The Order


The Order
2025
Justin Kurzel

Il y a sept ans sortait le génial BlacKkKlansman, qui parlait avec brio de dérives suprémacistes blancs américains. Et visiblement le sujet ne manque pas d’exemples concrets, Amazon ayant décidé d’en adapter une autre histoire vraie, avec en plus un casting des plus alléchants.

Dans les années 80, un certain Bob (Nicholas Hoult) va lancer sa propre branche de la Nation aryenne, dans l’optique de lancer carrément une armée pour mettre en application la suprématie blanche. Enquêtant sur une série de braquages, un flic local (Tye Sheridan) va être rejoint par un agent du FBI (Jude Law), bien décidé à démanteler le groupe.

Des tarés extrémistes, ce n’est pas ça qui manque aux Etats-Unis, et ce peut être un vrai sujet de voir comment certains arrivent à y voir un vrai but dans leur vie, comment l’argent et le soutien amical / familial devient un vrai piège donnant un enrobage presque noble à des dessins purement répréhensibles (violences, braquages, meurtres). Un thème en or, pour un film totalement à côté de la plaque. Le sujet n’est que peu traité, montrant surtout un déterminisme aveugle, ne creusant ni le comment ni le pourquoi, et les personnages sont aussi stéréotypés que creux. Mais le principal problème vient du rythme, absolument catastrophique. Etonnant de la part de celui qui a pourtant pondu l’exceptionnel Assassin’s Creed, qui outre son respect admirable à l’œuvre originelle, a su y insuffler une grandeur épatante ! Et vraiment comble de l’étrange, il nous accouche d’un film tout aussi brillant et abouti. Un alchimiste des temps modernes, capable de transformer un or insipide en flamboyant excrément.

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Winter Break


Winter Break
2023
Alexander Payne

Chaque année, les cérémonies font des heureux, mais aussi des grands perdants, et par flemme je ne rattrape pas toujours la dizaine de ceux qui concourraient dans la catégorie meilleur film. Pourtant, la thématique du milieu scolaire privé bourgeois américain des années 70 est un sujet gageur comme l’ont prouvé Le Club des empereurs et surtout Le Cercle des poètes disparus. Et le voilà fraîchement débarqué sur Netflix, l’occasion de finalement lui laisser une chance.

L’hiver 1970 est là, Noël approche et les étudiants de Branton s’apprêtent à rentrer chez eux pour les fêtes. Tous ? Non, un certain Angus (Dominic Sessa) va se retrouver seul, obligeant un professeur à rester pour le surveiller, à savoir le pire de tous qu’il déteste par dessus tout, monsieur strabisme Hunham (Paul Giamatti), sans compter la cuisinière (Da’Vine Joy Randolph). Contre mauvaise fortune, il faut parfois savoir faire bon cœur, et l’adversité peut par moment rapprocher.

Des gens que tout oppose, qui vont apprendre à se connaître, voir s’apprécier de par les circonstances. Un concept vieux comme le cinéma, qui aura marqué à plus d’une reprise comme avec The Breakfast club notamment. Le trio d’affiche est assez bon, mais loin de valoir l’avalanche de prix et nominations reçus, avec surtout un Oscar pour la cuisinière, et l’ensemble est long à se mettre en place, pour pas grand chose. Les retardataires sont trop mis en avant pour finalement disparaître peu après, et nombre d’histoires sont développées dans le vent, comme la romance furtive, pourtant pleine de potentiel. On s’éparpille de partout, et au final seule la relation père/fils fonctionne réellement. Même la démarche du film questionne. Si on s’amuse de voir tous les anciens logos, et une façon de filmer, un style de pellicule très à l’ancienne, on ne peut que s’interroger sur l’arrivisme d’une telle démarche. Et puis surtout, le poids de ses illustres modèles pèsent lourdement sur cette petite histoire un peu banale pour s’imposer. Mouef…

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The Electric State


The Electric State
2025
Joe Russo, Anthony Russo

Nous y voilà, le blockbuster ultime de chez Netflix. Après avoir fait l’assez réussi mais un peu décevant The Gray Man, qui avait déjà coûté un bras avec 200 M$, et avant de rempiler dans l’univers Marvel pour faire à nouveau les prochains Avengers, les frères Russo ont explosé tous les compteurs avec un très médiatisé 320 M$ de budget, un chiffre astronomique le plaçant dans le top cinq de tous les temps. Le spectacle est-il à la hauteur ? Non, mais en même temps, depuis la première bande-annonce peu engageante, pas grand monde n’y croyait.

L’histoire nous place dans une réalité alternative où l’IA aurait été inventée début des années 90, explosant d’emblée pour une révolte robotique majeur, entraînant une guerre qui a changé la face du monde. Jessica (Millie Bobby Brown), une ado en quête de repères dans ce monde qu’elle rejette, va faire la rencontre d’un robot avec IA, apparemment doté de la conscience de son frère. Est-il encore vivant ? Où ?

Pourquoi ça aurait pu être génial ? Budget illimité, visuels steampunk originaux, vraie style graphique appuyé, des enjeux planétaire, un complot d’envergure, et normalement pas des tacherons à la barre vu la réussite colossale d’Infinity War et Endgame. Même le casting était un sacré argument entre Eleven, Chris Pratt, Stanley Tucci, Giancarlo Esposito ou encore Ke Huy Quan. Pourquoi le projet ne pouvait de toutes façons pas être une immense claque ? Le concept de base est affolant de bêtise : une telle innovation technologique n’aurait jamais naître et encore moins exploser à une telle vitesse dans les années 90, et ce qui est à la base de tout est d’un ridicule confondant. Et quand on pense steampunk, la richesse de l’univers ou l’ambition visuelle, on est à des années lumières en dessous de Mortal Engines, qui peina à atteindre les 85 M$ mondiaux dans un contexte bien plus favorable, donc c’est dire à quel point une sortie ciné en aurait fait la plus grosse plantade de l’histoire tant les 800 M$ de recette qu’auraient demander un tel investissement ne pouvaient qu’être un objectif inatteignable, de près ou de loin. Est-ce une énorme merde pour autant ? Eh bien oui, malgré quelques plans sympas et globalement des FX soignés, en termes de grandiose c’est plat à en crever, le scénario est une autoroute fainéante, les personnages sont creux comme pas possible, et le style m’a par moments rebuté tant la ville des robots tient plus du musée des horreurs à la Cantina. Mais au moins l’humour est plutôt efficace, et dire que tout est raté serait abusif, car au fond le divertissement est clairement honnête. Mais 320 M$ pour ça ? 50 M$ par tête d’affiche, et autant pour chacun des frères, pour un film qui dans le dure aura probablement coûté moins de 100 M$, voilà la réalité de cette production moins ambitieuse que promis, tenant plus du braquage fait à la va vite pour du contenu de plateforme, qui vu les retours y réfléchira à deux fois avant de remettre autant sur la table pour un projet si frauduleux. Tout ça pour ça…

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Les Risques du Métier


Les Risques du Métier
1967
André Cayatte

Après avoir vu le très bon Pas de vagues, mais légèrement frustré par l’absence de zones de trouble autour de la vérité, d’une limpidité éclatante, de même qu’une concentration trop importante autour de l’affaire, pas de ses conséquences au delà, j’avais vu nulle autre que mon frère partager quelques réserves sur ce même film, se rappelant au souvenir – pour sa part – plus mémorable de celui dont il est ici question. Question de goût.

Une adolescente débraillée rentre en pleurant chez elle, lâchant une nouvelle qui va bouleverser tout le village : l’instituteur (Jacques Brel) a essayé de la violer. Allons bon ! Alors que le maire prend l’affaire avec légèreté, la petite n’en démord pas, et alors que l’instituteur lui-même n’en revient pas et ne prend pas la mesure des accusations portées, l’affaire va vite exploser quand deux autres de ses élèves vont porter des accusations plus graves encore.

Le film n’est pas sans rappeler La Chasse dans le genre accusation semblant sortir de nulle part, avec des policiers avides de sang n’hésitant pas à orienter les questions pour alimenter le lynchage général. L’animal est mis à mort ! Qui en veut ? On a donc pas le moindre suspense entourant la vérité, peut-être la faute à des enfants cabotins ou à un Jacques Brel trop messianique, mais au moins la tension est présente quant à la finalité de l’histoire tant le piège du mensonge est dur à défaire. On notera une Emmanuelle Riva en femme dévouée très touchante, et on se rappellera au bon souvenir de cette époque qui semblait plus douce, mais qui visiblement pouvait avoir son lot de saloperies humaines. En revanche, outre ses problématiques plus modernes, je trouve que Pas de vagues traitait bien mieux la détresse psychologique de l’accusé, et de fait m’a semblé plus pertinent dans ses propos, voir plus abouti dans sa démarche.

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Peppermint


Peppermint
2018
Pierre Morel

Un peu passé inaperçu au moment de sa sortie, le film signe pourtant le retour de Pierre Morel au cinéma qui a fait sa renommée avec Taken : le film d’action de vengeance. Il faut dire qu’avec son très raté Gunman entre les deux, ou pire encore, l’infame From Paris with love, la prudence était de mise.

Une fois n’est pas coutume, c’est une femme qui sera cette figure vengeresse de l’ombre massacrant tout sur son passage. Après avoir vu son mari et sa fille se faire assassiner sous ses yeux par un cartel sur la base d’une simple rumeur infondée, puis ayant vu la justice incapable de faire travail, Riley North (Jennifer Garner) va partir en croisade contre le crime, bien décidée à infliger le châtiment que tous ceux impliqués dans le meurtre de sa famille méritent.

Pourquoi aimer un film plus qu’un autre quand la formule et l’efficacité sont les mêmes ? La mise en scène est très bonne, l’action soutenue, Jennifer Garner a indéniablement le charisme pour porter seule le film, ses motivations sont légitimes et on prend plaisir à assister à cette autre justice. Oui mais voilà, là où le film échoue là où excelle Taken ou réussi The Man From Nowhere, ce sont les enjeux : ils avaient des vies à sauver, quelqu’un à retrouver. Bref, une légitimité accrue, au delà de la pure vengeance extatique, d’autant qu’ici on ne montre même pas l’entraînement. Même John Wick avait plus de raisons de s’y jeter à corp perdu, étant à la base issu de ce monde là. La formule marche très bien, on passe un bon moment, mais il aura manqué une profondeur accrue pour pleinement convaincre.

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Les Incorruptibles


Les Incorruptibles
1987
Brian De Palma

Considéré par beaucoup comme un immense chef d’œuvre, un classique parmi les classiques, je ne l’avais pas revu depuis des décennies, et il faut dire que si déjà le casting était impressionnant à l’époque, il en devient légendaire avec le temps. Trois des plus grands acteurs américain de tous les temps, et une adaptation d’une histoire vraie sur probablement le mafieux le plus connu de l’histoire, quelque que soit le continent. Et c’est bien sûr un poids bien trop imposant pour un film qui n’avait pas de telles ambitions, ou du moins pas les épaules.

Le film nous replonge au tout début des années 1930, alors que les Etats-Unis sont en pleine prohibition, luttant contre un trafic d’alcool terrible. Un jeune inspecteur de police de Chicago (Kevin Costner) va décider de partir en croisade contre nulle autre que Al Capone (Robert De Niro), mafieux notoire mais qui arrose tellement toutes les strates du pouvoir qu’il en devient intouchable. Sur les conseils d’un vieux policier désabusé (Sean Connery), l’inspecteur va monter une équipe (incluant Andy Garcia) ultra motivée, incorruptibles.

Si les plus jeunes doivent voir ce genre d’histoire comme une fable absurde, bien trop improbable, et c’est effectivement dur à croire avec le recul, mais tout est vrai. La première puissance mondiale avait carrément banni l’alcool de son territoire, la prohibition fut bien réelle, et l’homme étant ce qu’il est, faible d’un côté, arriviste de l’autre, la tentation fut trop grande, que ce soit pour fauter ou truander. La contrebande fut donc un commerce des plus juteux, et c’est ainsi qu’un personnage aussi fou qu’Al Capone a réellement existé. Une guerre police / mafia, où la limite entre les deux s’estompe à mesure que la loi montre ses limites : je n’ai eu que The Dark Knight en tête tout du long, avec une comparaison intenable. L’histoire est ici maladroite par instants, avec des policiers trop exposés et qui ne prennent aucune mesure, des rencontres au hasard trop arrangeant, ou encore une retenue déplacée qui rallonge la confrontation, alors même qu’une finalité aurait pu survenir bien plus tôt, et ce à plusieurs reprises. On pestera aussi des éternelles fusillades de manchots où personne ne touche personne, et sur quelques passages les affres du temps sont terribles. On pensera à une certaine chute ou encore la scène de la gare, assez risibles. L’histoire est captivante, le casting ahurissant, et dans l’ensemble le film est plutôt bon, mais rien de si transcendant.

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The Man From Nowhere


The Man From Nowhere
2010
Lee Jeong-beom

En voilà un film qui doit avoir un goût amer pour bien des coréens : la petite fille de l’histoire a été poussée au suicide par la presse il y a deux semaine, grande tradition dans le pays, et son acteur principal a abandonné sa carrière depuis ce film, lui qui était une immense star. Et pourtant, on tient là un très bon actionner dans la veine de Taken, qui donnait un avant-goût de John Wick.

Il faut toujours faire attention à qui on cherche des emmerdes dans la vie. Ayant tenté de la mettre à l’envers à ses patrons, un petit dealer va se faire prendre à son propre jeu en se faisant doubler par une femme qui faisait la mule pour lui. Quand ses boss vont rappliquer, ils vont kidnapper la femme, mais aussi sa jeune fille, sans se douter que cette dernière était la protégée d’un voisin mystérieux au passé trouble, redoutable tueur sanguinaire bien décidé à tout faire pour la sauver.

On est vraiment dans du pur croisement de Taken et John Wick : un presque père partant massacrer tout le monde pour sauver sa fille de cœur, avec de surcroît ce côté légende vivante qu’un inconscient est venu faire chier, déchaînant les enfers sur Terre. Le rythme est néanmoins moins fou que le premier, et on est moins sur un christ de l’assassina. De plus, j’ai trouvé regrettable le changement de look en cours de route, les cheveux longs cachant le visage rendant le personnage bien plus énigmatique et charismatique. Pour le reste, le film est très efficace, violent à outrance, avec ce style très coréen à la Memories of Murder où la police est une vaste blague, courant derrière l’histoire comme des débiles profonds avec dix wagons de retard. Amusant, et ça permet de rendre le déferlement de violence plus fun. Loin des modèles du genre, mais une variante très réussie.

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Anora


Anora
2024
Sean Baker

Pourquoi n’avais-je pas rattrapé ce film ? Manque de temps ? Certes. Une Palme d’or à Cannes ? Nous y voilà. Si déjà un prix aux Césars est désormais une vaste blague, un prix à Cannes est presque révélateur d’un style « radical », pour ne pas dire insupportable pour le commun des mortels. Oui mais voilà, la cérémonie des Oscars est passée par là, et le devoir s’appelle pour les cinéphiles puisque sur six nominations, le film a raflé cinq prix : meilleur montage (mouef), meilleur scénario (arf), meilleur actrice (à la rigueur), meilleur réalisateur (pas tellement), et surtout carrément meilleur film. Et autant dire que malgré toute la sympathie que j’ai pour le film, c’est plutôt du grand n’importe quoi.

Connaissez-vous les strip club ? Difficile pour un français notamment, ce genre d’établissement étant interdit, mais donc il s’agit d’un bar où les femmes sont nues et la frontière avec la prostitution est mince. Une limite que Anora (Mickey Madison), dit Ani, va franchir allégrement en devenant l’escort girl (prostituée / petite amie payante) du fils d’un oligarque russe des plus fortuné. Comment résister face à l’appel de l’argent ?

En vrai l’histoire du film est assez intéressante, dans la même thématique que The Substance, à savoir montrer toute l’hypocrisie de la société et du féminisme en général. C’est bien beau de vouloir défendre l’égalité et des valeurs morales, mais quand on a le physique qui faut, autant en tirer partie pour engranger un max, quitte à se mettre soi-même des œillères pour accepter sa condition avec plaisir. J’aime personnellement beaucoup ce cynisme, et globalement l’humour du film m’a beaucoup parlé, s’inspirant clairement des frères Coen avec un absurde digne de Burn after reading. Le film traite très bien d’ailleurs ses deux parties, la première moitié étant dans la veine des premières saisons de Elite, avant que ça ne parte trop en vrille, sur comment bruler la chandelle par les deux bouts avec une richesse indécente. La seconde dévoile plus son décalage humoristique, dans une traque loufoque montrant toute la bêtise humaine, avec un parallèle intéressant à faire avec les sept péchés capitaux. Rien de révolutionnaire ou brillant outre mesure, mais on retiendra notamment l’homme de main touchant dans son côté naïf et prévenant. C’est d’ailleurs affolant comment c’est probablement le prix qu’il méritait le plus qui échappe au film : celui du meilleur acteur dans un second rôle pour Yura Borisov. Si dans l’ensemble le rythme est assez bon, la fin fera partie des points négatifs importants, avec tout ce qui suit le retour assez mou, trop étiré, et avec une fin qui arrive un peu par défaut. Meilleur film ? C’est vraiment n’importe quoi, mais ça reste une proposition originale et amusante.

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Un Sac De Billes


Un Sac De Billes
2017
Christian Duguay

Entre devoir de mémoire et devoir tout court puisque lecture imposée à l’école, j’ai comme beaucoup subi cette histoire, rattachée à un lointain passé qu’on allait tenter de m’imposer une nouvelle fois via l’envergure des moyens déployés et la quantité d’acteurs de renom présents à l’écran. Comme si l’argent investi était un argument pour soutenir le projet, pour éviter que cela ne coule le cinéma français, le genre de chantage qui fait que je n’ai toujours pas vu la dernière version live du moustachu gaulois. Et visiblement, je ne fus pas le seul à le voir ainsi, car malgré d’excellents retours, le film n’a fait que 1,3 millions d’entrées, amortissant donc à peine la moitié de son budget.

L’histoire prend place en 1942, alors que la France est en partie occupée par les nazis, et la menace commençait à se faire sentir pesante pour les juifs de France. Durant l’été, Roman et Anna Joffo (Patrick Bruel et Elsa Zylberstein) vont entreprendre une périlleuse traversée avec leurs quatre fils, séparé par binômes, espérant trouver la quiétude à Nice, jusqu’alors dans la France libre.

Entre film sur la guerre (mais pas de guerre) et film d’aventure, l’histoire est avant tout le récit d’une lutte pour la survie, mais aussi sur comment une enfance peut subsister au milieu de tout ça. On reprend un peu les codes de l’espionnage, la traque, les jeux de dupes, avec cette candeur rafraichissante qui rend l’ensemble plus agréable à suivre, arrivant à trouver quelques moments de joie au milieu de ce déferlement de violence, et ce de chaque côté. On s’étonne donc de voir le film traiter sur un même plan d’égalité la violence des allemands, celle des milices françaises, puis ce même peuple persécuté qui au moment de la « paix » sera prêt à se jeter sur les collabos avec une haine équivalente. Même si ce dernier n’a pas fait carrière, on ne peut que saluer la performance du petit Joseph, également bien accompagné par un Patrick Bruel aussi flamboyant que dans Le Prénom, et on notera les prestations sobres et convaincantes de Christian Clavier et Bernard Campan, sauf Kev Adams qui joue bien trop faux, mais on se délectera de son sort. Le cadre de la Grande Histoire est donc plus un prétexte pour une œuvre bien plus proche de La Gloire de mon père (qu’il faudra urgemment que je refasse la critique déplorable…) que du pur témoignage de guerre, donnant un réel intérêt au film, plus universel qu’il ne paraît.

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La Traque – Time To Hunt


La Traque – Time To Hunt
2020
Sung-hyun Yoon

Imaginez des cons, des vrais de vrais. De purs consanguins comme seule l’Isère est capable habituellement d’en sortir grâce à un déferlement d’alcool et une contraception défaillante. Dans ce film dystopique sud-coréen où l’humanité a semble-t-il traversé une sacrée crise (beaucoup de quartiers à l’abandon, un won qui ne vaut plus rien apparemment), c’est justement un groupe de trois débiles pur jus que nous allons suivre.

Tout juste sorti de trois ans de prison pour braquage, Jang-oh s’est fait de belles relations pendant son séjour : un mafieux qui lui propose une affaire à Taiwan, et un vendeur d’armes pour monter le coup qui lui permettrait de financer ledit projet. Le coup ? Braquer les plus dangereux mafieux du pays dans leur casino clandestin. Pour ce faire, il va recruter deux amis aussi stupides que lui, ainsi qu’un benêt croupier dudit casino. Que pourrait-il mal se passer ? Quand même pas le pire tueur à gage du pays à leurs trousses !

Le concept du film est très amusant : voir un expert, une légende vivante du meurtre, se lancer à la poursuite de jeunes voyous qui se sont dit que sur un malentendu, ça pouvait passer. Pas vraiment, non. Du jeu du chat et de la souris, où le chat est un psychopathe qui aime jouer avec ses proies, et les souris une bande d’inconscients au QI frôlant le zéro absolu. Du pur plaisir régressif où l’on attend que la mort frappe avec un bazooka titanesque sur des poussières déjà condamnées, popcorn à la main. La production est assez importante en plus, offrant moult décors et scènes d’actions explosives, avec un très bon rythme. Seule ombre au tableau, cette fin ouverte avec quelques histoires en suspend, annonçant une suite qui n’arrivera sans doute jamais puisque depuis cinq ans, aucune annonce ou la moindre rumeur n’est venue relancer l’espoir d’un prolongement. Dommage, mais le film reste tout de même très fun.

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