Naruto

Naruto
1999-2014 (manga) | 2002-2017 (anime)
Masashi Kishimoto (manga) | Hayato Date (anime)

Pilier de l’univers du manga, Naruto a indéniablement marqué l’histoire culturelle mondiale en s’imposant comme l’un des plus grands incontournables du Weekly Shonen Jump, le légendaire magazine japonais qui publie chaque semaine un chapitre des mangas les plus populaires du moment. Nous avons été nombreux à suivre à un moment donné leurs parutions, certain n’ayant même pas la patience d’attendre la version améliorée du scan et se jetant directement sur le raw (la qualité de papier utilisée dans le Jump laissant à désirer, les premières versions disponibles sur internet piquent pas mal les yeux), mais nous avons aussi été quelques uns à lâcher en cours de route. Attendre semaine après semaine pour une poignée de pages ou un épisode de l’anime qui arrivait avec plusieurs années de retard parfois, c’était rapidement lassant, d’autant plus quand ledit anime contenait pratiquement autant d’épisode HS (hors série, c’est-à-dire une trame originale qui ne suit pas le manga et le résultat est souvent catastrophique) que d’épisodes normaux. Personnellement, ne le suivant qu’en anime, c’était en 2008 que j’avais décroché, un an à peine après le passage à Shippuden. Il faut dire qu’après pratiquement deux ans à se taper des HS, s’en reprendre une fournée était la goutte de trop. Mais voilà, aujourd’hui l’histoire est terminée après 72 tomes et 720 épisodes (220 pour Naruto et 500 pour Shippuden, histoire qui reprend trois ans plus après), et certains fans ont fait le tri pour que les nouveaux arrivants découvrent le manga dans des conditions optimales (on appelle ça les versions « kai », dénuées de tout HS), l’occasion de s’y plonger enfin complètement.

Prenant place dans un univers potentiellement contemporain post-apocalyptique, le monde dépeint dans le manga s’est reformé autour de pays basés sur l’art du ninjustu, la discipline des ninjas. Pour répondre à de fortes menaces et de lourds besoins militaires, chaque pays est axé sur le développement de ninjas dès le plus jeune âge, qui sont formés aux diverses techniques élémentaires (ninjustu) et d’illusion (genjustu) jusqu’à ce qu’ils deviennent des genins (stade I des ninjas, les stades II et III sont respectivement chuunins et jounins, seuls les kages – chefs des villages – ont un statut supérieur) où ils intègrent leur société en remplissant des missions (principale source de revenu) plus ou moins difficiles en fonction de leur niveau. Tel le Khi dans Dragon Ball, les ninjas puisent leur énergie du chakra, sorte de flux vital qui une fois malaxé peut-être utilisé pour décupler sa force ou assainir de puissantes techniques. Ici, on suivra le jeune Naruto Uzumaki, garçon de 12 ans élève à l’académie de Konoha, le village caché de la feuille. Orphelin suite à une terrible guerre qui opposa son village au démon Kyuubi, le renard à neuf queues, il est aussi le réceptacle de la bête. Personne n’ayant réussi à stopper le monstre, Godaime, le quatrième hokage (kage de Konoha), sacrifia sa vie pour sceller en Naruto le démon renard.

Dans un style un peu enfantin et naïf, le manga démarre par le passage à genin de Naruto grâce à une technique interdite, le taju kage bushin no justu, aussi appelé clonage de l’ombre. Un premier contact en demi-teinte puisque la fameuse technique interdite est en réalité connue de tous et on se demande bien, avec le recul, comment une technique aussi banale peut avoir vaincu un chuunin autrement plus expérimenté. Néanmoins, on ressent d’emblée une grande solidité au niveau de la construction de l’univers entre la mystérieuse guerre, la multitude de villages, le système de rang, le principe de missions ou encore la structure éducative. Des chuunins apprennent aux apprentis à devenir genins, et une fois ce rang atteint les élèves sont placés par groupes de trois sous la tutelle de jounins. Pour Naruto, à la sortie de l’académie ses deux partenaires sont Haruno Sakura (dont il est amoureux mais elle non) et Uchiwa Sasuke (dont est amoureuse Sakura et lui non), placés sous la protection de Hatake Kakashi.

Comme tout manga, la structure narrative se base sur le principe d’arc, c’est-à-dire un ou plusieurs tomes / série d’épisodes s’axant autour d’une histoire et de personnages propres à l’arc en question, pouvant néanmoins rester ou revenir dans les arcs suivants. Le premier des arcs, une fois passé l’introduction du groupe numéro 7 dont fait parti Naruto, sera la mission d’escorte jusqu’au pays des vagues. Première mission et premier grand danger pour le groupe, l’équipe sera confrontée au dangereux assassin Zabuza et son acolyte Haku, première grande envolée dans le manga. Entre son apparence de squale avec son énorme épée et le fait qu’il tienne tête au renommé Kakashi, Zabuza fait parti de ses méchants qui font date, d’autant que l’arc proposera non seulement un entraînement intéressant posant les bases de la mythique rivalité entre Naruto et Sasuke, mais on découvrira en plus les conséquences du sceau de Kyuubi, permettant à Naruto de puiser dans la colossale puissance du démon qui est scellé en lui.

À peine de retour au village le manga frappe encore un grand coup en proposant un arc encore plus marquant, celui de l’examen des chuunins. Tous les ninjas genins de tous les villages se réunissent une à deux fois par an pour soumettre leur candidature à un examen pour passer au rang supérieur pour asseoir leur renommée ainsi que celle de leur village. On découvre ainsi une pléthore de genins de différents villages comme les fameux trois ninjas d’Oto, pays du son, mais aussi Gaara, Temari et Kankurô du village de Suna, pays du sable, ainsi que les autres genins de Konoha qui auront leur importance par la suite, Chôji, Ino, Shikamaru, Hinata, Kiba, Shino, Neji, Tenten et bien sûr Rock Lee. Entre une tension de chaque instant, un examen écrit déstabilisant, une forêt terrifiante et un championnat d’anthologie, le manga achèvera de convaincre les plus septiques. De plus, une certaine rencontre dans la forêt posera les bases de la mythologie des sannins, les trois élèves légendaires du troisième hokage, à savoir Jiraiya, Tsunade et Orochimaru. La première session des championnats comportera aussi un grand moment épique, à savoir le surpuissant combat opposant Gaara à Rock Lee, mais ça n’est rien comparé à la suite.

Dans l’entre deux tours, Sasuke apprendra avec Kakashi la dévastatrice technique du Chidori tandis que Naruto sera prit sous l’aile de nulle autre que le légendaire Jiraiya qui lui enseignera non seulement la technique de l’invocation mais aussi les bases du contrôle de Kyuubi, le démon source de tant d’énergie sommeillant en lui. Le climax sera alors le duel au sommet entre Naruto et Gaara, prouvant que Naruto n’est plus le boulet inutile qu’on a besoin de sauver mais bien le valeureux guerrier capable de sauver les autres. Avec en parallèle un autre combat de titans, celui d’Orochimaru contre son ancien maître hokage, le spectacle est juste colossal.

Après le spectacle, place à la mythologie. Avant le dernier gros arc de la première aire, on découvre un peu plus les trois sannins puisque Jiraiya supervise l’entraînement de Naruto avec la superbe technique du Rasengan tandis que Tsunade va être choisie comme cinquième hokage pour protéger le village de menaces telles que Orochimaru, bien décidé à mettre la main sur Sasuke en se servant de son envie de puissance dû à ses motivations de vengeance qui seront introduites avec le passage furtif d’Itachi, frère de Sasuke qui a massacré tout son clan et qui a rejoint une organisation appelée Akatsuki dont le seul nom fait trembler le monde entier.

Point de rupture pour Sasuke, sa rencontre avec son frère ravivera sa haine et le poussera à accepter l’invitation d’Orochimaru, partant pour le dernier et glorieux arc le rejoindre. Une mission de sauvetage va alors être lancée, mais faute d’effectif disponible seuls les genins seront mobilisé, emmenés par Shikamaru, le seul à avoir été accepté comme chuunin. Ainsi, Naruto, Shikamaru, Neji, Chôji et Kiba partiront sauver Sasuke contre son gré, mais en face d’eux se trouvent quatre des meilleurs ninjas d’Oto, laissant présager d’affrontements hautement dangereux et donc bigrement classes. On en apprend un peu plus à cette occasion sur la fameuse marque qu’avait laissé Orochimaru à Sasuke lors de l’examen chuunin, sceau maléfique capable de restituer une puissance phénoménale. Le manga s’offre ainsi des combats dantesques avec des ennemis d’une force inédite – en dehors des légendaires, de l’Akatsuki et des démons style Kyuubi – et au design original (en seconde forme), notamment Kimimaro et sa capacité osseuse dont on aurait aimé connaître le passé plus en détail.

Si on reste très loin du niveau d’élaboration de One Piece pour ce qui est des histoires personnelles en flash-back, la confrontation entre Sasuke et Naruto offre de très grands moments tant émotionnels que spectaculaires. Les interventions sont magiques, les surprises jouissives et on se surprend à avoir développé autant d’affecte pour tous ces personnages. Si le manga ne décolle vraiment qu’à partir du combat sur le pont avec Haku, on découvre peu à peu une richesse indéniable entre un univers parfaitement établi et cohérent et des personnages charismatiques et attachants. Un style efficace, un ton entraînant et un anime de qualité, bénéficiant d’animations fluides et de musiques puissantes. Hélas, malgré un potentiel énorme, la suite ne sera pas aussi convaincante…

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Le Retour de Don Camillo

Le Retour de Don Camillo
1953
Julien Duvivier

Un peu trop sanguin limite sanguinaire, dans une petite ville d’Italie le curé Don Camillo (Fernandel) avait faut des siennes en se mêlant de trop près à la politique du nouveau maire communiste Peppone (Gino Cervi). Lui qui devait se tenir à carreau, il se sera battu une fois de trop et fut envoyé – à la fin du premier film Le Petit monde de Don Camillo – à la campagne pour méditer sur son comportement. Perdu en pleine montagne, sous la neige et cerné par de vieilles personnes acariâtres, il ne tardera pas à imposer son retour chez lui où la scission entre les classes sociales font toujours rage. Une fois encore, il va s’immiscer dans les affaires du village, notamment dans l’éducation du fils de Peppone, occasion rêvée pour le faire chier.

Vous avez aimé Don Camillo ? Eh bien voilà du rab, ni plis ni moins. On reprend les mêmes personnages, le même lieu, les mêmes oppositions et coups de gueule. Le plat reste le même, la sauce a le même gout, seuls la disposition des ingrédients change. Une suite purement arriviste en somme, là uniquement pour capitaliser sur le capital sympathie des personnages et du premier film, peinant à renouveler autre chose que les gags. Le coup de l’horloge est néanmoins sympathique, mais c’est dans l’ensemble trop faiblard pour se justifier. J’espère que les trois autres suites ont su faire mieux, sans quoi la rétrospective va vite devenir pénible.

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Le Petit monde de Don Camillo

Le Petit monde de Don Camillo
1952
Julien Duvivier

On parle beaucoup de la mode des suites à Hollywood, mais ça serait avoir la mémoire courte puisque la pratique a lieu depuis l’invention du cinéma pour ainsi dire. Saga mythique du cinéma français porté par l’emblématique Don Camillo incarné par le légendaire Fernandel, la franchise du curé bagarreur a connu pas moins de cinq films, et même pratiquement six si le dernier de 1970 n’avait pas changé son casting des suites de la maladie de son interprète, et sans lui les autres n’ont pas souhaité suivre.

Ce premier film pose la base de ce qui fera le sel de la licence à succès : le bras de fer entre un curé au sang chaud, Don Camillo (Fernandel), et un maire nouvellement élu, un communiste répondant au nom de Peppone (Gino Cervi). La ville est à l’image des deux hommes, scindée en deux entre le petit peuple qui a porté les valeurs du communisme au pouvoir local, et de l’autre les grands exploitants agricoles riches, soutenus dans leur boycott par leur curé, voyant en le maire et ses soutiens des monstres rouges qui vont à l’encontre des préceptes de Dieu.

Dans un contexte d’après guerre où le communisme a fait énormément de mal et où la Guerre Froide maintient les tensions, il est étonnant de voir un film oser dé-diaboliser ce qu’on qualifiait alors de vermine. Les réactions sont virulentes, les personnages un peu caricaturaux, de même que leurs histoires avec forcément au milieu de tout ça un gentil couple mignon qui veut unifier tout le monde autour de leur amour. C’est d’autant moins fin qu’un mur est littéralement érigé entre les deux camps de la ville, mais ça n’est pas tellement de la finesse qu’on demande à une comédie tant qu’elle divertie et nous fait rire. Sans aller jusqu’à dire que c’est hilarant, c’est au moins à peu près réussi même s’il faut bien avouer que les bagarres sonnent carrément bidon. Un petit moment agréable avec une figure d’antan qui nous manque, à réserver surtout aux nostalgiques.

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Le Crime de l’Orient-Express

Le Crime de l’Orient-Express
2017
Kenneth Branagh

Grand amateur de Shakespeare qu’il a adapté de nombreuses fois à l’écran, Kenneth Branagh est ce qu’on qualifierait de gentleman britannique amateur de classiques, et le voir se plonger dans du Agatha Christi avait de quoi hautement nous réjouir. Il était incontestablement l’homme de la situation, et avec l’un des casting les plus ahurissants de l’histoire pour camper les protagonistes du mythique train, le tableau semblait presque trop idyllique pour être vrai.

Légendaire détective connu dans le monde entier, Hercule Poirot (Kenneth Branagh) pensait pouvoir jouir de petites vacances après avoir résolu une enquête à Jérusalem, mais le sort va s’acharner et le travail tomber. Voulant retourner à Calais, il va prendre à Istanbul le célèbre train de l’Orient-Express, mais le voyage ne sera pas de tout repos. Alors qu’une avalanche va clouer le train sur place, un drame va survenir : Edward Ratchett (Johnny Depp), un trafiquant d’art, va être retrouvé mort dans sa cabine, poignardé de douze coups de couteau. D’après les circonstances, seuls les passagers du wagon (incluant Michelle Pfeiffer, Josh Gad, Daisy Ridley, Penélope Cruz, Willem Dafoe, Judi Dench) auraient pu commettre le crime. L’un d’eux est coupable, mais qui ?

Il y a de ça une bonne quinzaine d’années, j’avais étudié le roman d’origine en classe, gardant de cette expérience le souvenir d’une fin bancale et tirée par les cheveux. Excusez ma jeunesse de l’époque, j’étais alors loin de réaliser non seulement la complexité du récit mais aussi l’intérêt de sa morale bivalente. D’emblée on découvre un Hercule Poirot au charisme monstrueux, à la force de déduction implacable et à la classe aussi dingue que son égocentrisme et son arrogance sont justifiés. Il suffira d’une scène pour le placer dans les stratosphères de mes héros favoris : le protège moustache pour la nuit, l’accessoire ultime d’icônisation pour le faire entrer dans la légende, au même titre que le smoking de nuit de Barney dans How I Met Your Mother. Il ne cherche pas à paraître, il est. Et le plus fort, c’est que non seulement son enquête est d’une justesse ahurissante, mais en plus ce n’est pas lui qui vient éblouir le monde de son intelligence car la véritable leçon du film c’est lui qui va l’apprendre. Sans trop en dire sur le fond de l’histoire, le moins que l’on puisse dire c’est que chaque personnage est utile, l’écriture est extrêmement travaillée, les dialogues sont d’une précision irréprochable et l’atmosphère pesante nous fait retenir notre souffle jusqu’à la dernière seconde. Par la mise en scène et le procédé d’enquête qui nous dévoile petit à petit les éléments de l’intrigue, on en perçoit pas tout de suite l’ampleur de l’histoire, mais quand vient l’heure du bilan on reste sans voix. C’est brillant, puissant, captivant. Une suite toujours emmenée par Kenneth Branagh est déjà programmée et c’est une excellente nouvelle tant pour le cinéma que pour les œuvres d’origines, trouvant là une parure d’une rare noblesse.

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Santa & Cie

Santa & Cie
2017
Alain Chabat

Dans les années 90, on avait deux groupes comiques qui fédéraient quasiment tout le monde : Les inconnus et Les Nuls. Figure emblématique de ces seconds, Alain Chabat a toujours occupé une place de choix dans nos cœurs de petits français, et ses trois premiers films en tant que réalisateur sont devenus cultes. Seul son quatrième long-métrage a laissé globalement perplexe : Sur la piste du Marsupilami, quoique moins honteux que ce qu’on aurait pu craindre. Loin de nous refroidir, on attendait tous son prochain projet comme des enfants attendant leurs cadeaux de Noël, et c’est justement sur cette fête que le film porte.

Dans le film, Alain Chabat y campe Santa Claus, le Père Noël, devant faire face à un énorme problème : à une poignée de jours de Noël, ses 92 000 lutins vont tous tomber malades simultanément. D’après sa femme Wanda (Audrey Tautou), ils manqueraient de vitames C, et il faudrait donc se rendre en territoire civilisé pour commander près de cent mille vitamines pour les remettre sur pied. Un challenge difficile quand on ne connaît pas le monde qui nous entoure, mais il trouvera sur sa route Thomas (Pio Marmai) et sa femme (Golshifteh Farahani) qui vont accepter de l’aider dans sa tache.

Les films de Noël occupent une part de moins en moins important d’année en année, surtout en France où même les grosses comédies américaines sur le sujet ont des sorties confidentielles voir directement dans les bacs. Un gros blockbuster français avec un artiste au capital sympathie dingue, ça nourrissait forcément des attentes considérables, et dans ces conditions là on ne peut qu’être déçu si le film n’est pas au minimum excellent. Enchaînant les jeux de mots faciles et débiles sans être drôles pour autant, lâchant du guest pour les prestige sans rien en faire derrière, à l’image du duo David Marsais et Grégoire Ludig carrément sous-exploité, le film coupe rapidement court à nos attentes. Le scénario est au mieux bancal, reposant sur une idée très faiblarde et multipliant les incohérences. La plus flagrante est celle de l’argent : Santa prétend être l’inventeur du monopoli, et pourtant il ne comprend pas la notion d’argent, achat et vente. L’écriture des personnages est elle aussi problématique tant la psychologie de chacun ne bougera pas, même celle du Père Noël qui restera un connard narcissique quasi autiste jusqu’à la fin. C’est dommage car le film avait un vrai potentiel et quelques trouvailles s’y sont glissées. On pense notamment aux pouvoirs du Père Noël, capable de parler n’importe quelle langue au monde et il connaît et se rappelle de tous les enfants et de tous les cadeaux qu’il leur a apporté. Cela donne lieu à quelques scènes tantôt drôles tantôt touchantes, mais trop peu nombreuses pour tirer pleinement parti du potentiel sous-jacent. Au final le film est tout juste correct, pas si drôle que ça et largement plombé par l’inconsistance de son histoire. Un crève cœur tant on voulait y croire.

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Top 10 Jeux-Vidéo

Salutations ! Pour célébrer les 7 ans du lancement de mon site, qui fut dévoilé le 20 décembre 2010 déjà, je vous propose de découvrir un top de mes jeux-vidéo préférés. Comme il y a deux ans avec le cinéma, je vous livre la liste des œuvres d’un autre domaine artistique qui m’ont le plus touché et marqué, revenant sur ce qui m’a fait le plus vibrer dans chacune d’entre elles.

N’hésitez pas à partager vos expériences personnelles et à les confronter aux autres dans les commentaires, et surtout mettez un pouce bleu, partagez la vidéo et abonnez-vous si ça vous a plu.

https://www.youtube.com/watch?v=9KY01rJ_LOw&t=25s

Bonne vidéo et à demain pour de nouvelles critiques de cinéma.

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Overdrive

Overdrive
2017
Antonio Negret

Sorti au cours d’un été bien trop chargé, le film a pourtant essayé de prendre sa part du gâteau en exposant des arguments de poids : le film est réalisé par celui à qui l’on doit l’excellente purge d’adrénaline qu’est Taken ; il est scénarisé par le duo pensant du très fun Fast & Furious 2, légitimant ainsi l’aspect braquage et course de voiture ; la tête d’affiche n’est nulle autre que Scott Eastwood, fils de en encore plus beau mesdames ; et pour les hommes on aura droit à la sublime Ana de Armas qui crevait l’écran dans Blade Runner 2049 ainsi que la non moins magnifique Gaia Weiss de la série Vikings, celle qu’on rêvait nous aussi d’affranchir. Avec en plus la cité phocéenne en toile de fond pour aguicher le spectateur français, toutes les cartes étaient réunies, mais avec la moitié des entrées d’un film comme Le Transporteur Héritage, la claque est aussi sévère que surprenante.

Côté histoire c’est simple et ça fait le taff : deux frères américains arrivent à Marseille pour dérober une voiture de collection estimée à plus de 40 millions d’euro, mais une fois le casse réussi ils vont vite déchanter. Cette voiture appartenait à Jacomo Morier, parrain de la pègre et boss de la ville, assez furieux qu’on se foute de sa gueule en lui prenant la pièce maîtresse de son musée personnel. Pour calmer le jeu et sauver leurs vies, les deux frères vont proposer la seule chose en leur possession : leur talent d’escrocs et de conducteurs. Pour se racheter, ils ambitionnent de voler le bolide le plus précieux d’un autre collectionneur mafieux, nouveau rival sur le territoire.

Le film commence assez fort avec une leçon de pilotage de haut vol avec des cascades impressionnantes et périlleuses, nous rappelant les débuts de la saga Fast & Furious, à l’époque où ils ne se sentaient pas obligés de repousser les limites du possible pour nous en mettre le plus possible plein les yeux. Une « simplicité » qui fait du bien, mais qui d’un autre côté souffre parfois de la comparaison. Côté acteurs le charisme est présent, même si on sent bien que les choix se sont vachement centrés sur le physique et que le casting sent un peu trop le défilé de mannequins en dehors des « méchants ». Pour ce qui est de la réal le bilan est surprenant : si on garde l’efficacité brute de Taken, on a aussi le droit à énormément de transitions imaginatives et réussies qui demandent une précision technique de dingue. On soigne donc beaucoup l’apparence, le fond un peu moins. Ainsi soit-il, le film n’avait pas l’ambition de révolutionner le genre et le résultat est là.

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Wheelman

Wheelman
2017
Jeremy Rush

Il y a trois ans sortait Locke qui narrait le dilemme d’un père qui hésitait entre foutre en l’air sa carrière et son mariage et attendre le lendemain pour aller voir son enfant illégitime à la maternité, aboutissant sur un choix aussi débile que ce que le film était long et les dialogues insipides. Comme quoi, on peut avoir un bon concept, et selon comment on le traite le résultat peut-être chiant ou sympa. La preuve en est avec ce film, reprenant le principe du huit clos dans une voiture où on suit une personne en temps réel pendant une soirée.

Ne pas ramasser la savonnette en prison, ça a un prix, et à la sortie il faut bien payer. Pour se faire, l’homme en question (Frank Grillo) va accepter de devenir chauffeur pour un gang, mais ce soir là les choses vont mal tourner. Alors qu’il attendait devant une banque que des complices braquaient, il va recevoir un coup de fil inquiétant lui disant que les deux connards ont pour ordre de le butter une fois le fric livré. Heureusement, la personne au bout du fil va « généreusement » lui proposer un deal : si il laisse en plan les deux autres une fois l’argent déposé dans le coffre de la voiture et qu’il procède ensuite seul à l’échange, il pourra avoir la vie sauve. Bien sûr, à partir de là tout va partir en vrille.

Quand un film est réfléchi de bout en bout, ça fait plaisir. Le concept est ici loin d’être gratuit puisque à l’image du protagoniste principal, le spectateur est lui aussi prit au piège de cette voiture, renforçant le sentiment d’oppression qu’il ressent et créant une empathie immédiate. La tension est énorme, enchaînant braquage, fuite, course aux réponses puis contre la montre. Cette fois chaque coup de téléphone est primordial, apportant chacun une piste de réflexion sur le comment et le pourquoi de l’opération et développant en prime des personnages clés pouvant potentiellement apporter des solutions à certain des problèmes, de plus en plus nombreux et complexes à mesure que le filma avance. L’histoire est particulièrement bien structurée et s’avère même plaisante à regarder puisque le film arrive à trouver des dizaines d’angles pour filmer à travers la voiture, jonglant entre des plans intérieurs et extérieurs. À la tension de l’histoire s’ajoute également celle de l’action, nous plongeant régulièrement au cœur de séquences musclées où le talent de pilote du chauffeur sera mis à rude épreuve. Mieux, le film osera même casser ses propres codes dans son dernier acte. Un film bien écrit, original, stylisé et dynamique que je recommande donc fortement.

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Pottersville

Pottersville
2017
Seth Henrikson

Ce n’est pas beau de se moquer, mais il faut bien dire que les américains sont parfois sacrément cons. Canular qui compte parmi les plus ridicules au monde, la pseudo légende du Bigfoot, sorte de gorille géant de trois mètres de haut qui sillonne les Etats-Unis depuis près d’un siècle (quelle longévité !), fait pourtant partie des plus populaires et une part inquiétante de la population y croit vraiment. God save America…

Commerçant désabusé qui a vu sa femme (Christina Hendricks) faire des choses étranges en costume de lapin avec le shérif de la ville (Ron Perlman), Maynard (Michael Shannon) va un peu trop boire un soir, et traumatisé par la vision de sa femme en animal il va à son tour se déguiser et déambuler ivre dans les rues. Son costume ? Une tenue de gorille. Bilan des courses, à cause de sa grande taille avoisinant les deux mètres il a été prit pour le fameux bigfoot et l’histoire a déjà fait le tour du monde. Avant même d’avoir pu révéler quoi que ce soit, la ville ravagée de Pottersville où régnait la misère va voir des touristes affluer par milliers et un célèbre chasseur de mythes va poser y ses valises. Sans le savoir, en nuit à peine il a créé un monstre impossible à arrêter.

Avant de commencer à regarder le film, d’après ce que j’en avais entendu, pour moi le film était un peu parodique et se moquait de la crédulité de certaines personnes naïves, mais en fait il est complètement premier degré. Le héros subit l’histoire tout autant que les autres et ne cherche même pas à en tirer profit tandis que les autres dévoilent leur avidité et arrivisme. Au fond le coup du bigfoot n’a que peu d’intérêt, le film parlant plus de relations humaines, d’un village qui voit une occasion inespérée de sortir la tête du lot et d’un pseudo journaliste de l’extrême qui est évidemment un énorme escroc. Rien de bien folichon ou original mais le casting est assez dingue, comprenant en plus Judy Greer en assistante du héros et Ian McShane en chasseur taquin. C’est donc d’autant plus étonnant de les voir dans un film aussi lambda, mais ça aide un tant soit peu à sauver la mise. En revanche, il est vital d’esquiver la VF, assurément l’une des pires jamais enregistrées de l’histoire et qui ruine le peu d’intérêt de cette sous-production fainéante.

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La Tour sombre

La Tour sombre
2017
Nikolaj Arcel

Voici sans doute la saga la plus méta de l’histoire. Assurément l’un des écrivains les plus prolifiques qui soit, Stephen King a débuté en 1982 une saga littéraire qui compte aujourd’hui huit tomes et dont la particularité est qu’elle est connectée à tous ses autres romans. Imaginez un univers à mi chemin entre du Western, de la SF et de l’héroïque-fantaisie, le tout se recoupant régulièrement avec chacune des histoires de l’auteur, même celle de Ça. N’ayant pas lu les livres de cette saga, je n’ai aucune idée de comment sont gérés les problèmes de temporalité puisque toutes les histoires ne se déroulent pas à la même époque, mais rien que pour le principe cela avait de quoi intriguer. Pour ne pas perdre le spectateur dans un surplus d’informations, un choix très judicieux a été apporté : le projet initial devait comporter trois films, dont le premier se contenterait d’introduire uniquement l’univers propre à la saga sans s’attarder sur les connexions, tandis qu’une série télévisuelle développée en parallèle devait permettre d’offrir à chaque monde interconnecté son chapitre. Un projet extrêmement ambitieux comme on en voit rarement, mais à trop vouloir le rendre accessible on fini par l’édulcorer.

La Terre, appelée Terre-clé, n’est qu’un monde parmi tant d’autres. Chacun d’entre eux gravite autour d’un lieu appelé l’Entre-Monde, au milieu duquel est érigée une tour sombre qui protège les mondes de la brume, espace maléfique qui borde tous les mondes et où vivent de terrifiantes créatures. Conflit éternel du bien contre le mal, depuis toujours deux camps s’affrontent : d’un côté les êtres échappés de la brume qui tentent de détruire la tour pour que règne la terreur et que les ténèbres s’abattent, et de l’autre les défenseurs de l’équilibre, les Pistoleros. Seulement depuis la venue de Randall (Matthew McConaughey), le mal gagne sans cesse du terrain et les Pistoleros sont tous tombés les uns après les autres. Seul Randall (Idris Elba) a survécu à l’extermination, mais tout espoir semble perdu.

Pour immerger le spectateur dans un univers, y plonger un personnage lambda est toujours une bonne solution. Enfin lambda pas tant que ça, et c’est dommage d’ailleurs. Un peu comme les midicloriens dans Star Wars I, on a là aussi une mesure de potentiel, le shinning, et évidemment le jeune héros explose tous les compteurs tel un élu. Un manque d’originalité qui vient rapidement prendre le pas sur un démarrage excellent. On découvre que les démons prennent l’apparence d’humains en posant des tissus de chair tel un vêtement, qu’ils se cachent parmi nous, enlève des enfants et les tuent pour essayer de détruire la tour (extrayant leur shinning pour le projeter contre la tour telle une explosion). Le coup de l’adolescent seul contre tous marche très bien avec ses visions assimilées à de la folie et on a un énorme plaisir à découvrir Katheryn Winnick en dehors de Vikings, campant ici la mère de l’ado. Fuir une menace invisible mais tangible, mener l’enquête pour savoir ce que veulent dirent les vision et découvrir tout un nouveau monde : le programme était alléchant et durant 15 minutes ont y croyait, puis plus rien. On se vautre dans des clichés d’élus et de prophétie, l’univers est balayé d’un revers de la main sans même faire mine d’avoir quelque chose à creuser, les personnages sont creux et le film tente de combler le vide avec de l’action bas de gamme. Pire, les dialogues sont parfois d’une bêtise affolante à l’image du credo des Pistoleros qui n’a aucun sens. Au final sans même savoir si le film avait quoi que ce soit à offrir, le projet s’annonçait mort-né avec une histoire à ce point lisse et des protagonistes creux à outrance. Si dans l’absolu le concept ne semblait pas complètement absurde, dans le cas présent ça laisse largement dubitatif.

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