Les Incorruptibles


Les Incorruptibles
1987
Brian De Palma

Considéré par beaucoup comme un immense chef d’œuvre, un classique parmi les classiques, je ne l’avais pas revu depuis des décennies, et il faut dire que si déjà le casting était impressionnant à l’époque, il en devient légendaire avec le temps. Trois des plus grands acteurs américain de tous les temps, et une adaptation d’une histoire vraie sur probablement le mafieux le plus connu de l’histoire, quelque que soit le continent. Et c’est bien sûr un poids bien trop imposant pour un film qui n’avait pas de telles ambitions, ou du moins pas les épaules.

Le film nous replonge au tout début des années 1930, alors que les Etats-Unis sont en pleine prohibition, luttant contre un trafic d’alcool terrible. Un jeune inspecteur de police de Chicago (Kevin Costner) va décider de partir en croisade contre nulle autre que Al Capone (Robert De Niro), mafieux notoire mais qui arrose tellement toutes les strates du pouvoir qu’il en devient intouchable. Sur les conseils d’un vieux policier désabusé (Sean Connery), l’inspecteur va monter une équipe (incluant Andy Garcia) ultra motivée, incorruptibles.

Si les plus jeunes doivent voir ce genre d’histoire comme une fable absurde, bien trop improbable, et c’est effectivement dur à croire avec le recul, mais tout est vrai. La première puissance mondiale avait carrément banni l’alcool de son territoire, la prohibition fut bien réelle, et l’homme étant ce qu’il est, faible d’un côté, arriviste de l’autre, la tentation fut trop grande, que ce soit pour fauter ou truander. La contrebande fut donc un commerce des plus juteux, et c’est ainsi qu’un personnage aussi fou qu’Al Capone a réellement existé. Une guerre police / mafia, où la limite entre les deux s’estompe à mesure que la loi montre ses limites : je n’ai eu que The Dark Knight en tête tout du long, avec une comparaison intenable. L’histoire est ici maladroite par instants, avec des policiers trop exposés et qui ne prennent aucune mesure, des rencontres au hasard trop arrangeant, ou encore une retenue déplacée qui rallonge la confrontation, alors même qu’une finalité aurait pu survenir bien plus tôt, et ce à plusieurs reprises. On pestera aussi des éternelles fusillades de manchots où personne ne touche personne, et sur quelques passages les affres du temps sont terribles. On pensera à une certaine chute ou encore la scène de la gare, assez risibles. L’histoire est captivante, le casting ahurissant, et dans l’ensemble le film est plutôt bon, mais rien de si transcendant.

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The Man From Nowhere


The Man From Nowhere
2010
Lee Jeong-beom

En voilà un film qui doit avoir un goût amer pour bien des coréens : la petite fille de l’histoire a été poussée au suicide par la presse il y a deux semaine, grande tradition dans le pays, et son acteur principal a abandonné sa carrière depuis ce film, lui qui était une immense star. Et pourtant, on tient là un très bon actionner dans la veine de Taken, qui donnait un avant-goût de John Wick.

Il faut toujours faire attention à qui on cherche des emmerdes dans la vie. Ayant tenté de la mettre à l’envers à ses patrons, un petit dealer va se faire prendre à son propre jeu en se faisant doubler par une femme qui faisait la mule pour lui. Quand ses boss vont rappliquer, ils vont kidnapper la femme, mais aussi sa jeune fille, sans se douter que cette dernière était la protégée d’un voisin mystérieux au passé trouble, redoutable tueur sanguinaire bien décidé à tout faire pour la sauver.

On est vraiment dans du pur croisement de Taken et John Wick : un presque père partant massacrer tout le monde pour sauver sa fille de cœur, avec de surcroît ce côté légende vivante qu’un inconscient est venu faire chier, déchaînant les enfers sur Terre. Le rythme est néanmoins moins fou que le premier, et on est moins sur un christ de l’assassina. De plus, j’ai trouvé regrettable le changement de look en cours de route, les cheveux longs cachant le visage rendant le personnage bien plus énigmatique et charismatique. Pour le reste, le film est très efficace, violent à outrance, avec ce style très coréen à la Memories of Murder où la police est une vaste blague, courant derrière l’histoire comme des débiles profonds avec dix wagons de retard. Amusant, et ça permet de rendre le déferlement de violence plus fun. Loin des modèles du genre, mais une variante très réussie.

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Anora


Anora
2024
Sean Baker

Pourquoi n’avais-je pas rattrapé ce film ? Manque de temps ? Certes. Une Palme d’or à Cannes ? Nous y voilà. Si déjà un prix aux Césars est désormais une vaste blague, un prix à Cannes est presque révélateur d’un style « radical », pour ne pas dire insupportable pour le commun des mortels. Oui mais voilà, la cérémonie des Oscars est passée par là, et le devoir s’appelle pour les cinéphiles puisque sur six nominations, le film a raflé cinq prix : meilleur montage (mouef), meilleur scénario (arf), meilleur actrice (à la rigueur), meilleur réalisateur (pas tellement), et surtout carrément meilleur film. Et autant dire que malgré toute la sympathie que j’ai pour le film, c’est plutôt du grand n’importe quoi.

Connaissez-vous les strip club ? Difficile pour un français notamment, ce genre d’établissement étant interdit, mais donc il s’agit d’un bar où les femmes sont nues et la frontière avec la prostitution est mince. Une limite que Anora (Mickey Madison), dit Ani, va franchir allégrement en devenant l’escort girl (prostituée / petite amie payante) du fils d’un oligarque russe des plus fortuné. Comment résister face à l’appel de l’argent ?

En vrai l’histoire du film est assez intéressante, dans la même thématique que The Substance, à savoir montrer toute l’hypocrisie de la société et du féminisme en général. C’est bien beau de vouloir défendre l’égalité et des valeurs morales, mais quand on a le physique qui faut, autant en tirer partie pour engranger un max, quitte à se mettre soi-même des œillères pour accepter sa condition avec plaisir. J’aime personnellement beaucoup ce cynisme, et globalement l’humour du film m’a beaucoup parlé, s’inspirant clairement des frères Coen avec un absurde digne de Burn after reading. Le film traite très bien d’ailleurs ses deux parties, la première moitié étant dans la veine des premières saisons de Elite, avant que ça ne parte trop en vrille, sur comment bruler la chandelle par les deux bouts avec une richesse indécente. La seconde dévoile plus son décalage humoristique, dans une traque loufoque montrant toute la bêtise humaine, avec un parallèle intéressant à faire avec les sept péchés capitaux. Rien de révolutionnaire ou brillant outre mesure, mais on retiendra notamment l’homme de main touchant dans son côté naïf et prévenant. C’est d’ailleurs affolant comment c’est probablement le prix qu’il méritait le plus qui échappe au film : celui du meilleur acteur dans un second rôle pour Yura Borisov. Si dans l’ensemble le rythme est assez bon, la fin fera partie des points négatifs importants, avec tout ce qui suit le retour assez mou, trop étiré, et avec une fin qui arrive un peu par défaut. Meilleur film ? C’est vraiment n’importe quoi, mais ça reste une proposition originale et amusante.

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Un Sac De Billes


Un Sac De Billes
2017
Christian Duguay

Entre devoir de mémoire et devoir tout court puisque lecture imposée à l’école, j’ai comme beaucoup subi cette histoire, rattachée à un lointain passé qu’on allait tenter de m’imposer une nouvelle fois via l’envergure des moyens déployés et la quantité d’acteurs de renom présents à l’écran. Comme si l’argent investi était un argument pour soutenir le projet, pour éviter que cela ne coule le cinéma français, le genre de chantage qui fait que je n’ai toujours pas vu la dernière version live du moustachu gaulois. Et visiblement, je ne fus pas le seul à le voir ainsi, car malgré d’excellents retours, le film n’a fait que 1,3 millions d’entrées, amortissant donc à peine la moitié de son budget.

L’histoire prend place en 1942, alors que la France est en partie occupée par les nazis, et la menace commençait à se faire sentir pesante pour les juifs de France. Durant l’été, Roman et Anna Joffo (Patrick Bruel et Elsa Zylberstein) vont entreprendre une périlleuse traversée avec leurs quatre fils, séparé par binômes, espérant trouver la quiétude à Nice, jusqu’alors dans la France libre.

Entre film sur la guerre (mais pas de guerre) et film d’aventure, l’histoire est avant tout le récit d’une lutte pour la survie, mais aussi sur comment une enfance peut subsister au milieu de tout ça. On reprend un peu les codes de l’espionnage, la traque, les jeux de dupes, avec cette candeur rafraichissante qui rend l’ensemble plus agréable à suivre, arrivant à trouver quelques moments de joie au milieu de ce déferlement de violence, et ce de chaque côté. On s’étonne donc de voir le film traiter sur un même plan d’égalité la violence des allemands, celle des milices françaises, puis ce même peuple persécuté qui au moment de la « paix » sera prêt à se jeter sur les collabos avec une haine équivalente. Même si ce dernier n’a pas fait carrière, on ne peut que saluer la performance du petit Joseph, également bien accompagné par un Patrick Bruel aussi flamboyant que dans Le Prénom, et on notera les prestations sobres et convaincantes de Christian Clavier et Bernard Campan, sauf Kev Adams qui joue bien trop faux, mais on se délectera de son sort. Le cadre de la Grande Histoire est donc plus un prétexte pour une œuvre bien plus proche de La Gloire de mon père (qu’il faudra urgemment que je refasse la critique déplorable…) que du pur témoignage de guerre, donnant un réel intérêt au film, plus universel qu’il ne paraît.

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La Traque – Time To Hunt


La Traque – Time To Hunt
2020
Sung-hyun Yoon

Imaginez des cons, des vrais de vrais. De purs consanguins comme seule l’Isère est capable habituellement d’en sortir grâce à un déferlement d’alcool et une contraception défaillante. Dans ce film dystopique sud-coréen où l’humanité a semble-t-il traversé une sacrée crise (beaucoup de quartiers à l’abandon, un won qui ne vaut plus rien apparemment), c’est justement un groupe de trois débiles pur jus que nous allons suivre.

Tout juste sorti de trois ans de prison pour braquage, Jang-oh s’est fait de belles relations pendant son séjour : un mafieux qui lui propose une affaire à Taiwan, et un vendeur d’armes pour monter le coup qui lui permettrait de financer ledit projet. Le coup ? Braquer les plus dangereux mafieux du pays dans leur casino clandestin. Pour ce faire, il va recruter deux amis aussi stupides que lui, ainsi qu’un benêt croupier dudit casino. Que pourrait-il mal se passer ? Quand même pas le pire tueur à gage du pays à leurs trousses !

Le concept du film est très amusant : voir un expert, une légende vivante du meurtre, se lancer à la poursuite de jeunes voyous qui se sont dit que sur un malentendu, ça pouvait passer. Pas vraiment, non. Du jeu du chat et de la souris, où le chat est un psychopathe qui aime jouer avec ses proies, et les souris une bande d’inconscients au QI frôlant le zéro absolu. Du pur plaisir régressif où l’on attend que la mort frappe avec un bazooka titanesque sur des poussières déjà condamnées, popcorn à la main. La production est assez importante en plus, offrant moult décors et scènes d’actions explosives, avec un très bon rythme. Seule ombre au tableau, cette fin ouverte avec quelques histoires en suspend, annonçant une suite qui n’arrivera sans doute jamais puisque depuis cinq ans, aucune annonce ou la moindre rumeur n’est venue relancer l’espoir d’un prolongement. Dommage, mais le film reste tout de même très fun.

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I Can Speak


I Can Speak
2017
Hyun-seok Kim

Les vieux, quel fléau ! Alors qu’un promoteur immobilier tente de mettre en scène l’insalubrité des lieux pour dégager ses locataires et tout reconstruire, une vieille femme qui n’a que faire chier les autres à faire de sa journée va commencer à relever des irrégularités, mettant un gros stop au projet. Nouveau comme fonctionnaire dans un bureau des plaintes, un jeune homme va tenter d’amadouer la vieille femme en lui apprenant l’anglais, elle qui rêve de l’apprendre.

Partant sur des bases comiques de duo archi classique que tout oppose entre la vieille de la basse ville un peu bourrue et le jeune très sophistique et protocolaire, le film ne marche que peu souvent, avec des running gag lourds, et ce fil rouge pas bien passionnant qu’est le fait d’apprendre l’anglais. A quoi bon ? Et c’est là que le film commence vraiment, car passé la première heure d’installation laborieuse, le vrai sujet se dévoile peu à peu, avant de pleinement exploser : les « femmes de confort ».

Sujet peu médiatisé d’autant que jamais reconnu officiellement par le Japon, il s’agissait d’une pratique terrible ayant eu court pendant la guerre des deux Corées. Des femmes, voir de très jeunes filles à peine pubères, étaient enlevées, arrachées à leur foyer pour tout simplement servir d’esclaves sexuelles aux soldats japonais, pratiquant de surcroît la torture pour assouvir leurs plus bas instincts. Une histoire terrible qui sera abordée assez tardivement, mais qui relancera fort l’intérêt du film, amenant beaucoup d’émotions et de véritables enjeux à cet apprentissage de l’anglais. Tous les sujets finissent même par se nourrir les uns les autres, créant une cohérence d’ensemble au final assez bonne. On pardonne même aisément la première moitié un peu ennuyeuse face à la justesse de la seconde, mais on ne peut s’empêcher de trouver le rythme raté, et que le film n’aura pas su pleinement traiter son sujet en en faisant le pivot central, et pas simplement un changement de cap trop tardif. C’est presque rageant de devoir se contenter d’un bon film face à un drame humain si capital.

 

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L’Amour ouf


L’Amour ouf
2024
Gilles Lellouche

Nous y voilà. Gros temps fort du cinéma français en 2024, le film était un projet casse-gueule sur tellement de points, et son parcours tant lors de sa production qu’à sa sortie est assez hors normes. Annoncé comme une comédie musicale, présenté à Cannes dans une version de 3h40 (bien que selon certaines sources cette version n’a jamais été montrée et celle présentée au festival faisait 2h46), le film provoqua des réactions assez mitigées, et au final tout ce qui est musical est parti aux oubliettes, une excellente nouvelle pour tout ceux encore traumatisés par Joker 2. Mais 2h40 tout de même… Et si la presse fut un peu plus mitigée, les spectateurs ont massivement acclamé le film, le portant jusqu’aux 5 millions d’entrées, ce qui mine de rien était nécessaire vu le budget annoncé de quasi 36 millions d’euros (où sont-ils ???). Bref, un projet ouf, pour un résultat qui ne l’est pas tant.

Le film va nous replonger dans les années 80 pour une romance entre deux adolescents que tout oppose : Clotaire (Malik Frikah / François Civil) et Jaqueline (Mallory Wanecque / Adèle Exarchopoulos), lui étant un zoneur déscolarisé d’une famille d’ouvrier précaire, et elle une élève studieuse de bonne famille.

Si le film est assurément bien fait, avec pléthore de plans très esthétisés, un rythme assez maîtrisé qui permet de ne pas trop voir passer les 2h40 (même si par exemple le petit passage de danse aurait pu être totalement coupé, de même que la scène d’introduction), et que bon nombre de rôles secondaires sont très bons, avec un casting vraiment incroyable (Alain Chabat, Karim Leklou, Elodie Bouchez, Benoît Poelvoorde, Raphaël Quenard, Vincent Lacoste, Jean-Pascal Zadi), le film a deux gros problèmes. Déjà son écriture est problématique sur pas mal de points, certains très gênants comme le boss mafieux qui n’aura carrément pas de conclusion à son arc narratif, ou encore la connerie affolante du protagoniste dont toutes les conneries sont d’une lourdeur atroce, mais surtout cela abouti au second problème, peut-être le plus important des deux : ce n’est pas une romance. Deux gamins qui découvrent la vie, mais derrière tout passe au second plan, le film étant surtout une histoire de vengeance et de violence. Et puis bon, un ptit con cassos qui fait connerie sur connerie, à pourrir le vie de tout le monde, on a plus envie de le voir clamser que de pécho la nouvelle qui va bêtement tomber amoureuse du mauvais garçon qui est juste le connard de base que tout le monde déteste. Difficile donc de s’enthousiasmer devant une romance superficielle où l’un des deux est juste totalement antipathique, même campé par un acteur charismatique une fois adulte. Une ambition pas si visible à l’écran, dont je ne retiendrais personnellement que deux trois tirades, comme « bien c’est pas suffisant », ou encore le renversement de situation dans les stocks du supermarché, prévisible mais bien senti. Sympathique, mais trop long, quelques soucis d’écriture, et surtout une romance qui ne m’a pas emporté, loin s’en faut.

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A l’Ouest, rien de nouveau


A l’Ouest, rien de nouveau
2022
Edward Berger

La désillusion 1917 étant au moment de la sortie du film encore trop marquée, n’ayant eu que poudre aux yeux face à un désert narratif, je n’étais alors pas prêt à me relancer une énième fois dans un film portant sur la Première Guerre Mondiale, surtout pas avec une durée avoisinant les 2h30 qui de base m’y fait repenser à deux fois avant d’appuyer sur la touche lecture. Mais avec une femme ayant tout juste fini le livre, semble-t-il palpitant à plus d’un titre, nous y voilà.

Une fois n’est pas coutume, on suivra la guerre du point de vue allemand, et plus particulièrement de celui de Paul, un jeune germain de 17 ans pensant que son pays est le plus grand, qu’ils vont forcément gagner et qu’il aimerait trôner fièrement parmi ceux ayant porté leur nation jusqu’à la victoire. En coulisse le bilan est déjà scellé avec des cargos entiers d’américains venant épauler un front français déjà très avantagé, pour une boucherie annoncée, sauf pour les soldats se rendant à l’Ouest où officiellement il n’y a rien de nouveau.

Si apparemment le film est une adaptation catastrophique, enlevant tous les passages comiques, de franche camaraderie, et édulcorant salement la violence, c’est avant tout un film passable au possible. Il faudra attendre 1h30 pour avoir de vraies séquences de guerre marquantes ; à l’exception d’un général campé par Daniel Brühl, le casting est intégralement composé d’inconnus aux facies banals, rendant leur identification laborieuse et l’attachement moindre ; le rythme est catastrophique, surtout dans la première moitié, et au final l’histoire est anecdotique ; et même la musique, aux relents mystiques, n’est que peu utilisée et dénote un peu trop. On peut le dire, en dehors de quelques rares plans très esthétisés ou deux scènes de guerre un peu ambitieuses, l’ensemble du film est mortellement chiant, avec des paupières sacrément lourdes. Ou alors tout simplement pas ma came…

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bref.2


bref.2
2025
Kyan Khojandi, Bruno Muschio

Pastiche culte sortie en 2011 sur Canal+, bref était un format court, d’une poignée de minutes, racontant de façon ultra dynamique des situations du quotidien, avec une telle touche de folie et un humour si efficace que la série fut l’une des rares à non seulement être instantanément culte, mais qui a aussi su traverser les âges comme rarement. C’est simple, je me suis refait l’intégral au moins quatre fois, dont une fois pas plus tard que l’année dernière. C’était donc peu dire que l’excitation était féroce face à l’idée d’une seconde saison arrivant 14 ans plus tard, d’autant que la campagne marketing fut l’une des plus brillantes jamais vue. Pas une once de rumeur sur ce retour miracle avant l’annonce en fanfare à peine quelques semaines avant la sortie, avec dans les bande-annonce à l’efficacité folle la promesse de retrouver la même saveur que d’antan, sans se douter que l’objectif réel était tout autre. En effet, exit les formats courts, on passe cette fois à six épisodes de 30-40 minutes, où l’humour sera au service de l’émotion.

Je (Kyan Khojandi) a 40 ans, toutes ses dents, toujours pas tous ses cheveux, et sa situation est peu ou prou la même : incapable d’avoir une vie stable, que ce soit financièrement / professionnellement faute de s’intéresser aux emplois qu’il a ou a eu, ou au niveau sentimental. Après une énième rupture douloureuse, il va tenter de se relever, sans comprendre qu’en réalité, c’est lui le problème.

Juste brillant, une claque monumentale. Si la première saison était surtout drôle, et rarement autre chose, cette suite arrive à être tellement plus. Si beaucoup de choses restent un peu trop parisiano-centré, on pensera notamment aux loyers débiles ou la profusion de travail loin de la réalité globale du pays où pas grand monde n’a le luxe de se poser la question d’aimer ou non son travail, la pertinence des thématiques et des situations aura une résonnance d’une justesse surprenante. Et c’est là toute la force de cette nouvelle saison. Au delà de la pléthore de guests (Laura Felpin, Baptiste Lecaplain, Bérengère Krief, Alice David, Doria Tillier, Jean-Paul Rouve, Alexandre Astier et bien d’autres de la sphère d’internet), tous plus bons les uns que les autres, la vraie force de cette suite est du côté émotion, dans les leçons de vie apportées. Personnellement, le cercle de l’immobilisme où l’on ne se remet jamais en question est probablement l’une des plus grandes vérités de la société moderne enfin identifiée avec des mots. Chaque thématique abordée l’est avec une honnêteté touchante, avec ce supplément d’âme la rendant universelle. Nous sommes Je, victime et roue à part entière du rouage du système profondément malacomgnax 3000 qu’est notre société. Infiniment drôle, à la fois hommage et révolution de la série culte d’origine, on retrouve un virage sublimé de ce qu’a été le cinquième Volume de Kaamelott, où l’on a ce virage dramatique incroyable, mais en conservant une force comique qui devient des moments de grâce plus intenses que jamais. Juste merci et bravo.

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L’Esquisse de nos vies


L’Esquisse de nos vies
2024
Takahiro Miki

Et voilà, alors que mon top 2024 est déjà sorti, certaines des plus belles pépites de l’année étaient encore à découvrir. A l’occasion de la saint Valentin, parcourant Netflix à la recherche d’une production inédite dont les retours laisseraient espérer mieux qu’un téléfilm opportuniste aussitôt oublié, j’ai ainsi laissé sa chance à cette relecture japonaise de Nos étoiles contraires.

La vie rapproche, mais la mort aussi. Venant tout juste d’apprendre qu’une tumeur au cœur le condamnait à une espérance d’un an, Akihito va alors repenser à cette jeune fille croisée à l’hôpital, n’ayant elle plus que quelques mois à vivre, mais étant étonnement sereine face à cette échéance. Lui qui voudrait crier sa rage face à tant d’injustice à tout juste 17 ans, il va chercher à passer le plus de temps possible avec elle pour comprendre et s’inspirer de sa quiétude.

Outre la question de faire face à la mort, tout le film est là pour rabattre les cartes de l’amour et nous faire poser la question de la raison, de l’utilité. Quelle est l’intérêt d’aimer quelqu’un qui va bientôt mourir ? Pourquoi s’exposer face aux aléas de l’amour quand il ne nous reste plus beaucoup de temps ? Entre immortalité de l’art, espoir de se retrouver dans l’ailleurs, pure folie amoureuse et simplement l’envie de profiter de l’instant présent au delà de tous les problèmes possibles, même dans un cas aussi extrême, le film explore toutes les forces, toute la beauté de la vie jusque dans ses derniers instants, et même au delà pour ceux qui restent, car il y a ceux qui meurent, et ceux qui doivent continuer à vivre sans eux. Si l’écart d’acting est légèrement problématique entre une Haruna extraordinaire et un Akihito bien plus novice, ce seul bémol est bien peu de choses face à l’intensité émotionnelle et poétique qui se dégage de cette histoire, et la symbolique des fleurs est d’une grande puissance. Préparez vos mouchoirs, mais il faut parfois accepter de s’exposer pour contempler une œuvre aussi belle et bouleversante.

 

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