Quatre mariages et un enterrement


Quatre mariages et un enterrement
1994
Mike Newell

Autre grand classique du genre, le film a-t-il su garder le même attrait avec le temps ? Il faut dire qu’en trente ans les mœurs ont changé, et même si les 244 M$ de l’époque donnent le tournis avant même l’inflation qui a pratiquement doublé, c’est dire, on restait dans une époque assez proche de l’ère hippie et ses relations débridées, pas vraiment compatible avec la notion de « romantisme ».

Quand un salop rencontre une énorme salope. Célibataire endurci qui multiplie les conquêtes sans jamais s’engager, Charles (Hugh Grant) va pourtant tomber fou amoureux d’une invitée au mariage de l’un de ses meilleurs amis. Une américaine incendiaire à la réputation sulfureuse : Carrie (Andie MacDowell). Mais quand il la reverra au mariage d’un autre ami, elle viendra accompagné de son fiancé. Mais comme on dit, c’est pas parce que y’a un gardien qu’on peut pas mettre de but…

J’avais été quelque peu choqué du libertinage éhonté en prologue de Notting Hill, mais c’est clairement d’un autre niveau ici. On parle de tromperie, d’abord à moitié innocente, puis totalement coupable quand Charles décide de poursuivre ses avances malgré la présence du fiancé, qui ne gêne pas plus celle qui s’est engagée. On assistera même à une escalade de la dégueulasserie à qui fera le plus de mal aux gens autour juste pour continuer une liaison qui ne repose sur rien d’autre que de la pure attirance physique. Vraiment le degré zéro du romantisme. Seule la meilleure amie incarnée par Kristin Scott Thomas apportera une petite nuance poétique, mais ça ne sera pas traité. Reste alors un défilement éreintant de quatre mariages et un enterrement où les protagonistes n’existent pas en dehors de ces événements extrêmes. Quelques passages comiques font mouche, on se délectera notamment de l’énergie chaotique de la grande folle barbue, digne de Dionysos, mais le reste est surtout lourd, limite indigeste. L’aspect romantique est complètement raté, et ne reste alors qu’une comédie un peu amer et pas souvent efficace.

Publié dans Cinéma, Critiques | Laisser un commentaire

Coup de foudre à Notting Hill


Coup de foudre à Notting Hill
1999
Roger Michell

Classique de la comédie romantique, le film était le point culminant du genre, avant qu’il se ringardise peu à peu, ou plutôt que les gens se rendent compte que l’histoire est à chaque fois peu ou prou la même, et quand y rajouter trop de mélodrame rend l’exercice systématiquement raté car contre-productif, se renouveler tient du miracle, qui heureusement arrive encore de temps à autre. Quand on voit qu’aujourd’hui on célèbre des réussites inespérées comme Tout sauf toi qui a tout juste atteint la barre des 200 M$, meilleur score du genre depuis plus de cinq ans, savoir qu’à l’époque le film a totalisé 364 M$, soit plus d’un demi-milliard avec l’inflation, on voit à quel point les choses ont changé.

La vie est pleine de surprises. Gérant d’une librairie spécialisée sur les guides de voyage, William Thacker (Hugh Grant) va voir un beau jour débarquer dans son magasin ni plus ni moins que la plus grande star de la planète, l’actrice américaine Anna Scott (Julia Roberts). Une charmante rencontre, qui se réitérera une seconde fois le même jour, renversant un jus d’orange sur la pauvre, les deux étant perdus dans leurs pensées. Va alors naître une tumultueuse romance qui mettra la patience de William à l’épreuve.

Du fantasme à la réalité. Tout le monde fantasme inlassablement sur des stars inatteignables, et le film va avoir l’idée de nous plonger dans ce rêve, tout en le démystifiant. Immense star ou non, cela reste des personnes normales, avec d’ailleurs souvent plus de défauts que la plupart des autres, souffrant du syndrome « le monde à leurs pieds », perdant toute notion de normalité et s’imaginant qu’ils peuvent jouer avec tout et tout le monde. Car oui, cette histoire ne démarrera pas sous les meilleurs hospices, la fameuse Anna étant ce qu’on pourrait qualifier communément d’énorme salope, puisqu’entamant une idylle avec l’élégant britannique, alors même qu’un fiancé (Alec Baldwin) l’attendait. Va ensuite se poursuivre un jeu de toxicité, entre le mortel ne pouvant oublier sa déesse, et cette dernière hésitant à assumer une liaison avec un homme banal. Pas vraiment une « belle romance », loin s’en faut, mais le film est tout de même très réussi. Déjà le duo d’affiche est parfait, Hugh Grant représentant le flegme britannique dans toute sa splendeur, entre noblesse et immobilisme candide, et Julia Roberts est magnifique, avec quelques moments touchants qui font tomber son masque de star snobe et insupportable, nous permettant de comprendre l’attachement du prétendant. Ils sont également entourés de seconds rôles attendrissants (incluant Hugh Bonneville et Rhys Ifans), ayant tous leur folie et leurs fêlures. Et globalement, si on se lasse des trop nombreuses embuches, l’écriture est plutôt bonne, drôle avec quelques répliques marquantes. Difficile de ne pas comparer avec le film miroir, Le Come-back, autrement plus mignon dans sa romance, plus efficace dans son humour, et avec cet aspect musique créant aussi des enjeux narratifs, plus discrets ici en dehors de la romance. Un classique qu’on appréciera surtout pour sa fin et la nostalgie l’entourant.

Publié dans Cinéma, Critiques | Laisser un commentaire

The Kissing Booth 3


The Kissing Booth 3
2021
Vince Marcello

Enfin fini avec cette saga dont seul le tout premier était sympathique car il se contentait d’être juste du pur divertissement totalement superficiel, il n’essayait pas vainement de créer des rebondissement artificiels basés sur du drame éculé et poussifs. Après un second opus qui singeait l’insipide triangle amoureux de Twilight 2, voilà cette fois un quasi plagiat de l’interlude d’été à la American Pie 2, mais sans s’approcher un instant de son efficacité comique ou de la pertinence de ses propos.

Parce que dans la vie on est jamais assez riche, les parents de Noah (Jacob Elordi) et Lee (Joel Courtney) vont décider de vendre leur maison secondaire sur la côte, un crève cœur également pour Elle (Joey King) qui avait prit l’habitude de taper l’incruste. Un dernier été pour profiter, d’autant qu’elle doit faire le choix entre l’amitié et l’amour quant à ses études, Harvard avec Noah ou Brooklyn avec Lee.

Malaise le film… On dirait que les scénaristes, en pleine dépression, se sont amusés à tout détruire, que ce soit les amours, les amitiés, même les liens familiaux, en faisant agir tout le monde comme des débiles, faisant systématiquement les pires choix qui blesseront le plus les autres, avec un talent inouïe pour l’autodestruction. Les pires timings, les pires réactions, les plus lourdes conséquences. L’été magique, censé être le plus mémorable, va virer au carnage, où personne n’en ressortira grandi, avec toujours cette lutte à contre-courant pour ne surtout grandir. Pire, aucune leçon des erreurs passées ne sera retenue, le tandem Lee / Elle, qui avait failli saborder au point de non retour leurs relations à cause du manque d’investissement envers leur moitié, refera inlassablement les mêmes erreurs. On soupire fort… Ca n’est pas le prologue six ans plus tard qui sauvera les meubles : on ne guéri jamais de nos blessures, on apprend juste à vivre avec. En plus, le film ne fait vraiment aucun effort, seule Elle changera un peu son apparence, mais pas les autres, pas une mèche de bougée en six ans. Ridicule. Petit mot également sur Jacob Elordi, qui ne s’est jamais caché d’avoir fait les films pour l’argent et rien d’autre. Eh bien difficile de plus cachetonner que lui dans ce film : sa présence est fantomatique, pas le moindre effort ni once d’émotion. Si le but était de créer de la tension dramatique ou renforcer l’attachement émotionnel en partageant la détresse des protagonistes, c’est un immense ratage, on a juste l’impression de voir des petits cons faire n’importe quoi à un degré peu crédible. La base même de toute chose, le socle de la vie elle-même est l’amour, tout en découle, tout repose dessus. Bien sûr après vient les besoins matériel, l’amitié, puis éventuellement l’épanouissement professionnel pour les plus chanceux, mais à partir du moment où l’on a conscience de ne pas pouvoir profiter pleinement de la vie si l’on a personne avec qui la partager, ne pas en faire une absolue priorité est une connerie sans nom. De très gros soucis d’écriture, une tournure dramatique qui ne prend pas, pour au final une saga au raz-des-pâquerettes qui n’aura eu de cesse que de s’enfoncer dans les méandres de la créativité.

Publié dans Cinéma, Critiques | Laisser un commentaire

The Kissing Booth 2


The Kissing Booth 2
2020
Vince Marcello

Le syndrome du second film dans une saga romantique… Imaginez tout ce qui ne va pas dans Twilight 2 et vous aurez une idée de ce qui nous attend pour cette suite. Au programme donc, l’amour du premier film qui prend le large, de la dépression, des faux dramas et l’éternel triangle amoureux, piège absolu dans lequel le film va se vautrer.

Une nouvelle année commence pour Elle (Joey King), vivant péniblement l’amour à distance qu’elle partage avec Noah (Jacob Elordi), parti étudier à Harvard alors qu’elle doit pour sa part terminer son lycée. Leur amour va t-il tenir avec toutes les tentations de vraies femmes alors que sa gamine est à l’autre bout du pays ? Pendant ce temps, son meilleur ami Lee (Joel Courtney) va complètement délaisser sa copine, traînant non stop avec Elle, se refusant de faire le saut dans la vie d’adulte.

Le film de la maturité ? Au contraire, je dirais plutôt le film du constat d’échec où le duo de meilleurs amis sont entourés de gens entrain de passer le cap de la vie d’adulte alors qu’eux restent sur des gamineries de jeux d’enfants, de s’amuser, de faire la tête dans leur coin sans oser parler des sujets importants. Pire, l’un des principaux moteur de l’histoire est la jalousie, que ce soit amoureuse ou amicale, avec l’arrivée du beau Marco, personnage sympathique qui aurait pu être intéressant s’il n’était pas aussi maltraité que Jacob dans le pertinent à comparer Twilight 2. A aucun moment on ne sent qu’il est un prétendant sérieux, tout juste sert-il d’élément perturbateur à deux sous. Le film est toujours extrêmement léger, loin des vrais problèmes de la vie tant on ne voit qu’une bande de privilégiés ingrats. L’idée de traiter l’insoluble question de la romance à distance aurait pu avoir un semblant d’intérêt si ça n’était pas traité en mode petite princesse conne, me rappelant les pires moments de Gilmore Girls où Rory était une vraie peste. Reste un petit plaisir de suivre les personnages, mais espérons qu’une vraie intrigue soit pondue pour le dernier opus, sans quoi l’ennui serait rédhibitoire.

Publié dans Cinéma, Critiques | Laisser un commentaire

Final Fantasy VII Rebirth


Final Fantasy VII Rebirth
2024
PS5

Nous y voilà, quatre ans plus tard comme prévu, mais avec d’autres bonnes nouvelles. Quand on sait le peu du jeu d’origine adapté dans Final Fantasy VII Remake, et le fait que son développement chaotique s’étala sur près de dix ans, on pouvait craindre que le projet n’aille potentiellement jamais au bout, ou alors peut-être au bout de cinq jeux et à un horizon absurde. Mais finalement les choses se sont accélérées avec un développement soigné vu que ce « Rebirth » adapte presque à lui seul la moitié du jeu de base alors que la projet n’a prit « que » six ans (commencé en 2018) et que cette fois est la bonne, il n’y aura que trois parties au total, et que cette dernière a commencé son développement deux ans avant la sortie du second opus et vise une sortie plus rapide, dès 2027. Et le moins que l’on puisse dire est que les fans seront comblés, et même les réfractaires de la première partie tant Rebirth est généreux, abouti et corrige un paquet de soucis.

Graphismes : 18/20

Difficile de pleinement juger tant la génération actuelle ne fait que commencer, et le jeu tourne encore sous Unreal Engine 4 alors que son successeur est déjà disponible depuis quelques années. Pourtant, la progression est assez folle depuis Final Fantasy VII Remake vu l’envergure des environnements ouverts au niveau de détail incroyable, bien que cela se paye par un peu de cliping par moment (phénomène d’apparition tardive de certaines textures, comme des brins d’herbes où l’on arrive à voir au loin la texture apparaître). Les modèles des personnages sont toujours aussi aboutis, même si j’ai eu tendance à trouver le regard de Tifa un peu vide par moments, et on ressent un peu moins la négligence de modélisation des PNJ. Par contre, on sent que le monde ouvert reste un frein à la créativité tant certains environnements plus restreints sont stupéfiants de beauté, à l’image de la ville des Gi.

Jouabilité : 18/20

Le travail accompli est assez fou. Avec des environnements bien plus ouverts, les combats peuvent enfin prendre l’envergure qu’ils méritent, et le résultat est jouissif. Chaque personnage a ses avantages et défauts, et le fait de pouvoir switcher entre les trois de l’équipe instantanément est incroyable. En revanche, l’IA est catastrophique et il faut tout faire tout seul, mais ça permet de se sentir utile et d’être le vrai moteur de l’équipe. Un peu de progression avec l’arrivée de la troisième limite (mais pas encore la dernière), une interface plus propre. Seules ombres : toujours pas de création de nouvelle matéria quand l’une d’elle arrive au dernier rang, ce qui est si frustrant tant ça a toujours été une constante dans la saga. Eh puis l’absence de recover avec la touche rond, solution parfaite des Dissidia et Kingdom Hearts 2 pour ne pas se faire enchaîner à l’infini, ça reste tellement frustrant. En bref, cette suite fait tout en mieux, mais surtout elle réussi là où les derniers Zelda ont échoué : faire du level design intelligent en monde ouvert. L’exploration n’est jamais pesante mais jamais assistée. Il suffit de se promener à la recherche de points d’intérêts pour que tous les autres ou ceux cachés en découlent facilement, et si un point semble difficile d’accès, c’est toujours parce que son accession est permise par le biais d’une mission principale ou annexe, créant de fait un intérêt accru de cercle vertueux où chaque action amène naturellement vers une autre. On est pratiquement jamais perdu, sauf quand on veut aller trop vite, ce qui là encore pousse à une exploration réfléchie et fluide. Même les meilleurs Assassin’s Creed n’ont jamais atteint un tel niveau. En plus, que ce soit avec des véhicules ou des chocobos aux pouvoirs variants à chaque nouvelle zone, la méthode d’exploration est constamment renouvelée. Reste aussi les mini-jeux, dont certains sont réussis comme le Ford Condor ou le Queen’s Blood, et hormis le lancé de boîtes avec Cat Sith dans le manoir et les vols de chocobo à Cosmo Canyon, pas vraiment d’expériences traumatisantes.

Durée de vie : 15/20

Fut un temps où j’aurais mis potentiellement la note maximale, mais le temps me manque. En mode facile et sans traîner outre mesure, il m’aura fallut plus de 75 heures pour en venir à bout. Pire, j’ai fini lvl53, donc si j’avais voulu me rapprocher du trophée platine qui oblige à tout refaire en mode difficile, incluant des mini-jeux pas toujours bien heureux, il faudrait compter 200 heures. C’est abusif, et les développeurs ont été trop généreux sur la quantité de missions annexes et mini-jeux, et je suis un perfectionniste adepte du 100% à défaut du trophée platine dont les conditions d’obtention sont systématiquement débile. Je n’ose imaginer le dégoût d’un jeu qu’on aurait platiné… Si on enlève les missions secondaires et l’exploration, ce qui rendrait le jeu quasi impossible tant j’ai galéré même en facile sur certains passages (coucou Odin), on peut imaginer finir le jeu en une quarantaine d’heures, ce qui est énorme, d’autant que contrairement à Final Fantasy VII Remake, on ne ressent que peu de remplissage : c’est juste que le tronçon du jeu de base faisait une trentaine d’heures, auquel il faut rajouter les réalités alternatives rajoutées. Les gros joueurs seront ravi et heureusement que le hasard des choses m’a permis d’avoir tant de temps à y consacrer, mais dans les faits un jeu qu’on finirait en 15-20 heures m’irait bien mieux.

Bande son : 19/20

En plus de retrouver le prestigieux doublage français qui fait plaisir autant qu’il fait rager tant on aurait préféré l’avoir sur Kingdom Hearts III, on retrouve surtout toutes les compositions de légende du jeu d’origine, sublimées par des réorchestrations magnifiques. Quitter Midgar nous permet d’avoir une variété bien plus large, ponctuant chaque région par des musiques thématiques, certaines nouvelles comme la région de Gongaga dont le mélange jungle et musique écossaise n’est pas sans rappeler les dernières saisons de Outlander. En revanche, attention au plagiat, un nouveau thème a été ajouté dans le temple des anciens, dont la ressemblance avec l’un de ceux de Mass Effect est plus que troublante.

Scénario : 19/20

Enfin le jeu démarre ! Je trouvais aberrant de faire tout un jeu à Midgar tant le jeu ne décolle qu’après, et effectivement, le jeu décolle d’emblée avec le fameux faux souvenir de Nibelheim. Chaque passage qui suivra explorera le passé d’un personnage, fera évoluer la tram globale ou développera l’un des traumatismes lattant. Et plus encore, crevons l’abcès du « Remake » qui joue sur les mots : le premier jeu n’était pas un remake au sens refaire le même jeu, mais plutôt les protagonistes qui refont leur propre histoire. Entre suivre la temporalité sacrée et constater les divergences, le joueur traquera chaque indice de changement, de niveau de conscience supplémentaire, avec d’autres histoires parallèles de réalités alternatives. Il est presque acté que la dernière partie s’appellera « Réunion », qui devrait avoir un double sens entre celle organisée par Sephiroth et celle de la convergence des univers. Le travail de revisite est génial, et on a hâte de voir où tout cela nous mènera, tout en le sachant en partie.

Note Globale : 18/20

Après la vitrine technologique au fort potentiel qu’était Final Fantasy VII Remake, on espérait pouvoir enfin mettre les deux pieds dans l’histoire originelle, d’autant qu’avant sa sortie le nombre de parties était en suspend, avec la peur d’en avoir une pleine poignée. Outre le fait de nous rassurer en adaptant une part énorme du jeu d’origine en une fois, cette suite permettra aussi d’apprécier plus encore les propositions faites, notamment le choix du monde ouvert, dont le niveau de maîtrise est, à mon modeste niveau de joueur occasionnel, tout simplement le meilleur qu’il m’ait été donné de voir. Un jeu à la générosité démesurée, pour un voyage des plus chronophages, mais qui vaut le temps passé. Je restais septique quant à la nécessité de raconter une fois de plus cette histoire, mais finalement tous mes doutes ont été balayés : ce jeu est grandiose, et l’axe de réadaptation des plus prometteurs. Vivement 2027 pour la suite et fin de l’aventure, en espérant une apothéose à la hauteur des attentes.

Publié dans Critiques, Jeux vidéo | Laisser un commentaire

The Kissing Booth


The Kissing Booth
2018
Vince Marcello

Immense carton pour Netflix, qui a permis notamment à la carrière de Jacob Elordi de décoller, alors même que le genre a du plomb dans l’aile depuis un bail : la comédie romantique pour ado, les fameux teen movies. Le film se classe assez haut parmi leurs plus populaires, et pas moins de deux suites ont vu le jour. Le genre avait connu son heure de gloire au tout début des années 2000, une période assez folle avec le recul.

Pas touche à la famille. Nés le même jour dans la même maternité de mères meilleures amies, Lee (Joel Courtney) et Elle (Joey King) sont à leur tour meilleurs amis depuis leur naissance pour ainsi dire. Mais voilà, Elle a toujours eu le béguin pour le grand frère de Lee, Noah (Jacob Elordi), le beau, très grand et ténébreux bad boys. Et depuis que son corps change, devenant peu à peu une femme, ce dernier va également commencer à la remarquer. Une idylle qui pourrait mettre en danger sa précieuse amitié avec Lee.

Comme souvent avec le genre, l’histoire est exactement ce à quoi on peut s’attendre à la virgule près : les mauvais timing, les engueulades, les rebondissements et on sait exactement où l’on va. Pas de surprises, mais est-ce que ça vaut le coup ? Eh bien déjà le casting est sympathique, à défaut de bousculer quelque norme que ce soit : tous les acteurs sont soit sveltes, soit ridiculement musclés pour les hommes, et toujours abusément très grands (1m96 pour l’étalon de service). La beauté de Joey King est certes un chouia atypique avec son nez, mais ça reste une plantureuse brune au regard cristallin. Tout le monde il est beau il est gentil, dans la bonne humeur et l’opulence (bigre la maison des frères !). Un film extrêmement léger et sympathique donc, mais avec deux gros défauts plus ou moins gênants. Il faut bien un élément perturbateur pour dynamiser l’histoire, mais on a du mal à croire – même si on peut mettre ça sur le dos de la connerie / caprice d’ado décérébré – qu’un « best friend » puisse vouloir à ce point le malheur de sa meilleure amie par égoïsme. Ensuite, c’est quoi ce délire du « Kissing Booth » ? Le principe est de, dans le cadre d’une kermesse de l’école, faire payer les élèves pour en embrasser d’autres. Mais genre salement, bien sur la bouche avec insistance. C’est ni plus ni moins que de la prostitution encadrée et validée par un établissement scolaire. Mais quoi ?! Un peu du mal à croire à une telle débauche institutionnalisée, et je vois mal le « concept » revenir dans les suites, ça ne serait pas très Covid. Amusant et mignon, mais un peu creux.

Publié dans Cinéma, Critiques | Laisser un commentaire

Tais-toi !


Tais-toi !
2003
Francis Veber

J’avais gardé un bon souvenir de cette comédie potache, qui mine de rien avait fait son bonhomme de chemin avec plus de trois millions d’entrées. Il faut dire que le réalisateur a de beaux succès à son palmarès (près de 17 millions d’entrées en trois films sur ses précédentes collaborations avec Depardieu), et le duo d’affiche était à son prime. Mieux encore, l’habituel désabusé de service va inverser sa place avec celle du simplet, de quoi changer les perspectives.

« Salut, je m’appelle Quentin, je viens de Montargis », une phrase qui hante les couloirs de la prison de Fleury-Mérogis tant chaque tentative d’inclure le fameux Quentin (Gérard Depardieu), braqueur très amateur, se conclue inlassablement en craquage complet du comparse. Et justement, la police va avoir l’idée de l’envoyer avec Ruby (Jean Reno), un homme qui a dérobé 20 millions d’euros à un riche homme qui a fait tuer celle qu’il aimait, dans le but de le faire parler. N’aspirant qu’à la vengeance, il pensait que s’évader serait facile, mais c’était sans compter sur Quentin, bien décidé à le suivre partout, lui qui a su rester stoïque face à sa diarrhée verbale.

L’idée de base est amusante, avec quelques idées relativement drôles, mais le film ne dépassera jamais ses intentions de base. Déjà, quand le principe est de créer un duo qui peine à se concrétiser avant 45 minutes de film quand ce dernier ne dépasse pas les 1h20 au total, c’est plus que problématique. Cela permet de faire passer quelques seconds rôles truculents, comme Martineau, le psychiatre (André Dussollier), le chef de police (Richard Berry) ou l’infirmier (Guillaume de Tonquédec), mais le fil conducteur s’en retrouve réduit à peau de chagrin, une histoire plus qu’anecdotique. Pour ce qui est du duo, si Depardieu fait un benêt plus vrai que nature, pour son comparse Jean Reno, malgré tout son charisme, on sent qu’il cachetonne comme pas permis, et sa romance éclair avec une fille de la moitié de son âge et vulnérable rend très malaisante. Une écriture qui mise tout sur le comique, oubliant totalement de l’articuler autour d’une histoire solide, rendant l’ensemble assez vint et creux. Dommage de ne pas avoir vraiment creusé le concept.

Publié dans Cinéma, Critiques | Laisser un commentaire

Hannibal


Hannibal
2001
Ridley Scott

Il aura fallut attendre 1999 pour que Thomas Harris écrive une suite au Silence des Agneaux, et étant donné l’immense succès critique et commercial du film, son adaptation au cinéma entra très vite en production. Un projet qui avait de quoi attirer, puisque non seulement la saga se dote enfin d’un réalisateur de premier rang, que le légendaire Anthony Hopkins rempile, mais surtout, après deux livres aux adaptations frustrantes car mettant très en retrait l’iconique Hannibal Lecter, personnage de second voir troisième plan, voilà enfin un film centré autour de lui.

Dix années se sont écoulées depuis l’évasion du célèbre cannibale Hannibal Lecter (Anthony Hopkins), qui coule désormais des jours paisibles à Florence, mais commençant à se lasser de sa tranquillité. Ainsi, il va remettre le feu aux poudres en envoyant une lettre à son ancienne collègue d’infortune Clarice Starling (Julianne Moore), espérant toujours le remettre derrière les barreaux. Mais elle ne sera pas la seule dans la course, un ancien ami d’Hannibal, Verger (Gary Oldman), le traque également, avide de vengeance, tandis qu’un inspecteur italien lui aussi à Florence va le traquer au péril de sa vie par appât du gain.

Pour moi il n’y a aucun débat possible : ce film est assurément le meilleur de la trilogie. Il est le mieux rythmé, et c’est enfin le premier non parasité par une enquête parallèle ennuyeuse au développement totalement vide. Et puis merde, Anthony Hopkins est tellement parfait dans son rôle de psychopathe de génie. A ceci près qu’il fera une erreur (ou pari osé ?) dans le dernier tiers, venant mettre quelques doutes sur le niveau de génie, mais globalement il est assez brillant. Voir enfin ce noble instruit, aussi élégant que raffiné, répandre sa sagesse malsaine, voilà qui est passablement jouissif. Le changement d’actrice pour Clarice est presque positif tant – malgré son Oscar – la première interprète était assez fade, et bien que moins centrale ici, elle redéfini la notion « d’atout charme », notamment avec sa robe noire affolante. J’aurais pu être un peu critique sur le personnage de Verger, mais sa folie est plutôt fascinante, et malgré le niveau de connerie ahurissante de la scène de flashback de l’automutilation, les images sont marquantes, imprimant durablement ce malaise de folie autodestructrice. Quelques scènes seront rudes, comme celle avec Ray Liotta, mais jamais gratuite, mettant en abîme un niveau d’aliénation inédit. L’idée d’avoir placé une grande partie du récit à Florence était également une excellente trouvaille, le haut lieu culturel étant parfait pour un tel érudit, et tout l’arc du jeu du chat et de la souris est très réussi. De loin le film le plus abouti, offrant enfin au personnage d’Hannibal toute l’attention qu’il méritait.

Publié dans Cinéma, Critiques | Laisser un commentaire

Le Silence des agneaux


Le Silence des agneaux
1991
Jonathan Demme

Nous y voilà. Le fameux monument du cinéma, encensé par tous, porté aux nus par les critiques, le plaçant parmi les tous meilleurs films de l’histoire, ayant à la fois été un énorme succès commercial (275 M$) et un encore plus grand succès d’estime, avec pas moins de cinq prix aux Oscars, tous plus prestigieux les uns que les autres : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario, meilleur acteur et meilleure actrice. Tous les prix les plus importants raflés. N’est-ce pas un peu exagéré ?

Peu ou prou la même chose, l’écrivain Thomas Harris applique une seconde fois la même formule pour cette suite de Dragon Rouge. On suivra donc à nouveau un inspecteur du FBI, cette fois Clarice (Jodie Foster), une recrue en cours de formation, qui fera encore appel au dangereux Hannibal Lecter (Anthony Hopkins), le cannibale tueur en série, toujours enfermé dans la même prison. Ils se lanceront sur les traces d’un travelo kidnappant et tuant de jeunes femmes potelées.

Commençons tout d’abord par reconnaître une qualité de fidélité à Dragon Rouge, qui a réussi à tourner dans la même prison et avec le même directeur qu’ici, bien que le chef Crawford ait changé entre les deux. Par contre, l’auteur des livres semble avoir été assez fainéant sur la forme, réitérant l’exact même formule, tel un feuilleton. On sera assez déçu de ne pas voir plus d’Hannibal, plus que jamais relégué au second plan, et dont l’aide pour l’enquête se fait encore plus anecdotique. Certes, un certain passage au milieu du film le montrera enfin en action, et c’est assurément un point non négligeable à mettre au crédit du film, mais le reste à côté paraît d’autant plus quelconque. Le rythme est mou, surtout dans la première moitié, le méchant travelo est vide à outrance, et toute l’enquête qui l’entoure est poussive, pour ne pas dire ennuyeuse. Mais pourquoi diable ne pas faire un film centré sur Hannibal bordel !? Clairement le film passe à côté de son sujet tant l’iconique cannibale éclipse tout le reste. Pas mauvais, mais clairement pas la même saveur. Je vois le potentiel et quelques passages qui ont pu susciter l’engouement, mais pas dans une telle propension. Peut-être le film le plus surcoté qu’il m’ait été donné de voir.

Publié dans Cinéma, Critiques | Laisser un commentaire

Dragon Rouge


Dragon Rouge
2002
Brett Ratner

Tout le monde connaît ce personnage mythique de Hannibal Lecter, cet homme aussi raffiné que fou, ayant un penchant pour le meurtre et le cannibalisme. Comme pour la quadrilogie de romans de Thomas Harris, quatre films ont donc vu le jour, bien que Manhunter, adaptant le premier livre, fut passé totalement inaperçu en 1986 avec moins de 10 M$ dans le monde. C’est avec l’adaptation du second livre que le personnage obtint ses lettres de noblesse, tant aujourd’hui encore Le Silence des Agneaux est toujours considéré comme l’un des plus grands films de l’histoire. L’écrivain publia deux autres livres par la suite, en 1999 et 2006, avec à chaque fois une adaptation dans la foulée, bien que le dernier soit un préquel considéré comme à part. Ainsi, après Le Silence des Agneaux en 1991 puis Hannibal en 2001, récoltant à eux seuls plus de 625 M$ (275 M$ puis 350 M$ pour la suite dix ans plus tard), une nouvelle adaptation du premier roman vu le jour dans la foulée, de quoi offrir une certaine continuité artistique pour une trilogie où le dernier est en fait le premier, de quoi se perdre un peu niveau chronologie.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le film ne traite absolument pas des origines de Hannibal Lecter (Anthony Hopkins), ce dernier étant capturé d’emblée par l’agent Will Graham (Edward Norton). On suivra une nouvelle enquête de ce dernier, sur les traces du Dragon Rouge (Ralph Fiennes), un autre psychopathe non moins névrosé. Malgré leur différent de l’époque et le fait qu’il ait failli le tuer, Graham ira chercher de l’aide auprès d’Hannibal Lecter.

Le début du film est aussi décevant que frustrant. Non seulement on ne verra jamais Hannibal à l’œuvre, mais en plus on nous vend une relation spéciale à la Holmes et Watson entre lui et Graham, complicité qui ne durera que quelques secondes avant que les choses s’emballent. Cela semble traité dans la série de 2012, mais étant annulée en cours de route, elle n’a pas de fin. Ensuite, on a tout de même un tueur en série d’envergure enfin arrêté, faisant la une des tous les journaux, avec on imagine un procès dantesque, mais on ne suivra jamais cet événement fondamental, passé sous silence pendant le générique. Et c’est là une frustration sans commune mesure tant cela aurait fait sans le moindre doute un film bien plus intéressant et original en ce concentrant sur ce seul passage éludé. A la place, on suivra une enquête certes prenante, mais un peu plus convenue, comme une entrée un peu longue en attendant de voir le vrai antagoniste à l’action, mais ça ne sera pas dans ce film, tout juste est-ce teasé en toute fin pour faire le lien avec la seconde adaptation.

Pour autant, le film a des arguments de poids. Déjà le casting est ahurissant : on retrouve en plus du trio de tête Ken Leung, Emily Watson, mais également les monstres sacrés Philip Seymour Hoffman et Harvey Keitel. Ensuite, l’ambiance poisseuse est très réussie, créant une vraie angoisse, un vrai malaise, avec une mise en scène efficace. En vérité, pour éviter la frustration de pendants de l’histoire qui auraient pu avoir un intérêt largement supérieur, il aurait mieux valu commencer directement avec la seconde enquête, mais au quel cas on aurait eu l’impression d’arriver en cours de route. Pire, après quelques recherche, le fameux quatrième livre / film sur « les origines », ne traite même pas du passé commun de Graham et Hannibal, mais le premier livre abordait ce passage bien plus. Il aurait donc mieux valu soit couper le livre en deux films, soit rajouter une bonne demi-heure d’introduction, mais en l’état le film, même sans prendre en compte le ratage de l’adaptation, sera forcément décevant pour tous sur ce point tant l’absence d’impact de l’arrestation n’a aucun sens. Ca aurait dû être le point de départ événementiel, mais il est évident que cela aurait pesé sur le seconde enquête, forcément fade en comparaison. Une impasse insoluble. Un thriller assez réussi au casting démentiel, mais dont l’ombre de la saga rend sa propre existence anecdotique.

Publié dans Cinéma, Critiques | Laisser un commentaire