Le Royaume


Le Royaume
2007
Peter Berg

Il aura fallut attendre que le président Trump vienne mettre un terme au carnage des guerres opposant les Etats-Unis et les pays arabes pour que le phénomène cesse, mais pendant près de quinze ans, ces conflits ont été au cœur de l’actualité, et se sont retrouvés par extension dans la paysage cinématographique. Les dessous politiques étant détestables et le genre des films de guerre me laissant souvent froid, je partais donc sur de gros à priori, à juste titre.

Le film va prendre place en Arabie Saoudite, alors qu’un attentat à fait une centaine de victimes à Riyad, une base occidentale d’employés pétroliers. Parmi les morts, un agent du FBI qui enquêtait justement sur une cellule terroriste. Pour venger les siens, le chef du FBI (Richard Jenkins) va y envoyer une équipe (Jamie Foxx, Jennifer Garner, Jason Bateman et Chris Cooper) sur place pour mener l’enquête.

Pourtant grand spécialiste des films d’action généreux, Peter Berg va se montrer ici d’une rare avarice. Outre l’attentat d’introduction, il faudra attendre les dernières vingt minutes pour qu’enfin quelque chose se passe, avec au milieu 1h20 d’ennui absolu. Une enquête soporifique, basée uniquement sur le racisme américain et l’incompétence des locaux, montrés comme paralysés par des coutumes moyenâgeuses et une sous culture appauvrie. L’arrogance américaine dans toute sa splendeur, d’ailleurs assez intelligemment critiquée dans la toute dernière scène, seul passage vraiment marquant de par l’hypocrisie ironique dépeinte. Et le pire, c’est qu’avec le recul du pourquoi du comment, on se rend compte que non seulement tout est vain, mais en plus les personnages et leurs actions n’ont aucune incidence sur le récit. L’enquête est un immense camouflé, du pur tourisme hasardeux avec un énorme boulet au pied, et si une piste aurait pu faire évoluer l’histoire, c’est au final uniquement une action ennemi qui créera l’affrontement. Un vide ahurissant donc entre l’investigation poussive, les personnages inutiles et l’absence totale d’action en dehors de l’introduction et d’une séquence en toute fin. C’est terrible de se faire chier à ce point.

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Gladiator


Gladiator
2000
Ridley Scott

Alors qu’une suite improbable (d’autant que n’adaptant pas le roman graphique faisant office de prolongement) s’apprête à sortir dans quelques semaines, il fallait se replonger dans ce qui est considéré comme l’un des plus grands films jamais réalisés, auréolé de pas moins de cinq Oscars, dont le prix suprême du meilleur film. Une modernisation des péplums d’antan qui avaient fait l’âge d’or d’Hollywood dans les années 50 avec des monuments comme Les Dix Commandements ou Ben-Hur. Et à son tour, le film permis lui aussi de redonner ses lettres de noblesse au genre, donnant lieu à de dignes successeurs comme le magnifique 300.

Se déroulant à la fin du second siècle, le film retrace la chute d’un homme : Maximum Decimus Meridius (Russell Crowe), chef des armées de Rome, et qui se verra hériter du titre d’empereur par Marc-Aurèle, le voyant comme plus légitime que son fils Commodus (Joaquin Phoenix). Or quand ce dernier va apprendre la traitrise de son propre père, il va choisir de le tuer et de se proclamer empereur, arrêtant même Maximum sous prétexte d’avoir voulu comploter contre lui. Laissé pour mort, brisé par la vision de sa famille assassinée, il sera même capturé et vendu comme esclave. Pourtant, il va choisir de se battre pour sa vie, de devenir Gladiateur et peut-être obtenir vengeance.

Même près d’un quart de siècle plus tard, le film reste et restera à jamais une immense claque. Hormis quelques effets de ralentis un peu vieillots, tout est juste incroyable. Hans Zimmer a clairement accouché d’une bande son qui a fait date dans l’histoire, avec moult compositions légendaires à l’aura éternelle. La maestria de Ridley Scott à la réalisation est indéniable, la photo est saisissantes, les décors palpables, grandioses, tout est crédible, humain et démesuré à la fois. Le récit d’un homme brisé, mettant ses dernières forces dans une quête de vengeance certes, mais aussi pour le bien commun, force le respect tant sa détermination est inspirante. Le casting est prodigieux : Russel Crowe a un charisme fou, et Joaquin Phoenix est effrayant de folie, et tous les acteurs secondaires arrivent à donner vie à cette époque lointaine. Plus encore, point rarement souligné d’ailleurs, les dialogues sont mémorables pour une quantité phénoménales d’entre eux. Les répliques cultes sont légions, tout en sonnant pertinentes et fluides. Un alignement de toutes les planètes pour une fresque historique captivante, à l’ambition démesurée mais maîtrisée. Reste après la sensibilité de chacun, mais il s’agit effectivement d’une immense leçon de cinéma.

 

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Retour à Cold Mountain


Retour à Cold Mountain
2004
Anthony Minghella

Le moins que l’on puisse dire, c’est que parmi les guerres qu’a connu l’humanité, la très autocentrée guerre américaine de Sécession fait partie des plus représentées, avec pléthore d’œuvres allant de Autant en emporte le vent à Lincoln en passant par des visions plus fantaisistes comme celle où le président américain devient Chasseur de vampires. Une nouvelle fois, ce moment critique de l’histoire va être la source de romances contrariées.

Ils ne se connaissaient qu’à peine, ne s’étaient échangé qu’un baiser avant que ne retentisse l’ordre de mobilisation, mais Ada (Nicole Kidman) et Inman (Jude Law) en avait alors la certitude : leur amour serait éternel. Lui au front à lutter pour sa vie et défendre le Sud des Yankee, elle isolée à tenter de conserver ce qui reste de civilisation, l’idée d’un jour se revoir et s’aimer sera leur moteur de vie.

Les bases du récit sont au mieux naïves tant la romance est étouffée avant même d’avoir pu exister. S’en suivra un récit d’aventure qu’on sent très proche du roman qu’il adapte tant sa structure est littéraire, invisiblement mais indéniablement chapitrée, avec pléthore de rencontres inconsistantes et éphémères, l’occasion d’une quantité absolument débile de caméos tant le casting n’a aucun sens. On retrouve Renée Zellweger, Natalie Portman, Philip Seymour Hoffman, Brendan Gleeson, Giovanni Ribisi, Donald Sutherland, Ray Winstone, Jena Malone, Lucas Black, Charlie Hunnam ou encore Cillian Murphy. On se demande bien pourquoi avoir prit de tels acteurs et actrices de renom tant la plupart n’auront droit qu’à une courte apparition ne dépassant pas la minute, voir la poignée de secondes. La plupart des péripéties restent néanmoins plutôt intéressantes, montrant chacune une forme de misère ou d’aliénation, prouvant à chaque fois que l’humanité est vraiment la pire des espèces. Pour autant, difficile de se satisfaire pleinement de ce parcours initiatique tant les comparaisons font mal : côté aventure et survie, on est loin d’un The Revenant, et côté histoire des Etats-Unis, Gangs of New-York est largement au dessus. Si le film reste prenant, avec tout de même une belle richesse de thématiques et de personnages, sa prévisibilité jusque dans ses déceptions rend l’expérience frustrante, voir un peu veine.

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Malignant


Malignant
2021
James Wan

Le masque est-il tombé ? Alors que nombreux étaient ceux s’extasiant devant les médiocres Conjuring ou l’ennuyeux Aquaman de James Wan, semble t-il perdu après les réussites de Insidious et Saw, le consensus fut assez large pour décrire sa dernière incursion horrifique comme assez raté, bien que non sans quelques bonnes idées.

D’où vient le mal ? Femme désespérée de perdre coup sur coup ses bébés en pleine grossesse, Madison (Annabelle Wallis) va être néanmoins libérée d’un mari violent (Jake Abel) par une force surnaturelle, qui va continuer de s’abattre sur des personnes visiblement liées à un passé refoulé, créant des visions terribles de chaque meurtre.

Rarement le terme « mitigé » n’aura trouvé une place si pertinente. La première scène du film est lunaire, quasi nanardesque, et nombreux seront les passages fracassant la barrière du ridicule à la mise en scène foncièrement ratée, avec souvent des effets spéciaux très en deçà. De même, le scénario est sur bien des aspects catastrophique, à la crédibilité inexistante. Et pourtant… Déjà, aussi peu raccord qu’elle soit avec le thème horrifique, la musique est une grande réussite, aux relents épiques incroyables. Ensuite, pas mal d’idées visuelles font mouche, avec un sens aiguë de la gestion du frisson, à défaut de la peur. Et puis le concept en lui-même a un gros potentiel, très original, mais dramatiquement raté dans l’exécution. En résulte un rejet massif d’emblée, quelques regains d’intérêt de ci de là, pour terminer sur une note assez brouillonne. Un projet qui avait quelques inspirations, mais qui ne tient pas debout.

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Miller’s Girl


Miller’s Girl
2024
Jade Bartlett

Après une sortie plus que limitée en salles d’une seule journée en janvier dernier aux Etats-Unis, il aura fallut attendre neuf mois pour que Amazon France le propose à son tour. Malgré son statut de film indépendant, affichant un budget de seulement 4M$, dont plus de la moitié a dû servir pour le cachet des acteurs principaux, la hype était là. Il faut dire que l’histoire avait de quoi titiller ceux qui ont flashé sur l’actrice de la minable série Mercredi.

Ecrivain raté s’étant reconverti comme professeur dans un lycée public, ayant une femme devenue alcoolique pour le supporter, Jonathan Miller (Martin Freeman) mène une existence que beaucoup qualifierait de médiocre, pour ne pas dire rasoir. Quand la nouvelle élève de sa classe, Cairo (Jenna Ortega), va se révéler non seulement brillante mais surtout titiller la corde sensible en se dévoilant comme fan de l’écrivain qu’il était, résister à la tentation sera une rude épreuve.

Faisant parti des péchés capitaux, l’orgueil touche tout particulièrement les écrivains, et nombre d’œuvres très réussies ont su aborder le thème avec succès. Je pense notamment à Californication, que ce soit pour la différence d’âge ou la présence de Gideon Aldon, fille de la Schtroumpfette, mais aussi à Les Mots pour lui dire pour le côté relation écrivain / professeur / élève, même si la différence d’âge était moindre. Et effectivement, c’est un sujet porteur puisque le début arrive très bien à mettre en avant l’ennui et le besoin de reconnaissance d’un côté, et la quête d’amour par delà les conventions, notamment par esprit candide, de l’autre. Le désir de goûter à la vie d’adulte, l’envie de caresser à nouveau sa jeunesse et ses rêves d’antan. Des thématiques qui font également écho à American Beauty, adulé par beaucoup, sorte de Lolita des temps modernes. Et bien que le film puisse compter sur un duo d’affiche solide, entre charisme de l’homme d’expérience et la sensualité provocante d’une jeune fille pétillante, le reste ne parvient pas à dépasser le postulat de départ. Le jeu de séduction peine à se concrétiser sans qu’on y croit vraiment, l’irrévérence est ennuyeuse, pour un fond comme une forme très plate. Le changement de registre est mal amené, sorte de caprice cassant la dynamique initiale et enlevant surtout tout le piquant de l’histoire. Il faut le dire : on attend bien trop longtemps que quelque chose se passe, pour au final en ressortir sacrément frustré d’immobilisme. Un gros manque d’inspiration, laborieux et ennuyeux.

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Pandora


Pandora
2017
Jong-woo Park

Si le taux d’incident des centrales nucléaires en font la source d’énergie la plus efficace et la plus sûre qui soit, l’incertitude concernant la capacité en approvisionnement d’uranium et la gestion des déchets reste une source d’inquiétude pour beaucoup, d’autant que l’histoire a été marquée par certaines catastrophes de grande ampleur. Reste aussi que dans l’hypothèse d’un problème, son envergure pourrait rapidement être planétaire, et le film va nous plonger au cœur de cette menace théorique.

En termes de rendement et d’impact écologique, les centrales nucléaires sont une source d’énergie imbattable, mais qui oblige à la plus grande prudence. Or justement, dans une petite province coréenne bien trop pressée de mettre à profit le coût gigantesque d’une telle installation, la phase de test avant la mise en activité a été pour le moins bâclée. Alors que les habitants du coin sont ravis de ce nouvel élan économique local, ils étaient loin de se douter que la main qui les nourrissait alors devenir celle par laquelle ils allaient mourir.

Si la menace nucléaire est un sujet récurrent au cinéma, il n’est presque jamais traité frontalement comme dans le cas présent au travers d’une centrale nucléaire qui va enchaîner les problèmes. Malheureusement, malgré une mise en scène efficace et quelques scènes loin d’être ridicules au niveau destruction, le film souffre de pas mal de soucis. Déjà au niveau du scénario, créer des enjeux locaux sur des personnages se retrouvant exposés sur plusieurs jours à des taux de radiation logiquement mortels en quelques heures, c’est aberrant et une insulte à l’intelligence des spectateurs. A quoi bon créer du suspens sur la survie de tel ou tel personnage quand de toutes façons il va mourir d’un instant à l’autre ? Même leurs proches restés à proximité trop longtemps n’ont aucune chance de finir l’année, voir le mois, donc le traitement des répercutions est stupide. Pas tant de scènes impressionnantes, un scénario mal renseigné, et surtout un axe raté : il aurait fallu se concentrer sur la résolution du problème, la gestion des répercutions, plutôt que sur les premiers exposés et l’hérésie du suspens autour de leur survie. Et vient donc le vrai problème du film, d’autant que vu pour ma part avant le film : Chernobyl existe. La série, en plus d’avoir un budget 25 fois supérieur, ce qui veut dire des scènes autrement plus dantesques, a su éviter toutes les erreurs citées précédemment avec un brio ahurissant. Avec en plus ici quelques soucis de rythme, la comparaison – certes injuste – n’en reste pas moins complètement assassine. Mieux vaut donc se revoir la série.

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Profession ceinture noire


Profession ceinture noire
2024
Jason Kim

Si le cinéma coréen a largement percé, et plus généralement l’art audio-visuel coréen avec pléthore de séries qui ont su attirer l’attention, un point suscite toujours hilarité et inquiétude pour leurs voisins asiatiques : leurs forces de police, apparemment une vaste blague. Eh bien le film va mettre en avant l’une de leurs branches, celle des officiers spécialisés dans les arts martiaux.

Jeune homme ayant décidé de ne faire que des choses qu’il aime, vivant chez son père à la trentaine passée, Lee Jeong-do (Kim Woo-bin) va un soir faire une rencontre qui va changer sa vie : un agent de probation se faisant tabasser par un criminel pourchassé pour avoir enfreint les règles de sa conditionnelle. Lui qui a la passion des arts martiaux, étant ceinture noire dans pas moins de quatre arts différents, apprendre qu’il existe une unité spécialisée dans la traque de dangereux criminels et autres prédateurs sexuels où son métier consiste souvent à avoir une excuse pour se battre contre les pires ordures de la société, voilà une idée plus que réjouissante. Pur parasite volage, il va se trouver une vocation pouvant réellement aider la société.

Jouissif. Une liberté de ton, d’action, au service d’une histoire palpitante qui met une claque au pas très fin – mais très efficace et important – Sound of Freedom qui avait tant fait parler l’an dernier. Démarrant insouciamment avec un curseur élevé niveau humour, le film va brillamment nous balancer des doses massives de dopamines à grand renfort de séquences d’action musclées, avec de surcroît des blagues efficaces et savoureuse, lorgnant le plus souvent dans l’humour noir, mon préféré. Un subterfuge de divertissement brut, avec des personnages marqués et colorés, pour mieux nous piéger par son sérieux et la dureté des thèmes abordés. Car oui, la plupart des criminels sont ceux de la pire espèce, faisant les pires horreurs possibles sur des enfants très très jeunes, et le démantèlement d’un important réseau sera au cœur du récit. En résulte un équilibre incroyablement réussi entre exposition, développement des personnages, humour, action et scénario. Un film vraiment surprenant et prenant à ne pas rater.

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Equalizer 2


Equalizer 2
2018
Antoine Fuqua

Pas spécialement convaincu par le premier à sa sortie, une seconde chance n’a pas changé la donne : Equalizer était un divertissement sympathique, porté par un acteur charismatique, mais reposant sur un concept éculé au scénario paresseux, sans compter la mise en place interminable. Mais dans une industrie où les suites n’ont de cesse que de se casser les dents, la stupéfiante stabilité de la saga (les trois opus ont tous rapporté entre 190 et 193 M$) laissait peut-être espérer un regain d’intérêt.

Le retour du bon samaritain. Pour se reposer après une vie d’agent secret, et après avoir joué les préparateurs de commande, Robert McCall (Denzel Washington) s’est une fois de plus reconverti, en chauffeur uber cette fois, mais guettant toujours une occasion d’utiliser ses talents d’espion / tueur si cela peut aider son prochain. Exit la mafia russe, la menace viendra de l’intérieur : un ancien collègue (Pedro Pascal) ayant basculé du mauvais côté.

Au moins cette fois le film démarre directement, ouvrant sur une scène réussie de sauvetage, efficace et touchante. On aura rapidement la séquence des violeurs en réunion, assez subtile et jouissive, mais le bilan va ensuite se faire bien moins reluisant. La « menace de l’ombre » est évidente à en crever, pas de seconds couteaux marquant comme Jim Hopper, et tout le milieu est un terrible ventre mou ennuyeux. La dernière partie sauve un peu les meubles avec son décor apocalyptique, mais on en fait pas grand chose et les enjeux sont trop limité tant on a jamais vu le héros dans son ancienne maison et que ce village ne représente absolument rien pour le spectateur. Et au final, on baigne dans des poncifs non moins lassant, pour un scénario tout autant mauvais. Un équilibrage du rythme pire encore, puisqu’on excuse plus facilement un début mou suivi d’une montée en puissance qu’un début tonitruant peinant à maintenir le niveau. Une mise en scène efficace, l’idée du bon samaritain est bonne, mais l’exécution laborieuse nous menace de l’ennui.

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Sang froid


Sang froid
2019
Hans Petter Moland

C’est toujours un pincement au cœur de voir un si grand acteur comme Liam Neeson devenir à l’orée de la fin de sa carrière une parodie de lui-même, désormais cantonné à camper inlassablement le même rôle de gros bourrin dans des films d’action, alors même qu’il a passé la barre des 70 ans. Mais en même temps, il le fait si bien entre sa carrure démesurée, sa voix roque et son charisme naturel. Et alors qu’il vient d’enchaîner dix plantades au box-office avec une moyenne de moins de 20 M$ dans le monde, voici sa dernière « réussite » avec 62 M$, avant que le public ne se lasse (définitivement ?).

La vie peut se montrer si arbitraire et injuste. Parce que son collègue de travail qui vendait de la drogue va se mettre une petite part de côté, pensant que sa ne se verrait pas, Kyle va devenir un dommage collatéral lorsqu’un certain « Viking » (Tom Bateman) va exiger réparation. Inconsolable de la mort de son fils, Coxman (Liam Neeson) va alors se lancer dans une vendetta contre le milieu de la drogue.

En vrai le film n’est pas passé loin d’être bon. L’histoire est classique au possible, dénuée de rebondissements, mais le cadre enneigé change un peu la donne, côté violence c’est généreux, l’action est efficace, et ça regorge d’idées très amusantes. On pense notamment à l’élévation, le gros ours fragile à l’intérieur, la belle sœur vietnamienne, le deltaplane sorti de nulle part, et surtout cette idée géniale du générique de fin qui va non pas afficher les acteurs par ordre d’apparition, mais de disparition. Seulement voilà, le bilan est loin de s’arrêter là. Ceux se réjouissant de voir Laura Dern vont vite déchanter : au bout de cinq minutes elle va se barrer, ne reviendra plus et son absence ne sera ni expliquée ni traitée. Même traitement indigne pour la police (incluant Emmy Rossum), qui ne servira absolument à rien. Et que dire de la fin si ce n’est qu’il n’y en a pas : on ne verra ni conclusion ni conséquence, avec pléthore d’histoires en suspend. On passe un bon moment, mais ce goût d’inachevé laisse sur une note amère.

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Burn Out


Burn Out
2018
Yann Gozlan

Ayant beaucoup aimé le travail du suspens sur Boîte noire et étant particulièrement fan de son acteur principal dont le talent n’est plus à démontrer, il me fallait donc rattraper son précédent film, malheureusement complètement passé inaperçu avec moins de 150 000 entrées lors de sa sortie dans les salles de cinéma. Depuis, le film a su trouver son public auprès de Netflix où ce genre de proposition d’action résonne pas mal auprès de ses abonnés.

Les merdes, ça nous tombe dessus tout le temps, et des fois on doit en plus se manger celles des autres. Alors qu’à mesure que la trentaine approche, Tony (François Civil) voit son rêve de devenir pilote de moto professionnel disparaître, mais alors que la toute dernière chance de sa vie se présente, son précédent rêve brisé va le rattraper : son ex Leyla (Manon Azem), mère de son fils, va se retrouver en grand danger. Galérant à joindre les deux bouts, elle a succombé à la facilité et a accepté de planquer de la drogue, mais elle va tout se faire dérober, faisant que son gagne pain va lui peser un ultimatum : rembourser les 50 000 € perdus, ou finir revendue sur des marchés douteux. Encore amoureux d’elle, Tony va contacter le gang pour prendre sa dette à sa place, acceptant de jouer les go fast. Il va se retrouver alors à s’entraîner dur pour une campagne de recrutement de pilotes professionnels, travailler à l’usine pour payer les factures, et enchaîner les nuits sur la route à esquiver la police et les balles des gangs rivaux.

Le concept est brillamment maîtrisé, parfaitement mis en scène, et le scénario a l’intelligence d’éviter quelques écueils du genre. Les scènes de moto sont vraiment impressionnantes, et plus encore en pleine nuit à une telle vitesse que la moindre erreur serait fatale. Et plus le film avance et plus l’ambiance se fait pesante, avec ce burn out menaçant dont l’inéluctabilité se fait de plus en plus évidente. L’acteur le joue si bien, d’autant que beaucoup auront déjà vécu ce genre de quotidien intenable où chaque jour qui passe nous met un peu plus sur les nerfs, au bord du craquage et où l’équilibre inexistant tient du miracle, attendant soit d’être consumé, soit que la vie s’améliore d’elle-même, ce qui n’arrive jamais. Ce cadre du danger de l’argent facile est clairement éculé, mais le gang dirigé par Olivier Rabourdin sort un peu des sentiers battus, avec presque un côté paternaliste légèrement rassurant quand on oublie deux minutes le niveau stupide de danger. La tension est vraiment forte, l’action haletante avec un héros charismatique, prêt à renoncer à tout, même à son intégrité pour celle qu’il aime. Un savoir-faire indéniable.

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