Deadpool & Wolverine
2024
Shawn Levy
Assurément l’un des films les plus attendus de l’année, et plus encore, d’ailleurs actuellement second plus gros succès, tant aux Etats-Unis que dans le monde, avec un peu plus de 1,3 milliards. Véritable machine inarrêtable, le MCU enchaînait succès sur succès pendant plus d’une décennie et une vingtaine de long-métrage, au point de marquer l’histoire en dépassant pour la première fois les 2,7 milliards avec Endgame. Pourtant, le retour post-covid fut des plus difficiles : dix films en quatre ans, tous accueillis froidement et faisant soit sensiblement moins bien qu’escompté, soit étaient carrément des bides historiques à l’image de The Marvels, premier échec d’ampleur pour la saga la plus lucrative de tous les temps. Tous, à l’exception très notable de Spider-Man No Way Home, frôlant les deux milliards sans même de sortie chinoise. Ramener la figure emblématique du Wolverine dans la saga Deadpool était donc la solution ? Sur le papier du moins…
Se passant apparemment dans le même univers que Logan (ce qui veut dire que cette suite se situerait près de cinquante ans après Deadpool 2 omg ?), la mort de Several Wolverine (Hugh Jackman) a provoqué un cataclysme dans la branche multiverselle de sa réalité : étant le super-héros le plus important de son univers, sa mort implique que l’univers entier est voué à disparaître. Pour sauver ses proches, Wade Wilson (Ryan Reynolds) akka Deadpool va tenter de trouver un autre Wolverine d’une autre réalité pour le remplacer.
On s’en doutait, mais le scénario est vraiment une escroquerie : placer la saga Deadpool dans le même univers que Logan, se déroulant près d’un demi-siècle après la série de préquels initiée par X-Men le commencement, pourtant présent dans Deadpool 2, c’est un niveau de connerie aberrant. Un demi siècle d’écart bordel ! Mais soit, d’autant que l’intérêt n’était pas là. Notamment avec la dernière bande-annonce, axée sur la rédemption et l’émotion, on pouvait espérer un parcours héroïque vers la grandeur, un dernier baroud d’honneur qui aurait su abuser du fan-service (caméos et retours de personnages iconiques) pour en faire une sublime fresque nostalgique, en fin du moins que j’espérais personnellement aussi touchante qu’épique. Que la déception sera grande !
Alors oui, mes attentes étaient grandes, mais pas si immenses, ayant trouvé très sympathiques les Deadpool et ayant une certaine attache aux X-Men, mais rien qui avoisine de près ou de loin les sommets du genre. Si le passage chez Disney a visiblement était très inspirant, avec moult gags, le projet ne décollera jamais de la simple pique potache un peu gratuite. L’humour est plus lourd que jamais, autocentré à l’excès, perdant définitivement ce semblant d’originalité de brisage de quatrième mur soi-disant subversif. C’était déjà loin d’être le meilleur point des précédents opus, c’est cette fois un sacré boulet infame. Côté scénario, passé l’incohérence initiale d’une telle aberrance que les enjeux s’en retrouvent inexistant, d’autant que hormis Deadpool, tous les personnages de son univers sont réduit à de la figuration, c’est vraiment le vide absolu. Les caméos sont tous inutiles, mal amenés et surtout jamais exploités. Le concept des seconds couteaux jetés à la poubelle avait pourtant du potentiel, là encore, un baroud d’honneur pour redorer leur blason, mais ils sont juste là pour la blague, sans rien développer. Un pur gâchis tellement rageant. Pareillement pour la méchante sœur jumelle (Emma Corrin) de Charles Xavier : c’est aberrant de la présenter aussi tard, et son niveau de développement est inexistant, et les absences des membres emblématiques de la TVA est non moins frustrant tant tout tourne autour d’eux. Un naufrage scénaristique, mais quid de la technique, du divertissement ?
Si visuellement le naturel des décors est un bon point, enfin une main moins lourde côté FX, on ne peut que se montrer sidéré par leur manque d’ampleur, l’absence total de grandiose ou d’ambition. Et pire que tout, le divertissement ne suit pas plus non plus. Pour la soi-disant foire aux guests, rien de comparable à No Way Home, même inférieur à l’amer déception des caméos de Doctor Strange in the multiverse of madness, c’est dire ! Aucun enjeu, aucune poésie, pas une once de frisson d’aventure, un duo poussé aux forceps à la dynamique passable, et côté action c’est aussi rébarbatif que poussif. Pas de climax, pas de giga scène épique, rien de notable hormis la scène débile des variants qui fait largement soupirer. C’est même affolant comment absolument aucun point ne se montre convaincant. On sourit deux trois fois, quelques blagues font mouche et on a plaisir à retrouver certains rôles secondaires voir tertiaires des œuvres passées de la Fox, mais le concept est tout juste effleuré pour une déception plus grande encore que le fameux Ant-Man 3, c’est dire ! Un curseur trop poussé sur un humour presque exclusivement basé sur la blague du changement de studio, y compris pour le scénario pour un hommage foncièrement raté et inconsistant, et de surcroît un divertissement médiocre, aux scènes sans enjeux, sans la moindre brise de souffle épique, et qui va même jusqu’à nous refuser l’habituel climax. Décidément, Marvel va très mal…