Gran Turismo


Gran Turismo
2023
Neill Blomkamp

Voilà un doux rêve : passer du fantasme à la réalité. En vrai ce n’est pas une idée, c’est le quotidien de toute personne se formant à devenir pilote dans l’aviation par exemple, mais quand l’outil de simulation est aussi un jeux-vidéo, toute la classe politico-médiatique, les ignares, débiles et autres moutons atrophiés du cerveau sont incapables de prendre ça au sérieux. Faire piloter un geek ? Faudrait déjà qu’il sorte de son fauteuil de gamer lol ! Ah les ravages de la consanguinité… Eh bien voilà une histoire vraie où un directeur marketing de chez Nissan (Orlando Bloom) va approcher la direction de Sony et l’équipe derrière les jeux Gran Turismo pour recruter les meilleurs joueurs du jeux-vidéo, puis les former pour devenir pilote de F1 dans la vraie vie. On suivra donc le parcours de Jean Mardenborough, adolescent britannique qui troquera son volant branché à sa Playstation contre un volant de voiture de course en dur, formé par Jack Slater (David Harbour), un ancien professionnel de la course automobile.

Dans l’absolu on pourrait se dire que ce genre de film n’est pas fait pour moi, préférant l’approche décomplexée et arcade tant des jeux Need for Speed, Split Second Velocity voir Mario Kart, mais aussi des films, prenant plus de plaisir devant les premiers Fast & Furious ou le film Need for Speed que devant les pourtant objectivement meilleurs Le Mans 66 ou Rush. J’ai essayé plusieurs fois les jeux Gran Turismo, mais outre le fait que passer sa vie à freiner dans les virages toutes les deux secondes tue toute sensation de vitesse, les circuits automobiles sont objectivement moches, et l’idée de faire les mêmes tours en boucle est passablement ennuyeux. Je partais donc avec quelques à priori, et détestant le jeu dont le film fait l’éloge, mais les films de courses sont généralement grisants, et surtout l’idée d’un self-made-man devant sa carrière à son talent aux jeux-vidéo, claquant le bec à ses détracteurs et aux esprits étriqués, c’était particulièrement gageur.

Soyons direct, on passe un excellent moment devant le film, nous procurant la satisfaction escompté du petit gars sorti de nulle part accomplissant un rêve que tous lui ont dit inaccessible. Les sensations de vitesse sont grisantes, la réalisation est au top (même si on se demande ce que Neil Blomkamp fait là), les clins d’œil au jeu et aux codes vidéoludiques sont appréciables, et mise à part un léger passage plus mou aux deux-tiers, passage quasi obligé du test de motivation mais il est vrai tiré d’un fait réel marquant, le rythme est très soutenu. Pour autant, le film n’est pas aussi bon qu’on aurait pu l’espérer, et ceux pour deux raisons assez gênantes. Premièrement, le choix de l’acteur principal, qu’on pourrait argumenter expressément lisse et fade pour que le spectateur oubli le protagoniste et s’imagine soi-même à la place. Argument que je mets moi-même en avant pour FFXII par exemple, puisque littéralement on parle d’un jeu où de fait l’histoire avance au rythme de nos actions, mais que je rejette totalement pour Luke Skywalker dans la trilogie originale, étant juste un jeune premier insipide d’un vide abyssal à l’acting catastrophique. Reste que là aussi, l’acteur est mauvais, sans charisme, et ça plombe pas mal quand même. Et deuxièmement, la réalité est un peu décevante. Alors oui, le gamer devient certes professionnel, mais on est loin d’une carrière exceptionnelle marquant à jamais l’histoire automobile, son impact aura été pratiquement inexistant et ses faits d’armes sont peu glorieux. L’idée était cool, le résultat très divertissant et c’est toujours un immense plaisir que de retrouver David Harbour qui dégage une telle bonhommie avec tant de charisme, mais entre son acteur principal bancal et le peu d’envergure du récit, le film ne marquera pas plus l’histoire.

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Donjons & Dragons : L’Honneur des voleurs


Donjons & Dragons : L’Honneur des voleurs
2023
Jonathan Goldstein (XII), John Francis Daley

Fait malheureusement pas si rare dans le paysage cinématographique, un film a connu à la fois un immense succès public, mais un énorme échec commercial. Faisant de concert consensus parmi les critiques et les spectateurs, le film aura réussi à dépasser la barre des 200 M$ dans le monde, ce qui semble à première vue respectable, mais il lui fallait faire pratiquement le double : à cause du Covid et de soucis de post production, le budget a connu des dépassements terribles, passant de 100 à 156 M$, d’autant que sa carrière au cinéma fut rapidement stoppée par le mastodonte Super Mario Bros.

Pour ceux qui ne connaissent pas le milieu des jeux de rôles, Donjons & Dragons est un jeu de plateau d’héroïque fantaisie inventé dans les années 70, précurseur de ce qu’on appellera les jeux de rôle. L’idée est simple : chaque joueur incarne un personnage ayant des habilités propres, et tous ensemble doivent réfléchir pour mener à bien une aventure où le danger est omniprésent, où seules la ruse et la stratégie vous mèneront vers la victoire.

Dans le film, on suivra donc Edgin le barde (Chris Pine), Holga la guerrière (Michelle Rodriguez), Simon le mage (Justice Smith), Doric la métamorphe (Sophia Lillis) et Xenq le paladin (René-Jean Page), qui vont devoir faire équipe pour aider Edgin à ressusciter sa femme et récupérer sa fille, endoctrinée par leur ancien acolyte Forge (Hugh Grant), qui a été propulsé grand maître du conté grâce à une prêtresse rouge nourrissant de sombres desseins.

J’ai un peu du mal à saisir l’engouement autour du film. Alors certes, le casting est solide, surtout Hugh Grant pour qui le rôle semble être sur mesure, l’humour fonctionne plutôt bien malgré un surdosage maladroit, les FX sont bons (sauf le passage avec Bradley Cooper, totalement raté), fait devenant presque rare de nos jours, mais globalement l’ennui n’est pas loin. L’histoire est cousue de fils blancs, tout semble être sur des rails, avançant au petit bonheur la chance, comme si on suivait une vraie mission du jeu de plateau avec un maître du jeu bien sympa qui indique le chemin avec de grosses flèches. Du pur divertissement qui n’apporte pas grand chose et ne développe quasiment rien, que ce soit son univers ou ses personnages, réduits à leurs plus simples fonctions. C’est un peu dommage, et il en résulte une impression d’univers lisse, utilisant simplement les grands classiques du genre qu’il a pour cause en partie inventé. Quelques idées de design sympas, mais j’aurais aimé que le film aille plus loin que le simple « fun ». Reste qu’on fini sur une bonne note, la toute dernière scène étant un joli miroir bien inspiré. Mais pour ce qui est de l’héroïque fantaisie, hormis le maître incontestable qu’est la trilogie du Seigneur des Anneaux, le niveau est largement en dessous d’un Warcraft, qui était visuellement, artistiquement et scénaristiquement bien plus abouti.

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L’Attaque des Titans


L’Attaque des Titans
2013-2023
Hajime Isayama (manga)

Il y a quelques jours, un monument de l’animation japonaise a prit fin avec l’adaptation du désormais culte manga SNK (Shingeki no Kyojin), autrement connu en France comme L’Attaque des Titans. Après quatre saisons étalées sur dix ans (en réalité six saisons et deux films de conclusion), le phénomène prend fin, puisque contrairement à des mangas comme Naruto (avec Boruto) et One Piece qui s’éternisent depuis plusieurs décennies, le manga papier de SNK n’aura duré « que » treize ans, de 2009 à 2021 pour un total de 34 tomes. Outre le fait que le manga papier est un des plus laids qu’il m’ait été donné de lire, ayant de surcroît réellement un mal terrible à différentier certains personnages trop proches physiquement, sa fin avait fait grand bruit à l’époque.

Succès correct mais loin de truster le haut des charts, SNK avait timidement commencé sa carrière, avant d’exploser en 2013 avec l’anime, largement salué pour la direction artistique, la violence tant physique que psychologique, le soin apporté aux environnements, aux personnages, au dessins en général. Alors que le BIG 3 (One Piece, Naruto et Bleach) nous avaient habitué à des productions animées bâclées sortant inlassablement chaque semaine, ce qui est devenu depuis une norme (des saisons plus resserrées, d’une vingtaine d’épisodes, parfois espacées de plusieurs années) a fait un bien fou. Le rythme est infiniment meilleur, pas de HS, et une qualité d’animation qui fait plaisir. Le manga est alors rentré dans la cours des grands, bien que la version papier était d’une qualité graphique exécrable en comparaison, son mangaka étant clairement un bien meilleur scénariste que dessinateur. Et on sait bien à quel point une fin redéfini une œuvre dans son ensemble, donc étant donné à quel point celle du manga a divisé, la pression était terrible pour le fameux final sorti le 5 novembre 2023. Va t-elle réconcilier les fans déçus ? Détruire son image d’anime culte ? Reprenons d’abord depuis le début.


L’histoire prend place dans une époque indéfinie moyenâgeuse, dans le royaume Eldien. Les terres sont composées de différentes villes fortifiées imbriquées les unes dans les autres, se protégeant derrière d’immenses remparts d’une terrible menace : les titans. Créatures humanoïdes pouvant faire de 5 à 50 mètres, dénuées de toute conscience ou intellect, muées uniquement par le désir de destruction et de surtout dévorer les humains qui croiseraient leur route. Qui a t-il derrière les tous premiers remparts ? Qu’en est-il du reste du monde ? Y a t-il un reste du monde ? Pourquoi ce fléau divin s’abat inlassablement ? Si une escouade d’exploration existe, elle n’a jamais de mémoire d’homme dépassé les forêts avoisinantes, donc personne ne sait. Heureusement, les remparts sont solides et n’ont jamais été franchis par les titans. Curieux de nature, Eren Jäger a toujours rêvé d’intégrer un jour l’équipe d’exploration, qui se sert de ce qu’il appellent un « équipement tri-dimensionnel » pour se déplacer et affronter si besoin les titans hors des murs, mais les fous avides de connaître le monde d’en dehors finissent rapidement dévorés. Les enfers sont littéralement à leur porte, et un beau jour cette porte va voler en éclat quand un titan colossal de plus de cent mètres de haut va pulvériser le tout premier rempart et exposer ainsi la première tranche au déferlement de titans qui y attendaient.

Les deux premières saisons seront très similaires, nous faisant découvrir petit à petit un univers d’une richesse folle, entouré de tellement de mystères que la peur d’être déçu est aussi gigantesque que les titans qui déchaînent leur violence sur des habitants apeurés. C’est dantesque, les combats sont d’une violence inouïe et la menace semble impossible à défier, personne n’est à l’abris, même ce qui semble être dans un premier temps les personnages principaux. Ces deux premières saison ne font que 25 épisodes en cumulé, attisant la curiosité autour d’un mystère qui ne fait que croître, d’une efficacité folle et à l’animation spectaculaire, imposant une vraie pate originale, mêlant épique et horrifique. Voilà qui met pleinement l’eau à la bouche, tout en restant conscient du risque de déception potentiel quand un univers repose à ce point sur d’épais brouillards.

Saison 1 et 2 :

Que se cache derrière le brouillard ? Que contient le fameux sous-sol ouvrable avec la fameuse clé ? Vous n’êtes pas prêts !

L’attente semblait longue, mais la récompense est sans commune mesure. Quelle claque ! Quelle leçon de maître ! Rien que pour les révélations du comment du pourquoi, le manga et surtout cet anime (bien plus travaillé et réussi visuellement) est et restera à jamais l’une des meilleures œuvres de toute l’histoire de l’humanité. Fait rare, le mangaka avait pensé l’intégralité de son manga avant même la sortie du premier tome, montrant avec le recul dès le premier chapitre à quel point il savait exactement où il allait. Et que dire si ce n’est merci ? Bravo.

Impossible de révéler quoi que ce soit sans briser la magie d’une découverte impensable, qui peut-être pour la première et seule fois de ma vie m’a fait me dire que n’aurait jamais pensé à une telle profondeur. Et immédiatement, on se remémore tout le chemin parcouru, tous les événements passés, et à quel point leur vision en devient totalement bouleversée, ignorants simples mortels que nous sommes. Prodigieux, avec encore à la clé des idées de mise en scène, de design, de thématiques toujours plus folle, faisant écho aux heures les plus sombres de notre histoire, et même à l’actualité moderne avec une pertinence qui force le respect. C’est beau, d’une rare intelligence, nous ouvrant les yeux sur ce que l’on croit savoir, ce que l’on croit voir, ce que l’on croit comprendre. On tutoie des sommets que n’ont atteint que peut-être furtivement Evangelion, Xam’d ou Death Note.

Saison 3 :


Bien plus longue, la « quatrième saison » (représentant le tiers de l’anime) a été dispersées en quatre parties sur quatre ans, et n’est de fait pas égale à elle-même. La première partie est la pure continuation des révélations qui ont redéfini l’histoire, enchaînant un quasi sans faute, si ce n’est que pour la première fois, on semble en savoir plus que ce qu’il ne reste d’ombres, et on commence un peu à voir où l’anime / manga va aller. La narration devient plus « sage » et limpide, ce qui n’est pas forcément un mal, d’autant que le virage négocié est très bien développé et intéressant, tout en gardant la sève de ce qui a rendu SNK immédiatement fascinent : sa violence. On reste donc dans des stratosphère immenses, mais il est vrai que quelques points vont poser problème à partir de la seconde partie et le passage dans « l’axe ».

Encore une fois, l’anime est une œuvre d’une richesse inouïe : politique, psychologique, et offrant un divertissement spectaculaire absolument dantesque. Mais les changements de points de vue sur toute la dernière ligne droite sont trop brusques, manquant de conviction et de la profondeur à laquelle on s’était habitué. La psychologie de certains personnages sonne faux, la convergence des buts est maladroite, et à vrai dire toute la fin n’aura de cesse que de les faire douter, à juste titre ou non. Mais soyons reconnaissant du travail fait, car l’anime est à des années lumières au dessus de ce que propose le manga, dont la fin a été jugée même par son auteur comme abrupte, et c’était là l’occasion d’enfin expliquer certains choix étranges, ou tout du moins développer bien plus son idée. On ne peut que l’en féliciter tant on revient de loin, et avec le recul bon nombre de choix très discutables sur le papier deviennent une conclusion logique, voir inévitable. L’épilogue supplémentaire ajouté montre les conséquences des choix de chacun, amer, mais logique et en vrai assez satisfaisant. Un constat qu’on peut étendre sur beaucoup de points, que ce soit le grand … qui est cette fois bien plus palpable dans ses conséquences, ou encore l’affrontement ultime, un peu moins frustrant sur certains points.

Alors oui, face à une montée en puissance si marquante, n’avoir une fin que « satisfaisante », est potentiellement décevant, mais SNK arrive dans son ensemble à porter fort son message, et si la fin du manga gâchait quelque peu le bilan, c’est nettement moins le cas dans son adaptation en animé. Rarement un manga aussi populaire aura autant mérité son succès, très largement au dessus des classiques du genre qu’on encense un peu trop facilement. Un récit épique, quasi biblique, transformant une menace divine en une brillante analyse de l’espèce humaine.

Saison 4 :

 

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AKA


AKA
2023
Morgan S. Dalibert

Probablement perdu dans les limbes des productions depuis de très longues années (il est fait mention de PS4 et de Wii, ce qui laisserait supposer une écriture vieille de dix ans minimum, la seconde console ayant été retirée du marché depuis dix ans déjà), il est certain que le carton planétaire de Balle Perdue aura poussé Netflix à s’intéresser à cet autre film d’action français mettant en vedette le désormais reconnu Alban Lenoir, nouveau Bebel des temps modernes, ou du moins qui en rêve. En tous cas sa carrière sur Netflix est sans pareille : après avoir tout d’abord raflé le statut du film en langue française le plus vu de la plateforme avec le fameux Balle Perdue, il a battu son propre record par deux fois, d’abord avec Balle Perdue 2, puis en doublant le score avec le AKA dont il est question ici. Fort.

Aka, acronyme anglais « Also Know As » voulant dire « alias », fait écho à ce qu’on appelle travailler sous couverture dans le milieu policier. Spécialiste du genre, Adam Franco (Alban Lenoir) va être engagé par le commandant Kruger (Thibault de Montalembert) pour s’infiltrer dans le milieu de la drogue et du grand banditisme, car la police soupçonne le mafieux Victor Pastore (Eric Cantona) d’avoir prit sous son aile l’ennemi public numéro 1, le terroriste Moktar Al Tayeb.

Encore du film d’action policer français, mais je dois avouer que j’ai largement préféré le scénario qui y est développé. Dans l’absolu, le principe même du policier sous couverture est une hérésie : on demande à un représentant de la loi de passer du côté obscur, renier tous ses principes et vivre avec des gens qu’il déteste par nature, qui représentent tout ce qui va mal dans notre société, sacrifiant des mois, parfois des années de leur vie à se mettre quotidiennement en très grand danger, tout ça pour faire tomber des gens dont on savait déjà toute la dangerosité. Outre Atlantique, on se s’embêterait pas, on balancerait tout ça à Guantanamo ou autre pour tout faire avouer à grand renfort de torture, puis basta. Mais force est de reconnaître que dans une justice sclérosée qui n’a pas vraiment le choix, ce sacrifice est d’autant plus admiratif qu’il nécessite un sacré talent de la part de l’infiltré pour jouer un rôle de chaque instant. Au niveau cinéma, cela crée une forte tension, beaucoup de suspens, et avec en prime un gros côté action bien bourrin, ça donne une dynamique particulièrement percutante. Dans certaines thématiques, le côté loup solitaire surentraîné inarrêtable, la réalisation virevoltante, on tend parfois vers de l’efficacité à la Taken, bien que son héros restera un cran moins charismatique et que l’action n’ira pas jusqu’à un tel niveau de virtuosité. Une belle surprise donc, compensant quelques faiblesses d’écriture par une grande maîtrise dans le rythme et la mise en scène.

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#Alive


#Alive
2021
Hyung-cho Il

Sorti en Corée du Sud en juin 2020 dans un contexte difficile de Covid ayant grandement impacté son score en salle (déjà à prendre avec de fortes pincettes vu les récents scandales de gonflement de chiffres ne datant visiblement pas d’hier), le film fut considéré comme un semi-échec, faisant un peu moins de deux millions d’entrées, un poil faible pour ses presque 20M$ de budget. Il fut donc ensuite bazardé sur Netflix où il connu un bon succès, là encore à relativiser vu l’absence de transparence des chiffres, et vu que le public a tendance a cliquer machinalement sur les recommandations, ce qui ne veut ni dire qu’il a apprécié le film, et encore moins qu’il l’a regardé jusqu’au bout.

Une épidémie et paf, ça fait des zombies. Oh Joon-woo (Ah-In Yoo) est un jeune homme qu’on pourrait qualifier de chanceux : au moment où l’épidémie va se propager à une vitesse folle, transformant tous les habitants en monstres cannibales assoiffés de sang, lui sera tranquillement chez lui, bien à l’abris. Mieux encore, il a quelques réserves de nourriture, l’eau, l’électricité et même internet fonctionnent toujours. Plus qu’à attendre que ça se passe.

Genre usé jusqu’à la moelle, le film de zombie est par définition de la survie, souvent teinté d’action, de gore ou d’horreur, voir tout ça à la fois. Rien de bien original donc que de retrouver quelqu’un coincé chez lui à soit attendre la mort, soit des secours divins, voir une cure pour l’épidémie, si tant est qu’elle soit réversible. Outre le fait que le film soit coréen, l’originalité tiendra surtout en deux points : le cadre très luxueux de l’appartement, et la débilité ahurissante de son principal protagoniste. Car oui, quand la ville semble tombée sous les hordes de zombies, avoir pendant des semaines de l’eau et de l’électricité, c’est un miracle sans commune mesure, et à aucun moment le personnage ne prendra conscience de cette chance susceptible de s’arrêter à n’importe quel moment. De même, bien que ce soit plus facile à dire qu’à faire, se rationner semble une évidence, mais pas pour lui, s’empiffrant deux jours durant, au point de liquider tout d’emblée. On a donc là un « héros » dont la survie ne tient qu’à la chance, ce qui n’est pas très valorisant.

En dehors de ce huis clos survivaliste, on aura donc quelques affrontements occasionnels avec les zombies, permettant au film de faire parler le budget entre cette grande place et ces immeubles immobilisés pour le film, mais aussi la centaine de figurants au maquillage plutôt réussi. Mais là encore, rien qu’on n’ait pas déjà vu mille fois auparavant. Heureusement, le film est court et l’ennui n’a pas trop le temps de poindre, le rythme étant assez bien maîtrisé. Mais quel intérêt ? Le genre est éculé à un point tellement insupportable, le film ne propose rien de novateur, et son personnage principal est antipathique, bien trop demeuré. Difficile donc de justifier d’y consacrer un soirée.

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The Darkest Hour


The Darkest Hour
2012
Chris Gorak

Méa coulpa, onze ans après le premier article sur ce film : The Darkest Hour. Aveuglé par une avalanche de merdes ayant largement biaisé mon jugement entre Skyline, Monsters et World Invasion, qui avec le recul était vraiment trop vide scénaristiquement et à gerber dans sa réalisation, et ayant découvert après coup la pépite District 9 (qui mériterait aussi une nouvelle critique tant mon plaisir de cinéphile devant cette œuvre singulière n’a fait que croître), dans le genre contact extraterrestre, le début des années 2010 était éprouvant. Distinguer les nuances de marron dans une fausse septique n’était alors pas évident, laissant place à bien trop d’indulgence.

L’histoire démarre comme de la série B classique : des jeunes (Emile Hirsch, Max Minghella, Rachael Taylor, Olivia Thirlby et Joel Kinnaman) avec de vagues raisons d’être réunis dans une même boîte de nuit à Moscou lorsque la fin du monde sonne. La fin du monde en question ? Des extraterrestres invisibles capable de réduire en cendre toute forme de vie d’un simple contact.

En vrai oui, le potentiel était là : de bonnes idées de design, un concept à mi-chemin entre le film d’horreur et le film de SF avec des aliens basés sur l’électricité, une sorte de forme de vie organique/synthétique/gazeuse assez vague, suffisamment mystérieuse pour intriguer et susciter la peur. Au niveau mise en scène, les faire débarquer en usant d’une énorme vague électro-magnétique pour désactiver tout appareil électronique, ça n’est certes pas nouveau, c’était déjà le cas dans La Guerre des Mondes (tellement meilleurs sur absolument tous les points d’ailleurs dans le genre « gens du peuple face à une menace d’extinction, en restant à échelle humaine tout du long »). En revanche, ce qui est nouveau, c’est l’idée de les rendre invisibles et réactivant l’électronique sur leur passage. Visuellement le concept est excellent, mais trop peu exploité. On ressent constamment le manque de budget, le manque d’ambition : quelques années plus tard, Stranger Things reprendra cette idée d’électricité pour en faire tellement plus, sans pour autant avoir plus de budget. Le traitement des personnages est inexistant (le sacrifice dans le métro est stupide à souhait), l’histoire est débile à outrance (restez cachés et faites des provisions bordel !), l’instinct de survie une vague notion oubliée, et puis surtout il semble manquer tout le dernier acte du film, car au final il ne se passe rien. Alors oui, on peut ne faire que suivre la survie d’un groupe de personnes, mais encore faut-il que la situation soit réglée à la fin, ce qui n’est pas le cas. Est-ce pour teaser une suite ? Le score en salles fut presque correct, mais les retours assassins ont semble-t-il dissuadé toute idée de franchise. Du potentiel sur le papier, quelques bonnes idées visuelles, mais le résultat est trop bancal entre un scénario écrit à la truelle, des FX bien vilains, et une absence de fin concrète.

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Balle perdue 2


Balle perdue 2
2022
Guillaume Pierret

De projet infinançable à second plus gros succès de tous les temps hors langue anglaise sur Netflix, le film a par logique mercantile obtenu le feux vert non pas pour une suite, mais deux, dont le troisième volet est déjà acté pour janvier 2025. Belle réussite pour Balle Perdue, et clairement le premier volet était pensé comme un début, et non un tout tant l’histoire n’avait pas de conclusion sur son grand méchant.

Prenant place même légèrement avant la fin du premier film, le récit va remettre une nouvelle fois  Lino (Alban Lenoir) seul contre tous. La police (incluant (Pascale Arbillot et Stéfi Celma) avait secrètement passé un deal avec le complice d’Areski (Nicolas Duvauchelle) pour faire – on souffle très très fort – tomber des policiers espagnols véreux dans la combine de la drogue. Seulement voilà, pour Lino hors de question de laisser le meurtrier de son frère s’en tirer, et pas question de laisser non plus ses ex complices le tuer, sans quoi le commerce parallèle continuera sans impunité.

Toujours pas une once d’originalité ou d’idée de scénario, c’est exactement le même, avec les mêmes enjeux et ressorts pour faire avancer l’intrigue. Pas grand chose de neuf à dire donc, si ce n’est que des espagnols se rajoutent à la fête, incluant certes le très charismatique Diego Martin, un des rares bons personnages de la série Elite arrivé après la saison 3, bien que sa seconde saison à l’écran il fut l’instrument de la déchéance d’une série passée trop vite d’incroyable à pitoyable. On sent qu’à vouloir en faire une saga, ou tout du moins une trilogie, on en garde trop sous le coude, le grand méchant restant dans l’ombre, attendant encore le prochain film pour revenir. Fatiguant. D’ailleurs, l’écriture a bien trop d’incohérences. Lino passe d’une romance à l’autre sans rien pour le justifier, et s’enticher de la femme de son ennemi est très glauque ; la collègue Julia change de camp toutes les deux secondes et tout est pratiquement sa faute, sans elle le problème aurait été tellement mieux réglé et en moins de demi-heure de film ; et tout ce qui entoure les espagnols corrompus n’a aucun sens, voulant d’abord ne pas se salir les mains, rester dans l’ombre, puis finissant par tirer dans le tas en plein jour. De fait, on garde les mêmes défaut d’écriture arriérée, et les mêmes qualités de rythme et d’action. Et comme on dit, la vie avance, donc faire du surplace c’est reculer.

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Balle perdue


Balle perdue
2020
Guillaume Pierret

Perdu dans l’enfer du financement, le film fut sauver par Netflix, désormais obligé légalement d’apporter son soutien à un certain nombre de productions françaises pour contribuer à notre exception culturelle. Un film action / policier pourtant banal sur le papier, comme on en voit pratiquement chaque mois débarquer, mais qui a surpris tout le monde en devenant ni plus ni moins que le film français le plus vu de la plateforme, cartonnant à l’international.

Le film ce centre sur le personnage de Lino (Alban Lenoir), une petite frappe qui écopera de deux ans de prison pour tentative de braquage après avoir explosé les murs d’une bijouterie en tentant une attaque à la voiture bélier. Trois semaines après son incarcération, Charas (Ramzy Bedia) et Moss (Pascale Arbillot), deux inspecteurs de police, vont le recruter pour aider leur département anti go-fast (incluant Nicolas Duvauchelle et Stéfi Celma) à booster leurs véhicules pour lutter contre le trafic de drogue.

De primes à bords, le film est éculé au possible : encore et toujours une histoire de flics ripoux, comme le cinéma français nous inonde jusqu’à l’exaspération depuis un siècle. On souffle fort… On bascule alors de reconversion à traque, puisqu’à titre figuré, le héros se prendra une balle perdue dans la mesure où on lui mettra tout sur le dos. Et là encore, ce sont des thématiques usées jusqu’à l’os : le repris de justice dont la seconde chance n’est pas vraiment donnée comme à la moindre occasion on l’accablera de tout, où encore l’opposition entre la rue et les forces de l’ordre. On souffle très fort. Heureusement, le film a de solides arguments. Outre la violence très crue, l’action bombarde pas mal, la tension est présente, le rythme bien mené. Du classique à outrance, mais au moins c’est efficace.

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Adam à travers le temps


Adam à travers le temps
2022
Shawn Levy

Si bien sûr le réalisateur a une filmographie des plus impressionnantes, s’étant fait connaître avec moult comédies populaires, Shawn Levy a surtout obtenu la reconnaissance avec un film plus sérieux, Real Steel, dont la suite semble perdue dans les limbes, et aussi son travail sur la série Stranger Things où il officie en tant que producteur principal de toute la série, et réalisateur sur quelques épisodes. Après le franc succès critique et public de Free Guy, on attendait son nouveau projet avec beaucoup d’espoir. Trop visiblement.

Le film nous plonge en 2050 alors que Adam (Ryan Reynolds), un pilote de l’armée, va voler une navette pour partir à la recherche de sa femme, Laura (Zoe Saldana), portée disparue, mais qu’il soupçonne d’avoir voulu partir en 2018 grâce à une technologie de trous de verres pour voyager dans le temps, dans le but de justement empêcher cette technologie de voir le jour tant la création du père d’Adam (Mark Ruffalo) a conduit le monde à un âge sombre où sa collègue Sorian (Catherine Keener) s’en ait servi pour asseoir son pouvoir sur le monde. Seulement alors qu’il voulait utiliser à son tour un trou de verre, il sera prit pour cible par la brigade du temps, ratant son calibrage et atterrissant en 2022. Il devra alors faire équipe avec le lui de l’époque (Walker Scobell) pour réussir à corriger les méfaits du voyage dans le temps.

Le thème du voyage dans le temps est un grand classique du cinéma, source de tous les fantasmes : corriger les erreurs du passé, que ce soit la grande histoire ou sa propre histoire, influencer le futur, ou tout simplement assurer un futur si ce dernier projette l’humanité vers un sort tragique ou très largement non souhaitable pour ceux ne jouissant pas du statut d’élite. Le début du film est de ce point de vue là très réussi, laissant planer le mystère sur le futur, créant un face à face entre deux versions d’un même protagoniste, un quadragénaire se voyant comme le sauveur, mais est en réalité perdu, et l’autre adolescent, vivant très mal la récente mort de son père, à un âge où l’on est perdu, mais qui au contraire saura faire preuve d’une grande lucidité. Les passages avec la mère incarnée par l’excellente Jennifer Garner laisseront entrevoir un immense potentiel, d’autant qu’on comprend qu’elle aussi a passé l’arme à gauche dans le futur, mais on tient là l’un des principaux problèmes du film : petits bras. Il y aurait tellement eu à faire avec ce concept, pouvoir revoir ceux qu’on a perdu, changer les choses, mais sur presque tous les points, le film n’en fera rien, échouant là où Retour vers le futur montrait si bien l’exemple. Dans l’ensemble le film se regarde bien, les FX sont réussis (même si je suis abasourdi du budget de 116 M$ tant le film semble avoir coûté le tiers, bonjour les cachets abusifs), mais on ne pourra que regretter un récit trop facile, sans ambition autre que le divertissement. Le cas typique du film popcorn, agréable sur le moment, mais qu’on aura tôt fait d’oublier.

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Tyler Rake 2


Tyler Rake 2
2023
Sam Hargrave

Malgré une qualité assez limitée, le succès fut largement au rendez-vous pour Netflix tant Tyler Rake premier du nom s’est aisément trouvé une place dans le top 10 de leurs films les plus vues de l’histoire de la plateforme. Du bon gros blockbuster bien bourrin, mais assez désuet dans les faits, reprenant les clichés habituels des actionners des années 80. Le potentiel était lattant, et clairement cette suite avait une bonne marge pour réellement proposer du divertissement pleinement abouti.

Comme le laissait supposer la scène post-générique du premier (avec Idris Elba, le liant de la franchise), Tyler Rake (Chris Hemsworth) a certes morflé, mais il s’en est sorti. Malgré de lourdes blessures et une rééducation difficile, quand son ex-femme (Olga Kurylenko) va l’appeler à l’aide pour secourir sa soeur et ses enfants, Tyler n’hésitera pas à reformer son équipe avec Nik (Golshifteh Farahani) pour une nouvelle mission d’extraction. Cette fois, la cible est retenue captive dans une prison, et est la cible du plus dangereux groupe mafieux de Géorgie.

Sans aller jusqu’à dire que j’y allais à reculons, clairement mes attentes étaient basses. Mais très vite, le film va montrer qu’il en a dans le ventre : la scène dans la cours de la prison fait déjà figure de claque historique. C’est presque toute l’évasion de la prison qui sera montée en plan-séquence, d’une violence inouïe et d’un rythme enragé. On retient son souffle, et c’est vraiment dantesque, tout en restant à hauteur d’homme (dans le sens plausible également). La suite n’aura de cesse que de proposer une grande variété de décors, de situations et d’armements. Une vielle usine, un train sous la neige, des immeubles à Dubaï : le film se renouvelle sans cesse, alternant course poursuite, fusillade, roquettes, hélicoptère, grenades, combat à l’arme blanche, etc. L’histoire est passablement convenue, cousue de fils blancs, mais rien de rédhibitoire, on est directement embarqué par la virtuosité de l’action. Et le film ne tombe pas non plus dans l’écuelle de la surenchère débile, même si le dernier acte ajoute un cran dans l’exubérance des armes employées, on retournera toujours à l’échelle humaine, du face à face haletant. Si aux premiers abords l’écriture peut sembler paresseuse, le film est incroyablement bien fichu sur sa mise en scène, ses décors, ses effets spéciaux. Que ce soit sur le rythme, l’action, la réalisation, et alors que le budget reste très modeste (65 M$), le niveau est juste stratosphérique. Sans un scénario plus abouti, on ne criera pas au chef d’œuvre, mais la maîtrise d’exécution force le respect. Un défouloir d’adrénaline incroyablement efficace, très largement au dessus de son prédécesseur.

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