Sans jamais nous connaître


Sans jamais nous connaître
2024
Andrew Haigh

Entre angoisses, terreur tétanisante ou politique de l’autruche, chacun a sa propre approche de la mort. Si le processus de deuil se fait naturellement face à une personne âgée avec qui ont a pu construire moult souvenir à chérir pour le restant de la sienne, avec parfois la maladie qui apporte une forme de soulagement au moment fatidique, la faucheuse frappe aussi sans coup de semonce, même ceux dans la force de l’âge, de la façon la plus brutale et injuste qui soit.

Ecrivain solitaire et nostalgique, Adam (Andrew Scott) n’était jusqu’alors jamais retourné dans son village d’enfance, qu’il avait dû quitter suite au décès tragique de ses parents (Jamie Bell et Claire Foy). Plus de 20 ans plus tard, il va néanmoins trouver le courage d’y retourner, loin de se douter qu’il y retrouverait justement ses parents, comme piégés dans le passé eux aussi.

En voyant le film, impossible de ne pas penser au film français Quand je serai petit, petit bijou de poésie aux instants de grâce, et qui traite du même sujet : se replonger par magie dans son passé, pouvoir essayer de rattraper le temps perdu, mais surtout extérioriser et psychanalyser son deuil. Tout cela existe t-il ou est-ce dans sa tête ? Dans tous les cas, l’exercice est touchant au possible, et qu’importe l’histoire d’amour un peu toxique avec le voisin (Paul Mescal), ça reste universel et très réussi. Mais d’un autre côté, le très grand écart d’âge, l’usage abusif de drogues et les passages en boîte de nuit plombent un peu le ressenti, rajoutant du pathos dans une histoire déjà très forte autrement, bien que cela donne lui à une fin saisissante, à défaut d’être gratifiante. Peut-être un projet qui parlera plus à certains, mais en termes d’images, acting et émotion, le film est très abouti, à défaut de tenir la comparaison avec la version française.

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Le Robot Sauvage


Le Robot Sauvage
2024
Chris Sanders

Cache-misère ou coup de génie qui a sauvé le projet ? Alors que les coûts de production du cinéma d’animation atteignent des sommets de plus en plus intenables (pour ainsi dire plus aucun film Disney Animation n’arrive à se faire à moins de 200 M$ de budget) tant le matériel informatique est de plus en plus onéreux avec des temps de rendu de calcul 3D toujours plus poussés dans une course à la prouesse technique, ce film en fait le contre-pied total. Une 3D très rudimentaire, servant juste de base pour ensuite dessiner et peindre par dessus, et le résultat est là financièrement : seulement 78 M$ de budget, faisant donc des 324 M$ récoltés dans le monde une vraie réussite commerciale, ce qui aurait été désastreux avec un budget classique.

Que se passerait-il si un robot d’assistance perdait sa raison d’être dans un environnement dénué d’humains ? C’est ce qui va arriver au modèle robotique Rozzum 7134, se réveillant sur une île sans la moindre trace de civilisation. Elle va alors décider d’étudier les animaux sur place pour éventuellement les comprendre et leur venir en aide, permettant de perdurer sa raison d’être qui est d’aider les autres.

Sur le papier, on croit avoir là de la fable pour enfant extrêmement classique à base de société animale où un élément extérieur est d’abord rejeté pour sa différence, avant de gagner peu à peu la confiance et l’amitié de tous par sa force de détermination et son sens aiguë de l’entraide. Et effectivement, sur bien des aspects on retrouve ce côté conte pour enfants, avec une structure proche de bien des œuvres animalières, mais pas celles pour enfants. J’y ai plus vu Sur la Terre des Dinosaures pour son côté danger de chaque instant et la survie avant tout, car il ne faut pas s’y tromper, avec très tôt pléthore de morts, une faune résignée blaguant sur un nouveau né tué à l’instant, clairement le film n’est pas pour les plus jeunes. Et sans trop en révéler, l’histoire sera aussi bien plus ambitieuse que juste un robot qui fait ami-ami avec les animaux, et heureusement que le film fut réalisé pour un si bas coût et que son succès permettra d’aller plus loin, étant l’adaptation du premier tome d’une trilogie. Une histoire qui fera d’ailleurs montre d’un grand soin d’écriture tant chaque élément, même celui semblant le plus tertiaire, va apporter une leçon qui servira le moment venu, avec un sens du timing impressionnant.

Reste alors l’aspect artistique, plus mitigé. Alors oui, quand on puise directement son inspiration du robot du Château dans le ciel, évidemment que le style est réussi, mais ça ne vaut que pour le robot, dont l’acclimatation à la nature reste moins inspirée que ce qu’on a pu voir par exemple dans Rebel Moon. Pour les animaux, le style est un peu trop cartoon, et globalement on sent la technique à des années lumière des plus beaux représentants du genre comme Raya et le dernier dragon. La mise en scène est grandiose, au même titre que la musique vraiment épique, l’un de ses plus gros point fort, mais j’ai ressenti ce sentiment d’œuvre bridée, comme le brouillon visuel qu’était l’extraordinaire Conte de la princesse Kaguya. Avec de plus gros moyens, l’ampleur du film aurait été décuplée, d’autant que j’ai adoré son côté Divergente. Le thème est aussi peut-être un peu trop classique par rapport à un Dragon, et niveau robot attendrissant, difficile de passer après un Wall·e. Espérons que les suites sauront aller plus loin encore.

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The Substance


The Substance
2024
Coralie Fargeat

Un prix à Cannes est-il synonyme de médiocrité ? Est-ce que seulement les plus mauvais films sont présent aux Oscars du meilleur film étranger ? Entre Une Zone d’intérêt, Emilia Pérez et le cas ici présent, c’est visiblement une certitude vérifiée. Les critiques bien trop hautes sont soit la résultante d’un coma à la moitié du film, soit un aveuglement chauvin, puisque malgré son casting américain, c’est bien un film français.

Qu’il est terrible de vieillir, surtout pour une femme, surtout pour une actrice. Ancienne star d’Hollywood, lauréate d’un Oscar et d’une brillante carrière, Elisabeth Sparkle (Demi Moore) n’est plus que l’ombre d’elle même à l’aura de la soixantaine. Au fond du trou après avoir été virée d’une minable émission fitness, elle va succomber à l’appel d’une douce promesse : retrouver sa jeunesse. Comment ? En prenant « the susbtance », qui dupliquera son corps pour une version parfaite (Margaret Qualley). Le hic ? Chacun des deux corps devra se mettre en veille une semaine sur deux. Le piège ? Sera t-elle encore elle-même ?

En vrai je comprends l’engouement, sur la première partie tout du moins. Déjà l’idée de tenter de la mettre à l’envers au système en redevenant cette pinup dans la force de l’âge, tout en reconnaissant être totalement hypocrite car jouant le jeu dudit système, c’est assez gageur. D’autant plus que la mise en scène est vraiment excellente, avec des visuels forts, et le casting est vraiment excellent. Dennis Quaid est vraiment parfait en gros porc de producteur vicelard. Mais une fois passé la mise en place, une mécanique prévisible se met en place, et au fond le scénario n’a rien de très original : on reste dans de la critique mollassonne du patriarcat, sur fond de dérive du clonage, avec l’évolution logique qu’on a déjà des dizaines de fois, notamment dans The Island, Moon ou A l’aube du 6ème jour. On attend donc que tout cela dégénère dans un ennui grandissant, aboutissant sur un délire qui n’a pas été le mien, loin loin s’en faut. Du défilé de monstre sur base d’orgie gore, avec une cohérence qui se fout la malle : on passe de difficulté à marcher, puis après de lourdes séquelles supplémentaires, la capacité à courir et encaisser de terribles coups. Le monstre sur scène m’a totalement sorti de l’histoire entre son accès jamais remit en question, puis le public qui réagit tellement tardivement. Un auto sabotage historique, transformant une idée géniale qui peinait déjà à tenir la longueur, en un délire gore stupide. Un saccage, tout simplement.

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Emilia Pérez


Emilia Pérez
2024
Jacques Audiard

Récompensé à Cannes, aux Golden Globes et bientôt aux Oscars, le film me faisait pourtant peur au plus haut point. Entre un réalisateur dont je n’aime que peu le travail, son côté comédie musicale, genre que je déteste, et son sujet portant fièrement la bannière du wokistant, ce qui a le dont de m’énerver quand le thème est souvent juste là pour des questions d’inclusivité vomitive, il y avait donc de fortes chances pour que le film me soit totalement hermétique. Oui mais voilà, tout le monde en parle, multirécompensé, donc impossible de l’ignorer.

L’histoire semble une vaste blague, et pourtant non. On y suivra Rita (Zoe Saldana), une avocate qui sera engagée par un baron de la mafia mexicaine pour organiser sa transition, souhaitant devenir une femme. Après quelques mois dans sa nouvelle vie en tant que Emilia Pérez, elle va tenter de recréer son foyer avec sa femme (Selena Gomez) et ses deux enfants.

Ô surprise, j’ai détesté. Passons rapidement sur l’aspect comédie musicale : aucune chanson à sauver de tout le film, rien de ne serait-ce que sympathique musicalement, et la fameuse Emilia ne sait tout simplement pas chanter. Aie. Côté mise en scène, c’est prétentieux au possible, faisant de la symbolique avec des sabots de trois tonnes. Pour les actrices, c’est correct pour la plupart, sauf toujours pour Emilia, à la transformation cauchemardesque qui ne trompera personne. Reste le scénario, carrément lamentable. L’évolution des personnages est inexistante, avec une conclusion minable qu’on peinera à croire tant c’est mauvais. Pas étonné de voir Netflix diffuser cette merde aux Etats-Unis, les thématiques s’alignent parfaitement avec la ligne éditoriale, et les cinémas n’allaient pas risquer des émeutes face à ce genre de contenu. Bref, c’était attendu, mais peut-être pas à ce point.

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Exhuma


Exhuma
2024
Jang Jae-hyun

Voici le plus gros succès annuel de la Corée du Sud, un immense carton avec près de 85 M$ dans le monde, dont 80,5 M$ rien qu’à domicile. Des scores certes légèrement moindre que Un p’tit truc en plus et Le Comte de Monte-Cristo, ayant tout deux passé la barre des 100 M$ mondiaux, mais qui montre que la Corée est bien un des plus grands pays au monde en termes de cinéma et de rayonnement culturel. Si la reconnaissance critique est certaine, l’exportation du film reste néanmoins difficile, n’ayant eu qu’une sortie très limitée en France sur deux jours en septembre, et son sujet l’explique fortement.

Si en occident on parlerait de superstition, c’est là bas bien plus qu’une tradition, c’est une culture profondément ancrée et importante. L’exhumation des corps est récurrente, l’âme du disparu étant parfois troublée par la terre accueillant ses restes, et pratiquer des rituels pour accompagner l’esprit dans l’autre monde n’est pas une tâche à prendre à la légère. Une équipe spécialisée va se voir confier une mission au bord de la frontière, sur une haute montagne reculée, y découvrant une tombe cachée aux ornements royaux. Mais ce sera là la plus moindre de leurs surprises et de leurs problèmes.

Le film n’est pas évident à appréhender. La première heure sera déroutante, pour ne pas dire ennuyeuse d’un point de vu européen : on doute de tout, pensant sûrement à du charlatanisme, des superstitions de balivernes, alors qu’au contraire, le film est très sérieux et que ce genre de sujet ne prête pas à rire en Corée. Un décalage culturel, créant une barrière qui mettra du temps à se dissiper, d’autant que les mythes sur les pieux de métal, l’ancienne guerre des Corées avec le Japon, ou encore les cinq éléments asiatiques, tout cela rend l’histoire carrément hermétique de prime à bord. Mais peu à peu une magie se crée : celle du cinéma. Des images magnifiques, une réalisation superbe, des images qui resteront longtemps gravées dans ma mémoire, et surtout un dernier tiers qui pousse tous les curseurs au maximum avec de vraies visions d’horreur remarquables. Je n’ose imaginer la puissance d’une telle œuvre auprès de personnes acquises à la cause et qui profiteront pleinement de l’histoire sans avoir de préjugés ou de manquement culturel. Du grand cinéma, assurément, mais faut-il encore adhérer à l’histoire, ce qui n’a malheureusement que partiellement été mon cas.

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Memories of Murder


Memories of Murder
2004
Bong Joon Ho

Second film mais premier vrai succès dans la carrière du désormais célèbre Bong Joon Ho qui a gagné il y a cinq ans l’Oscar du meilleur film (pour Parasite, un film d’une médiocrité pourtant confondante), il fait parti de la liste des œuvres majeurs sud-coréennes, et en bon cinéphile il était grand temps que je le rattrape.

L’histoire va nous replonger au cœur des années 80, alors qu’un cadavre de jeune femme sera retrouvé par la police locale, qui s’empressera bien vite de tout mettre sur le dos du simplet du coin. Seulement voilà, un agent de la capitale va les rejoindre, bien décidé à mener une vraie enquête, y voyant des liens troublants avec d’autres affaires de disparition.

Faire d’une histoire vraie de serial killer une comédie loufoque était osée, pour ne pas dire une insulte à la mémoire des victimes, mais le résultat s’avère très divertissant. Vérolée par la fainéantise et la stupidité, la police locale se verra mettre le nez dans sa propre merde par du personnel compétant, capable de brancher deux neurones pour mener une enquête un minimum sérieuse. La dissonance est très amusante, quoiqu’un peu lourde quand elle vient carrément entraver le scénario. On pensera au témoin primordial, mort par pure connerie, d’autant que malgré son ton léger et le curseur poussé à fond niveau bêtise, le film sait aussi se montrer sérieux et entraînant face à un danger loin de faire rire. Un style vraiment unique, alliant humour cocasse irrévérencieux et film policier avec une vraie tension. Parfois l’un empiète trop sur l’autre, dans un sens comme dans l’autre, mais l’équilibre tient globalement du miracle. Un soulagement pour ma part tant sur cinq films du réalisateur, c’est le seul avec Okja que j’ai réussi à apprécier.

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Snatch


Snatch
2000
Guy Ritchie

Petit retour sur ce qui est considéré comme un incontournable de la carrière d’un réalisateur qu’on pourra qualifier de très inconstant, à qui l’on doit de très belles réussite comme les Sherlock Holmes, de la grosse merde comme Revolver (d’après mes souvenirs) ou du pur produit de yes man comme Aladdin. Son heure de gloire semble définitivement passée, peinant à retrouver le chemin des salles de cinéma en dehors de productions tentaculaires où son style sera assurément totalement effacé, devant signer – on souffle très fort – encore un live-action Disney, Hercule en l’occurrence.

Des mafieux, des gitans, Londres, un diamant. Alors qu’un mafieux américain envoie son poulain (Benicio Del Toro) à Londres pour assurer la vente d’un diamant de grande valeur, un certain Turkish (Jason Statham) va tenter de mettre la main sur le butin, comme bien d’autres, sans savoir qu’une histoire de box (avec Brad Pitt) allait l’accaparer salement.

Le scénario est, avouons le, carrément mauvais. De bons gros clichés de mafieux / truands avec de l’écossais, de l’américain, du vilain russe et des gitans pas fiables, rien de bien nouveau sous le soleil, et on croirait même une parodie de Pulp Fiction. Et c’est en fait la force du film : il s’assume clairement comme de la pure autodérision, ne prenant rien au sérieux, et les clichés sont justement là pour appuyer ce côté parodique. Et l’humour marche assez bien, bien qu’un peu trop dans le comique de répétition, ce qui rend à la fois l’histoire et les gags méchamment prévisibles, et par extension le film en devient un peu long. Le cadre et l’univers choisi sont également un peu lassants, et l’efficacité rythmique du réalisateur est encore loin de ses meilleurs films. Sympathique, mais vite limité.

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Les Chambres rouges


Les Chambres rouges
2024
Pascal Plante

Qu’est-ce qu’une chambre rouge ? Probablement ce qu’on peut imaginer de pire de la part d’une humanité qui ne l’est parfois pas : une visioconférence sur le dark web pour assister au viol et meurtre de jeune filles à peine dans l’adolescence. Dans ce film canadien, il sera justement question d’en découvrir les dessous au travers d’un procès auquel vont assister de leur propre chef deux jeunes femmes particulièrement perturbées, l’une étant tombée amoureuse du présumé coupable, et l’autre étant fascinée par le mode opératoire.

L’idée de voir un tel procès était prometteur, le résultat le sera beaucoup moins. Déjà l’approche même du film pose problème : les psychopathes fascinées par des tueurs ou les procès en eux-mêmes ne suffit pas, on passe à côté du vrai sujet, d’autant qu’on attend tout du long une révélation sur pourquoi une telle fascination de la part de l’héroïne. Révélation qui n’arrivera jamais, donc il n’y aura pas légitimité autre que la quête de vérité, certes noble, mais un peu déplacée et allant bien trop loin par moments. On élude donc une grande part du procès, et l’ensemble n’est que peu justifié, manquant de liant autre que la folie. Difficile donc de déborder d’enthousiasme.

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Joker : Folie à Deux


Joker : Folie à Deux
2024
Todd Phillips

Voilà qui devait assurément être l’un des temps forts de l’année cinématographique 2024, et elle le fut largement, mais à l’opposé totale des attentes. Alors que le premier film compte parmi les projets les plus rentables de l’histoire, 55 M$ de budget pour près d’un milliard au box-office mondial, avec des critiques dithyrambiques, l’annonce d’une suite plus folle, prenant place dans le célèbre asyle d’Arkham, reformant le duo avec Harley Quinn, c’était une réussite assurée, ou presque. Contre toutes attentes, la campagne marketing fut presque timide, cachant d’ailleurs un côté « comédie musicale » surprise, et la sortie alla de mal en pire, dans des propensions absolument historiques. Des préventes US à 7M$, laissant entendre du 60-70 M$ sur le weekend, peut-être à peine 200 M$, contre 335 M$ pour Joker. Puis 20 M$ le premier jour, laissant craindre du 55 M$ sur le weekend, 150 M$ en fin de carrière. Puis un résultat provisoire annoncé à un abyssal 40 M$, soit l’un des pires maintient jamais vu, avant que le résultat final s’avère finalement de 37 M$, soit bien un record de fuite des spectateurs. De là les pronostiques s’affolèrent, laissant entendre une chute de peut-être 70% par rapport au premier film avec moins de 100 M$. Et rien ne pouvait nous préparer au verdict final : 58 M$ en fin de carrière, soit une baisse de 83%, et le reste du monde n’a pas arrangé grand chose. En France le score a été divisé par 7, à l’image d’un peu partout ailleurs, pour seulement 206 M$ au total, donc moins de 80 M$ après frais de distribution, pour du 190 M$ de budget hors promo. On parle de 150 M$ de pertes, ce qui est absolument délirant. Que s’est-il passé ?

L’histoire prend place peu après l’arrestation d’Arthur Fleck (Joaquin Phoenix), désormais connu comme le Joker, la voix du peuple face à un monde qui part en vrille, et dont il a été désigné malgré lui comme le représentant de cette folie grandissante, ayant vocation à faire éclater le système. Vraiment ? Pour lui pas du tout, n’étant qu’un minable ayant craqué sous la pression de sa vie pathétique, mais pour plaire à une autre internée, Harley Quinzel (Lady Gaga), il va devoir renfiler son costume de clown.

Après avoir vu le bon mais surcoté Joker, j’attendais de voir enfin le personnage dudit Joker exploser, devenir vraiment ce psychopathe si dangereux qu’on aime craindre. Mais non, au contraire même, cette suite va entretenir et développer cette image de minable persécuté, en le faisant être un martyr contre sa propre volonté, une réalité alternative où le Joker se refuse de devenir cet antagoniste fou, semant le chaos dans tout Gotham. Une sacrée frustration pour tous les fans de comics, mais ça n’en fait pas un mauvais film. En revanche, faire d’Harley Quinn une groupie sans autre personnalité que la fascination toxique, ça c’est déjà plus problématique. De même, on tient là une légère revanche face aux plans contrariés du troisième opus du Dark Knight, voulant faire du procès du Joker son pivot central, mais le résultat est une vaste fumisterie, aussi peu drôle que les blagues du looser Arthur, sans avoir le moindre rebondissement au jeu de joute oratoire à nous servir. Reste ensuite le style comédie musicale, un ratage, tout simplement. Les chansons sont nulles, hors de propos, mal amenées, et Joaquin Phoenix dénote bien trop à côté de Lady Gaga. Et mon dieu le rythme… C’est lent, la réécriture du mythe est une trahison, pour un résultat ennuyeux, et le côté musical, pas déconnant non plus par rapport à la folie dépeinte, est raté. Au passage, c’est quoi ce bordel ? 190 M$ pour trois décors basiques, aucun effet spéciaux ni la moindre séquence d’action ? C’est grave de se gaver comme ça, ça se voit bien trop que l’argent n’a pas été utilisé devant la caméra… Un ratage qui reste amusant : une suite pas très utile, purement mercantile, qui se transforme en gouffre financier terrible. Cheh !

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La Zone d’intérêt


La Zone d’intérêt
2024
Jonathan Glazer

Voici la preuve que l’humanité est condamnée. Non pas par rapport aux heures sombres « abordées » dans le film, mais plutôt à cause du fait qu’une sombre merde pareille, l’un des films les plus chiants et superficiel vu de ma vie, soit à ce point acclamé avec moult récompenses, notamment l’Oscar du meilleur film étranger. Dire qu’il était nominé également dans les catégories principales… Quelle fumisterie !

On suivra la famille d’un général Allemand (sa femme étant campée par Sandra Hüller) chargé du camps de Auschwitz : ses baignades, ses repas, son quotidien.

Dénué de scénario, tout le principe du film est de choquer le bobo gauchiasse décérébré ne se doutant pas un instant que les allemands de l’époque étaient des êtres humains, avec un quotidien affolant de banalité et qui se rendaient au travail comme si la propagande d’alors était efficace, qu’ils croyaient réellement faire leur devoir de citoyen. Putain, les bras m’en tombent ! Il ne se passera donc absolument rien de tout le film, pas la moindre intrigue, un quelconque soubresaut narratif : de la pure mort cérébrale. Mais quitte à faire de la branlette intellectuelle, le film y va fort, à grand renforts d’imagerie froide et millimétrée à la Kubrick, de plan fixes assommants, avec continuellement en fond des cris d’agonie, de gens fusillés, de four embrasant le ciel de nuit, rappelant en permanence avec une subtilité pachydermique qu’on se trouve à côté de Auschwitz. La fin est même hilarante tant le coup du musée et de la symbolique de la descente aux enfers est d’une lourdeur affolante. Un projet à l’arrivisme tellement cynique que c’en est prodigieux, presque autant que le film est prodigieusement chiant et d’un vide abyssal.

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