Meurtre mode d’emploi


Meurtre mode d’emploi
2024
Poppy Cogan & Dolly Wells

Série populaire qui en quelques jours a déjà marqué un temps fort de l’été pour Netflix, il s’agit de l’adaptation du premier roman de Holly Jackson, qui a d’ailleurs poursuivi son histoire avec deux autres romans et une nouvelle, de quoi laisser la porte pleinement ouverte à d’autres saisons par la suite en cas de succès, ce qui est assurément déjà le cas. En espérant que le série ne devienne pas rapidement une auto-parodie à la qualité s’effondrant rapidement comme ce fut le cas avec Elite ou 13 Reasons why.

Tout commença par une terrible nuit à l’été 2019, alors que la jeune Andie Bell fut tuée, bien que le corp ne fut jamais retrouvé. Son petit ami Sal avait avoué le meurtre, avant de se donner la mort quelques jours plus tard. Cinq ans plus tard, le village rend hommage à l’adolescente disparue, et pour son projet de fin de lycée, Pip (Emma Myers) va décider d’enquêter sur cette histoire jamais pleinement élucidée tant les zones d’ombre sont légion, le corps de la fille n’a jamais été retrouvé, et connaissant Sal, elle n’a jamais pu croire à sa culpabilité.

Avoir des adolescents / jeunes adultes enquêter sur un meurtre, ça rappelle forcément des séries comme Elite ou 13 Reasons why, mais la comparaison se ferait surtout avec une série comme Mare of Easttown tant la vie au lycée est très secondaire et surtout tant la structure est similaire. La série est très courte, six épisodes de 40 minutes, et en vérité on tient un bien meilleur Enola Holmes que les films en question puisque l’héroïne Pip est une très digne héritière du légendaire Sherlock. On a là une enquête poussée, qui ne néglige aucune piste, qui part dans tous les sens, avec des suspects crédibles de partout, avec là encore ce sentiment constant que la réponse n’est jamais pleinement satisfaisante. Dès qu’on tient ce qui semble être une vérité absolue, elle n’est en fait qu’une pièce du puzzle qui se dessine peu à peu, sans pour autant pouvoir se résolver avant la toute fin. On notera que Emma Myers s’en sort à merveille, faisant oublier sans mal son rôle d’acolyte énervante dans l’insipide série Mercredi, et son duo avec Ravi, le frère de Sal, est très réussi. Le côté campagne britannique coloré donne aussi un ton plus léger à l’ensemble, renforçant la simplicité estivale qui s’en dégage. Il ne faut donc pas trop chercher un scénario ultra intellectuel, même s’il est assez poussé et crédible, mais on tient là une petite série très sympathique avec une jeune fille pétillante et intrépide qui va quelque peu secouer un village endormi sur ses mensonges et ses non dits.

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Le Cercle des neiges


Le Cercle des neiges
2024
Juan Antonio Bayona

Netflix pensait frapper fort avec ce film tiré d’une histoire vraie, porté par un réalisateur reconnu, aussi peu mérité que soit ce statut. Seulement voilà, le film fut non seulement totalement snobé par les différentes cérémonies lors de la dernière saison, mais en plus le film a fait des scores assez faible sur la plateforme de streaming, malgré des retours très bons. Il faut dire que le genre de la survie est assez classique, et que le seul argument présent ici, outre son réalisateur, c’est le côté histoire vraie sur lequel on reviendra.

Le drame se déroula donc en octobre 1972, alors que 40 passagers et 5 membres d’équipage d’un vol reliant l’Argentine au Chili vont s’écraser dans les hauteurs de la Cordillère des Andes. Pour les survivants du crash, en attendant de possibles secours, il faudra donc, en plus de trouver le moyen de répondre à leurs besoins vitaux, lutter contre un froid des plus intenses.

Si bien sûr on doit réussir à faire le travail mental de se placer en 1972, ce qui est quasi impossible pour des gens qui ont été biberonnés aux histoires de survie, souvent en conditions bien plus difficiles, pour ne pas dire que leur situation est probablement l’une des plus facile jamais vue (nourriture, abri, eau en quantité illimitée). On pardonnera donc non sans râle toutes les erreurs de débutants et le puritanisme complètement déplacé. D’ailleurs, avec plus d’une trentaine de survivants à l’impact, et même globalement tout du long, il sera assez compliqué de s’y repérer puisque la quasi intégralité des passagers étaient des membres d’une même équipe de rugby, donc la quasi totalité du casting est composée d’homme sveltes, bruns, aux coupes de cheveux et style similaire, et ayant presque tous le même âge. Alors oui, les images sont spectaculaires et il est intéressant de voir des gens de l’époque essayer de s’en sortir sans toutes les connaissances qu’ont n’importe quel cinéphile actuel, mais impossible de se sortir de l’esprit qu’un crash similaire aujourd’hui, outre le fait que les secours arriveraient dans l’heure, aurait assurément un taux de survie drastiquement meilleur. De là à dire qu’ils étaient cons… Un film qui sera malheureusement vite oublié tant le genre a connu des œuvres bien plus marquantes et inspirées.

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The Boys – Saison 1


The Boys – Saison 1
2019
Eric Kripke

Si Amazon ne pèse globalement pas bien lourd face à Netflix et que nombre d’abonnements le sont avant tout pour la livraison gratuite, rapide et l’accès aux offres spéciales, ou encore de par sa présence dans les offres de nombreux fournisseurs d’accès comme Free, s’il y a bien une création originale que tout le monde connaît, au moins de nom, c’est bien celle-ci. Si la poule aux œufs d’or n’est pas prête de s’arrêter avec déjà un premier spin-off, Gen V, et un second au Mexique prévu pour 2025, la série initiale s’approche en revanche de sa fin puisque la cinquième, qui pourrait sortir fin 2025 ou 2026, sera la dernière. Et comme à mon habitude, j’aime attendre qu’une fin soit établie avant de me lancer dans l’aventure, de peur que soit le projet ne connaisse jamais de fin faute de succès, ou qu’au contraire le tout s’éternise au point qu’on soit obligé de tout se revoir à un moment donné faute de pouvoir se rappeler du début au moment de la fin.

Des années avant que le terme de « super-héros fatigue » ne soit une réalité, la série avait déjà senti non seulement le besoin de renouveler la formule, mais également de la détourner, et pas qu’à moitié. La série se déroule dans un univers où les supers pouvoirs ne sont pas uniquement une réalité, mais aussi célébrer par tous, notamment aux Etats-Unis où une élite rayonne à travers le monde : les Sept. D’un côté, on suivra Annie (Erin Moriarty), fraîchement honorée d’intégrer cette élite en tant que Starlight, loin de se douter que non seulement elle ne sauverait personne à n’être qu’apparat et marchandising, mais qu’en plus ses collègues sont tous des tarés cyniques et pervers, pour ne pas dire bien plus grave / dangereux. De l’autre, on suivra Hughie (Jack Quaid), qui va justement faire les frais de ces soi-disant modèles de vertu quand l’un des Sept, A-Train (Jessie T. Usher) va justement par « inadvertance » exploser sa petite amie. Il va alors entrer en contact avec le Butcher (Karl Urban), un homme qui a décidé de vouer sa vie à exposer la supercherie des superhéros, de les traquer, les démasquer, et si possible les tuer.

Cette première saison est une claque assez colossale : à contre-pied total de la déification habituelle des superhéros, on les montre ici comme des salops ayant perdu toute notion des réalités, une version exacerbée des ultras riches ne se sentant plus pisser, profitant abondamment et abusivement de leurs positions, avec à chaque fois tellement de nuances que c’en est fascinant. On a d’un côté des connards comme A-Train, le sportif tellement effrayé de ne plus être le plus rapide du monde qu’il ne reculera devant aucun méfait pour rester au sommet, tel un Icare fonçant à pleine allure vers le soleil ; l’homme poisson (Chace Crawford) qui imagine un peu trop le monde a ses pieds et qui va continuellement se manger des retours de bâton très jouissifs (le running des sauvetages est excellent) ; et bien sûr le fameux Homelander (Antony Starr), chef des Sept, censé incarner une sorte de Superman à la vertu absolue, mais qui est en fait de loin le plus gros psychopathe. Côté femmes héroïques, outre Annie qui va tomber de haut en confrontant son rêve de célébrité sauveuse de l’humanité à la réalité purement mercantile, on aura aussi une sorte de Wonder Woman, Queen Maeve (Dominique McElligott), dans le game depuis trop longtemps pour avoir encore la force de lutter contre le système. Un tableau de personnages hauts en couleurs, truculents et clairement intéressants à suivre, auquel s’ajouteront La Crème « Mother Milk » (Laz Alonso) et le French (Tomer Capon) dont la rivalité est amusante, et la rescapée Kimiko (Karen Fukuhara), aussi effrayante que touchante. Cette première saison sera aussi l’occasion de croiser quelques personnages atypiques, comme la machiavélique Madelyn (Elisabeth Shue), n’hésitant pas à jouer à un jeu malsain mère / amante avec Homelander, Giancarlo Esposito en dirigeant de l’ombre, ou encore Haley Joel Osment génial en autodérision totale dans un rôle d’enfant star devenu le pire des loosers.

Globalement l’histoire est très prenante entre tous les personnages très bien traités, les complots politiques / commerciaux, et surtout ce parti-pris de faire des superhéros les pires ordures possibles, avec bien sûr quelques nuances voir arcs de rédemption possibles, car c’est dans la nuance que la pertinence est la plus probante. La quasi intégralité du casting étant des acteurs peu connus (hormis le Butcher), leur découverte n’en est que plus rafraîchissante, et ils s’en sortent de manière spectaculaire. Mention spéciale au terrifiant Homelander dont l’hypocrisie est formidable, capable de jouer une émotion totalement opposée à son ressenti l’air de rien, et dont les soubresauts dans le regard accentuent son instabilité mentale. La narration est aussi d’une immense richesse, car en plus de la trame principale d’exposer l’immense imposture des Sept, tous les personnages ont leurs propres histoires et enjeux capitaux et captivants, et de nouvelles intrigues de fond se dévoilent au fur et à mesure, rendant l’univers vraiment très riche. Côté violence physique et psychologique ça reste gentillet, rien de rédhibitoire à moins d’être vraiment d’une grande sensibilité. Niveau effets spéciaux, la série se donne clairement les moyens, comptant plus d’une scène épique et ambitieuse, et il n’y a définitivement aucun point sur lequel la série va être en défaut, si ce n’est quelques rebondissements prévisibles. De toute évidence, le public a eu raison de faire preuve d’un tel engouement.

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Hanna


Hanna
2011
Joe Wright

Aimant beaucoup l’actrice principale, je voulais voir le film à l’époque lors de sa sortie, mais j’étais passé à côté, la faute à un été abusément chargé avec notamment ni plus ni moins que le tout dernier Harry Potter sorti la semaine suivante, Transformers 3 et Les Tuche la semaine d’avant, et pour sa semaine de sortie le film ne s’est classé que 13° et derrière cinq autres nouveautés dont l’énorme carton Case départ, c’est dire à quel point il était compliqué d’exister au milieu de tout ça. Treize ans plus tard, j’ai enfin pu le rattraper par le hasard du catalogue Netflix, loin de me douter d’à quel point l’attente n’était pas justifiée.

L’histoire est basique au possible : un ancien agent secret, Erik (Eric Bana) se cache depuis près de 17 ans dans une forêt aux confins de l’Arctique avec sa fille, Hanna (Saoirse Ronan). Il l’a entraîné toute sa vie à savoir se battre, se défendre et improviser en chaque situation pour si un jour il arrive quoi que ce soit ou qu’ils décident de tenter de retourner à la civilisation, sachant que depuis tout ce temps, une certaine Marissa (Cate Blanchett) n’attend qu’une chose : les retrouver et les tuer. Se sentant prête, Hanna va choisir de risquer le tout pour le tout et activer le plan de retour dans le monde civilisé.

L’histoire est assez inexplicablement poussive, à ce demander comment un scénario aussi creux et débile a pu être validé. Alors que les deux fugitifs n’ont jamais essayé de divulguer quelque information secret défense en près de deux décennies, et choisissant pour aucune raison de dévoiler eux-mêmes leur emplacement et leur retour, une division entière des opérations secrètes (américaines ?) va être dépêchée pour les traquer. On va alors suivre deux intrigues, celle complètement inexistante d’un père fantomatique – car oui, ils vont décider de se séparer – et celle à contre ton total de la fille. En mode teen movie, on la suivra découvrir les joies de la vie dans une insouciante débile, avec des poursuiveurs non moins stupides, attendant toujours que l’effet de surprise soit impossible et de laisser toujours la fille attaquer la première. Usant, d’autant que rien ne viendra donner de fond à l’histoire : non seulement aucun enjeu ne viendra dynamiser le récit, mais en plus on avance en laissant derrière des personnages dont le sort ne sera jamais traité. Une frustration qui tient plus de l’écriture ratée qu’autre chose. On a donc un concept très limité d’une fille entraînée, et rien n’en sera fait. Juste ennuyeux au final.

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Rebel Moon : Partie 2 – La malédiction du pardon


Rebel Moon : Partie 2 – La malédiction du pardon
2024
Zack Snyder

Si déjà la première partie fut assez cryptique, la seconde fit plus consensus en étant pour tous un rejet massif. Comme quoi, il faut toujours attendre les versions director’s cut quand il s’agit de Zack Snyder, même si cette fois il est vrai, les critiques ont plutôt raison. Passé l’effervescence créative du premier film, cette suite sera bien plus prévisible et assez largement moins ambitieuse, pour ne pas dire carrément décevante.

Comme menacé dès les prémices, et après avoir cru y avoir échappé en croyant avoir tué le général Atticus Noble (Ed Skrein), le Monde Mère va finalement bien débarquer sur Veldt pour réquisitionner toutes les récoltes, et surtout s’attaquer aux rebelles (Sofia BoutellaMichiel Huisman, Doona Bae et Djimon Hounsou). Ils auront donc cinq jours pour se préparer à l’attaque.

Revenons tout d’abord sur cette connerie monumentale qui semble être bien plus un argument ici, alors que simple prétexte pour traquer les rebelles dans la première partie : la récolte. Vu la taille du vaisseau, même s’il semble – point ô combien frustrant car à l’aura mystique aussi incroyable que le design vertigineux et qui ne sera absolument pas abordé – que la « hatefull bitch » de race biotique / synthétique qui sert de moteur puisse potentiellement réduire drastiquement les coûts énergétiques des déplacements dans l’espace, il n’en reste pas moins que le coût d’un tel transport doit assurément être des millions de fois supérieur à quelques tonnes de blés. Un point de départ absolument ridicule donc. Et pire encore, hormis quelques flashbacks des personnages dont il faudra parler, dont le seul intéressant sera celui sur le roi (Cary Elwes) à la naïveté désarmante, l’intégralité des trois heures de film ne tourneront qu’autour de cette querelle de nourriture entre le Monde Mère et les petites paysans. Des bases bien faibles, et il faudra même attendre plus d’une heure entière pour qu’enfin le film démarre. Pour comparer, j’ai d’ailleurs zappé un peu dans la première version de cette seconde partie, sous-titré L’Entailleuse, eh bien plus de la moitié des scènes rajoutées le sont au début, passant donc de 35 à 70 minutes pour simplement voir ce village exister et moissonner les premiers jours, dont une scène de sexe de près de dix minutes qui n’apporte vraiment rien. Or non seulement leurs flashbacks n’apporte rien qu’on ne savait déjà, mais c’est vraiment laborieux et maladroit. Les deux scènes de malaise dans la salle commune sont au delà du ridicule, notamment la petite paysanne qui les côtoie depuis deux jours et qui se met à leur faire de grandes déclarations de remerciement. Totalement inapproprié et puéril. On dirait la petite cousine qui vient faire un poème à un repas de famille où on se mord les joues pour ne pas rire du ridicule.

Un plantage ahurissant donc ? Sur le premier tiers, sans l’ombre d’un doute, mais heureusement, malgré le côté Rambo V de l’affrontement qui a de quoi faire frissonner, cet aveu d’échec d’avoir fait revenir le même antagoniste,  le forçage autour du robot (Anthony Hopkins) qui finalement ne sert quasiment à rien dans aucune des deux parties, et que le lore ne sera plus du tout développé, le spectacle est assuré. Une fois passé la phase d’entraînement, on aura droit à plus d’une heure intense de guerre débordant de générosité. Et heureusement, car sinon on aurait eu l’impression que 90% du budget était passé dans la première partie, même si au final on sent que ça a dû être 70-30. Mais là encore, ça reste assez frustrant : les rebelles arrivent quand tout est déjà fini, et l’entité suprême demandant à Kora de libérer ses sœurs pourrait être un coup dans le vent si la saga ne se prolonge pas. Or il s’agit du point névralgique de la technologie permettant le voyage à travers les galaxies, donc le laisser en suspend est criminel. On garde certes le côté prometteur de l’univers, quelques personnages sympathiques, mais cette suite, après une introduction interminable, se limite donc à du spectacle un peu balourd. Bien maigre consolation pour une saga qui même en director’s cut reste assez poussive…

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Rebel Moon – Partie 1 : Calice de sang


Rebel Moon – Partie 1 : Calice de sang
2024
Zack Snyder

S’il a bien un réalisateur des plus clivants, c’est incontestablement Zack Snyder. Si pour ma part sa filmographie est très variable, j’avais trouvé que ses œuvres super héroïque chez DC comptent parmi les meilleurs du genre, mais avec un gros « mais ». Si Justice League est un peu à part comme 80 % du film a été retourné après son départ pour cause de deuil, le réalisateur et scénariste a un sacré problème avec le montage de ses films : quand le studio lui demande de faire plus court, il garde toute la partie action, et ne fait que des coupes dans le scénario, qui en ressort inconsistant. Et si l’histoire est bancale, qu’on ne s’intéresse pas aux personnages, alors même l’action perd en saveur. Alors quand il a été annoncé que le bonhomme allait sortir son univers SF en deux versions, une plus « tout public » et plus courte, puis une director’s cut, et hors de question de voir deux fois le même film si le résultat n’est pas à la hauteur, j’ai donc logiquement attendu cette deuxième version. Une attente très courte d’ailleurs, les deux parties étant disponibles en director’s cut à peine huit et trois mois après les sorties initiales.

Introduction à l’univers, ce premier chapitre va donc poser les bases : un ordre mondial baptisé « Monde Mère » (dirigé par un roi incarné par Cary Elwes) impose sa tyrannie à travers les galaxies, et nulle ne peut résister à leur supériorité technologique et militaire. On suivra Kora (Sofia Boutella), ancienne soldate ayant fui l’ordre et ayant trouvé refuge sur une petite planète agricole. Seulement voilà, deux ans plus tard, le général Atticus Noble (Ed Skrein), ravageant monde après monde à la recherche de ceux à la tête de la rébellion, va venir inspecter la colonie, bien décider à absolument tout leur prendre. Un compte à rebours sera alors lancé pour sauver le village, partant à la recherche de possibles compagnons d’arme (incluant Michiel Huisman, Charlie Hunnam, Doona Bae, Ray Fisher et Djimon Hounsou).

Voilà un film qui souffle très fort autant le chaud que le froid. Les bases sont éculées au possible, avec un ordre très méchant à la Star Wars, et le côté « monter une équipe » est là encore classique au possible. Donc sur le fond, le film est une quasi purge. Quasi car la plupart des personnages sont assez bien traités, avec un passé intéressant, même si avec beaucoup de redondance : toujours la famille et planète massacrée par le Monde Mère. Et ça fonctionne car on a envie de voir la suite, d’explorer plus en détail et de découvrir les parts d’ombre, avec un peu d’appréhension tout de même. On se doute que Kora n’a pas fait les horreurs qu’on dit, et on sent que le peuple synthétique avec Anthony Hopkins a déjà entamé son retour, avec pourquoi pas un retournement en mode que la fermière est la petite fille. En vrai, aussi convenue que soit la trame principale, l’univers est assez intéressant en soi, avec un côté mystique très réussi qui ne demande qu’à transformer l’essai.

Place maintenant à la plastique, et bigre que le film est généreux et déborde d’idées créatives. Certes, quand on fait des dizaines de propositions forte, il est logique que beaucoup s’avère marquantes, mais en matière de design le film est incroyable. On pense à l’androïde, qui à mesure qu’il retrouve la fois, retourne à la nature, l’entité synthétique capable de courber l’espace/temps absolument terrifiante, et côté aliens il y a à boire et à manger. Le barman, le repompage des uruk-hai, le moche au bar ou encore la planète avec les poulpes bipèdes sont ratés, mais au contraire, toutes les autres espèces sont une grande réussite. Côté effets spéciaux, en prenant en compte que les deux parties n’ont un budget cumulé « que » de 166 M$ pour plus de six heures de film, ça force le respect. Quelques plans de vaisseaux font un peu trop lisse et l’espèce de chat/aigle géant n’est pas crédible une seconde, mais au contraire l’araignée de Jena Malone est impressionnante et globalement les FX sont très soignés. Niveau réalisation également le bilan est à nuancer puisque Zack Snyder sait indubitablement iconiser ses plans, faire des panoramiques sublimes et nombre de scènes sont d’une beauté à couper le souffle, mais certains plans sont bizarrement cadrés (un flou de bordures comme si c’était filmé à la go pro) et surtout l’un de ses gimmicks devient un fardeau : les ralentis. Ca peut faire classe, mais la plupart du temps ils sont utilisés avec un timing étrange, de telle sortie qu’ils interviennent parfois ni pour immortaliser une action, ni pour mettre en valeur un panorama spectaculaire. Cela permet de potentiellement reprendre son souffle ou ajouter de la lisibilité à l’action, mais dans les faits ça rallonge juste les séquences pour pas grand chose, voir ça alourdi le rythme. Un premier chapitre qui regorge d’inventivité, d’inspiration, dévoilant un univers plaisant et des personnages sympathiques, sans pour autant pleinement convaincre, faute à un scénario convenu. Du potentiel, à condition de ne pas céder à la facilité.

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Dune : Deuxième Partie


Dune : Deuxième Partie
2024
Denis Villeneuve

Après le Covid et surtout la sortie catastrophique sur HBO max, la saga Dune revient enfin après avoir dû faire face à encore d’autres soucis, cette fois la grève des scénaristes qui reporta la sortie de quelques mois. Et on peut constater toute l’étendue des dégâts de la sortie simultanée sur le service de streaming : si à l’international le film n’a que peu progressé, passant de 335 M$ à 429 M$, c’est surtout sur le sol américain que l’écart est aberrant, passant de 110 M$ pour le premier à plus de 282 M$ pour le second. S’il est évident que le bouche à oreille a permis en plus de deux ans de faire grandir la base de fans, et que cette suite a aussi bénéficié de retours encore plus enthousiastes, il semble à peu près clair qu’on ne serait pas passé de 435 à 712 M$, mais plutôt quelque chose dans les 550 – 600 M$ pour le premier. Il reste donc peut-être de l’espoir pour l’humanité si de grandes fresques contemplatives de science-fiction de quasiment trois heures peuvent se hisser parmi les plus gros succès de l’année.

Cette seconde partie reprend donc directement à la fin du premier, alors que Paul Atreide (Timothée Chalamet) lutte intérieurement pour savoir s’il doit n’être qu’un simple guerrier Fremen, ou s’il doit embrasser pleinement les plans des Bene Gesserit et devenir le messie qui fera basculer l’univers entier dans une guerre sainte. De leur côté, les matriarches s’assurent que le plan sera quoi qu’il advienne respecté, que ce soit des mains de Paul ou de celles de Feyd-Rautha (Austin Butler), neveu du baron Harkonnen (Stellan Skarsgard). Pour Jessica (Rebecca Ferguson), mère de Paul, il s’agira donc convaincre le peuple Fremen que son fils est l’élu de la prophétie pour assurer le pouvoir à sa lignée tout en respectant le plan millénaire établi par l’ordre.

Nous voici de retour sur la planète d’Arrakis, aussi appelée Dune, théâtre de la guerre de pouvoir de tout l’univers puisque seule planète sur laquelle l’on trouve l’épice, ressource la plus précieuse au monde (sorte de carburant ultime capable de faire voyager au delà de la vitesse de la lumière). Comme le premier film avait déjà posé les bases de l’univers, cette deuxième partie peut donc se concentrer sur les manigances politiques des différentes maisons, mais surtout la formation de Paul pour devenir Usul / Muad’Dib, et embrasser peu à peu sa propre cause. Les choses s’accélèrent, mais sans dénaturer le style contemplatif du premier film, laissant toujours une grande place aux réflexions des personnages, à leurs vies, les coutumes, les spécificités architecturales et culturelles de chaque maison. Encore une fois, la force des décors construits en dur, de ce travail sur le réel donne toujours cette sensation d’univers tangible, crédible, et ça fait sacrément plaisir. La musique de Hans Zimmer donne toujours autant de frissons, notamment les sonorités mystiques des Harkonnens, voir plus avec la toute dernière composition pour la fin avec ce côté chant religieux. Dans un monde si violent, quelques têtes sont tombées, mais côté casting le prestige est plus que jamais tonitruant : on retrouvera toujours en plus de ceux cités  Josh BrolinJavier BardemDave BautistaZendaya et Charlotte Rampling, mais également quelques nouveaux non moins talentueux comme Christopher Walken, Florence Pugh, Anya Taylor-Joy ou encore Léa Seydoux. Si la première partie laissait ce goût d’inachevé, on sent ici que même si l’histoire n’est pas terminée, une étape importante a été franchie, faisant que même si une troisième partie est prévue pour décembre 2026, le diptyque forme déjà un tout. Pas de nouvelle révolution ou de montée en puissance si importante, mais cette seconde partie amène l’histoire encore plus loin et a su garder toutes les qualités du premier, ce qui est un sacré exploit.

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Dune


Dune
2021
Denis Villeneuve

Immense claque au moment de sa sortie, je n’avais pas su pleinement le digérer d’emblée, ayant peur de me laisser quelque peu emporter par les conditions exceptionnelles dans lesquelles je l’avais découvert (Imax 3D en PLF – Premium Large Format – lors d’une avant-première incroyable avec Le Fossoyeur de films et l’équipage du Nexus VI), d’autant plus que le réalisateur parlait d’un possible montage director’s cut avec près de 40 minutes supplémentaires. Version qui n’a finalement jamais vu le jour, et tant mieux car le film fait déjà plus de 2h30 et est assez contemplatif. De plus, ma vision de l’œuvre risquait de changer si cette première partie ne connaîtrait jamais de suite, car entre le dernier bide de son réalisateur, le budget colossal de 165 M$, le fait que la reprise post-covid était difficile et que le studio se tirait une balle dans le pied en le sortant en simultané sur leur plateforme en ligne, ce qui veut dire piratage massif, il n’y avait clairement pas de quoi être serein quant à l’avenir d’une potentielle saga. Et finalement nous voilà trois ans plus tard, la suite est sortie dans des conditions bien meilleures et a presque doublé le score du premier, un peu limite niveau rentabilité sinon, et une troisième et normalement dernière partie devrait sortir en décembre 2026, donc tout va bien dans le meilleur des mondes.

Adaptant la première partie du premier roman Dune de Frank Herbert, le film nous plongera plus de 8000 ans dans le futur. L’empereur de l’univers, jalousant la montée en puissance du clan Atreide, va décider de leur tendre un piège. La ressource la plus importante qui soit, celle qui permet les voyages spatiaux au delà de la vitesse de la lumière, est l’épice, ne se trouvant que sur une seule planète des moins hospitalières : le désert d’Arakis. Jusqu’alors, c’était les Harkonnens qui géraient la récolte, mais l’empereur va les déposséder de leurs terres pour y mettre les Atreides à la place. Une situation délicate, d’autant qu’en plus des conditions climatiques arides terribles, la planète est en proie aux attaques des vers des sables, des créatures titanesques pouvant faire jusqu’à 400 mètres de long et capables de broyer même les machines les plus robustes. Et il y a aussi à composer avec les autochtones : les Freymens, utilisant pour leur part l’épice pour en faire un puissant psychotrope. Et le piège est des plus sournois : refuser une mission de l’empereur serait s’exposer à son courroux, et accepter serait s’exposer à la vengeance des Harkonnens. Pensant avoir choisi la moindre menace en acceptant la mission, le Duc Atreide (Oscar Isaac) ne se doutait pas que l’empereur avait de toute façon conspiré avec les Harkonnens pour organiser leur vengeance, leur prêtant même main forte.

Un univers danse, et on comprend aisément pourquoi il a été choisi de couper le premier roman en deux films. On se retrouve donc au beau milieu d’un échiquier politique avec trois factions, l’empire, mais également l’ordre des Bene Gesserit, sorte de matriarches religieuses aux pouvoirs télépathiques et divinatoires, gérant dans l’ombre tout ce beau monde avec des plans établis pour les siècles à venir, avec dans leur manche une arme secrète préparée depuis des générations et des générations : la prophétie de l’élu. De l’Inception de très haut niveau pour créer les bourgeons de religions futures. Et il faut reconnaître au film cette force : malgré la quantité de personnages, tout le lexique de cet univers que beaucoup vont découvrir au travers du film, toutes les couches de politiques et d’influences de toutes parts, on arrive sans mal à s’y retrouver. Peut-être que d’avoir joué aux deux jeux sortis sur DOS en 1992, et vu le film des années 80 dans ma jeunesse a aidé, mais j’ai eu l’impression que le film arrivait prodigieusement à faire autant d’exposition de manière fluide et transparente sans que l’on n’ait l’impression de trop crouler sous les informations. Une histoire au demeurant passionnante, même si le film servira plutôt de prémices, mais on regrettera surtout le côté précurseur du roman d’origine qui aura tant inspiré, que ce soit Star Wars avec Tatooine ou la saga Mad Max, à tel point que voir un énième film dans le désert a de quoi faire soupirer de nos jours. Mais heureusement, le film ne se limite pas au désert, et parlons de l’aspect technique, assez fou.

Il est assez dingue de se dire qu’un film de cet ampleur n’a pratiquement pas eu recours à des effets spéciaux, surtout les fonds verts qui se comptent au nombre de deux sur plusieurs centaines de plans. Du travail à l’ancienne, avec tout un village immense reconstitué, des vaisseaux à l’échelle créés pour l’occasion, et une quantité folle de costumes tous plus marquants et réussis les uns que les autres. Un style certes un peu froid et solennelle, mais l’effet est des plus saisissants, décuplant l’ampleur de cet univers. Tout a été récréé, ça se voit, ça se ressent, on y croit : c’est palpable. Mention spéciale aux avions libellule, d’une ingéniosité folle, et globalement on a là une grande leçon de direction artistique. Côté effets spéciaux, c’est là encore impeccable, arrivant même à rendre crédible l’usage des boucliers, outil de mise en scène brillant lors de la scène de la dent. Pour compléter cet emballage visuel prodigieux, Hans Zimmer s’est encore une fois surpassé, délivrant une bande-son phénoménale dont le thème principal est l’une des plus grandes œuvres de sa carrière. Impossible de ne pas parler du casting également, puisqu’on retrouvera pléthore d’immenses talents : Rebecca Ferguson, Jason Momoa, Stellan Skarsgard, Josh Brolin, Javier Bardem, Dave Bautista, Zendaya et même Charlotte Rampling. Et on retrouvera surtout dans le rôle principal Timothée Chalamet, nouvelle coqueluche d’Hollywood qu’on aurait pu croire un peu trop lisse, mais qui finalement s’en sort avec les honneurs, et son côté très propre sur lui, superficiel, complète à merveille le message sous-jacent sur la conspiration des Bene Gesserit et leur élu monté de toute pièce qui sert donc parfaitement d’apparat.

Une réussite incontestable donc, tant au niveau grand spectacle que adaptation pertinente, mais qui n’est après tout qu’une porte d’entrée, un premier chapitre qui pose les bases, mais qui ne raconte pas tant de choses, d’autant qu’il prend pas mal son temps, pour ne pas dire que le côté contemplatif est un peu trop prononcé. Je garde donc un peu de marge au cas où la suite aille plus loin, soit plus efficace, et il me manque la puissance émotionnelle d’un Premier Contact pour lui accorder la note maximale, mais on tient clairement là l’une des œuvres de science-fiction les plus maîtrisées et captivante qui soit. Du très grand cinéma pour une histoire qui ne demande qu’à dévoiler tout son potentiel.

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Civil War


Civil War
2024
Alex Garland

En voilà un film que j’attendais ! Très fan du travail d’Alex Garland, j’avais réussi l’exploit de me protéger de toute forme de spoil, hormis bien sûr le fait qu’il serait question d’un futur d’anticipation où les Etats-Unis sombreraient dans la guerre civile. Avec un pays de plus en plus fracturé, si de surcroît les démocrates « gagnent » encore les prochaines élections, ce n’est plus une question de savoir si une guerre civile est imminente, mais de à quel point ça arrivera vite. Eh bien des mauvaises surprises, j’en ai eu un paquet, mais à ce point là, c’est affolant.

On ne saura ni pourquoi ni comment, mais visiblement les Etats-Unis ont sombré dans une guerre civile, et malgré que l’armée du pays soit la plus forte du monde, le gouvernement perd indubitablement la bataille, et ce n’est plus qu’une question de jours avant que le président soit tué. On suivra alors un groupe de journalistes (incluant Kirsten Dunst et Cailee Spaeny) qui vont se mettre en tête de traverser le pays pour avoir peut-être la toute dernière interview du président, ou à défaut une superbe photo de son cadavre.

Si de base le métier de journaliste est globalement un tas d’ordures fouille merde, le film met en avant une spécialisation si ignoble qu’on a du mal à y croire : photographe de guerre. Le principe est simple : être aux premières lignes d’un conflit, prendre des photos d’échanges de feux, de maisons détruites, de cadavres jonchant le sol, et pourquoi pas si on a de la chance, capturer le moment exact où une personne est abattue. Le degré ultime du voyeurisme le plus malsain imaginable, et quand en plus la personne se prend d’une fascination morbide ignoble, on tient là un sacré combo. Pire encore, il y a la façon de faire, car à vouloir se placer aux premiers rangs, en plein cœur de l’action, ils obligent ceux ayant un reste d’âme de faire un minimum attention à eux, et de leur insouciante va découler des dommages collatéraux, des gens morts par leurs fautes, sans que cela ne les affecte le moins du monde. C’est bien simple, l’équipe que l’on suit est tellement une bande de raclures irrespectueuse et sans une once d’humanité qu’on n’aspire qu’à une chose : échanger les rôles et qu’on puisse à notre tour se délecter d’un spectacle de mort, les leurs. Il est rare qu’une histoire me provoque un tel sentiment de rejet si massif, mais que ce soit les protagonistes, leurs histoires, leurs buts, les enjeux du film, tout me donne envie de vomir, attisant une violence latente, une haine de l’autre. Mon dieu que le passage avec Jesse Plemons est d’une stupidité révoltante ! Alors certes, visuellement le film est parfaitement maîtrisé, le budget étant conséquent on ne sent aucune limite, et techniquement il n’y a pas grand chose à redire, mais le fond est atrocement vide, avec des thématiques nauséabondes, pour ne pas dire criminelles. Un rejet viscérale de bout en bout pour ma part, et je ne vois pas comment on pourrait apprécier ce film à moins d’être complètement abruti ou profondément malsain.

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Godzilla Minus One


Godzilla Minus One
2024
Takashi Yamazaki

Alors que le monstre de Godzilla fut inventé en 1954 par le Japon, l’international aura surtout retenu les productions américaines, qui montraient un certain potentiel de divertissement, mais rien d’autre et sans jamais pleinement transformer l’essai. Mais les choses ont nettement changé avec ce nouveau long-métrage, revenant aux origines mêmes de sa création, avec un succès assez colossal tant en dehors des films d’animation, rares sont les films nippons à avoir su s’exporter : plus de 115 M$ dans le monde, dont un gigantesque succès surprise aux Etats-Unis avec 56 M$. Il faut dire que le film met une gigantesque claque à tout ce qui a été vu jusqu’alors, sur absolument tous les points.

Que veut dire « Minus One » ? Eh bien au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, le Japon était économiquement à l’appellation « -1 », c’est-à-dire qu’il ne pouvait pourvoir aux besoins de sa population, ni en eau, ni en électricité, ni en nourriture. Koichi est pour sa part un double rescapé, ayant tout d’abord fui sa mission de Kamikaze pendant la guerre, puis ayant fui face à l’attaque d’un dinosaure géant sur l’île d’Odo. De retour dans son village où tous ses proches sont morts, il va tenter de se reconstruire une vie avec une jeune femme et un bébé qu’elle a sauvé, mais le pays va s’apprêter à devoir faire face à une nouvelle menace : le dinosaure a bien grandi, et Godzilla va les replonger dans l’horreur.

Doté d’un budget de seulement 15 M$, même en prenant en compte que les salaires sont trois fois moindre au Japon qu’aux Etats-Unis, cela ne ferait tout de même que 45 M$ de budget, soit à titre d’exemple 125 M$ de moins que le dernier Godzilla américain. Et le moins que l’on puisse dire, sans même évoquer le scénario, c’est que visuellement il n’y a pas match : le niveau de destruction est bien plus dantesque, et surtout on croit à ce que l’on voit. Les décors sont palpables, réalistes, et même la créature est infiniment mieux modélisée, plus bestiale, avec une texture plus crédible. Il faut dire que la mise en scène aide beaucoup au grandiose, retranscrivant enfin le gigantisme d’un tel monstre. Les sonorités horrifiques peuvent également compter sur quelques compositions assez magistrales comme celle de la bataille finale. Mais parlons surtout de ce qui fait qu’on en a quelque chose à faire, que cette histoire nous touche : l’aspect humain. La détresse, la fierté, la combativité du peuple japonais force le respect, les acteurs sont excellents et on s’attache fort à cette famille recomposée dans la douleur d’un lendemain de guerre. Certains retournements se sentent venir, mais principalement parce qu’ils sont logiques, inévitables pour aboutir au parcours de rédemption du héros. J’ai eu peur plus d’une fois d’un élément potentiellement décevant, mais au final le film a systématique répondu à mes attentes sur le développement des personnages et leurs arcs narratifs. Le traitement des traumatismes de guerre, du syndrome du rescapé, la gestion de la culpabilité, tout est brillant. On a donc une utilisation très pertinente du monstre, comme à la toute base de son histoire, là pour faire écho aux horreurs de la Seconde Guerre Mondiale, avec une mise en scène et des effets spéciaux dantesques, le tout au service d’une histoire émouvante où l’humain est au centre de tout.

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