Johnny English contre-attaque

Johnny English contre-attaque
2018
David Kerr

Très fan de l’humour British et trouvant que Rowan Atkinson a un pouvoir comique énorme, j’ai toujours voulu y croire, mais le passé n’est pas très glorieux. Troisième opus d’une saga parodiant l’espionnage, Johnny English avait un certain potentiel, mais jusqu’à présent l’inspiration faisait défaut, les gags étant éculés et le scénario désastreux. Avec un budget en baisse et des recettes identiques, il y a fort à parier que le pire agent secret reviendra, mais à quoi bon…

Cette fois devait être la bonne : le MI7 avait enfin réussi à se débarrasser de Johnny English (Rowan Atkinson), reconverti en professeur de collège. Seulement voilà, la base de donnée contenant l’entièreté des agents actifs va être piratée, et pour enquêter dessus il fallait donc faire appel à un agent qui n’y figurait plus. Le dernier recours pour la première ministre (Emma Thompson), désespérée de devoir confier la sécurité du pays à un individu pareil.

On pourra se consoler sur au moins un point : si le pitch du film est anecdotique, il a le mérite de justifier le retour de Johnny, et pour une fois les réactions qu’il suscite sont raccord avec son personnage. Et pourtant, même si c’est malgré lui, il n’a jamais été aussi efficace, prenant même certaines bonnes décisions consciemment ! Le personnage de Jake Lacy ne trompera personne et Olga Kurylenko est pratiquement réduite à l’état d’objet sexuel, servant juste d’atout charme telle une James Bond girl, faisant de l’écriture du film une vaste blague, mais au moins ça a le mérite d’être cohérent. Un peu à l’image du gag sur la réalité virtuelle, une hérésie de hasard dans la pratique, mais admettons. Pourquoi pas, au moins c’est à peu près drôle. Le film est toujours dans cette inconfortable zone de dérangement, donnant un ressenti mitigé entre l’amusement et le grotesque absurde, gênant même, des situations. La tandem avec Bough marche plutôt bien, mais étant absent du second volet, son retour a moins d’impact, le public l’ayant largement oublié en deux décennies. Sans rire jusqu’aux éclats, le film arrivera à nous arracher tant bien que mal quelques sourires, un peu forcés à cause de la lourdeur générale. C’est peu, mais mine de rien c’est probablement le moins mauvais de la saga.

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En eaux troubles

En eaux troubles
2018
Jon Turteltaub

Voilà ce qui s’annonçait comme l’un des blockbusters les moins intéressants et les plus dangereux commercialement de l’été. Faire un énième film de requin en rappelant un ancêtre préhistorique démesuré sonnait comme de la série B pathétique, et lui accorder un budget faramineux de 130 M$, ce qui est pratiquement le triple de la moyenne des recettes des films où son acteur vedette Jason Statham tient le premier rôle, était tout simplement une aberration. Alors certes, le film s’est notamment gavé en Chine où il a rapporté près du tiers de ses recettes, mais avec 530 M$ dans le monde, ce qui sonnait comme une grosse blague s’est avéré être un coup de génie monstrueux. La preuve qu’il y a l’art et la manière.

À priori scientifiquement irrecevable, mais théoriquement fascinant, le film repose sur une idée assez dingue : et si le fond des océans n’en était pas un ? Persuadée que le fond marin n’est en réalité qu’une inter-couche, un peu comme une plaque de calcaire (posée expressément par dame nature ?), une équipe de scientifiques va chercher à en percer les mystères, loin de se douter du drame qui allait survenir. En effet, en créant une brèche dans ce fond marin, ils vont libérer un Mégalodon, requin géant préhistorique de plus de vingt mètres de long, désormais plus grand prédateur de notre ère.

Alors oui, bien sûr, le film est avant tout un grand spectacle proposant un monstre de taille gigantesque, rendant terrifiant tout ce qui est en contact avec de l’eau. Tout n’est pas la démonstration, créant une ambiance en plus de la violence de la confrontation, et le rendu à l’écran est impressionnant. Sur la forme, le film est donc évidemment ce qu’il se targuait d’être, mais sur le fond le film est finalement bien plus intéressant qu’il n’y paraît. Déjà son idée de base sonne crédible, même si on se doute qu’elle ne l’est pas. Les personnages dépeints arrivent eux aussi à nous convaincre, car malgré quelques stéréotypes ambulants, la sincérité semble là, créant une certaine affection, et on se surprend nous-même à vouloir voir avancer l’histoire entre le héros et la mère célibataire. Le film joue assez intelligemment sur nos attentes, ménageant avec brio certains effets de surprise. En terme d’écriture le constat est contre toutes attentes excellent, reposant sur un scénario solide, des personnages réussis et des dialogues drôles et percutants. On peut même lire une critique du capitalisme, voir un message un peu végane. Plus qu’un divertissement d’envergure, le film arrive aussi à proposer une histoire cohérente et intéressante, une prouesse à louer.

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Final Fantasy VII – Advent Children

Final Fantasy VII – Advent Children
2005 (et 2009 version Complete)
Tetsuya Nomura, Takeshi Nozue

Alors qu’aucun épisode numéroté ne se situe dans le même univers ni n’intègre aucun personnage d’un quelconque autre jeu numéroté, les gens n’ont visiblement pas comprit que Final Fantasy, ça n’est pas une longue histoire déroulée sur une pléthore de jeux, mais bien une foultitude d’histoires indépendantes ayant pour seuls points communs quelques noms d’objets, quelques mêmes monstres du bestiaire, des magies et invocations identiques. Bref, c’est avant tout un héritage lexical, brièvement aussi en terme d’ambiance et de style, mais chacun ayant son propre style visuel et univers, la licence véhicule plus un savoir-faire qu’un style établi et fixe. Entre ceux ne connaissant pas la saga et ceux qui n’ont pas compris que le film n’avait aucun rapport à avoir avec les jeux et pouvait s’autoriser une dépendance totale, le film Les Créatures de l’esprit fut un échec cuisant, et c’est là qu’intervient ce film. Puisque l’originalité n’avait pas payé, voici donc une suite sous forme de long-métrage à leur plus gros succès de tous les temps : Final Fantasy VII, qui avec ses diverses sortie a cumulé pratiquement dix millions de ventes dans le monde.

Même si la tentative de Marlène de resituer le contexte, il faut partir du principe que la personne regardant le film connait le jeu, sans quoi elle passerait assurément un assez mauvais moment. Quand il y a autant de personnages et aucune présentation ni développement, ce qui est largement problématique dans le cas de nouveaux arrivants, c’est clairement qu’on ne prend pas en compte la possibilité d’un public là par hasard, ou débarqué en cours de route. Se déroulant deux après l’affrontement dans le cratère nord, le film part d’un postulat assez intéressant et raccord avec la fin du jeu qui annonçait grosso modo la fin de l’humanité d’ici 500 ans (à moins d’une évolution à la FFX) : puisque la Terre a failli mourir à cause des humains, pour s’en prémunir à l’avenir notre planète a décidé de nous éradiquer. Par la rivière de la vie qui coule en toute chose, notre planète a disséminé une toxine mortelle : les stigmates. Un climat de peur et de désespoir s’est alors installé, et trois autres expériences d’Hojo se sont échappées et entendent bien tirer parti du chaos pour poursuivre le combat de Séphiroth.

La première fois que j’avais vu ce film, j’étais comme un dingue. Les combats sont dantesques, graphiquement le film est magnifique, je retrouvais mes personnages adorés et les musiques cultes du jeu. Depuis la magie s’est ternie, le jeu ayant passablement mal vieilli, pas tellement au niveau visuel (la version PC agrémentée de quelques mods permet même d’avoir un rendu à la fois très fidèle et moins hideux) mais surtout au niveau de son histoire. Entre une localisation française pas top, des longueurs et des personnages au fond assez creux, c’est probablement l’épisode le plus mal écrit de sa génération (VIII à revérifier, mais le IX a des personnages bien plus profonds, et son scénario, certes plus simpliste, est néanmoins plus cohérent et solide). Le vide des personnages est dans ce film criant à souhait, les turks étant des comic-relief usants, Cloud est l’éternel dépressif avec deux de tension et zéro d’émotion, et ses acolytes sont des stéréotypes en puissances entre Barret la grosse brute au grand cœur (pas ressemblant pour un sou à sa version dans le jeu au passage), Youfie la waifu pure jus, Tifa la grognasse transie d’amour (on sent que Sakura en est largement inspirée), pour ne citer qu’eux. Et que dire du méchant iconique Séphiroth sans qui la franchise n’arrive pas à exister ? Pour en revenir encore à FF IX, dans le genre création qui pète un plomb, Kuja était mille mieux travaillé. Là on a trois méchants lambda, sortis d’on ne sait où, faisant complètement n’importe quoi dans un hasard complet, simplement poussé par « la volonté de Séphiroth ». Le scénario est plat, son idée de base n’étant pas correctement développée, et les incohérences sont légion. Les deux plus énormes sont l’utilisation d’une matéria bleue pour faire à la fois de la magie et une invocation (pauvre Bahamut sorti tout droit de Power Rangers… ), mais surtout le combat de fin où Cloud est seul, comme dans le jeu. Là aussi le problème était de taille, et avoir Tifa en soutien aurait était magnifique, mais encore une fois, au risque qu’il meurt comme un con, on le laisse tout régler. C’est usant, ça ne va nulle part, ça ne raconte rien. Alors oui, c’est visuellement superbe, la VF est excellente, quelques idées de design sont top, les combats en jettent un max et on a plaisir de revoir cet univers qui a bercé nos jeunes années de joueurs, mais le film en lui-même ne vaut pas grand chose. Du divertissement fan-service pur et dur, et il faut espérer que le remake a venir sera moins fainéant sur le fond, sans quoi la désillusion sera fatale.

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The Passenger

The Passenger
2018
Jaume Collet-Serra

Fatigué des films d’action et ayant franchit la barre des 60 ans, Liam Neeson avait déclaré vouloir prendre ses distances avec le genre après Taken 3, mais c’était sans compter sur le réalisateur Jaume Collet-Serra, qu’il retrouve pour la quatrième fois. Après le vol d’identité et le huis clos en avion, leur troisième collaboration fut une douche froide, dénuée de concept et proposant un polar classique et ultra décousu qui se prit une claque au box-office. Cette fois on revient à un pitch plus marqué, à défaut d’être original puisqu’on a déjà deux films d’action en train : L’attaque du métro 123 et Unstoppable.

Chaque nouvelle génération qui arrive est encore plus cupide, opportuniste et dénuée de morale. Après une carrière comme policier, Michael (Liam Neeson) s’était reconverti dans les assurances, prenant depuis dix ans le même train pour se rendre à son travail. Ayant déjà un crédit sur sa maison et sur sa voiture, il passait déjà un moment difficile avec l’entrée en université de son fils, et le changement de direction, avec à la tête un jeune con constatant simplement qu’un employé âgé est plus cher et moins efficace, ne pouvait pas tomber plus mal. Quand une étrange dame (Vera Farmiga) va lui proposer cent mille dollars en échange d’un petit service, la tentation sera grande, loin de se douter dans quoi il allait s’embarquer sans même le vouloir.

Enquête en huis clos dans un train avec de grosses séquences d’action, voici cette combinaison gagnante à mi chemin entre Le Crime de l’Orient-Express et Non-Stop, même si le scénario ne sera pas aussi retord, de même que l’action sera un peu moins extrême, bien que largement efficace. Dès le début le film rassure sur sa qualité, tant au niveau de l’écriture que du jeu des acteurs, puisqu’en moins de dix minutes le film arrive à dresser un portrait plus large et plus probant des principaux problèmes du modèle américain que dans l’entièreté du film Lady Bird, pourtant entièrement centré dessus. On découvre alors un casting assez dingue, comprenant Sam Neill, Elizabeth McGovern, Jonathan Banks ou encore Patrick Wilson. Mieux encore, le film a l’intelligence de n’en placer aucun dans le train, à part brièvement un habitué, évitant le syndrome Mentalist, série où le coupable (ou personne à trouver en l’occurrence) de l’épisode était systématiquement le seul acteur vaguement connu. Un concept pas forcément si original, mais au moins le film le traite efficacement, ça reste globalement cohérent, et pas une fois on ne décrochera entre le rythme effréné et le suspense haletant. Une bonne cuvée du genre qui fait plaisir.

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Le Juge

Le Juge
2014
David Dobkin

Depuis la sortie des Avengers en 2012, mise à part une courte apparition dans le film d’un ami, cela fait précisément un lustre qu’à une exception près un grand acteur se retrouve cantonné à endosser inlassablement le même costume (qu’il s’apprête à remettre pour la dixième fois en avril). Il faut dire qu’il n’est pas donné à tout le monde de se payer Robert Downey Jr. tant son cachet est le plus élevé de l’histoire du cinéma, s’élevant ici à 40 M$, soit plus de la moitié du total de 70 M$. Le voir dans un autre registre fait du bien, et les arts oratoires démontrés dans les films de procès m’ont toujours fascinés.

Avocat émérite à qui tout réussi sur le plan professionnel, pour Hank Palmer (Robert Downey Jr.) d’un point de vue familial le constat est bien plus amer. En instance de divorce, il doit se rendre dans son village natal pour y enterrer sa mère, l’occasion de certes revoir ses frères (incluant Vincent D’Onofrio), mais aussi malheureusement l’obligation de revoir son père (Robert Duvall), un juge impitoyable au tribunal comme dans la vie, et qui n’a jamais aimé que lui-même. Une rude épreuve, mais qui ne sera que le début d’un long combat : alors qu’il pensait rentrer tranquillement chez lui, Hank va recevoir un coup de fil pour le prévenir de la mise en examen de son père, suspecté de meurtre avec préméditation. Les preuves sont accablantes et la partie civile va faire appel à un avocat de renom (Billy Bob Thornton), ne laissant aucune chance au bougre plaidant son innocence. Conscient que sans lui il n’a aucune chance, Hank va accepter de rester pour l’aider.

Entre le procès plein de rebondissements et de tirades inspirantes, l’affaire de famille qui fera ou non écho en vous, ou encore dans une ville natale oubliée avec les souvenirs qui refont surface, il y avait effectivement moult thèmes à aborder et développer. La durée avoisinant les 140 minutes n’est donc en rien une surprise, et ce temps est judicieusement mis à profit pour décrire tout le cheminement d’une vie. On a la fille de Hank, brillamment interprétée par Emma Tremblay, pleine d’espoir et qui appréhende le monde avec un regard émerveillé. La quête de soi et la découverte du monde est abordé au travers des histoires sur le passé, mais aussi un peu grâce à Carla (Leighton Meester), la fille de l’amie d’enfance de Hank (Vera Farmiga). Le héros symbolise lui la vie adulte, pleine d’obligations, de compromis et de désillusions, puis la boucle prend fin avec le père, qui lui doit tirer un bilan de son existence, confronté à sa déchéance mentale et physique, devenant l’enfant de son propre enfant prenant soin de lui. Les acteurs sont excellents, le film sonne juste dans chaque thème qu’il aborde, et le procès est maîtrisé de bout en bout avec ce qu’il faut de répliques marquantes et de rebondissements. L’originalité manque parfois, et sans aller jusqu’à dire que l’histoire est prévisible, on ne peut pas non plus dire qu’elle ne l’est pas vraiment, mais ça reste un travail remarquable de précision et d’intensité. Un maître du genre.

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Le Brio

Le Brio
2017
Yvan Attal

Succès critique et publique, le film avait terminé sa course au delà du million d’entrée, et en plus d’avoir glané de nombreuses nominations aux Césars, il offrit à son interprète féminine le prix de l’espoir de l’année, sacrant ainsi un parcours plus que méritant. De tous les arts qui soient, l’éloquence étant l’un des plus utiles, il y avait donc de nombreux arguments pour titiller ma curiosité, et je dois bien dire que je n’ai pas été déçu.

Comme on dit toujours, la chance ça se provoque, mais les choses n’étaient pas bien parties pour Neïla (Camélia Jordana), jeune étudiante en première année de droit dans la prestigieuse université d’Assas. Jeune maghrébine de quartiers difficiles dans un univers rempli de bourges dédaigneux, son retard à son tout premier cours ne passera pas inaperçu, poussant son professeur Pierre Mazard (Daniel Auteuil) à la taquiner plus que de raison. Pas du genre langue de bois, et fort d’une expérience où les enfants d’émigrés ont un taux d’échec particulièrement élevé, il va quelque peu déraper et pousser la provocation un peu loin, au point de se voir passer en conseil de discipline. Pour tenter de rattraper le coup et se faire bonne figure, il va prendre Neïla sous son aile pour la faire participer à un concours d’éloquence.

Comme tout talent, tout art, on excelle qu’en pratiquant ardemment. Trop souvent dépréciés ou snobés, les arts oratoires sont pourtant la pierre angulaire d’un pouvoir séculaire. Si certains de nos dirigeants ou politiciens maladroits, que dis-je, gauches, ont la fâcheuse tendance de nous le faire oublier, c’est par la parole qu’on rassemble, qu’on convainc, qu’on écrit le destin. Si la plume faillit quelques fois, elle reste du plus belle aloi. Le tandem manque parfois d’honnêteté, mais jamais d’intensité. Les acteurs sont très bons, peu tiendraient la comparaison. Bref, le film est inspirant, il sonne juste à chaque propos abordé et les acteurs semblent investis. Globalement peu de surprises mais un scénario assez solide avec une fin très réussie, arrivant à tirer les meilleurs enseignements possibles. Un grand merci pour cette leçon de cinéma et de vie.

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Darkest Minds : Rébellion

Darkest Minds : Rébellion
2018
Jennifer Yuh Nelson

Note à moi-même : ne plus jamais faire confiance aux critiques et au succès en salle pour ce genre de films. Si bien sûr pour chaque The Giver ou Divergente on retrouve en face du Mortal Instrument ou du Septième fils, beaucoup d’adaptations de romans pour jeunes adultes m’enthousiasment au plus haut point. Détruit par les critiques et bide en salle, ce croisement entre X-Men et La 5ème Vague vaut carrément le détour.

Si bien sûr un tel phénomène évolutif ne toucherait qu’une dizaine d’individus et prendrait un bon millénaire – au moins – à gagner l’ensemble du globe – et probablement qu’une part importante de la population ne serait jamais concernée par cette mutation – le film prend place dans un contexte extrêmement tendu où le monde bascule dans la dépression et la folie. Subitement en quelques mois, l’ensemble des enfants du monde entier va se mettre à développer des aptitudes extraordinaires, près de 80% d’entre eux en mourront, et les 20% restant seront traités en fonction de leur dangerosité : les super-intelligents (verts), ceux capables de pouvoirs télékinétiques (bleus) et ceux capables de manipuler l’électricité (jaunes) seront parqués dans des camps, tandis que ceux aux pouvoirs pyrotechniques (rouges) et surtout ceux capables de manipuler les esprits (oranges) seront purement et simplement euthanasiés. Sauvée grâce à ses pouvoirs de persuasion lors de sa rafle, on suivra Ruby (Amandla Stenberg), en cavale suite à la révélation de ses pouvoirs à causes de contrôles de plus en plus poussés.

La suspension d’incrédulité est parfois difficile à accorder. Le principe est excellent, le choix des codes couleurs permet de bien se repérer, même si c’est un peu débile de retrouver comme par hasard la même couleur dans la matérialisation oculaire des pouvoirs, mais le choix pyramidale est douteux. N’ayant pas lu les deux suites, je ne saurais dire si cette théorie peut s’avérer effective par la suite, mais j’aurais personnellement mit les bleus, les jaunes et les rouges au même niveau de dangerosité, les oranges au dessus effectivement, et selon toute logique les verts comme étant potentiellement les plus dangereux. Eh oui : et si, grâce à leur intelligence hors norme, ils comprenaient peu à peu les pouvoirs des autres et apprenaient à s’en servir ? Ça, ça serait la grande classe ! Pour ce qui est du film en lui-même, c’est du teen road-movie classique et efficace avec de la tension, quelques bonnes scènes d’action, de la romance toute mimi avec une Ruby magnifique (encore une fois les acteurs choisis ont une bonne poignée d’années de trop par rapport à leurs rôles) et visuellement la réalisation est pas mal. Le scénario est un peu trop prévisible, notamment concernant mister « gendre idéal » qui avec sa tête de nazi (les parallèles avec la Deuxième Guerre Mondiale sont légion) ne dupera personne, mais ça reste efficace et le concept est bien exploité. De grosses facilités, mais dans sa conception le film se montre solide, aboutissant à un divertissement franchement bon.

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Au Poste !

Au Poste !
2018
Quentin Dupieux

L’humour est une chose difficilement descriptible dans la mesure où ce qui fera rire les uns ennuiera profondément les autres. Quentin Dupieux est assurément un homme qui divise, même au sein de sa propre filmographie puisque tout le monde ne détestera ou n’aimera pas forcément l’intégralité sans nuance. On pourrait plus ou moins qualifier son style d’absurde, et personnellement je n’avais jamais tellement adhéré, sans pour autant le rejeter totalement, y décelant un certain potentiel. Cette fois la bande-annonce me semblait alléchante, le casting énorme, mais quand ça passe pas, ça passe pas.

Contrairement à certains de ces films qui croulent sous les sous-intrigues tarabiscotées, l’histoire est ici plus accessible. On suit Fugain (Grégoire Ludig), un homme convoqué au poste de police car il est le suspect principal dans une affaire d’homicide. Il y sera interrogé par l’inspecteur Buron (Benoît Poelvoorde), souhaitant simplement recueillir sa déposition. Un séjour au poste qui ne sera pas de tout repos, car très vite la situation va devenir encore plus stressante pour Fugain, décidément toujours au mauvais endroit au mauvais moment.

Ce film est une aberration. Au cinéma, tout film qui sort du lot est bon à prendre, et une telle démarche est par principe à saluer. Le film brise régulièrement le quatrième mur, envoie valser certains codes du genre et ne respecte même pas le cadre habituel des longs-métrages, frôlant le statut d’un moyen-métrage avec une durée dépassant de peu les soixante minutes. Sans rien dévoiler de la fin, le film ne se respecte lui-même en tant qu’histoire puisqu’il détruit tous ses enjeux pour définitivement casser tout ce qui pourrait faire de lui un film classique. Le casting, malgré le caractère improbable des personnages, donne tout ce qu’il a et ça fait plaisir, surtout dans le non-jeu, avec parmi eux Orelsan, Marc Fraize, Anaïs Demoustier ou encore Philippe Duquesne, mais encore faut-il y être sensible. Si la durée permet de ne pas trop ressentir l’ennui, le rythme est tout de même affolant, tout piétine à outrance, et c’est là le principe / gag, mais je n’ai tout simplement pas adhéré. L’un des exemples les plus frappant est le visage de Mr Fraize, cyclope qui semble avoir une moitié de visage étrangement flouté, et le résultat est malaisant, volontairement mal fait pour renforcer le côté décalé de l’ensemble. Tant mieux si nombre de gens ont ri devant cet ovni, mais pour ma part ça n’a pas été le cas, loin s’en faut, et je pense que l’univers du réalisateur ne me parlera jamais.

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Top Flop Ciné 2018

Ayant à peu près fait le tour des films que je voulais le plus voir de 2018, il était grand temps de délibérer et de choisir les films qui m’ont le plus plu ou déplu en cette nouvelle année cinématographique. N’ayant pas vu autant de film que pour la précédente année, et ne m’étant pas autant forcé à voir certains films que je pressentais mauvais, je n’ai pas réussi à trouver dix mauvais films, de même que les dix meilleurs de l’année ne m’ont pas tous tellement convaincu, mais il faut bien avouer que la cuvée 2018 était assez pauvre, la faute notamment aux grands favoris des précédents Oscars, sortis de janvier à mars, qui m’ont assez largement laissé de marbre.

Enfin bref, place à la vidéo présentant ces fameux films qui m’ont le plus marqué de l’année, que ce soit en bien ou en mal : https://www.youtube.com/watch?v=Rqi42T33TkQ

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Death Wish

Death Wish
2018
Eli Roth

Quand j’avais vu la bande-annonce, j’étais hypé comme rarement : le film s’annonçait comme drôle, dynamique et violent, avec en prime le retour d’un grand acteur qui avait tendance à se perdre dans les méandres des direct-to-DVD ces dernières années. Finalement, à sa sortie le film a fait un bide et les critiques étaient mauvaises, et pire encore, il s’agissait d’une réadaptation d’un roman qui avait donné Un Justicier dans la ville, un film d’une lenteur terrible et dont le scénario était une vaste fumisterie. Canular qui ne fait plus rire personne depuis une bonne décennie et qui a peu à peu perdu toute crédibilité à force de taper exclusivement sur les mêmes personnes ou sur les échecs au box-office indépendamment de la qualité des films, les Razzie Award ont nominé cette année ce film dans la catégorie pire remake / réadaptation, me faisant dire que peut-être le résultat pouvait être pas mal, et j’étais loin du compte.

On sort d’un restaurant un peu chic, un voiturier qui regarde l’adresse de la maison sur le GPS, une fille qui refuse de se faire violer lors d’un cambriolage et c’est le drame : elle se défend, le psychopathe ouvre le feu. Lui qui avait juré de protéger son prochain en étant médecin, Paul Kersey (Bruce Willis) va retrouver sa femme morte et sa fille grièvement blessée, plongée dans le coma. Face à l’incapacité des forces de l’ordre, que ce soit pour protéger sa famille ou retrouver ceux qui ont fait ça, quand Paul va tomber aux urgences sur un truand blessé par balle portant la montre qu’on lui a volé, il va décider de remonter la piste et de faire justice lui-même.

Alors même que Eli Roth est connu pour ses films d’horreur extrêmement violents et gores, il nous livre ici un film bien plus intelligent et ironiquement moins violent que le film original. Ici la famille est riche et le but premier était un simple larcin, et tout ce serait bien passé s’il n’y avait pas un taré dans le lot. On est loin des trois jeunes psychopathes qui avaient juste envie de tabasser à mort une pauvre femme et violer la fille, qui me semble était en plus très jeune dans la version de 1974. Plus encore, on passe d’une enquête inexistante ne reposant sur rien à quelque chose de beaucoup plus poussé et logique dans la mesure où la criminalité à Chicago semble très forte, les blessures par balle légions, et en tant que chirurgien affecté à ce genre de cas, c’était inévitable. Plus encore, le film rajoute une dimension virale avec le public qui se fascine pour ce justicier de l’ombre, s’attaquant aussi à d’autres criminels néfastes durant sa croisade. Le casting est assez efficace avec deux guests d’envergure : Vincent D’Onofrio et Dean Norris. Niveau rythme le film bombarde comme il se doit dans un bon gros film d’action, et le message sur la violence et le problème des armes à feu aux Etats-Unis est un sujet plus que jamais d’actualité. Bref, le film est une excellente surprise qui maîtrise son sujet, offrant un divertissement terriblement efficace et moins décérébré qu’on pouvait craindre.

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