La Tête haute

La Tête haute
2015
Emmanuelle Bercot

Présenté en ouverture du dernier festival de Cannes où il fut acclamé, le film fut à nouveau ovationné au moment de sa sortie en salles, et même si le public n’a pas été si présent (un peu moins de huit-cent-mille entrées) on en entendra probablement encore parler au moment des Césars. Il faut dire que le film n’a qu’à se baisser pour ramasser les prix : un film coup de poing sur le malaise de la jeunesse dans un monde désabusé, un sujet consensuel et populiste, avec de grands noms du cinéma en soutien à un jeune quasi certain de décrocher le prix du meilleur espoir masculin. Un peu trop facile ? Certes oui, mais le film sait y mettre les formes.

Quand la mère (Sara Forestier), junkie dépravée et alcoolique, accouche de son premier enfant à tout juste 18 ans, et que le père, de toute façon parti avant la naissance, décède peu après, il ne faut pas s’étonner de voir le rejeton, Malony (Rod Paradot), partir en vrille. Arrêté pour de nombreux délits, c’est à 16 ans que le point de non retour sera atteint après le vol avec violence d’une voiture, doublé d’une conduite dangereuse sans permis. La juge (Catherine Deneuve) va lui accorder un dernier sursis avant la prison : le placement en centre de réinsertion, sous la tutelle d’un nouvel éducateur (Benoît Magimel). Mais rien ne semble pouvoir calmer sa haine et sa folie auto-destructrice.

Les films sur les écorchés vifs, ça n’a pas forcément un grand intérêt. Pourquoi se faire chier à se rappeler la misère ambiante, à voir des enragés cracher leur haine ? Est-ce spécialement captivant, enrichissant ou divertissant ? Et c’est bien là le principal problème de ce genre de films : ils ne servent qu’à mettre en abîme le système ou des personnes, n’ayant que pour seul objectif la performance artistique. On prend donc un total inconnu dont personne n’attend rien, en espérant qu’il bluff l’assemblée, permettant auquel cas aux responsables du film de se faire mousser en disant « c’est nous qui l’avons découvert ». Et c’est typiquement l’effet que me fait ce film. Les acteurs et actrices ont tous de pures rôles de composition, permettant de faire ressortir le meilleur d’eux même, et l’histoire n’est que le prétexte de tout ça. Le jeu de chacun est effectivement excellent, surtout le jeune, sa mère et l’éducateur, et ça suffit grandement pour apprécier le film, mais l’histoire est vraiment trop classique, facile et prévisible pour prétendre à plus qu’un simple exercice de style réussi.

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Septembre 2015

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Un peu, beaucoup, aveuglément

Un peu, beaucoup, aveuglément
2015
Clovis Cornillac

Passage obligé dans la carrière de tout bon acteur qui se respecte, Clovis Cornillac a lui aussi tenté sa chance derrière la caméra, (assurant aussi le scénario avec sa femme, qui incarne la sœur de la voisine) sans grand succès en terme d’entrées, ayant à peine atteint le demi-million, mais le public fut visiblement satisfait compte tenu des très bons retours. Étonnant tant les romances ne sont pas le fort de sa filmographie, mais la France livre régulièrement de bons crus en la matière, et celui-ci tend à en faire partie.

S’il y a bien deux choses de compliquées dans la vie, c’est bien de trouver l’amour et avoir la paix. Il (Clovis Cornillac) avait renoncé au premier, pensait avoir le second, puis quand elle (Mélanie Bernier) va arriver, il va croire perdre le second, mais c’est finalement le premier qu’il va trouver. Inventeur de casse-tête, il abuse de stratagèmes pour faire fuir ses potentiels voisins, l’insonorisation de deux appartements étant catastrophique. Mais pour la première fois, la locatrice ne va pas se laisser abattre, et il va vire un enfer qui le mènera au paradis.

Le principe d’une comédie-romantique, outre les mauvaises ou prétentieuses qui s’essayent à l’originalité dans une maladresse totale ou se foirant tout simplement, c’est que les deux protagonistes, aussi différents et haineux l’un en vers l’autre qu’ils soient, finissent ensemble, baignant dans un bonheur dégoulinant. C’est prévisible, mais c’est voulu, attendu de pied ferme même. Pour autant, même si cela doit se faire, on ne sait ni comment ni pourquoi ça va aboutir. Comment vont-ils tomber amoureux, comment la magie va t-elle opérer, et surtout quels seront les arguments du film en dehors ? C’est classique, pas forcément super-réaliste, mais l’originalité du film, à savoir cette idylle purement orale due à la séparation du mur, apporte son lot de belle idées, tantôt poétiques, tantôt comiques. Le film est d’ailleurs assez drôle, notamment grâce aux personnages de la sœur et du meilleur ami, jouissant d’une belle écriture. On n’évitera pas quelques lourdeurs, d’importantes incohérences, et la structure est vraiment facile, mais c’est mignon et marrant, ce qui est amplement suffisant.

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Broadway Therapy

Broadway Therapy
2015
Peter Bogdanovich

En France, mise à part quelques bobos parisiens, la culture théâtrale se limite exclusivement aux humoristes et quelques fois aux comédies musicales, mais les vraies pièces de théâtre ne marchent presque jamais, surtout en dehors de la capitale. Aux Etats-Unis, le rapport n’est pas aussi tranché, et de temps à autre des pièces plus conventionnelles tirent leur épingle du jeu sur les planches de Broadway. Et c’est justement dans cet univers que va nous plonger le film.

Pas du genre à dormir sur la béquille lors de ses déplacements professionnels, Arnold Albertson (Owen Wilson) loue régulièrement les services d’escortes-girls, aimant jouer les bon-samaritains en achetant leur liberté aux jeunes demoiselles qu’il engage. Seulement voilà, son dernier dérapage conjugal en date, Isabella (Imogen Poots), va malencontreusement se pointer à l’audition de sa nouvelle pièce, et entre sa femme (Kathryn Hahn) et son acteur principal (Rhys Ifans) la trouvant saisissante, la situation va devenir ingérable. Un monde décidément minuscule, où toutes les mauvaises personnes vont se tomber dessus dans un chaos absolu.

Dans un film où on peut retrouver aussi bien Jennifer Aniston que Quentin Tarantino ou Michael Shannon, on aurait pu craindre à une espèce de film choral un peu décousu, mais à l’image du théâtre, les différents actes de l’histoire sont bien établis avec des rôles clefs différents selon la situation. On pose d’abord la base de l’intrigue, on présente furtivement chacun des personnages, on balance un événement perturbateur, puis on joue avec sur les registres tragiques et comiques. Une grosse partie du film repose sur les comiques de situation, remettant au goût du jour le vieux coup des amants prit en flag, des quiproquos, des hasard fortuits et autres situations aboutissant à des tensions extrêmes, stressantes pour les personnages, très drôles pour le spectateur. Au fur et à mesure qu’un tel rencontre machin et ainsi de suite, les allusions se multiplient, l’équilibre devient plus instable, et on attend machiavéliquement que tout se casse la gueule. Le personnage interprété par Rhys Ifans en est la plus belle illustration, jetant sournoisement de l’huile sur le feu pour notre plus grand bonheur. Un petit film qui ne payait pas de mine de par son histoire d’auto-complaisance artistique et abusant d’idées reçues sur ce milieu, mais on s’amuse beaucoup et c’est très cocasse.

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Pandorum

Pandorum
2009
Christian Alvart

Il y a six ans débarquait dans l’indifférence la plus totale ce petit film de science-fiction, récoltant à peine 20 M$ dans le monde malgré une belle distribution dans la totalité des plus gros pays. Un coup dur pour l’équipe, qui voyait ce récit comme le premier d’une trilogie qui aurait pu être monumentale avec la colonisation d’une nouvelle planète, la rencontre d’espèces indigènes, de monstres titanesques, avec à n’en point douter de nouvelles menaces terrifiantes. Un sujet bien trop rare et qui a pourtant abouti à d’excellents films. Mais bon, ravalons notre amertume et parlons de cet opus qui peut se suffire à lui même, car il mérite à être connu.

L’histoire débute en 2153, alors que la sonde PALEO-17 a découvert une planète miraculeuse : Tanis. Située à tout juste 128 ans de la Terre, elle possède des caractéristiques quasiment identiques à notre planète, que ce soit en air, en pourcentage d’eau, en composition du sol ou même en température. Une aubaine tant notre planète d’origine est à l’agonie : avec plus de 24 milliards d’habitants, la famine fait rage et les guerres éclatent de partout. En 2174, le vaisseau Elysium va embarquer quelques 60 000 passagers pour une vie meilleure, partant coloniser la planète Tanis. Seulement voilà, au moment de la fin d’hyper-sommeil de la cinquième équipe de maintenance, le lieutenant Bower (Ben Foster) et son commandant Payton (Dennis Quaid) vont découvrir de multiples dysfonctionnements des plus inquiétants.

Rien que le titre laissait présager un bon scénario. Qu’est-ce que le Pandorum ? Aussi appelé Syndrome Orbital Dysfonctionnel, il s’agit d’un état de folie avancé dû aux longs trajets spatiaux. Ainsi dont, en plus des excitantes prémices du voyage et une certaine menace à bord du vaisseau, le film laisse une grande place à la psychologie humaine, permettant de forts rebondissements grâce à l’amnésie temporaire due à l’hyper sommeil. Un bon scénario bien ficelé donc, débordant de mystères, mais ça n’est pas tout. En plus de posséder une ambiance des plus angoissantes entre l’espace, le vaisseau, ce qui se trouve à l’intérieur et ses étroits couloirs, le film jouit aussi d’une très bonne réalisation, nous offrant des effets de lumière intéressants et quelques plans très esthétiques. L’originalité n’est pas aussi forte que ce qu’on aurait pu espérer, empruntant notamment aux Chroniques Martiennes pour un élément clef, mais c’est une plutôt belle combinaison. Sans pouvoir prétendre se hisser aux côtés des plus grands, le film est néanmoins un digne représentant d’un genre délaissé.

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L’Effet papillon

L’Effet papillon
2004
Eric Bress, J. Mackye Gruber

Des films sur des voyageurs du temps, il y en a eu un certain nombre, mais rarement de ce genre. Voyager dans son propre corps dans son propre passé, c’est une chose bien plus originale qu’à l’accoutumée, et on s’étonne même que le procédé ne soit pas plus souvent exploité tant cela permet d’éviter toute incohérence de doublon. Mais bien sûr, cela nous fait complètement changer de registre, basculant de la science-fiction au fantastique, où le voyage n’est plus le fruit d’une expérience mais d’une projection astrale. Petite production indépendante, le film a connu un très beau succès, frôlant la barre des 100 M$ mondiaux grâce à une superbe performance nord-américaine. Et aujourd’hui encore, le film reste un modèle du genre.

Ayant subit un grand nombre de trous noirs de 7 (interprété par Logan Lerman) à 13 ans, Evan (Ashton Kutcher) va en comprendre la signification sept ans plus tard, en relisant ses journaux intimes de l’époque. Transporté par sa lecture, il va se retrouver plongé au moment des faits, vivant pour la première fois ses moments d’absence. Loin d’être de simples souvenirs enfouis, ils peuvent être modifiés, altérés, entraînant de véritables répercutions sur sa vie. Grâce à ça, il va pouvoir changer la donne, effacer les drames passés. Mais chaque changement, même infime, peut aussi entraîner d’immenses répercutions inattendues et parfois désagréables. C’est ce qu’on appelle l’effet papillon.

Pour quasiment tout le monde, la vie est pleine de regrets, d’occasions manquées ou de hasard du destin. Qui n’a jamais rêvé de pouvoir tout changer ? D’être l’architecte de sa propre vie ? Malgré notre libre-arbitre, nous subissons l’inconnu, les choix précipités ou mal orientés. Loin d’être une réponse parfaite et absolue au problème, le film tente d’y apporter sa vision des choses. Ainsi, il multiplie les réalités alternatives qui tendent à prouver qu’en réalité rien n’est parfaitement contrôlable et qu’un monde idéal est illusoire. En plus du héros, on suivra pas mal l’évolution des vies de ses proches d’enfance, Kayleigh (Amy Smart) et Lenny (Elden Henson) et le frère de Kayleigh, les principaux touchés par les voyages temporels (à noter au passage la présence de Kevin Durand dans un petit rôle de prisonnier amusant). Une vision que les réalisateurs et scénaristes voulaient très pessimiste, ayant à l’origine voulu une fin atroce et sombre, mais qui fut heureusement changée pour la version finale grâce aux critiques négatives sur ladite fin lors des projections test. Avec les sorties matérielles et virtuelles, les spectateurs ont pu d’ailleurs comparer les versions, et il est clair que la fin fœtus n’avait pas sa place, bien que la seconde ne soit pas non plus parfaitement convaincante. La perche des retrouvailles était tendue, et sans la montrer, voir Evan se retourner et lui courir après et l’interpeller aurait suffit à notre bonheur. L’idée de base est donc bien exploitée, même si on est loin d’en avoir fait le tour, et entre un casting solide et des effets de mise en scène ingénieux, notamment pour dissocier les différentes time-line, le film se pose donc comme un essentiel du genre.

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Daredevil

Daredevil
2003
Mark Steven Johnson

Alors que la doctrine des deux camps est désormais bien établie avec le succès qu’on leur connaît, à savoir un style réaliste-épique pour DC et plus décontracté et humoristique pour Marvel, la recette était bien plus bancale au début. Mode réellement initiée avec Batman et Superman en 1989 et 1978, les premières adaptations étaient très colorées, cartoonesques et tapageuses, avec comme paroxysme Hulk, Spider-Man et autres 4 Fantastiques. C’était plus ou moins navrant selon les cuvées, et si on s’en sort pas trop mal ici, ce problème de fond s’y fait tout de même sentir.

On ne le dira jamais assez : se rincer les yeux avec des déchets nucléaires, c’est une mauvaise idée. Pourtant, c’est exactement ce qu’à fait Matt Murdock (Ben Affleck) à ses 12 ans, perturbé par la vision de son père passé du côté obscur de la force. Depuis, il est aveugle, mais la perte de sa vue a décuplé ses autres sens, notamment son ouïe, lui permettant d’entendre à des centaines de mètres à la ronde et ainsi cartographier les alentours à l’aide d’une espèce de sonar. Des facultés l’ayant conduit à devenir Daredevil, un justicier de la nuit. Le jour, en plus de tenter d’alpaguer la séduisante Elektra (Jennifer Garner), il tente de rendre le monde meilleur avec son ami Foggy (Jon Favreau) avec qui il tient un cabinet d’avocats.

Si la supériorité ahurissante de la nouvelle série Netflix rend le film carrément obsolète et encore plus mauvais de par la comparaison, le succès mitigé de l’époque se comprend tout de même aisément. Première scène premier problème : un flashforward qui se déroule vers la toute fin. Alors déjà le procédé est poussiéreux, mais en plus son utilisation n’apporte rien et le choix de l’emplacement est nuisible. Ce passage, qui est l’un des plus mauvais du film, est bourré d’incohérences, à commencer par le héros en lui-même, supposément à l’agonie alors que deux secondes plus tard il se bat vigoureusement, sans gène, et effectue même des bonds de plusieurs mètres de hauteur. Une narration qui commence mal donc, mais qui ne se déroulera pas tellement mieux. On y découvre des méchants caricaturaux surjoués (par Michael Clarke Duncan et Colin Farrell), des personnages secondaires sacrifiés avant de devenir intéressants, et d’autres qui ne servent tout simplement à rien, là uniquement pour respecter le comics d’origine. De même, si certaines séquences ont de la gueule, l’aspect esthétique est globalement très kitsch. Pas foncièrement mauvais et même assez intéressant sur son principe, le film demeure un pur produit de divertissement pas bien inspiré qui fait parti de la longue liste des débuts en demi-teinte du genre super-héroïque.

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Daredevil – Saison 01

Daredevil
2015
Drew Goddard, Steven S. DeKnight

Quand le média Netflix est arrivé avec son service de vidéo à la demande, tout le monde a rit un bon coup, se disant qu’entre le service publique et internet, un abonnement payant n’avait aucune chance. Aujourd’hui, leur côte en bourse a connu la plus grosse progression de l’histoire, compte désormais comme l’une des entreprises les plus importes au monde, et le public n’a de cesse que de saluer la qualité à peine croyable des programmes proposés. Entre des films d’envergure en exclusivités et des séries originales comme Daredevil qui se pose comme l’une des 10 séries les plus appréciées de tous les temps, l’engouement n’est pas près de s’arrêter. C’est d’ailleurs de cette dernière dont il est question aujourd’hui, réussissant l’exploit de fédérer les foules comme jamais alors que jusqu’à présent, le justicier aveugle n’avait connu que deux adaptations, toutes deux cinématographiques, la première ayant eu son petit succès mais avait globalement était mal accueillie (qu’il me semble avoir pourtant adoré à l’époque, cela demande vérification), tandis que la seconde fut jugée tellement ignoble qu’elle ne fut jamais montrée au publique.

Dans cette première saison de treize épisodes de 55 minutes, on découvre le cheminement d’un héros, Daredevil / Matthew Murdock (Charlie Cox), un avocat aveugle d’apparence inoffensif, mais qui devient le masque noir la nuit tombée, un justicier de l’ombre qui tente d’éradiquer le crime dans la ville de New-York, et tout particulièrement à Hell’s Kitchen. Le jour il tente de faire le bien à l’aide de son ami Foggy (Elden Henson) avec qui il tient un cabinet, épaulé par leur assistante Karen Page (Deborah Ann Woll), tendis que la nuit il traque les oppresseurs grâce à son don. Quand il était petit, il a peut-être perdu la vue, mais tous ses autres sens se sont multipliés, et son audition lui permet d’entendre à des centaines de mètres à la ronde, d’analyser le comportement humain en écoutant le rythme cardiaque, ou encore se déplacer à l’aide d’une espèce de sonar ultra développé. Cela fait de lui un adversaire redoutable, et il pourrait bien causer beaucoup de tord aux mafias locales, dirigées par Wilson Fisk (Vincent D’Onofrio), qui souhaite voir brûler la ville pour mieux renaître de ses cendres.

Voilà pourquoi les gens ont adoré The Dark Knight et pourquoi ils ont peu à peu délaissé Smallville : un super-héros, oui, mais le réalisme c’est mieux, et s’il peut éviter de mettre dix saisons pour devenir le symbole qu’on attend, ça soulage. Rassurez vous d’emblée, le Daredevil qu’on attendait arrive dès la première saison, et mieux encore, le justicier sévit déjà dès le premier épisode, même si ça n’est que sous une forme balbutiente. Ainsi, c’est par le biais de flash-back qu’on découvre l’origin story, permettant de donner plus d’impact à certains passages de par l’attachement déjà acquis des personnages. Une narration plus efficace donc, et le dynamisme s’en retrouve amélioré. L’histoire est d’ailleurs très intéressante, car à l’image de la trilogie Batman, le héros n’a, à proprement parler, pas de super-pouvoirs (certaines personnes sont réellement capables de voir par sonar et d’entendre aussi nettement des sons si éloignés), de même que les antagonistes qu’il affronte, et la série baigne dans une même ambiance réaliste et sombre des plus réussies. Le coup des mafias russes et asiatiques n’est pas bien heureux, mais avec un super-vilain aussi charismatique, on en perd pas une miette. Concernant les acteurs, comptant dans leurs rangs Rosario Dawson dans un rôle assez important, le niveau est vraiment excellent. Professionnellement irréprochable et artistique très abouti, bénéficiant d’une réalisation très esthétisée pour de la télévision, la série démarre donc sur les chapeaux de roue, réussissant à se hisser au niveau des plus grands modèles du genre. Une seconde saison débarquera l’an prochain, et si la qualité se maintient, le phénomène pourrait bien perdurer un bon bout de temps.

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Le Mouton enragé

Le Mouton enragé
1974
Michel Deville

Vous vous demandez si vous avez un quelconque pouvoir de séduction ? Vous qui reculez à l’idée qu’une femme puisse être éprise d’un autre, vous doutez de la possibilité de pouvoir charmer toutes les femmes qui soient ? Vous ne savez pas comment évoluer professionnellement, et vous vous dites que de toutes façons vous n’avez peut-être pas ce qu’il faut pour prétendre à plus ? Bref, votre amour propre n’est pas au beau fixe, mais au fond vous n’êtes pas sûr que cela chance quelque chose. Eh bien détrompez vous : celui qui sait où il va, et fait ce qu’il faut pour, y ira sans peine.

Petit employé de banque médiocre, Nicolas Maillet (Jean-Louis Trintignant) ne se posait jusque là pas beaucoup de questions, se disant que le peu qu’il avait lui allait à peu près bien, surtout depuis sa rencontre avec la jeune et belle Marie-Paul (Jane Birkin), égayant son quotidien. Mais un jour, son ami Claude (Jean-Pierre Cassel), souhaitant le tester pour les besoins d’un roman qu’il écrit, lui demandera de séduire la femme d’un ami (Romy Schneider) au cour d’un dîné. Un petit jeu malsain va alors débuter, Claude tenant les rennes du destin de son ami, mais les résultats vont s’avérer stupéfiants. En suivant ses conseilles, Nicolas va devenir un grand séducteur, riche et puissant.

C’est bien beau de se moquer, mais encore faut-il être capable de prendre ça sérieusement. On se dit que foncer c’est le meilleur moyen pour se manger un mur, que de l’ouvrir y’a pas mieux pour se manger une mandale, mais au fond personne ne le fait jamais, ou que très rarement grâce à un remède miracle appelé « alcool ». Une méthode qui mériterait une expérimentation, car la mise en pratique laisse rêveur. Au début on se dit que ça n’est que folie, que l’ami se joue de lui, mais c’est bien là la plus bluffante des expertises. Voir cet homme pas très grand, pas spécialement beau ni musclé, chiant comme la pluie et à la culture d’une huître devenir le plus grand Don Juan de l’histoire, c’est cocasse, et donc extrêmement jouissif tant c’est une ode à l’espoir. Même si le dernier virage est bizarrement négocié, on tient là une œuvre très drôle et bigrement originale. Ça a parfois du bon d’être un mouton quand on a un tel berger.

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The D-Train

The D-Train
2015
Jarrad Paul, Andrew Mogel

Espèce d’abruti de moi même ! C’est bien simple : absolument tous les signes sans exception étaient au rouge, un rouge vif bien dégueulasse même. Incapable de se trouver un distributeur malgré son duo d’affiche assez solide, le film fut obligé de se brader à Sundance où il fut racheté pour seulement deux millions de dollars, soit beaucoup moins que son budget. Bénéficiant d’une belle sortie nationale (plus de mille salles), le film aurait dû être du coup une superbe affaire commerciale, mais il signa le huitième pire démarrage de l’histoire (en terme de moyenne par copies) puis s’effondra dans des propensions dantesques. De plus, il s’agit d’une comédie américaine, chose que je ne supporte quasiment plus. Mais qu’est-ce qui m’a prit…

Tradition pour ainsi dire absente de par chez nous, les retrouvailles entre anciens élèves d’une même classe fait partie intégrante de la culture américaine, et en tout bon américain moyen qui a une vie minable et qui regarde vers le passé avec nostalgie, Dan Landsman (Jack Black) fait tout pour mettre au point une telle réunion. Seulement voilà : tout le monde de son ancienne école s’en fout royalement, et personne ne souhaite venir. En voyant une pub nationale dans laquelle figure le gars le plus populaire de son école de l’époque, Oliver Lawless (James Marsden), il va tout faire pour le convaincre de venir à la fête, car avec lui tous les autres vont rappliquer.

Se rappeler le bon temps, retrouver d’anciens potes, faire le point sur sa vie, regarder en face ses vieux rêves de jeunesse : que des bons sujets, potentiellement drôles ou tragiques. L’histoire du film ne partait pas d’une mauvaise idée, et il y a d’ailleurs beaucoup de bonnes choses, à commencer par le personnage mystique de Lawless dont rien que le nom fait rêver. Un personnage classieux, formidablement représenté, mais il n’est malheureusement pas tout seul, et c’est ça qui fait tout basculer. Au même titre que Kathryn Hahn qui partage sa vie avec lui dans le film, on subira cet espèce de connard obèse, arrogant, égoïste, stupide, sans gêne, menteur et tête-à-claque de Dan, véritable girouette destructrice. Il massacre à lui seul tout le film de par son comportement néfaste, ses remarques honteuses et ses actions détestables. À cause de lui, le film est à la limite de l’insoutenable et on fini noyé par tant de bêtise.

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