Terminator 2 : le Jugement Dernier

Terminator 2 : le Jugement Dernier
1991
James Cameron

Passé dans la cour des grands avec son Terminator, James Cameron revenait à son premier succès après deux autres incursions réussies dans le monde de la science-fiction. Par on ne sait quel miracle de courbette et de motivation, il avait alors réussi à obtenir le plus budget de l’histoire à l’époque, 102 M$, soit largement plus que les recettes mondiales du premier volet, une folie sans commune mesure. Et pourtant, un second miracle eu lieu : les gains de cette suite furent six fois plus importants que l’original (520 M$), une croissance jamais vue en dehors de cette anomalie.

Mettre tous les œufs dans le même panier n’était visiblement pas dans leur habitude. En plus d’avoir tenté d’éliminer John Connor avant sa naissance en s’en prenant à sa mère (Linda Hamilton), les machines ont aussi envoyé un autre Terminator dans le passé, un T-1000 (Robert Patrick) largement plus perfectionné et dangereux, pour éliminer John lors de sa treizième année. Pour lui faire face, le John du futur a réussi à reprogrammer un Terminator de première génération, le T-101 (Arnold Schwarzenegger).

Voilà une suite qui a tout du remake : on prend les même et on recommence. Nouvelle cible à abattre pour un même objectif, changeant juste de méchant, permettant de doubler la mise. Scénaristiquement, il n’y a strictement aucune évolution, si ce n’est qu’on découvre que suite aux révélations du futur, Sarah a été internée (il faut vraiment être débile pour aller raconter cette histoire aux autres… ) et John est devenu un rebelle mécheux. Alors pourquoi le film a aussi bien marché et pourquoi sa popularité est à ce point colossale ? Largement plus fort et impactant que Avatar, le film est l’une des plus grandes révolution visuelle de l’histoire du cinéma. En avance de plus de dix ans sur la concurrence, le film est une véritable claque visuelle qui n’a pas prit une ride. Fini les prothèses dégueulasses et trompe-l’œil bancales du très cheap premier opus, tout est dit dès la première scène où la révolution du numérique ridiculise celle du précédent, mais on retiendra surtout l’irréprochable modélisation du T-1000 avec sa liquéfaction. Et côté action, ça envoie du lourd, à grand renfort d’explosion et de tôle froissée. Un excellent film d’action qui a clairement mérité tout ces Oscars techniques, mais on regrette immanquablement la stagnation de l’histoire et son arrière goût de redite.

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Terminator

Terminator
1985
James Cameron

C’était il y a trente ans déjà, un certain James Cameron dévoilait, après un premier film, suite d’une série Z sur des piranha, son premier film original dont il a cosigné le scénario, avec à la tête du projet dans le rôle du méchant un certain Arnold Schwarzenegger, qui s’était fait connaître du public depuis peu avec les deux volets de Conan le barbare. Un film modeste qui réussi néanmoins à se classer premier lors de sa sortie, connaissant par la suite un maintient phénoménal, de même qu’une exploitation internationale importante, affichant un total de 78 M$ au compteur. Pas de quoi s’octroyer une place dans le classement des plus gros succès de l’année, mais la légende était née.

En 2029, le paysage de la Terre aura largement changé, et pas en bien. Les recherches sur l’intelligence artificielle auront abouti à une nouvelle génération de machines, remettant en cause le jugement des humains, se terminant par une rébellion sanglante. Peu ont survécu, mais c’est encore beaucoup trop pour les machines, incapables de lutter face à la contre-offensive de John Connor. Pour éviter cet affrontement, elles vont décider d’envoyer dans le passé un Terminator (Arnold Schwarzenegger) pour empêcher la naissance de ce révolutionnaire en tuant sa mère, Sarah Connor (Linda Hamilton). Ayant eu vent de cela, John va lui aussi envoyer son missionnaire dans le passé, Kyle Reese (Michael Biehn), en infiltrant la base ennemi pour se servir de leur propre machine.

Véritable référence dans l’univers de la SF, le film a poser les bases d’une nouvelle forme de voyage temporel avec à la clef un bel exemple de boucle. Pas forcément plus réaliste que les tentatives préexistantes, le film propose néanmoins sa propre logique, à l’image des voyages en eux même, ne transportant que des êtres organiques, expliquant ainsi le revêtement du Terminator, sans quoi il n’aurait pu voyager de la sorte. Dans l’absolu, le transport de la matière serait probablement plus facile, mais admettons. Une logique certes personnelle, mais au moins suivie à la lettre, et tout se tient. Les robots ne savent que le nom de la mère de John car les archives de la ville ont brûlé, obligeant à chercher dans l’annuaire, tandis que Kyle a eu le privilège d’être informé par John, expliquant donc son avantage et la mise en place de tout ça. Une histoire très intéressante donc, avec des scènes bien gore et qui envoient du lourd, non sans rappeler son contemporain Robocop, autant du point de vu artistique que technique, notamment pour les maquillages cybernétiques. Néanmoins, ce film étant sorti trois ans avant et ayant un budget moitié moins important, le résultat est forcément un peu cheap et a très mal vieilli. On pense notamment à la scène de l’œil, faisant clairement appel à une marionnette risible. Un très bon film donc, qui restera à jamais une référence, mais le temps ne lui rend pas hommage.

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L’Enquête

L’Enquête
2015
Vincent Garenq

On s’en souvient, l’affaire Clearstream avait provoqué un séisme à partir des toutes premières révélations, poursuivit par quelques répliques les années d’après. Une affaire qui démontrait l’implication des gouvernements et des grandes entreprises dans le monde entier dans un vaste plan de malversations financières, incluant des détournements et du blanchiment en masse. Beaucoup ont encore l’image en tête d’un Villepin visant la présidence de la république, voulant tirer avantage de la participation de Nicolas Sarkozy au financement occulte de la campagne de Baladur pour l’éliminer définitivement du circuit politique, largement reprit par « Les Guignols » avec le célèbre renning gag du nain qu’il faut écraser. Mais bon, on connait la suite : tout cela a été classé sans suite, le nain est devenu président, il essaye de revenir, on a encore tenté de mettre à jour ses malversations avec sa propre campagne douteuse, il s’en sort toujours, et s’il arrive à écarter Jupé, il pourrait bien revenir à son ancien poste. Plus centré sur les banques et les entreprises qui se sont chargées des transactions, le film raconte donc l’enquête qu’avait mené à l’époque le journaliste Denis Robert (Gilles Lellouche), principalement soutenu par le courageux juge Van Ruymbeke (Charles Berling).

Aussi passionnante que soit cette histoire sur l’envers du décors, mettant en lumière la cupidité qu’on soupçonnait, elle n’en reste pas moins toujours autant secrète, la plupart des pièces à conviction ayant été détruites, cachées ou classées secret défense, puisque l’un des points centraux de cette affaire est les frégates de Taïwan dans lequel le gouvernement français aurait illégalement prélevé une commission dans cette vente d’armes. Le film montre donc le combat de David contre Goliath, un homme presque seul face aux plus grandes puissances mondiales. Facile à comprendre, le film nous montre donc la tension et les enjeux des coulisses, emmené par un journaliste charismatique derrière lequel on se range aisément. Ça marche donc plutôt bien, mais la déception de la réalité nous rattrape un peu, et l’enquête patine régulièrement. On apprend pas grand chose au final, et le débat n’avance pas non plus. Un film intéressant, mais à réserver plus à ce qui sont passés à côté de ce fait d’actualité.

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Un moment d’égarement

Un moment d’égarement
2015
Jean-François Richet

Pas spécialement aimé, pas tellement populaire non plus avec ses neuf-cent mille entrées, le film éponyme de 1977 trouve pourtant ici un remake, qui est parti pour faire à peu de choses près un score final semblable. Une affaire de nostalgie il faut croire puisque c’est ici le fils du réalisateur du premier film qui reprend les rennes. Mais alors pourquoi s’y intéresser me direz-vous ? Un casting intéressant et une histoire correspondant au fantasme de tout homme : trouver une jeune minette pour ses vieux jours.

Meilleurs amis depuis longtemps, Antoine (François Cluzet) et Laurent (Vincent Cassel) vont partir passer l’été avec leurs filles en Corse, respectivement Louna (Lola Le Lann) et Marie (Alice Isaaz). Des petites vacances qui s’annonçaient tranquilles malgré les quelques caprices de sortie de leurs filles, mais les choses vont commencer à déraper quand Louna va tomber amoureuse de Laurent. Profitant d’un moment d’égarement de sa part lors d’une soirée arrosée, elle va réussir à le faire craquer, l’entraînant dans une spirale chaotique.

C’est bien connu, les filles aiment les hommes plus âgés. En fait, c’est plutôt qu’elles aiment toutes, quelque soit leur âge, l’homme encore fort mais grisonnant, glissant de la quarantaine à la cinquantaine. Au sommet de sa forme physique, de son sex-appeal, et souvent au sommet de sa gloire professionnelle. Bref, l’homme riche, confiant et beau, et avec un Vincent Cassel pour qui la vieillesse a de beaux restes, lui conférant un charme inédit, la représentation est parfaite. Pour son fruit défendu, la jeune débutante tout juste majeure au moment du tournage, et en deçà de quelques mois dans l’histoire afin d’augmenter la culpabilité en basculant dans le détournement de mineur, l’alchimie est au rendez-vous. L’actrice, quoiqu’un peu trop menue, a en effet un corps envoûtant, et son numéro de charme est irrésistible. Ainsi, le petit jeu est très sensuelle, et on y croit vraiment. Mais en dehors de ce tandem magique, aussi excitant que drôle, on retiendra aussi l’éblouissante Alice Isaaz, parfaite dans chacun de ses films, qui subjugue une fois de plus, non seulement de par sa beauté ahurissante, mais aussi de par son jeu bluffant, qui d’un simple regard peu faire basculer l’histoire. Comme prévu, l’histoire est cousue de fils blancs, mais la morale n’est pas aussi écrasante qu’on aurait pu le craindre (et la conclusion soulève quelques doutes), la tension faisant jeu égal avec le jeu de séduction, et avec un si bon casting on passe un excellent moment. Voilà qui donne envie de s’égarer !

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Kingsman : Services secrets

Kingsman : Services secrets
2015
Matthew Vaughn

Si les films d’espionnages sont en général gage de qualité avec le renouveau de la saga James Bond, les Mission : Impossible et la première excellente trilogie Jason Bourne, les déclinaisons plus jeunes et décalées sont souvent elles aussi très sympathiques à l’image de deux Cody Banks ou de Alex Rider. Donc voir arriver un nouveau dans la course ne pouvait qu’être une bonne nouvelle, surtout quand on a aux commandes Matthew Vaughn qui adapte une fois de plus un comics, et le résultat est toujours aussi génial.

À croire que la moitié de Londres est composée d’agents secrets, on découvre ici une toute nouvelle organisation secrète d’espionnage britannique : les Kingsman (comptant dans leurs rangs Michael Caine et Mark Strong). Suite à une mission de sauvetage (pour un Mark Hamill obèse méconnaissable), l’un des leurs s’est fait tuer, ouvrant donc la porte au recrutement. Chacun des membres des Kingsman se doit alors de présenter son candidat, et pour Harry Hart (Colin Firth), son choix se portera sur le fils d’un de ses anciens collègues mort au combat : Eggsy (Taron Egerton). Alors que le milliardaire Valentin (Samuel L. Jackson) s’apprête à mettre à exécution un plan machiavélique, la relève se prépare.

Malgré des qualités indéniables et un style fun qui sait parler aux jeunes, Kick-Ass et X-Men : first class n’étaient pourtant pas des modèles de rentabilité, loin s’en faut. Alors pourquoi lui, pourquoi maintenant ? Les films d’espionnage n’ont jamais été aussi populaires, et le travail du réalisateur étant particulièrement valorisé par une communauté de fans, le voir aux manettes d’une parodie déjantée pouvait en effet être explosif, mais de là à faire autant d’entrées (404 M$ au dernier pointage), le film a visiblement su convaincre au delà du cercle habituel. Bien sûr, on peut attribuer une grande partie du succès à l’exceptionnel Colin Firth qui n’en fini plus de démontrer l’infinité de son talent et de sa classe, mais il est aussi particulièrement bien épaulé, non seulement par des colosses du milieu, mais aussi par un jeune héros débutant prometteur, une nouvelle tête rafraîchissante pour un personnage très bien écrit auquel on s’identifie aisément. Le rythme est excellent, le montage dynamique, et l’humour marche parfaitement, brisant le côté classique et prévisible du scénario par des gags totalement gratuits mais jouissifs à l’image de la princesse. Une suite est déjà en préparation, une nouvelle réjouissante tant le potentiel est grand, et en l’occurence pleinement exploité. Une belle surprise qui a su tirer son épingle du jeu, et c’est amplement mérité.

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Vice Versa

Vice Versa
2015
Pete Docter

Récemment encensé à Cannes, le film est désormais sorti, avec à la clef des critiques extraordinaires et un démarrage record aux Etats-Unis, 90.4 M$ sur son seul weekend, faisant du film non seulement le meilleur perdant de l’histoire (ayant malgré tout fini derrière le monstrueux Jurassic World qui n’en fini plus de faire tomber tous les records) mais bat aussi le record d’Avatar du plus gros démarrage pour un film original (c’est-à-dire n’appartenant ni à une franchise ni à à une œuvre littéraire ou autre chose préexistante). L’idée de base était effectivement originale et pleine de promesses, mais l’engouement est un peu exagéré.

Que se passe t-il dans nos petite têtes ? Dans cette coproduction Disney / Pixar, on nous propose de découvrir l’enfance de Riley, et plus précisément le tournant de sa vie : son déménagement, passant de sa belle vie tranquille et insouciante de la campagne du Minnesota (ou Oregon, truc du genre) à une vie bruyante dans la lugubre ville de San Francisco. Une histoire vue par les yeux de ces cinq émotions primaires : la joie (Charlotte Le Bon), la tristesse (Marilou Berry), la peur (Pierre Niney), le dégoût (Mélanie Laurent) et la colère (Gilles Lellouche).

Cinq émotions, cinq personnages types, avec une représentation de chaque pour toute chose douée de conscience, excepté les consciences elles-même, sans quoi on risquerait de reboucler à l’infini. Mais donc voilà, les personnages principaux du film sont limités par un attribut émotionnel, et le risque de voir des personnages au fond très caricaturaux et pauvres était grand, mais finalement cela passe assez bien. Bravo d’ailleurs au passage aux doubleurs pour leur travail remarquable, leurs voix étant presque toutes méconnaissables, l’acteur s’effaçant au profit de l’identité propre du personnage. Un principe d’émotions qui marche très bien, d’autant que l’univers est plus travaillé qu’il n’y paraît, proposant tout une gestion des souvenirs et de la personnalité à la fois drôle et pertinente, possédant aussi quelques ressorts dramatiques quand l’histoire le réclame. Le scénario, ultra classique puisque prenant l’exemple d’une vie typique, est néanmoins très solide avec son parti prit de livrer un décryptage de notre philosophie, mode de pensé et autre approche de la vie en général. Une vision loin d’être superficielle, et au ressort ludique important, et comme le film se destine surtout aux enfants, c’est probablement cet aspect qui a à ce point conquit. La perfection est en revanche bien loin, n’utilisant pas assez les cinq émotions des autres personnages, pourtant de loin le meilleur ressort comique, et l’aventure des deux perdues possède quelques lourdeurs. Mais le plus grave est à mettre au crédit de la patte artistique, pas tellement convaincante entre une technique désuète et des designs parfois repoussants. Une brillante idée instructive pour les enfants et amusante pour les adultes, proposant une étude complète et poussée de la psychologie humaine, mais ça n’est pas le bijou exceptionnel annoncé.

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Pleasantville

Pleasantville
1999
Gary Ross

Pour rester dans le thème de la nostalgie et des films de qualité, voici une des plus belles pépites originales du genre, nous plongeant dans un cadre magnifique et idyllique à la Truman Show, mais dans un genre inversé. Ce coup-ci, ça n’est pas une illusion pour une seule personne, mais au contraire, seules deux personnes s’invitent dans un monde d’illusion. Une brillante idée qui n’a malheureusement pas trouvé son public à l’époque, mais tachons d’y remédier.

Fin des années 90 la situation n’était pas si différente de maintenant. Les choses allait un peu mieux, mais ont prédisait un avenir sombre, promettant aux nouvelles générations cataclysmes écologiques et chômage de masse. Pas étonnant alors que David (Tobey Maguire) préfère se réfugier dans les années 60, regardant avec nostalgie la série Pleasantville, témoignage d’une simplicité et d’un bonheur passé. Une hérésie pour sa sœur (Reese Witherspoon) qui vit en harmonie avec son temps. Pour apprendre à l’un comme à l’autre, un énigmatique réparateur télé va les plonger tout les deux dans une dimension parallèle où la série est une réalité.

Bien sûr, aujourd’hui nous avons accès à une largement meilleure médecine, permettant de profiter des joies de la vie plus longtemps, et la technologie a apporté son lot de conforts et de plaisirs nouveaux, représentant une chance unique. Et en résonnant de la sorte, nulle doute que le futur serait encore plus agréable à vivre. Et pourtant, nombreux sont ceux qui regarde en arrière avec regret, fantasmant à l’idée d’une vie de banlieusard des années 60 aux Etats-Unis, où faire quelques rimes médiocres suffit à faire de vous un publicitaire de renom, et avec une femme extraordinaire et aimante là pour nous accueillir non sans une certaine reconnaissance. Loin de prôner telle ou telle époque, le film se contente de montrer ce fantasme en live, tout en donnant les clefs aux deux protagonistes pour transformer ce monde à leur image. À l’image du noir et blanc terne et sans âme, le monde s’illuminera peu à peu, à mesure que l’émotion gagnera le cœur de chacun, montrant que derrière les stéréotypes tels que le père de famille réglé comme une montre suisse (William H. Macy), le sportif du lycée (Paul Walker) ou le restaurateur du coin (Jeff Daniels), se cache la fragilité, la fougue et la créativité. Le miroir se brise mais ses éclats sont resplendissants, et il est impossible de rester insensible à un spectacle aussi beau. Un film intelligent et qui fait un bien fou, et on se demande comment notre monde a t-il pu dégénérer aussi vite à ce point.

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Adaline

Adaline
2015
Lee Toland Krieger

Traverser les âges, vivre l’histoire aux premières loges, en faire partie intégrante : le fantasme de l’immortel ne date pas d’hier, mais l’approche cinématographique est souvent la même, à savoir celle fantastique. Vampires, sorcier ou autre créature non-humaine, c’était généralement comme ça que l’immortalité était appréhendée. Mais il y a quelques années, ce fut la révolution, la renaissance du concept dans l’un des plus brillants films de l’histoire : The Man from Earth. Le principe est ici décliné au féminin, où le récit devient une expérience vécue par le spectateur.

Née en 1908, Adaline Bowman (Blake Lively) est décédée 29 ans plus tard dans un accident de voiture une nuit d’hiver, sombrant dans une eau glacée où s’engouffrait sa voiture. Ramenée à la vie par un impact de foudre, elle va se réveiller différente. Il lui faudra quelques années pour s’en rendre compte, mais depuis ce jour elle a cessé de vieillir. Un miracle qui nécessite néanmoins de faire quelques sacrifices, comme changer d’identité et de ville tous les dix ans. Près de huit décennies plus tard, retrouvant l’amour pour la première fois depuis longtemps (en la personne de Michiel Huisman de Game of Thrones, au père incarné par Harrison Ford), elle va plus que jamais prendre conscience du fardeau de sa longévité.

Pas sorti en France malgré un certain succès à domicile, le film a un peu fait parler de lui, mais si peu qu’en me lançant dans l’aventure je n’avais strictement aucune idée du type de film dont il pouvait bien s’agir. Alors découvrir le récit tragique, éblouissant et poétique d’une immortelle incarnée avec une justesse inouï par Blake Lively, pourtant pas une habituée des performances de jeu, avec à la clef une histoire aussi magnifique et passionnante, cela fait sans contestes du film la plus belle surprise depuis des lustres. C’était le tour de force de The Man from Earth : raconter l’histoire d’une personne à travers les âges en développant une fascination. Bien sûr, ce film prenant le parti de montrer ce qui était raconté dans le modèle, l’histoire ne pouvait pas être étalée sur une période aussi large, mais le recentrage autour du XXème siècle marche à la perfection, et quelle que soit l’époque, l’ambiance est incroyablement bien retransmise et fait rêver. Malgré les quelques facilités scénaristiques autour du don éternel, l’approche réaliste du récit donne une sincérité touchante au film, et l’héroïne nous subjugue de bout en bout. Loin d’être parfait, à cause notamment d’une grande prévisibilité, le film est tout de même une fable exceptionnelle, aux qualités narratives indéniables, d’une grande puissance émotionnelle, et emmenée par une actrice vertigineuse.

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Cette sacrée gamine

Cette sacrée gamine
1956
Michel Boisrond

Fantasme de plusieurs générations, icone de la mode, de la beauté, femme parfaite aux courbes servant de référence pour le nombre d’or, au même titre que la bipédie, celle pour qui battent les cœurs du monde entier, mais surtout en France, Brigitte Bardot est sans aucun doute la femme la plus fatale de l’histoire du cinéma français. À 21 ans, après avoir commencé sa carrière à peine quatre ans auparavant, ce film était déjà son 17ème, c’est dire à quel point tout le monde se l’arrachait. Avec 4 millions d’entrées, ce film participa lui aussi à bâtir la légende, mais vu la piètre qualité du film, pas de doute que le succès fut uniquement dû aux beaux yeux de l’actrice.

Victime de ragots infondés qui pourtant pourrait lui valoir la prison, Paul Latour, directeur d’un cabaret, va décider de chercher de l’aide en Suisse, confiant le soin de récupérer et cacher sa fille, Brigitte (Brigitte Bardot), à son chanteur fétiche. Ce dernier, prit au dépourvu, va accepter au nom de leur amitié. Il va alors découvrir une gamine de dix ans plus jeune, d’une maladresse incroyable et ô combien envahissante. Une occupation dont il avait nulle besoin avec son mariage en perspective.

Suspense, son mariage va t-il tenir ? Ou alors, comme 100% des hommes, va t-il tomber amoureux de cette « gamine » ? Ah que les hommes sont faibles et les femmes aguicheuses ! Mais bon après tout l’histoire aurait pu trouver son originalité ailleurs. Seulement voilà, on tient là l’un des scénarios les plus stupides jamais écrit, brillant par l’ingéniosité de ses protagonistes. Quel génie que d’avoir pensé à faire passer la fille pour une SDF amnésique que la police lui aurait confié ! Puis tour à tour jouer la carte de la nièce et de la sœur, quel talent ! De même, pour aider les spectateurs les plus cons qui n’ont pas compris que le monsieur est tombé amoureux de la jeunette, ce n’est pas un, ni même trois, mais bien cinq rêves d’affilés et de belle taille qui viendront mettre les points sur les i. Quelle sublime finesse ! Presque aussi fin que le combat géant final, du grand art ! Mention spéciale aussi à l’ingénieur son, établissant un sans faute quant à balancer des bruitages totalement hors de propos. Bref, une honte absolue d’une bêtise affolante, et on a rarement vu une femme à ce point objet (prototype ahurissant de la nunuche bonasse), donc même les amoureux transits n’y trouveront pas leur compte, surtout niveau nudité. Chou blanc.

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Mon fils Jack

Mon fils Jack
2008
Brian Kirk (III)

Avant de devenir médecin russe dans une série pour le moins originale, A Young Doctor’s Notebook, le plus célèbre sorcier au monde a déjà eu une expérience remarquée ayant elle aussi pour thème la première guerre mondiale, l’occasion d’explorer un autre point de vu de l’histoire par le biais de ce téléfilm britannique diffusé en novembre 2007 et sorti en DVD chez nous pile un an plus tard.

Le film s’intéresse donc à l’engagement anglo-saxon durant la guerre de 14-18, et plus particulièrement de l’investissement de la famille Kipling dont le père, célèbre poète, militait pour un engagement massif des hommes pour défendre les valeurs du royaume. Son fils, John (Daniel Radcliffe), Jack étant le surnom donné aux soldats, souhaitant gagner son indépendance et rendre son père fier, bataillait pour intégrer les rangs de l’armée, mais à cause d’une myopie sévère, chaque docteur le déclarait inapte. Faisant jouer ses relations, Kipling va finalement réussir à faire intégrer son fils, au grand dam de sa sœur (Carey Mulligan), légitimement inquiète pour lui tant le front est impitoyable et les survivants rares.

Le fait qu’il s’agisse d’un téléfilm n’échappera à personne tant la réalisation est catastrophique. Presque aucun plan stable, surtout en extérieur, pour un résultat encore plus déstabilisant que du found-footage. Les cadrages sont horribles, et la qualité d’image est vieillotte, pleine de grains. Mais à part ça, le film est assez bon, non sans rappeler les références du genre en matière de flegme britannique, comptant sur un casting très bon, tout particulièrement les deux enfants du poète, l’aînée étant plus qu’attendrissante. L’histoire est intéressante, dévoilant une armée britannique ridicule, se faisant en grande partie exterminer dès le premier jour, puis enchaînant bavures et maladresses. Des bilans terribles et peu glorieux, permettant de faire monter la pression autour de l’inévitable mobilisation de la division de John. L’ambiance est assez prenante, et avec une musique très belle, on se laisse emporter. La fin traîne un peu en longueur mais globalement le montage est solide. Un film émouvant et très bon, bien que souffrant de son absence de budget.

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