L’Arme fatale

L’Arme fatale
1987
Richard Donner

Après avoir vu le film Air America, j’ai eu cette envie de « prolonger » l’aventure en me plongeant une fois encore dans cette saga culte emmenée par un acteur si charismatique, d’autant que je ne les avais pas revu depuis la création de mon site il y a bientôt neuf ans. Pas forcément la franchise qui m’avait le plus marqué, j’en avais gardé un bon souvenir, me rappelant – chose assez rare pour être soulignée – que la qualité avait su rester au rendez-vous tout du long des quatre opus.

On suivra deux flics que tout oppose : Roger Murtaugh (Danny Glover), un père de famille calme et responsable pensant à se retraite après avoir passé le cap de la cinquantaine ; et Martin Riggs (Mel Gibson), dépressif suicidaire suite au décès de sa femme et qui cherche à se sentir vivant en fonçant sur le danger. Les deux hommes vont se retrouver à devoir faire équipe pour élucider une mort suspecte, qui les mènera vers un réseau des plus dangereux.

En écrivant ses lignes je viens de réaliser quelque chose : si en tant que spectateur on voit la fille se suicider lors de la première séquence du film, le film semble indiquer qu’il y avait quelque chose dans la drogue qui l’a poussé à le faire, puis l’enquête penche aussi sur le fait qu’elle ait pu être poussée, mais en réalité le film n’élucide jamais l’affaire principale qui débouche sur la suite de l’aventure. Il n’y a d’ailleurs pas vraiment d’enquête, tout n’est que suite de coïncidences, rencontres fortuites et coups de bol. Un scénario assez limité donc, voir gênant avec le combat à mains nues, complètement débile tant l’un risque sa vie et l’autre est de toute façon cerné. Une scène surréaliste, d’autant que passablement illisible, mais soit. Côté action le film délivre un service minimum, taclant là aussi la cohérence de l’histoire entre d’un côté des pros de la gâchette ne ratant jamais leur cible aux entraînement, et de l’autre des fusillades qui ne font jamais mouche. Reste alors le duo, sympathique mais là aussi mal amené. Le dîné scelle une complicité qui n’avait pas encore prit, l’évolution aurait mérité d’être moins abrupte. C’est terrible à dire, mais avec le recul le film est foncièrement banal et très mal construit. Du divertissement qui ne repose que sur la sympathie du duo, le reste pesant plutôt en défaveur du film.

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X-Men : Dark Phoenix

X-Men : Dark Phoenix
2019
Simon Kinberg

Voilà donc le film qui a tué la franchise, au moment même où la saga bascule dans l’écurie Disney suite au rachat de la Fox. Un coup monté pour tuer la licence pour mieux la rebooter et l’intégrer au MCU ? Assurément pas, et tout ça est triplement faux. Déjà, le film qui a tué la licence et dont ce film paie en grande partie les pots cassés est Apocalypse. Alors que Days of Future Past avait apporté la plus belle pierre à l’édifice en proposant la réunion des deux univers, se terminant sur le teasing de l’arc le plus intéressant des comics et un futur qui nous tardait de découvrir, Apocalypse a fait toutes les erreurs possibles et imaginables : placer l’histoire dans le passé avec un recasting de certains acteurs emblématiques comme Jean Grey ou Cyclope, créant des incohérences monstrueuses avec des acteurs de dix ans trop vieux, et l’écart de charisme entre les anciens et ces nouveaux pour qui on part sans aucune affecte achève de les rendre insipides. Les retours furent très mitigés, et toute suite décevante entraîne de mauvais résultats pour le suivant.

Alors certes, même si ce film eu des retours encore plus mauvais, que le film n’arrive pas sur l’ensemble de sa carrière à égaliser le week-end de lancement du précédent déjà décevant au box-office, on obtient alors l’un des plus gros échecs de l’histoire au box-office. Entre un budget de base de 200 M$, des reshoots massifs (au moins 50-100 M$) et une campagne marketing de blockbuster, le budget final est estimé à 350 M$, hors les recettes furent de 252 M$, donc en comptant 50% de distribution et 75% en Chine (très taxé), on obtient à peine 110 M$ dans la poche du studio, soit un déficit historique d’un quart de milliard. Pour ce qui est de la théorie de Disney torpillant la licence pour la reprendre, déjà quand on balance 75 milliards sur la table ça n’est pas pour encaisser des fours retentissants, mais en plus elle comptais reprendre le casting des films, notamment Wolverine, donc ce désamour est un coup dur pour eux. Enfin bref, parlons du film.

Toujours avec les mêmes acteurs qui avaient fait un bond de vingt ans l’air de rien (et on en est à 25 ans d’écart dans l’histoire avec First Class au calme alors qu’il n’y a eu que huit ans d’écart en terme de tournage), le même scénariste que X-Men : l’affrontement final revient avec la même histoire, chronologiquement vingt ans plus tôt. Du génie ! Ainsi, Jean Grey (Sophie Turner) est à nouveau en proie avec un dédoublement de la personnalité entre celle que les autres connaissent et le Phoenix, être né de la colère de son passé oublié. Seulement cette fois, lors d’une mission spatiale, une force cosmique est entré en contact avec elle, décuplant sa force et sa folie latente, la rendant vulnérable face à une autre menace bien décidée à se servir d’elle : Vuk (Jessica Chastain), chef d’une race extraterrestre qui veut se servir de cette force cosmique pour prendre possession de la Terre.

Comment a t-on pu tomber aussi bas ? Si déjà l’idée d’adapter un arc déjà traité dans la franchise était un non-sens absolu, la nouvelle version est clairement très en deçà de la précédente tant en terme d’histoire, de personnages, d’acteurs ou même d’un point de vue divertissement. Le concept de race alien arrive de nulle part, ni leurs pouvoirs ni leurs motivations ne sont expliqués (en dehors de se trouver un nouveau foyer, mais n’est-ce pas déjà fait ?) et leurs choix n’ont aucun sens. Si la quasi intégralité des leurs ont été exterminés par la force cosmique, ne devraient-ils pas être extrêmement prudents et ne pas sacrifier les leurs par centaines comme du menu fretin ? Magneto et Charles ne servent à rien, ou si peu, et les déviances de ce dernier sortent de nulle part, n’ayant jamais été développées dans aucun autre film. Le traitement des personnages est mauvais, et si les « anciens » comme Eric / Magneto (Michael Fassbender), Charles Xavier / Professeur X (James McAvoy), Raven / Mystique (Jennifer Lawrence),  le Fauve (Nicholas Hoult), ou encore Peter / Vif-argent (Evan Peters) ne sont pas trop mauvais, quoique clairement peu investis, on ne peut pas en dire autant des fraîchement arrivés de Apocalypse. On aura rarement vu une telle absence de charisme chez Cyclope (Tye Sheridan), Jean Gray (Sophie Turner), Diablo (Kodi Smit-McPhee) et Tornade (Alexandra Shipp), pourtant personnages emblématiques qui avaient de très bons acteurs dans l’autre timeline. C’est d’autant plus regrettable quand l’histoire se centre plus que jamais sur eux. Même visuellement le film est pauvre : une vieille rue de banlieue, devant un immeuble en ville de nuit, dans un train ou sur un terrain vague dans une forêt, pas un seul lieu d’action ne sera intéressant ou original. Les décors n’ont pas d’âme et font parfois cheaps, improvisés en CGI dans un déluge d’effets spéciaux parfois très laid comme quand Jean et Vuk sont dans la chambre. Absence de charisme ou de motivation côté casting, une redite d’histoire qui se vautre et multiplie les incohérences incroyables avec le futur qu’on connaît de Days of Future Past, de l’action banale et un manque de grandiose dans la réalisation. Le film est un échec sur tous les tableaux. Après un Apocalypse sans grandeur et tellement décevant, cette suite se vautre et nous prouve, si besoin était après l’excellent Logan, que cette timeline n’avait plus aucun intérêt et qu’il aurait fallu mille fois plus continuer l’autre. La saga est morte, à voir ce que Disney en fera, et c’est tellement dommage tant certaines fulgurances dans la franchise ouvraient les portes à tant de rêves prometteurs.

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Air America

Air America
1990
Roger Spottiswoode

Deux légendes du cinéma dans un même film il y a pourtant près de trente ans, c’est complètement fou. Ni flop ni succès, il est clair qu’un duo d’affiche pareil aurait clairement plus rameuté aujourd’hui, le film ayant tout juste amorti son budget brut à domicile (pas de chiffres internationaux disponibles). Me rappelant surtout du film pour l’une de ses premières scènes où un jeune fougueux pilotait un hélicoptère en ville à un mètre du sol pour faire dans le sensationnel, il m’est prit d’une envie soudaine d’y replonger, et grand bien m’a fait.

L’histoire du film se déroule en 1969, en pleine guerre du Vietnam alors que les Etats-Unis enchaînent les déconvenues face aux forces communistes depuis plus de dix ans et que le conflit a déjà coûté la vie à des centaines de milliers de soldats américains (et plus d’un million de locaux, dont une majorité de civiles en dommages collatéraux). L’opinion publique rejetant massivement la guerre et le gouvernement n’assumant plus les échecs à répétition, une base secrète avait alors été installée au Laos, ravitaillant les locaux et acheminant le matériel nécessaire de façon clandestine. Chroniqueur radio à bord de son hélico, Billy Covington (Robert Downey Jr) va se retrouver cloué au sol suite à un numéro acrobatique dangereux, faisant de lui le candidat idéal pour venir refaire les rangs des pilotes top secret du Laos, les forces communistes arrivant régulièrement à abattre leurs appareils. Il y rencontrera alors Gene Ryack (Mel Gibson), un autre pilote confronté depuis pas mal d’années à la réalité du terrain, et il va se rendre compte que le rôle de sauveteur américain cache une réalité bien plus sombre.

Voilà ce qu’on appelle une comédie satyrique : alors que la guerre au Vietnam était encore fraîche dans la mémoire des gens (le film sortant à peine 11 ans après la défaite signée), le film vient déterrer la merde pour nous y mettre le nez en plein dedans, tout en s’en moquant. Perdre des hommes ? La belle affaire ! La guerre a très vite été oubliée sur le terrain au profit du profit, quitte à pactiser avec l’ennemi et jouer avec eux les trafiquants d’armes et de drogues. Le film confronte donc un petit jeune idéaliste face à une bande de vieux loubards désabusés qui s’amusent du chaos ambiant, avec le gouvernement américain qui joue les vierges effarouchées à la moindre question, s’essuyant le nez plein de cocaïne et cachant tant bien que mal des malles pleines de billets couverts de sang. Mettant en avant deux acteurs extrêmement charismatiques, le film se paye le luxe de décors réels et d’un grand nombre d’avions, donnant plus d’impact à l’ensemble. On passe donc un bon moment, alternant les passages choquants, drôles et impressionnants. Puis vient alors la fin, nous faisant découvrir un point insoupçonné sur l’histoire, et dévoilant des péripéties à mourir de rire, le coup du loto étant d’anthologie. On se passionnera ou non pour cette histoire pas aussi nihiliste qu’il y paraît, mais ça reste sacrément efficace.

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All Inclusive

All Inclusive
2019
Fabien Onteniente

Sur le papier, le film ne partait pas glorieux, mais il avait le mérite d’intriguer. Quand le film était au stade de projet deux ans avant sa sortie, suite aux caméos qui avaient failli se faire entre deux des sagas françaises les plus populaires, Les Tuche et Camping, ce film devait à l’origine réunir les deux sagas pour un film « événement » où la famille Tuche se retrouverait en vacances avec Patrick Chirac. Oui mais non, finalement cela ne s’est pas fait, et ne restait alors qu’un sous Camping non assumé avec de gros trous à remplir niveau personnages, et voici l’un des films ayant récolté les pires critiques de l’histoire.

Le pitch du film donne le ton tant on explose tous les records de connerie et d’incompétence : un couple qui ne part jamais en vacances et qui gagne un voyage all inclusive inespéré aux caraïbes oubli de vérifier la validité du passeport de madame (Maïwenn), faisant que Bruno (François-Xavier Demaison) va partir seul. Et comme le monde est peuplé d’abrutis consanguins ne faisant jamais leur travail, le directeur du village vacances (Thierry Lhermitte) a malencontreusement accepté plus de réservations que de places disponibles, obligeant Bernard à partager sa chambre avec Jean-Paul Cisse (Franck Dubosc), un marginal qui va le bousculer dans ses habitudes.

Après son pitch laborieux, le film n’aura de cesse de nous surprendre, en mal. On y croise le pauvre Youtuber Yvick faisant de l’auto-parodie très gênante, Josiane Balasko est la grosse morue répugnante, et tous les autres sont des stéréotypes ambulants entre le campeur aseptisé, le gros bougon tout le temps énervé, ou encore la vieille pédale en quête de chaire fraîche. Le film n’a absolument aucun sens, enchaînant les sketchs sans aucune forme de montage ou de suite logique, et l’humour réussi l’exploit d’être invariablement malaisant. C’est bien simple, c’est le sans faute absolu de l’échec : pas une seule blague ne fera mouche, et on passera son temps à chercher la caméra cachée tant on a du mal à croire que ce soit un vrai film validé par des « professionnels » du milieu. On ne s’étonnera alors pas de voir Kev Adams venir lui aussi chercher un petit cachet dans ce qui tiendrait presque du teasing de suite, mais entre le four en salle et l’accueil critique presse et spectateur sondant des bas fonds historiques, le holà a été mit. Il faudrait presque le voir pour y croire, mais le foutage de gueule est tellement incommensurable que même le voir pour se moquer n’en vaut pas la peine.

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Ça : Chapitre 2

Ça : Chapitre 2
2019
Andy Muschietti

Énorme succès surprise d’il y a deux ans, la nouvelle adaptation du roman éponyme de Stephen King voit arriver sa seconde et dernière partie avec une quintuple pression. Déjà d’un point de vue financier, faire suite au plus gros succès de tous les temps pour un film d’horreur (700 M$) est tout sauf évident tant l’égaler aurait déjà été un sacré exploit (et c’est à priori largement raté, le film se positionnant pour du 475-550 M$). Ensuite viennent les pressions qualitatives : faire honneur au livre, dépasser le téléfilm des années 90, offrir une conclusion satisfaisante au diptyque, et surtout justifier une histoire étalée sur deux films cumulant cinq heures de durée. N’ayant pas lu le livre, trouvant le téléfilm ignoble et n’ayant que modérément apprécié le premier film, mes attentes n’étaient pas aussi nombreuses, heureusement.

Ils avaient gagné la bataille, mais pas la guerre. 27 ans après affronté le clown Pennyswald (Bill Skarsgard), le club des loosers (Bill (Jaeden Lieberher), Richie (Finn Wolfhard), Eddie (Jack Dylan Grazer), Ben (Jeremy Ray Taylor), Stanley (Wyatt Oleff), Mike (Chosen Jacobs) et Beverly (Sophia Lillis) pour les enfants, et incluant dans le casting adulte Jessica Chastain, James McAvoy, James Ransone et Bill Hader) va se retrouver à nouveau confronté à cette menace cauchemardesque. Ils l’avaient promis : si le monstre revenait, ils s’en occuperaient une fois encore. Si chacun a refait sa vie bien loin des tracas de Berry, Mike veillait au grain, et cette fois il en est sûr : le clown est revenu.

Pas de grosse surprise à l’horizon, le film nous ressort la même formule, donc on appréciera cette seconde partie à priori de façon identique à la première. On y retrouve la même réalisation de qualité, des effets horrifiques qui prennent aux tripes et surtout des personnages attachants avec un excellent casting, incroyablement ressemblant au passage (mais la disparité de notoriété des acteurs rend la disproportion d’attention encore plus palpable), mais tous les défauts sont aussi de la partie. La structure est toujours aussi laborieuse, enchaînant les situations personnage par personnage, confrontés les uns après les autres au monstre, qui pour sa part est toujours aussi débile. Il joue inlassablement avec ses proies, laissant échapper des dizaines d’occasions de tuer chacun des héros, alors même qu’il se jette sur les figurants sans la moindre hésitation. Un scénario toujours aussi incohérent, notamment le suicide dont l’objectif était déjà atteint avant sa révélation, et il semblerait que les passages avec les enfants se passaient durant l’été suivant la victoire, et le clown était déjà de retour (sic!). La psychologie de tous les personnages laisse donc à désirer, nous faisant souvent sortir du film, mais au moins on ne sent pas trop les 2h40, car même si la recherche des oublis est inutile et beaucoup de passages auraient pu être coupés (le fou est intriguant et son évasion classe, mais si c’était pour faire ça autant s’en passer), le rythme global est bon. Pour ce qui est de la référence horrifique il faudra repasser, mais ça reste sympathique et efficace.

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Apprentis parents

Apprentis parents
2019
Sean Anders

Loin des grands succès américains qui suffisent à eux seuls à rentabiliser un film, le long métrage peina à atteindre notre territoire, finissant loin du top 10, même lors de la semaine de lancement. Pourtant, entre des critiques plus que correctes et un casting de luxe, le film avait de quoi séduire, mais il faut dire que son thème ne nous touchera pas beaucoup de ce côté de l’Atlantique : les familles d’accueil, apparemment beaucoup plus présentes chez nos amis américains.

Couple quadra très heureux, Pete (Mark Wahlberg) et Ellie (Rose Byrne) vont prendre conscience d’un manque quand la sœur de cette dernière se plaindra au détour d’un dîné de sa difficulté à concevoir un enfant. Seulement trop vieux pour s’y mettre, ils vont se tourner vers l’adoption d’enfants déjà un peu grands, et c’est ainsi qu’ils entendront parler de famille d’adoption pour de pauvres enfants maltraités ou dont les parents se sont vus retirer la garde. Ils vont ainsi tenter leur chance avec une fratrie de deux filles (dont Isabela Moner) et un garçon.

Être parent n’est pas donné à tout le monde, et c’est en enfonçant les pieds dans le plat que le film traitera son sujet. Une avalanche de clichés à bases de parents maladroits et dépassés face à de turbulents enfants ne cherchant en réalité qu’à trouver leur place dans un monde qui n’a eu de cesse que de les rejeter. Pas forcément passionnant sur le papier, le film a au moins le mérite de le faire plutôt bien, évitant les lourdeurs habituelles et arrivant presque parfois à susciter l’émotion. Alors certes, on pourra pester sur l’adolescente qui peine à évoluer, mais elle reste adorable. De même, la paternité semble trop facile, le couple étant beaucoup trop doué d’instinct, mais soit. Le côté américain un peu trop démonstratif et exacerbé pourra ennuyer, mais pour peu qu’on cherche un bon divertissement familial avec un bon message, voilà une proposition solide.

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Chamboultout

Chamboultout
2019
Eric Lavaine

La com n’est pas l’un des meilleurs apanages français. Qui miserait un seul billet sur un titre comme Chambouletout ? Honnêtement pas moi. Et j’ai d’ailleurs largement esquivé la sortie, car si José Garcia a toujours une grande place dans mon cœur, il n’est plus l’immense acteur comique enchaînant les succès. Même si sa comparse et compagne à l’écran a eu plus de chance en tête d’affiche dernièrement, pas sûr que j’aurais vu ce film s’il n’était pas proposé dans mon vol pour New-York.

Écrivaine attaquant son premier livre, on suit Béatrice (Alexandra Lamy), racontant de façon thérapeutique comment sa vie a basculée suite à un accident. Il y a cinq ans, un accident de scooter plongea Fred (José Garcia), son mari, dans un profond coma durant plus de quatre mois. À son réveil, il n’était plus tout à fait le même, privé de sa mémoire à court terme, de sa vue et de sa capacité érectile. À l’occasion de la sortie du livre, l’entourage du couple (Anne Marivin, Michaël Youn, Michel Vuillermoz, Anne Girouard, Medi Sadoun) va se réunir, confrontant leurs ressentis sur cette expérience.

Il est de bon ton de parler de handicap, et mieux vaut en rire qu’en pleurer. N’essayant pas vraiment d’en tirer son potentiel dramatique, le film concentrera donc son histoire sur certains éléments comiques, notamment les deux nouveaux traits de personnalité que Fred développera suite à son réveil : la passion pour la bouffe et son incapacité à ne pas dire instantanément tout ce qui lui passe par la tête. Deux comiques de situation et de répétitions, et le résultat est très convaincant. Rien de bien fifou, mais entre le casting l’histoire qui se suit, on passe un bon moment. Mieux vaut ne pas avoir trop d’attente, mais ça suffira pour une petite soirée sympathique.

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Frost / Nixon, l’heure de vérité

Frost / Nixon, l’heure de vérité
2009
Ron Howard

Voilà un film qui devait être une petite pépite à côté de laquelle j’étais passé. Adaptée d’une pièce de théâtre à succès qui s’est exportée sur plusieurs continents et qui s’est jouée pendant près de deux ans, voici son adaptation en film, avec toujours les deux comédiens principaux de la pièce de théâtre, le tout épaulé par d’autres acteurs non moins prestigieux (Sam Rockwell, Kevin Bacon, Matthew MacFadyen, Toby Jones et Rebecca Hall). Le film fut à son tour acclamé par les critiques, il fut nominé dans toutes les catégories les plus prestigieuses des Oscars, et pourtant on pouvait sentir la demie-molle : malgré tout ça le film n’obtint aucun prix et fut même un gros échec commercial, ne récoltant que 27 M$ dans le monde, avec par exemple largement moins de cent mille entrées en France.

Pour ceux qui n’y connaissant rien sur l’histoire des Etats-Unis, Richard Nixon (Frank Langella) marqua l’histoire en se trouvant au cœur de l’un des plus gros scandales politique du siècle dernier : le Watergate. En résulta un fait historique qui n’avait et n’aura jamais plus lieu : la démission en cours de mandat d’un président des Etats-Unis. Le film se concentrera sur un événement qui aura lieu deux ans plus tard, en 1977, à savoir l’interview télévisuelle entre le présentateur play-boy britannique David Frost (Michael Sheen) et le président en disgrâce Richard Nixon.

Dès le début du film, une première déception se fait sentir. Pour nous autres français, entre ceux qui ne s’en rappellent pas, et surtout ceux qui sont nés après, le Watergate nous évoque effectivement une histoire de scandale, mais tout juste le film nous dira t-il qu’il s’agissait d’écoutes illégales, touchant notamment des opposants politiques, et que le président, sans forcément en être la tête pensante, avait apparemment cautionné le tout. D’autres sources affirment pourtant que tout cela n’était que pure machination contre le président, qui aurait accepté de porter le chapeau pour sauver sa vie car des menaces de mort étaient pesantes. Bref, tout ce qui entourera l’affaire du Watergate sera plus minimaliste qu’un tweet d’antan limité aux 140 caractères. On espérait alors un combat d’orateurs exceptionnels pour une interview incroyable, il n’en sera rien. Malgré les prestations impeccables des acteurs, le constat est amer : David Frost a flairé le bon coup, et même s’il a faillit tout perdre, il n’y avait pas d’autres démarches que l’appât du gain de son côté. Il s’avère être en plus un assez médiocre, pour ne pas dire lamentable journaliste, balayé par un président habitué à recracher les mensonges qu’on lui a soufflé. La grâce de Ford ne sera pas effacée, l’interview ne prêtera pas à conséquence, et malgré quelques passages sous haute tension et l’intérêt que suscite la mise en place de tout ça, on se sent un peu floué. Le film fait comme s’il mettait en scène un moment clé de notre histoire qui changea le monde à jamais, mais ce n’est absolument pas le cas. On en ressort même en se disant que le Watergate était une affaire mineure sans intérêt. Difficile de se sentir concerné, le film échoue à nous prouver sa portée, donc sans être mauvais, il peine à se justifier.

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Tanguy, le retour

Tanguy, le retour
2019
Étienne Chatiliez

Quand une comédie cartonne à ce point, la question n’est pas de savoir si une suite se fera, mais quand. Dix-huit ans plus tard, il était grand temps de capitaliser dessus après trois cuisants échecs critiques et commerciaux pour son réalisateur (à se demander comment cet homme mange en étant si peu actif et surtout à ce point non rentable). Arnaque très bancale qui ne tenait pas ses promesses, Tanguy revient donc. Vu le niveau des suites de comédies populaire en France, le pire était à craindre.

Tanguy un jour, Tanguy toujours ? Alors qu’il vivait heureux avec sa nouvelle famille en Chine depuis maintenant 16 ans, Tanguy (Eric Berger) va débarquer un beau jour chez ses parents (Sabine Azéma et André Dussollier) avec sa fille sous le bras. La raison ? Sa femme l’a quitté pour un autre, et ce dernier, anéanti, vient chercher le réconfort dont il a besoin auprès du foyer dans lequel il se sentait si bien. Compatissants, ses parents vont bien évidemment l’épauler, mais à force de trop le mettre comme en coq en pâte et de le voir s’y complaire, leur vieille hantise va revenir : et s’il ne partait plus jamais ?

Le film a le mérite de partir sur une idée crédible, celle du mariage qui tombe à l’eau. On sait très bien comment les choses vont tourner, on a donc hâte de rentrer dans le vif du sujet, mais c’est la douche froide. Sur 1h30 de film, on mettra pas moins de 40 minutes à installer la situation, une aberration. Au moins le film va un peu plus loin que le premier dans l’humour, arrivant presque à nous surprendre et à nous décrocher un franc rire. Seulement même une fois le film démarré, le rythme est tout simplement catastrophique, certains passages plombant l’ambiance ou ne servant à rien. On aurait pu espérer que les années permettent au réalisateur de diriger un peu mieux ses acteurs, mais il n’en est rien. Non seulement tout le monde cabotine, mais l’ex femme bat même des records et se trouve peut-être être la pire actrice depuis l’invention du cinéma. Une petite pensée tout de même pour un excellent acteur à la carrière indigne qui remplace ici le meilleur ami de Tanguy, Gaspard Proust. La fin canalise tous les points forts et défauts du film : un humour un peu épicé, quelques surprises et bonnes idées, mais plombé par un rythme terrible et des acteurs lamentables. Sans surprises, le film ne vole pas très haut, mais au moins il ne vole pas spécialement plus bas que l’original.

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Tanguy

Tanguy
2001
Étienne Chatiliez

C’était il y a pratiquement deux décennies, un film si populaire qu’il est désormais devenu une expression, hissant son héros au rang de culte si imposant qu’il est devenu nom commun dans le dictionnaire, rendant un prénom totalement impossible à porter. Un sacré carton avec quatre millions d’entrées, qui a explosé par la suite tant le film est un habitué des grilles de programmation à la télé. Il n’est donc pas étonnant, après une succession d’échecs retentissants, notamment au près des critiques, de voir le réalisateur y revenir 18 ans après, mais place donc à ce premier film qui aura marqué un pays entier.

Dans un monde de plus en plus froid et austère, un phénomène inexplicable continue inlassablement à avoir lieu : symbole d’un amour si important qu’il a engendré la vie, l’enfant est pourtant poussé à quitter le nid (à moins d’être dans une famille où il faille à minima trouver un travail à 200 km du foyer pour pouvoir le quitter). À moins de quitter ses parents pour des études trop lointaines, avec en moyenne cinq ans passées à étudier après un bac obtenu en moyenne à 18-19 ans, un français quitte son foyer vers 23-24 ans, mais plutôt deux ans plus jeune à l’époque. Allant sur ses 29, Tanguy (Eric Berger) est donc ce qu’on appelle un retardataire, fier de l’être qui plus est vu le luxe et le confort de l’appartement familial. Finissant son doctorat à la fin de l’année scolaire, son départ semblait proche, mais à l’annonce du report de sa thèse d’un an et demi, l’amenant à l’âge symbolique de 30 ans, ses parents (Sabine Azéma et André Dussollier) vont craquer. Cette fois c’est décidé : ils vont tout faire pour le pousser à partir.

Difficile de croire avec le recul que le film a pu avoir un tel impact. Alors oui, dans l’absolue l’idée du film est très amusante : un enfant roi qui abuse et des parents à bout prêts à tout pour s’en débarrasser. Malheureusement, les acteurs (comprenant pourtant aussi Jean-Paul Rouve) ne sont pas très bons et le film a vite des allures de pétard mouillé. Avec une telle naïveté doublée d’une connerie ahurissante, le Tanguy sonne tout simplement creux, l’imagination des parents trouve d’emblée ses limites, puis le film étire le tout dans une redondance accablante, le tout saupoudré par un grand-guignolesque exacerbé, massacrant toute notion de cohérence. On sourira à l’occasion, mais on aura constamment l’impression que le film passe à côté de son sujet, incapable d’en tirer tout le ressort comique et échouant à créer le moindre enjeu. Le film n’avait pourtant que deux choses à faire : nous faire comprendre pourquoi Tanguy veut à ce point rester, et pourquoi ces parents ne peuvent plus vivre avec lui. Quand même l’idée de base n’est pas traitée correctement, tout est dit.

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