Ghost Lab


Ghost Lab
2021
Paween Purijitpanya

Second essai. Après le pourquoi pas mais ravagé par un derniers tiers catastrophique Inhuman Kiss, voici une seconde chance pour le cinéma de genre thaïlandais estampillé Netflix. Là encore, nous explorons du fantastico-horrifique, délaissant les créatures mythologiques pour un phénomène plus universel : les fantômes.

Deux amis jeunes docteurs vont un soir être tous les deux témoins d’une apparition fantomatique, ouvrant les yeux à l’un et confirmant une obsession de longue date pour le second. Ils vont alors décider de se lancer dans une étude approfondie sur le sujet, avec pour objectif d’apporter une preuve scientifique irréfutable sur cette forme de vie après la mort.

Vouloir prouver la vie après la mort, et ce dans le domaine de la médecine, c’était déjà le postulat de base de L’Expérience interdite, mais on pouvait se montrer curieux de voir un autre type d’approche. Eh bien le moins que l’on puisse dire, c’est que le film prend un parti prit radical et définitif, qui m’a personnellement laissé sur le cul. Aller aussi loin, vraiment ? Et plus que la violence psychologique, la morale exécrable ou l’égoïsme irréfléchi ahurissant, c’est surtout le niveau de connerie sans commune mesure qui ravage tout sur son passage. J’aurais presque tendance à recommander le film pour le ressenti tétanique de la folie aliénante de cette expérience, n’ayant que faire des conséquences, mais ça serait faire abstraction de l’impression de gâchis perpétuel due à la stupidité des protagonistes. Et au delà de ça, les acteurs sont limite mauvais et les effets spéciaux presque ridicules, seule la mise en scène est assez bonne, arrivant à marquer par le choc de certaines scènes (surtout le clin d’œil) et amenant quelques bonnes idées, comme le changement de cadre en fonction des vidéos de recherche ou du déroulé. Je ne me remettrais jamais du choix, sachant notamment avec L’Expérience interdite que d’autres « solutions » existent. En tous cas, clairement un film à bannir pour toutes personnes jeunes, sensibles ou fragiles.

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The Creator


The Creator
2023
Gareth Edwards

Malgré toute l’arrogance du bonhomme et les faiblesses d’écriture handicapantes de son Godzilla et Rogue One, force est de reconnaître que Gareth Edwards a un sacré talent de réalisateur, sachant à la fois mettre en scène le gigantisme, l’envergure des décors, mais surtout créer du grandiose à l’écran à une époque où l’œil trop habitué des spectateurs ne supporte plus les blockbusters lambdas aux visuels immondes dégoulinants d’effets spéciaux génériques.

Alors qu’aujourd’hui explosent les IA, le film va justement s’intéresser à un futur où une partie de l’humanité – les Etats-Unis – sont partis en guerre contre les IA suite à un terrible incident où une IA a décidé de larguer une bombe atomique en plein Los Angeles, causant un million de morts et sans doute bien plus les années suivantes avec les retombées radioactives. Joshua (John David Washington) était d’ailleurs en mission d’infiltration au Népal – l’Asie en général se montrant favorable aux IA et souhaitant continuer à les développer, offrant aux machines dotées d’IA un refuge – pour localiser et éliminer Nirmata, titre donné à la personne à l’origine de l’éveil des IA que ces dernières vénèrent. Seulement durant sa mission, il va tomber amoureux de Maya (Gemma Chan), élevée par une IA (Ken Watanabe) et censée être proche de Nirmata. La mission va tourner court quand l’armée américaine va envoyer ses forces sur place, déferlant la puissance de leur station orbitale Nomad pour éliminer tout le monde. Vraiment ? Cinq ans plus tard, l’armée (Allison Janney) va reprendre contact avec Joshua, lui faisant miroiter la survie de son épouse pour l’enrôler dans une nouvelle mission visant à récupérer une arme développée par les IA qui risquerait de renverser le cours des choses.

Que j’avais envie d’adorer ce film… Alors oui, visuellement le film est grandiose, ce qui est si rare de nos jours que cela doit être souligné et acclamé, surtout avec un budget « modeste » de 78 M$ quand tant de blockbusters à 200 M$ ou plus sont incapables d’offrir le dixième de l’envergure des visuels présents. La mise en scène est vraiment superbe, le mélange technologique / architecture traditionnelle en bois asiatique est une trouvaille formidable avec une vraie pate originale. Le Nomad et la technologie lumineuse bleue de l’armée américaine a une identité forte, et si on ne le vois pas de suite, plus on se rapproche de la fin et plus le film devient généreux avec une surenchère dantesque dans ses environnements. Notons également que le thème abordé de l’IA, la possible menace qu’elle pourrait représenter et sur le débat conscience / existence, voilà des sujets ambitieux, donc sur le papier le film avait un potentiel monstre.

Oui mais voilà, potentiel ne veut pas dire qualité réelle, et le scénario est au mieux problématique. Le débat sur ce qu’est la vie est carrément stérile avec d’un côté une Amérique voulant les détruire, et de l’autre une Asie ayant pleinement embrassé la cause de l’IA, rien au milieu. Ou si, le protagoniste, tombant dans ce que j’appellerais le piège Mass Effect 3, qui dans le cas présent n’est pas un calcul volontaire mais un artifice de facilité. Le coup de l’enfant IA n’a pas vraiment de sens, toute IA consciente est évolutive, et calquer cette évolution sur la morphologie évolutive biologique humaine est un non sens absolu : évidemment qu’une machine se met à jour plus vite que ce ne grandi un corps humain. Une transposition trop facile, avec une corde évidente, maladroite, pas traitée, amenant à des décisions précipitées non rationnelles. Mais en fait, le plus gros problème avec le scénario est l’écriture des IA en elles-mêmes, l’un des plus gros carnages de cohérence jamais vu. Elles ont été codée – point jamais modifié et cela est répété plusieurs fois – pour ne pas être capables de faire du mal aux humains. PARDON ??? Et tous les affrontements, l’utilisation d’armes, d’échanges de feu, c’était pour faire mumuse ?! On ne peut pas passer 1h30 à s’entre-tuer pour dire que ah mince problème, on ne peut techniquement pas tuer un homme à cause de notre encodage. Mensonge évident tout du long, venir en réalité réaffirmer les lois de la robotique comme ça détruit tout semblant de cohérence dans des propensions aberrantes. Un bijou visuel, plein de bonnes idées ne demandant qu’à briller, mais le résultat est très loin de pleinement convaincre tant le scénario est écrit à la truelle.

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Inhuman Kiss


Inhuman Kiss
2022
Sitisiri Mongkolsiri

Un film de genre thaïlandais ? Ca existe, et c’est même disponible sur Netflix. On y suit le quotidien tourmenté de la jeune Sai, apprentie infirmière qui mène une vie tranquille le jour, mais cauchemardesque la nuit. Elle est atteinte de la malédiction de la Krasue, où une force dite démoniaque prend possession de sa tête et son cœur, sortant de son corps la nuit pour dévorer de la chair, animaux ou humains. Une situation difficile pour le village, périlleuse pour elle, mais qui va prendre une tournure plus dangereuse encore quand son ami d’enfance Noi va revenir, mais avec une mauvaise surprise : un groupe de chasseur de Krasue bien décidé à trouver et tuer celle de leur village.

Le postulat de base du film n’est pas très original mais partait assez bien : un triangle amoureux entre une fille possédée, son ami qui a toujours été là, et un autre ami de retour. Une sorte de Twilight 2 inversé où deux hommes normaux se battent pour une fille aux pouvoirs terrifiants. Pas toujours convaincant dans ses effets spéciaux, sur les deux premiers tiers le film a le mérite de faire comme il peut pour raconter une petite histoire tantôt mignonne tantôt fantastico-horrifique. Un pari réussi pour proposer du cinéma de genre, mais malheureusement vient le dernier tiers… Entre des protagonistes faisant des choix aberrants de bêtise, un déluge d’effets spéciaux et de combats frôlant le nanar, mais surtout une fin catastrophique sur le plan narratif, la sympathie ressentie pour le long-métrage s’en retrouve méchamment impactée. Du potentiel donc, un vrai savoir faire pour les moyens du bord, mais la dernière partie est un tel naufrage qu’on en fini par regretter d’avoir laissé sa chance au film.

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Dans les angles morts


Dans les angles morts
2021
Robert Pulcini, Shari Springer Berman

Parti des nombreux films privés de sortie cinéma suite au Covid et que les studios ont bazardé à une plateforme de streaming pour limiter la casse, voici l’un de ceux ayant atterri sur Netflix. Voilà qui est bien dommage pour tout le monde, car d’un côté pour les studios et les salles, les films d’horreur sont une aubaine – faible coût, rentabilité très souvent élevée – et les spectateurs sont cruellement en manque de propositions originales, se rabattant sur un peu tout et n’importe quoi.

Ah c’est beau l’amour : pour encourager son mari, une décoratrice à succès, Catherine (Amanda Seyfried) va accepter d’aller se perdre à la campagne et renoncer à sa carrière pour que son époux George (James Norton) y devienne professeur dans une université privée, et pourquoi pas y devenir écrivain également. En réalité, c’était aussi pour redonner une chance à son mariage en perdissions, sans se douter que tout allait aller pour le pire.

De base on aurait tendance à se dire que le film est bardé de clichés du genre, et ce n’est pas totalement faux : problèmes de couple, maison perdue en campagne, manifestations surnaturelles, maison hantée, mensonges et mystères. Seulement voilà, toute présence fantomatique n’est pas nécessairement mauvaise (ni nécessairement l’inverse), ce qui donne lieu à quelques inversions bien vues, et c’est surtout le niveau de détails qui impressionne. Tout du long, le film va laisser passer quelques anecdotes à première vue anodines, du simple background de personnage, mais en réalité beaucoup vont avoir une importance capitale une fois étant en pleine compréhension de certains faits les entourant. C’est parfois brillant, comme le coup de l’écharpe ou du bateau et ses réitérations. Le film va assez loin dans son concept et a de belles idées de mise en scène ou d’inspirations artistiques avec ses tableaux. On pourrait même parler de grand représentant du genre si certains éléments ne venaient pas entacher notre plaisir : le personnage de Natalia Dyer est un peu sous-exploité dans la seconde moitié, le côté fatalité de la destinée est un peu décevant, et l’absence de vérifications sur ce qu’il advient de Justine (Rhea Seehorn) laisse perplexe pour quelqu’un qui avait jusqu’alors toujours su couvrir ses traces. Un concept de base très classique donc, mais une forme bien travaillée, un excellent casting (le mari est vraiment parfait en dandy à l’arrogance folle) et de belles fulgurances au niveau de l’écriture.

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Suzume


Suzume
2023
Makoto Shinkai

Alors que le fils n’avait jamais réussi à marquer autant que l’immense Miyazaki père, il semblait d’abord que la grande relève de l’animation japonaise était M Hosoda, mais que ce soit au niveau des critiques ou du public, depuis Your Name, Makoto Shinkai n’a de cesse que de s’imposer comme le plus grand réalisateur de cette nouvelle aire du cinéma d’animation nippon. Pour ma part, Your Name et Voyage vers Agartha étaient très prometteurs, mais un peu plombés par une ambiance dépressive pesante et quelques choix douteux, mais partageaient une ambition scénaristique ahurissante. Au contraire, Les Enfants du temps était plus maîtrisé, plus appréciable, mais moins marquant sur son histoire. Toujours à pas grand chose du très grand film, à voir si son prochain arrivera à marquer le pas, car ce ne sera pas cette fois non plus.

Pays souvent meurtri par de terribles séismes, le Japon a appris à vivre avec cette menace perpétuelle en épée de Damoclès, mais est-ce vraiment d’origine naturelle ? Lycéenne de 16 ans sur le chemin de l’école, Suzume va faire la rencontre d’un certain Sâto, un veilleur de portes. En réalité, un ver destructeur se tapi dans une autre dimension, guettant la moindre occasion pour ouvrir une porte vers le notre pour y déchaîner sa violence en causant de terribles séismes. Suzume va découvrir qu’elle possède elle aussi le don de voir au delà de notre réalité pour percevoir cette menace.

Thème récurrent, que ce soit Final Fantasy VII ou Les Créatures de l’esprit notamment, on voit souvent le ressentiment humain matérialiser une conscience informe s’attaquant à la vie elle-même, comme un cercle vicieux de destruction. Le film y apportera les portes et le dieu chat pour lui insuffler une originalité, dans le fond assez relative. L’amour avec un homme transformé en objet suite à une malédiction, même si les rôles ne sont pas forcément les mêmes, c’est clairement Le Château ambulant, qui avait autrement plus d’idées visuelles pour enrichir son univers. D’ailleurs, il est étonnant que l’idylle de Suzume n’ait pas suscité de débat, on parle tout de même d’une mineure de 16 ans avec un adulte ayant déjà fait à minima 4 ans d’études, donc à priori au moins 22 ans. C’est aussi là que le film me perd un peu : si on peut avoir de l’empathie pour eux, il est aberrant de naïveté que lui puisse croire sans le moindre doute à leur romance quand la jeunesse de sa moitié est logiquement signe d’instabilité, immaturité et incapacité à se projeter. Le côté road trip est sympathique, mais de fait on délaisse l’écriture des personnages secondaires, tous de simple passage. On a un côté jeu-vidéo également, à se déplacer pour enchaîner les mêmes missions, avec une difficulté croissante, ce qui manque de fluidité narrative de fait. Visuellement c’est toujours magnifique, techniquement incroyable, mais au niveau originalité des décors ou du lore, c’est assez décevant. La musique est également magnifique, mais rien de si mémorable. Un travail d’excellente qualité, mais manquant d’envergure pour son histoire ou ses personnages. Le genre a déjà eu tant de chef d’œuvre qu’on en attend peut-être trop à force.

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Un métier sérieux


Un métier sérieux
2023
Thomas Lilti

Après trois films sur le milieu médical, le réalisateur Thomas Lilti change de registre et s’attaque cette fois au corps enseignant, et plus particulièrement la vie des professeurs d’un collège (incluant Vincent Lacoste, William Lebghil, Adèle Exarchopoulos, François Cluzet ou encore Louise Bourgoin). La banlieue parisienne, les élèves difficiles, comment se faire respecter, obtenir la reconnaissance de chacun, et accessoirement faire des cours de qualité.

C’est visiblement de pire en pire avec les nouvelles générations toujours plus insolentes, désabusées et à la concentration en chute libre. Être professeur n’est désormais plus de simplement transmettre un savoir, c’est avant tout surveiller, discipliner, survivre presque tant la pression est omniprésente, que ce soit les élèves, leurs parents ou l’administration, voir carrément les collègues tant la culpabilité peut être destructrice quand on éprouve de grandes difficultés là où d’autres se baladent tranquillement. Bref, rien de nouveau sous le soleil, ça fait des décennies qu’on tire la sonnette d’alarme et que des parents démissionnaires continuent de fournir des élèves ayant plus leur place en école militaire que dans un établissement classique tant les bases de l’éducation sont inexistantes. Malgré son casting prestigieux, le film ne fait donc que brasser du vent, mettre en image une situation que l’on ne connaît que trop bien. Pas d’idée nouvelle à apporter au débat, et pas non plus de passages chocs pour en montrer les extrêmes. Une œuvre pas mauvaise, loin de là, mais qui ne propose juste pas assez pour nous marquer ou simplement se démarquer.

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Anatomie d’une chute


Anatomie d’une chute
2023
Justine Triet

Je n’ai pas vraiment mémoire d’un film ayant reçu la Palme d’Or à Cannes méritant de réelles louanges à la mesure de l’aura du prix, et j’avais passablement détesté la seconde moitié de Parasite qui partait bien trop en vrille. L’idée de voir le nouveau lauréat ne m’enthousiasmait pas outre mesure donc, même s’il faut dire que les critiques étaient sacrément dithyrambiques, se traduisant par un joli succès en salle avec 1,3 millions d’entrées en France et un tout de même existant 4 M$ en Amérique du Nord.

Comme l’indique le titre, il s’agira d’une anatomie / étude d’une chute, à savoir celle ayant causé la mort de Samuel (Samuel Theis). Pendant que sa femme (Sandra Hüller) se disait entrain de se reposer dans sa chambre au second et que lui était censé travailler au troisième étage à rénover le grenier de leur chalet, il va faire une chute mortelle et sera retrouvé par Daniel (Milo Machado-Graner), son fils aveugle parti faire une promenade avec son chien spécialisé. Une chute qui paraîtra assez suspecte aux enquêteurs, au point d’ouvrir une enquête pour meurtre, accusant sa femme.

Un point m’attirait pas mal dans ce film : son côté film de procès, genre à part entière reposant sur des rebondissements, beaucoup de pression sur l’acting et les dialogues. Et autant dire que le film s’en sort plus que très bien tant son écriture est formidable. L’aspect procès est pleinement maîtrisé, faisant régulièrement de nouvelles révélations orientant dans un sens puis dans l’autre notre opinion, laissant planer jusqu’à pratiquement la fin le doute quant à la culpabilité de la femme, accident ou carrément suicide. Il faudra attendre l’ultime retournement pour en avoir l’absolue certitude, et c’est assez brillant dans la gestion du suspense. Le casting porte solidement tout ce jeu de joutes verbales, accusation et défense, notamment l’avocat de la défense (Swann Arlaud) et surtout le jeune Daniel, la véritable révélation du film dont un certain passage sur une ancienne discussion en voiture aura su me tirer les larmes, ce que seule une poignée de film sur plusieurs milliers auront réussi. Chef d’œuvre absolu donc ? Sachons raison garder, car le film a tout de même quelques défauts. Le plus évident avec une durée de plus de 2h30, c’est un souci de rythme. C’est un peu long par moments, et la fin rate le coche du timing parfait, s’étirant sur de futiles banalités. Reste aussi la réalisation, malheureusement très plate et peu inspirée. Un grand film au scénario aussi incroyable que son casting, mais dont la technique ne permet pas de prétendre aux plus hautes cimes.

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Le Goût de la vie


Le Goût de la vie
2007
Scott Hicks

Qu’est-ce que l’amour si ce n’est le moteur de toute vie ? Pour beaucoup, au delà de la gloire, la richesse ou la reconnaissance, c’est d’être aimer qui compte le plus. Il est donc normal que ce genre soit un incontournable au cinéma, et un indispensable pour toute personne romantique cherchant à trouver un écho au tourbillon d’émotions qui le traverse.

Il faut parfois surmonter des drames pour en apprécier les bons moments. Elle croyait avoir la vie qu’elle rêvait malgré la solitude, mais Kate (Catherine Zeta-Jones) va devoir apprendre à ne plus vivre que pour elle, ayant la charge de sa nièce (Abigail Breslin) suite à la mort de sa sœur. Elle se mettra même à craindre pour sa carrière de chef quand un assistant (Aaron Eckhart) un peu trop talentueux sera engagé pour l’épauler.

Passons directement à l’essentiel : Mark Isham est un génie. Quand on s’imagine une musique marquante, on pense naturellement aux thèmes orchestraux et épiques de certaines grosses production, eh bien ici le compositeur nous gratifiera d’une des meilleures musique jamais entendue. « Building a family » est un bijou de poésie, nous emportant dès la première note dans un océan de tranquillité, de beauté, de douceur. Un hymne à la vie retentissant, décuplant l’impact de séquences attendrissantes sur des âmes fébriles se reconstruisant ensembles. Certes, passé le drame initiateur, on est sur de la comédie romantique ronflante assez classique, mais entre le trio d’affiche formidable et ce supplément d’âme musical, on vole sur un petit nuage tout du long. Ainsi dont la vie a ce goût là.

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Le Meilleur reste à venir


Le Meilleur reste à venir
2019
Matthieu Delaporte, Alexandre De La Patellière

Enorme claque de 2012, Le Prénom avait su être transcendé du théâtre au cinéma par ses mêmes auteurs et metteurs en scène, et on avait hâte de savoir si c’était une étincelle de génie éphémère ou durable. Dénotant d’une imagination incroyable, mais souffrant de quelques soucis de raccordements, Un illustre inconnu avait eu tendance à prouver leur talent d’écriture, mais on avait surtout hâte de les retrouver dans un style plus comique, quand bien même la bande-annonce laissait présager d’un quiproquo un peu trop cousu de fils blancs.

Cet imbroglio de départ était un avis de médecin, que César (Patrick Bruel) va trouver chez son ami Arthur (Fabrice Luchini), disant que ce dernier souffre d’un cancer et n’a plus que quelques mois à vivre. Partant de là, il va se dire que quitte à y passer, autant en profiter une dernière fois, voulant offrir à son complice de beaux souvenirs avant que la maladie ne le rattrape. Un beau geste, mais en réalité, cet avis médical ne concernait pas son ami, mais lui-même.

L’être humain n’est par nature par éternel, et la mort vient régulièrement rabattre les cartes et nous remettre face aux vraies urgences, aux vrais enjeux. Que faire du temps qui nous est imparti ? Ode à l’aventure, à l’amitié, à l’amour (avec Pascale Arbillot et Zineb Triki), le film partira de ce doute sur qui est malade pour nous faire comprendre des priorités de la vie. De la comédie douce-amère portée par un formidable duo des plus charismatiques et très en forme. L’écriture est une fois encore excellente, notamment avec sa toute fin très touchante avec cette réplique qui trouve tout son sens dans sa seconde occurrence. Point d’immense claque, mais un beau film réussi.

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The Marvels


The Marvels
2023
Nia DaCosta

Il n’y a pas que DC qui souffre, tout le genre super-héroïque est à l’agonie. Seul Les Gardiens de la Galaxie 3 a su garder la tête haute en 2023 face à une avalanche de ratés, de plus en plus inquiétants à force. Si le MCU a souffert du Covid, certains énormes succès comme Spider-Man No Way Home et Doctor Strange in the multiverse of madness ont prouvé que les fans pouvaient répondre présents. Mais depuis, si les score des principales licences ont su sauver les meubles malgré une baisse de qualité violente, l’effondrement d’ambition s’est converti en ras-le-bol généralisé, jusqu’à un point encore jamais vu en 32 films : non seulement une absence de rentabilité, mais carrément un giga bide sans précédent. Pourtant la suite de Captain Marvel, un film sympathique ayant eu un succès monstre, plus de 1,1 milliards de dollars dans le monde, ce second opus, doté d’un budget brut de 274 M$ (certes avec 55 M$ de déduction fiscale), soit près de 400 M$ avec le marketing, s’est crashé à 200 M$ avec un maintient d’une faiblesse ahurissante, faisant le quart de ses entrées totales le premier jour. Avec les frais de distribution, on serait sur une perte sèche entre 200 et 250 M$, soit tout simplement le plus gros gadin de tous les temps. En même temps, depuis le début du MCU on peste de l’incohérence des aventures solos où les autres super-héros restent sans bouger face à des menaces ahurissantes, les spectateurs s’insurgent de plus en plus du wokisme et autre féminisme arriviste, donc du girl power pareil, c’était tendre le bâton pour se faire battre.

Conspuée depuis Endgame où son arrogance folle avait énervé les foules, Carole Denvers (Brie Larson) est de retour pour faire face à ses fantômes. En détruisant l’intelligence artificielle des Kris, elle aura privé son peuple de tout ce qui le permettait de prospérer, et une de ces représentes va se lancer en guerre contre elle pour lui prendre tout ce qu’elle leur a prit. Elle fera équipe dans sa mission avec Kamala Khan (Iman Vellani) et Monica Rambeau (Teyonah Parris).

L’idée de base, de reprendre le constat que Disney et Marvel ont flingué le personnage de Captain Marvel et qu’on parte du principe que c’est une pétasse prétentieuse insupportable qui a carrément ravagé un peuple entier et toute vie sur une planète, c’était un bon postulat. Le problème, c’est que non seulement ce n’est pas utilisé pour redorer son image, elle en ressort au contraire encore plus antipathique (la mettre en couple avec Valkyrie (Tessa Thompson) ne fait qu’accentuer ce féminisme débile bourré aux forceps), mais voir Kamala l’aduler tout du long est incohérent au possible. Même après que cette dernière ait lâché un « reste bien tranquille, laisse les gens mourir, on en a déjà sauvé assez » (dans l’idée), elle continuera à jouer les groupies jusqu’au bout. Passons sur le fait que les spectateurs ne faisant « que » suivre les 33 films du MCU seront perdus sans avoir vu l’excellente série WandaVision, la médiocre série Miss Marvel et la paraît-il catastrophique série Secret Invasion (mais là j’abandonne, le niveau des dernières séries MCU est trop affligeant). Passé les références de toutes les précédentes œuvres, un humour toujours plus lourd (sérieusement, Nick Fury (Samuel L. Jackson) qui sort des « ciseaux » quand Captain Marvel explique quelque chose avec sa main ouverte en forme de feuille…), le film est soit raté soit passablement vide. La méchante est insipide au possible, aux motivations contre-productives et réduite à la plus basique des fonctions d’antagoniste. La séquences de comédie-musicale est un des moments les plus honteux donné de voir, et le pire est sans doute le visuel, moche à pleurer. 274 M$ pour des incrustations minables, des décors CGI hideux et des effets tapageurs pas réalistes pour un sous. C’est scandaleux… Il reste l’attachement à l’univers, quelques pistes d’espoir, mais on voit mal comment cet ancien eldorado pourra se relever.

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