Le Seigneur des Anneaux : La Guerre des Rohirrim
2024
Kenji Kamiyama
Alors que je l’avais placé top 9 de mes plus grosses attentes culturelles de 2024, le film en restera l’une des plus amères déceptions. Alors qu’une première bande-annonce avait été montrée près de trois ans avant la sortie, les promesses étaient dantesques : batailles colossales, animation très travaillée pour une ambition certaine. Et j’en étais resté là, pour éviter de trop en savoir avant la sortie, loin de me douter que le projet initialement montré avait été purement et simplement jeté à la poubelle au profit d’une version style animation japonaise, très éloignée des visuels de départ, et au budget ridicule pour un projet estampillé Seigneur des Anneaux, l’une des sagas les plus mythiques du cinéma.
Vous rappelez-vous le moment le plus épique de toute la trilogie, le Gouffre de Helm ? Eh bien le film va nous replonger près de 200 ans plus tôt, alors que le roi du Rohan, justement prénommé Helm, va devoir faire face à un vassal renégat en quête de vengeance.
Sur le papier, le film n’avait déjà plus rien à voir avec les promesses initiales, ne faisant plus que du fan service minable pour teaser un retour au lieu de l’affrontement au sommet entre une centaine d’homme face à une armée de 10 000 orcs de synthèse, plus forts et plus terrifiants. Et comment dire à quel point la comparaison fait mal, nous replaçant face à des enjeux inexistants (oh la la, la princesse qui refuse le mariage et le prince en fuite qui refuse de faire face au résultat d’un duel dans les règles de l’art) et face à un combat autocentré sur des hommes, délaissant totalement le côté fantastique de la Terre du Milieu. D’ailleurs, outre la scène d’ouverture qui racole pitoyablement façon Nausicaa, mais sans en effleurer le millième de la poésie ou de l’impact thématique, il faudra attendre près de une heure trente de métrage pour qu’un quelconque élément fantastique fasse irruption, et c’est là encore problématique : rien en sert à rien. Du clin d’œil lourd qui nous sort du film tant c’est hors sujet. Reste alors un film d’animation immonde, à la fluidité de mouvement inexistante, constamment humilié par sa technique atroce entre des décors en 3D à peine correct, mais dont le style ne marche jamais à aucun instant face au style jap animation des personnages, semblant posés sur des fonds mal incrustés. Même les musiques iconiques semblent gâchées, lancées aléatoirement sans leur souffle épique d’origine, avec presque une peur des droits d’auteur ou l’on ne sait quoi tant elles dépassent rarement la poignée de secondes. Une histoire soporifique, une ampleur d’action risible, une direction artistique aux fraises, mais surtout une technique d’animation affolante de nullité. Un ratage historique, nous donnant envie de laver très vite cet affront en se replongeant dans la trilogie originale qui n’a de cesse que de se bonifier avec les années.