Captain America : Civil War

Captain America : Civil War
2016
Anthony & Joe Russo

Quelques semaines après l’affrontement au sommet de Batman V Superman, c’est au tour des deux plus grands icônes du Marvel Cinematic Universe de se mettre sur la tronche : Iron Man et Captain America, officialisant le début de la phase 3. Arc narratif primordial dans les comics, Civil War se présente quasiment comme un Avengers 3 avant l’heure, réunissant l’intégralité de la bande à quelques exceptions près, avec même deux arrivées remarquées, faisant de ce qui devait être la troisième aventure solo de l’homme-bouclier une ambitieuse réunion d’équipe. Pour les deux frères Russo devant enchaîner derrière avec le tournage des deux prochains Avengers : Infinity War, c’était la grande épreuve, et à l’image de la confrontation ultime chez DC Comics, c’est du haut niveau, sans pour autant arriver à la mesure du potentiel et des promesses.

À l’image d’Iron Man 3 où Tony Stark (Robert Downey Jr.) était hanté par les événements du premier Avengers, ce coup-ci la bande devra faire face aux conséquences de leur combat dévastateur en Sokovie d’Avengers : l’ère d’Ultron. Les dommages collatéraux ont encore une fois été colossaux et les gouvernements du monde (William Hurt et Martin Freeman) ne peuvent tolérer davantage de dérapages de la part des Avengers, souhaitant leur imposer une charte et un contrôle de leurs activités. Une bonne idée selon Tony Stark, mais tout simplement inacceptable selon Steve Rogers / Captain America (Chris Evans), d’autant plus qu’un complot semble vouloir faire accuser son ami Bucky (Sebastian Stan), le soldat de l’hiver, et il va devoir sortir des sentiers battus pour lui porter secours. Deux camps vont alors s’opposer : les défenseurs du traité, Tony Stark / Iron Man, Jim Rhodes / Iron Patriot (Don Cheadle), Natasha Romanoff / la Veuve Noire (Scarlett Johansson), la Vision (Paul Bettany), T’Challa / Black Panther (Chadwick Boseman) et Peter Parker / Spider-Man (Tom Holland) ; et ceux qui s’y opposent, Steve Rogers / Captain America, Bucky Barnes / le soldat de l’hiver, Clint / Hawkeye (Jeremy Renner), Wanda Maximoff / La sorcière rouge (Elizabeth Olsen), Sam Wilson / Le Faucon (Anthony Mackie) et Scott Lang / Ant-Man (Paul Rudd).

C’était l’un des principaux reproches qu’on faisait à Batman V Superman, mais le constat s’applique ici aussi : non seulement on attend longtemps avant que nos personnages se foutent joyeusement sur la gueule, mais en plus les raisons dudit conflit sont tout aussi légères, à l’exception de Black Panther. Et c’est d’ailleurs au niveau global que le scénario laisse dubitatif : le grand méchant de l’histoire (Daniel Brühl) ne sert pas à grand chose, le soldat de l’hiver et son grand copain droit dans ses baskets commencent à nous saouler, l’histoire patauge et ne fait rien avancer dans l’univers Marvel. Tout juste nous confirme t-on que les chances de revoir Pepper un jour sont moindres, l’actrice ne semblant pas vouloir rempiler, à l’image la copine de Thor, absente du troisième long-métrage dédié. En revanche, il y a tout de même trois événements de grande ampleur et qui font plaisir : l’arrivée dans les Avengers de Ant-Man, toujours aussi drôle mais beaucoup moins ridicule en super-héros de part certaines évolutions ; celle de Black Panther, personnage intéressant et charismatique ; et le nouveau Spider-Man (dont on aperçoit la tante May incarnée par Marisa Tomei), qui a finalement totalement sa place dans cet univers en prenant le rôle du petit dernier, un peu puéril et gaffeur. Du sang frais qui boost l’intérêt du film, déjà énorme de part la présence de tant de personnages clés de la franchise, nous faisant presque oublier les quelques longueurs et le scénario faiblard. De plus, l’humour, marque de fabrique de la saga, marche encore une fois très fort, là encore grâce aux nouveaux. Excellent sur la forme, pas terrible sur le fond, mais avec un tel rassemblement difficile de ne pas se montrer enthousiaste.

Disponible en version alternative et vidéo :
https://www.youtube.com/watch?v=wAG3-ZrvkaE

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Jessica Jones

Jessica Jones
2015
Melissa Rosenberg

Je n’avais pas spécialement prévu d’en parler, mais il semblerait que les futurs Defenders, dont le tournage est imminent pour une diffusion prévue fin 2017, soient voués à jouer un rôle important dans le Marvel Cinematic Universe. Forcément un cran en dessous du modèle absolu que représente Daredevil, la détective privée Jessica Jones occupe la seconde place des séries phares du service de vidéos à la demande Netflix et il est probable qu’elle devienne une Avengers dès le troisième grand rassemblement prévu pour Mai 2018. Un fait loin d’enthousiasmer autant que pour l’avocat / justicier, mais cette seconde série tant à prouver l’intérêt de ce nouveau pendant télévisuel de l’univers Marvel.

Très loin du Hell’s Kitchen réaliste du diable œuvrant la nuit, on est ici en plein jour avec une héroïne aux supers-pouvoirs (grande puissance musculaire) : Jessica Jones (Krysten Ritter). Orpheline recueillie par la mère d’une enfant star devenue chroniqueuse-radio vedette, Trish Walker (Rachael Taylor), Jessica avait, après l’incident qui tua sa famille et fit d’elle une surhumaine, tenté de mener une vie normale et même devenir une super-héroïne, mais une autre personne dotée de dons hors normes fit d’elle une détective privée alcoolique et solitaire : Kilgrave (David Tennant). Capable de manipuler l’esprit des gens, il fit de Jessica sa femme par obligation, allant jusqu’à la pousser au meurtre (la femme de Luke Cage (Mike Colter), un autre Defenders déjà très présent dans la série dont sa propre série débarque en septembre). Miraculeusement délivrée de ses griffes, la menace de son retour va la faire plonger dans une terrible spirale.

Si on a encore du mal à voir comment cette nouvelle recrue va pouvoir cohabiter avec quelqu’un d’aussi différent que Daredevil, Netflix confirme sa suprématie et sa capacité à renouveler un genre que tout le monde annonce comme en voie d’extinction : les super-héros. Loin d’être aussi puissante que le premier arrivé à Hell’s Kitchen, et mettant de surcroît pas mal de temps à vraiment décoller, Jessica Jones apporte à son tour pas mal de fraîcheur dans le paysage télévisuel au travers de personnages forts portés par des acteurs excellents, se traduisant par une histoire pas mal du tout. Avec Kilgrave, on tient un méchant des plus emblématiques dont le charisme et l’ambiguïté rappellent l’exceptionnel Sylar de Heroes, qui arrivait presque à sauver une série en perte de vitesse après une première saison brillante. On se demande alors comment la série va pouvoir maintenir le niveau tant une grande part de la sympathie reposait sur lui, mais après tout, tout reste à faire avant les Defenders puisqu’en dehors de la toute dernière scène du dernier épisode le laissant présager, Jessica Jones n’est pas encore une super-héroïne dans cette première saison, contribuant à l’écart d’intérêt par rapport à la saison 1 de Daredevil qui arrivait à raconter le cheminement du héros en parallèle de ses interventions nocturnes effectives d’emblée.

Ainsi dont, si cette première saison arrive à nous convaincre, c’est plus de par son antagoniste et les personnages secondaires (incluant une avocate féroce interprétée par Carrie-Anne Moss et le retour de l’infirmière campée par Rosario Dawson), même si le policier Will Simpson (Wil Traval) perd en intérêt sur la fin. Il faut dire que l’interprète de Jessica Jones, aperçue dans diverses séries, ne paye pas de mine et a du mal à s’imposer comme fille bad-ass et surpuissante, contrairement à Luke Cage, tout de suite plus crédible en indestructible. Entre de bons acteurs, une réalisation stylée, des effets spéciaux pas trop moches, une bonne histoire et un rythme maîtrisé sur la fin, on se prend au jeu et l’expérience est concluante, sans pour autant s’extasier du futur possible de la série, tout juste est-on curieux de la perspective d’une alliance, mais c’est déjà prometteur.

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Cop Car

Cop Car
2016
Jon Watts

Jetez une pierre dans l’eau, il ne se passera rien. Jetez mille pierres, vous aurez alors créé un barrage. À force de tester tout et n’importe quoi, on fini par tomber sur de belles surprises comme ce bon gros délire pour le moins original. Renouant avec la tradition des films d’aventures emmenés par des enfants, le film part loin, très loin, et on l’en remercie.

Il n’y a pas d’âge pour la connerie, et le film nous propose un duo d’une dizaine d’années qui a déjà une chance qui tient du miracle pour être arrivé aussi loin dans leurs vies. Marchant dans le désert du Nouveau Mexique depuis quelques jours suite à une fugue, ils vont tomber par hasard sur le véhicule de police du shérif du coin (Kevin Bacon), venu se débarrasser de deux cadavres encombrants, loin de se douter qu’au milieu de nulle part deux petits cons viendraient lui piquer sa caisse. Trempant dans de salles affaires, il va se retrouver dans la merde jusqu’au cou, puisqu’en plus de s’être fait voler sa voiture, cette dernière contient de nombreuses armes et une petite surprise dans son coffre.

Deux gamins qui fuguent et testent leurs connaissances en terme de gros-mots, ça ne fait pas immédiatement penser à un bon film, et on alors loin de s’imaginer la tranche de rire qui nous attend. Jeter des pierres sur une voiture de flic, c’est déjà pas mal, rentrer dedans, c’est balaise, mais la conduire, la faire monter à plus de 160 km/h, le tout à contre-sens, sans compter quelques extra dont je vous laisse le soin de découvrir, ça atteint tout de suite des sommets épiques. Des garnements irrespectueux et un brin fous, on connait, mais à ce niveau d’inconscience, on explose tous les records tant ils ne se posent aucunes questions et œuvrent dans un calme le plus absolu et surréaliste. De plus, le fait d’avoir aussi en parallèle le point de vu affolé du shérif rend l’ensemble d’autant plus drôle, et c’est remarquable de s’autoriser des choses comme le crochetage de voiture dont la longueur apporte beaucoup en terme de stress et d’ambiance. Du grand n’importe quoi qui s’assume à fond, osant pousser son concept au maximum et le résultat est jubilatoire.

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Comment c’est loin

Comment c’est loin
2015
Orelsan, Christophe Offenstein

Connaissez-vous Orelsan et Gringe ? Si oui, vous avez probablement vu et adoré ce film. Sinon, c’est bien normal car ce sont deux rappeurs blancs et normands, tout juste potentiellement familiers grâce à leurs mini-épisodes de Bloqués sur Canal +. Un film mi-autobiographie mi-fiction sur deux quasi inconnus, surtout avec pour toile de fond le rap, c’était un projet risqué et très probablement confidentiel, mais avec plus de 240 000 entrées, le pari fut remporté, porté par d’excellentes critiques attisant la curiosité.

Le succès n’était pas gagné pour l’apprenti duo de rappeur à leur début. Glandant depuis un an déjà depuis leur contrat avec une radio, les « Casseurs Flowters » n’avaient toujours pas fini un seul morceau, achevant la patiente de leurs promoteurs, leur assénant un ultimatum : si d’ici 24h ils n’ont toujours rien à montrer, ils n’auront qu’à voir ailleurs. Ô le stress…

Voir deux types se traîner comme des loques tout le film durant, ça ne gageait pas grand chose, surtout quand on ne connaît pas les artistes et qu’on est pas spécialement sensible au slam et autres raps, mais finalement c’est à la fois original et bien fait. Un peu saoulant et ennuyeux au début, nos deux grands paumés finissent par nous faire rire de par leur décalage et leur folie. Orelsan est complètement à l’ouest, comme en permanence sous acide, tandis que Gringe brille par sa capacité à tout abandonner, sans compter son immense perversion. L’ambiance, laissant d’abord dubitatif, fini par emporter l’adhésion grâce à ses personnages irrécupérables et la composition musicale. Même si on est imperméable au genre, il faut bien dire que la dizaine de compositions originales créées expressément pour le film sont très bien écrites, à la fois percutantes dans le texte et très appropriées dans le contexte. Bien sûr, si on aime le genre le résultat sera d’autant plus probant, mais ses qualités sont indéniables et le style a le mérite d’être poussé au max.

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Les Visiteurs en Amérique

Les Visiteurs en Amérique
2001
Jean-Marie Poiré

Avec près de 22 millions d’entrées rien qu’en deux films, le succès des Visiteurs a en toute logique tapé dans l’œil des studios américains, reprenant au passage le même réalisateur à la barre et conservant le duo d’acteurs original. Déjà que généralement les remakes sont en dessous de l’orignal, sachant l’étron qu’était Les Visiteurs II, le four monumental que cette version américaine a connu (16 M$ récoltés dans le monde pour un budget de 35 M$, avec seulement 1,2 millions d’entrées en France, même pas le dixième de l’orignal) et le bâchage critique (sauf la presse, assez enthousiaste) qui lui est tombé dessus, je m’attendais donc à un niveau de nullité sans commune mesure, mais en réalité la presse y voyait clair.

Reprenant bien sûr les grandes lignes de la version originale, ce remake l’adapte à sa sauce. Cette fois, démarrant toujours en plein moyen-âge, à cause d’un rival voyant d’un mauvais œil l’alliance entre le comte français Thibault de Malfete (Jean Reno) et la princesse britannique Rosalind (Christina Applegate), Thibault va part inadvertance, sous l’influence d’une potion, tuer sa promise. Anéanti, il va demander à un enchanteur de le renvoyer dans le passé pour la sauver, mais par une erreur de concoction, lui et son serviteur André le Pâté (Christian Clavier) vont se retrouver au troisième millénaire à Chicago.

De toute l’histoire des remakes de films français, voici l’un des plus aboutis qu’il m’ait été donné de voir, parvenant à se hisser au niveau de l’original, tout en se réinventant suffisamment pour justifier son existence auprès des fans de la première heure. Pour être plus parlant pour un public international, l’action est vaguement située à l’époque des romans de cape et d’épées, de toute façon la plupart des américains serait incapable de situer le règne de Louis VI le gros, les personnages ont des noms très stéréotypés pour faire comprendre leur provenance et le film reprend la quasi intégralité des gags les plus emblématiques des deux films français, qu’on pourrait traduire à tort comme un manque de créativité ou d’imagination, mais il ne faut pas s’en arrêter là.

En plus de proposer un environnement encore plus déstabilisant pour nos deux visiteurs, le film s’améliore sur bien des points, comme l’écriture des personnages et la qualité du jeu des acteurs (avec au passage la présence salvatrice de têtes bien connues comme Tara Reid) ou même la réalisation. Avec un budget à l’américaine et toute la puissance de l’industrie Disney en appui, le cinéaste arrive enfin à cadrer correctement et visuellement c’est bien plus agréable. Côté histoire, s’il n’y a que peu de surprises, les personnages sont plus travaillés et la fin est bien plus probante, avec à la clé l’un des génériques de fin les plus imaginatifs et réussis qu’il m’ait été donné de voir. Malgré un temps affiché de seulement 1h30, le film prend plus de temps pour présenter l’époque d’origine et développe plus les relations entre les personnages, avec un Jacquouille (André) qui apprend à s’émanciper plus sur la durée et des scènes touchantes entre Godefroy (Thibault) et sa petite filleul. Donc non seulement le film apporte pour la première fois de l’émotion avec une alchimie, source du voyage initial, bien plus palpable, mais en plus il développe plus ses thèmes sans pour autant rallonger la durée du film, prouvant le caractère plus maîtrisé de son rythme. Les gags, forcément attendus et pour la plupart réutilisés, marchent assez bien et le contexte évolue de façon intéressante, relançant significativement l’intérêt. Donc oui, de par son statut de remake le film n’est pas aussi novateur que l’original, mais il apporte une nouvelle vision du concept et son lot d’améliorations, le rendant presque meilleur, ou tout du moins aussi intéressant. Le fait que son réalisateur ait signé le film sous un pseudonyme montre qu’il n’a aucune idée de ce qu’il fait, tendant à prouver que la qualité des Visiteurs tient de la chance (surtout quand on voit la filmographie du monsieur), et les vives critiques à l’égard de ce remake tiennent surtout du caractère sacré de l’original pour ces personnes, car fondamentalement cette seconde version est plus aboutie.

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Les Visiteurs 2 : Les couloirs du temps

Les Visiteurs 2 : Les couloirs du temps
1998
Jean-Marie Poiré

Le film ne s’y prêtait pas spécialement, voir pas du tout, mais quand on explose le plafond au box-office, on ne se pose pas trop de questions et on capitalise sur le succès. Voilà comment une suite aux Visiteurs a vu le jour, et quand on voit que malgré des critiques assassines le film a réussi à faire huit millions d’entrées, on se dit qu’ils auraient eu tord de s’en priver. Il faut dire qu’en reprenant la quasi intégralité du casting et de l’équipe technique et artistique on pouvait difficilement tout rater, mais il faut croire que si.

Pas besoin de se fatiguer à chercher, l’histoire était toute tracée. Avec l’entourloupe de Jacquouille la fripouille (Christian Clavier) qui a laissé son maître, le comte Godefroy de Montmirail (Jean Reno), repartir en 1112 avec son petit filleul, il a créé une faille temporelle, laissant les couloirs du temps ouverts. De ce fait, Godefroy ne peut épouser Frénégonde (Muriel Robin – oui, le changement fait mal), dont le père a été dépouillé de ses bijoux, et il doit alors se dépêcher avant qu’il ne soit trop tard.

Il n’y a absolument rien à sauver dans ce film, et à ce niveau de contre performance ça force le respect. Tout d’abord le scénario, déjà sujet au débat dans le premier de par la boucle pas vraiment bouclée où la réalité où la flèche a touché sa cible n’a en réalité jamais eu lieu, qui bat ici tous les records de non-sens. Si le beau-père n’est pas mort, alors ses bijoux n’ont jamais été dérobés, ils se trouvent juste dans deux réalités temporelles différentes. De même, inclure une notion de « il faut se dépêcher » quand il y a 880 ans d’écart, cela n’a aucun sens. Le pire du pire niveau cohérence vient tout de même du personnage de Marie-Anne Chazel, clocharde du village qui fait partie du paysage depuis longtemps à Montmirail version contemporaine, mais qui va subitement être prise pour une voyageuse du temps au même titre que les deux autres. Mais finalement, ça n’est pas le plus gros problème du film. Que le réalisateur soit toujours aussi mauvais, certes, mais quand la seule bonne actrice quitte le navire au profit d’une remplaçante atroce et que tous les autres cabotinent à outrance, surtout Christian Clavier qui mérite la pendaison pour un pareil affront, on prend tarif et tout tombe à plat. Les effets spéciaux sont lamentables, incroyablement en dessous du premier film, et côté humour on frôle le nanar. On finira péniblement par rire nerveusement face à un tel niveau d’incompétence, mais globalement la blague passe extrêmement mal.

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Les Visiteurs

Les Visiteurs
1993
Jean-Marie Poiré

Assurément l’un des plus grands monuments de la comédie française, déjà culte à sa sortie avec 13,67 millions de spectateurs et une pluie de nominations aux Césars dans la totalité des catégories, avec à la clé le prix de la meilleure actrice dans un second rôle pour Valérie Lemercier. Depuis, en dehors d’une quantité de rediffusions et de ventes de VHS, DVD, Blu-ray  probablement colossales, l’image du film a quelque peu été entachée par une capitalisation hasardeuse et fortement décriée sous forme d’une suite, de l’avis général indigne, et d’un remake américain, semble-t-il impropre à la consommation. Et désormais, en attendant peut-être un cinquième film, un certain Visiteurs 3 a pointé le bout de son nez 23 ans après l’original, pour une douleur paraît-il similaire, l’occasion de nous replonger au cœur de ce qui nous fascinait auparavant.

L’histoire démarre en l’an 1112 sous le règne de Louis VI, dit le gros, alors que le preux comte Godefroy de Montmirail (Jean Reno) s’était vu accordé une descendance et la main de celle qu’il convoitait : Frénégonde de Pouille (Valérie Lemercier), mais abusé par une vil sorcière, il va maladroitement tuer le père de cette dernière, mettant un terme à sa possible idylle. Anéanti, il va tourner vers la magie en demandant à un enchanteur de l’aider à regagner sa mie. Pour se faire, se dernier va le renvoyer lui et son écuyer, Jacquouille la fripouille (Christian Clavier), dans le passé pour dévier la trajectoire de la flèche qui mit fin aux jours de son potentiel beau-père. Malheureusement, par une erreur de dosage, les deux hommes vont se retrouver plongés en 1992…

Difficile d’être passer à côté du phénomène tant il a marqué des générations entières, mais ça n’est pas une raison pour ne jamais remettre en cause sa légitimité. Mérite t-il vraiment son statut de film culte ? Déjà d’un point de vu scénaristique, on peut dire que l’histoire est assez intéressante et originale sur le principe : un chevalier et son écuyer du moyen-âge plongés dans notre monde actuel. Cet aspect du film est parfaitement maîtrisé, les deux protagonistes ne sortant jamais de leur personnage, même quand Jacquouille décide de goûter aux joies contemporaines, et le décalage marche très fort côté potentiel comique. Gardant leur parlé de l’époque, leurs références et leur style face à des interlocuteurs n’y voyant que folie, on se retrouve avec des séquences aussi mémorables que la scène de la baignoire, de la voiture de la poste, du repas ou de l’inondation. Même après tant d’années, la puissance comique n’a pas faibli, tout juste trouvera t-on le jeu de certains acteurs (incluant Marie-Anne Chazel et Isabelle Nanty) un peu faiblard (en fait à peu près tous, mais bon). Même au niveau effet spéciaux le film s’en sort avec les honneurs, à l’exception bien sûr de la transformation de voyage temporel. Seule la mise en scène est un peu en dessous, car en dehors de quelques panoramiques sympathiques, les mouvements sont trop mécaniques ou abruptes. Une bonne comédie efficace qui n’a rien perdu de son attrait donc, sans pour autant être une révolution indétrônable.

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Daredevil – Saison 02

Daredevil – Saison 02
2016
Drew Goddard, Steven S. DeKnight

Alors que Marvel passe à la phase 3 de son projet cinématographique, elle commence à mettre au point sa stratégie télévisuelle avec son partenariat avec le service de vidéo à la demande Netflix. Certes, elle avait déjà lancé quelques projets sur ABC avec Les agents du S.H.I.E.L.D et autre Agent Carter, mais entre des audiences médiocres et des critiques mitigées, elle ne compte pas vraiment dessus pour étendre son univers. Répétant la même stratégie que pour les Avengers, Marvel, Disney et Netflix comptent lancer quelques séries solos avant un grand rassemblement prévu pour fin 2017 : The Defenders, censés venir gonfler (ou combler selon les morts) les rangs des Avengers pour Infinity War en mai 2018 (probablement dans des rôles mineurs, de plus grande envergure pour la seconde partie de mai 2019). Pour l’instant, seules deux des quatre séries programmées ont vu le jour : Daredevil, dont la première saison a connu un succès extraordinaire, contribuant à l’immense essor que connait Netflix, et considérée comme l’une si ce n’est la meilleure série de tous les temps, et Jessica Jones, arrivée un peu avant cette seconde saison du justicier aveugle. On attend ensuite dans l’année à venir les aventures solos de Luke Cage (très présent dans Jessica Jones) et Iron Fist. Attendant normalement la fin d’une série avant de prendre le recul nécessaire pour établir un bilan de l’expérience télévisuelle, une fois encore le caractère sans précédent de la série me pousse à sortir ma plume pour dire à quel point Daredevil change la donne.

Après 13 exceptionnels épisodes de présentation et de lutte acharnée contre le grand Wilson Fisk (Vincent D’Onofrio), Daredevil / Matthew Murdock (Charlie Cox) a encore beaucoup à faire pour protéger New-York, et tout particulièrement Hell’s Kitchen. Pour cette nouvelle cuvée, alors qu’il doit composer avec le retour d’une vieille connaissance qui a la salle manie de le mettre dans une sale posture, Elektra (Elodie Yung), notre justicier qui déambule désormais fièrement dans son costume définitif va devoir faire face au Punisher (Jon Bernthal), ex militaire devenu fou et qui décime le soir venu les gangs locaux. Entre le Punisher et Elekra, Daredevil prend le pas sur la vie de Matt Murdock qui délaisse son ami et collègue Foggy (Elden Henson), de même que son assistante et petite amie Karen Page (Deborah Ann Woll). Profitant du désordre global et de l’incarcération de Wilson Fisk, une vieille organisation va en profiter pour tenter d’accomplir une ancienne prophétie.

Aussi bonne que soit une série comme Jessica Jones, reposant aussi sur d’excellents acteurs, le faussé reste énorme avec un modèle du genre comme on en tient ici. D’ailleurs, mieux vaudra sortir une seconde saison des aventures de la détective surhumaine avant The Defenders car elle n’a pas encore son statut de super-héroïne, le laissant tout juste présager lors de la dernière scène, alors même que Daredevil œuvrait déjà dès le tout premier épisode. Frôlant la perfection dans la première saison, notre avocat le jour / justicier la nuit nous offre une chose inespérée et improbable : une nette amélioration, brisant au passage quelques codes du genre. Dans cette série, rien n’est tout noir ou tout blanc, il n’y a ni méchant ni gentil, chacun tentant d’améliorer les choses à sa manière. Dans le genre, on subira deux claques ahurissantes : Elektra, aussi touchante et badass que diablement excitante ; et le Punisher, montré comme le plus grand monstre psychopathe que cette Terre a engendré, mais il faut parfois se méfier des apparences. Derrière ces deux protagonistes fascinants, deux acteurs d’exception faisant de leurs personnages de véritables icônes, complétant un casting qui n’avait déjà plus rien à prouver (incluant Rosario Dawson qui avait aussi officié entre les deux saisons dans Jessica Jones, et Carrie-Anne Moss, arrivant tout droit de cette dernière série). Ce qui fait aussi la force de personnages comme Daredevil, Elktra ou le Punisher, c’est avant tout leur humanité : ils n’ont pas vraiment de super-pouvoirs et prennent tarif lors de certains combats. Ce qui fait d’eux des symboles, ce n’est pas des aptitudes extraordinaires mais bien un état d’esprit héroïque. Avec une direction artistique toujours irréprochable et un rythme haletant, l’arrivée de deux montures ultimes et le développement de la mythologie de l’univers décuple un intérêt déjà quasi maximum, finissant de prouver, si besoin était, qu’on tient là l’un des produits culturels les plus aboutis de l’histoire. Espérons que la suite de l’histoire continue de se poursuivre dans une saison 3 et au delà, en plus des Defenders, car pour l’instant rien n’est prévu avant au mieux 2018.

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Le Livre de la jungle

Le Livre de la jungle
1967
Wolfgang Reitherman

Alors qu’une nouvelle version de ce classique de Disney vient de débarquer avec fracas au cinéma, s’annonçant comme l’un des plus gros succès de l’année avec dors et déjà une suite en route, c’est l’occasion de redécouvrir le film original qui avait tant participé à la grandeur du studio aux grandes oreilles, ayant notamment dépassé les 14 millions de spectateurs en France. Douloureux souvenir de jeunesse qui ne m’avait jamais convaincu, c’était avec appréhension que je lui laissais aujourd’hui une nouvelle chance, mais ça ne passe décidément pas.

Éternelle histoire de l’enfant sauvage, le film raconte l’histoire de Mowgli, enfant abandonné sauvé par Baghéera, une panthère, qui le fit élever par une meute de loups. Malheureusement, de par le retour de Shere Khan dans les environs, un dangereux tigre tueur d’hommes, Mowgli va devoir quitter les siens, la jungle n’étant plus sûre pour lui. On suit alors sa traversée de la jungle à la recherche d’un camp d’humains, rencontrant des animaux atypiques sur sa route tels Kaa le serpent ou Baloo l’ours.

À l’époque la plupart des films Disney étaient désespérément vides en terme de scénario, mais celui-ci bas des records : une fuite à travers la jungle avec la plupart des protagonistes ne servant qu’à combler une scène ou deux, avec d’insupportables chansons pour meubler. La preuve en est avec la fameuse chanson « il en faut peu pour être heureux », que Walt Disney voulait supprimer du film puisqu’il la trouvait à juste titre mauvaise, donc même l’un des points les plus cultes du film est fondamentalement bancal. Graphiquement le nombre d’images assure une bonne fluidité, surtout pour l’époque, artistiquement c’est satisfaisant avec de belles couleurs, donc c’est l’un des seuls points relativement positif du film, mais entre des personnages à la limite de la figuration et surtout pas intéressants (Mowgli n’a aucune personnalité, copiant celles de ceux qu’il croise), une bande son atroce avec des thèmes jazz immondes et une histoire anecdotique, on tient là l’un des pires Disney de l’histoire. Il semblerait que le jeune public est une bonne tolérance à son égard, mais pour moi ça n’a jamais été le cas, et je confirme plus que jamais.

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Belle et Sébastien : l’aventure continue

Belle et Sébastien : l’aventure continue
2015
Christian Duguay

Petite série mignonne des années 60, Belle et Sébastien était devenu une propagande politique insupportable dans sa version cinématographique sortie en 2013. Fini le garçon et son chien, relégués au second plan, et bienvenu à l’éternelle résistance de la Seconde Guerre Mondiale, plus stupide que jamais. Alors l’idée de voir une suite à un film dont le seul intérêt était la réalisation et que celui qui en était responsable s’en est allé…

Bon finalement ça va : même si historiquement on est pas encore sorti du problème d’origine, le contexte n’aura pas une place importante dans l’histoire. Rentrant d’Allemagne après deux ans d’absence, la mère adoptive de Sébastien aurait perdu la vie dans le crash de son avion, mais à cause de départs de feu incontrôlables, les recherches ont vite été stoppées. Persuadé que sa fille est encore en vie, César (Tchéky Karyo), grand-père adoptif de Sébastien, va demander de l’aide à la seule personne possédant un avion dans le secteur : le père biologique de Sébastien (Thierry Neuvic).

Eh bien voilà ce qu’on voulait ! Exit la guerre, voilà enfin un petit film pour enfants tout mignon où Belle et Sébastien partent à la rescousse de leur maman de cœur, avec en prime la découverte du père biologique, traitée classiquement mais l’acteur est suffisamment bon pour rendre la situation intéressante. Ce coup-ci le film ne se perd pas dans le développement d’une multitudes d’intrigues inutiles, se concentrant sur le sauvetage sur thème de regroupement familial, et même si tout est prévisible et pas spécialement original, les personnages attachants et les décors traversés suffisent pour passer un bon moment. Libéré de la lourdeur de son prédécesseur, cette suite qu’on attendait pas, la preuve en est avec ses 1,7 millions d’entrées, bien loin des 2,9 du premier malgré un maintient largement meilleur, on y découvre enfin le vrai potentiel de la licence. Forcément plus probant pour un jeune public, cette seconde aventure est donc très sympathique.

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