Final Fantasy VII Rebirth


Final Fantasy VII Rebirth
2024
PS5

Nous y voilà, quatre ans plus tard comme prévu, mais avec d’autres bonnes nouvelles. Quand on sait le peu du jeu d’origine adapté dans Final Fantasy VII Remake, et le fait que son développement chaotique s’étala sur près de dix ans, on pouvait craindre que le projet n’aille potentiellement jamais au bout, ou alors peut-être au bout de cinq jeux et à un horizon absurde. Mais finalement les choses se sont accélérées avec un développement soigné vu que ce « Rebirth » adapte presque à lui seul la moitié du jeu de base alors que la projet n’a prit « que » six ans (commencé en 2018) et que cette fois est la bonne, il n’y aura que trois parties au total, et que cette dernière a commencé son développement deux ans avant la sortie du second opus et vise une sortie plus rapide, dès 2027. Et le moins que l’on puisse dire est que les fans seront comblés, et même les réfractaires de la première partie tant Rebirth est généreux, abouti et corrige un paquet de soucis.

Graphismes : 18/20

Difficile de pleinement juger tant la génération actuelle ne fait que commencer, et le jeu tourne encore sous Unreal Engine 4 alors que son successeur est déjà disponible depuis quelques années. Pourtant, la progression est assez folle depuis Final Fantasy VII Remake vu l’envergure des environnements ouverts au niveau de détail incroyable, bien que cela se paye par un peu de cliping par moment (phénomène d’apparition tardive de certaines textures, comme des brins d’herbes où l’on arrive à voir au loin la texture apparaître). Les modèles des personnages sont toujours aussi aboutis, même si j’ai eu tendance à trouver le regard de Tifa un peu vide par moments, et on ressent un peu moins la négligence de modélisation des PNJ. Par contre, on sent que le monde ouvert reste un frein à la créativité tant certains environnements plus restreints sont stupéfiants de beauté, à l’image de la ville des Gi.

Jouabilité : 18/20

Le travail accompli est assez fou. Avec des environnements bien plus ouverts, les combats peuvent enfin prendre l’envergure qu’ils méritent, et le résultat est jouissif. Chaque personnage a ses avantages et défauts, et le fait de pouvoir switcher entre les trois de l’équipe instantanément est incroyable. En revanche, l’IA est catastrophique et il faut tout faire tout seul, mais ça permet de se sentir utile et d’être le vrai moteur de l’équipe. Un peu de progression avec l’arrivée de la troisième limite (mais pas encore la dernière), une interface plus propre. Seules ombres : toujours pas de création de nouvelle matéria quand l’une d’elle arrive au dernier rang, ce qui est si frustrant tant ça a toujours été une constante dans la saga. Eh puis l’absence de recover avec la touche rond, solution parfaite des Dissidia et Kingdom Hearts 2 pour ne pas se faire enchaîner à l’infini, ça reste tellement frustrant. En bref, cette suite fait tout en mieux, mais surtout elle réussi là où les derniers Zelda ont échoué : faire du level design intelligent en monde ouvert. L’exploration n’est jamais pesante mais jamais assistée. Il suffit de se promener à la recherche de points d’intérêts pour que tous les autres ou ceux cachés en découlent facilement, et si un point semble difficile d’accès, c’est toujours parce que son accession est permise par le biais d’une mission principale ou annexe, créant de fait un intérêt accru de cercle vertueux où chaque action amène naturellement vers une autre. On est pratiquement jamais perdu, sauf quand on veut aller trop vite, ce qui là encore pousse à une exploration réfléchie et fluide. Même les meilleurs Assassin’s Creed n’ont jamais atteint un tel niveau. En plus, que ce soit avec des véhicules ou des chocobos aux pouvoirs variants à chaque nouvelle zone, la méthode d’exploration est constamment renouvelée. Reste aussi les mini-jeux, dont certains sont réussis comme le Ford Condor ou le Queen’s Blood, et hormis le lancé de boîtes avec Cat Sith dans le manoir et les vols de chocobo à Cosmo Canyon, pas vraiment d’expériences traumatisantes.

Durée de vie : 15/20

Fut un temps où j’aurais mis potentiellement la note maximale, mais le temps me manque. En mode facile et sans traîner outre mesure, il m’aura fallut plus de 75 heures pour en venir à bout. Pire, j’ai fini lvl53, donc si j’avais voulu me rapprocher du trophée platine qui oblige à tout refaire en mode difficile, incluant des mini-jeux pas toujours bien heureux, il faudrait compter 200 heures. C’est abusif, et les développeurs ont été trop généreux sur la quantité de missions annexes et mini-jeux, et je suis un perfectionniste adepte du 100% à défaut du trophée platine dont les conditions d’obtention sont systématiquement débile. Je n’ose imaginer le dégoût d’un jeu qu’on aurait platiné… Si on enlève les missions secondaires et l’exploration, ce qui rendrait le jeu quasi impossible tant j’ai galéré même en facile sur certains passages (coucou Odin), on peut imaginer finir le jeu en une quarantaine d’heures, ce qui est énorme, d’autant que contrairement à Final Fantasy VII Remake, on ne ressent que peu de remplissage : c’est juste que le tronçon du jeu de base faisait une trentaine d’heures, auquel il faut rajouter les réalités alternatives rajoutées. Les gros joueurs seront ravi et heureusement que le hasard des choses m’a permis d’avoir tant de temps à y consacrer, mais dans les faits un jeu qu’on finirait en 15-20 heures m’irait bien mieux.

Bande son : 19/20

En plus de retrouver le prestigieux doublage français qui fait plaisir autant qu’il fait rager tant on aurait préféré l’avoir sur Kingdom Hearts III, on retrouve surtout toutes les compositions de légende du jeu d’origine, sublimées par des réorchestrations magnifiques. Quitter Midgar nous permet d’avoir une variété bien plus large, ponctuant chaque région par des musiques thématiques, certaines nouvelles comme la région de Gongaga dont le mélange jungle et musique écossaise n’est pas sans rappeler les dernières saisons de Outlander. En revanche, attention au plagiat, un nouveau thème a été ajouté dans le temple des anciens, dont la ressemblance avec l’un de ceux de Mass Effect est plus que troublante.

Scénario : 19/20

Enfin le jeu démarre ! Je trouvais aberrant de faire tout un jeu à Midgar tant le jeu ne décolle qu’après, et effectivement, le jeu décolle d’emblée avec le fameux faux souvenir de Nibelheim. Chaque passage qui suivra explorera le passé d’un personnage, fera évoluer la tram globale ou développera l’un des traumatismes lattant. Et plus encore, crevons l’abcès du « Remake » qui joue sur les mots : le premier jeu n’était pas un remake au sens refaire le même jeu, mais plutôt les protagonistes qui refont leur propre histoire. Entre suivre la temporalité sacrée et constater les divergences, le joueur traquera chaque indice de changement, de niveau de conscience supplémentaire, avec d’autres histoires parallèles de réalités alternatives. Il est presque acté que la dernière partie s’appellera « Réunion », qui devrait avoir un double sens entre celle organisée par Sephiroth et celle de la convergence des univers. Le travail de revisite est génial, et on a hâte de voir où tout cela nous mènera, tout en le sachant en partie.

Note Globale : 18/20

Après la vitrine technologique au fort potentiel qu’était Final Fantasy VII Remake, on espérait pouvoir enfin mettre les deux pieds dans l’histoire originelle, d’autant qu’avant sa sortie le nombre de parties était en suspend, avec la peur d’en avoir une pleine poignée. Outre le fait de nous rassurer en adaptant une part énorme du jeu d’origine en une fois, cette suite permettra aussi d’apprécier plus encore les propositions faites, notamment le choix du monde ouvert, dont le niveau de maîtrise est, à mon modeste niveau de joueur occasionnel, tout simplement le meilleur qu’il m’ait été donné de voir. Un jeu à la générosité démesurée, pour un voyage des plus chronophages, mais qui vaut le temps passé. Je restais septique quant à la nécessité de raconter une fois de plus cette histoire, mais finalement tous mes doutes ont été balayés : ce jeu est grandiose, et l’axe de réadaptation des plus prometteurs. Vivement 2027 pour la suite et fin de l’aventure, en espérant une apothéose à la hauteur des attentes.

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The Kissing Booth


The Kissing Booth
2018
Vince Marcello

Immense carton pour Netflix, qui a permis notamment à la carrière de Jacob Elordi de décoller, alors même que le genre a du plomb dans l’aile depuis un bail : la comédie romantique pour ado, les fameux teen movies. Le film se classe assez haut parmi leurs plus populaires, et pas moins de deux suites ont vu le jour. Le genre avait connu son heure de gloire au tout début des années 2000, une période assez folle avec le recul.

Pas touche à la famille. Nés le même jour dans la même maternité de mères meilleures amies, Lee (Joel Courtney) et Elle (Joey King) sont à leur tour meilleurs amis depuis leur naissance pour ainsi dire. Mais voilà, Elle a toujours eu le béguin pour le grand frère de Lee, Noah (Jacob Elordi), le beau, très grand et ténébreux bad boys. Et depuis que son corps change, devenant peu à peu une femme, ce dernier va également commencer à la remarquer. Une idylle qui pourrait mettre en danger sa précieuse amitié avec Lee.

Comme souvent avec le genre, l’histoire est exactement ce à quoi on peut s’attendre à la virgule près : les mauvais timing, les engueulades, les rebondissements et on sait exactement où l’on va. Pas de surprises, mais est-ce que ça vaut le coup ? Eh bien déjà le casting est sympathique, à défaut de bousculer quelque norme que ce soit : tous les acteurs sont soit sveltes, soit ridiculement musclés pour les hommes, et toujours abusément très grands (1m96 pour l’étalon de service). La beauté de Joey King est certes un chouia atypique avec son nez, mais ça reste une plantureuse brune au regard cristallin. Tout le monde il est beau il est gentil, dans la bonne humeur et l’opulence (bigre la maison des frères !). Un film extrêmement léger et sympathique donc, mais avec deux gros défauts plus ou moins gênants. Il faut bien un élément perturbateur pour dynamiser l’histoire, mais on a du mal à croire – même si on peut mettre ça sur le dos de la connerie / caprice d’ado décérébré – qu’un « best friend » puisse vouloir à ce point le malheur de sa meilleure amie par égoïsme. Ensuite, c’est quoi ce délire du « Kissing Booth » ? Le principe est de, dans le cadre d’une kermesse de l’école, faire payer les élèves pour en embrasser d’autres. Mais genre salement, bien sur la bouche avec insistance. C’est ni plus ni moins que de la prostitution encadrée et validée par un établissement scolaire. Mais quoi ?! Un peu du mal à croire à une telle débauche institutionnalisée, et je vois mal le « concept » revenir dans les suites, ça ne serait pas très Covid. Amusant et mignon, mais un peu creux.

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Tais-toi !


Tais-toi !
2003
Francis Veber

J’avais gardé un bon souvenir de cette comédie potache, qui mine de rien avait fait son bonhomme de chemin avec plus de trois millions d’entrées. Il faut dire que le réalisateur a de beaux succès à son palmarès (près de 17 millions d’entrées en trois films sur ses précédentes collaborations avec Depardieu), et le duo d’affiche était à son prime. Mieux encore, l’habituel désabusé de service va inverser sa place avec celle du simplet, de quoi changer les perspectives.

« Salut, je m’appelle Quentin, je viens de Montargis », une phrase qui hante les couloirs de la prison de Fleury-Mérogis tant chaque tentative d’inclure le fameux Quentin (Gérard Depardieu), braqueur très amateur, se conclue inlassablement en craquage complet du comparse. Et justement, la police va avoir l’idée de l’envoyer avec Ruby (Jean Reno), un homme qui a dérobé 20 millions d’euros à un riche homme qui a fait tuer celle qu’il aimait, dans le but de le faire parler. N’aspirant qu’à la vengeance, il pensait que s’évader serait facile, mais c’était sans compter sur Quentin, bien décidé à le suivre partout, lui qui a su rester stoïque face à sa diarrhée verbale.

L’idée de base est amusante, avec quelques idées relativement drôles, mais le film ne dépassera jamais ses intentions de base. Déjà, quand le principe est de créer un duo qui peine à se concrétiser avant 45 minutes de film quand ce dernier ne dépasse pas les 1h20 au total, c’est plus que problématique. Cela permet de faire passer quelques seconds rôles truculents, comme Martineau, le psychiatre (André Dussollier), le chef de police (Richard Berry) ou l’infirmier (Guillaume de Tonquédec), mais le fil conducteur s’en retrouve réduit à peau de chagrin, une histoire plus qu’anecdotique. Pour ce qui est du duo, si Depardieu fait un benêt plus vrai que nature, pour son comparse Jean Reno, malgré tout son charisme, on sent qu’il cachetonne comme pas permis, et sa romance éclair avec une fille de la moitié de son âge et vulnérable rend très malaisante. Une écriture qui mise tout sur le comique, oubliant totalement de l’articuler autour d’une histoire solide, rendant l’ensemble assez vint et creux. Dommage de ne pas avoir vraiment creusé le concept.

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Hannibal


Hannibal
2001
Ridley Scott

Il aura fallut attendre 1999 pour que Thomas Harris écrive une suite au Silence des Agneaux, et étant donné l’immense succès critique et commercial du film, son adaptation au cinéma entra très vite en production. Un projet qui avait de quoi attirer, puisque non seulement la saga se dote enfin d’un réalisateur de premier rang, que le légendaire Anthony Hopkins rempile, mais surtout, après deux livres aux adaptations frustrantes car mettant très en retrait l’iconique Hannibal Lecter, personnage de second voir troisième plan, voilà enfin un film centré autour de lui.

Dix années se sont écoulées depuis l’évasion du célèbre cannibale Hannibal Lecter (Anthony Hopkins), qui coule désormais des jours paisibles à Florence, mais commençant à se lasser de sa tranquillité. Ainsi, il va remettre le feu aux poudres en envoyant une lettre à son ancienne collègue d’infortune Clarice Starling (Julianne Moore), espérant toujours le remettre derrière les barreaux. Mais elle ne sera pas la seule dans la course, un ancien ami d’Hannibal, Verger (Gary Oldman), le traque également, avide de vengeance, tandis qu’un inspecteur italien lui aussi à Florence va le traquer au péril de sa vie par appât du gain.

Pour moi il n’y a aucun débat possible : ce film est assurément le meilleur de la trilogie. Il est le mieux rythmé, et c’est enfin le premier non parasité par une enquête parallèle ennuyeuse au développement totalement vide. Et puis merde, Anthony Hopkins est tellement parfait dans son rôle de psychopathe de génie. A ceci près qu’il fera une erreur (ou pari osé ?) dans le dernier tiers, venant mettre quelques doutes sur le niveau de génie, mais globalement il est assez brillant. Voir enfin ce noble instruit, aussi élégant que raffiné, répandre sa sagesse malsaine, voilà qui est passablement jouissif. Le changement d’actrice pour Clarice est presque positif tant – malgré son Oscar – la première interprète était assez fade, et bien que moins centrale ici, elle redéfini la notion « d’atout charme », notamment avec sa robe noire affolante. J’aurais pu être un peu critique sur le personnage de Verger, mais sa folie est plutôt fascinante, et malgré le niveau de connerie ahurissante de la scène de flashback de l’automutilation, les images sont marquantes, imprimant durablement ce malaise de folie autodestructrice. Quelques scènes seront rudes, comme celle avec Ray Liotta, mais jamais gratuite, mettant en abîme un niveau d’aliénation inédit. L’idée d’avoir placé une grande partie du récit à Florence était également une excellente trouvaille, le haut lieu culturel étant parfait pour un tel érudit, et tout l’arc du jeu du chat et de la souris est très réussi. De loin le film le plus abouti, offrant enfin au personnage d’Hannibal toute l’attention qu’il méritait.

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Le Silence des agneaux


Le Silence des agneaux
1991
Jonathan Demme

Nous y voilà. Le fameux monument du cinéma, encensé par tous, porté aux nus par les critiques, le plaçant parmi les tous meilleurs films de l’histoire, ayant à la fois été un énorme succès commercial (275 M$) et un encore plus grand succès d’estime, avec pas moins de cinq prix aux Oscars, tous plus prestigieux les uns que les autres : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario, meilleur acteur et meilleure actrice. Tous les prix les plus importants raflés. N’est-ce pas un peu exagéré ?

Peu ou prou la même chose, l’écrivain Thomas Harris applique une seconde fois la même formule pour cette suite de Dragon Rouge. On suivra donc à nouveau un inspecteur du FBI, cette fois Clarice (Jodie Foster), une recrue en cours de formation, qui fera encore appel au dangereux Hannibal Lecter (Anthony Hopkins), le cannibale tueur en série, toujours enfermé dans la même prison. Ils se lanceront sur les traces d’un travelo kidnappant et tuant de jeunes femmes potelées.

Commençons tout d’abord par reconnaître une qualité de fidélité à Dragon Rouge, qui a réussi à tourner dans la même prison et avec le même directeur qu’ici, bien que le chef Crawford ait changé entre les deux. Par contre, l’auteur des livres semble avoir été assez fainéant sur la forme, réitérant l’exact même formule, tel un feuilleton. On sera assez déçu de ne pas voir plus d’Hannibal, plus que jamais relégué au second plan, et dont l’aide pour l’enquête se fait encore plus anecdotique. Certes, un certain passage au milieu du film le montrera enfin en action, et c’est assurément un point non négligeable à mettre au crédit du film, mais le reste à côté paraît d’autant plus quelconque. Le rythme est mou, surtout dans la première moitié, le méchant travelo est vide à outrance, et toute l’enquête qui l’entoure est poussive, pour ne pas dire ennuyeuse. Mais pourquoi diable ne pas faire un film centré sur Hannibal bordel !? Clairement le film passe à côté de son sujet tant l’iconique cannibale éclipse tout le reste. Pas mauvais, mais clairement pas la même saveur. Je vois le potentiel et quelques passages qui ont pu susciter l’engouement, mais pas dans une telle propension. Peut-être le film le plus surcoté qu’il m’ait été donné de voir.

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Dragon Rouge


Dragon Rouge
2002
Brett Ratner

Tout le monde connaît ce personnage mythique de Hannibal Lecter, cet homme aussi raffiné que fou, ayant un penchant pour le meurtre et le cannibalisme. Comme pour la quadrilogie de romans de Thomas Harris, quatre films ont donc vu le jour, bien que Manhunter, adaptant le premier livre, fut passé totalement inaperçu en 1986 avec moins de 10 M$ dans le monde. C’est avec l’adaptation du second livre que le personnage obtint ses lettres de noblesse, tant aujourd’hui encore Le Silence des Agneaux est toujours considéré comme l’un des plus grands films de l’histoire. L’écrivain publia deux autres livres par la suite, en 1999 et 2006, avec à chaque fois une adaptation dans la foulée, bien que le dernier soit un préquel considéré comme à part. Ainsi, après Le Silence des Agneaux en 1991 puis Hannibal en 2001, récoltant à eux seuls plus de 625 M$ (275 M$ puis 350 M$ pour la suite dix ans plus tard), une nouvelle adaptation du premier roman vu le jour dans la foulée, de quoi offrir une certaine continuité artistique pour une trilogie où le dernier est en fait le premier, de quoi se perdre un peu niveau chronologie.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le film ne traite absolument pas des origines de Hannibal Lecter (Anthony Hopkins), ce dernier étant capturé d’emblée par l’agent Will Graham (Edward Norton). On suivra une nouvelle enquête de ce dernier, sur les traces du Dragon Rouge (Ralph Fiennes), un autre psychopathe non moins névrosé. Malgré leur différent de l’époque et le fait qu’il ait failli le tuer, Graham ira chercher de l’aide auprès d’Hannibal Lecter.

Le début du film est aussi décevant que frustrant. Non seulement on ne verra jamais Hannibal à l’œuvre, mais en plus on nous vend une relation spéciale à la Holmes et Watson entre lui et Graham, complicité qui ne durera que quelques secondes avant que les choses s’emballent. Cela semble traité dans la série de 2012, mais étant annulée en cours de route, elle n’a pas de fin. Ensuite, on a tout de même un tueur en série d’envergure enfin arrêté, faisant la une des tous les journaux, avec on imagine un procès dantesque, mais on ne suivra jamais cet événement fondamental, passé sous silence pendant le générique. Et c’est là une frustration sans commune mesure tant cela aurait fait sans le moindre doute un film bien plus intéressant et original en ce concentrant sur ce seul passage éludé. A la place, on suivra une enquête certes prenante, mais un peu plus convenue, comme une entrée un peu longue en attendant de voir le vrai antagoniste à l’action, mais ça ne sera pas dans ce film, tout juste est-ce teasé en toute fin pour faire le lien avec la seconde adaptation.

Pour autant, le film a des arguments de poids. Déjà le casting est ahurissant : on retrouve en plus du trio de tête Ken Leung, Emily Watson, mais également les monstres sacrés Philip Seymour Hoffman et Harvey Keitel. Ensuite, l’ambiance poisseuse est très réussie, créant une vraie angoisse, un vrai malaise, avec une mise en scène efficace. En vérité, pour éviter la frustration de pendants de l’histoire qui auraient pu avoir un intérêt largement supérieur, il aurait mieux valu commencer directement avec la seconde enquête, mais au quel cas on aurait eu l’impression d’arriver en cours de route. Pire, après quelques recherche, le fameux quatrième livre / film sur « les origines », ne traite même pas du passé commun de Graham et Hannibal, mais le premier livre abordait ce passage bien plus. Il aurait donc mieux valu soit couper le livre en deux films, soit rajouter une bonne demi-heure d’introduction, mais en l’état le film, même sans prendre en compte le ratage de l’adaptation, sera forcément décevant pour tous sur ce point tant l’absence d’impact de l’arrestation n’a aucun sens. Ca aurait dû être le point de départ événementiel, mais il est évident que cela aurait pesé sur le seconde enquête, forcément fade en comparaison. Une impasse insoluble. Un thriller assez réussi au casting démentiel, mais dont l’ombre de la saga rend sa propre existence anecdotique.

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American Psycho


American Psycho
2000
Mary Harron

Film culte ayant propulsé la carrière de son anti-héros, le film ne fut pourtant ni acclamé ni populaire à sa sortie, assez largement boudé par la critique et ayant récolté tout juste 34 M$ dans le monde. Pourtant, aujourd’hui il a su gagner le cœur de beaucoup, que ce soit pour son axe original ou sa radicalité assumée.

Ainsi, on va suivre la folie de Patrick Bateman (Christian Bale) – nom prémonitoire – un tradeur ultra riche, vice président à seulement 27 ans dans la boîte à papa. Ses deux passions dans la vie, hormis le fait de prendre soin de lui pour faire jalouser tout le monde aussi bien physiquement que matériellement, c’est de jouer à qui a la plus grosse avec ses collègues, et se taper sa copine (Reese Witherspoon) ou des prostituées (incluant Chloë Sevigny), souvent par deux. Seulement un beau jour, trop c’est trop, le succès insolent de son collègue Paul Allen (Jared Leto) va lui faire péter un câble, et il va le tuer. Une jouissance libératrice, lui faisant enfin ressentir quelque chose.

Avoir comme personnage principal un fou furieux tueur en série, ça n’est certes pas inédit, mais ça a le mérite d’être un peu original, d’autant que son aliénation est assez exacerbée. Il y aura le délire des cartes de visite, des blondes, à deux et avec une caméra, ou encore tout ce qui touche à son apparence physique avec une superficialité à son apogée. Un complexe de Dieu, qui a défaut de donner la vie, va la reprendre. Une perte des réalités avec l’argent facile, l’argent illimité, mais jamais assez car il faut continuellement être le seul à avoir tout, et mieux que tout le monde. La moindre contrariété, la moindre personne qui ne serait pas à ses genoux est vécu comme un affront suprême, un motif de meurtre indiscutable et inévitable. Le film va loin, tellement loin qu’on en viendrait à douter de lui, surtout avec le dernier craquage absolu, mais d’après ce que j’ai pu en lire, tout est réel. Manque alors les conséquences, une réelle conclusion, créant une véritable frustration malgré le côté amoral, qui aurait pu être grisant si sans équivoque, mais qui en l’état nous laisse un peu perplexe, pour ne pas dire déçu. Au final, à quoi a servi l’inspecteur (Willem Dafoe) ? Comment le dernier acte a pu avoir une telle finalité ? Il manque des pièces au puzzle, ou alors le film n’a pas su y répondre clairement. Une bonne idée avec un casting assez dingue, mais un peu plombé par une fin pas maîtrisée.

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Brightburn – L’enfant du mal


Brightburn – L’enfant du mal
2019
David Yarovesky

J’avais le souvenir d’un petit événement en soi, un succès d’estime et commercial, mais pas du tout, même loin s’en faut. Les retours furent très tièdes, et pour ce qui est du box-office, c’est certes un succès étant donné le budget bas typique de film d’horreur, à peine 7 M$, mais avoir peiné à atteindre 33 M$ dans le monde, c’est carrément anecdotique, risible. Et pourtant, Internet semble s’enflammer à la moindre rumeur de suite, qui n’arrivera apparemment jamais d’après ceux derrières le projet, et il faut bien dire que le concept même aurait dû nécessiter un budget digne des gros blockbusters pour aller au bout de sa démarche, donc il est évident que ce que le public demande n’a aucune chance d’arriver.

L’idée est simple : et si Superman était méchant ? Un couple de fermier (incluant Elizabeth Banks) qui n’arrivait pas à avoir d’enfants va un jour voir un vaisseau spatial se cracher à proximité de leur ranch, avec à son bord un bébé. Pendant 12 ans, ce fut une bénédiction, mais à l’arrivée de la puberté, leur fils va se rendre compte qu’il est différent, capable de choses extraordinaires, mais avec un but : s’emparer du monde.

Le mythe de Superman est un immense classique connu de presque tous, et si visiblement le film n’en avait pas les droits, tout y est officieusement : le couple de fermiers, la petite ville d’Amérique rurale, et tous les pouvoirs seront peu ou prou les mêmes, avec surtout la force surhumaine, la capacité de voler, la résistance à tout en dehors des matériaux du fameux vaisseau toujours caché sous la grange, et les yeux laser bien sûr. Même la scène iconique du bus est détournée avec une voiture, mais en version horrifique. On sent globalement la mentalité « sale gosse », là pour détourner l’image du super-héros ultime pour en faire un vilain, mais sans pour autant assumer pleinement ses propres idées. On pense notamment à tout le discours sur la puberté, sur les déviances et sa camarade qui va jusqu’à l’accuser de perversité, mais au final rien, que des allusions, rien de concret, même dans les intensions. La violence est très crue, presque granguignolesque tant le gore est abusif, ce qui pour ma part est une mauvaise chose tant la violence psychologique restera toujours plus impactante que la violence physique, à moins d’une mise en scène folle, ce qui ne sera pas le cas. Eh puis la montée en violence n’est pas fluide du tout : l’enfant vire à un instant T, tel un déclic, mais sans développement de sa haine intérieur ou quoi que ce soit, contrairement au modèle du genre, Chronicle. Et c’est un peu ça le problème, car en vrai le concept a déjà été traité, tellement plus subtilement, avec une vraie vision, et un développement des personnages largement plus pertinent. Quitte à vouloir faire une parodie horrifique récréative sur Superman, autant pousser les curseurs au maximum et être bien plus généreux sur les thèmes de violence et le spectacle. Dans les faits ça reste divertissant, d’autant que très court, mais que ce soit l’écriture ou le budget, ça n’était pas à la hauteur de ce qu’on était en droit d’en attendre.

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Braquage à l’ancienne


Braquage à l’ancienne
2017
Zach Braff

Idée amusante que de voir une bande de papys basculer dans le banditisme, avec un casting qui a de quoi donner envie, mais entre un réalisateur dont les principaux succès d’estime m’ont frigorifié ou à peine diverti et des propositions autrement plus impactantes lors de sa sortie, même avec une carte de cinéma illimitée, j’avais fait l’impasse. Et effectivement, le film ne valait pas tellement le coup d’œil.

Une bande d’octogénaires (incluant Morgan Freeman et Michael Caine) va voir leur quotidien chamboulé de la pire des manières : la précarité. Jouissant d’une retraite plus que confortable (45K par an c’est carrément colossal, clairement pas de quoi se plaindre), le fruit de leur labeur leur sera enlevé, leur ancienne boîte se délocalisant et gelant leurs plans de pensions. Pour l’un d’eux ayant assisté au braquage de sa banque plus tôt, c’est la solution à tous leurs problèmes.

Dans l’absolu pourquoi pas, et le film a quelques solides arguments. Déjà son casting, deux monuments du cinéma dans le trio de tête (ce qui fait peser une disparité démesurée pour le troisième, pourtant bien mis en avant) et quelques têtes biens connues dans les rôles secondaires, comme Christopher Lloyd, Joey King ou encore Matt Dillon. Ensuite, si le braquage reste d’une banalité sordide avec une mise en place quasiment inexistante et des conneries à hurler, on sent une réelle réflexion autour du fait de couvrir leurs arrières. Mais par contre, difficile de croire que des guichets puissent avoir des sommes pareilles, c’est aberrant. Et puis surtout ils sont décrits comme des ouvriers modestes ayant une pension qui leur permet à peine de vivre, et pourtant ils parlent à un moment donné de seulement voler ce qui est censé leur revenir, avec comme base 45 000 dollars par an ! Soit très exactement 3750$ par mois, ce qui est gigantesque, surtout pour une retraite. Donc non seulement cela ne correspond pas du tout à leur style de vie, mais c’est à se demander ce qu’ils peuvent bien faire de sommes si vertigineuses pour en plus être en difficulté avant même le gel définitif de leur retraite. Le genre d’écriture à la Jean-François Copé qui croit qu’un pain au chocolat coûte 20 centimes et que les pauvres touchent 5000€ par mois. Au pire demandez à un travailleur lambda, genre un des techniciens qui bossent sur le film ? Le mépris et la méconnaissance de la bourgeoisie, c’est quelque chose… Après ça, la base reste la discrétion, ne pas changer directement ses habitudes une fois le vol commis. Raté, ce sont des débiles et la police est d’une nullité affolante. On ne rit que mollement et pas souvent, l’histoire n’a rien de fou mais souffre d’incohérences qui plombent salement. Pas mauvais, mais oubliable et à la limite de l’ennui.

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Rencontre avec Joe Black


Rencontre avec Joe Black
1998
Martin Brest

Conspué au moment de sa sortie, au point de recevoir le Razzie Award du pire remake (pour un obscur film des années 30), le film a également été un énorme échec financier, ne récoltant que la moitié de son budget colossal (85-90 M$, soit dans les 150 M$ actuels avec l’inflation) sur le sol américain. Un budget astronomique dû à un tournage aberrant de près de six mois, dont quasiment deux rien que pour les quelques scènes de la fête à la fin, pour une durée de métrage très conséquence de trois heures, de quoi en refroidir plus d’un. Pourtant, avec les années la vision sur le film a radicalement changé, au point de le hisser au rang d’œuvre culte et adoré par beaucoup.

Imaginez que la mort en personne frappe à votre porte. C’est exactement ce qu’il va arriver à William Parrish (Anthony Hopkins) à quelques jours de ses 65 ans, alors que justement sa vie est à un tournant entre la volonté du conseil d’administration de son entreprise de se faire englober par des investisseurs, et sa plus jeune fille Susan (Claire Forlani) qui a perdu fois en l’amour, prête à se ranger aux côtés d’un arriviste peu scrupuleux. La mort va bousculer plus d’une vie, puisqu’en plus d’apprendre à William que sa vie touche à sa fin et qu’il va bientôt l’emmener avec lui, il va choisir de prendre le corps de Joe Black (Brad Pitt), nom imaginé par William pour expliqué ce visiteur incongru, mais familier pour Susan, puisqu’il s’agit de l’homme pour lequel elle venait d’avoir un coup de foudre dans un café le matin même, sans se douter une seconde que ce dernier avait connu un destin tragique et abritait désormais l’esprit de la mort en personne.

L’idée du film est assez forte, avec la mort venant en personne, mais y ajouter un quiproquo sur son apparence, et des sentiments qui y sont liés, voilà qui épice les choses. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que juste ce postulat de départ marche très très fort : Brad Pitt est à son prime de beauté insolente, et son jeu mi enfant attardé qui n’a jamais prit le temps de vivre sur Terre, mi robot usé par les millions d’années de son existence, est aussi déroutant qu’efficace ; l’alchimie avec sa partenaire fonctionne très bien tant l’actrice est d’une beauté saisissante entre sa fragilité, son sourire ravageur, mais surtout son regard à se damner, et on comprend de fait que même une entité divine y perde la raison ; et enfin Anthony Hopkins est comme à son habitude un monument de classe et de charisme, et on sent toute la gravité d’aborder sa fin de vie, ce sentiment d’injustice face à une vie de travail acharné, qui ne connaîtra de repos que celui du cimetière.

Reste alors tous les à côté, car il faut bien remplir trois heures de film. On aura la fille aînée (Marcia Gay Harden), délaissée et qui essaiera de compenser par une implication plus forte, avec son bon à rien de mari, conscient de son statut de larbin, mais déjà tellement comblé de sa place inespérée et attendrissant de par sa simplicité dans un monde d’opulence indécente. Puis on suivra surtout toutes les mesquineries du bras droit, le petit jeune arriviste pour sa part dénué de gratitude et en voulant toujours plus, pendant plus classique de l’histoire, pour ne pas dire ennuyeuse, d’autant que sa résolution a de quoi laisser perplexe quant à sa crédibilité légale. Petit mot au passage sur l’habitude des personnages de s’embrasser sur la bouche, même au sein d’une même famille, ce qui a de quoi choquer voir rebuter. Si globalement pour un film aussi long, le temps passe assez vite, il faut bien reconnaître que certaines scènes semblent trop longues, comme celle dans le lit ou la danse avec une déduction sortie de nulle part, bien pratique pour lier la fin. Et en parlant de la fin, sans rien en révéler, j’avais peur de certaines facilités ou clichés, mais plus encore de déception, et la conclusion reste assez satisfaisante. Ouf. Sans être une révolution ou un chef d’œuvre, le film est néanmoins très réussi, avec une idée forte et originale, ce qui est déjà énorme.

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