Suzume


Suzume
2023
Makoto Shinkai

Alors que le fils n’avait jamais réussi à marquer autant que l’immense Miyazaki père, il semblait d’abord que la grande relève de l’animation japonaise était M Hosoda, mais que ce soit au niveau des critiques ou du public, depuis Your Name, Makoto Shinkai n’a de cesse que de s’imposer comme le plus grand réalisateur de cette nouvelle aire du cinéma d’animation nippon. Pour ma part, Your Name et Voyage vers Agartha étaient très prometteurs, mais un peu plombés par une ambiance dépressive pesante et quelques choix douteux, mais partageaient une ambition scénaristique ahurissante. Au contraire, Les Enfants du temps était plus maîtrisé, plus appréciable, mais moins marquant sur son histoire. Toujours à pas grand chose du très grand film, à voir si son prochain arrivera à marquer le pas, car ce ne sera pas cette fois non plus.

Pays souvent meurtri par de terribles séismes, le Japon a appris à vivre avec cette menace perpétuelle en épée de Damoclès, mais est-ce vraiment d’origine naturelle ? Lycéenne de 16 ans sur le chemin de l’école, Suzume va faire la rencontre d’un certain Sâto, un veilleur de portes. En réalité, un ver destructeur se tapi dans une autre dimension, guettant la moindre occasion pour ouvrir une porte vers le notre pour y déchaîner sa violence en causant de terribles séismes. Suzume va découvrir qu’elle possède elle aussi le don de voir au delà de notre réalité pour percevoir cette menace.

Thème récurrent, que ce soit Final Fantasy VII ou Les Créatures de l’esprit notamment, on voit souvent le ressentiment humain matérialiser une conscience informe s’attaquant à la vie elle-même, comme un cercle vicieux de destruction. Le film y apportera les portes et le dieu chat pour lui insuffler une originalité, dans le fond assez relative. L’amour avec un homme transformé en objet suite à une malédiction, même si les rôles ne sont pas forcément les mêmes, c’est clairement Le Château ambulant, qui avait autrement plus d’idées visuelles pour enrichir son univers. D’ailleurs, il est étonnant que l’idylle de Suzume n’ait pas suscité de débat, on parle tout de même d’une mineure de 16 ans avec un adulte ayant déjà fait à minima 4 ans d’études, donc à priori au moins 22 ans. C’est aussi là que le film me perd un peu : si on peut avoir de l’empathie pour eux, il est aberrant de naïveté que lui puisse croire sans le moindre doute à leur romance quand la jeunesse de sa moitié est logiquement signe d’instabilité, immaturité et incapacité à se projeter. Le côté road trip est sympathique, mais de fait on délaisse l’écriture des personnages secondaires, tous de simple passage. On a un côté jeu-vidéo également, à se déplacer pour enchaîner les mêmes missions, avec une difficulté croissante, ce qui manque de fluidité narrative de fait. Visuellement c’est toujours magnifique, techniquement incroyable, mais au niveau originalité des décors ou du lore, c’est assez décevant. La musique est également magnifique, mais rien de si mémorable. Un travail d’excellente qualité, mais manquant d’envergure pour son histoire ou ses personnages. Le genre a déjà eu tant de chef d’œuvre qu’on en attend peut-être trop à force.

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