Nos jours heureux

Nos jours heureux
2006
Eric Toledano, Olivier Nakache

Dès leur deuxième collaboration en tant que réalisateurs pour un long-métrage, le désormais célèbre tandem Toledano / Nakache rencontrait déjà le succès, engrangeant près de 1,5 millions d’entrées, un exploit compte tenu du faible démarrage du film, qui s’est construit sur le bouche-à-oreille. Il faut dire que le thème du film n’y est probablement pas étranger : les colonies de vacances, temps fort dans la vie de beaucoup de ceux y ayant participé, et jamais représenté au cinéma.

Le film prend place en 1992, à la belle époque où la législation était encore plus ou moins vivable et la paranoïa latente mais pas écrasante. Sur le quai d’une gare parisienne, au départ pour une belle colonie dans un magnifique château spacieux possédant son propre cuisinier (Jean Benguigui), Vincent (Jean-Paul Rouve), chef de la colo « Ces jours heureux », accueillait sa petite équipe (Marilou Berry, Omar Sy, Lannick Gautry et Joséphine de Meaux). Au programme, des imprévus, des bourdes, des emmerdes, mais beaucoup de bonnes surprises aussi.

Parce que déjà l’action se déroulait quatorze ans avant le film, certains problèmes actuels ne trouvent pas du tout écho, à commencer par les portables et autres gadgets électroniques. De plus, sans compter le calme relativement exemplaire des enfants, on compte six animateurs en plus du directeur pour un total d’enfants inférieur à 30, soit un taux d’encadrement ahurissant. Normalement, en plus du directeur, il devrait y avoir trois voir quatre animateurs maximum. Donc avec le décor enchanteur, aucun soucis de transport, d’infrastructure ou de matériel, des enfants bien élevés et un fugueur comme seul réel problème, c’est très loin d’être représentatif. Mais bon, l’ambiance est festive, les intervenants sympathiques (on retiendra notamment le correspondant belge), les dialogues presque bons, et pas mal de gags fonctionnent à merveille. Ça reste très facile, peu approfondi, et certains acteurs passent mal, surtout les actrices en fait, mais on s’amuse à moindre frais. Il y avait mieux à faire avec un tel sujet, mais faute d’alternative (il y a tout de même des exemples similaires et plus aboutis, comme Moonrise Kingdom) on s’en contente, le film restant un bon divertissement.

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Les 4 Fantastiques

Les 4 Fantastiques
2015
Josh Trank

Malgré des résultats en salle convenables, les critiques néfastes et l’intérêt décroissant autour des personnages du comics ont mit fin à un premier diptyque autour de cet univers Marvel, mais qui appartient à la Fox. C’est d’ailleurs pour conserver lesdits droits que le studio a mit en chantier ce reboot, devant servir de base à une nouvelle saga dont la suite est déjà prévue pour 2017 (mais elle va probablement être annulée), et dont un cross-over avec les X-Men fut envisagé. Il fallait donc frapper fort, et le buzz autour du film marchait d’enfer. Le casting jeune et osé, de même que son réalisateur débutant, à qui l’on doit l’excellent Chronicle, inspiraient largement confiance, et quand les premiers visuels sont tombés l’excitation est encore montée d’un cran. Après l’honteuse version de 2005, le comics allait-il enfin avoir droit à une adaptation digne de ce nom ? C’est ce qu’on pouvait penser, mais les retours en salles sont finalement catastrophiques, les scores au box-office dégueulasses, et l’avenir de la franchise est déjà compromit. Beaucoup de choses ont été dites, comme un réalisateur évincé de son propre film, un studio qui a massacré le montage et refait des pans entiers pour combler les trous, des effets spéciaux bâclés et une 3D abandonnée pour tenir les délais, etc… Verdict ? Il y a effectivement eu sabotage.

Qui dit reboot dit nouvelle approche de l’histoire, mais même histoire quand même. Ainsi, Reed Richard (Miles Teller) deviendra bien Mr. Fantastique, l’homme élastique, Johnny Storm (Michael B. Jordan) la torche humaine, sa sœur adoptive Suzanne (Kate Mara) la femme invisible, Ben Grimm (Jamie Bell) la Chose, et ils affronteront une fois de plus le très vilain Victor von Doom, alias Fatalis. La différence viendra donc de comment les choses vont arriver, en l’occurrence via une autre dimension, puisqu’ici Reed Richard tente de percer le mystère du voyage trans-dimensionnel.

Les gens sont-ils devenus à ce point aussi cons ? C’est du moins ce que m’a fait penser la première partie du film, de vraiment très bonne qualité. Le casting n’est pas à la hauteur des attentes mais il est bien là, le réalisateur ne nous offre pas une claque aussi viscérale que lors de son premier film mais ça reste du bon travail avec un sens certain de la mise en scène, et l’origine story est à des années lumières au dessus de la précédente version. Exit le voyage spatial débile complètement incohérent et qui ne sert à rien, place à de la vraie science qui marche, amenée en douceur via le tandem Reed / Ben dont la jeunesse nous aide à rentrer directement dans le film. C’est clair, pointu, pas forcément réaliste mais néanmoins cohérent au sein de son propre univers, et on s’attache d’emblée aux personnages. Le démarrage est un peu lent, mais au moins c’est bien fait, l’ambiance est prenante, les personnages travaillés, la réalisation classe, et l’arrivée dans l’autre dimension a de la gueule. Mieux encore, l’obtention des pouvoirs est justifiée, imparable. Alors pourquoi un tel lynchage ? La réponse se trouve dans la seconde partie, tout de suite moins réjouissante.

Le réalisateur aurait claqué la porte à un mois de la fin du tournage, et ça se sent : le soin des débuts ne se retrouve plus du tout. On retrouve quelques bonnes idées sur les pouvoirs, notamment l’aspect horrifique qu’ils peuvent représenter, ou encore le changement d’identité que permet le pouvoir de Reed Richard, l’utilisation la plus intelligente de ses pouvoirs vue à ce jour, mais en dehors de ça c’est une énorme déception. Les problèmes de rythme se multiplient, la faute à d’innombrables discours ennuyeux et stupides, et les scènes d’actions sont toutes concentrées sur l’unique affrontement du film, et ça n’est pas très concluant. Troisième film à confirmer : deux des quatre fantastiques (la Chose et l’homme-élastique) ont des pouvoirs vraiment bidons, et en combat ça frise le ridicule. D’autant que si les décors sont irréprochables, les effets spéciaux ne sont en effet pas géniaux, voir presque médiocres en ce qui concerne la Torche et la Chose, ni esthétiques ni réalistes. Certains effets de lumières sont jolis, mais globalement la technique n’est pas au niveau. Le scénario, prometteur, ne tient pas non plus la longueur, sombrant dans une prévisibilité totale, et souffrant des rajouts du studio, écrivant ses dialogues avec les pieds. La scène de fin est une réelle souffrance. Donc oui, le potentiel était là à la base, mais les désaccords au sein de l’équipe ont ruiné le film, qui au final se montre tout juste meilleur que les deux précédentes daubes, et ce uniquement grâce au très bon prologue qui semble avoir était épargné par les nombreuses retouches.

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Lara Croft : Tomb raider

Lara Croft : Tomb raider
2001
Simon West

Franchise phare dans le domaine vidéo-ludique, Tomb Raider a débarqué en 1996 sur Playstation et fut immédiatement couronné de succès. Jeu d’action-infiltration / aventure, il a offert la gloire éternelle à son héroïne, Lara Croft, désormais fantasme de nombreux joueurs, et pas que. On croyait depuis la saga à l’agonie à force d’épisodes décevants et de deux films jugés indignes, mais depuis que Square-Enix a reprit les choses en main, la pilleuse de tombes est de nouveau acclamée et célébrée, au point qu’une nouvelle franchise cinématographique soit envisagée. Sorti tout juste cinq ans après le premier jeu, le tout premier film connu un succès mitigé, la faute à des critiques mauvaises, et pourtant largement trop clémentes.

La montagne ça vous gagne, mais l’archéologie c’est de la folie. Fille d’un grand homme du milieu (Jon Voight), Lara Croft (Angelina Jolie) voue elle aussi sa vie aux découvertes archéologiques, et comme lui elle suit les traces du triangle magique des illuminatis, trouvable uniquement lors d’un alignement parfait des planètes du système solaire, phénomène qui n’arrive qu’une fois tout les 5000 ans. Et dans quelques jours, cet événement se produira, et impossible pour le bras droit des illuminatis (Iain Glen) de passer à côté d’une pareille chance, recrutant pour le coup le rival de toujours de Lara, Alex Marrs (Daniel Craig).

Je ne suis pas un expert des jeux, mais pas besoin de l’être pour pouvoir affirmer que l’équipe du film s’est plutôt grassement torché avec. Alors oui, on aura droit à deux lieux exotiques lors de la seconde moitié du film, de même qu’un léger décor dépaysant au tout début, mais la très grande majorité du film se passe en ville ou dans le château de Lara, ce qui est à la fois une hérésie et inintéressant. L’aspect le plus important de la franchise, l’aventure, est donc carrément passé à la trappe, de même que l’infiltration, méchamment oubliée. Ne reste alors que des phases d’actions, ignobles. On tient peut être là l’une des pires réalisations de l’histoire du cinéma : pas un plan lisible, la faute à une caméra bien trop rapprochée et à un montage épileptique. C’est bien simple, pas une seule scène ne dépasse les cinq secondes, basculant frénétiquement sur un autre plan, sans compter les ralentis saccadés. Pire encore, la mise en scène est stupide, appliquant bêtement les codes du jeu-vidéo sans se poser de question, créant un décalage indigeste, notamment contre les boss. Et des fois que le visuel ne vous rebute pas complètement, il faudra aussi faire avec des acteurs lamentables et un scénario insipide et bâclé de surcroît. La seule chose que le film a réussi à faire c’est de transposer le fantasme ambulant que représente l’héroïne, mais son personnage est désespérément vide et abruti. Un étron des plus nauséeux, et ne comptez pas sur moi pour le second film, paraît-il encore plus médiocre.

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Mission : Impossible – Rogue Nation

Mission : Impossible – Rogue Nation
2015
Christopher McQuarrie

Populaire mais sans plus, la saga Mission : Impossible avait faillit s’arrêter suite au semi-échec du troisième opus, qui il est vrai s’était essoufflé après une première moitié magistrale. L’attente fut longue, mais un quatrième volet a finalement vu le jour, et ce fut l’effervescence : 695 M$ dans le monde, soit bien plus que n’importe lequel de ces prédécesseurs, fruit d’un excellent bouche-à-oreille, et il semblerait que ce cinquième film puisse l’égaler, que ce soit en terme de recettes ou de notoriété. Peu surprenant quand on sait que le réalisateur du très bon Jack Reacher est à la barre, mais la révolution n’est toujours pas là.

Teasé à la fin du dernier film, cette suite directe reprend l’histoire du Syndicat, organisation secrète antagoniste de Mission : Impossible (dirigée par Jeremy Renner). Sur leurs traces, Ethan Hunt (Tom Cruise) se verra contraint d’opérer dans l’ombre, les dérapages répétés du MI leur ayant valut les foudres de la CIA (Alec Baldwin), qui a fermé leurs services, mettant son acolyte Benji (Simon Pegg) au chômage technique. Amie ou ennemie, sa route sera mêlée de près avec celle Ilsa Faust (Rebecca Ferguson), mystérieux agent double.

On parlait de révolution pour Protocole Fantôme, mais ça n’était qu’une bonne cuvée au sein de la saga, certes le meilleur d’entre tous, mais pas de beaucoup, irrévocablement plombé par un scénario classique et petit joueur. Poursuivant la même histoire, ce dernier film en date ne pouvait pas tellement prétendre à endiguer ce problème, et cela se confirmera : l’histoire est ultra basique. Pas inintéressante, mais conventionnelle, sans grande imagination. On a des méchants égoïstes et cupides, des gentils super sympas, et une fille bad-ass et canon pour faire plaisir à tous. Du stéréotype en puissance, pas très inspiré, les rebondissements sont faibles, et nul coup de génie à l’horizon. À la place du grand spectacle, mais le réalisateur n’est vraiment bon que pour les panoramas, et niveau action MI2 envoyait du bien plus lourd. On a bien sûr quelques scènes impressionnantes, mais même l’avion ne restera pas dans les annales de la saga. L’espionnage n’est pas très poussé, et même le rythme laisse parfois à désirer, notamment lors de l’opéra. Côté décors, on perd aussi en exotisme par rapport au précédent. Le niveau est globalement bon, et l’humour efficace du film aide à faire passer un bon moment, mais on est clairement un cran en dessous du quatrième. Reste maintenant à espérer un regain d’originalité ou d’ambition pour le prochain, déjà prévu pour 2017.

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Unfriended

Unfriended
2015
Levan Gabriadze

Les phénomènes de mode sont une véritable plaie pour l’inventivité au cinéma, et le genre horrifique en a particulièrement souffert, au point que les bonnes surprises disparaissent quasi complètement. Se voulant dans l’air du temps en donnant au spectateur un univers familier qu’est celui des discutions en visioconférences de Skype, le film semblait pouvoir prétendre à une approche inédite en se présentant via l’interface d’un ordinateur Mac, mais il n’en sera rien.

Suite à la publication d’une vidéo des plus dégradantes la montrant bourrée, aguicheuse puis incontinente, à laquelle s’est ajoutée des moqueries sans communes mesures et moult humiliations publiques, une jeune lycéenne, Laura, s’était donné la mort. Sa meilleure amie, Blaire, au cour d’une communication avec d’autres amis, va être témoin d’actes de piratages intriguant, laissant entendre que Laura reviendrait se venger. Paranoïa, machination ou mauvaise blague ?

Alors oui, mais non. La question de la légitimité de l’idée de montrer l’action via l’écran d’un ordinateur ne semblait pas se poser et cela sonnait comme la grande originalité du film, mais au final on est plutôt dubitatif. L’idée est tenue de bout en bout avec un grand souci du détail, et ceux qui ont déjà eu un Mac entre leurs mains peuvent témoigner de l’exactitude de l’ensemble, mais il n’empêche que cela créé une monotonie visuelle et une frustration certaine, notamment de par la taille réduite des fenêtres et leurs résolutions. Donc me point fort du film n’en est pas vraiment un, et le reste est carrément médiocre. Le scénario est quasi inexistant, n’évolue pas et ne réserve presque aucune surprise. Les acteurs sont inconnus et ont vocation à le rester, et côté horrifique c’est le désert absolu, ne provoquant même pas une prémisse de potentielle angoisse. On espérait le sursaut, c’est finalement le plongeon.

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Night Run

Night Run
2015
Jaume Collet-Serra

On ne change pas une recette qui gagne. Après les cartons mérités de Sans identité et Non-Stop, Jaume Collet-Serra retrouve son acteur fétiche pour la troisième fois d’affilée, gardant aussi le même registre, celui du film d’action. Mais reproduire éternellement les mêmes schémas lasse, d’autant que son Liam Neeson semble cantonné depuis bien trop longtemps à des rôles de gros bras dans des films d’action. Une monotonie dans sa carrière qui commence à coûter cher, puisqu’il s’agit de son troisième revers d’affilé en salle.

Quand on a soi-même mal tourné dans la vie, il arrive souvent que nos enfants suivent une voie aussi périlleuse. Baron de la mafia du coin, Shawn (Ed Harris) voyait son fils suivre ses pas, non sans s’attirer des problèmes. Obligé de descendre ceux avec qui il devait faire affaire, faute de pouvoir honorer son contrat, il laissera derrière lui un témoin : Mike (Joel Kinnaman). Voulant l’éliminer, il se fera descendre par son père, Jimmy (Liam Neeson). L’amitié qui unissait depuis toujours Shawn et Jimmy sera alors brisée, Shawn demandant le sang de Mike comme compensation.

Les scénaristes de ce film sont des débiles profonds… La légitime défense n’excuse pas tout, et avec les fréquentations douteuses du fils et le massacre qui a eu lieu juste avant, y rajouter un corps aurait été facile, ou du moins il aurait pu s’en débarrasser intelligemment au lieu de tout raconter au père endeuillé, tel un suicidaire. De même, compte tenu de la fin qu’on a, le film aurait pu trouver la même conclusion bien avant la moitié, rendant encore plus vide le développement. Alors non seulement la base ne repose sur rien, mais en plus elle n’évolue pas, les spectateurs ayant toutes les clefs pour comprendre la fin dès le premier quart d’heure. L’histoire est donc chiante et pas originale une seule seconde, d’autant plus de par son casting familier. Que reste t-il ? Une bonne mise en scène et de l’action ? Un peu, mais on se paye quand même de longs moments de flottement, et l’intro est très lente. Se reposer sur ses acquis est une grave erreur.

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Borat, leçons culturelles sur l’Amérique pour profit glorieuse nation Kazakhstan

Borat, leçons culturelles sur l’Amérique pour profit glorieuse nation Kazakhstan
2006
Larry Charles

Humoriste britannique qui s’était fait connaître via son émission Da Ali G Show, Sacha Baron Cohen sorti un premier film basé sur le personnage de Ali G, qui avait connu son petit succès avec une vingtaine de millions de dollars récoltés dans le monde en 2002, dans lequel apparaissait déjà son personnage de kazakh, qui eu droit à son propre film quelques années plus tard. Et ce fut alors un véritable raz-de-marée : 261 M$ dans le monde, un véritable phénomène qui a surfé sur les polémiques, interdictions de territoire et autres procès entourant le film. Il était alors devenu le film choc, scandaleux, et qu’il fallait donc impérativement voir. Mais passé la folie du moment, il faut bien avouer que le film est un gros foutage de gueule.

Documentaire fictif, le film nous fait vivre le voyage de Borat (Sacha Baron Cohen), kazakh choisit pour enregistrer un film sur les Etats-Unis, censé montrer à son pays comment faire pour devenir une encore plus grande nation. Accompagné par son producteur, il va alors découvrir une nouvelle culture, où les juifs vivent en liberté, où les femmes ont des droits. Un choc de civilisation qui se fera aussi pour le pays d’accueil, loin de se douter que des individus comme eux existent.

Faire coexister fiction et réalité en mode caméra cachée est très difficile. Le récent Connasse y arrivait parfaitement, mêlant culot incroyable et préparation solide, permettant de créer une véritable histoire. Ici, c’est largement plus truqué et tricheur. Point de caméras cachées, juste de temps à autre des scènes improvisées sous-couvert d’un reportage, celui du film, présenté comme authentique. Du coup, en dehors des sketchs souvent bidons, les éléments faisant avancer « l’histoire » sont arrangées de A à Z. De même, le film ne fait pas tellement preuve de culot, il dénote juste d’une absence totale d’amour propre, et sombre systématiquement dans la provocation gratuite et stupide. Le running-gag des juifs marche de temps à autre, mais le coup de la maison d’hôte, méchamment truquée, fait carrément pitié. Mais le vrai problème du film, c’est sa vulgarité ahurissante. Ramener son caca dans sa serviette – sans aucun doute une scène fictive de toute façon – peut à la rigueur être amusant, de même que chier dans la rue devant une centaine de gens, mais la scène de nudité avec le producteur est au delà du supportable. Le pauvre homme obèse, en plus d’être nain, d’avoir une tête de fouine et un micro pénis, nous écœurera de par la pilosité de son corps ignoble. Alors plusieurs minutes d’exhibition avec son partenaire lui aussi très vilain, c’est le summum du mauvais goût. C’est bien évidemment parodique, les déviances sont satyriques, et l’exercice n’est pas inintéressant, mais de là à parler de coup de génie, il ne faut pas abuser.

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Le Sauvage

Le Sauvage
1975
Jean-Paul Rappeneau

Typiquement le genre de film qui m’en touche une sans faire bouger l’autre. En quête de la culture absolue, incluant tous les genres et à toutes les époques (mais pas de tous les pays, faut pas déconner non plus), voici un nouveau « classique » du cinéma français, que je me devais de voir. Joli succès avec plus de deux millions d’entrées, le film en doit probablement un pour chaque sein dévoilé par Catherine Deneuve, c’est la seule explication possible.

En voyage au Venezuela pour son mariage imminent, Nelly (Catherine Deneuve) va se réveiller une nuit, comme prenant subitement conscience de la nullité de son futur époux. Prenant la poudre d’escampette, elle va se réfugier en compagnie de Martin (Yves Montand), pauvre homme qui n’avait rien demandé à personne. Trop bon trop con, il va se faire manipuler, et très vite se débarrasser de Nelly va s’avérer impossible.

Si le mot salope ne devait désigner qu’une seule personne, alors ce serait elle. Jamais aucune femme depuis la création de l’univers n’aura plus mérité une paire de claques qu’elle, bien que la sanction du viol collectif semble plus approprié à ce niveau là. Alors forcément, apprécier le film dans des conditions pareilles est très compliqué. Pour dire le niveau, cette conne ira jusqu’à faire couler le bateau de son sauveur sous prétexte qu’elle boude. Et encore, elle fera bien pire, sans une once de remord ni sentiment de culpabilité. Il est vrai qu’on voyage et que les décors sont magnifiques, mais face à une histoire aussi profondément débile ça n’est que peu de choses. Eh oui, car en plus de la mégère, on doit aussi se coltiner deux sous-intrigues autour des deux personnages, l’une insupportable et bruyante avec le non-marié furieux, et l’autre potentiellement intéressante, mais tellement mal exploitée. On pouvait faire tellement avec un cadre pareil, mais il n’y a rien à en tirer.

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Princesse Mononoké

Princesse Mononoké
1997
Hayao Miyazaki

Si l’intégralité de la filmographie du géant Hayao Miyazaki m’est familière, certains de ses films ont été vus avant la création de mon site, dont son plus grand succès du XX° siècle (plus de quinze millions d’entrées rien qu’au Japon, qui fut alors le record historique), qui lui a redonner l’envie de faire des films, et sans qui nous n’aurions pas eu certains de ses plus grands chef d’œuvre, même si pour ma part ses trois meilleurs furent antérieurs, malgré toute l’affection que je porte au Château Ambulant et à Le vent se lève, ses deux meilleurs du siècle. Le manque est désormais corrigé, mais plus que jamais la question de la légitimité de son succès, plus que les précédents, se pose.

Reprenant une thématique qui lui est chère, celle de l’écologie et du respect de la nature, le cinéaste nous embarque au cœur d’un conflit entre la nature, les esprits et les hommes. Ne pensant qu’à leur expansion et leurs progrès industriel, les hommes sont aveuglés par leur cupidité, détruisant tout sur leur passage, allant jusqu’à se faire la guerre entre eux. Les dieux, soucieux du bien être des forêts, des animaux et de la nature en générale, voient l’homme comme une menace à éliminer, et retournent contre lui tout ce qui peut l’être, allant jusqu’à transformer ses propres protecteurs en démons pour s’en prendre à eux. Ashitaka, prince d’une région reculée, va se retrouver confronté à l’un de ses démons, et en voulant défendre son village et ses habitants, il sera touché par la malédiction. Condamné, il n’a qu’une infime chance de briser le maléfice en « portant sur le monde un regard sans haine ». Une prophétie dont il ne comprend alors pas le sens, l’entraînant dans un conflit entre une cité minière humaine et une divinité forestière, comptant parmi ses défenseurs la princesse Mononoké, une humaine élevée par des louves.

Entre ce film et Agartha, le doute n’est plus permis : les japonais sont décidément terrifiés par leurs propres dieux. Qu’une divinité représente les hauts lieux symboliques de la nature environnante implique un certain respect à leur égare, mais quand ces derniers sont capables de folie, d’aliénation, de destruction et de mort, les déifier devient alors stupide voir dangereux. Et comme toujours, le même malaise face à ce courroux maléfique. Une ambiance dérangeante, à la laquelle vient se rajouter une écriture décevante. L’histoire, métaphore de l’ascension évolutive humaine, ne manque pas d’enjeux, mais le développement est trop classique et prévisible, et on a connu plus original. De plus, les personnages sont un gros point faible tant ils représentent des stéréotypes et que leurs mentalités sont figées. Pour quelqu’un à qui l’on dédie le film, la fameuse princesse déçoit entre son rôle secondaire et son entêtement maladif. Néanmoins, le maître est toujours à l’œuvre, et la poésie est touchante, l’animation grandiose et la musique sublime, même si pour chaque point on peut trouver meilleur exemple. Un très beau film qui va au bout de son idée, très belle au passage, mais à l’image du décevant Voyage de Chihiro, l’histoire et les personnages ne nous touchent pas spécialement. Film au thème similaire, on préférera infiniment sa pièce maîtresse Nausicaä de la vallée du vent, incomparablement plus ambitieuse en terme d’histoire et de design, et qui en plus jouissait d’une véritable héroïne travaillée, sans compter la pureté infinie de sa musique.

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Le Journal d’une femme de chambre

Le Journal d’une femme de chambre
1964
Luis Buñuel

Déjà adapté quatre fois au cinéma, dont trois en France avec la nouvelle version sortie en mars dernier, nous allons nous intéresser aujourd’hui à la troisième et plus populaire version du livre d’Octave Mirbeau. Dans la France des années 30 (normalement dans le livre l’action se situe en amont, fin XIX°), on suivra les péripéties de Célestine (Jeanne Moreau), une femme de chambre. Parisienne descendue travailler en province, elle va rapidement devenir l’objet de tous les désirs, que ce soit du patriarche, du mari, du voisin ou même du jardinier, devenant par la même occasion la hantise des femmes du coin. Une situation qui n’est pas pour lui déplaire, et elle compte bien en tirer parti.

La servitude d’antan, ça pouvait être très dur, et cela alimentait la haine de la haute société, souvent dédaigneuse avec ses employés, mais cela peut aussi être une position confortable, honorable et jouissant de contacts privilégiés. On pouvait alors s’imaginer le genre de péripéties à la Downton Abbey, mais on restera focalisé sur la convoitise que suscite la fameuse femme de chambre. Beaucoup d’excitation, de tension, de jeux de pouvoir, nous amusant par moments. Voir tout ces combats de coqs mêlés avec un arrivisme putassier de la part Célestine donne du piquant au film, et on ose aller assez loin et actes et en paroles. Il serait d’ailleurs intéressant de comparer avec la toute fraîche version, qu’on imagine mal aussi libérée. Mais bon, ça reste simpliste, longuet, et la fin n’est pas très concluante.

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