rustre et une dégaine de loubard : on se croirait face à une adaptation live de GTO en mode allemand. Donc forcément, il y a de quoi être enthousiaste, mais Onizuka avait un bien meilleur fond que ce Zeki, beaucoup plus brute de coffre et aux manières parfois détestables. Il reste charismatique et sympathique, mais heureusement qu’on peut aussi compter sur une charmante collègue et quelques élèves intéressants, sans quoi le vide scénaristique s’en ressentirait encore plus. Dynamique et efficace, le film fait valoir un humour frais et passe-partout, bien qu’éculant certains clichés avec une paresse effrontée. On sait d’emblée comment ça va se finir, mais ça n’en reste pas moins divertissant, et j’accueillerai personnellement bien volontiers la suite déjà disponible en Allemagne.

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The Voices

The Voices
2015
Marjane Satrapi

Depuis la série Dexter, le meurtre de masse est devenu presque festif, et voir débarquer une comédie cynique sur ce thème est même logique. Néanmoins, le public visé étant assez restreint, le scénario figurait sur la fameuse black-list des projets risqués, et le film ne sortira d’ailleurs peut-être pas aux Etats-Unis, d’autant plus vu l’échec cuisant du film en Grande-Bretagne (heureusement pour eux que la France sauve un peu les meubles).

Quand notre mère nous demande de l’achever quand on est encore enfant, ça laisse des marques, c’est sûr, surtout si cette dernière était maltraitée par son mari et qu’elle entendait des voix. Jerry (Ryan Reynolds) avait donc peu de chance de finir saint d’esprit, et c’est exactement pour ça qu’une psychologue le suit assidûment, mais vu que ce dernier refuse de prendre ses médicaments, le mal est déjà entré en lui. Les animaux autour de lui lui parlent, et son chat le pousse à commettre des meurtres. D’abord réticent à s’engager sur cette voie, il va succomber aux voix.

J’ai toujours trouvé que Ryan Reynolds était un mauvais acteur, obligatoirement cantonné aux comédies à cause de sa tête de con. Seulement quand on lui propose un rôle sur-mesure, le résultat est génial. La bêtise dans toute sa splendeur : jamais quelqu’un n’aura aussi peu transpiré l’intelligence que lui, et il est d’un naturel époustouflant. Une formidable idée de base, au potentiel comique énorme, mais c’est aussi un boulet que se traîne l’histoire. Quand on est un meurtrier, ne même pas avoir un QI à deux chiffre est une plaie tant les indices laissés sont flagrant, affichant presque une pancarte avec écrit « je suis un assassin ». L’histoire s’en retrouve donc rapidement poussive, à la conclusion inévitable. Dommage car d’autres excellentes idées sont de la partie avec les têtes de Anna Kendrick et Gemma Arterton, mais au final on reste assez mitigé, bien que la dernière scène soit encore une fois une belle trouvaille. Une idée originale et efficace, avec un psychopathe génial et un humour noir ravageur, mais la trame est un peu trop faible pour pleinement convaincre.

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Into the Woods

Into the Woods
2015
Rob Marshall

Comédie musicale à succès qui a fait les beaux jours de Broadway, cette compilation des plus grands classiques contes de fée (Jack et le haricot magique, Cendrillon, Le petit chaperon rouge ou encore Raiponce) s’est vu transposée au cinéma pour les fêtes de fin d’année aux Etats-Unis pour un succès tout aussi honorable, mais a en revanche largement bidé dans le reste du monde, sans doute de par une sortie éloignée moins stratégique et l’engouement restreint pour les comédies musicales. À moins que ça ne soit parce que le film est mauvais, ça peut jouer.

Ô tristesse infanticide, toi qui m’interdit de fonder une famille ! Dans un royaume bordé par une immense forêt magique, un boulanger (James Corden) et sa femme (Emily Blunt) essayent en vain de faire un enfant, une vieille malédiction, héritage familial, ayant rendu le boulanger stérile. Miséricordieuse, la sorcière responsable du maléfice (Meryl Streep) lèvera le sortilège en échange de quatre présents : une vache couleur lait, un vêtement rouge comme le sang, des cheveux jaunes comme le maïs et un soulier pur comme de l’or.

Que Disney reprenne ses vieilles histoires d’antan pour en faire une comédie-musicale féerique en y mettant le paquet côté casting (avec en plus Anna Kendrick, Johnny Depp et Chris Pine) était gageure, mais le résultat ne suit pas. Que l’histoire soit complètement bancale n’est pas très grave, le matériau de base était déjà faiblard, mais il est vrai que le fil conducteur est navrant, même si les univers se marient bien. Les acteurs ne sont pas non plus formidables, mais encore une fois c’est un aspect secondaire, bien que la nomination aux Oscars de Meryl Streep soit une aberration hallucinante et qu’on s’étonne de voir des inconnus au milieu de stars planétaires. De même, l’aspect cheap du film avec des effets-spéciaux au rabais importe peu, aussi regrettable soit-il. Non, le vrai problème du film provient de ses chansons, toutes plus mauvaises les unes que les autres. Elles arrivent comme un cheveux sur la soupe, consistent la plupart du temps en un parlé-chanté peu mélodieux, et rallongent artificiellement la narration déjà bien poussive. La musique est bonne, surtout pour le thème principal, mais la pauvresse du texte et du contexte font de chaque chanson un ratage artistique presque total. Une faiblesse d’écriture monumentale qui ruine toute potentialité, et le film fait vraiment pitié à côté du pourtant modeste remake d’Annie.

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Fast & Furious 7

Fast & Furious 7
2015
James Wan

Initialement l’attente autour de la saga Fast & Furious était déjà énorme, car depuis le retour du duo Brian O’Connor / Dominique Toretto dans le quatrième volet et que l’ensemble du casting fut réuni dans un cinquième épisode explosif et ingénieux, la saga a connu une évolution spectaculaire. En grosse difficulté financière avec le décevant Tokyo Drift, elle a ensuite explosé des records avec chacune des suites, le sixième film ayant même atteint les 788 M$ dans le monde. Mais voilà, le 30 novembre 2013, alors que le tournage de ce film battait son plein, l’un des principaux héros de la saga est mort : Paul Walker. La sortie du film a donc été repoussée d’un an, une réécriture s’est imposée, et des doublures avec trucage numérique ont remplacé l’acteur pour ces dernières scènes, amenant le budget à une barre vertigineuse : 250 M$, soit presque 100 M$ de plus que le record détenu par le précédent volet. Nombre de questions se posaient alors, à savoir si le tragique incident allait avoir une répercussion sur le film, si le trucage numérique n’allait pas dénaturer l’ensemble, comment l’histoire allait gérer ça, et aussi savoir si la saga a encore un avenir sans son héros originel. Avec 392 M$ sur son premier week-end et le demi milliard atteint en moins d’une semaine, pour un cumul final probablement situé aux alentours des 1,1 milliards, et surtout des critiques dithyrambiques, il semble que le public et la presse ont largement répondu oui.

Pourtant d’un charisme presque négatif pour une histoire décevante, cette suite reprend l’histoire de Owen Shaw (Luke Evans) – d’ailleurs pas mort finalement -, que son frère, Deckard (Jason Statham), cherche à venger en traquant l’équipe de Hobbs (Dwayne Johnson), à savoir Dom (Vin Diesel), Brian (Paul Walker), Han (Sung Kang), Roman (Tyrese Gibson), Letty (Michelle Rodriguez) et Mia (Jordana Brewster). Suite à la mort de Han, attribuée à tort à Deckard, Dom va décider de faire alliance avec le gouvernement (Kurt Russell) pour retrouver et tuer le second Shaw, devant pour ce faire retrouver l’ingénieur Ramsey (la sublime Nathalie Emmanuel de Game of Thrones) responsable de l’œil de Dieu, système de localisation implacable. Mais Shaw est lui aussi sur le coup avec sa légion (commandée par Djimon Hounsou et Tony Jaa).

Peu à peu le simple film de course de voiture est devenu du gros film d’action ultra-bodybuildé où la surenchère n’en fini plus, celui-ci atteignant des cimes encore plus hautes. C’est bien sûr globalement une bonne chose, mais le quasi abandon de classiques course-automobiles nous fait dire que l’arrivée de la franchise Need for Speed est une excellente chose tant le genre est délaissé par son propre précurseur, et on regrette tout de même cette simplicité des débuts. Un regret d’autant plus grand que si l’aspect revenge-movie fonctionne très bien avec la formule, sa gestion est beaucoup trop simpliste et fade pour vraiment convaincre. La dernière histoire était déjà pas bien heureuse, alors continuer avec le frère insipide d’un méchant insipide, ça n’est pas très gageure. Un bad-guy pas très crédible, aux motivations floues et à l’omniprésence lassante, et rien dans l’histoire ne sera égaler le niveau de recherche pourtant assez basique du coup du coffre à Rio. Au rayon des déceptions, en plus des nouveaux arrivants peu convaincants (exception faite de Ramsey), on notera aussi le regrettable changement de réalisateur, nuisance évidente vu le résultat. Les plans sont moins stylisés, les mouvements de caméra plus brutaux et l’action moins lisible. Certains cadrages sont plus originaux et audacieux, mais l’image est dans l’ensemble moins belle et on perd grandement au change.

Néanmoins, sans être la révolution qu’on espérait, le film est très bon. Après tant de films passés ensemble, la « famille » nous est de plus en plus attachante, et le groupe est vraiment excellent. Profitant d’un humour frais et efficace et de savoureux dialogues, le film rend plus que jamais justice à l’incorrigible hyper-alpha Roman Pierce, sans compter Hobbs, un « papa qui a du boulot ». Dommage en revanche que ce génial super-agent soit si peu présent dans le film, car chacune de ses apparitions sont mythiques. Et puis bien sûr il reste ensuite l’action, bulldozer détruisant tout sur son passage. À cause de la chronologie qui en fait le premier film à se passer après Tokyo Drift, l’occasion d’un petit caméo de son héros Lucas Black, le temps de faire le lien le film perd énormément de temps et tarde à démarrer, mais le résultat est là tout de même. On nous avait vendu l’énorme parachutage, l’intense kidnapping en montagne et le colossal saut de building en voiture, mais le film gardait dans sa manche son atout majeur : sa dernière demi-heure monstrueuse dans les rues d’une ville bien connue. Un petit bonheur un peu tiédi par la réalisation brouillonne et le cadre nocturne mal exploité, mais il y a plus. L’hommage final à Paul Walker est d’une rare perfection, nous repassant avec émotion ses plus grands moments dans la saga, avec à la clef les vibrants adieux de son meilleur ami Vin Diesel, partageant avec lui une dernière course avant de partir dans des directions opposées, magnifique métaphore qui nous fait dire que Universal a gagné le droit de prolonger la franchise sans lui, non pas que le doute fut permis de croire que tout allait s’arrêter, surtout avec un tel succès historique. Donc malgré une faiblesse scénaristique évidente, un méchant bancal et un réalisateur qui n’avait pas les épaules pour une telle production, on tient là un divertissement d’une ampleur incroyable, ravageur dans ses cascades et son humour. Assurément le plus gros film de la saga, mais l’ambiance des débuts nous manque.

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Astérix – Le Domaine des Dieux

Astérix – Le Domaine des Dieux
2014
Louis Clichy, Alexandre Astier

Avec un ratio d’un bon film pour trois bouses, la saga live du petit moustachu gaulois est ce qu’on appelle un ratage quasi total, et ses incursions en animation n’ont pas franchement été des plus enthousiasmantes. Alors pouvait-on espérer quelque chose de cette énième tentative ? Assurément avec Alexandre Astier à la barre, assurant une partie de la réalisation, le scénario, mais aussi les dialogues. Pour tout connaisseur de Kaamelott qui se respecte, sa présence étendue ne pouvait qu’être une excellente nouvelle, mais c’était sans compter la pauvresse du matériau d’origine, l’un des plus mauvais album d’Uderzo et Goscinny si l’on se réfère à la vision de ce long-métrage.

Comme toujours, il sera question de César et de son besoin de raser l’éternel village de Abraracourcix, le dernier village gaulois lui résistant encore et toujours grâce à ces habitants, profitant du savoir de leur druide Panoramix pour leur prodiguer ce qu’ils appellent la « potion magique », concoction leur octroyant une force surhumaine. Pour y parvenir, son plan consiste à donner l’envie de goûter au style de vie romain aux pecnots locaux, construisant sous leur nez le « Domaine des Dieux », cité porte-étendard de leur supériorité.

Voilà voilà… Astérix étant sorti en 1959, la plupart de ceux l’ayant découvert à l’époque sont trop vieux pour vouloir se pencher sur un film d’animation, mais comme les nouvelles générations continuent de s’intéresser aux albums, un certain public subsiste, et trouver l’habile équilibre pour satisfaire ce large pannel est difficile. Le film s’y plante dans les grandes largeurs. D’une bêtise rebutante pour les esprits éveillés, il parlera aussi difficilement aux plus jeunes, multipliant les références faciles telles Charles de Gaule et la politique contemporaine, Sarkozy en tête (ce qui est peu étonnant puisqu’il était encore président au moment de la finalisation du scénario et enregistrement des dialogues). D’ailleurs, le film se veut très politique, parlant d’esclavagisme (avec une maladresse incroyable, prônant presque son retour), du problème de logement, d’immigration et limite d’antisémitisme (deux peuples ne pouvant pas se blairer). Seulement ces thèmes sonnent creux, n’étant qu’effleurés comme pour coller à l’actualité et rendre l’histoire plus « parlante et contemporaine ». On aurait presque tendance à s’ennuyer tant cette histoire est fade et arriviste. On se demande vraiment ce qui a orienté le choix de l’album adapté tant son vide semble abyssal, et mon seul souvenir y étant lié était son atmosphère automnale, très porté sur les teintes rouges et roses, mais artistiquement le film est encore une fois raté et n’en tient pas compte.

En effet, si les français ne font pas de films en 3D – ou évitent tout du moins -, c’est bien évidemment parce que le procédé est coûteux et ne supporte pas la médiocrité. Doté d’un certes beau budget de 30 M€, le film n’a tout de même pas les moyens de son ambition, et la modélisation est pauvre, basique, souvent saccadée même, ne nous flattant pas une seule fois la rétine. Un visuel sans âme qui nous laisse glacé. Le style cartoonesque en devient même grossier, les nez des personnages posant un problème de taille de par le « réalisme » du procédé entrant en conflit artistique. Et s’il n’y avait que la technique qui posait problème… Mais non, de l’architecture aux personnages en passant par les décors et la réalisation, rien ne convainc vraiment. Le casting vocal est lui aussi parfois un peu choquant, car si Roger Carel est toujours excellent en Astérix, le nouvel Obélix est atroce, et si on adore réentendre les voix des peureux chevaliers de Kaamelott, de même que celles de la quantité hallucinante de guest (Lorànt Deutsch, Elie Semoun, Florence Foresti, Alain Chabat, Laurent Lafitte, Lionel Astier, Géraldine Nakache et Artus de Penguern pour la dernière fois), la correspondance entre la voix, le personnage et l’image ne colle pas très souvent.

Mais ce film n’est pas pour autant une purge aussi colossale que les derniers massacres en salle, le salut du film résidant dans ses textes, pas parfaits, mais solides. Pas drôle à se pisser dessus, il n’en reste pas moins efficace de temps à autre, avec quelques dialogues cinglants qui font parfois mouche. L’ambiance est bon enfant, l’idée de montrer la corruption et l’avidité des gaulois marche pas mal, et quelques bonnes idées y sont aussi disséminées. L’accident n’est pas total, mais il faut bien avouer que l’histoire est vraiment vide – et débile qui plus est – et que techniquement le film est rebutant. Ça se regarde d’un œil distrait, mais compte tenu des talents engagés, la déception est monumentale. En revanche, le film marquant le troisième four commercial d’affilé pour le héros blond, il risque de ne pas revenir avant un bon bout de temps, pas une grande perte.

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