My Name


My Name
2021
Kim Jin-min

L’heure de la vengeance a sonné ! Alors qu’elle n’avait que 17 ans, Yoon Ji-woo (Han So-Hee) a assisté impuissante au meurtre de son père, bras droit de la plus importante organisation criminelle du pays. Folle de rage face à l’inaction de la police, elle va alors rejoindre ladite organisation pour découvrir qui a tué son père et faire justice elle-même, prise sous l’aile Choi Moo-jin (Hee-Soon Park), nul autre que le chef en personne. Quatre ans plus tard, son objectif semble plus proche que jamais, ayant enfin réussie à infiltrer sous une fausse identité l’escouade de la police des stups, où pourrait se trouver des réponses, voir carrément le meurtrier de son père.

Avec un tel sujet, on pourrait jurer avoir affaire à un énième film policier parisien, mais non, c’est la Corée du Sud qui s’attaque cette fois aux clichés des fines frontières entre mafia et flic ripoux, mais une fois n’est pas coutume, ce n’est pas un flic qui infiltre l’ennemi au risque de basculer dans le camp du mal, mais bien une personne d’une organisation criminelle qui infiltre les flics, au risque de basculer chez les gentils. Une nuance qui donne un peu d’originalité, et le cadre change aussi de fait. Et il faut bien avouer que l’histoire est prenante, les protagonistes charismatiques, et le rythme est pleinement maîtrisé tout du long des cinq épisodes. Huit dites vous ? Alors que tous les enjeux auraient pu se boucler plus tôt, la fin fait terriblement traîner les choses, et coup sur coup les derniers épisodes vont constamment décevoir entre une héroïne multipliant les erreurs, des plans qui s’effritent et des morts gratuites. J’avais presque peur d’une fin catastrophique, et on est vraiment pas passé loin, mais impossible de ne pas en ressortir déçu face aux occasions manquées. Où quand la volonté d’une morale expressément douteuse prend le pas sur la logique des constructions narratives. Reste un bon divertissement, excellent dans ses débuts, mais un peu vain dans l’ensemble.

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Nonnas


Nonnas
2025
Stephen Chbosky

Tiré d’une histoire vraie, le film retrace le pari fou de Joe Scaravella (Vince Vaughn), qui décida à la quarantaine de repartir de zéro en utilisant l’héritage de sa mère pour s’acheter un restaurant à Staten Island, ayant pour projet de mettre en avant les « Nonnas » (incluant Susan Sarandon), ces grands-mères d’origine italienne dont la cuisine a marqué sa jeunesse, et qui reste aujourd’hui encore un grand réconfort dans la vie. Mais plus que son héritage, il va y mettre l’hypothèque de sa maison, ses économies, celles de ses proches (Joe Manganiello et Drea de Matteo), et même un crédit. Ca passe ou ça casse.

Voilà le genre de film qui fait du bien, se concentrant sur les plaisirs simples de la vie, manger en l’occurrence, et mettant en avant un self-made-man, c’est-à-dire une belle success story comme on les aime où contre vents et marées le héro parvient à aller au bout de son rêve. On a déjà vu parcours plus fou, et on a déjà vu des films mettant plus encore l’eau à la bouche, mais ça reste une formule efficace et sympathique. Pas grand chose à en dire donc, si ce n’est qu’on a quand même là une pub XXL pour un restaurant qui existe bel et bien, et vu les tarifs pratiqués aujourd’hui le côté « familial » s’est un peu perdu.

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Le jeu de la dame


Le jeu de la dame
2020
Scott Frank, Allan Scott

Plus frileux à l’époque quant au fait d’écrire également des critiques de mini séries, d’autant que le succès fut si colossal que de nombreuses rumeurs laissaient entendre une possible saison 2, je n’avais alors pas sorti de critique. Maintenant qu’on a la certitude qu’aucune suite ne verra le jour, et ayant l’envie de la faire découvrir à ma femme, c’était l’occasion de s’y replonger.

S’inspirant de personnages historiques, la série raconte en revanche l’histoire fictive d’une certaine Beth Harmond (Anya Taylor-Joy), qui se retrouva à huit ans à l’orphelina. Elle y fera une rencontre qui va marquer sa vie : Mr Shaibel, un concierge passionné d’échec. Un jeu qui va résonner en elle, une révélation, s’y découvrant en plus un talent fou. Mais saura t-elle percer dans ce milieu d’homme ?

Quand on voit tant de projets opportunistes mettre en avant des femmes par pur arrivisme sans réflexion derrière, voici incontestablement l’exemple ultime en matière de femme forte, indépendante, qui doit son parcours à sa force de conviction, mais qui n’en demeure pas moins humaine, avec ses besoins affectifs, ses torts et ses erreurs, et qui a aussi réussi grâce à son entourage. Les quatre premiers épisodes sont d’une maîtrise absolue, montrant la fille devenir femme, l’amatrice devenir une professionnelle reconnue. Autour d’elle gravitent moult personnages drôles ou touchants, comme la mère adoptive (Marielle Heller), l’ennemi devenu ami (Harry Melling), le rival devenant conseiller (Thomas Brodie-Sangster). En revanche, il faut bien avouer que les vices (alcool, médicaments, drogues) prennent trop de place dans les trois derniers épisodes, cassant un peu le rythme, seule véritable réserve à un ensemble franchement excellent. J’y ai même retrouvé à certains instants cette grandeur d’Un Parcours de légende, c’est dire.

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A Killer Paradox


A Killer Paradox
2024
Da-mi Kim

Alors que Dexter s’apprête à – encore – renaître de ses cendres, les sud-coréens ont eux aussi lancé l’an dernier une série se voulant dans la même veine, à savoir un tueur sympathique qui ne tue que des méchants. Le petit plus sera ici la chance, poussée à l’extrême.

On suivra donc Lee Tang, un jeune étudiant qui va malencontreusement tuer un ivrogne en se défendant. Attendant que les policiers viennent le cueillir, après des jours sans nouvelles, il va alors apprendre stupéfait que le hasard a non seulement fait disparaître toutes les preuves contre lui, mais qu’en plus le mort était un serial killer activement recherché. Et ce ne sera que le début.

Le début de la série est très prometteur, mettant en avant d’un côté un ptit con à la chance affolante, et de l’autre un inspecteur à qui on ne la fait pas, des plus charismatiques. Le ton est léger, très drôle, avec vraiment un style et un rythme efficace, du moins sur ces quatre premier épisodes. Dès l’épisode 5, l’histoire commence à faire du sacré sur-place, on sent les limites du concept, nous sortant en plus une menace de l’ombre débile, digne des pires films d’horreur où le méchant est juste stupidement méchant, et ayant semble t-il activé tous les « cheat code », étant le meilleur sur tous les points et étant increvable. Le tandem avec Roh Bin sonne comme un pétard mouillé dès l’épisode 6, et globalement les trois derniers épisodes (6-7-8) se traînent la patte comme un animal à l’agonie. Exit la fraîcheur de la première moitié, ça étire une sous intrigue claquée avec une seconde partie carrément poussive et qui n’a plus rien à raconter. Une bonne idée très bien amenée, mais qui s’effondre sur la longueur.

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La Mission


La Mission
2021
Paul Greengrass

Sorti en décembre 2020 aux Etats-Unis, le film faisait parti de ces sérieux candidats aux Oscars, mais sa carrière fut clairement d’une part entachée par le Covid, avec carrément une sortie internationale annulée au dernier moment comme le montre l’affiche qui laissait entendre une sortie en salle qui n’aura jamais eu lieu, puis d’autre part par les cérémonies. La saison fut en effet assassine pour le long-métrage, repartant bredouille d’absolument chacune d’entre elles. Et en vrai, ça se comprend.

Le film prend place dans le Grand Ouest américain vers 1870. On y suivra le capitaine Jeffrey Kyle Kidd (Tom Hanks), s’étant donné la mission de « donner des nouvelles du monde » (d’ailleurs le titre VO était « News of the World »), c’est-à-dire qu’il sillonne l’Amérique de village en village pour lire des extraits de journaux, pour ainsi tenir au courant des populations qui n’ont pas forcément accès à autant de journaux de tout le pays, qui ne savent pas lire, ou qui ne prennent pas le temps. Seulement une autre mission va venir s’y greffer quand il va prendre sous son aile une orpheline (Helena Zengel) découverte suite au massacre de la tribu indienne qui l’avait kidnappé.

Le concept même du film est un mensonge : il ne donne pas vraiment des nouvelles du monde au sens informatif, ce qui pourtant serait des plus utiles à une époque où Internet n’existe pas, où la télé n’a pas été inventée, où la radio demandera encore deux décennies avant son arrivée, et où même les journaux papier restent locaux. Non, ce sera en réalité plus un conteur, un troubadour venant divertir le public, ce qui a certes un intérêt, mais beaucoup moins d’envergure. De même, l’autre mission semble stupide, car quel intérêt de ramener une enfant à des membres éloignés d’une famille qu’elle n’a jamais connue ? La construction narrative est un peu fatigante aussi, répétant la même structure voyage, problème, lecture. L’un des villages montre le potentiel sous-jacent avec le pouvoir de l’information, mais sans en faire grand chose. Si le réalisateur n’était pas Paul Greengrass et que le premier rôle n’était pas tenu par Tom Hanks, pas sûr qu’on en aurait parlé tout court. Pas mauvais, quelques bonnes idées, mais le traitement est mou et pas bien passionnant.

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The Haunting of Hill House


The Haunting of Hill House
2018
Mike Flanagan

Comme l’a prouvé avec brio Stranger Things, on peut clairement faire une série horrifique, bien que l’exemple cité soit aussi bien d’autres choses. J’étais donc curieux de voir ce qu’une série intégralement centrée sur l’horreur pourrait donner, et c’est largement celle-ci qui revient majoritairement quand on parle de référence en la matière. Pourtant, rare sont les films à arriver à soit proposer quelque chose d’original, soit quelque chose d’efficace ces dernières années, et s’il y a bien un genre qui compte le plus de navets de toute l’histoire, c’est clairement celui de l’épouvante / horreur.

Quand le passé vous rattrape. Il y a une vingtaine d’années, la famille Crain s’était installé le temps d’un été à Hill House, un immense domaine, dans l’espoir de le rénover pour le revendre à bon prix. Seulement voilà, les visions d’horreur s’y seront enchaînées, jusqu’à la fameuse dernière nuit où le père aura fuit avec les cinq enfants, alors que la mère (Carla Gugino) s’y serait donné la mort. Aujourd’hui, Steve (Michiel Huisman) est devenu écrivain, obsédé par les histoire de fantôme, Shirley a ouvert une chambre funéraire, Theodora (incarnée par Mckenna Grace  dans sa jeunesse) utilise sa sensibilité pour aider les enfants en étant pédopsychiatre, mais pour les jumeaux, se construire une vie n’a pas été facile. Luke a sombré dans la drogue, et Nell est plus hantée que jamais par les démons du passé. Jusqu’au jour où…

Bigre qu’elle immense famille ! Il m’a fallu quatre épisodes pour commencer à comprendre qui était qui, et aussi comprendre la structure de la série, se concentrant pour ses cinq premiers épisode tour à tour sur chacun des enfants, allant de l’aîné au plus jeune, respectant même l’ordre de naissance des jumeaux. Et par souci d’intérêt croissant, les tenants et aboutissants de l’élément déclencheur se dessinent progressivement, avec de surcroit derrière tous les mystères du passé, distillés pour la seconde partie. C’est efficace, embrassant de fait parfaitement le format sériel, mais c’est aussi aléatoire, pour ne pas dire totalement déséquilibré. Sans parler de ratage complet, les deux aînés sont très largement insipides, Luke n’a pas grand chose à ronger mise à part son addiction, et à côté les deux jeunes sœurs ont des histoires personnelles incroyables, passionnantes, qui font graviter tous les points les plus passionnants. De même, voulant se garder les os les plus saillants pour la fin – hormis Nell, qui restera pour ma part le point culminant tant en termes d’écriture, de drame humain et même d’horreur -, la série cache volontairement pléthore d’informations, nous faisant un peu trop repasser quinze fois sur les mêmes événements, pour n’en comprendre les raisons qu’au climax. Certes, cela maintient le suspens, mais par exemple les épisodes 6 et 7 sont un ventre mou terrible, qu’on aurait aisément put regrouper en un seul épisode en coupant au moins la moitié. Alors oui, il fallait assurément garder le monologue de sortie de voiture de Theo en épisode 9, mais pas besoin de la sous intrigue qui allait avec. Pour en terminer sur la narration / écriture / personnages, on pourra aussi trouver le père en deçà, trop enfermé dans des secrets plus nuisibles qu’autre chose.

Parlons enfin du sujet qui pour beaucoup serait principal, mais qui en vrai n’importe pas tant que ça : la gestion de l’horreur. C’est déjà compliqué de maintenir un haut niveau de stresse / peur durant tout un long-métrage, alors sur une série de près de dix heures, ça serait peine perdue. Pour autant, une certaine tension persiste tout du long, avec régulièrement des moments inquiétants, voir terrifiants, et nombre de passages jouent habilement sur la tension de menaces potentielles. Les rares incursions réellement horrifiques sont réussies, la mise en scène étant intelligente, justifiant scénaristiquement une recrudescence surnaturelle la nuit, moment qui déclenche souvent nos plus grandes peurs. Point d’effets spéciaux, que des effets pratiques, rendant les effets en question plus tangibles, et donc potentiellement effrayants. Notons tout de même que la dernière ligne droite sauvera grandement les meubles, les deux derniers épisodes se lâchant enfin avec une grande générosité. Après, sachons raison garder, une histoire de maison hantée, on fera difficilement pire niveau cliché du genre. De même, l’intérêt très variable d’un personnage à un autre, d’un épisode à un autre, joue beaucoup dans la balance. Une belle écriture bien ficelée, un grand savoir-faire et de belles fulgurances, mais pas non plus la claque absolue qu’on m’avait fait espérer.

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Nicky Larson


Nicky Larson
2024
Yûichi Satô

Cinq ans après Nicky Larson et le parfum de Cupidon, une bonne surprise qui a su transposer avec succès le manga d’origine, les japonais arrivent en embuscade pour rappeler d’où vient le manga, et offrir peut-être une version encore plus aboutie. Soit ça, soit Netflix s’est dit que les japonais snobaient la version française et qu’en relocalisant chez eux ça serait le carton assuré.

Arpentant les rues de Tokyo pour sauver de la demoiselle en détresse, Nicky Larson va être ramené à la dure réalité de la vie quand son collègue et ami va être tué. Il va devoir partir sur les traces d’une mystérieuse organisation appelée « L’Union », qui aurait mit sur le marché une terrible drogue décuplant la force d’autrui, au prix de sa vie.

Alors oui, je suppose que cette version est plus « manga accurate », jouant beaucoup sur les clins d’œil et références, mais il faut aussi savoir faire ce qu’on appelle un travail d’adaptation. Pas mal de mimiques et autres « danse de la banane » marchent peut-être sur papier, mais même à la sauce japonaise, ça ne passe pas. Too much. Et en vrai, cocorico, force est de reconnaître que la transposition de l’humour du manga fonctionnait mieux dans la version française. De plus, le côté supers pouvoirs nous fait basculer dans du fantastique / science-fiction mal maîtrisé, n’allant pas très bien avec le ton général. Trop kitch, trop fou, et une histoire qui se veut trop sérieuse à la grand complot de l’ombre, ce qui n’est pas très pertinent à mettre dès le tout premier opus. Pas raté non plus, mais on est dans une transposition pas bien pertinente quand la version de chez nous proposait une vraie adaptation dans les faits plus aboutie.

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La Ligne verte


La Ligne verte
2000
Frank Darabont

Je me souviens, c’était la nuit du 31 décembre 2000 pour le nouvel an, un passage à la télé sur Canal+ où il fallait bien une occasion de devoir attendre minuit pour tenter un film d’une telle longueur : plus de trois heures, ce qui reste à tout âge une épreuve que de réussir à s’intéresser et à rester alerte aussi longtemps. Déjà le film avait une certaine aura, mais on était loin du statut archi culte, de monument éternel qu’il a aujourd’hui. Est-il toujours à la hauteur ?

L’histoire prend place en 1935, dans le bloc E de la prison de Cold Mountain, la fameuse ligne verte où attendent les condamnés à mort devant passer sur la chaise électrique. Paul Edgecomb (Tom Hanks) est habitué d’y recevoir les pires criminels qui soient, mais il est vrai que l’arrivée d’un certain John Coffey (Michael Clarke Duncan) fut marquante : un colosse aussi immense qu’imposant, condamné à mort pour le viol et meurtre de deux fillettes, comble de l’horreur. Et pourtant, cet homme semble non seulement loin du monstre dépeint, mais semble même être un envoyé du ciel là pour aider son prochain.

On peut dire que la carrière de Frank Darabont fut une anomalie : très tôt il a enchaîné ce qui sont considérés comme deux monuments du cinéma et figurant parmi les mieux notés de l’histoire, Les évadés et le film ici présent, mais la suite fut aussi aléatoire que catastrophique, enchaînant navets et bides. Il faut dire que les éléments marquants ne manque pas entre Mister Jingle, les miracles, les deux tarés (un de chaque côté des barreaux) et ce casting de fou furieux. On retrouvera en plus du tandem cité David Morse, Bonnie Hunt, James Cromwell, Gary Sinise et Sam Rockwell. Globalement l’histoire est pas mal, pas incroyable mais bien ficelée, et on se prend à cette ambiance étonnamment détendue et chaleureuse malgré le fait qu’on soit dans le couloir de la mort. Mais de là à parler d’immense chef d’œuvre ? Le rythme est assez catastrophique, ce qui est souvent le cas avec de telles durées, mais clairement on pourrait facilement enlever une grosse heure. Ensuite, l’épilogue / prologue est un peu raté, en faisant des caisses sur un vieil homme dont la longévité n’a rien de si exceptionnelle. Est-ce pour dire que c’est un narrateur non fiable qui voit des signes ou des miracles là où il n’y en a pas ? Voilà qui serait au moins aussi nuisible que la fin abjecte de cette merde de Big Fish que je ne conspuerais jamais assez tant le potentiel était immense et la fin un non moins immense gâchis. Un bon film donc, dont le casting ne cesse de prendre de la valeur avec les années, mais qui avec du recul, propose tout de même une histoire pas si incroyable et souffrant de longueurs aberrantes.

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Mai


Mai
2024
Trân Thành

Voici apparemment le plus gros succès de tous les temps au Vietnam, et pourtant Netflix – du moins sa branche française – n’aide pas tellement à le voir : introuvable par une recherche depuis leur site ou application, il faut forcément passer par un lien externe (perso allociné) et auquel cas impossible ni de l’ajouter à votre liste, ni d’avoir accès à la fonction de « reprendre la vidéo », donc impossible de le voir sur une télé, et ne comptez pas sur des sous-titres français, mais au moins les anglophones comme moi pourront compter sur du sous-titrage anglais.

Quand le sors s’acharne… Après avoir élevé seule sa fille désormais adulte, Mai essayait de refaire sa vie à 37 ans, mais difficile d’aller au delà des barrières sociales et des préjugés quand tout le monde pense que les masseuses sont des prostituées, et qu’on travaille justement dans un spa. Les choses vont s’envenimer quand le pire déchet de l’humanité, sa saloperie d’ordure censé être son géniteur, va venir avec ses dettes de jeu avec la mafia au cul, alors même que sa vie sentimentale démarrait.

Après la pluie le beau temps ? Ah non, pas là non. Je pensais naïvement me trouver devant une romance classique, appliquant la recette à la lettre : rejet, attirance, problème puis solution qui ancre durablement cette belle idylle. Eh bien non, ici les problèmes vont s’accumuler dans des propensions horribles, où tout le monde en ressort soit mort soit avec une forte envie d’y passer. Exit donc tout développement de personnage, tout ce qui construction narrative n’a qu’un but : montrer la vacuité du monde. Dépasser sa peur de l’autre et s’ouvrir ? Les autres vont tout faire pour vous séparer, avec succès. Tenter de pardonner les abominations du passé ? Faiblesse, exploitons la ! Se battre pour mériter sa place ? Absurde, autant abandonner si ça marche. On se retrouve donc avec sur les trois quart un film sympathique, cochant toutes les cases de la bonne comédie romantique, avec des bases certes dramatiques, mais la dernière ligne droite est un saccage comme on en voit rarement, ramenant toutes les intrigues et sous intrigues soit dans le mur, soit au bord du précipice suivi d’un grand coup de pied au cul. Un bien triste sabordage, que certains ont visiblement apprécié, mais que j’ai vécu comme une trahison foncièrement ratée.

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L’Aube des furies


L’Aube des furies
2023
Veronica Ngo

Visiblement forte du succès de Furie, son interprète principale (Veronica Ngo) s’est vue offrir la possibilité par Netflix de prolonger l’expérience, passant même pour l’occasion derrière la caméra. Point de suite en revanche, on se concentrera cette fois sur le passé de celle qui faisait office de boss final.

L’histoire prend place 15 ans plus tôt, alors qu’une certaine Bi est recueillie par Tata, une mafieuse qui veut débarrasser Oh-Chi-Minh du trafic de femmes et d’enfants, pour qu’enfin les rues soient de nouveau sûres et que cette impunité du crime prenne fin. Pour ce faire, un groupe de femmes déterminées vont s’entraîner pour faire justice elles-mêmes.

Mon dieu non… Déjà passons sur deux idées absolument catastrophiques à la base même du projet : faire un préquel où l’héroïne du précédent film campe ici un rôle qui n’est pas le même, paye ton incohérence de casting, et surtout centrer le film autour du boss final du film original, sachant que cette dernière meure et qu’elle n’était qu’une simple figure d’oppression sans autre forme d’écriture. Comment donc s’intéresser à quelqu’un qu’on sait qu’elle a basculé dans l’autre camp et qui n’a aucun avenir ? Paye au passage ton incohérence de développement de personnage, qui jusqu’à la toute fin se pose comme seule vraie figure morale quand derrière ça va charcuter des enfants pour leurs organes. Et en vrai, tout le reste de l’écriture est au moins aussi problématique, avec les deux amants qui parlent d’avenir, donc bien évidemment au moins un va mourir, le camé qui au lieu de crever d’overdose se transforme en zombie survitaminé, ou encore le retournement absurde sur « en fait elle est méchante » sortant littéralement de nulle part juste pour faire un bain de sang, ce qui là encore, détruit tout l’intérêt du film. Si tout le monde fini six pieds sous terre, qu’est-ce qu’on s’en fout d’avoir suivi ces personnages ? Vraiment, le scénario est une tannée…

Y a t-il au moins quelque chose à sauver ? Eh bien oui, on garde l’énergie de Furie, avec toujours une belle générosité dans la violence et des chorégraphies réussies. Et c’est tout, avec pas mal de bémols. Il va falloir parler de quelque chose qui fâche presque autant que le scénario : les effets spéciaux. Rarement on sera descendu à un niveau si criard, une catastrophe comme on en voit normalement plus depuis des décennies. Toutes les giclées de sang sont numériques, et ni la couleur, ni la projection, ni l’intégration ne passent, c’est tout simplement les pires incrustations de faux sang que j’ai vu de ma vie. On pensera aussi au passage au port, avec des explosions et effets de flammes à peine au niveau de cinématiques Playstation première du nom il y a 30 ans. Et tout cela n’est rien face à LA séquence, celle vers les deux tiers : la course poursuite. S’il y avait un prix du plus gros foirage de FX de l’histoire, on serait vraiment très haut, pire que certains nanars des années 70-80. Il s’agit d’une course poursuite en moto, avec moult cascades, mais c’est à vomir ou hurler de rire selon les goûts : des doublures numériques hideuses, des motos allant peut-être à maxi 60 km/h pendant que le décor défile de façon frénétique à 300 km/h, créant un tel décalage que c’en est à peine croyable. Sans ça, on aurait juste un film d’action débile avec une fin ratée, mais y rajouter en plus une technique lamentable rend la séance vraiment pénible.

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