Mai 2015

Le regain de popularité du site se confirme, s’amplifie, et à nouveau le record de fréquentation tombe, se rapprochant un peu plus de la barre symbolique des 1000 visites dans le mois, qui sera à n’en point douter atteinte sous peu. Les gens sont toujours aussi peu bavards, mais bon, au moins ils sont présents. Merci à tous !

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The Gambler

The Gambler
2015
Rupert Wyatt

Malgré un succès modeste aux Etats-Unis au Noël dernier, le film n’est pour ainsi dire pas sorti de ses frontières, et il débarque enfin en France, mais sans passer par la case cinéma. Et il aurait été dommage d’en être privé plus longtemps tant cette réadaptation de Dostoïevski prouve non seulement que les remakes sont parfois une bonne chose, mais qu’en plus Mark Wahlberg, qui a perdu trente kilos pour le rôle, est encore capable de faire autre chose que des comédies lourdingues et des gros blockbusters commerciaux.

Être né dans le luxe, ça rend les choses évidemment plus faciles, mais on perd alors la récompense du labeur. Pour Jim (Mark Wahlberg), c’est un peu le drame de sa vie : à force de tout avoir il a perdu goût à tout. Bien nanti, beau, intelligent, romancier reconnu et professeur d’université de renom, il avait absolument tout dans la vie, mais la seule chose qui le motivait vraiment, c’était perdre. Perdre des sommes astronomiques au jeu, s’endetter au près de mafieux dangereux, et laisser courir la créance. Après une autre soirée comme il les aime, son prêt dépassait la barre du quart de million de dollar. Au pied du mur et souhaitant rembourser en s’endettant encore plus, il va alors se tourner vers Frank (John Goodman), le plus dangereux de tous les mafieux du coin. Un parieur, ça ne sait jamais quand il faut s’arrêter.

S’il y a bien un sujet avec lequel on ne se trompe jamais, c’est bien celui du monde de la nuit des casinos. Voir des sommes vertigineuses sur la table, capables de changer votre vie à jamais, ça fait rêver, mais il ne faut jamais oublier que le casino gagne toujours. Un art dans lequel le film est maître, négociant le suspens des cartes à la perfection, et on est littéralement happé par l’ambiance. Mais d’un autre côté, le héros laisse perplexe au début à force de ne jamais s’arrêter, comme si la somme sur la table l’indifférait, et qu’il attendait simplement le moment de la délivrance où le croupier gagne. Une touche d’étrangeté se mêle donc au film, mais qui s’appréhende au fur et à mesure et devient au final un véritable atout tant ce héros torturé est intéressant, et son absence de limite et son côté quasi suicidaire donne un jeu original, d’autant que parfaitement géré. Mais un autre univers non moins intéressant s’ajoute au précédent : celui de l’université. Voir un prof dire ses quatre vérités aux élèves, faire preuve d’autant de franchise et d’authenticité, c’est tellement rafraîchissant. Plus encore, la romance avec la spectaculaire Brie Larson est une franche réussite, permettant d’amener une évolution secondaire au scénario donnant le change et nourrissant l’imaginaire du spectateur qui peut alors entrevoir plus d’options. Drôle et intense, le film réussi avec brio cette plongée dans un esprit torturé qui fonce vers le monde le moins accueillant qui soit. Un film original et maîtrisé de bout en bout.

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Les Souvenirs

Les Souvenirs
2015
Jean-Paul Rouve

Troisième film au compteur pour le tout frais réalisateur Jean-Paul Rouve, qui après des débuts calamiteux à la télévision a su s’imposer comme acteur, la plupart du temps comico-tragique, et qui revient à la réalisation après un certes cuisant échec commercial Quand je serai petit, mais qui n’étais pas loin du chef d’œuvre, et qui proposait en tout cas quelques chose d’osé et de nouveau, contrairement à son premier film oubliable. Enfin populaire cette fois ci avec un peu plus d’un million d’entrées, sans égaler son précédent film il confirme néanmoins son statut de cinéaste en devenir.

Que faire de ses vieux ? Arrivé à un certain âge, la maladresse et la sénilité deviennent un fléau mettant en péril leurs vies, surtout quand la solitude vient s’y mêler. C’est le cas de Madeleine (Annie Cordy), récemment devenue veuve, dont la situation inquiétait l’entourage. À 85 ans, seule dans un appartement, ça n’était plus possible, et son fils (Michel Blanc) prit la décision de la mettre en maison de retraite. Un crève cœur pour elle, qui ne voit en l’établissement qu’un mouroir des plus sinistres. Heureusement pour elle, tout le monde n’a pas encore décidé de l’enterrer, comme son petit fils (Mathieu Spinosi), qui voit en elle sa meilleure amie.

Il n’y a pas d’âge pour faire le point sur sa vie, tel est le message du film. D’un côté on a le petit fils, formidablement interprété, qui découvre la vie en explorant celle de sa grand-mère, qui quant à elle prospecte pour vérifier que le monde continuera de tourner sans elle, et de l’autre on a le fils, campé par un Michel Blanc impeccable, déjà retraité, qui a un peu eu une vie de con jusque là, et qui ne sait plus trop quoi faire maintenant, mais qu’importe tant que l’amour de sa vie (Chantal Lauby) est à ses côtés. Le film nous explique aussi qu’on construit nos vies autour de ceux qu’on aime, et qu’il n’y a rien de plus important que la passion. Et cela est fait avec beaucoup de poésie et de tendresse, comme avec le peintre, d’une nullité absolue, mais dont la bonté extrême de l’artiste donne un regard tout autre sur ces œuvres. Malgré la pauvresse de l’histoire, la sensibilité qui lui est portée la rend touchante, et le talent des acteurs fait le reste (avec parmi eux Audrey lamy et William Lebghil). Un film simple et pas franchement novateur, mais qui n’en reste pas moins beau.

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San Andreas

San Andreas
2015
Brad Peyton

Alors qu’une rentabilité outrancière est souvent à la clef, les films catastrophes sont assez rares si on excepte les productions indépendantes, le plus souvent atroces, qui n’ont qu’exceptionnellement les moyens de leurs ambitions. Il n’y a qu’à voir, depuis le retentissant 2012, seul Black Storm a tenté de s’y imposer, mais il ne jouait clairement pas dans le même cour. Retour en force d’un genre délaissé donc, qui devrait faire son petit bonhomme de chemin entre 350 et 500 M$ dans le monde, surtout si la Chine répond en masse, ce qu’elle fera à n’en pas douter vu cette année record.

C’est un fait : à San Andreas une faille colossale menace le pays entier. En effet, la ville est située en pleine intersection de deux plaques tectoniques des plus actives, et elle pourrait bel et bien disparaître du jour au lendemain sans crier gare, emportant avec elle une bonne partie de la région. Dans le film, le scientifique Lawrence (Paul Giamatti) a tenté de prévenir la menace, mais trop tard : le mécanisme était déjà lancé. Boy-scout et sauveur de l’Amérique, que dis-je du monde, de l’univers et des dix dimensions, l’invincible Dwayne Johnson devra alors lutter pour sa survie, mais aussi sauver sa femme (Carla Gugino) et sa fille (Alexandra Daddario), abandonnée par son lâche de beau père (Ioan Gruffudd).

Un scientifique qui veut prévenir le monde d’une catastrophe imminente, un acteur bancable qui joue un père allant porter secours à son enfant, incarné par une valeur montante, le tout sur fond de cataclysme. Eh oui, on a là un copié-collé à peine dissimulé du Jour d’après, nous foutant une catastrophe naturelle qui prend des propensions dantesques avec le même traitement scénaristique derrière, y compris pour la romance de l’enfant, qui n’a d’ailleurs que 13 ans de moins que les parents (et pourtant à l’image ça passe). Certes, il y a quelques changements pour les rôles, et le froid est remplacé par des séismes, mais les deux films restent très similaires. Une formule qui a déjà porté ses fruits et prouvé son efficacité, donc ça n’est pas une mauvaise chose après tout, surtout que celui-ci va un peu plus loin, notamment en terme d’imagerie. Les grosses séquences sont plus nombreuses, le taux de destruction est imparable, mais un point fait que le film n’arrive pas à surpasser ni même égaler son maître : les séismes sont redondants. Au bout du dixième tremblement de terre, aboutissement au même affaissement de terrain et d’immeubles, on se lasse. Heureusement, le tsunami vient donner un coup de boost pour la fin, bouleversant le paysage et proposant un défi nouveau, permettant de partir sur un peu plus de diversité. Pas de soucis, le spectacle est largement assuré, mais on aurait aimé un produit un peu moins commercial et plus recherché, dépassant un peu son sujet de base.

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22 Jump Street

22 Jump Street
2014
Phil Lord, Christopher Miller

On ne l’attendait pas forcément mais la voilà, la suite de la sympathique comédie déjantée 21 Jump Street. Après tout le tandem marchait du tonnerre et le coup de deux pseudos flics censés s’infiltrer dans un milieu pour déjouer le crime peut se multiplier à l’infini (voir le générique de fin), donc cette suite allait probablement bien marcher aussi. Le résultat fut tout de même au delà de toutes espérances : une hausse spectaculaire (331 Vs 201 M$), surtout hors Etats-Unis où le marché a plus que doublé. Un succès à mettre surtout au crédit de la popularité du premier volet, puisque celui-ci ne se distingue pas outre mesure.

Improbables lycéens attardés sous couverture pour démanteler un trafic de drogues, Schmidt (Jonah Hill) et Jenko (Channing Tatum) sont de retour pour mettre à mal un nouveau cartel dont leur nouvelle drogue, la Wifi, fait des ravages dans le milieu universitaire. Eux qui n’ont jamais mit les pieds dans une fac, ils vont devoir se fondre dans la masse pour mener l’enquête.

C’était pourtant il n’y a que deux ans, mais mes souvenirs du premier étaient flous. Bloqué sur quelques gags trop visuels et en dessous de la ceinture, j’avais oublié que globalement le film était drôle, très drôle même, et en voyant le coup de la pieuvre et l’honteuse impro mexicaine, j’ai cru que j’étais replongé dans les méandres de la comédie américaine. D’autant que le film s’annonce lui même comme un quasi remake du premier, disant clairement que les gens ont aimé leur investigation et que du coup ils sont de retour avec du plus gros matos, glissant au passage un clin d’œil pas très discret pour un troisième volet déjà prévu. Puis arrivé à l’université c’est une avalanche de clichés ahurissants, et pourtant ça marche. Reposant sur le style parodique, le film malmène le genre du film d’espionnage en le tournant en ridicule, car plus c’est gros mieux ça passe. C’est subtilement grossier, notamment pour le viol en prison et surtout le « tour de stade » de Schmidt après sa nuit musclée, nous préparant à des moments d’anthologie. Néanmoins, cette seconde aventure évite de sombrer dans la vulgarité et fait plus d’effort d’imagination pour ses gags visuels. Le cadre change et l’efficacité reste entière, et avec un générique de fin magnifique on dit amen. Pour les suites, le potentiel reste entier, mais quant au cross-over avec Men in Black, la prudence est de mise.

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Cinquante Nuances de Grey

Cinquante Nuances de Grey
2015
Sam Taylor-Johnson

J’ignorais que le public de romans érotiques était aussi important, au point de faire du livre de E.L. James un best-seller mondial, et surtout de susciter autant d’intérêt pour une adaptation cinématographique. Une pétition a même circulé après l’annonce du casting pour en changer, suite à quoi le Grey initial – qui aurait sans nul doute été meilleur – a jeté l’éponge. Des fans virulents, une sortie idéale en pleine Saint-Valentin : on s’attendait à du lourd, mais pas à ce point. Près de 570 M$ dans le monde, quatre millions d’entrées en France. Un carton monumental qui ne laisse place qu’à une seule question. Est-ce une adaptation complètement bancale et outrageusement censurée ou le roman est-il à la base si ennuyeux et pudique ?

Oh oui, vient me dévergonder grand fou ! Typiquement le fantasme de la frustrée mal-baisée qui a envie de jouer les assistées de la vie en faisant un beau mariage. D’un côté on a Anastasia (Dakota Johnson), le prototype de la petite étudiante allumeuse qui joue les saintes-nitouches, et de l’autre Christian Grey (Jamie Dornan), pauvre orphelin plein de traumatismes qui s’est bâti tout seul et qui aujourd’hui est à la tête d’un empire qui vaut plusieurs milliards. Au détour d’une interview fortuite, elle va tomber sous le charme du beau et jeune milliardaire plein d’assurance, qui à son tour s’intéressera beaucoup à elle, s’imaginant déjà pervertir la jeune ingénue. Amateur de bondage et de sadomasochisme, il va tenter de l’initier.

Est-ce possible ? Y a t-il tant de femmes si frustrées sexuellement que quelques fessées et l’idée d’être attachée suffisent pour les émoustiller ? Outre d’évidents problèmes inhérents au film, son principe de base est probablement sa plus grande erreur. Qu’on se le dise clairement, à moins de ne pas avoir l’âge requis ou de sortir d’un couvant, il n’y a strictement aucune chance pour que vous y découvriez quelque chose ou que vous soyez choqué. C’est tout simplement de la sexualité de catholiques conservateurs à laquelle on assiste : ultra soft, atrocement mou, et au final ça n’est que de la piètre mise en scène pour l’acte au sens classique du terme à quelques coups de langue près (Burn After Reading était bien plus osé par rapport à sa machine). Tout est dit lors de l’une des rares scènes intéressante du film, celle du contrat (car oui, l’homme est si autoritaire et méticuleux qu’il a un contrat de fornication, et il fait une dizaine de pages) : pas de fist, quelque soit l’orifice. Ça aurait pourtant été infiniment plus ambitieux que tout le reste. Donc bon, pour un film censé être honteusement érotique et sexuellement provocateur, c’est une lourde déception tant c’est d’une banalité confondante, d’autant que pas crédible pour un sou avec l’héroïne qui a un orgasme dès que l’autre la touche. Et au passage, c’est quoi ce délire avec son pantalon ? Le type ne l’enlève presque jamais, pourquoi ? Enfin bon, peut-être que ça sera comme ses traces de brûlures sur le torse, expliqué dans les prochains films.

Donc pour l’intérêt premier du film, c’est mort. Qu’en est-il du reste ? On retrouve là une comédie romantique des plus classiques où les deux amoureux se cherchent tout du long, pour au bout du compte avoir besoin de deux autres films pour peut-être se trouver. Diantre que c’est long ! Mais dans ce domaine le film ne convainc pas beaucoup plus, la faute à des acteurs exécrables, pas aidés par des dialogues d’une bêtise absolue, discréditant chacune de leurs conversations. Et puis forcément, c’est gnangnan à souhait, le type se pliant en quatre pour elle, qui de son côté fait tout pour lui plaire et qu’ils vivent heureux jusqu’à la fin des temps. Et pourtant, il passe son temps à contredire son accord, qu’elle ne respecte d’ailleurs presque jamais, pour des broutilles en plus. La réalisation est sympa, et quelques passages de la BO font plaisir, mais c’est tout ce qu’on aura pour se consoler. L’engouement est invraisemblable, et la suite a vraiment intérêt à épicer les choses, et sévèrement, pour éviter une désertion massive.

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American Sniper

American Sniper
2015
Clint Eastwood

En voilà un film qui aura fait parler de lui. N’ayant jusqu’alors jamais connu de succès flamboyant au box office, l’octogénaire Clint Eastwood a fait sensation avec son film sur le meilleur sniper de l’histoire de l’armée américaine, qui connu le plus gros démarrage pour un mois de janvier aux Etats-Unis, puis a ensuite battu des records au niveau maintien, certes aidé par l’exploitation la plus large vue à ce jour pour un film classé R (interdit aux mineurs non-accompagnés). Au final le film est devenu de très loin le plus gros succès de tous les temps pour son réalisateur, mais aussi pour un film de guerre, ayant terminé sa course à un astronomique 350 M$ à domicile, pour un cumul mondial de 543 M$, explosant là encore le record du réalisateur hors USA grâce à des pays comme la France, ayant fait plus de trois millions d’entrées (bien qu’en deçà de Gran Torino). Mais plus impressionnant encore, quoique peu surprenant vu la razzia passée de Démineur, le film a aussi brillé par de prestigieuses nominations aux Oscars, bien qu’à cause de polémiques sur son incitation à la haine il n’en ressorti qui’avec un prix technique. Comme quoi, beaucoup de bruit pour rien.

Ainsi donc, comme dit précédemment, le film est un biopic sur l’histoire de Chris Kyle (Bradley Cooper), l’homme qui s’avérera être le plus redoutable sniper de l’histoire, ayant tué plus de 200 hommes durant ses années de service. Simple texan bien bouseux qui se complaisait dans son trou, il va un jour prendre conscience de la menace terroriste et décider de s’engager chez les SEAL, élite de la Navy. Le film raconte donc son expérience militaire, mais aussi son semblant de vie normale au travers de son mariage avec Taya (Sienna Miller), rythmé par d’interminables missions d’abord motivées par le sens du devoir, bien vite balayé par l’adrénaline du terrain.

Pourquoi tant de battage sur ce film ? Racoleur par son tonitruant succès et la potentialité de prix étourdissants, ce film n’est en réalité qu’un banal film de guerre comme il en existe des centaines, aussi bon soit-il. La réalisation est efficace mais classique, les acteurs bons mais pas spectaculaires, et le rythme est soutenu mais le film est un chouia long. La façon de montrer comment cet homme est devenu un sanguinaire soldat d’exception est intéressante, mais ça reste un gros con d’américain qui bêle comme un bon mouton, et le portrait qu’on dresse de lui, en dehors du plan militaire, est peu flatteur. Il a toujours été un amant merdique, toujours absent, et la guerre l’a rendu encore plus fou. Néanmoins, il est vrai que l’aspect psychologique est très bien traité, et la scène du barbecue est saisissante. De même, il faut bien avouer que le stress est haletant, la tension bien réelle, et certaines scènes nous happent, à défaut de réussir à nous choquer malgré de vaines tentatives. La mystification du personnage ne marche en revanche pas complètement, et il ne saura détrôner Shooter – tireur d’élite de son titre de référence du genre. Reste que de tous les innombrables films sur la guerre en Irak, celui-ci est un peu plus subtil et intéressant, bien que toujours orienté propagande lourdingue, mais on est loin de la référence absolue qu’on nous vendait.

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Hard Day

Hard Day
2015
Kim Seong-hun

Après le téléfilm américain, place à un autre cinéma qui n’arrive que rarement jusqu’à nos frontières : le sud-coréen. Petite production qui a connu un joli succès à domicile, elle a tout de même fait plus de vingt-cinq mille entrées chez nous, avec à la clef un solide bouche-à-oreille. Reprenant lui aussi le style du thriller, le film joue en revanche la carte du satyrique, nous montrant un héros peu malin faisant systématiquement le pire choix possible.

Sur le chemin de la morgue pour enterrer sa mère, Go Geon-Soo va être surpris par un chien en plein milieu de la route, qu’il va réussir à esquiver, mais pas l’homme déambulant quelques mètres plus loin, tué sur le coup. Prit de panique, il va faire passer cet accident pour un meurtre, emportant le corps dans son coffre. Les choses vont alors se compliquer lorsqu’il va déclencher un conflit avec ses collègues des forces de l’ordre, alors même qu’une enquête vient d’être ouverte sur son service suspecté  de corruption, lui tout particulièrement. Seule solution trouvée : déposer le corps de sa victime dans le cercueil de sa mère. Connerie illimitée, emmerdes à volonté.

Le principe du film est à la fois bon et mauvais. Voir l’homme le plus con du monde en pleine action, tentant de résoudre ses problèmes en en créant de plus graves, c’est très drôle, d’autant plus avec la tête d’ahuri du personnage principal. Le film ne manque d’ailleurs pas d’imagination, arrivant à proposer des solutions systématiquement contradictoires, mais c’est aussi ça son gros problème : c’est trop gros. Personne ne peut être aussi débile, avoir à ce point invariablement tort, et surtout sans jamais se remettre en cause. La cohérence n’est qu’une lointaine chimère tant cet appel à la prison à perpétuité avec quintuple condamnation à mort (quitte à la rétablir en amont) n’a aucun sens. À un moment ou un autre une absence totale de discrétion et de discernement devrait avoir un impact sur l’histoire, mais il n’en est rien. Du coup, on reste assez mitigé entre l’intérêt comique d’une telle folie et l’absence de réel décalage justifiant cette hérésie scénaristique. Un bon film plein de bonne idées, mais plombé par un scénario souvent insupportable.

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Les yeux de l’assassin

Les yeux de l’assassin
2015
Jason Furukawa

Parce que le cinéma, ça n’est pas qu’au cinéma, ni même dans les bacs des magasins, on peut aussi trouver son bonheur à la télévision. Enfin, tout est relatif, mais cette production télévisuelle américaine a fait suffisamment de vagues pour attirer mon attention, et même si elle est très loin d’être indispensable, ça reste un thriller intéressant qui ne donne certes pas le change, mais qui a le mérite d’exister.

Récemment mariée avec un père divorcé, Sarah avait déjà du mal à s’imposer comme seconde mère, d’autant que la pression est énorme à son boulot où le prochain contrat pourrait sceller l’avenir de la boîte, mais ça n’était que des broutilles comparé à ce qui l’attendait. Tout commença par une étrange photo d’elle laissée dans sa boîte aux lettres, puis l’inconnu lui en envoya d’autres sur son téléphone, accompagné de joyeux messages. Une pression invisible aux motivations inconnues, la plongeant dans un stress et une paranoïa intenses.

Difficile de cacher le statut série B du film tant on sent le budget minimaliste et l’équipe un peu maladroite, mais on rentre bien dedans, et l’histoire nous prend assez vite. Le principe du film est clair (du harcèlement qui évolue crescendo), de nombreuses pistes sont ouvertes pour nous brouiller et nous faire spéculer comme des malades, et le suspens est efficace, bien géré et rien ne laisse transparaître jusqu’à la fin. Mais c’est aussi ça le problème : si personne ne pouvait trouver la fin avant la révélation c’est parce que le twist-ending n’est là que pour créer une énorme surprise, mais s’avère complètement bancal et incohérent. Cela remet tout en cause, et certains pans entiers du film s’en retrouvent dénués de sens. C’est dommage car l’ambiance était là, et on finissait par se faire aux acteurs, pas si mauvais, et on aurait clairement préféré que le film garde le côté classique entretenu tout du long, car c’était aussi ça sa force : classique mais efficace. Un bon film plutôt solide, mais qui a un peu raté le coche du twist-ending.

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À la poursuite de demain

À la poursuite de demain
2015
Brad Bird

À l’image des Pirates des Caraïbes, voici un film basé de simples attractions d’un parc Disney : la section ayant pour thème le futur, Tomorrowland, qui se trouve être le titre original du film. C’est faible, presque hors-sujet puisque le film est une production de science-fiction originale, mais en tout cas le matériau de base n’incitait pas à la confiance. Puis vint le premier trailer énigmatique, laissant présager la potentialité de l’un des meilleurs films de l’année, balayé quelques mois plus tard par une bande-annonce plus explicite et moins convaincante, agrémentée d’un titre localisé trop bavard. Et effectivement, si le potentiel était colossal, le film n’est pas à la hauteur.

Reprenant la rumeur comme quoi certains des plus grands esprits (Eiffel, Edison, Tesla, Jules Verne) se sont réunis pour fonder ensemble la société de demain à la fin du XIX°, le film part du principe que les têtes pensantes ont bâti Tomorrowland pour faire un monde meilleur, avec à la tête du projet David Nix (Hugh Laurie). Il y a bien longtemps, Frank Walker (George Clooney) fut choisit par la recruteuse Athena (Raffey Cassidy) pour y œuvrer, mais aujourd’hui ce projet n’est plus qu’un vieux rêve du passé. Mais certaines personnes veulent encore y croire, et Casey Newton (Britt Robertson) sera à son tour choisie, recevant un pins lui faisait entrevoir ce monde.

Typiquement le genre de film bouffé par son ambition, qui veut trop en dire et au final n’en dit pas assez. De ce que l’on en savait au début, à savoir une société secrète futuriste et un pins magique qui permet de le voir, deux principes forts qui aurait pu être géniaux, le film va beaucoup dériver. Déjà, contrairement à ce que l’on aurait pu croire, la jeune fille n’est pas l’unique personnage principal du film, mais doit faire jeu égal avec son « mentor » (bien qu’en réalité les rôles soient inversés), qui occupe même tout le devant de la scène durant l’introduction puisqu’en réalité c’est avant tout son histoire. De même, ni la société ni le pins ne sont ce qu’ils semblent être, et ainsi le film s’avère très loin de ce à quoi on pouvait s’attendre. Une bonne chose qui prouve que le mystère a su rester entier, et beaucoup de choses marchent à la perfection, mais le film reste malheureusement une aberration. Gros blockbuster tout public qui balance des images à sensation dans tous les sens, reposant sur un visuel tape à l’œil et détournant des monuments historiques, et n’hésitant pas à faire ses choux gras dans le bien pensant et l’écologique, il tente pourtant de se distinguer de la masse en abordant une multitude de sujets plus profonds et en souhaitant se donner une ambiance revigorante et pleine d’espoir à la Retour vers le futur. On abordera ainsi la peur de la mort, la quête de soi, d’un but, du voyage spatial, inter-dimensionnel et temporel, du pouvoir de la suggestion, de la destinée, de l’amour homme-machine et forcément de l’existence de l’âme pour ces êtres mécaniques.

Une flopée de thèmes tous très intéressants, mais à force de vouloir tous les explorer, le film ne va jamais au bout des choses, et nombre d’entre eux sont de simples anecdotes là pour justifier un scénario qui a bien du mal à s’imposer, traînant quelques incohérences. Le pins en est un bel exemple tant son fonctionnement soulève nombre de questions, car aussi belle que soit l’idée, elle n’en reste pas moins difficilement justifiable, même en considérant le chien (cf voir le film). De même, inventer des fonctionnalités cachées et ahurissantes aux monuments historiques peut à la rigueur marcher avec du Benjamin Gates et autre Indiana Jones, où le spectacle a toujours prévalu sur la cohérence, mais en l’occurrence ça ne passe pas du tout. Et en cela le film oubli son propre message sur le conformisme hollywoodien puisqu’il fait la même chose, et sa structure narrative ne change guère. Sa fin donne même envie de hurler tant c’est gnangnan, et à ce niveau là John Carter s’en sortait infiniment mieux pour ce qui était de renouer avec la simplicité et l’ambiance d’antan. C’est d’autant plus regrettable que le film avait un potentiel colossal, notamment au travers du personnage d’une certaine androïde qui aurait mérité le soin d’un Chappie, bien plus probant en matière de psychologie robotique, et Britt Robertson est une véritable révélation qu’on aurait aimé mieux exploitée tant c’est uniquement son caractère, et non son intelligence pourtant hors du commun, qui est mit en avant. En somme, énormément de bonnes idées se sont bousculées, mais seul l’aspect grosse aventure pseudo spectaculaire en ressort. Cela suffit pour en faire un bon film, mais il y avait matière à en faire un chef d’œuvre, laissant une impression de gigantesque déception.

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