My Oxford Year


My Oxford Year
2025
Iain Morris

De plus en plus absente des salles de cinéma, les romances se sont trouvé une nouvelle niche : les services de streaming. Il est vrai que si un genre peine plus que n’importe quel autre à se renouveler, c’est bien celui-ci, et ça ne sera pas pour cette fois non plus.

On y suivra une année à l’université d’Oxford pour la « jeune » Anna (Sofia Carson a déjà la trentaine… ), qui dès son arrivée va se faire aspergée par un chauffard roulant sur une flaque, qu’elle retrouvera dès son tout premier cours puisque ce dernier sera nul autre que son professeur de poésie (cocasse puisque Corey Mylchreest a cinq ans de moins). Bien sûr, de cette hargne première va naître l’amour, mais qui risque de ne pas rimer avec pour toujours.

Dans la droite lignée de Avant toi ou Nos étoiles contraires, le film se pose comme une romance teintée de drame, et assez profond puisque là encore, le spectre de la mort rôde. La comparaison s’arrêtera malheureusement là, le film n’ayant ni d’aussi bons acteurs (seul Dougray Scott s’est perdu sur le tournage) ni un aussi bon scénario, loin d’émouvoir autant. Et comment le pourrait-il quand son film ne prend pas grand chose au sérieux ? Pour une année scolaire aussi importante, les études / cours / révisions seront quasiment passés sous silence, ne se concentrant qu’abusivement sur un enchaînement d’oisiveté, de festivités et de balades, alors même qu’on parle d’une des écoles les plus dures et sélectives au monde ! Un décalage d’autant plus dommageable que cela amoindri le côté dramatique de l’histoire, car cela n’est pas impacté. Ca aurait pu être un vrai parti prit, tout laisser tomber pour profiter de l’instant présent, car sans futur à deux, pourquoi s’en préoccuper ? Mais non, ni traitement ni conséquences, et le naufrage de la maladie sera clairement lui aussi éludé. Le film n’est pas mauvais, mais il passe un peu à côté de son sujet et souffre terriblement de la comparaison avec les deux modèles cités.

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Kotaro en solo


Kotaro en solo
2022
Hiroshi Sato

Tiré d’une histoire vraie relativement anecdotique au Japon tant le phénomène semble malheureusement courant, mais qui bien sûr a profondément choqué le monde entier, la mini-série (à moins que ? Des rumeurs faisaient état d’une possible seconde saison, mais qui ne semble ne jamais vouloir voir le jour) de dix courts épisodes, 20 minutes chacun, retrace une petite portion de la vie de Kotaro.

Kotaro est un petit garçon de quatre ans, qui grâce à l’argent d’un généreux donateur (le suspens l’entourant est inexistant), va pouvoir sortir de son orphelinat et subvenir seul à ses besoins. A l’âge où la plupart portent encore des couches et mangent des pots, blottis dans les bras de leurs parents, lui vit seul, fait lui-même ses courses, ses repas, sait déjà lire et est pleinement autonome. Mais face au poids de la solitude, il va toquer aux portes de ses voisins d’immeuble, y trouvant ce que la vie lui a refusé : une famille.

Sur le papier, c’est une histoire à peine croyable alors que véridique, poignante et pleine de bons sentiments. Bref, de quoi faire carton plein avec en prime toute cette culture japonaise, cette bienveillance, ses menaces, et ses différents personnages hauts en couleurs qu’on a plaisir de découvrir. Découvrir oui, mais pas évoluer. La série est courte, mais terriblement redondante, relatant juste des instants du quotidien d’un moment précis, sans rien y faire vraiment évoluer, avec même de gros bémols. On pensera notamment aux personnages féminins, soit de passage soit anecdotiques, avec notamment une nouvelle voisine qui remplace celle à laquelle on s’était attaché, à ce à seulement deux épisodes de la fin pour au final avoir une fonction strictement identique. Probablement pour coller à la réalité, mais narrativement c’est une erreur qu’une adaptation est censée corriger. Ensuite, l’histoire déçoit aussi de par sa fin sans réelle conclusion, un peu comme si on avait juste fait une saison sur la quatrième année de vie de Kotaro, ce qui reste très frustrant. Impossible aussi de ne pas mentionner l’animation, pour le moins au rabais entre le style très minimaliste, la fluidité douteuse et surtout des fainéantises d’animation ahurissantes comme les textures sur le costume léopard qui sont clairement générées sans tenir ni compte des plis des vêtements ni des mouvements du personnages. C’est affolant comment on voit que c’est un filtre mal incrusté… Une histoire touchante, des personnages attachants et un gros potentiel, pour un sentiment d’inachevé et un Netflix radin qui a clairement produit une série au rabais.

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Faceless


Faceless
2024
Michihito Fujii

Non coupable votre honneur ! Les erreurs judiciaires, c’est presque la norme, dans un sens ou dans l’autre où comme en France les prisons sont si saturées que toute peine inférieure ou égale à deux ans n’est jamais appliquée, avec une certaine pression pour éviter le plus possible de prononcer des peines supérieures. Mais qu’en est-il au Japon ?

On suivra donc dans cette optique le jeune Kabouragi, qui a ses 18 ans s’est retrouvé au mauvais moment au mauvais endroit, témoin d’un double meurtre mais dont l’enquête n’aura tout simplement pas été faite, poussant pour un verdict le plus rapidement possible, et donc la seule personne sur place (hormis une vieille femme en état de choc). Alors que le procès l’a tout simplement condamné à mort, il va réussir à s’évader pour faire lui-même l’enquête et prouver son innocence.

Le concept du film est vraiment pas mal, un peu comme une mini-série où chaque épisode le montre à un endroit précis, tentant de se rapprocher de son but et gagnant la sympathie d’une personne en particulier, puis ça recommence en changeant drastiquement son apparence pour éviter de se faire attraper. Vu la propension de Netflix de privilégier les séries aux films, c’est d’ailleurs étonnant que le projet n’a pas été chapitré de la sorte, et ça aurait eu pas mal de sens. Et dans la pratique ça marche effectivement très bien, les transformations sont bluffantes, et comment ne pas abonder vers une quête de justice ? On regrettera juste un scénario trop prévisible, aux rebondissements attendus et pas très inspirés, sans compter une chance assez insolente. Pas de quoi faire de l’ombre aux classiques du genre, mais c’est sympathique.

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Flight Plan


Flight Plan
2005
Robert Schwentke

Après avoir vécu l’enfer coincée dans sa maison avec sa fille dans Panic Room, voilà à nouveau un thriller encore plus claustrophobique mère / fille avec la trop rare Jodie Foster. Pourtant boudé par les critiques, le film fut à chaque fois un immense succès avec 214 M$ à sa sortie en salle, plus de 42 M$ sur sa sortie DVD sur le seul sol américain (même pour l’époque, son ratio salle / physique est cinq fois supérieur à la moyenne d’alors) et le voilà désormais faisant à nouveau d’excellents scores sur Netflix.

Une tragédie en cache t-elle une autre, ou est-ce un terrible complot ? Ayant tout juste perdu son mari, Kyle (Jodie Foster) prenait l’avion avec sa fille pour rentrer enterrer leur proche, mais peu après le décollage, les deux vont tomber dans les bras de morphée. Seulement voilà, deux heures plus tard, Kyle va se réveiller seule, sa fille ayant disparu. N’arrivant pas à la retrouver, elle va prévenir paniquée le commandant de bord (Sean Bean) ainsi que le marshal présent (Peter Sarsgaard), mais tout l’équipage va se montrer particulièrement peu coopératif, allant jusqu’à suggérer que sa fille n’a peut-être même jamais été à bord.

Alors que le film a déjà 20 ans et que moult histoires terribles ont régulièrement fait la une des actualités, on ne peut qu’être consterné de savoir que même en 2025, mise à part une unique caméra devant le cockpit, aucun système de surveillance n’existe dans les avions. Donc non, même aujourd’hui, on ne pourrait pas vérifier si quelqu’un se faisait agresser ou pire durant le vol. Le postulat du film marche donc très bien, d’autant que le suspens autour du comment et du pourquoi est maintenu assez longtemps, tout en ayant une excellente idée pour justifier de s’immiscer dans tous les recoins de l’avion : la mère est ingénieure en aéronautique. On joue habilement avec les clichés du genre, la mise en scène est efficace, l’ensemble rythmé. Alors oui, ça n’est pas du Die Hard, on a là une femme qui va utiliser plus son cerveau que ses muscles, mais ça n’en reste pas moins dynamique et divertissant. Un vrai bon film au concept fort et bien tenu.

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Thunderbolts*


Thunderbolts*
2025
Jake Schreier

Il faut sauver le soldat MCU. Il y a eu l’excuse du Covid pour expliquer des chiffres en demi-teinte, bien que face à une déferlante comme No Way Home la justification serait plutôt un désintérêt du public face à de plus petits films moins ambitieux, ou avec moins de fan service. Mais la réalité est plutôt à chercher du côté de la qualité : personnellement, la phase III culminait à 3,7 étoiles de moyenne, alors que les phases IV et V furent des désastres, chutant respectivement à 2,8 puis 2,4 étoiles (et peu ou prou la même chose côté séries). Et quand enfin un bon film se présente, le public fuit en masse : malgré des notes très bonnes, avec l’inflation c’est tout simplement le pire score historique du MCU avec à peine plus de 380 M$.

Il faut dire que le projet avait de quoi refroidir pas mal : une équipe historiquement à la botte du méchant de Captain America 4 (point non respecté, donc choix de titre étonnant / débile à la justification à la limite du foutage de gueule), qui se bat avec The Marvels pour la place de pire film de tout le MCU, et le film est aussi relié de près à Black Widow, l’un des films les plus ennuyeux et oubliable parmi les 36 films à ce jour, mais également la série Falcon & Le Soldat de l’hiver, pas bien glorieuse non plus, sans compter un « méchant » de Ant-Man 2 que tout le monde a oublié qui revient également. Difficile donc de s’enthousiasmer autour d’un projet réunissant le pire de tout Marvel, qui ne respecte même pas le principe de base des Thunderbolts nous resservant la sauce moisie de team B de méchants en fait gentils à la Suicide Squad. Et pourtant.

Suite à la destitution du président, une absence d’Avengers clairement identifiés ou vraiment puissants, Valentina Allegra de Fontaine (Julia Louis-Dreyfus) avait un boulevard pour prendre le pouvoir, décidant donc pour son image de mettre fin à tous ses projets potentiellement incriminants, et tuer au passage tous ses agents impliqués : Yelena (Florence Pugh), US Agent (Wyatt Russell), Ghost (Hannah John-Kamen) et Taskmaster (Olga Kurylenko). Seulement leur élimination ne va pas se passer comme prévu, le projet Sentry (Lewis Pullman) va être découvert et ils vont recevoir de l’aide de Red Guardian (David Harbour) et Bucky (Sebastian Stan). Mais quelle est la vraie nature du projet Sentry ?

Eh beh, miracle ! Vu les prémices du projet, la chute libre du MCU en général et l’équipe peu reluisante au programme (hormis Yelena vue dans l’une des rares bonnes séries, Hawkeye, mais jamais citée ou mentionnée), que le film soit bon tenait du pari improbable, et le pari est en plus remporté haut la main. Si on aura une pensée émue pour Taskmaster, immense foutage de gueule, le traitement des personnages est réussi, arrivant à donner pas mal de profondeur à tous ces personnages, la plupart à la base tertiaires, au mieux secondaires. Oser parler de dépression / suicide en sujet principal d’un blockbuster à 180 M$ de budget issu de la plus importante saga cinématographique de l’histoire, c’est assez dingue. Visuellement, pour une fois ça a de la gueule, les effets spéciaux sont crédibles et la mise en scène a enfin de l’ampleur, voir de la grandeur. Les effets du Void sont incroyables, aussi brutaux que poétiques, et ça faisait longtemps que je n’avais pas vu dans le MCU des images si travaillées. Plus encore, le casting est bon et arrive même à montrer le côté hors des sentiers de ce groupe qui n’hésite pas à tuer. Pourtant, la claque n’est pas totale, la faute à deux défauts majeurs : aucun méchant de tout le film, juste un combat interne, et de fait pas de climax non plus. C’est le souci face à un film sans super héros aussi abusé qu’un dieu, voir juste des surhommes est décevant, d’autant que leur légère supériorité ne se ressent pas assez dans les combats. Néanmoins, avoir enfin du vrai cinéma fait du bien, ça reste une grande réussite, mais son échec était aussi triste que prévisible.

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Les Ruines


Les Ruines
2008
Carter Smith

Si on pense trop souvent à la redondance des films d’horreur à cause d’une surreprésentation de tout ce qui est zombies, fantômes et possession, de temps à autres des concepts un peu plus gageurs débarquent pour peu qu’on ne passe pas à côté. Plus de 17 ans plus tard, car il n’est jamais trop tard, découvrons une menace d’un autre genre.

On dirait le postulat de Hostel, troquant la promesse d’aventure libertaire contre de l’aventure archéologique. Ainsi, un inconnu rencontré sur leur lieu de vacance va proposer une expédition incroyable à quatre jeunes américains (incluant Shawn Ashmore et Jena Malone) : la découverte d’un temple Maya encore jamais répertorié. Seulement voilà, si personne ne connaissait ces ruines, c’était peut-être pour une bonne raison…

En vrai le film aurait pu être très bon, reposant sur un concept vraiment original avec des idées clairement excellentes comme les reproductions sonores. Le cadre Maya est entouré d’une certaine mystique qui fonctionne bien, les effets spéciaux sont bons et si on prend en compte la fin director’s cut, le dénouement est une brillante idée également (ou convenu / frustrant dans la version de base). Seulement voilà, au milieu on a un bête slasher classique et prévisible, assez frustrant puisque n’utilisant quasiment pas ledit temple alors que son exploration aurait pu être plus poussée, décuplant la tension et l’angoisse. Et c’est globalement une critique qu’on peut étendre à tout le film : plein de bonnes idées, mais qui restent à la surface avec une exploitation limitée ou décevante.

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Le Garçon au pyjama rayé


Le Garçon au pyjama rayé
2008
Mark Herman

Quelques mois après avoir conspué le pédant et ennuyeux La Zone d’intérêt, voici un film qui reprend pour ainsi dire les mêmes prémices, à savoir le quotidien d’une famille militaire habitant à côté d’un camp durant la Seconde Guerre Mondiale, mais dans une version qui donnerait des sueurs froides à Hannah Arendt : et si les nazis étaient à la base des êtres humains ?

On suivra ainsi un colonel SS (David Thewlis) qui va se voir confier la charge d’un camp, et sa famille (la femme étant jouée par Vera Farmiga et le fils par Asa Butterfield) va l’y suivre sans se douter de ce qui se passe derrière les murs de leur nouvelle maison. Leur jeune fils va découvrir fasciné de drôles de fermiers, et notamment un jeune garçon de son âge, portant tous de singuliers pyjamas rayés.

La construction du film est une grande réussite. Si bien sûr la subtilité n’est pas toujours au rendez-vous et que des personnages réprobateurs vont immédiatement intervenir pour nuancer le propos, sur le fond le film est une sorte de La Gloire de mon père, mais se passant sous le Troisième Reich. On sent vraiment l’amour d’un fils pour son père, et son regard naïf et ignare sur le monde apporte une vraie fraîcheur sur ce sujet bien trop présent dans le paysage cinématographique. Sur le fond, ça reste une histoire d’amitié interdite et la grande histoire plane au dessus de tout, et la réalité historique est sujette à débat, mais au moins on évite le vulgaire bête poncif haineux. Bien sûr, il y a cette fin d’une radicalité folle, dont beaucoup ne s’en sont jamais remis, mais la réflexion derrière est intéressante : on paye toujours pour les erreurs des générations passées. On pourrait même dire qu’il n’y a pas de coupables, que des victimes. Victimes de la guerre, de la propagande, de la pression sociale et professionnelle. Peut-on parler de choix face à une morale imposée et interdite de remise en question ? S’il n’y avait pas tant de provocation gratuite et cette réalisation plus proche d’un téléfilm que d’une production ambitieuse, on pourrait même parler de grand film.

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Hunger


Hunger
2023
Sitisiri Mongkolsiri

Nouvelle tentative avec le cinéma thaïlandais après le très perturbant Ghost Lab qui me provoque encore des cauchemars tant il était allé bien trop loin dans la violence tant physique que psychologique. Cette fois, on plongera dans l’univers culinaire dans une bataille féroce pour devenir le meilleur et plus excentrique chef.

Jeune cuisinière dans le petit restaurant de quartier familial, Aoy (Chutimon Chuengcharoensukying) va se faire démarcher par le recruteur de nulle autre que l’immense et mondialement connu chef Paul, un géni aussi fou que brillant, mais surtout une ordure humaine à la tyrannie sans aucune limite. Tel est le prix de la grandeur.

Il est amusant de constater tous les parallèles qu’on pourrait dresser entre ce film et Le Diable s’habille en Prada. Déjà, les deux sont sur une femme de basse catégorie sociale, qui se voit confrontée à un monde de la plus haute bourgeoisie, y gravi les échelons, gagne le respect de tous, y trouve un faux amour, puis fini par se rendre compte que derrière les strasses et les paillettes, ce qu’elle y a gagné est bien moindre face à tout ce qu’elle y a perdu. Mais là où le modèle américain oubliait de réellement traiter de son sujet (la mode), ici le film nous fait salement saliver avec un sens du spectacle culinaire impressionnant. Le must est bien sûr atteint avec la bataille au sommet et la pièce de viande colossale descendant des cieux. L’actrice principale est très douée, à la beauté singulière, tandis que le chef Paul est terrifiant dans son genre. En revanche, les plus de 2h2o sont pesantes, avec un ventre mou redondant reproduisant trop longtemps les mêmes ressors (brimades, tyrannie, employé viré, échec et persévérance). Le cadre thaïlandais est aussi pas mal lissé vu qu’une grande partie se déroule soit dans les cuisines high tech soit dans des villas archi luxueuses, empêchant cette spécificité culturelle de briller. Sympathique, excellente mise en scène, mais assez classique dans l’ensemble.

 

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84m²


84m²
2025
Kim Tae-Joon

Pour une fois, ce n’est pas une série mais bien un film sud-coréen que nous allons aborder, mais toujours sur Netflix (il est important de rentabiliser un abonnement). Dans cette sorte de relecture de Fenêtre sur cour, on va à nouveau se plonger dans un quotidien de voisinage d’apparence tranquille, mais qui pourrait cacher de terribles secrets.

Primo accédant ayant cru faire une belle affaire en s’endettant très lourdement pour acheter un 84m² à Seoul, Woo-Seong va se prendre de pleine face une crise immobilière où son logement lui coûte bien plus que son prix sur le marché, tout ça pour en plus se rendre compte que ses voisins sont des plus bruyants et envahissants. Il va trouver une lueur d’espoir dans un placement en crypto censé s’envoler, devant résoudre tout ses problèmes.

Décidément, ça semble être la norme en Corée du Sud : on nous racole avec des concepts accrocheurs, mais dans l’ensemble le scénario est bancal, surtout dans sa dernière ligne droite. Déjà on passera sur l’élément déclencheur, la crypto, qui va littéralement s’envoler, chose impossible (ou clairement pas de la sorte). Ensuite, pas grand chose ne tient la route sur la gestion du bruit : comment ne pas réussir à localiser la source ? Comment ne pas se rendre compte d’une si grosse enceinte juste à côté ? Pourquoi ne jamais dialoguer directement avec les gens du 13ème ? Tout est un peu mal fait, pas très crédible, mais en vrai la gestion de la paranoïa est très réussie, le suspens est entier et niveau mise en scène est efficace. On sent clairement du sensationnalisme pas très réfléchi, mais c’est divertissant. En revanche, la fin bascule totalement dans le grotesque, le minable. Le héros est si lassant de bêtise, plus rien ne tient debout et la logique se fout la mal avec pertes et fracas. On reste abasourdi face à une résolution qui légalement n’a aucun sens, et si elle résout vraiment des choses – ce qu’on peut en douter – c’est assez nébuleux. Paranoïak n’a pas à trembler tant son statut de référence en la matière n’est pas ébranlé une seule seconde.

 

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Mr. Plankton


Mr. Plankton
2024
Hong Jong-chan

On continue de poncer le catalogue Netflix de séries sud-coréenne, en revenant cette fois aux fameux k-drama romantiques, comme ce fut le cas de l’excellent Crash Landing on you. Pas aussi culte, cette série – qui ne parle pas d’homme poisson – a tout de même eu un joli succès et semblait faire consensus. Pourtant, les prémisses sont des plus bancales pour « construire » quelque chose.

En effet, dès les premières minutes, on apprend non seulement que le héros va mourir, mais on voit aussi où il rendra son dernier souffle et qui sera à ses côtés dans un flashforward. Un spoil assez terrible, mais pas ²autant que le cœur de la série, à savoir toute l’étendue de l’égoïsme en fin de vie, sur fond de kidnapping.

On suivra ainsi Hae Jo (Woo Do-Hwan), à qu’il ne reste plus que quelques mois à vivre à cause d’une dizaines de tumeurs inopérables au cerveau. Face au spectre imminent de la mort, il va mettre un terme à son business de services à la personne, tout envoyer balader et kidnapper son ex Jo Jai Mi (Lee Yoo-Mi) le jour même de son mariage, l’embarquant au passage dans une quête pour retrouver son père biologique.

C’est assez ahurissant de vouloir construire une romance et de l’empathie autour d’un connard égoïste qui enlève à un brave homme sa fiancée le jour de leur mariage, l’embarquant contre sa volonté dans une quête bien vaine de paternité quand un simple donneur n’a moralement aucune valeur. Et tout ça dans quel but ? Ne pas passer ses derniers jours seul ? Se rattacher à une ancienne petite amie qu’il a fait souffrir pour la faire retomber dans ses bras ? C’est d’un égoïsme fou d’arracher une fille à un homme certes âgé mais foncièrement bon, qui lui assurerait un cadre de vie supérieur d’ailleurs, pour lui proposer de vagabonder quelques temps avant de subir de plein fouet un deuil destructeur. Le pire c’est que la série elle-même va me donner raison en abandonnant en cours de route cette quête du donneur 137, tout ça pour ne nous apporter aucune réponse sur ce point qui semblait central, pour dire que le père qui l’a élevé a plus de valeur. Difficile donc de trouver un quelconque intérêt à la série. A moins que ?

Heureusement, la série a tout de même de solides arguments. Les personnages sont tous très intéressants, bien développés, importants et bien interprétés. On s’attache pas mal, même en sachant que toutes leurs histoires seront vaines. Côté humour, l’efficacité est là aussi au rendez-vous, moins au niveau émotion. De même, le côté road trip dans un pays inconnu est d’autant plus plaisant, et on sent un budget certain permettant de pas mal voyager. Sur des prémices si néfastes, la série s’en sort donc avec les honneurs, malgré quelques longueurs, mais impossible de se montrer plus satisfait que ça face à tant de défaillances scénaristiques. J’en suis ressorti assez frustré et déçu, notamment à cause des retours dithyrambiques qui semblent avoir une boussole morale fracassée.

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